Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • La récession économique américaine se répercute favorablement sur les émissions de CO2

    La récession économique américaine se répercute favorablement sur les émissions de CO2

                       Sans que les pauvres éoliennes ni les rares modules solaires n'y soient pour grand chose, l'EIA nous informe que les émissions de CO2 américaines devraient se trouver réduites d'environ 5% en 2009 par rapport à l'année précédente. Ce sont près de 300 millions de tonnes de CO2 qui ne seront pas largués dans l'Azur cette année, sur un total prévu à 5,5 milliards de tonnes. Pour cela deux raisons principales:

    1. la baisse des consommations de produits pétroliers: kérosène, fuel et autres fractions lourdes qui participeront pour une réduction de près de 100 millions de tonnes de CO2,
    2. la forte baisse des consommations de charbon dans la génération d'électricité en raison de la faiblesse des appels de courants et de la concurrence du gaz naturel dont les prix se sont effondrés. Marginalement la chute des productions d'acier participe également à cette baisse des consommations de coke et de charbon. Le résultat est une baisse des émissions de CO2 de 170 millions de tonnes.

    CO2-USA-outlook-2009 

                     La consommation de charbon aux Etats-Unis est essentiellement utilisée dans la génération d'énergie électrique avec une pointe de consommation durant l'été pour alimenter les générateurs d'air conditionné (FIG.II).

    Charbon-US-2006-2009

                   Les distributeurs d'électricité qui doivent souvent respecter des plafonds d'émissions de CO2 par MWh commercialisé, font de plus en plus appel aux énergies renouvelables mais surtout aux centrales à gaz. De ce fait la moindre croissance de consommation de charbon, puis sa décroissance est un processus qui a débuté depuis deux ans environ aux Etats-Unis (FIG.III). La baisse des consommations au premier trimestre 2009 mesure l'ampleur de la crise économique en ce début d'année.

    Charbon-US-2007-2009 

    Le 12 Août 2009

  • Le norvégien REC voit ses comptes plombés au deuxième trimestre par la chute des prix des modules solaires

    Le norvégien REC voit ses comptes plombés au deuxième trimestre par la chute des prix des modules solaires

                       Le norvégien REC avec plus de 2000 tonnes de silicium et de silane commercialisées tous les trimestres est un gros acteur mondial du Silicium. Cette activité au deuxième trimestre de cette année a été globalement satisfaisante grâce à de bonnes ventes de Silane. C'est également un bon acteur mondial dans les wafers de Silicium, puisqu'il a réussi, grâce à des contrats à long terme de fournitures, à commercialiser durant le second trimestre, 184 MW de ces produits intermédiaires à un prix moyen de l'ordre de 1,3 dollars par Watt, ce qui est un très bon prix de vente par les temps qui courent. Il a cependant dû réduire ses productions de wafers pour maintenir à peu près ses stocks à niveau constant. De plus, ses clients ne devraient pas poursuivre très longtemps des approvisionnements de wafers à des prix 30 à 40% plus élevés que les prix asiatiques.

                      Mais c'est l'activité modules solaires qui emploie 700 personnes en Norvège et en Suède qui plombe les comptes de ce trimestre. Des prix de ventes de modules passés au dessous des trois dollars le Watt font apparaître de lourdes pertes avec des marges négatives et des dépréciations de valeurs de stock. Pour une capacité annuelle de production de modules de 150 MW dans l'usine suédoise, durant le premier semestre il n'a commercialisé que 40 MW de modules. De plus REC est en train de terminer un très gros investissement de production à Singapour (FIG.) qui va lui apporter dès 2010 une capacité de production supplémentaire de 590 MW de modules solaires. Ces investissements de taille démesurée par rapport à la part de marché de cet industriel, illustrent la gravité de la surcapacité de production annoncée.

    REC-Singapour

                       REC est d'autre part associé pour un tiers avec Evergreen et Q-Cells, dans une production de wafers en Allemagne, Sovello, qui a pratiquement stoppé ses productions durant tout le trimestre, afin d'essayer de réduire ses stocks.

                      Toutes ces nouvelles annoncent, bien sûr, de futures mesures de rationalisation dans le business photovoltaïque européen.

    LIRE le rapport trimestriel de REC et CONSULTER sa présentation

    Le 11 Août 2009

  • La Keio University va développer un bus entièrement électrique

    La Keio University va développer un bus entièrement électrique

                          Laboratoire du véhicule électrique du futur au Japon, la Keio University veut valoriser ses recherches appliquées sur l'Eliica (FIG.) à un bus de grande taille. Pour cela elle vient de décrocher une subvention de 5 millions de dollars du Ministère de l'Environnement japonais, informe le Nikkei. D'après les premières études, ce lourd véhicule présenterait une autonomie à pleine charge de 150 km grâce à une batterie de 120 kWh qui serait fournie par Toshiba. La structure du bus serait produite par Isuzu Motors et le système de charge de la batterie serait développé par Tokyo Electric Power. Les tests de ce nouveau concept devraient débuter en 2011.

    Remarque: un bus dans Tokyo parcourt dans les 120 km par jour.

    Eliica

                 Le concept de traction de l'Eliica à quatre paires de roues motrices (FIG.II) devrait parfaitement s'adapter à un véhicule de grande taille.

    Eliica-chassis 

    VOIR le site en Anglais de la Keio University.

    Le 11 Août 2009

  • Certains industriels du photovoltaïque investissent massivement malgré la crise

    Certains industriels du photovoltaïque investissent massivement malgré la crise

                              Une étude de Henning Witch de iSuppli, reportée par Reuters, souligne la différence d'attitudes entre celle des industriels du photovoltaïque asiatiques tels Suntech, Sharp, Yingli ou JA Solar qui poursuivent leur expansion et celle d'industriels occidentaux comme Q-Cells, SunPower ou BP Solar qui ont fortement réduit leur programme d'investissement. Cette étude estime que les livraisons de modules atteindront les 3900 MW en 2009 pour des productions de 6500 MW. La profession est donc en large surcapacité de production et met des produits en stock. Witch rejoint les conclusions d' IC Insights rapportées ici en Juin dernier (LIRE), la profession devrait présenter des  surcapacités de production jusqu'en 2012.

    Modules-2006-2009 

                          Pour iSuppli c'est le chinois Suntech qui va devenir le N°1 mondial de cette industrie en 2009, devançant ainsi l'allemand Q-Cells. Tout un symbole!

                          Cette industrie va être amenée à maintenir de très faibles prix durant 2 ou 3 ans, surproduction oblige, mais elle va aussi demander l'aide des divers gouvernements pour l'aider à franchir cette mauvaise passe économique. La Chine par exemple, qui amorce un plan d'aide au photovoltaïque, illustre cette évolution. Il faut donc s'attendre à des croissances en volumes élevées dés 2010 et 2011. Des disparitions ou des fusions de certains opérateurs fragilisés, en particulier en Europe, ne sont pas à exclure, ce qui tendrait  à ramener le Marché plus rapidement que prévu vers l'équilibre.

    Le 11 Août 2009

  • Canadian  Solar un Groupe qui illustre l’évolution du business photovoltaïque à base de silicium

    Canadian Solar un Groupe qui illustre l’évolution du business photovoltaïque à base de silicium

                      Canadian Solar comme son nom l'indique est une Société de droit canadien. Elle a été créée en 2001 par le Dr Shawn Qu, un ancien de chez ATS Automation, la maison mère de Photowatt International, plus connu en France. Canadian présente la particularité d'avoir localisé toutes ses productions en Chine (lingots de Silicium, wafers, cellules et modules) ainsi que son Centre de Recherches. Canadian Solar est cotée sur le Nasdaq. C'est une entreprise de taille moyenne du business du photovoltaïque qui faisait plus de 92% de son chiffre d'affaire en Europe au premier semestre 2008, mais qui depuis la catastrophe de l'embargo espagnol, essaie de se diversifier aux Etats-Unis et en Asie. Le volume de production est passé par un maximum au troisième trimestre 2008 à 60MW, pour s'effondrer ensuite à moins de 20 MW durant deux trimestres successifs et revenir à 48 MW au cours du deuxième trimestre 2009.

    Canadian-Solar-dollar-par-watt 

                 La comparaison des chiffres de ce dernier trimestre connu avec ceux du T2 2008 est instructive sur l'évolution du business: pour des volumes commercialisés sensiblement identiques (47 et 48 MW) le chiffre d'affaire trimestriel est passé de 213 M$ au T2 2008 à 114 M$ aux deuxième trimestre 2009. Illustration d'une radicale baisse des prix (FIG.), phénomène bien connu des industries des composants électriques et électroniques durant les périodes de surproduction.

                 Mais ce qui impressionne le Marché dans cette aventure, c'est le retour rapide à la rentabilité de l'entreprise par cette remontée des volumes dans un marché globalement déprimé. Le Dr Qu explique que cet exploit est dû à une très grande flexibilité de ses opérations chinoises et à un très faible coût de la transformation du wafer au module, le coeur du métier. Ce coût était de 0,71 $/Watt au premier trimestre, il est passé à 0,60 $/Watt au deuxième trimestre de cette année.

                Avec une estimation du prix de revient du wafer à moins d'un dollar par Watt (LIRE LDK), Canadian est profitable avec un prix de vente de 2,4 $/Watt soit sensiblement à 1,5 fois le coût du produit, à condition de "faire du volume" pour couvrir ses frais fixes.

                C'est la raison pour laquelle les cours des Sociétés chinoises du photovoltaïques profitent d'un regain d'intérêt en Bourse, Canadian Solar illustrant le dynamisme de cette reprise, avec un quasi doublement de son cours en un mois (FIG.II)

    Cours-PV-asie-2009-08 

    Le 10 Août 2009

  • Sanyo veut accroître ses productions de cellules solaires pour satisfaire la demande japonaise

    Sanyo veut accroître ses productions de cellules solaires pour satisfaire la demande japonaise

    Sanyo-HIT-85microns                            Sanyo vient de présenter les résultats trimestriels de son activité composants (piles, batteries, modules solaires, etc.) qui sont en retrait de 29% par rapport à la même période l'an dernier. Cette contre performance est en particulier due à de faibles ventes d'installations photovoltaïques en Europe. Mais Sanyo anticipe une demande croissante de la part du marché domestique, en raison de la reprise, depuis le début Avril, des subventions au photovoltaïque de la part du Gouvernement nippon. C'est la raison pour laquelle Sanyo envisage de poursuivre ses investissements au Japon dans la production de cellules solaires en Silicium polycristallin dans sa technologie HIT (LIRE). Son objectif est de doubler la capacité de production de son usine de Shiga et de la porter ainsi à 200MW en 2011. Cet investissement lui permettra d'atteindre une capacité globale de production de 450 MW qui serait éventuellement portée à 600 MW par la suite. A partir des cellules produites au Japon, Sanyo assemble les modules dans son usine hongroise pour l'Europe et dans son usine mexicaine pour le marché américain.

                       Rappelons que Sanyo s'est associé à Nippon Oil pour industrialiser un outil de production de modules photovoltaïques en technologie en couches minces, au sein de leur filiale commune Eneos.

                      La chasse gardée nippone constitue une bonne base d'appui pour les industriels japonais en période de surproduction mondiale de modules photovoltaïques.

    Le 9 Août 2009

  • Les ventes de modèles hybrides de Toyota remportent un large succès au Japon

    Les ventes de modèles hybrides de Toyota remportent un large succès au Japon

                         Le Japon, pays à la population vieillissante, au niveau de vie en stagnation, aux contraintes administratives et urbaines dissuasives, tout concourt à faire se détourner le client potentiel de l'achat d'une voiture. Et pourtant les succès des dernières voitures hybrides commercialisées par Toyota et Honda illustrent l'impact de l'offre produit sur le comportement des clients potentiels. Les ventes du nouveau modèle  Prius de Toyota obtiennent la première place au mois de Juillet avec près de 28000 exemplaires vendus, nous indique l'Association des Vendeurs de Voitures japonais (FIG.). Honda avec son Insight se maintient en bonne position avec plus de 10 mille exemplaires commercialisés. Mais Toyota rencontre également un très beau succès avec les ventes de la Lexus HS 250h hybride qui ont débuté au mois de Juillet au Japon. Toyota en a produit 2000 exemplaires durant le mois et dispose encore d'un carnet de commandes de 8600 unités affirme le Nikkei. Les ventes de ce modèle débuteront au mois d'Octobre aux Etats-Unis.

    Hybrid-Japan-2009-07

                         Avec 40 mille exemplaires au mois de Juillet, ce sont aux environs de 12% des véhicules japonais commercialisés qui sont équipés en technologie hybride. Ces premiers résultats vont conforter la conviction des équipes Toyota de tendre rapidement vers une quasi généralisation de la technologie hybride à tous leurs modèles.

    Le 9 Août 2009

  • L’inexorable déclin de l’industrie française mériterait un traitement plus vigoureux

    L’inexorable déclin de l’industrie française mériterait un traitement plus vigoureux

    A – Les faits:

    Les statistiques de l’OCDE rassemblent un certain nombre de données par pays concernant l’activité économique. Parmi celles-ci il est un paramètre intéressant qui concerne les heures travaillées annuellement dans l’industrie. En 1997 les un peu plus de 6 milliards d’heures travaillées dans l’industrie en France représentaient exactement la moitié des un peu plus de 12 milliards d’heures travaillées en Allemagne dans ce même secteur. En 2008, c’est à dire 11 ans plus tard, ces heures travaillées ont été réduites de 1,2 milliard dans les deux pays, soit environ 100 millions d’heures perdues chaque année. Ce résultat, par rapport à 1997, correspond à une baisse de 20% des heures travaillées en France et de 10% en Allemagne (FIG.).

    Heures-industrie

    B- Les commentaires:

    Les variations d’heures travaillées d’une année sur l’autre sont la résultante de trois causes principales: les gains de productivité, la suppression de postes de travail par cessation locale de l’activité et la création de postes de travail dus à un surcroît d’activité ou à la création de nouvelles activités. L’expérience montre qu’une activité industrielle connaissant un développement annuel moyen en volume de 3 à 5% conserve un niveau d’heures travaillées annuellement sensiblement constant, les gains de productivité réalisés libérant de la main d’oeuvre pour assurer la croissance d’activité. Ce fut le cas pour l’Allemagne entre 2005 et 2008 où la croissance a globalement assuré une stabilisation de l’emploi dans l’industrie (FIG.).

    Dans le cas de la France les statistiques indiquent une décroissance monotone de l’emploi industriel depuis onze ans. Ces chiffres nous informent que les gains de productivité et les suppressions de postes de travail dépassent systématiquement chaque année les apports de postes nouveaux créés pour surcroît ou création d’activité. Tel était l’état de l’Industrie française à fin 2008.

    Une estimation de ce que vont être les chiffres 2009 avec la crise économique, permet de penser que ce sont autour de 300 millions d’heures de travail industriel qui vont être perdus en France, ce qui donnera à la courbe une allure parabolique très inquiétante.

    L’analyse des causes de ce résultat assez calamiteux peut faire intervenir de nombreux paramètres économiques, sociaux, politiques. Elle peut faire apparaître les multiples raisons qui s’opposent à la création de nouveaux emplois ou qui favorisent la disparition de certaines tâches industrielles, mais il est une raison essentielle qui me semble dominer toutes les autres c’est la décision justifiée et délibérée des responsables économiques et industriels d’investir ailleurs qu’en France. Il faut donc être très pessimiste sur l’efficacité de mesures qui doivent soi-disant favoriser le greenbusiness ou sur un emprunt d’Etat à venir qui va saupoudrer quelques ressources dans des industries mal en point ou des programmes en retard. Les mesures préconisées ne sont pas à la hauteur du problème posé.

    C- Quelques pistes pas originales du tout, mais indispensables:

    Pour convaincre les dirigeants d’industrie, français ou étrangers, à investir en France plutôt qu’ailleurs, il faut tout simplement que leurs calculs économiques deviennent favorables à l’investissement localisé dans l’hexagone plutôt qu’en Asie ou en Europe de l’Est. Cela veut dire qu’il est urgent de mener un certain nombre d’actions telles que:

    • la prise en charge de l’ensemble des charges de la protection sociale par l’impôt sur la consommation et non pas par les charges sur le travail,
    • la juste et vigoureuse répartition des taxes écologiques sur les produits importés. Citons pour mémoire le charbon, l’acier, l’aluminium, les produits chimiques et autres textiles artificiels, les matières plastiques, etc.
    • la réduction de la pression fiscale liée à la création d’activité et à l’investissement,
    • la focalisation du développement de la Recherche et de l’Industrie françaises sur quelques clusters industriels bien identifiés et accompagnés d’un plan financier incitatif de remise à niveau si nécessaire. Cette dernière action étant décidée dans le cadre d’un grand plan européen.
    • la chasse systématique contre toute mesure politique tendant à ralentir le développement économique de nos régions. Un exemple : un projet d’implantation d’un port méthanier dans l’embouchure de la Gironde vient d’être abandonné par le Gouvernement. L’immobilisme josébovéen vient de remporter une victoire. Monsieur Borloo, merci pour lui! Il aurait probablement suffi d’une station d’épuration bien étudiée pour pouvoir traiter les ballasts des méthaniers et ainsi résoudre le problème écologique des rejets. Mais cela est bien trop rationnel dans un monde d’esbrouffe.         Enfin il est une condition nécessaire pour faire redémarrer notre pays, c’est le désir de chacun de vivre ensemble, de privilégier le collectif à l’individuel. Cela passe par l’exemple venant d’en haut de simplicité, de frugalité et d’un mode de vie économe des deniers de l’Etat. Il n’est pas sûr que nos hommes et femmes politiques de tous bords, grisés par les ors et la pompe, l’aient bien compris.

    Le 8 Août 2009.

  • Les cours du BRENT ont repris leur ascension mais avec des doutes sur un affaiblissement continu du dollar

    Les cours du BRENT ont repris leur ascension mais avec des doutes sur un affaiblissement continu du dollar

                               La compréhension des évolutions du marché pétrolier, à contre courant total avec une demande mondiale très faible, doit faire appel au rôle de couverture contre l'affaiblissement du dollar que la spéculation financière fait jouer au pétrole et à ses dérivés tels que l'essence ou le gasoil. Ces phénomènes, purement spéculatifs, s'accompagnent d'une montée des stocks physiques de produits pétroliers aux Etats-Unis, mettant à profit la courbe en contango des prix des futures sur le marché à terme. Ce phénomène de stockage conduit ainsi les stocks physiques de Cushing (Oklahoma) à des niveaux très proches de la saturation à plus de 33 millions de barils de brut WTI en fin de semaine dernière. Les échanges physiques de produits sur le NYMEX sont de ce fait fortement contraints et la spéculation se reporte alors sur le BRENT à Londres dont les cours passent devant ceux de New York (FIG.). Ce phénomène d'inversion de leadership, observé depuis la mi-juillet, qui place le BRENT en tête devant le WTI, est étroitement lié à ce phénomène de saturation des stocks.

    Cours-BRENT-WTI-2009-08

                    Depuis la mi-avril date du démarrage d'un rallye sur les cours du pétrole et de ses dérivés le Marché a traversé trois phases distinctes. La première jusqu'à début Juin de franche ascension accompagnant un affaiblissement régulier du dollar, puis est arrivée une phase de stagnation des cours puis de baisse liée à la reprise de la monnaie américaine qui s'est terminée vers la mi-juillet avec un repli du baril à 60$. Depuis sur un renversement des taux de change du dollar contre l'euro et autres monnaies, l'ascension des cours du pétrole a repris mais avec moultes hésitations, comme le montre la courbe focalisée sur ces quatre dernières semaines (FIG.II) où sont représentés les cours du baril de Brent et l'indice USDX de change du dollar contre un panier de monnaies, suivi à l'ICE à Londres.

    Cours-BRENT-USDX-2009-08 

                            Le marché joue à nouveau clairement sur une tendance longue l'affaiblissement du dollar et donc la montée des cours du brut. Ce comportement des milieux financiers est à attribuer à l'hostilité de ces milieux vis à vis de l'Administration Obama. Ses propositions de Cap & Trade des émissions de CO2, adoptées de justesse à la Chambre des Représentants, rencontrent une forte opposition de tous les bords au Sénat. Ses projets de Sécurité Sociale heurtent l'Amérique profonde et ses Représentants. Les milliards de dollars dépensés par l'Administration fédérale pour sauver et relancer l'industrie automobile américaine en inquiètent plus d'un. Enfin la politique énergétique de cette Administration n'est pas clairement exprimée sinon sur quelques projets futuristes dont la probabilité de réalisation effective semble bien faible à ce jour. Il y a du Jean-Louis Borloo dans Obama.

                             Mais la possibilité d'une amélioration de la conjoncture économique aux Etats-Unis n'est cependant pas totalement exclue ce qui explique les soubresauts du dollar sur de bonnes nouvelles comme celles d'hier sur l'emploi  qui ont fait grimper l'USDX de 78 à 79 en quelques heures et fait plonger le baril de BRENT de 2 dollars. Effet paradoxal qui traduit toute bonne nouvelle économique en baisse des cours du pétrole!

                              Ces informations confirment que toute interprétation des évolutions de cours du pétrole liés à de supposés mécanismes de marchés corrélés au niveau des stocks physiques ou à une éventuelle reprise de la demande de pétrole en Patagonie, régulièrement publiée de-ci ou de-là, ne serait que poudre aux yeux. 

    Le 8 Août 2009

  • Les technologies en couches minces ouvrent la voie à l’énergie photovoltaïque « low cost »

    Les technologies en couches minces ouvrent la voie à l’énergie photovoltaïque « low cost »

                          Tout projet de production de masse d'électricité à l'aide de l'utilisation directe de l'énergie solaire doit affronter plusieurs obstacles financiers et administratifs. Outre les autorisations administratives diverses, citons le problème du foncier (acquisition d'un terrain au soleil ou sa location de longue durée) ou bien celui du raccordement de la ferme solaire au réseau électrique. En France le problème du foncier est déterminant; dans le désert du Mojave, en Californie, c'est plutôt le problème du raccordement au réseau qui doit faire problème. Puis vient le choix entre l'option photovoltaïque ou les technologies solaires thermiques par concentration. Compte tenu de la simplicité d'exploitation de la filière photovoltaïque, il n'y a aucun doute qu'au fil des réductions de coûts, cette dernière tendra à s'imposer. Il ne restera à la filière thermique que l'avantage de la possibilité d'un stockage thermique d'une partie de l'énergie permettant de prolonger de quelques heures la génération de courant dans la journée, tant que le stockage de masse de l'énergie électrique n'aura pas trouvé de solution satisfaisante (batterie Sodium-Soufre ou autre mode à inventer).

    Oerlikon-micromorph 

                       Il existe un boulevard pour accueillir les développements industriels des techniques photovoltaïques "low cost" en couches minces. Ces dernières présentent plusieurs avantages majeurs par rapport à la technologie Silicium polycristallin: tout d'abord elles n'utilisent que très peu de matières photosensibles, mais aussi les procédés de production intégrés conduisent directement au module de plusieurs mètres carrés de surface (LIRE) contrairement aux procédés partant de wafers de Silicium. Les progrès réalisés dans la réduction des coûts de production et dans l'accroissement du rendement photovoltaïque des modules tendent à rendre très compétitives les techniques en couches minces.  A l'exception des pays à très faibles taux de main d'oeuvre, la production complexe de modules par la technologie Silicium polycristallin ne va plus être économiquement soutenable. Cela sera particulièrement vrai dans les pays membres de l'OCDE et plus encore en France ou en Allemagne, en raison d'une masse salariale horaire industrielle supérieure à 30 euros (Donnée OCDE, FIG.II).

    Masse-salariale-horaire 

                       Parmi les trois technologies en couches minces les plus populaires, c'est la technologie au sulfure et tellurure de Cadmium (CdTe) qui s'est imposée aux Etats-Unis et en Europe comme la technologie low cost leader sur le marché. Le champion américain First Solar qui produit également en Malaisie, se fait fort de pouvoir faire descendre actuellement le prix du Watt à 0,93 $/Watt et annonce un objectif de 0,65 $/Watt pour 2012. C'est avec ce constructeur de modules qu'EDF EN a choisi de s'associer pour mener à bien ses projets en Europe et aux Etats-Unis. En s'implantant en France First Solar se donne l'opportunité de fidéliser un client important sur un marché français à défricher.

                     Les technologies hétérojonctions à base de Silicium cristallin et amorphe qui permettent d'améliorer notablement le rendement de conversion par une meilleure utilisation de tout le spectre solaire sont également sur les rangs. C'est la technologie en couche mince choisie par Sharp, en technologie triple jonction, amorphe-cristallin-amorphe. Sharp revendique un taux de conversion d'au moins 10%. Sa nouvelle politique est d'installer des ateliers de productions en association avec des acteurs locaux.  L'italien ENEL est par exemple un partenaire potentiel du Japonais. Mais cette technologie est également promue en double jonction (FIG.I) par les fabricants d'équipements tels que le suisse Oerlikon qui annonce des rendements de conversion de 11% en modules (soit un peu moins de 10% après stabilisation). Son objectif est d'atteindre un prix de revient de 0,70 $/Watt à la fin de 2010.

                         Enfin il ne faut pas oublier la technologie CIGS (Cuivre-Indium-Gallium-Séléniure) qui semble plus complexe à maîtriser. Elle présente un  rendement de conversion en module compris entre 9% et 11% selon les Sociétés. Cette technologie possède cependant un large potentiel de progrès en raison d'une absorption sur une large partie du spectre solaire, en particulier vers l'infrarouge. Shell au Japon a choisi cette technologie et veut investir massivement (1,7 mrds $ dans les 5 ans à venir). D'autres acteurs tels que Solyndra avec sa technologie cylindrique (LIRE) peuvent capter une part de marché en jouant sur la simplicité d'installation et de maintenance de leurs équipements.

                        Ceci étant dit, il reste à imaginer la segmentation du marché du photovoltaïque dans les années à venir. Les technologies en couches minces devraient au moins atteindre 25% de part de marché en 2012 affirme Oerlikon. Dans tous les cas seules les productions dans ces technologies devraient pouvoir se maintenir dans les pays les plus développés. Les modules à base de Silicium polycristallin se cantonnant en Chine ou en Inde. Un marché japonais à base de Silicium très haut de gamme, présentant des rendements de conversion de plus de 20%, pourrait cependant subsister pour des applications subventionnées domestiques locales. S'imposera peu à peu la technologie en couches minces qui présentera les meilleurs rendements de conversion permettant de faire ainsi décroître le prix de revient des modules vers un demi dollar le Watt.

    Le 7 Août 2009