Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Avec les yeux de Chimène, l’Agence Européenne de l’Environnement se félicite des progrès réalisés dans les émissions de gaz à effet de serre en 2007

    Avec les yeux de Chimène, l’Agence Européenne de l’Environnement se félicite des progrès réalisés dans les émissions de gaz à effet de serre en 2007

                       L'Agence Européenne de l'Environnement a de la chance. La crise économique 2008-2010 lui permettra de pulvériser les objectifs d'émissions de gaz à effet de serre fixés par le Protocole de Kyoto en 1997. Comme quoi, une fois de plus le bon peuple européen pourra se convaincre que "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes", ce dont il n'a d'ailleurs jamais douté. En attendant elle se réjouit, cette Agence,  des résultats de 2007 qui marquent "une décroissance depuis trois années consécutives avec une baisse des émissions de 1,2% ou 59 millions de tonnes". Par ces temps maussades il faut savoir se satisfaire de peu, il faut faire mousser le retrait bien faible par rapport aux 5 milliards de tonnes équivalent CO2 émises et surtout ne pas parler des émissions de CO2 qui, elles, ont été un peu moins brillantes sur les trois dernières années (FIG.).

                    Un examen objectif des résultats montre qu'ils ne sont ni à la hauteur des ambitions affichées ni à la mesure du baratin de Foire de nos dirigeants écolos. "Vous allez voir, ce que vous allez voir!" clame le clown du gouvernement en charge de l'écologie, juché sur son estrade, Don Quichotte grisé par les moulins modernes…mais, c'est évident, toute cette gouaille n'est en fait que du vent!

    Europe-GHG-1990_2007  Europe_15-GHG-1990_2007

    Si vous voulez tout savoir sur les émissions de GHG ou de CO2 CONSULTEZ le "gas data viewer"!

    Le 29 Mai 2009

  • L’objectif des dirigeants chinois: 50% de véhicules électrifiés en 2020

    L’objectif des dirigeants chinois: 50% de véhicules électrifiés en 2020

                           Au cours du Symposium EVS 24 sur le véhicule électrique qui s'est tenu au mois de Mai en Norvège, C.C. Chan Président de l'Electric Vehicle Association chinoise et Duan Ruichun de la Chinese Electrotechnical Society ont présenté les ambitions chinoises dans la traction électrique à l'horizon 2020. Pour eux l'objectif est clair: 50% de l'énergie pour les transports en 2020 sera fournie à des véhicules électrifiés. Le parc automobile chinois qui est de 40 millions de véhicules (la taille du parc allemand), avec des productions qui devraient atteindre cette année dans les 10 millions de véhicules, est projeté à 150 millions de véhicules à l'horizon 2020.

                           Pour atteindre cet objectif d'électrification du parc, les Dirigeants chinois ont mis en place un vaste programme de développement et de test de voitures électriques réunissant au total 863 projets. Un tarif généreux de subvention pour tout achat de véhicule de nouveau type, allant de 7000$ pour un véhicule hybride à 8400$ pour un véhicule électrique, accompagne ce plan.

                            Il y a dans ces annonces une part évidente de propagande de bon ton à l'approche de la réunion de Copenhague du mois de Décembre. Mais il est clair que les Leaders chinois ne dirigent pas leur pays vers un développement échevelé des transports  à l'américaine. La traction électrique, au travers de deux roues largement répandus, fait déjà partie du mode de vie quotidien chinois.

    China-EV-2020 

    Le 29 Mai 2009

  • Vouloir faire de l’éthanol de maïs et avoir des idées ne sont pas incompatibles!

    Vouloir faire de l’éthanol de maïs et avoir des idées ne sont pas incompatibles!

                           Construire une ferme-usine pour produire 87 millions de litres d'éthanol par an à partir de maïs, pour élever avec les résidus de distillation 10000 jeunes bovins et 2000 vaches à lait, produire du méthane par fermentation anaérobie du purin de ces bovidés, générer au travers d'une centrale à gaz 7,5 MW de puissance électrique et une partie de l'énergie thermique nécessaire à l'ensemble du process, tel est l'ambition des patrons de Farmer's Ethanol qui, après cinq ans de réflexion et de recherches sur les méthodes susceptibles de transformer en profondeur l'industrie de l'éthanol,  veulent construire leur première unité industrielle dans l'Ohio. L'objectif économique est de désensibiliser cette industrie aux cours variables du maïs et de l'éthanol par une commercialisation d'une grande palette de produits comprenant outre l'éthanol, de l'huile de maïs, du CO2, des boeufs, du lait, de l'électricité, des engrais. Mais aussi en utilisant le moins possible de gaz naturel venant du réseau pour alimenter l'ensemble en énergie.

                              Il faut espérer que ce projet va trouver son financement et les aides de l'Administration nécessaires pour aboutir. Ce serait une bonne leçon donnée aux écologistes de saloons qui essaient à tout prix, même avec des chiffres erronés, de nuire à une filière qui poursuit sa progression vers plus d'efficacité énergétique.

    Distillerie-intégrée 

    ACCEDER au site de Farmer's Ethanol.

    Le 28 Mai 2009

  • Pour l’Energy Information Administration une seule voie possible: business as usual!

    Pour l’Energy Information Administration une seule voie possible: business as usual!

                     "The expectation that, any significant technological advances, liquids will continue to be the primary energy sources in world's transportation sector" envoyez, c'est pesé! Tel est le jugement sans appel de l'EIA. C'est noir ou c'est blanc. General Motors, Chrysler et Ford vont pouvoir reprendre leurs productions comme avant. Les milliers de technologues qui travaillent pour développer et industrialiser les futurs véhicules électriques ou hybrides rechargeables au secteur, peuvent aller se rhabiller. Leurs efforts même en 2030 n'auront aucun effet visible. Quand à ceux qui veulent réduire les consommations par deux par récupération d'énergie au freinage, amélioration des rendements des moteurs, allègement des véhicules, optimisation des frottements des pneumatiques, etc., leurs efforts comptent pour peanuts pour ces Messieurs de l'Administration. Ne parlons pas des projets de TGV!  Alors l'EIA ressort son ancien éventail d'imprévisions sur les futures consommations de pétrole dans le monde. Choisissez votre courbe, il y en a pour tous les goûts et toutes les humeurs du moment (FIG.). 

                     Des hausses de consommations annuelles mondiales de 0,2% à 1,5% avec des contributions des pays OCDE entre -0,5% si le pétrole est cher et +0,5% s'il est bradé, associées à des contributions des NON-OCDE de 1,1% à 2,5% selon la conjoncture et les prix. Un vrai Catalogue de la Redoute, je vous dis!  J'espère qu'ils ne sont pas très cher payés à l'EIA pour pondre de telles banalités.

    EIA_prévisions_2005-2030

    Le 27 Mai 2009

  • Consommation de pétrole et consommation d’énergie doivent être analysées séparément : un exemple la Chine

    Consommation de pétrole et consommation d’énergie doivent être analysées séparément : un exemple la Chine

                                 Dans l'analyse et la projection des consommations d'énergies par pays il est un paramètre fondamental à prendre en compte: l'inégalité des situations de développement des divers pays dans leur mode de consommation d'énergie. Le mix de consommation d'énergie est très divers d'un pays à l'autre, il est donc impossible de déduire les évolutions de consommation d'une ressource énergétique en se basant sur la globalité de l'énergie consommée pays par pays ou mondialement. Il est nécessaire d'adopter une démarche beaucoup plus analytique.

    Part_charbon_energie_2007  

                                Un exemple schématique pour illustrer ce propos est la consommation de charbon dans le bilan énergétique de chacun des pays en 2007, publié par BP. Entre les pays du Golfe Persique qui ne consomment pratiquement pas de charbon et la Chine dont la ressource énergétique dépend à 70% du charbon. Il est évident que la moyenne mondiale à 29% de la consommation d'énergie ne permet pas d'analyser les évolutions de consommations des diverses énergie primaires dans chacun des pays.

                                Les consommations en énergies primaires de chacun des pays vont dépendre de ses ressources, de ses choix énergétiques, de son degré d'urbanisation, de développement et de sa démographie. Le Canada et la Russie ont d'énormes ressources de pétrole et de gaz, ils consomment peu de charbon. La France a fait un choix politique avec le nucléaire, elle ne consomme que très peu de charbon. Les Etats-Unis et l'Allemagne sont attachés à leurs ressources de charbon et de lignite. Enfin l'Inde, la Pologne et surtout la Chine sont de gros consommateurs de charbon.

                             Ces profondes inégalités vont se répercuter sur les autres formes de consommation d'énergie et en particulier sur la consommation de pétrole. De nombreuse décennies séparent le mode de vie canadien ou américain au sein de larges métropoles reliées par de gigantesques réseaux routiers et aériens et le mode de vie de l'Inde ou de l'Ouest de la Chine. C'est semble-t-il une banalité que de rappeler cet état de fait, mais de nombreux propos approximatifs de commentateurs économiques laissent à penser que  cette prise de conscience des inégalités de développement est souvent sous estimée. Il est en particulier un domaine dans lequel on entend prononcer bien des âneries: la consommation de pétrole.

                       La Chine va consommer en 2009 dans les 7,8 millions de barils/jour de pétrole nous indique l'AIE. C'est moins de 10% de la consommation mondiale, c'est environ la consommation de l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie et la France réunies. La consommation de pétrole est très en retrait par rapport à la consommation d'énergie qui représentait 17% de la consommation mondiale en 2007. 

                      Les consommations chinoises de pétrole sont légèrement supérieures à un litre de pétrole par jour et par personne active, ce qui par rapport aux 15 ou 16 litres américains ou canadiens illustre bien le retard de la Chine. L'Inde, encore plus en retrait que la Chine, consomme par personne active moins de la moitié de cette dernière (FIG.II).

    FIG.II L'inégalité des niveaux de développement est parfaitement illustré par la consommation de pétrole par personne active et par jour. Cet indicateur montre aussi le gaspillage canadien et américain qui constitue une formidable ressource de progrès énergétique.

    Conso_par_personne_active_2008

                      Un think-tank chinois proche du pétrolier Sinopec a récemment estimé que la croissance de la consommation de pétrole de la Chine dans son hypothèse haute va être de 5% par an jusqu'en 2015 puis elle se repliera vers 3,5% par an entre 2016 et 2020. En partant avec de telles prévisions qui ont l'avantage essentiel d'être chinoises et issues d'un Groupe pétrolier, une projection jusqu'à 2020 indique que la consommation de pétrole de la Chine va croitre de 5 millions de barils par rapport à aujourd'hui à l'horizon 2020 pour se situer entre 12 et 13 millions de barils/jour (FIG.III). Le marché va donc avoir affaire à une croissance soutenue de la demande chinoise en pétrole, mais ce ne sera pas l'explosion attendue par certains.

    FIG.III Hypothèse de croissance de consommation de pétrole des pays NON OCDE. La croissance chinoise reprenant une prévision de Sinopec

    Conso_NON_OCDE_2009-2020

                     Sur la base de ces 5% de croissance en appliquant le même coefficient de progression pour les consommations indiennes, 4% pour le Brésil, 3% pour le Moyen-Orient qui consomme presque autant que la Chine et 2% pour les autres pays NON-OCDE, la consommation totale des pays NON-OCDE passerait de 38 millions de barils/jour à 54 millions de barils/jour en 2020.

    FIG.IV Une décroissance annuelle des consommations de pétrole des pays OCDE  de 3% conduirait à une quasi stabilité des consommations mondiales.

    Conso_Mondiale_2009-2020

                     Pour compenser une telle croissance des consommations des pays en développement les pays OCDE devront réduire leur consommation de pétrole de 3% par an (FIG.IV) et passer de 45 millions de barils/jour en 2009 vers les 32 millions en 2020.

                     Bien sûr ces prévisions, comme toutes les autres, ne valent pas grand-chose. De nombreux aléas seront possibles durant les 11 ans à venir. Mais elles montrent simplement qu'un mécanisme de compensation est possible entre les deux zones pour arriver à un ensemble sensiblement constant.

                     Il reste à démontrer que 3% d'économie de la consommation de pétrole dans les pays OCDE est soutenable.

                    La première donnée concerne la démographie. La population active de l'OCDE va croître entre 2010 et 2020 (FIG.V, courbe bleue), mais si l'on ne considère que les pays les plus riches en ne prenant pas en compte les populations turques et mexicaines, il apparaît alors que la population active va demeurer sensiblement constante. En d'autres termes, la croissance de la population active au Canada et aux USA de 12 millions d'habitants va être compensée par une forte décroissante dans la zone Corée-Japon (-7,6 millions) et la Zone OCDE – Europe, hors Turquie (-6.1 millions).

    FIG.V La population active des pays de l'OCDE va croître jusqu'en 2020 en raison de la Turquie et du Mexique qui sont de faibles consommateurs d'énergie et de pétrole

    Population_active_OCDE 

                          Le deuxième poste concerne les gains de productivité du raffinage. La modernisation des raffineries leur permettant de valoriser les fonds de barils par la mise en route d'unités de conversion profonde, entraîne un accroissement du rendement de production des fractions nobles aux dépens des cokes de pétrole et des fonds de baril. La construction de nouvelles raffineries ultra modernes au Moyen-Orient et en Inde utilisant des pétroles lourds va dans le même sens de l'amélioration des rendements de conversion du pétrole brut.  Le rythme de construction va dépendre des cours du pétrole mais il faut anticiper la fermeture de vieilles raffineries en Europe ou aux USA au profit de ces nouvelles unités plus performantes.

                           Le troisième poste concerne les biocarburants. Ils représentent aujourd'hui 1,5 millions de barils environ. Une croissance de production de 10% par an environ participe au bilan des économies de pétrole.

                            Le quatrième poste est l'évolution du parc automobile et des consommations en carburant. La crise sera plus longue que prévue, parce que c'est une crise profonde de changement de priorités dans les choix des consommateurs, délaissant certaines formes de consommation traditionnelle, comme la voiture, au profit d'activités plus épanouissantes et moins polluantes. L'offre produit se retrouve ainsi en profond décalage avec les attentes. Il faudra beaucoup de temps et d'efforts Marketing et Techniques pour que l'offre se recale sur les attentes des consommateurs. C'est le cas avec la voiture. On peut donc anticiper une baisse du parc automobile ou tout au moins une longue stagnation dans les pays OCDE. L'arrivée de modèles de véhicules moins obséquieux, à meilleure efficacité énergétique (moteur, pneus, profil), rendus plus légers par l'utiliusation d'aluminium, de plastiques armés de fibres de verre et de composites en fibres de carbone sur lesquels travaille Toray au Japon, équipés de récupération d'énergie au freinage, partiellement ou totalement électriques, vont faire fortement décroître la demande en carburants. Une décroissance du parc de 0,5% par an, l'arrivée de nouveaux modèles consommant 20% de moins en moyenne  que le parc existant et avec un taux de renouvellement de 5% par an, conduit à une réduction des consommations de carburants de 1,4% par an.

                            La stagnation des voyages d'affaires aériens au profit de transport de masse de touristes retraités, conséquences de la démographie, va favoriser la montée en puissance d'avions gros porteurs économiques ou de trains à grande vitesse, aux dépens d'avions de faibles ou de moyennes tailles. Les consommations de kérosène devraient être sensiblement stables.

                           Dans le transport maritime le prix des carburants est un paramètre du premier ordre. Plus le carburant est cher et plus il est rentable de réduire la vitesse des porte-conteneurs et autres vraquiers, quitte à mettre un peu plus de navires en service pour assurer la continuité de la prestation.

                       Enfin, les mesures d'amélioration de l'isolement et la montée en puissance de l'électricité comme mode de chauffage accompagnant la démocratisation des modules photovoltaïques économiques vont permettre de réduire l'utilisation du fuel et des gaz liquéfiés (propane, butane) pour les habitations. Les gaz liquides seront ainsi de plus en plus utilisés en substitut du naphta dans la pétrochimie, ce que l'industrie pratique l'été, lorsque les cours sont bas.

                        On le voit le champ des gains en efficacité énergétique autour du pétrole sont immenses. Il n'y a aucune impossibilité de réaliser dans les pays riches des économies de consommation s'élevant autour des 3% par an. La consommation en pétrole des pays OCDE a baissé de 3,65% en 2008, elle est prévue en baisse de 4 à 5% en 2009. Nul doute qu'un régime de baisse continue de 3% par an est un objectif soutenable dans les dix ans à venir. Cela conduirait naturellement à une stabilisation des consommations mondiales de pétrole autour des 84 à 85 millions de barils par jour.

                        Les diverses officines de prévision, très politisées, ne devraient pas tarder,  par effet Obama, à publier des chiffres de cet ordre. La prévision deviendra alors une vérité triviale et  admise par tous.

    Le 27 Mai 2009

  • Volkswagen et BYD signent un MOU, Mitsubishi Motors revoit à la hausse ses ventes EV grâce à Peugeot

    Volkswagen et BYD signent un MOU, Mitsubishi Motors revoit à la hausse ses ventes EV grâce à Peugeot

                          L'un, allemand, sait concevoir et produire des voitures et voudrait savoir faire des batteries. L'autre, chinois, sait concevoir et produire des batteries et commence à produire des voitures. La complémentarité de BYD et Volkswagen est évidente et appelle à aller plus loin dans une éventuelle collaboration dans le domaine des véhicules hybrides ou électriques utilisant des batteries au Lithium à base de phosphate de Fer lithié (LiFePO4). Alors les deux managers le Dr Martin Winterkorn et Wuang Chuanfu ont signé un MOU permettant aux deux parties d'explorer les possibilités éventuelles de coopération. C'est la politique des petits pas en attendant un éventuel pas-de-deux sino-germanique.

                        Du côté de Mitsubishi Motors, les plans de lancement des modèles électriques (i-MIEV) est revu à la hausse grâce aux accords de fournitures de véhicules électriques à Peugeot. Pour l'exercice fiscal 2011 Mitsubishi double ses prévisions à 20000 véhicules. La filiale de production de batteries Lithium Energy Japan dirigée par GS-Yuasa va de ce fait devoir doubler également les capacités de production de sa nouvelle usine en cours de construction à Kyoto. Un exemple de relance par l'offre et l'innovation, venant du Japon.

    Alliances-batteries-10

    LIRE le communiqué de VW.

    Le 25 Mai 2009

  • Le stockage du CO2 dans les acquifères salins: mécanismes mis en jeu

    Le stockage du CO2 dans les acquifères salins: mécanismes mis en jeu

    Stockage-CO2                     Si vous vous intéressez à la compréhension du captage et de la séquestration du CO2 je vous invite, si ce n'est déjà fait, à regarder une animation de l'IFP très bien faite et très pédagogique sur ce que devient le CO2 après injection dans un aquifère salin, formation géologique remplie d'eau salée et située entre 800 et 3000 mètres de profondeur. Il avait été mentionné ici l'état d'avancement de la séquestration du CO2 de la plateforme gazière de Sleipner en Norvège (LIRE) et le sujet du devenir du CO2 avait été bien imparfaitement évoqué. Cette animation répond clairement aux questions posées

    VOIR l'animation en relation avec l'article de Philippe Delaplace.

    Le 25 Mai 2009.

  • Les tarifs grand public du gaz et de l’électricité dans les capitales européennes illustrent l’absence totale de politique énergétique concertée

    Les tarifs grand public du gaz et de l’électricité dans les capitales européennes illustrent l’absence totale de politique énergétique concertée

                        Les données publiées par la think-tank Vaasa ETT montrent qu'entre le prix grand public de l'électricité à Copenhague dans un Danemark recouvert d'éoliennes et affligé de taxes et celui d'Athènes dans une Grèce équipée de centrales brûlant le lignite local, il existe un tarif de l'électricité variant de 1 à 2,7. La Suède avec des prix très élevés du gaz naturel oriente clairement la consommation vers l''électricité d'origine nucléaire et hydroélectrique et donc peu chargée en CO2. La Grèce, la France et ses centrales nucléaires, avec des rapports de tarifs de l'ordre de deux entre le MWh électrique et celui du MWh thermique du gaz naturel tendent à favoriser l'utilisation d'électricité comme source d'énergie dans les foyers. Par contre le Danemark, la Belgique, le Royaume-Uni, l'Irlande avec des ratios supérieurs à trois tendent à favoriser l'utilisation du gaz naturel. 

                      Les bons prix de l'électricité relevés à Londres doivent beaucoup à la dévaluation de la Livre Sterling par rapport à l'Euro. Ces tarifs fortement impactés par les taxes montrent le caractère incohérent des choix énergétiques au sein des nations composantes de l'Europe.

    Prix_elec_gaz_2009_05  

    Accéder aux données de la think-tank

    Le 25 Mai 2009

  • Coup de gueule du MIT devant l’indolence de la reprise toujours attendue de l’énergie nucléaire américaine

    Coup de gueule du MIT devant l’indolence de la reprise toujours attendue de l’énergie nucléaire américaine

                    Le Massachusetts Institute of Technology avait publié une étude en 2003 intitulée Study on the Future of Nuclear Power, avançant avec vigueur la nécessité de relancer un vaste programme électronucléaire mondial pour installer d'ici à 2050 un total 1000 GW de puissance électrique nucléaire dont 300 GW aux Etats-Unis. C'était pour le MIT une nécessité pour se doter d'une technologie permettant de lutter efficacement contre la menace climatique. Il préconisait en particulier à l'Administration américaine de sélectionner un petit nombre de nouveaux projets prototypes et d'aider au lancement de leur réalisation industrielle pour démontrer au public, aux leaders politiques et aux investisseurs l'attrait des performances techniques, de la maîtrise des coûts et de l'acceptabilité environnementale de ces nouvelles technologies. En 2009 le MIT vient de publier une analyse actualisant cette étude et faisant le point sur l'avancement des actions. Le constat du MIT est sans appel: après 5 ans aucune centrale électronucléaire n'est en construction aux Etats-Unis et les progrès accomplis dans le traitement des déchets sont insuffisants. Cette situation appelle "un avertissement solennel, si rien de plus qu'aujourd'hui n'est fait dans le domaine c'est la possibilité de recours à la contribution technique du nucléaire dans les problèmes de changement climatique qui, le moment venu, sera amoindrie" conclut le rapport.

    MIT_Nuclear_2009 

                  Le MIT relève tout d'abord parmi les principaux obstacles à ce redémarrage du nucléaire aux Etats-Unis la dérive des coûts d'investissements qu'il estime à 15% par an dans le chiffrage des projets. Il attire en particulier l'impact de la couverture contre les aléas industriels de cette industrie de prototypes. Il mentionne en particulier l'effet désastreux de l'amateurisme et de la dérive des coûts dans le programme du premier EPR en Finlande. Le chiffrage comparatif entre nucléaire, charbon et gaz naturel illustre parfaitement cette faiblesse d'une industrie non maîtrisée (TAB.I). L'industrie nucléaire doit passer du prototype à l'industrie de série parfaitement sous contrôle. Le MIT chiffre l'écart de coût du à ce "risk premium" à 18$ par MWhe ce qui est pratiquement la différence de prix avec le MWhe nucléaire et celui provenant du charbon ou du gaz.

                Le MIT critique également le caractère infondé du rejet par l'Administration fédérale et de certains Etats de leurs Renewable Portfolio Standards (RPS) la filière nucléaire et le captage et la séquestration du CO2 (CCS). Avec ironie il fait remarquer qu'à terme on demandera à aider financièrement ces technologies rejetées pour qu'elles puissent prendre le relai des choix inefficaces ("poorly crafted policy") que constituent les énergies renouvelables, dans la réduction des émissions de CO2.

              Enfin le MIT est très critique vis à vis des décisions dans un sens (Bush) puis dans l'autre (Obama) concernant le stockage des déchets nucléaires dans la Yucca Mountain.

             Pour le MIT il est clair et il le confirme qu'il y a assez d'Uranium dans le monde pour construire 1000 tranches nucléaires d'un GW dans les 50 ans à venir.

    On LIRA avec intérêt ce pavé dans la mare qui de toute évidence vise le Président Obama et son Administration qui n'ont pas démontré jusqu'à présent avoir défini une politique énergétique américaine très cohérente. Avoir le MIT sur le dos n'est pas politiquement très bon, même si le Secrétaire à l'Energie a obtenu un Prix Nobel.

                Nous, en Europe, sommes beaucoup plus clairs: nous n'avons AUCUNE politique énergétique, personne ne peut donc la critiquer!

    Le 24 Mai 2009

  • Quatrième cours d’économie énergétique: il faut prendre en compte la démographie, mais en analysant bien les phénomènes

    Quatrième cours d’économie énergétique: il faut prendre en compte la démographie, mais en analysant bien les phénomènes

                    Après avoir précisé certains ordres de grandeurs, banni une utilisation abusive des puissances installées, envisagé certaines hypothèses d'évolution des prix des produits énergétiques, il semble utile de regarder l'impact d'une donnée de base de l'équation qui déterminera la future consommation d'énergie dans le monde: la démographie et son évolution quantitative et qualitative. Il a été déjà souligné ici combien était erronée la démarche d'un Exxon Mobil et de bien d'autres officines qui, prenant en compte les prévisions de croissance de la population mondiale d'ici à 2030, en déduisent une croissance inéluctable de la consommation de pétrole. Ces analyses à la serpe qui ont une apparente évidence, ne valent pas en fait grand-chose, car elles oublient de dire qu'en même temps la population des pays les plus riches de la planète va croître lentement et surtout vieillir (LIRE cette étude).

    FIG.I : le parc automobile japonais va fortement décroître dans les décennies à venir en raison de la baisse de la population active.

    Japon_parc_auto_1950_2050 

                   Pour illustrer cette régression numérique de certains pays les plus riches il est intéressant d'examiner le cas du Japon qui est le pays le plus en avance démographiquement et sûrement un des plus avancés dans le phénomène mondial, appelé par certains  "la deuxième transition démographique" et qui voit les comportements des nouvelles générations chambouler complètement la donne sociologique, politique et économique dont le témoignage le plus éclatant a été la récente et brillante élection du Président Obama.

                    Un sondage conduit l'an dernier pour le Nihon Keisai Shimbun auprès de 1700 jeunes japonais âgés de 20 à 30 ans avait révélé que 25% seulement d'entre eux désiraient posséder une voiture, ils étaient 48% en 2000. Le désintérêt des jeunes générations pour la bagnole est profond et son évolution a été très rapide. Ce n'est pas la crise qui délie le consommateur de l'obligation d'acheter ou de renouveler sa voiture mais l'inverse, c'est le désintérêt du consommateur pour son véhicule qui engendre la crise économique. C'est la conjonction d'une crise financière mondiale et d'un chamboulement profond des comportements économiques des nouvelles générations, plus sensibles aux menaces écologiques, plus attachées à leur bien-être, moins bling-bling dirait-on familièrement, qui est la cause du marasme économique actuel. L'offre de produits ne correspond plus a une demande qui a trop rapidement évolué. Il y a dans ce hors-jeu marketing et commercial une raison profonde de la crise actuelle. L'industrie de la voiture est la vitrine exemplaire de ce phénomène, le désamour du consommateur pour les marques, au profit de produits plus bruts, moins sophistiqués, supposés plus naturels, en est une autre illustration.

                      Les démographes des Nations Unies nous indiquent que la population nippone est passée par un maximum à 127 millions d'habitants autour de 2005 et qu'elle va régresser vers les 120 millions en 2025 et les 100 millions autour de 2050 (FIG.II). Mais de façon encore plus nette, la population active des 15-64 ans a déjà connu son maximum en 1995 à 87 millions d'habitants, elle est à 82 millions cette année et elle descendra à 70 millions un peu après 2025. La population active va baisser plus vite que la population globale en raison du vieillissement.

    FIG.II : la population du Japon est passée par un maximum en 2005 et va décroître. La population active, en raison du vieillissement, a connu ce maximum dés 1995 et connait une forte décroissance.

    Japon_1950_2050

                     Pour mesurer la propension à consommer du véhicule à moteur des Japonais il est intéressant de rapporter la taille du parc automobile publié chaque année par la JAMA (Japan Automobile Manufacturers Association) au nombre de personnes actives. La courbe obtenue depuis 1990 et en faisant une hypothèse raisonnable de baisse du parc auto en 2008 de 124 mille véhicules à 57,5 millions d'unités, montre que ce ratio tend à se stabiliser aux environs de 0,7 voiture par personne active. Un tel ratio dans une Société fondamentalement urbaine, dont la possession d'une voiture est fortement taxée, qui le plus souvent nécessite de justifier d'un garage, société endettée par des emprunts immobiliers à très longue échéance, ne possédant au mieux que d'une voiture par foyer est tout à fait justifié.

    FIG.III : le nombre de voitures constituant le parc automobile japonais divisé par la population active se stabilise aux environs de 0,7.

    Japon_voiture_par_personne_active

                   En supposant que ce ratio va peu varier dans les années à venir, tiré vers le bas par l'arrivée des nouvelles générations et tiré vers le haut par les nouvelles offres marketing de voitures hybrides ou électriques de types "Smart and Green", il est possible d'évaluer une évolution moyenne du parc automobile japonais dans les décennies à venir. Ce parc auto proportionnel à la population active va donc régresser rapidement (FIG.I).

                    Il est donc possible de pronostiquer que les consommations de pétrole du Japon qui est de l'ordre de 4,8 millions de barils/jour, supérieur à celui de la France et de l'Allemagne réunies, va aller en décroissant. La baisse des consommations de pétrole du Japon qui a été de 700 mille barils par jour pour la décennie 1997 et 2007 devrait être encore plus forte pour la décennie 2008- 2018 en raison de la baisse de la taille du parc et des progrés d'efficacité énergétique des véhicules. Un pronostic d'une baisse comprise entre 1,2 et 1,4 million de barils/jour en dix ans (25% à 30%) semble raisonnable.

                   Cet exemple du Japon qui sera suivi par de nombreux autres pays développés comme l'Allemagne, le plus proche démographiquement de la situation japonaise, incite à penser que ces phénomènes de vieillissement de la population, se traduisant par à une baisse de la population active et une contraction du parc automobile, vont entraîner des baisses importantes de consommation de pétrole dans les pays les plus avancés. L'arrivée de nouvelles générations moins tentées par le prestige de posséder un beau et grand véhicule couvert de chromes, relayées par les constructeurs qui proposeront des modèles minimalistes en taille et en consommation va accentuer ce phénomène de retrait.

                   Il faut donc prévoir, malgré la hausse de la population mondiale, une stagnation des consommations mondiales de pétroles dans les dix à quinze ans à venir. Cela ne signifie pas que les cours vont stagner, l'industrie pétrolière devra poursuivre sa lutte sur les gisements exploités ou découverts contre les phénomènes de déplétion qui sont 4 fois plus importants que les croissances de demandes observées ces dernières années.

    LIRE les cours précédents: premier, second, troisième.

    LIRE un article intéressant du WSJ sur le comportement des nouvelles générations japonaises.

    LIRE le scénario de stabilisation de la consommation de pétrole dans les 15 ans à venir

    Le 23 Mai 2009