Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Pendant que la France joue au meccano ABB et Siemens travaillent : un exemple les transmissions de puissance électrique HVDC

    Pendant que la France joue au meccano ABB et Siemens travaillent : un exemple les transmissions de puissance électrique HVDC

                            Le pôle transmission et distribution d'AREVA fleuron de la technologie française dans l'acheminement massif et intelligent de l'énergie électrique, a réalisé un chiffre d'affaires en 2008 d'un peu plus de 5 milliards d'euros et a vu ses entrées de commandes régresser de 7% au premier trimestre 2009 à 1,47 milliards d'euros. Pour bien positionner ce pôle tant convoité par Alstom qui veut le récupérer après l'avoir cédé, beaucoup plus mal en point, par des temps difficiles, il faut tout d'abord savoir que les activités équivalentes chez Siemens pèsent deux fois plus lourd et trois fois plus chez ABB (FIG.I).

                            Au sein de ces activités les technologies de transfert d'énergie électrique en courant continu et haute tension (HVDC) ou ultra haute tension (UHVDC) sont particulièrement en pointe, en particulier chez les grands concurrents européens d'AREVA. Cette technologie qui utilise le courant continu présente des avantages clés qui la rendent incontournable pour de grandes applications énergétiques du moment.

    AREVA-Siemens-ABB 

                    Tout d'abord, elle est indispensable pour les interconnexions entre les grandes zones qui possèdent des normes de courant alternatif différentes et qui sont donc asynchrones. En Europe par exemple l'Irlande, la Grande-Bretagne, les Pays Nordiques, l'Europe de l'Ouest ont des réseaux différents qui nécessitent des interconnexions en courant continu. De nombreuses liaisons sont déjà actives (FIG.II), mais ABB vient par exemple de remporter récemment un contrat pour relier l'Irlande au Pays de Galle par une liaison sous-marine HVDC de 200 kV et 500 MW, longue de 186 km.

    HVDC-Europe-7  

    Ensuite cette technologie est indispensable pour les liaisons sous marines à longue distance, en effet contrairement au courant alternatif qui génère une puissance réactive dans les câbles, le courant continu n'est pas concerné par ce phénomène. Il est donc obligatoire de l'utiliser. De plus les pertes en lignes sont réduites et cela d'autant plus que la tension de la liaison est élevée. C'est pour cela que les liaisons à très longues distances(plus de 1000 km) font de plus en plus appel à des technologies d'ultra haute tension de 800 kV aujourd'hui et de 1000 ou 1100 kV demain. La Chine et l'Inde sont les deux grands pays les plus intéressés par ces technologies qui vont permettre de transmettre à longue distance (2000 km ou plus) l'énergie de barrages alimentés par les eaux de l'Himalaya par exemple.

    HVDC-Asia

                    Enfin cette technologie sous sa forme la plus moderne, grâce à des systèmes modulaires, appelés HVDC Light chez ABB ou bien HVDC Plus chez Siemens, est parfaitement adaptée pour transporter quelques dizaines ou centaines de MW sur longues distances. Ces solutions trouvent tout naturellement des applications dans les champs d'éoliennes offshore, dont Siemens est le leader mondial et derrière lequel AREVA court derrière avec Multibrid en Allemagne.

                    La faible part de marché d'AREVA dans ces applications d'avenir de transmission d'énergie électrique sur grandes distances devrait inquiéter nos responsables. Le vrai problème aujourd'hui n'est pas de savoir s'il faut rattacher le pôle transmission et distribution à Alstom ou le laisser à AREVA. Le problème est de savoir si par un effort de développement majeur d'AREVA ou d'Alstom, cette activité est capable de recoller au peloton des technologies UHVDC et autres Smart Grid ou bien s'il faut, une fois de plus, qu'une activité à Direction française se laisse complètement larguer par les concurrents.

                    La politique industrielle des entreprises françaises pilotée à partir du Palais de l'Elysée constitue un modèle original de management stratégique qui risque de souffrir de quelques lacunes graves de pertinence. Il n'est pas évident que ces interventions répétées soient une chance pour le prompt rétablissement du tissu industriel français. Dans tous les cas, l'arrivée de Spinetta chez AREVA ne pouvait pas être plus lamentable. Espérons qu'il trouvera le bon chemin qui passe par le Japon et une alliance avec la partie nucléaire de Mitsubishi Heavy Industries.

    Le 4 Mai 2009.

  • Et si toute la politique écolo-énergétique d’Obama n’arrivait qu’à promouvoir l’utilisation du gaz naturel?

    Et si toute la politique écolo-énergétique d’Obama n’arrivait qu’à promouvoir l’utilisation du gaz naturel?

                           Un gaz naturel aux prix bradés à mois de 3.5 dollars par MMBTU, des méthaniers géants en manque de clients en Europe qui viennent vider leur chargement de GNL dans les terminaux de regazéification de Louisiane ou du Texas, un Qatar qui a surinvesti en moyens de liquéfaction et de transport, en ces périodes de crise. Tout milite pour que le gaz naturel devienne la ressource énergétique de base des centrales électriques américaines. C'est l'analyse qu'en fait l'analyste Michael Zenckler, de Barclay's Capital, qui prévoit que 6000 MW de puissance électrique vont basculer cette année, du charbon vers le gaz. Sur le papier ce sont 16000 MW qui pourraient basculer, le principal frein étant les contrats à long terme d'approvisionnement en charbon établis entre les grands électriciens et les Groupes miniers.

    US-electric-superhighways  

                       Mais la politique de "Cap and Trade" des émissions de CO2 souhaitée par le Président et en préparation au Congrès américain va venir tôt ou tard pénaliser le charbon américain et donc avantager les énergies primaires concurrentes. Pour Guy Caruso, l'ancien patron de l'Energy Information Administration, fraîchement débarqué avec l'arrivée d'Obama, la mise en place d'un dispositif de taxe des émissions de CO2 pourrait faire passer la part du charbon dans la génération d'électricité américaine de 50% à moins de 40%. Cette baisse de génération d'électricité par le charbon serait essentiellement remplacée par le gaz et le nucléaire, les énergies renouvelables n'ayant pas la capacité de prendre le relai.

    Que faut-il penser de ce point de vue qui a été largement repris par les médias américains? 

                      Tout d'abord il faut souligner que le principal handicap des énergies renouvelables aux Etats-Unis c'est l'acheminement du courant des zones de productions vers les zones urbaines de consommation. Des milliers de MW éoliens ou solaires en projets attendent la mise en place d'une ligne électrique qui permettra d'évacuer la puissance électrique produite. Or la mise en place des infrastructures ad' hoc va demander de promulguer de nouvelles lois fédérales adaptées à ce problème, elle va se heurter à des oppositions les plus diverses et des conflits d'intérêts, ce sont donc des années qui seront nécessaires pour instruire les projets, les financer et lancer leur réalisation. Ce point milite donc pour conforter le point de vue de Caruso.

                       En ce qui concerne l'énergie nucléaire, c'est le silence radio le plus complet de la part de l'Administration en place. Le sujet semble être tabou. Le Président est contre, l'opinion publique est majoritairement pour, alors on la ferme! C'est le Sénateur Lamar Alexander du Tennessee qui vient mettre les pieds dans le plat: "Si les Démocrates veulent parler d'énergie, de changement climatique et de la qualité de l'air ils devraient promouvoir l'énergie nucléaire américaine en la mettant au centre, en première ligne…mais au lieu de cela, ils répondent au problème en termes de milliards de subventions pour les énergies renouvelables…Quand les Républicains préconisent de construire 100 nouvelles centrales nucléaires dans les 20 ans à venir, leur réponse est qu'il n'y a pas la place pour stocker les déchets…Nous répondons mais recyclez donc les déchets, comme cela se fait en France! La réponse est alors: "Non, nous ne pouvons pas"!". L'avenir de l'énergie nucléaire américaine semble pour l'instant très incertain. Il est cependant une évidence, les Etats-Unis ne peuvent pas se laisser distancer dans le nucléaire par le Japon ou l'Europe. Il faudra bien qu'Obama promulgue, tôt ou tard, un programme minimum de survie de cette industrie.

                         Au nucléaire près, l'opinion de Caruso semble donc évidente: l'abandon d'une partie de la génération de l'électricité au charbon aux Etats-Unis se fera au profit du gaz. Les nouvelles centrales à cycles combinés avec des rendements frisant les 60% sont de formidables outils pour réduire par trois les émanations de CO2 des vieilles centrales au charbon des années 50. Elles permettent de supprimer également les rejets en divers polluants et les cendres toxiques des centrales au charbon. Heureux américains!

                         Vouloir faire la révolution dans un domaine aussi complexe que l'énergie dans un Etat Fedéral complexe est sûrement une erreur fondamentale que sont en train de commettre Obama et ses conseillers. Mais quel que soit le nouveau métier que l'on entreprend dans la vie, de l'artisan à l'ingénieur ou au Président des Etats-Unis, ne faut-il pas quatre ou cinq ans de pratique et d'échecs pour en posséder toutes les ficelles?

    Le 3 Mai 2009.

  • Le cours de First Solar bondit sur les bonnes nouvelles, celui de Vestas en fait de même sur de mauvaises perspectives

    Le cours de First Solar bondit sur les bonnes nouvelles, celui de Vestas en fait de même sur de mauvaises perspectives

                               Le cours de First Solar, entreprise américaine du greenbusiness photovoltaïque, s'est apprécié de 23% cette semaine après la publication de ses résultats trimestriels qui démontrent la qualité du modèle  de cette entreprise qui s'appuie sur une technologie très économique, en couches minces et des productions en Malaisie, qui en fait le producteur leader mondial en termes de prix de revient, à moins d'un dollar par Watt (LIRE). L'action First Solar à 180$ a gagné 31% depuis le début de l'année mais elle est encore loin des 245$ obtenus à fin 2007. Paradoxalement le cours de l'action Vestas, un des très grands de l'éolien, mais qui rencontre des difficultés dans son plan de charge, voit également son cours s'apprécier de 17%, effet de l'annonce de licenciements de 1900 employés en Europe (LIRE). La situation économique de Vestas semble bien plus grave qu'il n'y parait: gérée par des amateurs qui n'ont connu que la croissance, débarquée de l'éolien offshore par Siemens, investissant partout dans le monde sans recherche de rationalisation industrielle, il faut anticiper de lourdes difficultés pour Vestas dans les trimestres à venir, sous les coups d'une vive concurrence aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis.

                              Enfin signalons la rechute de THEOLIA en France et la poursuite de la descente de Pacific Ethanol, vers les enfers du Chapter 11.

    Bourse-cours-2009-05a 

    Le 3 Mai 2009

  • Evergreen dans le rouge entame la quête du Watt photovoltaïque à un dollar

    Evergreen dans le rouge entame la quête du Watt photovoltaïque à un dollar

                              La technologie Evergreen parmi les professionnels des industries du photovoltaïque, est renommée pour son procédé de production de wafers en continu, basé sur l'obtention d'un fin ménisque de Silicium fondu entre deux fils: c'est le procédé String Ribbon. Malgré cet avantage technologique important, en raison de faibles volumes de production (18 MW au premier trimestre 2009) et de placements aventureux (Evergreen vient de passer en perte un prêt de près de 44 millions de dollars accordé en 2007 à Silicium de Provence, Société en redressement judiciaire en France) Evergreen, trimestre après trimestre, est toujours dans le rouge (pertes de plus de 64 millions de dollars au premier trimestre).

    Evergreen-string-ribbon-process 

                              Au cours de ce trimestre écoulé il a vendu 17,3 MW de modules solaires pour un prix unitaire moyen de 3.13 dollars par Watt contre 3.39$ durant le quatrième trimestre 2008. Le patron d'Evergreen, Richard Felt, considère qu'avec des productions de 40 MW par trimestre et l'achèvement des travaux d'expansion en cours aux Etats-Unis il pourrait atteindre un prix de revient de 2 dollars par Watt. Cet objectif est de toute évidence insuffisant pour satisfaire un marché dont les prix moyens unitaires de vente vont rapidement glisser vers les 2 dollars le Watt, sous la pression de First Solar et de son procédé au CdTe (LIRE).

                              Alors il ne reste qu'une solution pour Evergreen: céder son process à un chinois et lui sous-traiter les productions. C'est ce qu'il vient d'annoncer avec un accord en cours de signature avec le chinois Jiawei Solar qui installerait en Chine une usine de technologie "String Ribbon" de capacité 100 MW pour le deuxième trimestre 2010 et qui serait portée par la suite à 500MW pour 2012. Jiawei réaliserait en sous-traitance les modules terminés pour les besoins d'Evergreen. Grâce à cet accord Feldt espère atteindre des prix de revient chinois compris entre 1.4 à 1.5 dollar par Watt. Par la suite la baisse des prix du Silicium jusqu'à 50$/kg et les gains de productivité devraient permettre d'atteindre un prix de revient d'un dollar par Watt vers 2012.

                           Cette décision d'Evergreen d'externaliser ses productions rejoint celles de bien de ses concurrents comme Sharp qui veut vendre ses technologies à des filiales, BP Solar qui va sous-traiter l'essentiel de ses productions ou comme Q-Cells qui s'est allié avec le chinois LDK, spécialiste des wafers.

                         Cette évolution montre que la production de modules photovoltaïques à partir de wafers et de cellules unitaires de faibles surfaces ne sera rapidement plus viable économiquement dans les pays à fort taux de main-d'oeuvre. C'est la raison pour laquelle, seul un procédé totalement automatisé de production de modules de grandes surfaces en couches minces ne peut être que le type de solution à retenir pour les pays à fort taux de main-d'oeuvre. Le rendement de conversion de la technologie retenue doit être comparable à celui des meilleurs silicium cristallin du moment, afin de réduire le prix de revient du Watt et de pouvoir se battre avec des prix de ventes inférieurs à 2 dollars le Watt aujourd'hui et tendant par la suite vers un dollar.

    LIRE le projet Evergreen en Chine

    LIRE les resultats trimestriels d'Evergreen

    Le 2 Mai 2009.

  • Les cours de l’essence à New York tirent ceux du pétrole au dessus des 40 euros le baril

    Les cours de l’essence à New York tirent ceux du pétrole au dessus des 40 euros le baril

                     La baisse des stocks hebdomadaires d'essence aux Etats-Unis, les faibles productions des raffineries, la confirmation par l'Energy Information Administration (EIA) que les consommations de carburant au mois de Février ont été soutenues, le sentiment confus d'une timide reprise, la faiblesse du dollar voila le cocktail idéal pour faire remonter les cours du pétrole WTI à New-York qui à 53,2 dollars le baril vient de franchir une barre importante: celle des 40 euros/baril.

    Mais revenons en détail sur ces divers paramètres:

    Conso-mensuelle-gasoline-US-2009-02  

    1) Les stocks hebdomadaires d'essence à 212 millions de barils, le dernier Vendredi du mois d'Avril, ont perdu 5 millions de barils sur la base d'une faible activité des raffineries (83%), d'importations limitées (0,8 millions de barils/jour) et d'une consommation qui se maintient au dessus de 9 millions de barils/jour.

    2) Cette bonne tenue des consommations d'essence est confirmée par les statistiques mensuelles de l'EIA qui montrent que conformément aux statistiques antérieures, les consommations du mois de Février se sont accrues par rapport à celles de Janvier (FIG., barres jaunes). Il est donc probable qu'avec l'arrivée des beaux jours, la consommation américaine en essence va croître. Ceci serait conforme avec la stabilisation du trafic routier qui semble se dessiner. Les cours de l'essence en forte croissance hier (FIG.II, courbe rouge), ont tiré ceux du WTI

    Cours-BRENT-WTI-2009-05

    3) L'euro sur la base de mauvaises statistiques allemandes était descendu à 1,29 dollars le 20 Avril, depuis il est repassé au dessus des 1.32 dollars. C'est un paramètre clé de hausse des prix du pétrole. Entre le 20 Avril et le premier Mai le pétrole s'est apprécié de 7.5 dollars par baril! La corrélation entre cours de l'euro en dollars et cours du pétrole est forte (Coefficient de corrélation de 0,82). Le baril a donc franchi le premier Mai la barre des 40 euros (FIG.III).

    Prix-40-euros-2009-04 

                     Acheter du papier adossé aux cours du pétrole ou, de façon plus audacieuse, à ceux du gaz naturel aux Etats-Unis, apparaît aux yeux de beaucoup de financiers comme un bon moyen de se protéger contre une dévaluation du dollar et d'accompagner un début de reprise économique américaine. Il n'en faut pas plus pour que les cours du pétrole et du gaz naturel repartent à la hausse.

                    Remarque: les consommations de pétrole aux Etats-Unis ont baissé de plus d'un million de barils/jour au mois de Février par rapport à il y a un an (-1.076 millions de barils). Mais ce sont essentiellement les consommations de gaz liquéfiés, de gasoil et de kérosène qui expliquent cette baisse (FIG IV).

    Baisse-conso-US-2009-02

    Le 2 Mai 2009.

  • Photovoltaïque en couches minces: First Solar va bien, en Allemagne Sunfilm et Sontor se regroupent

    Photovoltaïque en couches minces: First Solar va bien, en Allemagne Sunfilm et Sontor se regroupent

                      En ces moments de crédits rares et de gestion serrée, une très large partie du marché du photovoltaïque, celle qui concerne les grandes unités de génération de courant, arbitre sur les prix. C'est la raison principale pour laquelle l'américain First Solar avec sa technologie économique au tellurure de cadmium (CdTe) est en train de traverser la crise avec un business en croissance et une rentabilité qui s'améliore. Cet industriel annonce qu'il produit dans ses usines en Malaisie, des modules solaires à un prix de revient de 0.98$ le Watt, qu'il devrait atteindre 0.93$ au quatrième trimestre de cette année et qu'il a un objectif de 0.65$ le Watt pour 2012.

    Puissance-installés-2006-2009 

                     Il confirme pour 2009 de réaliser un chiffre d'affaires compris entre 1.9 et 2 milliards de dollars. Avec une production de 220 mégawatts au premier trimestre et un objectif de fin d'année d'atteindre un potentiel annuel de 1000 MW, on peut estimer que ce chiffre d'affaire prévisionnel porte sur un volume de production compris entre 900 et 950 MW pour cette année. Cela veut dire que First Solar va vendre en 2009 ses modules vers les deux dollars le Watt en moyenne, soit à deux fois le prix de revient ce qui est un bon ratio dans ce type d'industrie de grandes séries. Pour un Marché annuel mondial évalué aux environs de 4500 MW (entre 4000 et 5000 MW), First Solar détient donc autour de 20% de parts de marché. C'est donc lui qui détermine l'évolution des prix en Europe et aux Etats-Unis. Son patron précise même qu'il a une politique de prix plus basse aux Etats-Unis qu'en Europe afin de prendre des parts de marché et de lutter contre l'éolien qui est son principal concurrent.

                     En contrepoint Suncor, la filiale de l'allemand Q-Cells, spécialisée dans la technologie en Si amorphe en couche mince en technologie à double jonction avec du silicium cristallin, va fusionner avec son homologue Sunfilm. Q-Cells qui apporte Suncor, détiendra 50% du nouvel ensemble, 35% étant détenus par un groupe d'investissement et 15% par le norvégien NorSun qui produit du silicium monocristallin et des wafers. L'ensemble possèdera une capacité de production de 85 MW et d'un supplément à venir de 60 MW en cours de construction.

                       Il n'est pas évident que malgré cette fusion qui devrait permettre de faire des économies d'échelle, l'ensemble arrive à être compétitif, face à des productions réalisées en  Malaisie. Le nouveau Sunfilm risque de ne demeurer qu'un acteur local allemand jouissant de la préférence nationale sur des projets de faibles tailles.

                       La montée en puissance de l'industrie photovoltaïque passe par les réductions de coûts qui doivent permettre à terme d'obtenir un prix de vente des modules d'un dollar par Watt, clé pour atteindre des prix de l'électricité à parité avec les prix de vente aux particuliers. A ce jour, c'est First Solar qui fait la course en tête mais il ne faut pas oublier les puissants chinois qui même avec des technologies sophistiquées et des marges réduites, peuvent alimenter ce marché en cassant les prix. Mauvais temps pour les petits acteurs européens!

    LIRE le communiqué de fusion de Sunfilm avec Soncor

    Le 30 Avril 2009.

  • Siemens voit progresser les facturations et les entrées de commandes de la division énergies renouvelables

    Siemens voit progresser les facturations et les entrées de commandes de la division énergies renouvelables

                            Siemens vient de publier ses résultats trimestriels qui montrent, pour le Secteur Energie, des facturations s'accroître de 29% à 6,6 milliards d'euros et ses entrées de commandes régresser de 9% à 8,3 milliards d'euros, dans un environnement économique difficile. Cependant les commandes demeurent nettement au dessus de la facturation. Le "book-to-bill ratio" reste supérieur à un. Au sein de ce secteur une activité se démarque nettement des autres: c'est la Division Energies Renouvelables qui voit ses facturations trimestrielles bondir de 92% à 800 millions d'euros et ses entrées de commandes atteindre 1,59 milliards d'euros, en augmentation de 65%. Elles représentent 19% des entrées de commandes du Secteur Energie (FIG., partie rouge).

    Siemens-commandes-2009-T1 

                             Ces résultats illustrent l'intelligente politique de Siemens dans l'éolien offshore, dont nous avons déjà mentionné ici l'approche technique et commerciale très agressive, sur un ensemble de technologies complexes. Ses concurrents comme Vestas se trouvent dépassés par les technologies à mettre en oeuvre et le seul concurrent potentiel, Multibrid, filiale d'AREVA, en est encore au stade de lancement des premiers exemplaires de sa future éolienne de 5MW.

                              Il semble donc se dessiner deux types de marchés dans l'éolien: un marché à terre où des éoliennes de tailles moyennes (aux environs de 2 MW), peu chères et standardisées permettront de tirer les prix vers le bas. Sur ce créneau le leader semble être General Electric avec son éolienne de 1,5 MW. L'autre segment de marché est celui de l'éolienne offshore de très forte puissance, étudiée pour réduire au minimum les coûts de fabrication des infrastructures en pleine mer et des systèmes HVDC d'acheminement du courant électrique vers la terre. C'est dans ce deuxième créneau que Siemens semble s'être imposé en Europe du Nord.

    LIRE les commandes d'éoliennes offshore à Siemens

    LIRE Multibrid filiale d'AREVA

    Le 29 Avril 2009.

  • Les énergies alternatives photovoltaïques coûtent cher à BP au premier trimestre

    Les énergies alternatives photovoltaïques coûtent cher à BP au premier trimestre

                         Les résultats trimestriels du pétrolier BP à 2,4 milliards de dollars, en baisse de 62% par rapport à il y a un an, ne sont pas terribles. Tout le monde l'avait anticipé en raison de la baisse des prix du pétrole et du gaz. Et pourtant, les volumes de productions se sont bien tenus. Hors TNK-BP (filiale russe qui profite bien peu à BP) ils ont dépassé les 3 millions de barils équivalent pétrole par jour (FIG.) en croissance de plus de 2 % par rapport au trimestre précédent. Mais dans la segmentation des comptes de ce Groupe, le poste "Other businesses and corporate" fait apparaître une perte de 761 millions de dollars qui inclut les résultats des activités portant sur les énergies alternatives de BP.

    Productions-2006-2009-T1  

                              Si les activités éoliennes semblent correctement se dérouler, en particulier aux Etats-Unis, avec une croissance de la puissance totale installée de 500 MW en un an et atteignant ainsi 678 MW à la fin du trimestre, il n'en est pas de même des activités photovoltaïques. BP Solar a vu ses ventes se réduire à 15MW pour le trimestre, à comparer aux 34 MW facturés un an plus tôt. Un projet d'atelier d'assemblage de modules dans le Maryland a été abandonné et l'usine de production de cellules et de modules en Espagne a été fermée.

                            Enfin du côté des biocarburants de deuxième génération, BP tient à bouts de bras son partenaire Verenium dans un projet 50/50 de 45 millions de dollars pour développer une petite unité de production d'éthanol cellulosique.

                            Bien sûr ces activités permettent à BP de communiquer sur son greenbusiness et justifient un logo vert et ensoleillé, mais par ces périodes de vaches maigres, les pertes importantes engendrées par ces opérations de Marketing ne font pas très bon effet.

    Le 29 Avril 2009.

  • La chute du trafic du fret aérien dans la zone Asie-Pacifique connaitrait-elle une stabilisation?

    La chute du trafic du fret aérien dans la zone Asie-Pacifique connaitrait-elle une stabilisation?

                              La variation de l'intensité du fret aérien dans la zone Asie-Pacifique, mesurée en tonnes*kilomètres et publiée mensuellement par l'IATA, constitue un indicateur avancé intéressant de l'économie mondiale. En effet, dès le tout début de 2008 il était possible de distinguer les signes d'une stagnation puis d'un ralentissement de ce flux qui représente à lui seul 44% du fret aérien mondial. Il est permis de penser que parmi les objets transportés par avion cargo se trouvent les modèles, les échantillons, les maquettes, les têtes de série de nouveaux ou de futurs produits, outils ou équipements. Un ralentissement du flux de ces échanges en amont des projets de nature économique, peut permettre d'anticiper une chute plus marquée des échanges de produits et denrées présentant des valeurs ajoutées plus faibles et échangées par voies maritimes. Réciproquement une reprise de ces flux devrait annoncer le signal d'une relance des échanges entre l'Asie et le reste du monde.

                          Or depuis quatre mois maintenant (Décembre, Janvier, Février, Mars) la courbe de variation par rapport au mois M-12 présente une quasi stabilisation de la dégradation (FIG.). A suivre!

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    Le 28 Avril 2009.

  • Vestas dans les vents contraires contraint à licencier 1900 employés en Europe

    Vestas dans les vents contraires contraint à licencier 1900 employés en Europe

                         Le greenbusiness tout comme le restant de l'économie rencontre des vents contraires, mais à la différence des industries traditionnelles, ces entreprises vertes n'ont connu jusqu'à présent que des croissances à deux chiffres, période où il faut investir et recruter sans trop se préoccuper des gains de productivité. Le danois Vestas, un des grands des éoliennes dans le monde, fait partie de cette race d'entreprises. Il a mené jusque là une politique d'investissements tous azimuts en Europe puis aux Etats-Unis et enfin en Asie en recrutant le personnel par avance afin qu'il soit disponible et formé lors des démarrages de nouvelles unités. Mais voila, le vent a tourné, les entrées de commandes se sont raréfiées (458 MW au cours du premier trimestre) pour des livraisons faibles certes, mais supérieures aux commandes (885 MW) ce qui mécaniquement entraîne une baisse du carnet de commande qui se retrouve à 4570 MW (FIG.). Ces valeurs sont à comparer aux livraisons de 2008 qui avaient atteint 6160 MW en année pleine.

    Vestas-carnet-2009-T1 

                        Ces faibles entrées de commandes, touchant plus particulièrement l'Europe qui représente 80% de l'activité de Vestas, l'Entreprise en large excès de capacité de production, se retrouve dans l'obligation d'engager une vague de licenciements de 1900 personnes au total, présentes dans les usines de Vestas au Danemark et en Grande-Bretagne. Lors de la parution des comptes 2008, il avait été mentionné ici, le caractère dynamique de  la politique de recrutement de cette jeune compagnie (FIG.II).

    Vestas-effectifs-2009-T1 

                    Après ces licenciements, Vestas estime qu'il lui restera encore une capacité de production de 10 mille MW en 2010.

                  Pour l'industriel ces baisses d'entrées de commandes sont dues essentiellement à des attentes de subventions de la part des opérateurs. Ces péripéties peuvent fragiliser une Société comme Vestas qui va être rapidement prise en ciseau entre son concurrent Siemens focalisé sur le haut de gamme offshore et les grands concurrents américains (GE) ou Indiens (Suzlon) qui sont plus axés sur les réductions de coûts. GE par exemple a vendu en 2008 aux Etats-Unis plus de 2400 éoliennes de 1,5MW, jouant ainsi sur la standardisation et les économies de longue série.

    LIRE  les succès de Siemens en offshore

    LIRE les commentaires sur l'exercice 2008

    Le 28 Avril 2009.