Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Volkswagen en phase de discussions avancées avec le chinois BYD au sujet de batteries

    Volkswagen en phase de discussions avancées avec le chinois BYD au sujet de batteries

                          Les lecteurs du Blog Energie en sont maintenant convaincus: celui qui possèdera dans le monde le système batterie le plus performant et le moins cher, dominera le marché des véhicules électriques ou hybrides rechargeables. Formidable changement de modèle stratégique qui prend à contre pied les grands spécialistes mondiaux du moteur à explosion, incapables de se reconvertir en assembleurs d'accumulateurs, de systèmes batteries complexes et en designers de logiciels complexes de gestion de systèmes électriques de puissance. C'est donc toute une nouvelle architecture qu'ils ignorent. Il est certain que chez les grands constructeurs allemands comme Volkswagen, c'est la découverte de la profondeur du retard cumulé. Alors VW essaie de rattraper ce temps perdu avec une "approche tous azimuts". Des batteries Ni-MH pour le premier véhicule hybride du Groupe sous la marque AUDI seront approvisionnées auprès de SANYO, du classique longuement mis au point avec Honda; puis Toshiba pourrait fournir une batterie de forte puissance au titanate de lithium pour un petit véhicule électrique, mais là c'est plus risqué et sûrement beaucoup plus cher.

    Alliances-batteries-8   

                           Alors le constructeur de batteries chinois BYD, venu sans complexe des batteries pour téléphones cellulaires et pour ordinateurs, à l'automobile, nous apprend au détour d'un entrefilet de presse, qu'il est en discussions avec VW sur une éventuelle alliance dans les batteries à base de LiFePO4 qu'il produit pour ses propres véhicules.

                         Le Président Martin Winterkorn, questionné, avoue même au Salon de Shanghai que des équipes de VW vont se rendre chez BYD pour assister à une démonstration de la technologie chinoise. Les discussions semblent donc être assez avancées.

    Le 28 Avril 2009

  • Alstom: une nouvelle commande nous rappelle que le gaz naturel est une des énergies du futur pour l’Europe

    Alstom: une nouvelle commande nous rappelle que le gaz naturel est une des énergies du futur pour l’Europe

                             Le gaz naturel sera la première ressource d'énergie primaire devant le pétrole et le charbon dans le courant de ce siècle et ceci pour trois ou quatre raisons simples: 1)- il est abondant et largement réparti dans le monde. Plus abondant qu'on ne le pensait il y a quelques années avec l'arrivée des nouveaux modes d'exploitation des schistes bitumineux (gas shales) et des filons de charbon profonds (coal bed methane), 2) sa combustion dans les turbines à gaz peut permettre d'atteindre des températures très élevées et donc de superbes rendements (MHI annonce des températures de combustion à 1600°C et des rendements en cycles combinés supérieurs à 60%, Alstom revendique 59% de rendement), 3)-les émissions de CO2 sont limitées et deviennent même très faibles dans des systèmes hybrides couplés avec des énergies renouvelables intermittentes; 4)- son principal concurrent, le charbon, va être de plus en plus taxé et même refoulé, à moins d'être équipé d'un dispositif de Capture et Stockage du CO2 (CCS) qui viendra majorer son prix et réduire les rendements.

    Energies-prim-origine-cumulées-2007 

                        Ces perspectives de développement sont confirmées par les succès rencontrés par les grands professionnels comme Siemens ou Alstom en Europe. Ce dernier communique aujourd'hui qu'il va réaliser une centrale à cycle combiné de 2000 MW pour RWE au Pays de Galles ce qui portera en cours de commandes à 6000 MW pour la seule Grande-Bretagne.

                          Les spécialistes des énergies nous apprennent doctement que le Charbon est très abondant sur terre mais que le gaz se trouve généralement, comme le pétrole, dans des zones sensibles et que l'épée de Damoclès d'une rupture des approvisionnements russes plane sur nos têtes. Un examen des données publiées annuellement par BP nous apprend presque exactement l'inverse. On y apprend que 15 pays dans le monde produisent 94% du charbon consommé (FIG.I). Et en allant un peu plus dans les détails il est possible de découvrir que l'essentiel des ressources sont consommées sur place (Chine, Etats-Unis, Inde), qu'il existe peu de pays exportateurs (Australie, Afrique du Sud, Etats-Unis) et que les problèmes de logistiques dans les ports limitent bien souvent les volumes échangés. A l'inverse les productions de gaz naturel sont largement réparties dans le monde, les 20 premiers pays producteurs n'assurent que 60% de la production globale. Certes il en existe un gros, la Russie avec 20% du Marché mondial, mais  de gros producteurs potentiels tels que le Qatar ou l'Iran pour diverses raisons, ne produisent pas encore des volumes de gaz à la dimension de leurs réserves (le Qatar n'était que le 12ème fournisseur mondial de gaz naturel en 2007). Le problème posé par l'utilisation du gaz naturel est celui de son acheminement par pipe-line  ou par méthanier. qui nécessitent tous les deux des investissements importants, en attendant la mise au point d'un transport plus souple et moins cher, en utilisant les hydrates de méthane par exemple.

                           La mise à disposition de gaz naturel dans le monde n'est donc pas un problème de ressources naturelles, c'est un simple problème économique: son prix doit se situer à un niveau suffisant pour permettre aux opérateurs d'amortir leurs  investissements d'exploration, de mise en production et d'acheminement qui peuvent être très importants dans le cas du GNL (gaz naturel liquéfié). Aujourd'hui à 3.5 $ le MMBTU les puits de forages et d'exploration de gaz ferment aux Etats-Unis. Ils n'ouvriront à nouveau qu'à 7 ou 8$/MMBTU.

    EU-27-GN-2008

                               Une analyse plus précise des besoins européens qui se sont élevés à plus de 20 mille pétajoules (PJ) en 2008 (FIG.II) montre que les gros importateurs de gaz naturel sont aujourd'hui la Grande-Bretagne qui s'approvisionne en Mer du Nord et en GNL provenant d'Afrique ou du Qatar. L'Allemagne est étroitement liée aux ressources russes et le sera encore plus lorsque le pipe-line Nordstream sera en place. Enfin l'Italie importe beaucoup d'Afrique du Nord mais s'équipe vivement de terminaux pour accueillir des méthaniers chargés de GNL. La dépendance de l'Europe vis à vis du gaz naturel russe concerne donc essentiellement l'Allemagne et les ex pays du bloc soviétique comme la Roumanie, la Pologne, la Hongrie. Les importations de gaz russe par l'Europe ne représentent que 25% de ses besoins (FIG.III, partie noire) alors que 57% de ses consommations sont assurées par les productions en Europe (EU-27 plus Norvège). Le développement de terminaux de GNL en Grande-Bretagne, en Italie et en France (Antifer, le Verdon) devraient permettre de voir baisser la part de gaz russe dans la consommation européenne. De toute façon, la Russie ne cache pas sa volonté de rééquilibrer ses échanges entre l'Asie et l'Europe. L'Europe devra donc aller chercher son gaz ailleurs.

    EU-27-GN-Origine-2008  

                           Le renchérissement du charbon par des droits d'émissions du CO2 et l'obligation de capter et d'enfouir le CO2, les réticences et les retards accumulés dans l'utilisation propre du nucléaire, la montée en puissance des énergies renouvelables intermittentes, la primauté de l'électricité comme vecteur d'énergie, la baisse des consommations de pétrole dans les transports vont propulser le gaz naturel comme leader des énergies primaires dans le monde dans une décennie. Il est important que l'Europe bâtisse un plan d'approvisionnement de la ressource qui lui manque et se dote des infrastructures d'importations de GNL nécessaires à son désengagement partiel de la ressource russe. Le lancement de travaux d'études et d'évaluation du transport du gaz sous forme d'hydrates de méthane, problème étudié aujourd'hui au Japon, serait peut-être une bonne idée afin de pouvoir exploiter des ressources de tailles moyennes.

    LIRE le communiqué d'Alstom sur la nouvelle centrale de Pembroke.

    LIRE les performances des équipements de MHI

    Le 27 Avril 2009.

  • Toyota revoit à la hausse les cadences de production de sa nouvelle Prius hybride

    Toyota revoit à la hausse les cadences de production de sa nouvelle Prius hybride

                             Toyota avait prudemment prévu pour l'année fiscale 2009, d'Avril 2009 à Mars 2010, des ventes de la nouvelle Prius à hauteur de 300 mille exemplaires dans le monde. Compte tenu de l'engouement constaté au Japon pour ce nouveau modèle, où le niveau des précommandes dépasse les espérances du constructeur, Toyota annonce qu'il va revoir ses prévisions de ventes durant la première année. Elles pourraient atteindre les 500 mille exemplaires. En conséquence les cadences de production de l'usine japonaise, à partir du mois de Juin, vont être accrues de 25% pour les porter à 50 mille véhicules par mois. Evènement à souligner dans un climat de ventes globales en retrait depuis plusieurs années (FIG.)

           Immatriculations-Japon-1990-2009      

                         Il semblerait donc que, malgré la crise, un modèle de véhicule répondant aux attentes profondes du Marché, puisse rencontrer le succès commercial. Cet évènement vient confirmer le succès commercial de sa concurrente moins chère, l'Insight de Honda. Et si la crise économique ne venait essentiellement que de là, d'une offre ne répondant plus aux attentes des citoyens. Le japonais urbanisé, sensible à tout ce qui peut nuire à son entourage, soit n'aura plus de voiture, soit voudra indiquer que bien qu'en en possédant une, il fait en sorte de respecter le fragile cadre de vie commun. Ce qui est vrai pour ce japonais s'applique également pour un new-yorkais, un californien, un allemand ou un français.

    Japon-1990-2050

                          Le Japon qui est démographiquement et technologiquement en avance par rapport à des pays comme l'Allemagne, va être très intéressant à suivre dans les années à venir. En effet du point de vue des consommations d'énergie dans le transport vont se superposer plusieurs phénomènes: 1)- une baisse de la taille du parc automobile en raison d'une baisse de la population active (FIG.II) et du vieillissement d'une population essentiellement urbaine, connaissant avec la baisse d'activité professionnelle une baisse des revenus et disposant d'infrastructures de transport en public. 2)- la baisse moyenne des consommations des véhicules composant le parc automobile avec la sortie des modèles hybrides ou électriques, 3)- l'amélioration de la fluidité du trafic routier en raison de l'amélioration des infrastructures, des logiciels de guidage et de la baisse du trafic. Ces trois paramètres vont jouer à la baisse sur les consommations de carburants du troisième pays le plus consommateur au monde. Des baisses régulières de consommations moyennes dans les transports supérieures à 1% par an sont à attendre pour ce pays.

    Le 27 Avril 2009.

  • Les prix spots du Silicium en Chine devraient descendre vers les 50$ le kilogramme dans le courant de l’année

    Les prix spots du Silicium en Chine devraient descendre vers les 50$ le kilogramme dans le courant de l’année

    Invité au Solar Cell Market Seminaire 2009 qui s’est tenu à Tokyo, un représentant de J.L. McGregor, Société d’Etudes chinoise, a fait le point sur les prix spots du Silicium en Chine. Ils étaient encore de 350$/kg en Octobre 2008, à la moitié de ce prix au mois de Novembre et ils ont poursuivi leur décroissance jusqu’à moins de 80$/kg où ils sont aujourd’hui. D’après l’intervenant ce prix devrait poursuivre sa décroissance pour atteindre les 50 dollars dans le courant de 2009. Les prix spots sur des produits de volumes équivalents tels les métaux non ferreux, déterminent dans une large mesure les tendances des prix des contrats à long terme passés entre fournisseurs et  gros consommateurs. Un fournisseur fiable, élaborant un produit de grande qualité, avec beaucoup de flexibilité dans les livraisons va pouvoir obtenir un prix supérieur de quelques dollars au prix spot, mais tôt ou tard il devra se rapprocher du prix de marché.

    Silicon-spot-china

    Cette évolution des prix du Silicium, due au formidable contre-pied provoqué par la crise et l’arrêt des folies espagnoles, en face d’investissements chinois tous azimuts, va être longue à digérer (FIG.II, qui indique les grands producteurs en Chine). Il va falloir tout d’abord que le Gouvernement chinois sponsorise l’industrie photovoltaïque de son pays pour éviter qu’elle ne s’effondre en phase de démarrage,  puis que les projets occidentaux européens et américains soient, les uns après les autres, abandonnés ou fortement revus à la baisse, ou ralentis, et enfin, que la baisse des prix de ce composant clé qu’est le Silicium relance une forte demande en modules photovoltaïques dont les prix devraient tendre plus rapidement que prévu vers le fatidique dollar/Watt.

    China-polysilicon-map

    Les laboratoires et industries nouvelles qui avaient imaginé faire fortune en produisant du silicium vont devoir remiser leurs projets devant le rouleau compresseur chinois qui ne leur laissera plus l’opportunité d’amortir les investissements et les frais de démarrage d’un nouveau procédé, aussi astucieux soit-il! C’est la dure loi, souvent injuste, qui élimine les innovations qui ne sont pas dans le Tempo de l’économie mondiale.

    LIRE le papier sur les déboires de Silicium de Provence.

    LIRE le projet japonais de reprendre le vieux procédé de réduction au Zn

    LIRE les prémices de la bulle financière

    LIRE les débuts de la débâcle

    Le 26 Avril 2009

    Voir 3 ans après l’évolution et les projections des coûts au watt des meilleurs modules chinois: Source GrentechSolar

    Le 20 Février 2013

  • Les premiers résultats trimestriels attestent que la vie est dure dans le greenbusiness

    Les premiers résultats trimestriels attestent que la vie est dure dans le greenbusiness

                            Le greenbusiness est touché durement par la crise. Le cash provenant traditionnellement des banques et d'autres gros investisseurs se fait rare. Les surcapacités de production rendent la concurrence agressive. Ainsi dans le photovoltaïque américain, SunPower vient d'annoncer pour ce premier trimestre 2009, à 214 millions de dollars, une baisse de chiffre d'affaire de 47% par rapport à celui du dernier trimestre 2008 et de 22% par rapport à celui d'il y a un an. Il dispose de toutes nouvelles lignes de productions aux Philippines qu'il ne va pas lancer, faute de commandes. Positionné sur des produits hauts de gammes au Silicium, SunPower éprouve des difficultés à s'imposer sur les grosses affaires face à FirstSolar ou au chinois Suntech très agressifs sur les prix. Le retrait du marché espagnol aura profondément bouleversé tout ce secteur du photovoltaïque mondial qui devrait installer en 2009 dans les 3,5 GW contre 5,2 GW en 2008. Lourde chute! L'allemand Q-Cells, N° 1 mondial mais bon dernier de notre sélection, a vu son cours repartir à la baisse cette semaine.

    Bourse-cours-2009-04a 

                      Dans l'éolien américain l'activité semble globalement moins menacée que celle du photovoltaïque, mais c'est la concurrence qui s'exacerbe. En 2007 ils étaient 7 acteurs significatifs dominés par GE (45%), Vestas (18%) et Siemens (17%) qui détenaient 80% des parts de marché. En 2008 ils étaient une douzaine d'acteurs avec toujours le même trio de tête GE (43%), Vestas (13%) et Siemens (9%) mais ils ne disposaient plus que de 65% de part de marché. La perte de 8 points de part de marché de Siemens n'est sûrement pas dramatique pour ce grand Groupe qui porte ses efforts sur l'activité offshore beaucoup plus complexe et lucrative, mais peu populaire aux USA; par contre la perte de 5 points de parts de marché pour Vestas est beaucoup plus inquiétante. L'arrivée de nouveaux acteurs tel Acciona et la montée en puissance de l'indien Suzlon propriétaire de Repower et qui est donc le vrai N°3 aux Etats-Unis avec 10% de part de marché ont profondément fait évoluer, en un an, le paysage du greenbusiness éolien américain.

    Eolien-USA-2008 

                    Enfin, dans les biocarburants américains c'est le marasme le plus complet. Après la banqueroute de VeraSun on en attend d'autres comme Aventine Renewable Energy ou le californien Pacific Ethanol dont les difficultés de trésorerie sont de plus en plus criantes. Archer Daniels, beaucoup plus solide, en fait les frais avec une perte en Bourse de 9% cette semaine.

                    Il est donc très difficile en ces périodes agitées de tirer son épingle du jeu du greenbusiness. Certains en ce moment achètent des obligations convertibles en actions émises par les acteurs du solaire chinois. Elles se vendent à la moitié du prix initial. Le photovoltaïque mondial va encore passer de mauvais jours en 2009 et sûrement en 2010, le temps de combler le vide espagnol. Les plus faibles périront.

    Le 26 Avril 2009.

  • Pourquoi la politique de « cap and trade » des émissions de CO2 est-elle de plus en plus perçue comme un échec en Europe

    Pourquoi la politique de « cap and trade » des émissions de CO2 est-elle de plus en plus perçue comme un échec en Europe

                          L'idée était belle et libérale. Il suffisait de faire jouer les lois de l'offre et de la demande de droits d'émissions de CO2 alloués chichement chaque année par le "Régulateur" public et complétés par les industries vertueuses ayant réduit fortement  leurs émissions polluantes. Du côté de la demande,  les industries polluantes, dépassant leurs quotas de droits d'émissions gratuits, avaient l'obligation d'acheter ces droits. Le tout devait se dérouler harmonieusement sur un marché équilibré et impartial. Or, a posteriori, de plus en plus de voix s'élèvent pour mettre en doute l'efficacité du système en place. Les résultats sur les réductions d'émissions de CO2 en Europe jusqu'à la mi-2008 étaient très décevants, seule la crise, réduisant l'activité économique, va faire croire en trompe l'oeil que le système en place aura fait décroître les émissions de CO2 en 2008 et 2009.

    Emissions-EU-27-CITL-2005-2008 

                   Les émissions de CO2 des 10400 entreprises européennes, surveillées par l'organe de la Commission Européenne qu'est le Community Independant Transaction Log (CITL) et assujetties au régime des droits d'émissions, représentent dans leur ensemble le tiers environ des 4,3 milliards de tonnes de CO2 émises annuellement en Europe. Les petites entreprises, les foyers, les activités de transport ne sont pas jusque là concernées. Jusqu'en 2007 les allocations de droits d'émissions largement pourvues (FIG., barres vertes) ont conduit un constat d'échec attribué pudiquement à la mise en route du système et qui dans les faits révélait une méconnaissance pure et simple des volumes d'émissions industrielles par ceux qui étaient en charge de l'élaboration du système. Les émissions de CO2 des entreprises surveillées ont crû plus vite que les allocations durant cette période. Puis, en 2008 les quotas alloués ont été fortement réduits, les cours des droits se sont tout d'abord fortement valorisés, dépassant les 30 euros la tonne,  puis le retournement spéculatif du mois de Juillet 2008 et l'arrivée de la crise on fait le reste. La tonne de CO2 sur l'ECX à Londres, est passée par un plus bas à 8,2 euros au mois de Février dernier. Depuis elle est remontée vers les 13  à 14 euros (FIG.II). 

    CO2-cours-droits-emissions-2009-04 

                     L'existence d'un facteur 4 entre le plus haut et le plus bas sur 8 mois montre l'inadéquation du système en place par rapport à l'objectif qui est de valoriser les émissions de CO2 afin que les industriels responsables de cette pollution puissent investir au long cours pour faire baisser les volumes émis par leurs procédés. Entre le 31 Décembre 2007 et aujourd'hui la moyenne du cours de la tonne de CO2 ressort à 20,4 euros. Valeur moyenne raisonnable qui aurait pu être fixée comme une valeur fixe pour la période. Mais l'écart type, sigma, de la population des cours ressort à 5,8 euros, ce qui veut dire que la variabilité des cours du CO2 durant la période a été de Sigma/Moyenne= 28%. Une telle valeur pour un procédé dans l'industrie indique qu'il n'est pas sous contrôle et qu'il faut stopper la production! Effectivement les mini (9 euros) et maxi (31 euros) observés ici se trouvent respectivement à 2 Sigmas au dessous et au dessus de la moyenne soit à -56% ou à +56% de la valeur moyenne. La variabilité des cours du CO2 montre que le processus de cotation en Europe n'est pas sous contrôle et qu'il est incompatible avec une politique soutenue de réduction des émissions.

                         Mais pourquoi cette très forte variabilité des cours. On peut distinguer plusieurs raisons qui sont propres au CO2 ou communes à l'ensemble des commodities manipulées par la spéculation.

    1)- La principale raison provient du fait que les cours qui s'établissent ne sont pas régis par l'offre et la demande physique d'un marché de professionnels, mais par l'offre et la demande de la spéculation qui domine les marchés des commodities. Un exemple simple: hier les cours du pétrole ont pris 2 dollars par baril parce que la demande des spéculateurs a été activée par la baisse du dollar, le papier pétrole servant de couverture à la baisse du dollar. Ce n'est pas la demande en pétrole qui est importante, c'est la demande de papier adossé à ce pétrole. Pour le CO2 les cours sont liés à ceux des commodities, les prix ont baissé jusqu'en Février 2009 malgré la réduction du nombre de droits d'émissions en 2008, ils tendent à remonter maintenant avec les cours de l'énergie et des matières premières. Il s'est traité au mois de Février sur l'ECX à Londres, 447 millions de tonnes de CO2, alors que l'Europe n'a du en émettre que 320 et que 110 à 120 millions de tonnes environ  correspondent aux émissions des Sociétés surveillées par le CITL dont seulement une partie (30%) fait l'objet de transactions de la part des professionnels sur divers marchés. En d'autres termes, 95% des échanges du marché du CO2 sont animées par la spéculation !

    2)- L'autre paramètre est la peur du "carbon leakage", la peur de la fuite des industries vers d'autres cieux plus cléments. En effet ces droits d'émissions ne sont ni plus ni moins que des taxes. Les lobbies jouent leur jeu au maximum auprès des politiques pour faire échapper le secteur de l'industrie qu'ils défendent à cette taxe carbone ou pour obtenir le maximum d'allocations gratuites. Quoi qu'il en soit la centrale au charbon ou au lignite paie aujourd'hui, pour une partie marginale de sa production, dans les 14 euros la tonne de CO2 ou le MWh. Elle n'a donc aucune incitation financière significative à investir pour réduire ses émissions.

                  Le contre exemple de la Norvège qui taxe aux environs de 50 dollars la tonne des émissions de CO2, très en avance sur le captage et la séquestration du CO2, montre qu'une taxe fixe au bon niveau est efficace.

                  Aux Etats-Unis en ce moment, des hommes politiques sont en train d'élaborer leur politique de "cap and trade" sur les émissions de CO2. Il va être intéressant de voir par quels moyens règlementaires les américains vont essayer d'échapper aux faiblesses du système européen. Fixer une plage maximale de fluctuation des cours autour d'une valeur d'équilibre raisonnable semble être une des options qui permettraient d'éviter les pièges des cotations aberrantes. Limiter le nombre d'intervenants sur le Marché peut également réduire le poids de la spéculation. Il faudra pour le moins un gendarme fort pour définir les quotas gratuits et résister aux Etats miniers de Virginie ou d'ailleurs.

    Le 25 Avril 2009.

  • Les cours du pétrole repartent à la hausse avec l’euro et le sentiment que l’économie américaine a touché le fond

    Les cours du pétrole repartent à la hausse avec l’euro et le sentiment que l’économie américaine a touché le fond

                             Des sondages allemands un peu moins pessimistes, des entrées de commandes industrielles dans la Zone Euro dont la vitesse de dégradation marque le pas, une BCE qui camoufle ses dissensions internes ont fait repartir l'euro à la hausse contre dollar. Il n'en fallait pas moins pour que la spéculation sur fond d'embellie boursière, reprenne ses achats de couverture de pétrole. Les cours du brut WTI à New York ont donc quasiment rejoint ceux du Brent à Londres  à 51.5 dollars/baril et en se rapprochant du plafond actuel des 40 euros. Le marché a également pris conscience que le recul du trafic routier aux Etats-Unis était en train de marquer une pose, indicateur sinon d'une reprise mais du moins d'une stabilisation de l'économie.

    Cours-USA-récents-2009-04 

    En effet les données statistiques du mois de Février, données par la Federal Highway Administration, sur les miles parcourus confirment le tassement du recul du trafic qui pouvait être anticipé sur les tendances des mois précédents (FIG.II).

    Trafic-US-2009-02  

                     La montée des stocks de pétrole brut et de produits dérivés ne préoccupent pas outre mesure les marchés. Ces 100 millions de barils de trop qui se trouvent aux Etats-Unis sont généralement vendus à terme, ils dorment dans des tankers loués à vil prix pour l'occasion, dans l'attente de l'échéance. Ces stockages spéculatifs baisseront puis disparaîtront dès lors que la courbe de contango fera apparaître une pente inférieure à un dollar par mois le baril, ce que coûte approximativement le stockage. La courbe du 15 Avril (FIG.III, courbe violette) avec une pente à l'origine bien supérieure à 1$/mois, ouvrait largement la voie à des achats spéculatifs. Celle d'hier, 24 Avril (courbe bleue), ne justifie plus un  tel stockage spéculatif. Les surstocks de pétrole américains disparaîtront avec l'aplatissement de la courbe de contango.

    Contango-2009-04  

    Le 25 Avril 2009.

  • Le patron de la FERC américaine veut stopper tout nouveau développement de centrale électrique au charbon ou nucléaire

    Le patron de la FERC américaine veut stopper tout nouveau développement de centrale électrique au charbon ou nucléaire

    Wellinghoff-FERC                             Le patron de la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) américaine, Jon Wellinghoff, parlant des énergies renouvelables a "suggéré" que tout nouveau projet de centrale au charbon ou nucléaire soit définitivement stoppé aux Etats-Unis. Cette position radicale du patron d'une importante Commission américaine, nommé à ce poste par le Président Obama, vient appuyer  la conviction de son auteur que le développement des énergies renouvelables (éolien, hydrocinétiques) couplées à de nouveaux moyens de stockage (?) et à l'utilisation de centrales au gaz naturel abondant aux Etats-Unis, devrait permettre de s'affranchir du charbon trop polluant et du nucléaire trop onéreux en investissements. Pour lui le niveau d'investissement des centrales nucléaires qu'il estime à 7000$/kW est jugé prohibitif.

                                 Ce pavé dans la mare électronucléaire, bien que la FERC n'a aucune autorité sur les choix des ressources énergétiques, va en inquiéter plus d'un. En effet Wellinghoff a sûrement exprimé ses convictions, son passé dans les milieux des énergies renouvelables en témoigne, mais nul ne peut s'empêcher de soupçonner que ce sont celles aussi du Président Obama. Un personnage officiel de ce niveau ne parle pas ainsi par hasard. Un tel choix de proscription du nucléaire, s'il était avéré, retarderait la vitesse de réduction des émissions de CO2 aux Etats-Unis et les rendrait encore plus dépendants des prix du pétrole et du gaz.

                         Rappelons cependant que le charbon et le nucléaire assurent aujourd'hui 68% de la génération d'électricité aux Etats-Unis (LIRE) et donc que la faisabilité de ce programme sur un petit nombre de ressources primaires n'est pas encore démontrée.

    Le 24 Avril 2009

  • La Californie vient d’adopter une partie de son programme 2020 de réduction des émissions de CO2

    La Californie vient d’adopter une partie de son programme 2020 de réduction des émissions de CO2

                   Il avait été mentionné ici, en Juin 2008, le formidable travail de compréhension, d'analyse et de projection que fournissait l'Air Ressources Board de Californie (CARB) pour tendre à définir une politique californienne tous azimuts qui permettra de réduire les émissions annuelles de CO2 de 169 millions de tonnes à l'horizon 2020. Le CARB vient de faire adopter les textes qui vont régir une petite partie de ce programme et qui concernent les Low Carbon Fuel Standard  (LFCS) qui représentent 10% du total du programme (FIG. partie verte). Les textes adoptés définissent les règles du jeux complexes qui permettent de pondérer les teneurs en CO2 dans les diverses sources d'énergies utilisées dans les véhicules (essence, gasoil, biocarburants, gaz, électricité, etc.) ainsi que les modalités de progression des futurs "carburants" vers des teneurs plus faibles en CO2 et les mécanismes de marché régissant les échanges d'allocations. Bien sûr, l'adoption de ces nouveaux textes ont déclenché des cris d'orfraie auprès des milieux industriels et écologiques les plus réactionnaires. As usual!

                Pour vous faire une idée du travail accompli par le CARB je vous recommande de feuilleter le premier Tome qui définit la nouvelle législation et ses motivations. L'Europe devrait s'inspirer des structures californiennes et de leurs démarches intellectuelles pour mettre en place des services compétents dans les problématiques énergétiques à la disposition des instances politiques et qui font tant défaut à une Administration européenne complètement larguée. Les réponses à apporter aux problèmes posés par l'énergie sont complexes et diverses. Il n'existe pas de recette standard qui s'appliquerait à l'identique partout dans le monde.

    CARB-2020  

    LIRE le programme global du CARB.

    LIRE le TOME I des explications du texte adopté

    LIRE le TOME II comportant les Annexes

    Le 24 Avril 2009

  • Vers une stabilisation de la dégradation des entrées de commandes à l’industrie dans la Zone Euro

    Vers une stabilisation de la dégradation des entrées de commandes à l’industrie dans la Zone Euro

                             Les statistiques du mois de Février publiées par Eurostat semblent indiquer pour la Zone Euro une stabilisation globale de la dégradation des entrées de commandes à l'industrie manufacturière travaillant sur commande. La chute des commandes par rapport au même mois de 2008 apparaît à -34,5% contre -34.3% le mois précédent (FIG., courbe rouge). L'Allemagne avec -39,4% continue à s'enfoncer (courbe verte). L'Espagne et l'Italie se stabilisent à des niveaux très bas. Seule la France parmi les grands pays européens, semble avoir trouvé le fond au mois de Janvier (courbe noire). Hors Zone Euro, la Grande-Bretagne assiste à une dégradation du marasme à -29% en Février contre -24% en Janvier.

                       Pour la bonne santé de l'Europe et de l'Euro il serait important de voir un jour, la chute des entrées de commandes à l'Allemagne se stabiliser. Il faudra attendre les effets des diverses primes à la casse nationales, l'industrie automobile étant un poste important de cet indice.

    Entrées-commandes-2009-02 .

    Le 23 Avril 2009