Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Le marché annuel de la capture et du stockage de CO2 est évalué à plusieurs dizaines de milliards de dollars

    Le marché annuel de la capture et du stockage de CO2 est évalué à plusieurs dizaines de milliards de dollars

                        Le montant total des subventions en cours, décidées par les Etats-Unis, l'Europe, l'Australie, le Canada et le Japon,pour lancer des pilotes d'études, de validation ou d'optimisation de Capture et de Stockage du CO2 (CCS) généré par divers procédés brûlant des énergies fossiles, est évalué à 20 milliards de dollars. Ces projets, de plus en plus nombreux et de plus en plus imposants, tentent d'optimiser des procédés de CCS en adéquation avec les process en amont qui génèrent le CO2 (centrale électrique au charbon, au lignite, au gaz, production d'hydrogène, oxycombustion, etc.). Les divers organismes en charge de ces projets comme l'EPRI aux Etats-Unis, tablent sur un réel démarrage industriel de ces procédés à partir de 2020. La profession estime un marché potentiel des technologies de CCS compris entre 30 et 70 milliards de dollars à l'horizon 2030.

                       Ces marchés sont potentiellement très importants puisque ce sont eux qui vont permettre un redéploiement des centrales au charbon ou au lignite de nouvelle génération à très bon rendement énergétique de type IGCC (Integrated Gas Combined Cycle) qui mettront en oeuvre la gazéification du charbon et la capture du CO2 pour brûler de l'hydrogène dans les turbines à cycles combinés. Les rendements visés sont supérieurs à 50% sans CCS, auxquels il faudra défalquer la consommation d'énergie de capture et de séquestration pour obtenir le bilan énergétique global.

    CCS-pilote-Lacq  

    Les unités industrielles et pilotes en cours d'activité:

                     Il existe à ce jour une dizaine d'unités industrielles ou pilotes qui mettent en oeuvre la capture et le stockage du CO2. On peut citer par exemple les extractions de gaz naturel norvégiennes de Sleipner (LIRE) et de Snovhit, l'extraction de gaz d'in Salah en Algérie, de Gorgon en Australie, de Nagaoka au Japon, de Ketzin en Allemagne et de diverses unités pilotes aux USA et au Canada. A ces réalisations il faut ajouter les unités industrielles de production d'urée (NH2-CO-NH2) selon le procédé de Mitsubishi Heavy Industries qui capte le CO2 produit lors de la production d'hydrogène à partir de gaz naturel, nécessaire à la synthèse de l'ammoniac (NH3) qui lui même va réagir ensuite avec le CO2 capturé pour former l'urée, engrais agricole important. MHI affirme disposer d'un solvant original: le KS-1 pour capter le CO2. Tout récemment MHI vient d'accorder une licence à Samsung pour ce procédé qui arrive à capter 90% du CO2 formé.

                     Parmi les procédés pilotes en cours d'évaluation, il faut citer l'unité de TNO E-On à Rotterdam qui est connectée en by-pass sur une centrale électrique et qui dispose d'une capacité pilote de captage de CO2 de 250 kg/heure à partir du gaz désulfuré. Les ingénieurs de TNO travaillent tout spécialement sur l'optimisation des solvants du CO2 qui sont des sels d'acides aminés appelés CORAL qui ne s'évaporent pas, se dégradent peu (0,15 kg/tonne de CO2 capté serait détruit) et permettent de récupérer le CO2 sans trop d'énergie. Signalons également les tests pilotes réalisés aux USA sur l'évaluation du procédé à l'ammoniac liquide d'Alstom sur un pilote de 1,7 MW. Ces tests devraient donner suite à une réelle évaluation industrielle chez American Electric Power à partir du mois de Septembre, sur une unité de 20 à 25 MW, avec pour objectif de capter 100 mille tonnes de CO2 par an.

                     De plus, il faut rappeler le pilote d'oxycombustion de Lacq qui évite de diluer le CO2 dans l'azote de l'air et simplifie sa capture aux impuretés de type NOx près et à l'excédent d'oxygène qui n'a pas réagi. Dans cet essai pilote le CO2 est injecté dans l'ancien gisement de gaz naturel épuisé du réservoir de Rousse (FIG.I).

                    Enfin soulignons le très grand nombre de projets annoncés pour les années à venir dans le monde, y comprise la Chine qui veut introduire les techniques de CCS dans les procédés Fischer-Tropsch de conversion  de types Coal To Liquid.

    Les coûts du CCS par tonne de CO2, la comparaison aux cours des droits d'émissions:

                    Le coût de capture et de séquestration de la tonne de CO2 est difficile à déterminer. Il va en effet dépendre 1)- de la nature du gaz à traiter (température, débit, teneur en oxygène et teneur en CO2, impuretés), 2)- du taux de récupération souhaité, il sera plus onéreux d'en capter 90% que 60%, 3)- de la distance du réservoir de stockage par rapport à la source et de la profondeur d'injection et 4)- de la nature des mesures de la fréquence des contrôles et donc des législations en vigueur.

                    Un exemple d'injection non contrôlée comme sur sur le gisement d'al Salah en Algérie ne coûte que 14 dollars par tonne de CO2. Une exploitation dans un pays beaucoup plus règlementé ou seront exigées de nombreuses études préalables avant autorisation ainsi qu'un suivi régulier et complexe de la progression du stockage du CO2 (LIRE l'exemple de Sleipner) les études évaluent le coût de stockage entre 40$ et 90$ la tonne de CO2 (FIG.II) Dans ces études c'est la partie capture qui est la plus onéreuse. Dans les procédés d'oxycombustion le procédé de captage aux amines disparaît mais il faut apporter de l'oxygène pur qui n'est pas gratuit à extraire de l'air.

    CCS-couts-mini-maxi2

                    Ces prix sont en décalage par rapport au cours des droits d'émissions de CO2 européens qui se traitent autour de 12 euros (15 dollars) la tonne sur l'ECX en ce moment (FG.III). Ceci pousse certains à parler déjà de subventions, air connu dans les milieux de l'industrie "verte". Le pays du continent européen le plus dynamique dans les techniques de CCS est la Norvège pays où les émissions industrielles de CO2 sont taxées autour des 50 dollars la tonne. Il faudra donc que les droits d'émissions de CO2 soient un jour ou l'autre, portés vers les 40 ou 50 euros la tonne pour soutenir les techniques de CCS.

     CO2-cours-droits-emissions-2009-04

    Les progrès attendus:

                           Les techniques de CCS sont étroitement liées à la nature du gaz qu'elles ont à traiter. La définition de nouveaux solvants qui sont des sels fondus ne donnant lieu à aucune évaporation constituent un progrès évident. Les groupes pétroliers leaders sur ces métiers peuvent mobiliser leurs chimies pour définir les futurs produits chargés du captage du CO2, les groupes d'ingénierie comme Alstom s'associent à des chimistes comme Dow Chemical pour leur formuler des recettes optimisées.

                          Le monitoring et le contrôle de la progression du stockage du CO2 sur les sites de stockage est une activité onéreuse qui nécessitera d'être optimisée.

                         L'oxycombustion par apport d'oxygène ou par l'utilisation de membranes de types ITM (Ion Transport Membrane) étudiées par Air Products, permettant de ne pas diluer le CO2 dans l'azote de l'air, sont des options plus radicales  qui ne s'adresseront qu'à de nouveaux équipements. Ils présenteront l'avantage de se dispenser des divers procédés de captage aux amines. Leur maîtrise constituera un progrès évident pour la technologie.

    Le 14 Avril 2009.

  • Politique énergétique européenne: concurrence et planification sont-elles antinomiques?

    Politique énergétique européenne: concurrence et planification sont-elles antinomiques?

    Electricite                                                    Sur le site Internet du think-tank de gauche Terra Nova on peut lire un papier de Gilles Darmois qui s'intitule "Pour une politique énergétique européenne ambitieuse" datée du 12 Février 2009. Cet auteur fait tout d'abord un constat évident: la politique énergétique européenne "repose avant tout sur le recours à la concurrence afin d'éviter la constitution de monopoles" et tout son papier qui met en cause, à juste raison, la non pertinence de cette position idéologique dans le domaine de l'énergie, propose par réaction une politique planificatrice pure et dure, schématique d'une approche plus réaliste dans laquelle une certaine dose de planification serait souhaitable (LIRE: Plaidoyer pour une politique énergétique commune).

                         Tout son papier repose, à mon avis, sur un postulat faux qui sert de base à la construction de ses propositions de réformes: concurrence et planification sont antinomiques! Je voudrais démontrer ici que ce genre de postulat ne peut conduire qu'à des constructions bancales et sans avenir en prenant pour exemple la production, l'acheminement et la distribution de l'électricité en Europe. Pour cela et pour adopter une approche rationnelle des problèmes il est  nécessaire de séparer les trois fonctions production, acheminement, distribution, auxquelles il faut rajouter une fonction autorité fédératrice qu'est la régulation, ce qui n'apparaït pas toujours très bien dans l'exposé en référence.

    La distribution de l'électricité en Europe doit mettre en concurrence des acteurs indépendants:

                   Il me semble pertinent de prendre le problème en partant du consommateur et donc d'aborder tout d'abord la distribution. Dans ce domaine rien ne s'oppose à l'existence de plusieurs Sociétés indépendantes, nationales ou européennes, en charge au minimum des offres commerciales, du comptage de l'énergie consommée en fonction de tarifs horaires adaptables avec les saisons, de la facturation et du recouvrement des factures. Mais ces Sociétés commerciales qui vont acheter du courant en gros peuvent vendre à leur fournisseur des effacements de consommations en heures de pointes grâce à des compteurs intelligents dont elles assureront la promotion, la vente et l'installation. Elles peuvent proposer des générations décentralisées d'énergie à l'aide de modules solaires connectés au réseau et  réaliser la compensation entre énergie vendue au réseau et énergie consommée, elles peuvent proposer des batteries en tampon pour effacer les consommations de quelques dizaines de minutes en heures de pointes. Ces Sociétés qui peuvent acheter leur électricité à un seul ou à plusieurs producteurs européens introduisent ainsi un certaine dose de concurrence entre les producteurs d'énergie. La puissance publique Etat ou Europe pourra éventuellement leur imposer un quota d'énergie "carbon free" ou une teneur maximale de carbone dans le mix d'énergie acheté ou distribué. Pour le développement de solutions innovantes et décentralisées, tout milite pour que la libre concurrence joue à fond sur ce créneau de la distribution.

                   Dans le cas de gros consommateurs industriels des marchés de gré à gré pour une durée de temps "raisonnable" seront directement passés entre producteurs, acheminement et consommateurs. Là également la concurrence est possible, des clauses d'effacement en pointe pourront faire partie de la négociation avec l'acheminement.

    L'acheminement en charge du développement, de la modernisation et de la maintenance des réseaux doit être traité au bon niveau de compétence:

                      Le développement et la maintenance du réseau électrique européen est un point fondamental de la politique énergétique européenne. Le morcellement et le délabrement du réseau américain est là pour en convaincre quiconque. Il doit être géré à plusieurs niveaux. Le niveau le plus élevé est celui de "l'ossature européenne" des grands axes d'interconnexions qui relient les gandes régions productrices et les régions consommatrices. C'est lui qui fédère les Etats entre eux. Ce réseau peut dépasser les frontières de l'Europe administrative  (Afrique du Nord, Norvège, Islande, Pays de l'Est). C'est un des éléments clés d'une Politique Electrique Commune européenne à mettre en place (LIRE "La Révolution Electrique"). Il doit faire l'objet d'une gouvernance européenne, d'une gestion et d'un financement indépendants. Les réseaux régionaux qui s'articulent autour de cette ossature principale peuvent être gérés par les régions ou les nations. La base du financement doit être assurée par une facturation de l'acheminement qui doit être modulée en fonction de la puissance instantanée appelée sur le réseau. L'effacement des pointes ne se réalisera qu'en facturant les surinvestissements nécessaires à la production et à l'acheminement de la puissance et non pas par "l'interdiction du chauffage électrique et le contrôle du développement commercial de la climatisation" comme le propose de façon assez "soviétique" le camarade Darmois. Ces réseaux locaux, responsables de la qualité du courant auprès de leurs clients, pourront réduire leurs appels occasionnels aux centrales pour réguler la fréquence du réseau, en implantant des batteries d'accumulateurs ou des volants à inertie placés en tampon et en charge d'absorber les fluctuations de quelques minutes.

    Les moyens de production modernes et le démentellement ou la réhabilitation des centrales polluantes doit être planifié au niveau européen:

                     Il est là une évidence: l'Europe ne pourra bâtir une politique énergétique que s'il existe un jour une "gouvernance européenne" qui planifiera le démollissement des centrales hors d'âge les plus polluantes, la réhabilitation de celles qui peuvent encore l'être et la construction indispensable de nouvelles centrales qui assureront les productions supplémentaires et de remplacement (LIRE : Il faut supprimer les centrales au charbon). Ce travail, réalisé en concertation avec les Nations, aura pour objectif d'assurer l'approvisionnement en qualité et en quantité de l'énergie électrique aux pays membres, de réduire les émissions de CO2 selon un planning accepté par tous et sera chargé des grandes options d'approvisionnement énergétique de l'Europe. Cette instance disposera de services hautement compétents, sur le modèle de la Californie et du DOE américain, qui animeront les actions de recherche et de développement  dans le domaine (stockage et séquestration du CO2, stockage de l'énergie, batteries avancées pour applications stationnaires, futures générations de centrales nucléaires, etc.). Ces services feront des propositions de standardisation des cahiers des charges des centrales électriques les plus modernes au charbon ou lignite, au gaz naturel ou nucléaires. Ils veilleront à la sécurité des installations. Ils définiront les modèles d'hybridation du type éolien ou photovoltaïque avec des centrales au gaz naturel à cycle combiné permettant de lancer par une même procédure la réalisation d'équipements complémentaires capables d'assurer un service continu de fourniture d'énergie.

                    Cette planification réalisée, les actions passeront par des procédures d'appels d'offres soit au niveau européen, soit au niveau de chacun des Etats, avec mise en concurrence des opérateurs. La séparation planification de l'exécution est fondamentale pour assurer le maximum d'efficacité au système.

    La régulation du réseau doit être européenne:

                        La régulation du réseau au niveau européen s'impose comme une évidence, compte tenu de la nécessaire solidarité intra-européenne tendant à éviter la survenue de black-outs dévastateurs. C'est le régulateur qui préviendra le niveau européen de gouvernance des insuffisances de moyens de production ou des possibilités de fermeture définitive d'une centrale polluante. C'est lui qui assurera l'interface au quotidien avec les réseaux extérieurs à l'Europe administrative. C'est lui qui alimentera par ses prévisions et ses appels de puissance le Marché spot de cotation et d'échange d'énergie électrique.

    La concurrence n'est pas l'ennemie de la planification:

    Ces quelques réflexions partielles et insuffisantes démontrent clairement que la concurrence peut s'adapter à la planification, à condition que le processus global soit bien segmenté et que dans chaque fonction élémentaire soit faite la part du Politique planificateur et celle de l'Entreprise en concurrence. Il n'existe pas de politique énergétique européenne de gauche planificatrice et utopique ou de droite libérale "à la va comme je te pousse". Il n'existe que de mauvaises ou de bonnes politiques énergétiques. Une bonne politique énergétique doit laisser une place au Politique pour la planification et les grands choix qui engagent l'avenir des Nations, mais elle doit aussi, dans l'exécution, laisser un large champ aux entreprises en concurrence qui sont les seules qui apporteront les innovations décentralisées et les idées nouvelles pour une meilleure efficacité énergétique.

    Quelques lacunes ou contre-vérités relevées dans le papier de Darmois:

    1) Sur la réduction de la dépendance au pétrole dans le secteur des transports on peut lire: "Cela passe enfin par la recherche de carburants alternatifs. Le candidat le plus évident aujourd'hui est l'électricité, surtout si l'on prend en compte les rejets de CO2. Toute flotte captive urbaine (véhicules de services, taxis) et tous les véhicules rentrant le soir au dépôt (autobus) doivent progressivement passer au moteur électrique. La recherche sur le moteur électrique ne semble pas nécessiter aujourd'hui de financement public."(Sic). On en tomberait de son siège!  Outre d'assimiler l'électricité à un "carburant" ce qui peut lui être pardonné, outre d'oublier que des millions de véhicules privés vont en ville dans la journée et rentrent au garage le soir venu, résumer la problématique du véhicule électrique à son seul moteur montre l'ignorance de cet auteur pour tout ce qui touche la révolution énergétique du moment: l'électrification des véhicules, sujet sur lequel l'Europe et ses entreprises (mis à part Renault-Nissan) présentent un immense retard stratégique.

    2) "On voit que la concurrence dans la production d'électricité conduit à la construction de centrales à gaz à cycle combiné, qui ne sont optimales ni en terme de coût marginal, ni en terme de bilan carbone." L'auteur oublie tout simplement de signaler que ces centrales très souples d'utilisation et rapidement mobilisables sont les auxiliaires naturelles des énergies renouvelables de type éolien ou photovoltaïque. La mise en place de centrales au gaz naturel va de pair avec la montée en puissance des énergies renouvelables intermittentes, les constructeurs comme Siemens le savent bien. C'est donc le bilan global qu'il faut réaliser. Il est alors très favorable aux émissions de CO2, mais il est très pénalisant pour le coût marginal, surtout si l'on ajoute les aides tarifaires à l'éolien ou au photovoltaïque. Signalons d'autre part que ce types de centrales appelées à un grand avenir font l'objet de perfectionnements majeurs (LIRE les progrès réalisés par le japonais MHI)

    3) "Le sous investissement actuel génère des marges de raffinage trop élevées. Un prélèvement exceptionnel devrait être appliqué aux compagnies pétrolières européennes qui n'investiraient pas dans l'outil de raffinage". Ce cow-boy est vraiment dangereux, d'abord parce qu'il dégaine son flingue fiscal à la moindre occasion et en plus il tire sur le pianiste. Pourrait-on expliquer à Darmois que la baisse programmée des consommations de carburants par toutes les actions d'amélioration de l'efficacité énergétique des véhicules en cours et de l'utilisation croissante de biocarburants, va se traduire par un excédent de capacités de raffinage en Europe. C'est déjà le cas aux Etats-Unis ou de nombreuses raffineries sont en "maintenance prolongée" ou sont à vendre sans acquéreur en face. Les exportations d'essence d'Europe vers les Etats-Unis vont être de plus en plus restreintes. A plus long terme le ratio entre consommation d'essence et consommation de gasoil en Europe devrait se rééquilibrer en raison de l'arrivée des voitures hybrides à essence. On peut donc prévoir que dans les années qui viennent des raffineries en Europe seront fermées (LIRE la fermeture des raffineries).On ne peut pas demander moins d'émissions de CO2 au Grenelle et réclamer l'ouverture de raffineries. Il y a la une incohérence évidente, même si l'on veut "bouffer du pétrolier" parce qu'on est de gauche.

    LIRE le papier de Gilles Darmois

    Le 12 Avril 2009.

  • Devant un excès d’offre et un repli de la demande, le monde regorge de gaz naturel dont les cours s’effondrent

    Devant un excès d’offre et un repli de la demande, le monde regorge de gaz naturel dont les cours s’effondrent

                            Jean-Marie Dauger de GDF-Suez, en charge de la ligne "Global gas & GNL", nous apprend que la demande de gaz naturel en 2009 de la part des industries en Italie, en Allemagne ou en Belgique enregistrera des baisses en volumes pouvant atteindre entre 20 à 25%. En France la baisse serait moins marquée, quoique non négligeable: elle devrait avoisiner les 10% des volumes industriels de 2008.

                           Aux Etats-Unis les consommations de gaz naturel par l'industrie qui représentent traditionnellement 29% des consommations totales, comparées à celles du même mois de l'année précédente, sont en nette baisse depuis quelques mois: Novembre (-4%), Décembre (-10%), Janvier (-12%).

    Cours-gaz-USA-2006-2009-04 

                            Au Japon en 2008, les consommations de gaz naturel ont connu une forte croissance (+20%)  en raison de l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires. Si le Japon arrive à redémarrer ces réacteurs, mécaniquement les consommations de gaz naturel seront en fort repli.

                            Il apparaît donc que la consommation de gaz dans le monde pour les besoins de l'industrie sont conjoncturellement en baisse sous l'effet de la crise, ce qui crée un climat de défiance de la part de la spéculation sur ce produit, bien que les conditions climatiques, en particulier aux Etats-Unis et  en Europe aient maintenu jusque là sa consommation à un niveau sensiblement constant. La conséquence est une formidable baisses des prix (FIG.I) avec des cours sur le NYMEX au plus bas depuis Septembre 2002 à 3.53 $/millions de BTU (un MMBTU=1055 MJoules). De même sur le National Balance Point britannique de cotation du gaz naturel de la Mer du Nord les prix sont en forts replis depuis l'été 2008 (FIG.II, source: BP). Rem.: il faut ajouter à cette chute des cours britanniques la dévaluation de plus de 25% de la Livre par rapport au dollar.

    Cours-gaz-BP-NationalBalancePoint-2009-T1

                        En face de cette demande potentiellement en retrait, l'offre a du mal à s'adapter. De nombreux puits de forage ont été fermés avec une quasi division par deux de leur nombre aux Etats-Unis (FIG.III) mais avec semble-t-il un effet très limité sur les volumes de production. En parallèle le Qatar vient d'inaugurer en fanfare le lancement en production de l'unité de liquéfaction de gaz Qatargas II, comportant deux trains de liquéfaction capables de traiter annuellement  7,8 millions de tonnes de gaz chacun (ou une semaine de production russe environ).

    Forages-gaz-USA-2009-04

                             Les navires  chargés de gaz liquéfié partant des côte d'Afrique de l'Ouest ou du Qatar qui n'arrivent pas à livrer leurs chargements en Grande-Bretagne par manque de demande finissent leur voyage aux Etats-Unis où ils livrent leur cargaison à prix cassés. Marché de la dernière chance.

                            Ces conditions de négoce du gaz naturel font apparaître qu'il existe des alternatives d'approvisionnement pour l'Europe au gaz russe qui devrait se tourner de plus en plus vers l'Asie. Le Qatar va devenir peu à peu un acteur majeur sur ce marché, à la hauteur des réserves qu'il possède,  l'Australie deviendra également un fournisseur important pour toute l'Asie, l'Afrique de l'Ouest est une ressource idéale pour des livraisons à l'Europe ou aux Etas-Unis. Par la suite une partie des productions russes du gisement de Shtokman viendront s'ajouter à cette offre de GNL et enfin il ne faut pas oublier l'Iran qui partage les mêmes ressources que le Qatar avec l'immense gisement de South Pars et qui, les tensions politiques aplanies, aura toutes les chances de devenir lui aussi un très grand du gaz naturel, en proportion avec ses ressources.

                          L'abondance du GNL et autres gaz de schistes ou de houille dans le monde et l'instauration de taxes carbones renchérissant effectivement le prix du charbon devraient militer pour voir s'accroître la part d'utilisation du gaz dans les ressources énergétiques mondiales, en particulier pour la génération d'électricité.

    Le 11 Avril 2009

  • L’Agence Internationale de l’Energie tombe dans la déprime

    L’Agence Internationale de l’Energie tombe dans la déprime

                       L'AIE est une institution hautement politique en charge de la défense des intérêts des 28 Nations membres de l'OCDE et globalement consommatrices nettes d'énergies primaires. Cette institution a réalisé jusque là des prévisions mondiales de consommations de pétrole plutôt "optimistes" et parfois grossièrement ridicules qui l'obligeaient à revoir tous les mois ses prévisions à la baisse (FIG. courbe 2008), avec l'espoir de pousser l'organisation "ennemie" des producteurs qu'est l'OPEP à produire plus. Ses dernières prévisions de consommation mondiales de pétrole et de gaz liquéfiés pour 2009 qui viennent de paraître en retrait de 2,4 millions de barils par rapport à celles de  2008 marquent un tournant politique évident de cette institution.

    AIE-conso-2009-04 

                     Elle semble enfin prendre en compte la récession qui sévit de façon globalisée et ramène ses prévisions de consommations mondiales moyennes annuelles de 2009 à 83,4 millions de barils/jour. Cette valeur correspond à une baisse de 2,8% des consommations estimées en 2008 à 85,8 millions de barils/jour.

                      Cette baisse des prévisions peut sembler aujourd'hui excessive, elle suppose en effet que les consommations du deuxième semestre 2009 vont poursuivre leur déclin et vont se maintenir à plus de deux millions de barils/jour en dessous de celles de 2008 qui avaient elles-mêmes déjà marqué un net recul. Un objectif de 84 millions de barils/jour aurait semblé plus raisonnable, mais l'avenir nous dira si l'AIE a pêché par un profond pessimisme soudain ou a su anticiper la décrue plus marquée que prévu des consommations. Décidément l'art de la prévision est un exercice bien complexe. Il sera également intéressant de comparer ces chiffres aux prévisions de l'OPEP et à celles de l'Information Energy Administration qui vont suivre dans le courant du mois.

    Le 11 Avril 2009.

  • Fortement impactés par la crise, les Groupe japonais remettent en cause leur modèles industriels et économiques

    Fortement impactés par la crise, les Groupe japonais remettent en cause leur modèles industriels et économiques

    Photovoltaique[1]                                  Devant la débâcle industrielle et financière déclenchée par la crise, les grands Groupes japonais, après avoir rajeuni leur management, sont en train de remettre en cause en profondeur leurs choix industriels et parfois même leurs modèles économiques. Les informations de la semaine nous présentent deux exemples marquants de ces types de remises en questions fondamentales: l'un venant de Toyota et l'autre concernant Sharp.

               Toyota veut produire en petites séries des produits économiques et adaptables:

                              Un des grands patrons industriels de Toyota, Shoji Ikawa, a présenté au salon Intermold 2009 à Tokyo un papier intitulé "Time of drastic changes" dans lequel il place les actions de conception de produits, d'industrialisation, de logistique et de production dans le cadre d'un marché mondial globalement en récession, éminemment fluctuant et privilégiant les modèles économiques. Ikawa en déduit que Toyota va devoir concevoir des outils de production et des produits modifiables, anticipant les besoins du marché ou s'adaptant très rapidement à une nouvelle mode, produits en petites séries et à faibles coûts. Bien sûr tout cela dans le cadre d'une politique de lancement "simultané et global" sur les grands marchés mondiaux.  Cela suppose de repenser l'architecture des produits, sortes de puzzle industriel acceptant de très nombreuses variantes au gré des besoins du Marché. Cela suppose également une grande adaptabilité de la part des sous-traitants. Vaste programme!

                  Sharp veut créer des JV de production dans les écrans plats et les modules solaires:

                            Le second exemple nous vient de Sharp et s'avère encore plus révolutionnaire. Pour Sharp le modèle de conception et de production intégrée des écrans plats LCD ou des modules photovoltaïques "made in Japan" et exportés n'est plus viable car trop sensible aux risques de changes monétaires et aux charges salariales japonaises. Sharp envisage donc de changer radicalement de business model. Il veut s'orienter vers un business d'ingénierie à destination de joint-ventures locales, le partenaire local apportant l'essentiel des capitaux et Sharp apportant la définition du produit, la technologie et la façon de faire.  Dans ce schéma, Sharp se rétribue sur les royalties et les profits de la filiale. Cette nouvelle stratégie industrielle suppose que Sharp conserve un  centre névralgique japonais d'innovation, de conception et de développement de nouveaux produits leaders, mais que les usines sont en Chine, en Corée, en Europe ou aux Etats-Unis en joint venture avec des acteurs locaux.

                           Le grand projet de Sharp de production de modules photovoltaïques, en technologie couches minces, en Italie avec Enel pourrait correspondre exactement à ce nouveau schéma.

                           Le Japon qui va être confronté dans les années qui viennent à une forte réduction de sa population active (LIRE) va devoir consacrer plus d'énergie au service des personnes âgées et va donc se retrouver en pénurie de main d'oeuvre peu qualifiée pour faire tourner ses usines. Une délocalisation de ses productions semble donc inéluctable. Tout le jeu consiste à conserver localement les activités d'innovation et de développement à forte valeur ajoutée.

    Le 11 Avril 2009.

  • Silicium de Provence en redressement judiciaire, Q-Cells et le chinois LDK créent une JV

    Silicium de Provence en redressement judiciaire, Q-Cells et le chinois LDK créent une JV

    Silpro-StAuban                            Silicium de Provence, filiale à 70% du groupe néerlando-allemand SOL Holding AG et à 30% de Photo Power Industries (PPI) filiale d'EDF EN  gère un projet de construction d'une unité de production de Silicium polycristallin à Saint Auban, à côté de l'usine Arkema (FIG.) Cette unité devrait à terme (2011)  produire plusieurs milliers de tonnes de ce produit utilisé dans les cellules photovoltaïques. Mais voila, depuis la création de la Société en 2006 qui prévoyait une usine opérationnelle en 2008, le marché du Silicium polycristallin est subitement passé d'une phase de pénurie à plus de 300$/kg à une situation de pléthore avec des prix bien au dessous des 100$/kg. En effet les fabricants chinois  de Silicium et de wafers se sont mis sur les rangs et le marché, avec le presque arrêt des commandes espagnoles et la crise économique, s'est fortement contracté. Silicium de Provence vient donc de se mettre sous la protection de la loi du redressement judiciaire, sorte de Chapter 11 à la française. Il est difficile de porter un quelconque diagnostic sur le futur de cette entreprise, mais on ne peut-être que pessimiste compte tenu de l'ampleur du retournement du marché du photovoltaïque et de l'agressivité des fournisseurs asiatiques de Silicium.

                             Un exemple des difficultés rencontrées par les opérateurs européens nous vient également du N°1 mondial, l'allemand Q-Cells qui annonce la création d'une joint venture avec LDK, le grand producteur chinois de wafers. L'objectif des deux Groupes, ainsi réunis, est de pouvoir attaquer  les gros marchés de grandes unités de fermes photovoltaïques en Europe et en Asie, avec pour cible d'atteindre la parité des prix de marché de l'électricité au détail. Les batailles de prix sur les grandes unités photovoltaïques vont se jouer à couteaux tirés entre Américains, Japonais, Chinois et Européens. Mais à terme cette bagarre devrait relancer le marché en volumes, grâce à des franchissements de seuils de rentabilités qui stimuleront la demande.

    Le 10 Avril 2009.

  • Il faut apporter 6 litres d’eau dans l’IOWA et 2138 litres en Californie pour produire un litre d’éthanol de maïs

    Il faut apporter 6 litres d’eau dans l’IOWA et 2138 litres en Californie pour produire un litre d’éthanol de maïs

                                 Les chiffres les plus farfelus et les plus alarmants (pour être lus et répétés) sur la consommation moyenne d'eau nécessaire pour produire la quantité de maïs et la transformer en un litre d'éthanol circulaient dans les chaumières. Pimentel avançait 288 litres, de Fraiture 400 litres et le National Research Council 783 litres! Ces chiffres de combats laissaient dubitatif et laissaient à penser qu'entre les régions de la corn-belt largement arrosées par les pluies et la Californie ou le Mexique il devait y avoir des différences notables d'apport d'eau et qu'un chiffre moyen pour les USA n'avait aucun sens (LIRE les commentaires avec el-gringo). Et bien voila, cette étude analytique, comté par comté, réalisée par une équipe d'Universitaires de St Paul dans le Minnesota vient d'être publiée et confirme nos doutes. Pour produire un litre d'alcool, il faut apporter 6 litres d'eau dans l'Iowa,  Etat le plus grand producteur d'éthanol de maïs des Etats-Unis avec 6,9 milliards de litres en 2007. Il en faut 501 litres dans le Nebraska et 2138 litres en Californie! Il n'en faut même que 5 litres dans l'Ohio mais qui n'est pas un grand distillateur.

    Corn-belt  

                    Cette étude dénonce les Etats au nord du Texas et du Nouveau Mexique qui puisent sans compter dans l'immense nappe aquifère d'Ogallala pour irriguer (FIG.II, barres bleues). Ces Etats auront prélevé 1600 milliards de litres d'eau de cette réserve en 2007 (68% des besoins d'irrigation) et le prélèvement sera bien supérieure en 2008. En effet les accroissements de productions ont lieu de plus en plus dans ces Etats où l'irrigation est abondante. Les auteurs préconisent donc que la culture du maïs soit régulée Etat par Etat, sinon au niveau des Comtés, en tenant compte des éventuels problèmes locaux de ressources hydriques et de leur gestion.

    Corn-belt-eau-conso      

                    Le papier insiste également sur le caractère négligeable de l'eau utilisée dans le process de production d'éthanol par rapport aux besoins d'irrigation pour faire croître le maïs.

                  Une fois de plus, une étude sérieuse allant chercher les données au bon niveau de compétence, met en évidences toutes les contre vérités qui peuvent circuler dans certains milieux pseudo écologistes sur la production d'éthanol de maïs.

    Je vous invite à lire ce rapport qui me semble être un travail de référence. (LIRE)

    Le 9 Avril 2009.

  • La révolution électrique, une longue marche qui va en s’accélèrant

    La révolution électrique, une longue marche qui va en s’accélèrant

    Michelinactivewheelb_2                      Pour quelle raison s'aperçoit-on subitement que l'électricité va être le vecteur énergétique majeur du XXIème siècle? Il me semble qu'il existe trois raisons essentielles qui répondent aux contraintes économiques et écologiques actuelles et futures. La première est la formidable liberté que l'électricité apporte dans le mix énergétique d'un pays isolé (le Japon) ou d'un groupe de pays (l'Europe, l'Amérique du Nord). Sous une forme standardisée, l'utilisateur dispose d'une source d'énergie qui provient d'une multitude de moyens de production fédérés entre eux par le réseau et les interconnexions. La politique énergétique de ce groupe de pays qu'est l'Europe par exemple, devrait définir quels seront à l'avenir les moyens de production standardisés à privilégier et ceux à faire disparaître. Elle devrait établir, après concertation, les plans définissant les volumes et les délais de construction de nouvelles centrales ou d'arrêt d'installations polluantes dans chacun des pays.

                         L'électricité est un vecteur énergétique fédérateur qui devrait être consolidé au niveau européen. Elle appelle la création d'une Politique Electrique Commune (PEC) qui permettrait, dans les faits, de bâtir par la suite une politique énergétique commune européenne. La deuxième raison est l'existence d'un formidable réseau de distribution qui peut arriver quasiment n'importe où et s'étendre peu à peu aux zones les plus démunies. L'arrivée de l'électricité formidable moyen de lutte contre la pauvreté et l'illettrisme. La puissance de ce réseau peut être décuplée par les moyens modernes de transfert à longue distance en courant continu et à faibles pertes en ligne (LIRE sur un réseau HVDC). Enfin la troisième raison est l'introduction de l'électricité dans toutes les formes du transport terrestre. Les transports ferroviaires et les transports de masse urbains l'avaient largement adoptée. Demain la voiture urbaine sera électrique et le véhicule destiné à parcourir de plus longues distances sera hybride et rechargeable. Les bus et les poids lourds seront également pourvus de moyens hybrides.

    Le mix énergétique et l'interchangeabilité des sources d'énergie:

                 Il semble tout d'abord nécessaire de briser une utopie: le XXIème siècle ne sera pas celui de l'Hydrogène trop difficile à produire, à stocker, à distribuer. Il introduit par rapport à la production et la distribution d'électricité un niveau de complexité et de rigidité supplémentaire dont on ne voit pas très bien les avantages. Cela ne doit pas empêcher les chercheurs d'évaluer les futurs moyens de réduction photochimiques et enzymatiques de l'eau pour les siècles suivants.

                La flexibilité dans le choix du mix énergétique est l'avantage majeur de l'électricité. De la centrale au lignite ou au charbon crachant ses tonnes de CO2 au subtil module solaire en couche mince, en passant par le gaz naturel, la biomasse, le nucléaire, l'éolien, la géothermie, l'hydroélectrique, le solaire thermique, les vagues, les courants, les marées…tout concourt vers une seule forme standardisée d'énergie: l'électricité. Ce tronc commun introduit une formidable flexibilité dans les choix, les politiques de mix énergétique et la nécessaire interchangeabilité des sources d'énergie. Il ne résout cependant pas tout et de loin, sur le choix des énergies primaires charbon, gaz naturel, pétrole, géothermie, biomasse et autres formes renouvelables. Voici quelques exemples:

                  Les centrales au gaz en Europe peuvent être alimentées soit par du gaz russe (choix des allemands avec le futur pipe-line Nord Steam par exemple) ou par du GNL koweitien (choix des anglais avec leur nouveau terminal de regazéification de South Hook à Milford Haven) il y a là un choix politique évident entre un pays fondamentalement continental et celui d'un autre plus ouvert au grand large.

                   Que la France décide de lancer deux ou trois EPR est sûrement une excellente décision, elle serait encore plus compréhensible si cette décision apparaissait dans le cadre d'une politique européenne de l'électricité qui aurait du mal à expliquer la fermeture programmée des centrales nucléaires allemandes (LIRE).

                     Cette démarche commune devrait permettre de standardiser les modes les plus efficaces et les moins polluants de conversion en énergie électrique pour chacune des énergies primaires. Quels doivent être les futurs standards de centrales au charbon, au gaz, nucléaires?

                      Par exemple, la production d'électricité à partir de charbon ou de lignite par la technique IGCC (Integrated Gasification Combined Cycle) couplée à la capture et séquestration du CO2 est le procédé qui présentant un rendement énergétique élevé et de faibles émissions de CO2 devra peu à peu s'imposer dans le monde (LIRE le projet RWE). Mais cela suppose une vraie politique d'investissements dans la construction de centrales électriques modernes et de démantèlement des vieilles unités polluantes (LIRE sur l'urgence de démanteler des centrales).

    La puissance d'un réseau au maillage complexe:

                      La force d'un réseau moderne qui relie les sites de production aux métropoles utilisatrices, qui interconnecte et rendent solidaires les Etats illustre la puissance de ce vecteur énergétique. Mais ce réseau possède d'autres vertus. Il peut permettre par exemple à une maison équipée de modules solaires et d'une batterie en tampon de devenir à la fois consommatrice et productrice d'énergie. Cette nouvelle fonction associée aux progrès dans l'isolation thermique et le conditionnement d'air actif ou passif implique une généralisation progressive du chauffage et du rafraîchissement électrique des habitations. La prime à la cuve de mazout, mesure démagogique d'un autre âge, n'aura alors plus de sens. Le chauffage au gaz, source de tant d'accidents mortels par explosion ou par intoxication au monoxyde de carbone, sera remisé dans les traditions d'antan avec le bec de gaz qui éclairait nos villes. Des compteurs électriques intelligents (smart mettering) reliés à la gestion des réseaux permettront de mettre en charge le véhicule électrique dans le garage au moment le plus opportun ou demanderont à la batterie en tampon de prendre le relais de fourniture de puissance électrique durant quelques dizaines de minutes pour effacer une pointe locale d'appel de puissance.

    L'électricité source d'énergie du transport terrestre:

                      Ce thème est largement débattu sur ce Blog. Ce qui est le plus étonnant c'est l'ignorance de ceux qui nous gouvernent en face de ce phénomène de grande ampleur. Ils voient que des dinosaures comme General Motors ou Ford ou Chrysler complètement largués vont disparaître. En face des ces catastrophes industrielles annoncées apparaissent des Toyota, des Honda mais aussi des Nissan, des Mitsubishi Motors, des BYD, des Hyundai qui elles ont compris l'apparition de la nouvelle ère électrique des transports. C'est bien sûr une révolution puisque les connaissances dans les moteurs et la chaîne de transmission ne servent plus à rien. Il faut être expert en batteries, en électronique de puissance, en logique de gestion des diverses fonctions, en intégration de l'ensemble et en recherche incessante de l'optimisation énergétique. L'intégration de modules solaires sur le véhicule, la récupération de l'énergie thermique sur les modèles hybrides par effet thermoélectrique sont d'autres exemples de recherche d'amélioration de l'efficacité énergétique. L'Active Wheel de Michelin (FIG.) qui intègre le roulement, le freinage, le moteur électrique et la fonction amortisseur illustre parfaitement le niveau d'innovation attendu (LIRE).

                      La révolution électrique ne se fait pas aux réunions du G20 ni dans les grandes messes du style Grenelle de l'Environnement, hauts lieux d'incompétence. Elle se fait dans les bureaux d'études asiatiques où des ingénieurs, travaillant 60 heures par semaine, imaginent l'avenir, ou des millions d'heures d'essais, de recherches, d'optimisation des paramètres, de discussions avec les sous-traitants font apparaître une nouvelle filière technologique, totalement différente de l'ancienne.

                      Alors Monsieur Luc Chatel parle de coordination, de "consortiums" pour travailler sur les batteries et les motorisations des futurs véhicules électriques. Ce n'est pas de cela dont notre pays à besoin. C'est de lui redonner la liberté d'innover et de créer. Peugeot va aller acheter ses voitures électriques au Japon, Monsieur Chatel, demandez donc à Peugeot d'analyser et de vous expliquer les causes de ses échecs successifs sur le véhicule électrique depuis 20 ans. Il y en a eu cependant des organismes et des consortiums d'Etat en charge du sponsoring de ces programmes avortés. Alors que peut apporter un programme de plus si le constructeur de véhicules, par définition leader du programme, ne veut pas prendre son avenir en mains et désire en rester à l'économique batterie au plomb et au moteur diésel?

    Le 9 avril 2009

  • Aluminium: la profession anticipe une baisse des consommations d’au moins 20% en 2009

    Aluminium: la profession anticipe une baisse des consommations d’au moins 20% en 2009

    Alumin3                           "La demande mondiale de métal blanc devrait doubler d'ici quinze ans" titrait, il y a de cela deux ou trois ans, un de nos grands journaux économiques, rapporteur d'échos à sensation. Et le superbe diagramme illustrant cet article prévoyait une croissance annuelle de consommation d'Aluminium de 4,4% pendant 15 ans, passant de 31,6 millions de tonnes en 2005 à 60,6 millions de tonnes en 2020. En ce printemps 2009, le lecteur qui paie bien cher son abonnement, peut se poser des questions sur la pertinence de ces "prévisions". De façon plus sérieuse, la production mondiale d'Aluminium en 2007 était estimée par Rio Tinto à 39 millions de tonnes. Les statistiques de l'International Aluminium Institute indiquent une croissance des productions de ses adhérents en 2008 par rapport à 2007 de 3,6%. On peut donc estimer la production mondiale d'Aluminium de première fusion en 2008 à un peu plus de 40 millions de tonnes. La totalité de ces productions n'a pas du être vendue en raison du ralentissement de la demande dès le quatrième trimestre 2008, une partie a donc du se retrouver dans les stocks.

                          Les producteurs d'alumine, nous dit Rio Tinto Alcan, ont réduit depuis 2008 leurs productions, sur base annuelle, de 21 millions de tonnes ce qui correspond à 7,6 millions de tonnes d'Aluminium. Ce volume correspond donc une anticipation des réductions de productions d'Aluminium de 20% environ. Ce chiffre est cohérent avec les productions d'Alcoa du premier trimestre 2009 en Aluminium laminé qui sont en baisse de 25% par rapport à celles du même trimestre 2008. C'est donc un véritable coup de frein en volume que doit affronter la profession, de l'extraction de la bauxite aux opérations de transformation finale du métal, en passant par la purification de l'alumine et l'électrolyse de l'Aluminium. Compte tenu de ces éléments on peut estimer aujourd'hui que la production mondiale d'Aluminium en 2009 devrait se situer entre 30 et 34 millions de tonnes, un chiffre proche de ce qu'elle était en 2005

                        Ce formidable coup de frein s'accompagne d'une baisse des cours de l'alumine et de l'Aluminium qui aggrave au carré le bilan économique de la profession. C'est la vie économique des industriels des non-ferreux. Oleg Deripaska qui contrôlait Rusal et qui fut un temps l'homme le plus riche de Russie, est en train de l'apprendre à ses dépens. Sa Compagnie étant accablée par 'une dette de 14 milliards de dollars et qui ne doit pas aller en se réduisant, par les temps économiques qui courent.

    Le 8 Avril 2009.

  • GM et Segway présentent un deux roues original: le PUMA

    GM et Segway présentent un deux roues original: le PUMA

                                    C'est l'anti bicycle, l'axe des deux roues est perpendiculaire à l'axe de progression. Quelle drôle d'idée de Dean Kamen, d'avoir imaginé équiper un deux roues d'un système à inertie lui permettant  de demeurer en équilibre. A la fois décliné en fauteuil roulant puis en trottinette, voila maintenant le petit véhicule urbain (Personal Urban Mobility and Accessibility). Une fois bien caréné et équipé des protections ad'hoc ce char romain moderne en forme de bulle devrait pouvoir faire du 56 km/heure (35 miles/heure) pendant une heure avec une batterie chargée à bloc.

    Segway-PUMA

    LIRE le communiqué de General Motors et accéder au texte en Français.

    Découvrir Dean Kamen et ses idées décapantes sur les constructeurs d'automobiles américains.

    Le 7 Avril 2009