Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Les récentes décisions d’Alcoa augurent d’un mauvais premier trimestre dans l’industrie de l’aluminium

    Les récentes décisions d’Alcoa augurent d’un mauvais premier trimestre dans l’industrie de l’aluminium

                           Très liée aux activités dans le domaine du bâtiment et des équipements de transport, l’industrie de l’Aluminium connaît des jours sombres. Comme à son habitude Alcoa publie les actions correctrices avant les résultats trimestriels, façon d’afficher la réactivité du management devant la conjoncture. Alcoa vient donc de décider la conduite d’actions industrielles lui permettant annuellement de réduire ses achats de 2 milliards de dollars, de réduire sa structure de frais de 400 millions, de maintenir ses investissements à 850 millions et de réduire son besoin en fond de roulement de 800 millions de dollars en 2009. Les actionnaires vont participer à l’effort avec une réduction par 5 du dividende trimestriel et Alcoa va faire appel au marché pour collecter, si possible, 1,1 milliards de dollars par augmentation de capital et émission de papier convertible.

                         Ces deux dernières décisions qui montrent qu’Alcoa a un impérieux besoin de cash, ne vont pas du tout plaire aux investisseurs. Par contagion certains de ses pairs industriels risquent également d’en pâtir à Wall Street. L’Aluminium de première fusion valait 1310 dollars la tonne hier sur le LME (FIG.).Aluminiumlme20082009

    Le 17 Mars 2009

  • Le finlandais Neste Oil va devenir un grand producteur de biodiesel

    Le finlandais Neste Oil va devenir un grand producteur de biodiesel

                         Neste Oil, raffineur finlandais, produit annuellement, depuis la mi-2007, dans les 170 mille tonnes de biodiesel dans sa raffinerie de Porvoo en Finlande. Au quatrième trimestre il va démarrer une deuxième unité qui va doubler sa capacité de production. Comme matière première Neste utilise de l’huile de palme en provenance de Malaisie où les conditions de cultures sont jugées écologiquement durables (LIRE). Ses achats d’huile vont passer en 2009 de 160 mille tonnes à 250 mille tonnes d’huile. Mais son procédé d’hydro-isomérisation catalytique (FIG.) peut s’accommoder de n’importe quelle matière grasse végétale ou animale. Dans les deux ans qui viennent Neste va démarrer deux nouvelles unités l’une à Singapour (LIRE) à la fin 2010 et l’autre à Rotterdam (LIRE) à mi-2011. Chacune de ces deux unités aura une capacité de production de 800 mille tonnes de biodiesel. C’est donc d’une capacité de production annuelle voisine de deux millions de tonnes dont disposera Neste en 2011.Nesteoilprocess

                          Remarque: le procédé Neste Oil consomme de l’hydrogène mais ne produit pas de glycérol dont les usages sont limités. Il produit du propane qui peut-être recyclé directement dans l’usine de production ou aisément commercialisé. Pour l’usine de Rotterdam dont la réalisation a été confiée à Technip Italie, c’est Air Liquide qui fournira l’hydrogène.

                          Aux Etats-Unis Syntroleum et Tyson-Foods ont formé une joint venture pour produire du biodiesel selon un procédé similaire en Louisiane dans la zone dévastée par les ouragans Katrina et Rita (LIRE).

    Le 16 Mars 2009.

  • Comme prévu, l’OPEP n’a pas retenu de nouvelles réductions des quotas de production, les Russes en sont tout dépités

    Comme prévu, l’OPEP n’a pas retenu de nouvelles réductions des quotas de production, les Russes en sont tout dépités

    Abdullaharabiesaoudite                             Comme prévu, l’Arabie Saoudite n’a rien lâché à Vienne aujourd’hui. Voulant répondre favorablement à la demande de calmer le jeu du Président Obama, elle n’a pas accordé de réductions de quotas supplémentaires. Il est certain qu’à court terme cela va relaxer le marché du pétrole. Les Russes sont totalement piégés par la manoeuvre, jusque là ils encourageaient l’Arabie Saoudite à réduire ses productions pour soutenir les cours, mais en ne faisant, eux-mêmes, aucun effort d’accompagnement. Alors on a entendu un Igor Sechine, Vice Premier Ministre russe, expliquer que les productions russes avaient baissé de 2% en Janvier-Février à 9,75 millions de barils/jour et que la Russie allait réduire ses exportations en favorisant la consommation intérieure et en poussant les feux du raffinage (bla-bla).

    Sechine a expliqué aussi qu’il faudrait que les pays producteurs disposent de moyens de stockage du brut pour amortir les variations de cours (re bla-bla). Il a enfin déclaré que la Russie n’excluait pas de rejoindre un jour l’OPEP et qu’a court terme il fallait que la Russie et l’OPEP coordonnent leurs efforts (re-re-bla-bla).

                             Il reste cependant un puissant levier géopolitique à la Russie pour faire monter la pression: c’est la menace nucléaire de l’Iran. On peut lire dans RIA Novosti une analyse très pessimiste du Major General Vladimir Dvorkine, patron des Forces Stratégiques Nucléaires à Moscou, sur les menaces balistiques et nucléaires iraniennes. Il exhorte la Russie et l’Occident à ne pas mésestimer le danger iranien (LIRE). Un tel article a forcément obtenu l’imprimatur du Kremlin. Nul doute que la montée de bruits de bottes en direction de l’Iran serait de nature à faire rebondir les cours du brut vers des plus hauts. Mais c’est un arme dangereuse, alors d’une façon ou d’une autre il faudra bien faire remonter les cours du brut pour sortir la Russie de la panade économique. Mais tout est dans le timing, il faut aussi que l’économie américaine redémarre. L’Amérique a pour l’instant la main, mais pour combien de temps?

    LIRE le communiqué de l’OPEP.

    Le 15 Mars 2009.

  • Daimler cherche un partenaire pour la filiale partagée de production de batteries avec Evonik

    Daimler cherche un partenaire pour la filiale partagée de production de batteries avec Evonik

                          Daimler a intégré dans une filiale qu’il possède à 90%, Deutsche Accumotive Gmbh, son savoir faire et celui du développeur de batteries allemand Evonik qui possède 10% de la filiale (FIG.). Daimler possède aussi 49,9% de la filiale Li-Tec de production de batteries d’Evonik. Les deux associés semblent vouloir vraiment tenter l’aventure du développement et de l’industrialisation des batteries de traction pour véhicules, mais pour cela il leur manque la compétence d’un intégrateur des systèmes électriques et électroniques au sein de Li-Tec. Daimler est à la recherche d’un troisième larron qui voudrait bien s’embarquer dans cette coopération, nous informe Handelsblatt, pour apporter cette compétence (LIRE).

    .Alliancesbatteries6

    Le 15 Mars 2009

  • Quel est le réel impact de la crise économique sur les consommations de pétroles et sur les prévisions?

    Quel est le réel impact de la crise économique sur les consommations de pétroles et sur les prévisions?

                              Les diverses Agences et divers cartels réalisent des prévisions sur les consommations de pétrole dans le monde. Leurs chiffres généralement divergent peu. Au mois de Mars par exemple l’OPEP prévoit pour 2009 une consommation de 84,6 millions de barils/jour, l’Agence Internationale de l’Energie vient d’actualiser la sienne à 84,4 millions et l’Energy Information Administration parle de 84,3 millions de barils/jour. Une comparaison de ces chiffres aux consommations réelles de 2007 (86 millions de barils/jour) et de 2008 (85,7 millions de barils/jour) montre que dans les faits la crise économique n’a que peu d’incidence sur la consommation réelle de pétrole, mais qu’elle en a beaucoup sur les prévisions de ces Agences. Le monde virtuel change beaucoup, le monde réel évolue lentement.Aieconso200903

                        Dans les faits, c’est le formidable changement de pied dans les prévisions qui dérange le plus. Il était de bon ton jusque là de prévoir des augmentations annuelles de consommations de pétrole comprises entre un et deux millions de barils/jour et de prévoir l’apocalypse. Il faut maintenant prévoir des réductions de consommations. Mais seront-elles si importantes? A l’aide d’une approche pessimiste pour 2009 qui supposerait une consommation finale à 84 millions de barils/jour, cette consommation se retrouverait à 2 millions de barils/jour de moins que le plus haut de 2007. La formidable crise que nous traversons n’aura fait diminuer la consommation de pétrole que de 2,3% au plus par rapport à celle de 2007, époque où l’économie allait bien. Il faut donc prévoir de faibles réductions annuelles de consommations pour la décennie à venir.

                       Cette constatation simple qui provient du fait que dans le monde les voitures et les camions ne se vont pas s’arrêter de rouler, les avions de voler, les navires de caboter, la pétrochimie de produire des solvants et autres produits chimiques de synthèse. Mais que tout cela va se faire avec une efficacité énergétique accrue et dans le cadre d’un mouvement de substitution du gaz naturel au pétrole qui va s’étaler sur plusieurs décennies.Consomondialeptrolegaz20002007_2

                            La substituabilité des sources d’énergies primaires est une vieille histoire qui a commencé au XIXème siècle en Angleterre avec la suprématie du charbon sur le bois, puis au XXème siècle, aux Etats-Unis avec la primauté du pétrole. Dans les décennies à venir c’est le gaz naturel qui va devenir la source principale d’énergie primaire accompagnant le rôle majeur qu’est appelée à jouer l’électricité comme vecteur d’énergie dominant, jusque dans la traction électrique des véhicules.

                            Quels sont les paramètres qui permettent de prévoir la montée inéluctable en puissance du Gaz Naturel:

    • c’est le combustible fossile qui émet le moins de CO2, après capture du CO2 à la source, lors de son extraction et de sa purification,
    • il est largement répandu dans le monde et les réserves sont abondantes dont certaines sont encore mal exploitées (Iran, schistes bitumineux…)
    • il sera durablement moins onéreux que le pétrole
    • il peut être transformé en combustible liquide ou en DME
    • il peut se substituer aux dérivés du pétrole (naphta) dans la chimie aval
    • les centrales électriques au gaz sont complémentaires des sources d’énergies renouvelables
    • sous forme comprimée, il peut se substituer aux carburants dans les transports (bus, poids lourds)
    • avec la montée en puissance du GNL, son marché va peu à peu s’internationaliser.

                           Il est donc possible de prévoir pour les décennies à venir une décroissance lente des productions de pétrole et une substitution progressive du pétrole par le gaz naturel, associée à une montée en puissance du vecteur énergétique électricité. Scénario d’une non catastrophe annoncée, dans le cadre d’un progrès continu des technologies vers une meilleure efficacité énergétique et une réduction drastique des émissions de CO2.

    Remarque: les faibles diminutions de consommations de pétrole dans le monde, comme l’a souligné  Nobuo Tanaka, le patron de l’AIE, seront négligeables par rapport à la déplétion naturelle des champs pétroliers qui tirent annuellement vers le bas les productions mondiales de 4 à 5 millions de barils/jour et qui doivent être compensées par de nouvelles ressources ou de nouvelles techniques neutralisant cette déplétion. La poursuite des efforts d’exploration et d’amélioration des techniques d’exploitation  des Groupes pétroliers est donc vitale pour l’économie mondiale. Le débat ridicule et lancinant sur les "scandaleux" profits du Groupe Total en France, illustre la forte ignorance des médias de ces problèmes et de leur aptitude naturelle à amplifier les contresens.

    Le 15 Mars 2009.

  • Boeing et Vestas vont collaborer dans la recherche technologique

    Boeing et Vestas vont collaborer dans la recherche technologique

    Vestas1                      Dans le cadre de L’International Scientific Congress of Climate Change à l’Université de Copenhague qui s’est tenu cette semaine, Boeing et le danois Vestas ont annoncé qu’ils allaient collaborer dans la recherche technologique sur des thèmes communs entre l’industrie aéronautique et l’industrie éolienne. L’aérodynamisme, les matériaux composites sont des sujets sur lesquels les deux industries doivent exceller. En 2009 les chercheurs des deux Groupes identifieront les sujets de recherches qui pourraient être partagés.

                         Cette information ne peut que susciter des questions sur la stratégie de Boeing. Simple opération de green-washing et de communication ou volonté de diversification à plus long terme, vers une activité moins cyclique que celle de l’aéronautique. Pour Vestas c’est une excellente carte pour accroître sa notoriété et sa part de marché aux Etats-Unis. On sait de plus, que Vestas est très en retard dans les éoliennes offshore, par rapport au géant européen Siemens (LIRE).

    LIRE le communiqué commun de Boeing et de Vestas

    Le 15 Mars 2009

  • Développement Durable, Environnement, Energie et Société

    Développement Durable, Environnement, Energie et Société

    Leridonhenri                    Le Collège de France, avec l’aide financière de Total, vient de créer une chaire européenne dont le thème s’intitule; "Développement Durable, Environnement, Energie et Société". C’est le démographe Henri Leridon qui est titulaire de la chaire pour cette année et qui vient de prononcer sa leçon inaugurale. Je ne peux que vous inviter à regarder cette leçon où Leridon met en perspective la continuité de la pensée, depuis Condorcet au XVIII ème siècle jusqu’à aujourd’hui, sur ces problèmes de développements, à l’interface entre économie, démographie, écologie et changement climatique.

                     La fécondité est passée en quarante ans de 5  à 2,7 enfants par femme dans le monde qui compte 6,6 milliards d’habitants. Elle devrait atteindre 2,2 (seuil de renouvellement des populations), vers 2030. Ces grandes données démographiques ne seront pas sans influences sur la nature des problèmes de développement posés aux générations futures. Certains pays européens comme l’Allemagne ou d’autres comme la Russie sont d’ors et déjà confrontés aux problèmes liés au recul démographique.

    REGARDER la leçon inaugurale au Collège de France d’Henri Leridon.

    Le 14 Mars 2009

  • Les valeurs vertes profitent de l’amélioration du climat bancaire

    Les valeurs vertes profitent de l’amélioration du climat bancaire

                           Les marchés d’actions découvrent que la couverture de la majorité des risques des banques par les Etats, qui permet à ces dernières d’arrêter de passer des provisions pour dévaluation d’actifs, et la possibilité de refinancement à bon compte dont elles profitent largement auprès des banques centrales, vont permettre aux banques de présenter des résultats positifs les premières, dès ce premier trimestre 2009 ou au plus tard au second trimestre. Cette consolidation sera par la suite rendue pérenne grâce à l’abandon programmé de la funeste règle comptable pro-cyclique du mark-to-market qui permettra aux banques et aux assurances de valoriser leurs actifs à des prix plus réalistes, plus haut quand ça baisse et plus bas quand les cours montent. Il faut noter que les banques européennes se sont aperçu elles mêmes de cette embellie, comme en témoigne la forte détente du taux interbancaire moyen Euribor qui est descendu à 1,78% Vendredi (FIG.).Euribor200903

                          Ce contexte de reprise de confiance dans les banques s’avère favorable aux actions du green-business dont la principale faiblesse est l’incessant besoin de cash pour assurer à la fois son développement et celui de ses clients potentiels. Vestas ne peut se développer que s’il investit et que si ses clients trouvent les financements pour installer leurs champs d’éoliennes.

                            Alors cette semaine THEOLIA a repris 37% de sa valeur, le chinois Suntech 27%, la penny stock américaine Pacific Ethanol 26% (FIG.II). Malgré ces variations de cours impressionnantes, les valeurs citées demeurent encore en forte perte par rapport à leurs cours de début d’année. Seule EDF EN. affiche des gains.Boursecours200903b_2 Notons également le net rebond de First Solar aux Etats-Unis dont une reprise des aides bancaires accompagnerait son changement de business model vers la fourniture d’énergie.

                  Il se pourrait que les actions vertes aient connu la semaine dernière leur plus bas pour 2009. La suite des évènements nous le dira.

    Le 14 Mars 2009.

  • L’OPEP aurait produit 870 mille barils de brut au dessus du quota en Février

    L’OPEP aurait produit 870 mille barils de brut au dessus du quota en Février

                         A la veille de la réunion des membres de l’OPEP, le 15 Mars à Vienne, il est important de rassembler les données chiffrées sur le Marché publiées par cette Organisation. Elle a tout d’abord revu à la baisse la demande mondiale de pétrole en 2009, mais de façon limitée, puisqu’elle publie dans son Oil Market Report du 13 Mars une demande prévisionnelle de 84,6 millions de barils/jour (FIG.), en baisse d’un million de barils par rapport à 2008. Cette donnée est moins pessimiste que celle de l’Energy Information Administration américaine qui prévoit une baisse de 1,4 millions de barils/jour, la différence se jouant sur une plus forte baisse de la demande dans les pays OCDE.Opec200903_2

                       L’autre paramètre important est la production des pays de l’OPEP observée au mois de Février. Elle a baissé de 650 mille barils/jour entre Janvier et Février d’après les données de l’Organisation pour atteindre 25,715 millions de barils/jour. Mais ce niveau de production est supérieur de 870 mille barils/jour aux quotas fixés en Décembre dernier (FIG.II).Opecquotas200903

                   Il est donc à prévoir qu’il va y avoir quelques chamailleries à Vienne entre ceux qui respectent les quotas et les autres (Iran, Venezuela, Equateur,  Angola). Un report à plus tard d’une éventuelle baisse des objectifs de production n’est pas impossible. Elle semble même politiquement très probable, dans le cadre des relations entre l’Administration Obama et l’Arabie Saoudite. Maintenir la tête sous l’eau de l’Iran et de la Russie encore quelques mois ne doit pas forcément leur déplaire.

    Le 14 Mars 2009.

  • Les ventes de voitures en Europe profitent de la prime à la casse allemande

    Les ventes de voitures en Europe profitent de la prime à la casse allemande

                             Seuls deux pays européens présentent une progression des ventes en février 2009 par rapport à la même période 2008: l’Allemagne et la Pologne. L’Allemagne profite de la généreuse prime à la casse instaurée par le gouvernement et affiche une progression des ventes de 21% ce qui représente 50 mille véhicules supplémentaires vendus. Sans cet effet d’aubaine la chute des ventes en Europe aurait été de l’ordre de 22%, au lieu des -18% enregistrés. Ce sont l’Espagne (-59% ou -59000 véhicules), l’Italie (-24% ou -53000 véhicules) et les Pays-Bas (-31% ou -16000 véhicules) qui tirent les ventes européennes du mois de Février vers le bas. La France sauve les meubles avec un score de -10% sur les deux premiers mois de 2009.Ventesvoitureseurope200902

    Le 13 Mars 2009.