Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Vestas en 2008 affiche des volumes en croissance mais consomme du cash

    Vestas en 2008 affiche des volumes en croissance mais consomme du cash

                          Le danois Vestas, un des grands acteurs mondiaux dans l’éolien, a présenté en 2008 une activité en croissance de 24% par rapport à celle de 2007. Ce bon résultat a été obtenu par de solides facturations au quatrième trimestre qui ont représenté plus de 40% du chiffre d’affaire annuel de 6,035 milliards d’euros. Les éoliennes facturées (livrées + avances de facturation) représentent une puissance électrique cumulée de 6109 MW, ce qui veut dire que Vestas a réussi à maintenir en 2008 son prix moyen de facturation de 2007, à 0,98 million d’euros par MW. Mais Vestas avoue n’avoir livré physiquement que 5580 MW d’éoliennes en 2008. Les entrées de commandes se sont élevées à 6109 MW. Le carnet de commande, d’une année à l’autre, s’est donc accru de quelques 400 MW mais un examen par trimestre montre une nette décroissance depuis deux trimestres consécutifs (FIG.) après de fortes entrées de commandes durant le premier semestre.Vestascarnet2008fin

                          Le cash généré par les opérations qui avait été bon en 2007 (701 Meuros) s’est dégradé à 277 Meuros à fin 2008, en raison des en-cours liés à la forte activité du quatrième trimestre. Les investissements s’étant nettement accrus à 680 Meuros, la Société affiche une baisse de cash de 494 Meuros sur l’exercice (FIG.II). Vestascash2008fin_2

                     Les effectifs mondiaux se sont élevés en fin d’année à 20800 personnes en croissance de 5500 par rapport à 2007 avec un objectif pour Vestas, d’atteindre une production de 10000 MW en 2010.

                    Pour 2009 Vestas prévoit un chiffre d’affaires en croissance de 20%, à 7,2 milliards d’euros et souhaiterait investir 1,2 milliards d’euros. Cependant ses dirigeants avouent vouloir connaître les chiffres du premier trimestre 2009 avant de s’engager plus avant.

                        La gestion de Vestas, malgré sa taille, est celle d’un Groupe multinational qui doit satisfaire aux exigences des autorités locales qui subventionnent les achats d’éoliennes. La dure contrainte des constructions et des sous-traitances locales imposées empêchent Vestas de réaliser des économies d’échelle, dans des unités hautement spécialisées. On ne peut être que réservé sur l’aptitude de ce type d’industrie, face à une crise des liquidités et une montée de la concurrence, à poursuivre sa croissance sans heurt. 2008 aura peut-être été la dernière année insouciante de l’éolien triomphant pour Vestas.

    Le 21 Février 2009.

  • La fermeture accélérée des puits de forage de gaz naturel aux USA augure d’au moins quatre ans de déclin de la production

    La fermeture accélérée des puits de forage de gaz naturel aux USA augure d’au moins quatre ans de déclin de la production

                         Avec la chute vertigineuse des prix du gaz naturel sur le NYMEX qui ont atteint les 4 dollars par MMBTU, passant ainsi en dessous du plus bas de Septembre 2006 qui avait provoqué la faillite du fond Amaranth, le nombre de puits en activité aux Etats-Unis ne cesse de décroître de semaine en semaine (FIG.). Depuis le mois d’Août cette chute est d’environ 600 puits, soit en moyenne 24 puits fermés par semaine, avec une pente qui friserait en ce moment plutôt les 50 puits par semaine. La chute n’étant pas stabilisée ce sont au global près de 800 à 1000 puits qui risquent de disparaître en quelques mois.Puitsgazus200902

                        Mais les forages sont plus rapidement stoppés qu’ils ne sont mis en production. C’est directement observable sur la courbe qui montre qu’entre début 2008 et le mois d’Août alors que les prix du gaz naturel flambaient, n’ont été mis en route que 200 forages environ. Cela veut dire que le jour où les cours du gaz naturel repartiront à la hausse, il faudra quatre ou cinq ans pour revenir au potentiel de production du mois d’Août dernier. Entre temps les productions autochtones de gaz naturel vont décroître. Certains parlent de 4% par an. Les américains devront faire appel à plus d’importation de Gaz Naturel Liquéfié venant du Qatar ou d’ailleurs, un comble quand on connaît les formidables réserves de gaz des Etats-Unis.

                       Pour arriver à l’indépendance énergétique des Etats-Unis, si chère au nouveau Président, il faudrait tout d’abord que les prix de l’énergie se stabilisent pour assurer en périodes de creux des recettes suffisantes au maintien de l’outil de production. Aucune industrie n’est capable de croître régulièrement si les prix de ventes n’assurent pas une certaine pérennité des revenus. Or, une telle stabilité est incompatible avec le système de marché spéculatif actuel.

                       Ce qui est vrai pour le gaz américain est vrai pour le pétrole mondial dont les cours dépendent de 300 traders, plus ou moins dopés, qui décident à New York de la valeur du pétrole dans le monde, en s’appuyant sur un marché physique inexistant (Cushing), encombré de stocks déjà vendus et attendant leur profitable échéance de livraison.

    Le 21 Février 2009.

  • Un projet de capture et stockage de CO2 californien entravé par une Commission de cet Etat

    Un projet de capture et stockage de CO2 californien entravé par une Commission de cet Etat

    California                               La Californie est renommée pour sa politique écologique, mais les difficultés financières et économiques du moment tendent à amoindrir ou même à entraver cette avancée environnementale (LIRE). Un projet exemplaire est en ce moment menacé: c’est le projet Hydrogen Energy International dont nous avons déjà dit quelques mots ici il y a quelques temps (LIRE). BP et Rio Tinto ont imaginé de créer une joint venture qui transformerait du coke de pétrole, vendu actuellement à la Chine, en Hydrogène servant à alimenter une centrale électrique selon un procédé IGCC (Cycle Combiné à Gazéification Intégrée) . Le CO2 formé durant la synthèse de l’hydrogène serait capté et injecté dans une nappe pétrolifère de l’Occidental Petroleum pour accroître le flux de production de pétrole. Bien sûr un tel accord nécessite la participation d’un électricien local. Southern California Edison intéressée par le projet, s’est vue refuser par l’Administration californienne de passer dans ses augmentations de tarifs les 30 millions de dollars des frais d’études qu’elle voulait engager pour supporter ce projet. La Commission en charge des autorisations souhaiterait que d’autres électriciens soient associés pour minorer ou repousser la facture.

    Le 21 Février 2009.

  • Enorme gadin boursier du norvégien REC, un des grands mondiaux du Silicium

    Enorme gadin boursier du norvégien REC, un des grands mondiaux du Silicium

                           Cette semaine à été très éprouvante pour les valeurs du green business. Dans ce climat de tempête boursière où l’Euro STOXX 50 a perdu près de 10%, il faut tout d’abord saluer les bonnes performances d’EDF EN et d’Iberdrola REN. qui arrivent à rester positives de 15% et de 3% respectivement par rapport à leur cours de début de l’année (FIG.). Mais l’évènement de la semaine dans ce monde étroit des actions cotées du green business, c’est la terrible chute du cours du norvégien REC qui perd un tiers de sa valeur en une semaine. Il avait pourtant publié de solides résultats au quatrième trimestre, avec des revenus en croissance de 27% et un résultat à 29% de ce chiffre d’affaires. Mais les perspectives 2009 de cette industrie sont franchement décourageantes. Boursecours200902b

                           REC a réussi en 2008 à maintenir de bons prix de ventes auprès de très gros clients. ReccustomersCinq clients font 90% de ses ventes dans le Silicium et cinq autres clients font 85% des ventes de wafers (FIG.II). Mais les prix en Asie du silicium se sont complètement effondrés à moins de 40$ le kilogramme. Il est donc évident que REC ne va pas pouvoir maintenir ses prix de ventes et qu’il va devoir s’aligner, peut-être avec une petite prime de qualité, sur les prix asiatiques. Cela signifie que certains prix de vente de ce grand mondial du silicium, dans un marché en retrait, risquent d’être divisés par deux, sinon trois, dans le courant de 2009. Sombres perspectives!

                   Parmi les autres fortes baisses signalons celle du chinois Suntech qui perd 27% sur la semaine avec de tristes prévisions pour le premier trimestre 2009 (LIRE) mais aussi celle de THEOLIA dont l’action perd 25% de plus sur la semaine et 40% depuis le début de l’année. Le marché douterait-il de la pérennité de cette entreprise?

    Le 21 Février 2009.

  • La consommation d’électricité en France métropolitaine s’est fortement accrue au mois de Janvier

    La consommation d’électricité en France métropolitaine s’est fortement accrue au mois de Janvier

                         D’après les données de RTE, la consommation nette d’électricité de la France métropolitaine au mois de Janvier, s’est élevée à 1,59 TWh par jour, en croissance de 11% par rapport au même mois de 2008 (FIG.). Cette forte croissance est attribuable aux appels du réseau qui se sont accrûs de 15,6% en raison du froid. Il a fait en moyenne 4,1°C de moins en Janvier 2009 qu’en Janvier 2008. Par contre la consommation des gros clients industriels s’est tassée de 15%, tout comme elle l’avait fait au cours des deux mois précédents. La production d’électricité d’origine nucléaire à 1,39 TWh/jour a progressé de 5,3% par rapport à il y a un an. Le solde des échanges avec l’extérieur est resté globalement positif avec 2,7 TWh pour l’ensemble du mois. Enfin, 90,2% des injections de courant au mois de Janvier sur le réseau RTE provenaient de sources n’émettant pas de CO2 (le meilleur score en 2008, a été atteint au mois d’Août avec 97,3%).

                        Le mois de Janvier avec les intempéries aura été un dur mois pour les hommes, mais les livraisons, malgré les coupures et les délestages, auront été excellentes pour les industriels du secteur.Consommationlectricitmtro200901

    Le 20 Février 2009.

  • Le chinois Chery en pointe dans le véhicule électrique avec le S18

    Le chinois Chery en pointe dans le véhicule électrique avec le S18

    Cheryevs18               Le fabricant de voitures chinois Chery vient d’annoncer le lancement de son premier véhicule entièrement électrique: le S18 (FIG.). Ce véhicule présente une autonomie de 120 à 150 km en pleine charge. Il peut rouler à la vitesse de pointe de 120 km/h et il est propulsé par un moteur électrique 336V, 40 kW. Ce moteur est alimenté par une batterie de type Li-Ion au Lithium phosphate de fer (LiFePO4) de 40 Ah  qui se recharge en 4 à 6 heures comme toutes les batteries au lithium-Ion. Il est possible avec un chargeur de calibre 80A de recharger 80% environ de la batterie en une demi-heure.

                         C’est le prototype même du véhicule urbain qui se déplacera couramment dans nos villes d’ici à quelques années. Simple d’utilisation, économe en énergie, nécessitant peu de maintenance, peu bruyant, non polluant et très "design" avec son panneau solaire en guise de toit. On pourra le recharger sur les parkings publics ou ceux des centres commerciaux équipés, eux aussi, de panneaux solaires. Les véhicules à moteur à explosion ressembleront alors à de gros dinosaures venus de la campagne lointaine. Le Dimanche, les enfants riront aux larmes en voyant les 4X4, calèches obséquieuses d’un autre temps, exposés dans les musées. Merci Chery!

    Le 20 Février 2009.

  • Californie: les contraintes budgétaires et la crise font repousser à plus tard certaines mesures écologiques

    Californie: les contraintes budgétaires et la crise font repousser à plus tard certaines mesures écologiques

    Travauxpublics                    Un article du Los Angeles Times nous apprend que l’idéal écologique californien a du plomb dans l’aile. Lorsque les recettes fiscales ne rentrent plus, lorsque le green business licencie, les grands idéaux, forcément, en pâtissent. Le budget de l’Etat initial, en vertu d’une loi votée en 2007, prévoyait d’obliger et d’aider les groupes de travaux publics à retrofiter tous les gros engins diesel, afin de les rendre conformes aux nouvelles règles de pollution en vigueur. Mais sous la pression des contraintes budgétaires et du lobbying des acteurs des travaux publics, cette part du budget a été retirée. Ce sont 17% des réductions d’émissions d’ici à 2014 qui sont ainsi passés par pertes et profits, au grand dam des membres du puissant Air Ressource Board californien (CARB) .

                       Il est à parier que bien des aides financières soutenant le green business dans cet Etat aux finances en profond déficit vont être fortement réduites. Face aux menaces d’augmentations d’impôt, les mesures écologiques passent au second plan, même en Californie.

    Le 20 Février 2009

  • Les stocks hebdomadaires de produits pétroliers américains se stabilisent sur de faibles importations

    Les stocks hebdomadaires de produits pétroliers américains se stabilisent sur de faibles importations

                         Lassitude des spéculateurs? Indisponibilité de moyens de stockage? Absence de livraison de brut à prix cassés par des tankers qui ne veulent plus traverser l’Atlantique pour des clopinettes, à 6 ou 8 dollars de moins que le Brent? Sûrement un mix de tous ces ingrédients pour expliquer que les importations de pétrole et de produits pétroliers aux Etats-Unis se sont calmées la semaine dernière. L’ensemble s’est élevé à 11,5 millions de barils par jour (8.8 + 2.7), elles atteignaient deux millions de plus certaines semaines précédentes! Alors on assiste à une stabilisation des stocks de brut et même à une réduction de 7 millions de barils de l’ensemble des produits pétroliers (FIG.). La semaine prochaine nous dira si c’était qu’un hoquet ou un renversement de tendance plus profond.  Ce résultat devrait accompagner une certaine reprise des cours.Stocksproduitsus200902

    Le 19 Février 2009.

  • Le prix du Silicium est passé à moins de 40$ le kilogramme en Asie

    Le prix du Silicium est passé à moins de 40$ le kilogramme en Asie

    Suntechheadofficewuxi                      Les résultats des acteurs de l’industrie photovoltaïque au quatrième trimestre 2008 sont publiés en ce moment et les résultats des Sociétés chinoises affichent de profonds reculs durant ce trimestre. C’est le cas pour le plus gros du secteur: Suntech qui annonce un chiffre d’affaire au T4 à 414 M$, en recul de 30% par rapport à celui du trimestre précédent. En cumulé sur l’année le chiffre d’affaire progresse de 43%, mais le brusque coup de frein du quatrième trimestre fait manquer à Suntech ses objectifs de volumes de productions qui n’atteignent que 498 MW contre une prévision de 530 à 550 MW présentée deux mois auparavant. Les annulations ou reports de commandes ont dû pleuvoir en fin d’année. Dans l’exposé de ses activités en 2008, Suntech nous révèle que le prix du Silicium polycristallin est passé en dessous des 40 $ le kilogramme. Il semble donc qu’en fin 2008, la dégradation des prix ait été beaucoup plus marquée en Asie qu’en Europe, comme le montrent les résultats du norvégien REC, toujours en forte croissance au quatrième trimestre.

                       Pour le premier trimestre 2009 les prévisions de Suntech continuent à fortement se dégrader puisqu’il espère un chiffre d’affaire entre 340 et 380 millions de dollars. Il affirme cependant vouloir commercialiser dans les 800 MW de modules dans le monde en 2009, disposant d’une capacité de production de 1000 MW. Il faut donc s’attendre cette année, à une lutte féroce sur les prix. Il est alors peu probable que les fournisseurs européens puissent tenir leurs tarifs élevés, en profond décalage avec les prix spots chinois.

    Le 19 Février 2009.

  • Etats-Unis: l’EPRI place son action de recherche dans le cadre d’un déploiement de l’énergie nucléaire

    Etats-Unis: l’EPRI place son action de recherche dans le cadre d’un déploiement de l’énergie nucléaire

                              L‘Electric Power Research Institute (EPRI) et l’Idaho National Laboratory (INL) viennent de publier un Plan Stratégique de Recherche et Développement dans le domaine des activités énergétiques nucléaires civiles. Ils placent tout d’abord leur action dans le cadre des objectifs de réduction vigoureuse des émissions de CO2 au niveau de 1990 en 2020 et d’une réduction supplémentaire de 80% en 2050. La traduction de ces objectifs dans le mix énergétique de production d’électricité américain, réalisé par une analyse appelée PRISM (FIG.), implique un accroissement des parts du nucléaire dans le mix de 20% à 40% entre aujourd’hui et 2050. Dans ce scénario, pour la première fois aux Etats-Unis, il est affirmé par un organisme officiel que malgré l’accroissement des énergies renouvelables, malgré la disponibilité des moyens de capture et de stockage du CO2 (CCS) pour 10$ la tonne de CO2, il sera indispensable de faire croître la part d’électricité d’origine nucléaire au cours du XXIème siècle. Les temps changent!

    . Eprinuclearrda_2

                         Ce scénario recommande d’accroître d’ici à 2020 la génération d’électricité nucléaire aux Etats-Unis de 20%, ce qui demande d’installer 20 GWe de puissance électrique supplémentaire, pour réduire les émissions de CO2 des énergies primaires de 10%. Puis d’accroître cette puissance installée de 200% d’ici à 2050.

                          Dans un tel schéma la puissance installée des réacteurs à eau légère de nouvelle génération (ALWR) augmenterait régulièrement jusqu’en 2070, accompagnant la disparition des réacteurs (LWR) de la génération précédente (FIG.II). Puis arriverait la phase commerciale des réacteurs à neutrons rapides qui prendrait le relais (Fast Reactors). Par ce cadencement l’INL donne le temps (plusieurs décennies) de mettre au point les réacteurs surgénérateurs qui permettraient d’utiliser les combustibles usagés de la génération précédente. La consommation d’Uranium passerait par un maximum de 50 mille tonnes par an entre 2060 et 2080.Eprinuclearrdb

              Dans son Plan Stratégique de Recherche l’EPRI insiste sur quelques points fondamentaux que sont la durée de vie des réacteurs à eau légère de nouvelle génération qui doit être définie pour 60 ans puis portée à 80 ans. Il souligne également toute l’importance de la gestion du combustible, domaine où les Etats-Unis sont très en retard, jusqu’à l’utilisation des déchets ultimes dans des réacteurs à neutrons rapides. Enfin il introduit l’hypothèse de réacteurs à haute température à refroidissement gazeux qui seraient des sources de chaleur pour les process et permettraient de produire de l’hydrogène sans dégagement de CO2. Mais la probabilité de l’arrivée de ce genre de réacteurs dans les décennies à venir reste tout de même assez faible, même si les scénarios retenus les font arriver en 2025.

    LIRE le Plan de R&D de l’EPRI et de l’INL

    Le 19 Février 2009.