Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • AREVA et Mitsubishi Heavy Industries construisent leur alliance dans les combustibles nucléaires

    AREVA et Mitsubishi Heavy Industries construisent leur alliance dans les combustibles nucléaires

    U3o8                    Il est une information bien plus stratégique et déterminante pour l’avenir de la filière nucléaire que l’entrée d’Alstom ou de Bouygues dans le capital d’AREVA, c’est l’alliance d’AREVA à hauteur de 30% au nouveau consortium créé avec Mitsubishi Heavy Industries (MHI) pour développer une filière du combustible nucléaire au Japon. Cet accord implique que MHI, avec l’aide d’AREVA, va peu à peu adopter la stratégie AREVA qui consiste à proposer des réacteurs nucléaires clé en main avec la fourniture et le retraitement des combustibles. Cet accord acte également que les deux Sociétés veulent investir sur une base 50/50 dans une unité de production de combustible aux Etats-Unis. Il y a là une opportunité de faire de l’ensemble des deux Sociétés un Groupe mondial incontournable dans l’approvisionnement, le retraitement et l’élimination des déchets nucléaires.

                         Par la suite, il est possible d’imaginer qu’un des prochains grands pas pour les deux Sociétés serait, par exemple, de coopérer dans un réacteur à neutrons rapides en charge de l’élimination des déchets ultimes.

                          Dans l’hypothèse d’une telle alliance il est difficile d’imaginer les deux Sociétés en train de s’affronter sur le marché des réacteurs électronucléaires comme c’est le cas en ce moment aux Etats-Unis.

                           En effet, il semblerait qu’une short list de 5 projets ait été retenue par l’Administration américaine pour le futur lancement de deux ou trois nouvelles centrales électronucléaires. Quatre de ces projets sont connus avec quatre constructeurs différents: AREVA avec le réacteur de Calvert Cliff de Unistar (EDF/Constellation), MHI avec la centrale de Comanche Peak, GE-HITACHI avec le projet South Texas et TOSHIBA-Westinghouse avec le projet de Scana Corp. Deux de ces projets sont quasiment acquis pour des raisons de préférence nationale, l’un pour GE, l’autre pour Westinghouse. Il ne reste donc au mieux qu’une place pour MHI ou AREVA. Techniquement MHI a le projet le plus élaboré des quatre, mais stratégiquement AREVA est important pour mettre de l’ordre dans la gestion des déchets nucléaires aux Etats-Unis. Chacun a donc sa chance.

                            On peut donc imaginer aujourd’hui un avenir possible du nucléaire mondial avec cinq grands Groupes: deux nippo-américains (GE-HITACHI et TOSHIBA-Westinghouse), un nippo-européen MHI-AREVA, un russe ROSATOM associé à Siemens et un chinois.

    LIRE le communiqué d’AREVA sur le sujet.

    Le 19 Février 2009.

  • Un procédé de désalinisation de l’eau économe en énergie

    Un procédé de désalinisation de l’eau économe en énergie

                        Au premier Janvier 2005, la capacité de désalinisation d’eau dans le monde était estimée à 35 millions de m3 d’eau par jour et le usines en construction ou en projet représentaient un potentiel de 21 millions de m3 supplémentaires. Il est donc possible d’estimer en ce début 2009 la capacité mondiale de production entre 50 et 60 millions de m3 d’eau par jour. La désalinisation de l’eau par distillation flash ou par osmose inverse sur membranes nécessite de lourds investissements et entraîne une très forte consommation d’énergie de 25kWh à 6 kWh par m3 selon les procédés. Il est donc possible d’estimer grossièrement la consommation d’énergie pour cette production mondiale entre 600 GWh à 800 GWh d’énergie par jour, soit la moitié  ou les 2/3 environ de l’énergie électrique consommée quotidiennement en France. Les besoins croissants en eau pour la consommation et les besoins industriels et agricoles des pays où sévit la sècheresse fait que ce poste de consommation d’énergie deviendra rapidement un élément non nul de la consommation mondiale en énergie. Il est donc urgent de définir des procédés économes en énergie et de proscrire ceux qui consomment trop d’énergie, comme les divers procédés par distillation flash. Yaledesalinationprocess

                        Parmi les nouveaux procédés prometteurs, il en existe un, inventé à l’Université de Yale aux Etats-Unis qui repose sur un principe très simple. Une solution concentrée de carbonate d’ammonium obtenue par dissolution d’ammoniac gazeux et de CO2 dans l’eau permet par pression osmotique d’attirer l’eau d’une solution salée d’eau de mer au travers d’une membrane (FIG. petites flèches blanches). Une boucle en continu de vaporisation sous vide de l’ammoniac et du CO2 permet de récupérer de l’eau pure et de recycler les gaz dans la solution concentrée. L’intérêt du procédé réside dans la faible énergie consommée pour assurer l’évaporation des gaz, elle est trois fois plus faible que celle nécessaire à l’osmose inverse. Un spin off, appelé Oasys, vient de trouver les capitaux nécessaires pour essayer de valider industriellement ce nouveau procédé. Deux kWh d’énergie consommée par m3 d’eau serait un bon objectif.

    Le 18 Février 2009.

  • General Motors présente son nouveau Plan de Restructuration 2009-2014

    General Motors présente son nouveau Plan de Restructuration 2009-2014

                            General Motors vient de présenter son Plan de Restructuration 2009-2014 à l’Administration Obama. Son plan, compte tenu de l’aggravation de la situation économique américaine, a été revu par rapport à celui présenté en Décembre (TAB.). Il est prolongé de deux ans de plus, le point d’équilibre financier est obtenu pour un volume plus faible d’activité du marché américain(breakeven pour 11,5 à 12 millions de véhicules globalement commercialisés, avec une part de marché de GM de 20%) avec moins d’usines américaines (33 au lieu de 38) et moins de salariés américains (26000 au lieu de 27000) et une structure de salaires compétitive dès 2009. La gamme de produits sera réduite et optimisée dès 2011. Les filiales dans le monde seront restructurées.Gmrestructuringplan20092014

                     Trois scénarios ont été présentés. Dans le scénario central qui prévoit 10,5 millions de véhicules vendus en 2009, au lieu de 12 millions prévus en Décembre dernier, les besoins de cash atteindraient 18 milliards de dollars la première année. En cumulé entre 2009 et 2014 le Gouvernement américain devrait contribuer à hauteur de 34 milliards de dollars (TAB.II, ligne Total US government funding). Gmcashbaseline_2

                       Dans l’hypothèse basse qui manipule une hypothèse de ventes de véhicules aux USA réduite d’un million de véhicules en 2009, à 9,5 millions d’unités,  le besoin de contribution cumulée du gouvernement américain en 2014 atteint la somme de 50 milliards de dollars pour un besoin global de cash de 63 milliards de dollars. Cette hypothèse pessimiste ne peut pas être rejetée aujourd’hui.

                    La présentation du Plan de Restructuration de General Motors indique donc que d’ici à 2014 il lui faudra trouver sous formes diverses de subventions ou de prêts avantageux entre 36 et 63 milliards de dollars dont 34 à 50 milliards proviendraient du contribuable américain. Ces sommes sont à l’image du retard industriel accumulé depuis des années par les constructeurs américains.

    LIRE la présentation détaillée de GM à l’Administration américaine.

    Le 18 Février 2009.

  • Du biohydrogène, une autre façon de valoriser une ressource naturelle limitée: la biomasse

    Du biohydrogène, une autre façon de valoriser une ressource naturelle limitée: la biomasse

    Cellobiose                        De nombreuses équipes dans le monde travaillent à la valorisation de la biomasse, disponible en relative abondance mais très dispersée et nécessaire aux fragiles grands équilibres de la planète. C’est donc par définition une ressource limitée qui se régénère lentement et qui doit être exploitée avec la plus grande des prudences. La façon la plus commune d’utilisation est le feu de bois qui peut alimenter des centrales thermiques en remplacement du charbon ou qui peut alimenter des chaudières domestiques sous forme de granulats, première forme un peu élaborée de la ressource. D’autres, par pyrolyse produisent du Bio-Oil et de la suie qui après mélange peuvent sous forme liquide ou solide alimenter des chaudières. Plus complexe encore certains rêvent de syngas (CO+H2) et de synthèse Fischer-Tropsch. D’autres utilisent les huiles végétales pour faire du gasoil. Dans la filière des biotechnologies, les réactions de dégradation enzymatiques et de fermentation conduisent au bioéthanol de première génération, avec l’amidon du maïs, ou de deuxième génération avec les produits ligno-cellulosiques. Enfin, forme la plus aristocratique, l’élite, travaille à la biosynthèse de l’Hydrogène. Mais n’oublions jamais, pour éviter tout délire journalo-écologique incontrôlé, que toutes ces recherches et développements portent sur la même ressource: la biomasse. On ne peut donc parler que de valorisation et de rendement énergétique comparatifs entre les diverses filières et il n’est pas évident que les voies les plus complexes soient les plus pertinentes.

                        L’Oak Ridge National Laboratory (ORNL) de Virginie et l’Université de Géorgie travaillent activement sur la génération spontanée d’hydrogène à partir de solutions de produits de dégradation chimique ou enzymatique de ressources ligno-cellulosiques et avec l’aide de cocktails enzymatiques complexes de leur composition. Le Docteur Percival Zhang et Col. viennent d’annoncer qu’ils ont réussi à partir de la célobiose, éther issu de deux molécules de glucose (FIG.), d’obtenir à température ambiante de l’hydrogène gazeux, avec un rendement de plus de 11 moles d’hydrogène par mole de célobiose, selon la réaction globale suivante:

    C12H22O11 + 7 H2O  ————->    C6H12O6 + 12 H2 + 6 CO2

                     Pour les auteurs, le rendement  en hydrogène serait encore plus proche de la théorie dans un procédé en continu.

                  Rappelons que pour l’instant 95% de l’hydrogène produit dans le monde provient du syngas obtenu à partir de gaz naturel selon deux réactions successives.

    CH4 + H2O ——> CO + 3 H2  syngas suivi de l’hydroconversion du CO en CO2 selon

    CO + H2O ——–> CO2 + H2 soit un bilan global

    CH4 + 2 H2O —–> CO2 + 4H2 qui permet d’obtenir 4 moles d’hydrogène à partir d’une mole de CH4.

                       Ces recherches sont bien entendu passionnantes, puisqu’elles permettent de synthétiser un produit de forte valeur ajoutée comme l’hydrogène. Cependant il ne faut jamais oublier que c’est un gaz, forme de l’énergie peu appréciée des moyens de transport. Pour s’en convaincre il suffit de constater le faible enthousiasme du marché des véhicules pour le gaz naturel, produit pourtant abondant et beaucoup moins onéreux que le pétrole et ses dérivés.

    Le 18 Février 2009.

  • La spéculation sur les matières premières et l’énergie amplifie les effets de la crise

    La spéculation sur les matières premières et l’énergie amplifie les effets de la crise

                          Au moment ou le Président Obama présente son plan de relance, il est de bon ton dans les milieux initiés des traders anglo-saxons d’affirmer qu’il sera nettement insuffisant face à l’ampleur de la crise économique. Bien sûr, cette pseudo évidence, base de tout mouvement spéculatif, n’est appuyée sur aucune étude sérieuse. Personne n’est capable de jauger l’impact qu’aura ce plan, ainsi que les nombreux autres dans le monde, sur une éventuelle reprise. Alors les prix de l’énergie et des matières premières plongent un peu plus. C’est une très mauvaise nouvelle pour les pays producteurs (Moyen-Orient, Russie, Brésil, Australie, etc.) mais c’est un beau cadeau pour les pays importateurs comme l’Europe ou le Japon en particulier. Le Reuters-Jefferies CRB Index qui mesure un panier de matières premières et de produits énergétiques a perdu 4,6% hier par rapport à sa valeur de Vendredi pour atteindre la valeur la plus faible (203,25) depuis Avril 2003 (FIG.).

    .Reutersjefferies200902

                         Les cours du brut on poursuivi leur décroissance, ce qui ne veut rien dire pour le WTI qui a perdu toute crédibilité avec des stocks immobilisés à Cushing, empêchant toute cotation sérieuse, mais qui est hautement significatif sur le Brent à Londres qui a perdu hier, 3.40$ à 40.60$ le baril.

                         Les matières premières ont suivi le mouvement: le Cuivre a perdu 7,2% à New York et les cours du Soja ont laissé 5% au Chicago Board of Trade.

                        L’économie mondiale va connaître une nouvelle vague de baisse des prix, ce qu’il ne faudrait pas c’est qu’elle soit accompagnée de trop fortes suppressions d’emplois. Les discussions de General Motors avec le Gouvernement américain qui demande quelques milliards de dollars de plus d’aides pour pouvoir virer plus d’employés et d’ouvriers, ne va pas forcément dans le bon sens! Mais un certain nombre de mesures gouvernementales semblent avoir un effet positif tel que les aides à la casse en Allemagne qui dopent les ventes de petites voitures.

                      Mais au final la reprise sera dans les mains des entreprises qui en proposant de nouveaux produits plus adaptés aux contraintes du moment relanceront la demande. Le succès commercial de l’Insight au Japon, voiture hybride économique de Honda, illustre parfaitement cette certitude. Elle sera proposée en Mars en Europe et en Avril aux Etats-Unis. Ce sera un marqueur intéressant à suivre.

    Le 18 Février 2009.

  • En dépit de sa nouvelle alliance avec Toshiba, Volkswagen poursuivrait sa collaboration avec Sanyo

    En dépit de sa nouvelle alliance avec Toshiba, Volkswagen poursuivrait sa collaboration avec Sanyo

                             Il semblerait que pour ses futurs véhicules électriques ou électrifiés Volkswagen garderait deux fers au feu. Le Groupe conserverait Sanyo comme fournisseur d’une batterie de type Li-Ion pour un futur modèle hybride qui serait commercialisé par Audi en fin 2010 aux Etats-Unis. Ce modèle, annoncé par Wolfgang Hatz, dit "Q5 crossover hybrid" entrerait en compétition avec le modèle Lexus RX 400h de Toyota. Volkswagen, très en retard, ferait donc ses débuts dans la technologie hybride par le haut de gamme, sur des volumes limités. (Notons au passage la stratégie complètement opposée de Honda qui veut étendre le marché de la technologie hybride par un modèle à prix le plus faible possible avec l’Insight qui rencontre un très beau succès commercial au Japon.)  VW d’autre part développerait une batterie au titanate de lithium avec Toshiba pour un petit modèle électrique (LIRE la précédente info). Toshiba se fait fort de faire progresser l’énergie massique de ses batteries, handicapées par leur tension, (jusqu’à 120Wh/kg) grâce au développement d’une nouvelle électrode positive et avec la taille des batteries.Alliancesbatteries5

    Le 17 Février 2009.

  • Etats-Unis : le nombre de foyers se chauffant à l’électricité est en croissance lente

    Etats-Unis : le nombre de foyers se chauffant à l’électricité est en croissance lente

                          Au gré des diverses envolées tarifaires des prix de l’énergie, il serait possible de s’attendre, compte tenu du coût croissant de ce poste dans les budgets familiaux, à de rapides modifications des choix des foyers dans leur mode de chauffage. Or, comme le montre l’exemple américain, les modifications sont en réalité très lentes. Cependant une analyse sur plusieurs années permet de dégager certaines tendances. Tout d’abord le mode de chauffage préféré des foyers américains est le gaz naturel qui détient 52% de part de marché depuis de nombreuses années (FIG.). Compte tenu de la croissance de population on assiste donc à une légère croissance de la consommation de gaz (+4% en six ans). Par contre l’utilisation de l’électricité comme mode de chauffage est en nette progression. Elle est passée de 32% à 35% de part de marché en six ans. Cette évolution s’est réalisée aux dépens de l’utilisation de produits pétroliers que sont le fuel et le propane.Chauffagefoyersus20082009

                        Cette utilisation croissante de l’électricité qu’il, faut attribuer à la popularisation des pompes à chaleur et à l’utilisation largement répendue de l’air conditionné dans ce pays, doit être appelée à croître dans le futur. En effet, les applications des énergies renouvelables, comme le photovoltaïque domestique raccordé au réseau vont permettre tout à la fois au foyer d’être vendeur ou acheteur d’énergie électrique au distributeur de courant, en fonction des heures de la journée, du temps et des températures. De meilleures isolations thermiques, l’arrivée d’un véhicule électrique vont peu à peu inciter les consommateurs à se tourner vers l’énergie électrique pour assurer tous leurs besoins en énergie. Mais le processus sera lent.

                       Pour les deux autres formes d’énergie que sont le fuel et le propane, ils participent encore de façon non nulle à la consommation de pétrole américaine, avec un volume stable autour des 600 mille barils par jour (FIG.II). La décroissance de leur part de marché dans les foyers étant compensée par l’accroissement de population globale américaine.Chauffagefoyersus20082009_b 

    (Remarque: ces chiffres ne prennent pas en compte les utilisations industrielles et commerciales de ces sources d’énergie)

                    Les habitudes de consommation d’énergie sont des phénomènes tenaces, très difficiles à modifier. Seuls des efforts pédagogiques soutenus dans le temps de la part de l’Administration et des incitations financières permettront de faire peu à peu évoluer les modes de consommation d’énergie des citoyens américains. It’s a long way to go!

    Le 17 Février 2009.

  • La justice italienne suspend le développement pétrolier de Tempa Rossa

    La justice italienne suspend le développement pétrolier de Tempa Rossa

    Castelmezzano                      Henry John Woodcock n’est pas le shérif d’une bourgade du Dakota du Sud, c’est un magistrat italien de Potenza en charge d’une enquête portant sur des pots de vins qui auraient été versés lors d’une adjudication de marché en 2006 pour l’exploitation d’un gisement de pétrole en Italie. Affaire banale me direz-vous, pour cette Italie voisine où politique et business sont intimement intriqués. Mais voila que notre juge, sorte d’Eliot Ness latin, avec l’aide de son supérieur le procureur Rocco Pavese, décide d’arrêter tout développement  pour une durée d’un an, du champ de Tempa Rossa, opéré par Total Italia qui possède 50% des droits. Ce gisement de la région de Basilicate dans le sud des Apennins qui devait être mis en exploitation en 2010, devait produire dans les 50 mille barils par jour.

    Le 17 Février 2009.

  • La chute des ventes de wafers tire vers le bas les prix du Silicium polycristallin

    La chute des ventes de wafers tire vers le bas les prix du Silicium polycristallin

                           Le SEMI nous informe que les ventes de wafers de silicium, base d’une large part de l’industrie électronique et des industries photovoltaïques, exprimées en unités de surface, ont baissé de 6% en 2008 par rapport à l’année précédente. Mais ce chiffre n’illustre pas la réalité de la forte chute des ventes au quatrième trimestre (FIG.) qui sont retombées à leur niveau de 2003. Formidable coup d’accordéon après un troisième trimestre miraculeusement stable qui laissait espérer que les industries du silicium éviteraient une large partie de la crise. Bien sûr, il n’en a rien été.Wafers2008t4

                         Cette chute des ventes de wafers entraîne de formidables perturbations dans les cours du Silicium mono ou polycristallin, matériaux de base de leur fabrication. Les prix du silicium qui avaient atteint 350$/kg à la mi-2008 se négocient aujourd’hui sur des accords de fournitures au long cours dans les 100$ à 130$/kg. Mais le marché spot est bien au dessous de ces prix là. Les spécialistes du secteur parlent de prix spots du silicium polycristallin en 2009 entre 40$ et 60$ le kilogramme, avec une offre autour de 80 mille tonnes et une demande de l’ordre de 54 mille tonnes. Compte tenu des investissements de production en cours de réalisation, l’excédent de capacité de production devrait encore s’accroître en 2010. C’est donc une situation durable qui s’installe.

                         Le marché du Silicium et des wafers connaît un phénomène classique de retournement qui de vendeur, le marché devient acheteur. Alors qu’auparavant tout le monde stockait par peur de pénurie et d’accroissement des prix, voila que tout le monde déstocke et attend la future baisse des prix. Bien sûr les plus faibles dans ces périodes disparaissent, formidable processus de rééquilibrage de marchés et d’impitoyable sélection. D’après les spécialistes ces disparitions pourraient se produire à partir de 60$ pour un kilogramme de silicium.

                        Ces baisses de prix ont un côté favorable: c’est la croissance du marché du photovoltaïque. Avec des prix du Watt qui vont définitivement passer en dessous de 2$ pour les modules, le marché du photovoltaïque encouragé par les mesures de relance devrait repartir franchement à la hausse. Encore faut-il que les crédits soient disponibles ou comme cela se dessine aux Etats-Unis, que les grands opérateurs de la distribution d’électricité qui disposent du cash nécessaire, prennent les choses en main.

    Le 17 Février 2009.

  • Sur fond de croissance du chiffre d’affaire, Air Liquide aborde la crise affaibli par la dette

    Sur fond de croissance du chiffre d’affaire, Air Liquide aborde la crise affaibli par la dette

    Air_liquide_2                    Air Liquide présente des résultats avec une croissance du chiffre d’affaire 2008 de 11% et surtout de 7,9% au quatrième trimestre. Ce dernier score suffit à montrer la solidité du business de cette Compagnie. Cependant une analyse de l’endettement net de l’entreprise montre qu’elle a dépensé en deux ans deux milliards d’euros de plus qu’elle n’en a collecté. L’endettement net qui était de 3,45 milliards d’euros en fin 2006 est porté à 5,48 milliards à fin 2008, ce qui représente un ratio de 78% sur capitaux propres. En des périodes de croissance de l’économie un tel ratio serait aisément supportable par Air Liquide, mais dans le contexte actuel, cet endettement va constituer un handicap certain et va obliger Benoît Potier, son Président, à limiter fortement ses investissements.

    Mais comment Air Liquide a-t-elle réussi à s’endetter de la sorte?

                       Une analyse du tableau de flux de trésorerie montre que sur les deux ans 2007 et 2008 les chiffres suivants:

    • Flux net généré par les opérations et cessions diverses: 4.65 mrds
    • Investissements et Acquisitions : 4.82 mrds
    • dividendes : 1.12 mrds
    • rachats d’actions : 0.70 mrds
    • pertes de change et périmètre : 0.19 mrds

                     Il apparaît donc que le Groupe a fortement investi durant la période mais que sur les deux milliards d’euros d’endettement supplémentaire, 700 millions sont dus à de stupides rachats d’actions, réalisés alors que les cours étaient au plus haut (à 76 euros en 2008). Ces acquisitions inutiles, financées par la dette, ont été arrêtées dès le mois de Septembre. La dette d’Air Liquide s’est également aggravée avec la hausse du Yen en 2008.

                     Il est donc probable, si Air Liquide ne veut pas accentuer son endettement en 2009, que les dépenses d’investissements ou d’acquisitions sur l’exercice devront être sensiblement divisées par deux par rapport à la moyenne des deux exercices précédents. Une fourchette entre 1 et 1.2 mrds d’euros en fonction des effets de la crise semble la plus raisonnable pour une saine gestion de la trésorerie de l’entreprise. Air Liquide disposait en début d’exercice 2009 d’une trésorerie de 1,14 mrds d’euros.

                    En particulier, il ne faudra pas qu’elle compte beaucoup sur la croissance du photovoltaïque qui va se trouver en arrêt complet d’investissements en 2009 et sûrement en 2010, sinon au Japon.

    Le 16 Février 2009.