Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Les décisions de futures centrales nucléaires françaises doivent être examinées dans le cadre énergétique européen

    Les décisions de futures centrales nucléaires françaises doivent être examinées dans le cadre énergétique européen

                          Si l’Europe avait mis en place une politique européenne de l’énergie, tous les projets nationaux de construction ou d’arrêts de centrales électriques devraient s’inscrire dans un cadre européen auquel tous les Etats adhèreraient. Cette politique n’existe pas, mais ce n’est pas une raison pour ne pas examiner les projets français dans ce cadre européen où les échanges physiques d’énergie électrique se réalisent quotidiennement. Ne regarder les projets français qu’à la lumière des besoins de l’Hexagone ne peut conduire qu’à de lourds contresens.

                        Tout d’abord 60% de l’électricité de l’Europe des 27 (1817/3087 TWh) est d’origine thermique à flamme. Pour cela, les centrales brûlent essentiellement du charbon et du lignite ce qui fait de l’Europe, avec 4,2 milliards de tonnes de CO2 émises annuellement, le troisième plus grand pollueur de la planète après la Chine et les Etats-Unis. C’est une donnée peu connue et pourtant fondamentale. Lectricitallemagnefrance2008_3

                         L’Allemagne dont 70% de l’énergie électrique est produite par des centrales à flamme (381/541TWh), a  fourni en 2008, à la France 19 TWh d’énergie électrique, ce qui correspond à une puissance 24h/24 de 2160 MW. Le solde des échanges France-Allemagne d’électricité a été de 12,6 TWh en 2008, soit une puissance moyenne de 1430 MW (FIG.). La consommation d’électricité allemande par les français participe aux émissions de CO2. Sur la base d’un million de tonnes de CO2 par TWh thermique ce sont donc près de 14 millions de tonnes de CO2 induites par les consommations françaises.

                          La mise en place de deux centrales électronucléaires de 1600 MW en France, avec un taux de charge de 75%, obligera à l’Allemagne à fermer quelques centrales les plus polluantes et d’éviter ainsi de larguer dans l’azur 21 millions de tonnes de CO2 par an sur les 4250 millions émises en Europe, soit un petit 0,5%. Aucun Ecolo, même adepte de la sortie du nucléaire, ne peut ignorer cette donnée simple. Libre à lui de la prendre en compte ou de s’assoir dessus.

                           Mais j’ai personnellement le sentiment que les menaces de réchauffement climatique irréversible prendront rapidement le dessus dans les opinions publiques européennes et mondiales. Elles pousseront à la recherche de solutions efficaces. Les 450 ppm de CO2 dans l’Azur, seuil d’irréversibilité des effets (LIRE), c’est pour demain!

    Le 30 Janvier 2009.

  • La chute brutale du fret aérien dans la zone Asie montre la profondeur du repli des échanges commerciaux

    La chute brutale du fret aérien dans la zone Asie montre la profondeur du repli des échanges commerciaux

                           L’activité du fret aérien de la Zone Asie-Pacifique publiée par l’IATA constitue un très bon indicateur avancé de l’activité des échanges dans le monde. Dès le mois de Mai 2008 il était possible d’enregistrer un infléchissement de tendance, largement confirmé en Juin et Juillet (FIG.). Depuis deux mois, Novembre et Décembre, on assiste à une forte accélération du phénomène avec des chutes de 17% et de 26% respectivement de cette activité fret. Ces résultats permettent d’être pessimiste sur le niveau d’activité du début 2009, durant au moins la période où les actions de relances diverses seront en phase de mise en place. Fretaerien200812

                          Cette baisse d’activité est moins violente pour le transport passager (-10% en Asie et -5% dans le monde). Cependant, nombreuses sont les Compagnies aériennes en grandes difficultés financières pour avoir spéculé à la hausse sur le kérosène. En effet acheter à terme une matière première que vous n’avez pas encore vendue n’est pas une "couverture" comme certains nomment cette transaction, mais tout simplement de la spéculation. Les audacieux acheteurs de carburant des Compagnies Aériennes qui se sont "couverts" sur des prix très élevés de kérosène, sont en train de reperdre tout ce qu’ils avaient gagné à la hausse. Ils le sauront pour la prochaine fois, ces bernés du Peak Oil!

    Le 29 Janvier 2009.

  • Un module thermoélectrique commercialisé par le japonais Komatsu

    Un module thermoélectrique commercialisé par le japonais Komatsu

                         Le japonais Komatsu, plus connu pour ses engins de travaux publics, travaille activement sur les dispositifs thermoélectriques susceptibles de récupérer sous forme électrique une partie de l’énergie thermique perdue dans les émissions de gaz industriels ou d’échappements de véhicules. Il annonce la commercialisation future d’un module de 24 W de puissance (3A, 8V), de 25 cm2 de surface (FIG.) pesant 47 grammes. La puissance nominale est obtenue par un gradient de température de 250°C entre une face et l’autre (typiquement: 280°C et 30°C). Ce module est proposé à 30 mille yens (255 euros) prix catalogue, soit plus de 10 euros le watt. Le rendement de ce module à base d’un alliage de la famille Bismuth-Tellure présente un coefficient de conversion d’énergie de 7,2%.

                         Ces dispositifs n’ont pas encore trouvé de réelle application industrielle, ils pourraient cependant trouver certains usages dans une chaîne d’optimisation de l’efficacité énergétique de véhicules hybrides par exemple, à condition que les prix soient radicalement revus à la baisse, pour tendre vers deux euros le watt, par analogie avec les modules photovoltaïques.Komatsumodule

    LIRE le communiqué de Komatsu.

    Le 29 Janvier 2009.

  • Etats-Unis: les réserves prouvées de gaz et de pétrole se sont accrues en 2007

    Etats-Unis: les réserves prouvées de gaz et de pétrole se sont accrues en 2007

                         L‘Energy Information Administration confirme les résultats 2007 concernant les réserves prouvées de gaz et de pétrole sur le territoire américain. Les réserves nationales de gaz naturel ont réalisé un véritable bond de 13% à 6731 milliards de m3, cette avance représentant 1,3 fois la consommation annuelle de gaz naturel autochtone. L’essentiel de ce progrès provient de la mise en oeuvre des techniques de forage horizontal avec fragmentation dans les schistes bitumineux ou les veines de charbon profondes. Il est possible de citer l’immense gisement de schistes bitumineux (shale) de Barnett Shale ou encore le gisement de sables compacts de la Cotton Valley au Texas. Ces nouvelles réserves prouvées de gaz ont automatiquement fait croître celles de gaz liquéfiables associées qui se sont accrues de 8% à 9,1 milliards de barils. Usaprovedreserveschangemap2007

                             Quand aux réserves prouvées de pétrole, elles se sont accrues d’un petit 2% (+0,35 milliards de barils) pour atteindre 21,3 milliards de barils. Les plus grands progrès ont été enregistrés en Alaska, au Texas et dans un Etat en plein développement le Dakota du Nord (FIG.). Ce dernier  profite du développement d’un gisement de schistes, la Formation de Bakken qui produit après fracturation du pétrole léger.

                              A la fin 2007 les réserves prouvées de liquides (pétrole + gaz liquéfiables) américaines atteignaient donc 30,4 milliards de barils qui sont à comparer aux 7 millions de barils extraits quotidiennement (5,2 millions de pétrole et 1,8 millions de gaz liquéfiés).

    Peakoil                       Le cas des Etats-Unis est exemplaire pour démontrer la futilité des mises en équation de l’épuisement des réserves mondiales de pétrole à partir de modèles mathématiques enfantins, conduisant à des dérivées de sigmoïdes en forme de pic symétrique (FIG.). En effet au cours du temps les techniques de prospections s’affinent, les techniques d’exploitations se perfectionnent et rendent exploitable ce qui ne l’était pas quelques années auparavant. Les réserves existantes se trouvent ainsi revalorisées grâce à des extensions techniques ou géographiques. Ces résultats montrent également l’impact d’un paramètre du premier ordre: le prix accordé aux ressources énergétiques qui détermine les efforts et les capitaux consentis pour les extraire du sous-sol. L’Amérique du Nord est assise sur d’énormes gisements de schistes bitumineux, de filons de charbons profonds, de sables bitumineux plus ou moins compacts d’où elle tirera d’immenses quantités d’hydrocarbures au cours de ce siècle et probablement au-delà. L’évolution du prix accordé devra s’aligner sur la complexité des procédés mis en oeuvre, ils auront un effet d’autorégulation sur la consommation d’énergie dont nous avons eu un avant goût en 2008.

    Le 29 Janvier 2009.

  • Etats-Unis : la consommation moyenne de produits pétroliers a dépassé les 20 millions de barils/jour la semaine dernière

    Etats-Unis : la consommation moyenne de produits pétroliers a dépassé les 20 millions de barils/jour la semaine dernière

                           Les statistiques hebdomadaires sur les produits pétroliers aux Etats-Unis mettent encore en évidence de très fortes importations de pétrole et de produits raffinés (13,3 millions de barils par jour) qui poussent un peu plus les stocks vers le haut. Les capacités d’ingestion et de stockage de ce pays en produits pétroliers sont époustouflantes. Les traders doivent même remplir les baignoires! Cependant les stocks totaux ne s’accroissent que de 4,3 millions de barils (FIG.) en raison de consommations soutenues de produits raffinés qui dépassent les 20 millions de barils. Tous les produits participent à cette montée des consommations en raison du froid et des prix abordables. Les cours du pétrole avaient baissé hier sur la décision du grand gourou de Goldman Sachs, Jeffrey Currie, qui a pondu une note disant qu’il était encore trop tôt pour lancer un rallye haussier et qu’il fallait rester "court". Le Brent à Londres moins manipulé que le WTI, reste soutenu à 44$ le baril.Stockshedous200901

    Le 28 Janvier 2009.

  • Total pousse ses pions dans les sables bitumineux de l’Athabaska

    Total pousse ses pions dans les sables bitumineux de l’Athabaska

                            Situés sur le continent Nord-américain, exploitables par des techniques minières relativement simples pour les gisements en surface, conduisant à des produits extraits des upgraders très recherchés comme charge des unités de raffinage, les sables bitumineux de l’Athabasca ont devant eux un avenir brillant. La déprime passagère des cours du pétrole ne sera plus, dans cinq ou dix ans, qu’un épiphénomène insignifiant. Total qui possède déjà des intérêts dans le gisement de Joslyn et de Northern Lights après le rachat de Synenco (FIG.), poursuit sa politique de prise de participations en faisant une offre d’achat sur le canadien UTS Energy qui possède en partenariat avec Petro-Canada des intérêts (20%) dans le gisement de Fort-Hills qui représente potentiellement 4 milliards de barils de bitume. UTS possède également d’autres intérêts dans la région et travaille le plus souvent en collaboration 50/50 avec Teck Cominco. Ses intérêts répartis sur 147 mille hectares de prospection, représentent après pondération l’équivalent de 66 mille hectares dont 5000 pour le gisement de Fort-Hills. Total à fait une offre de 617 millions de dollars canadiens (500 millions de dollars) pour l’achat d’UTS Energy, à un moment où UTS va devoir investir pour développer ses projets.Athabascaressources_3

    Le 28 Janvier 2009.

  • Nouvelles énergétiques de la semaine du 27 Janvier 2009

    Nouvelles énergétiques de la semaine du 27 Janvier 2009

    Businessupdate            Brésil: le pétrolier d’Etat Petrobras vient de publier son business plan 2009-2013 qui s’inscrit dans un plan stratégique de développement à l’horizon 2020. Les objectifs de productions de Petrobras de gaz et de liquides sont les suivants:

    • 2013: 3,31 millions de barils/jour (dont pétrole 2,68)
    • 2015: 4,14 millions barils/jour (dont pétrole 3,34)
    • 2020: 5,10 millions de barils/jour (dont pétrole 3.92) 

    De plus Petrobras envisage de poursuivre son intégration dans le raffinage (3,65 millions de barils/jour en 2013) et d’investir 2,4 milliards de dollars dans les biocarburants au travers de sa filiale Petrobras Biocombustibel.

                             Aramco-Total : les deux Groupes ont revu leur accord pour la construction de la raffinerie de 400 mille barils/jour de la zone industrielle de Jubail. Elle devrait être opérationnelle à la fin de 2012. D’après certaines sources le devis du projet aurait baissé de 1,2 milliards de dollars par rapport à celui du projet initial. Nous voila peut-être subitement revenus dans un contexte plus réaliste de prix des équipements et des prestations d’ingénierie.

                          Gazprom-Shell: la première livraison de gaz naturel liquéfié au Japon provenant des gisements et des unités de liquéfaction de la Sakhalin Energy Co serait en retard. Initialement planifiée en Janvier, elle ne serait acheminée qu’au mois de Mars. La vie pour Gazprom est complexe en ce moment.

                          Les effets du CO2 sur le changement climatique seraient irréversibles annonce une équipe dirigée par Susan Salomon de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). Une partie du CO2 émis par l’activité humaine restera présent durant des milliers d’années. Les émissions de CO2 durant ce siècle détermineront le niveau des océans et le climat durant mille ans. Les conséquences sur le climat seront particulièrement importantes si l’on passe des 385 ppm d’aujourd’hui à des teneurs en CO2 entre 450 à  600 ppm prédit cette étude. Il va falloir en parler de toute urgence aux Chinois qui veulent accroître leur extraction de charbon de 30% d’ici à 2015. (Remarque: aux travaux de cette équipe participe Pierre Friedlingstein, Directeur de Recherche au CNRS).

    Le 27 Janvier 2009.

  • La Californie va devoir assumer son rôle de modèle et de leader écologique américain

    La Californie va devoir assumer son rôle de modèle et de leader écologique américain

                          Le Président Obama va demander à son Administration de rendre applicables les législations avancées de certains Etats sur les émissions de CO2 des véhicules commercialisables dans les années à venir. La Californie par exemple, s’était vue catégoriquement interdire l’an dernier, par l’Administration Fédérale (EPA), l’application de règles d’autonomies des véhicules plus sévères que celles prévues par le CAFE qui imposent, pour l’instant, aux constructeurs automobiles, un objectif moyen de 35 miles par gallon (6,7 litres aux 100 km ou 156 g de CO2 /km) à l’horizon 2020. Cette décision revient dans les faits à donner le pouvoir de décision à la Californie pour l’ensemble des Etats-Unis puisqu’un constructeur va obligatoirement aligner sa gamme de véhicules sur la législation la plus sévère, surtout si elle provient d’un Etat riche (PIB de 48 mille dollars par habitant) et le plus peuplé des Etats-Unis (38 millions d’habitants). Gescalifornie19902006

                         La Californie possède la législation écologique sûrement la plus avancée au monde et surtout un plan élaboré par une Administration d’une grande compétence, au contact permanent avec les industries, assimilant rapidement les possibilités de progrès technique, dont nous avons rendu compte ici de la démarche (LIRE). Mais ce rôle éminent va imposer à cet Etat des résultats qui, pour l’instant ne sont pas très probants comme le montre ses résultats d’émissions de gaz à effets de serre qui étaient toujours en croissance en 2006 (FIG.). La crise économique en 2008 et 2009 devrait marquer un infléchissement de ces émissions avec la réduction du trafic routier, des consommations d’essence (FIG.II) et de l’activité économique en général.Californieconsoessence2000200809  Mais cette crise va retarder bien des projets d’investissements et déstabiliser bien des Entreprises, faute de crédits privés, dans le domaine des réalisations solaires photovoltaïques ou thermiques. Les progrès en 2010 et 2011 pourraient alors être plus timides.

                   On trouvera un papier récent,  très bien fait, ventant les mérites écologiques de la Californie et précisant toute la partie législative, réalisé par NEXT 10.

    Le 27 Janvier 2008.

  • Carlos Ghosn pessimiste pour 2009 et au-delà pour l’avenir du marché de l’automobile

    Carlos Ghosn pessimiste pour 2009 et au-delà pour l’avenir du marché de l’automobile

                         Au Global Competitiveness Forum de Riyad en Arabie Saoudite, Carlos Ghosn a pronostiqué que le marché mondial de l’automobile chuterait de 14% en 2009 pour atteindre 55 millions d’unités et qu’il faudrait attendre au moins sept ans pour retrouver le record des ventes de 2007 à 69 millions d’unités. Carlos Ghosn et ses collaborateurs ont l’exemple de la chute des ventes de 1993 en Europe qui avait demandé cinq ans pour retrouver son niveau de ventes de 1992 (FIG.).Ventesvoitureseu1519902008

    Le 26 Janvier 2009.

  • L’éthanol de maïs américain présente un retour sur énergie bien supérieur à celui accepté jusque là et des émissions de CO2 bien inférieures.

    L’éthanol de maïs américain présente un retour sur énergie bien supérieur à celui accepté jusque là et des émissions de CO2 bien inférieures.

                         C’est un énorme pavé dans la mare lancé par une équipe de scientifiques de l’University of Nebraska-Lincoln (UNL) dirigée par Kenneth Cassman. Il remise aux oubliettes bien des violentes attaques contre l’éthanol de maïs américain qui se basaient sur des chiffres parfois vieux de 7 ans. Depuis il s’est passé ce qui se passe toujours: les hommes ont travaillé à l’amélioration des procédés, motivés par la montée des prix de l’énergie. Le cycle de production d’éthanol, de la graine au litre d’alcool dénaturé, réalisé avec des raffineries assemblées à partir de 2004, présente un bilan énergétique net qui se situe entre 1,5 et 1,8 soit deux à trois fois supérieur à ceux acceptés jusque là. De la même façon le gain en émission de gaz à effets de serre par rapport à l’essence se situe entre 48% et 59%. De nouveaux procédés en boucle fermée (closed-loop) d’alimentation de troupeaux proches avec les sous-produits de la raffinerie et de production de méthane à partir du purin permettent même d’atteindre un bilan énergétique net de 2,2. Nebraskalincolnnetenergychg

                         L’alcool de maïs est devenu un composant essentiel de la politique de recherche de l’indépendance énergétique des Etats-Unis. Sa production annuelle atteint 30 milliards de litres à l’aide de 139 raffineries qui étaient opérationnelles au mois de Janvier 2008. La crise économique et la baisse des cours des carburants va sûrement ralentir la croissance de la filière mais il existe 61 raffineries supplémentaires en cours de réalisation, ce qui devrait porter la production de bio éthanol américain d’ici quelques années à 50 milliards de litres.

                         Dans le cycle de la graine à l’alcool il faut bien analyser les trois étapes principales du procédé: la culture du maïs, la raffinerie et l’utilisation des sous produits pour l’alimentation animale.

                        La culture du maïs présente des performances très inégales d’un Etat à l’autre de la corn-belt. Les Etats les plus productifs sont ceux où il pleut le plus et ou les apports contrôlés en produits azotés sont les plus efficaces. On peut citer l’Iowa, le Minnesota, l’Illinois, l’Indiana, l’Ohio, le Wisconsin et le Nebraska (FIG.II, Etats en bleu).Nebraskalincolnenergyetats L’utilisation de maïs génétiquement mieux adaptés aux périodes sèches et l’amélioration des modes de culture permettent d’améliorer les rendements tout en limitant les apports d’engrais. Cette croissance favorisée par les conditions climatiques locales va améliorer le rendement énergétique net par hectare. Est-il bien pertinent d’aller produire du maïs au Texas?

                     Les raffineries se sont profondément transformées ces dernières années tout d’abord par l’utilisation de gaz naturel et non pas de charbon comme source d’énergie. Puis par l’utilisation du broyage à sec du maïs; on ne sépare plus le gluten de l’amidon avant fermentation. Elles ont récupéré l’énergie par compression de la vapeur, par combustion des fractions organiques légères, par utilisation de l’énergie des effluents, par optimisation des phases de fermentation. Les auteurs considèrent que 60% des productions sont à ces nouveaux standards et que 75% le seront dans deux ans.

                           Enfin les sous-produits de trituration et de fermentation utilisés comme nourriture pour des troupeaux voisins, partent des raffineries sous forme humide, permettant d’économiser l’énergie de séchage. Le couplage raffinerie-troupeau-fermentation anaérobie pour récupérer le méthane recyclé dans la raffinerie semble être un modèle prometteur, très loin du mythique procédé Fischer-Tropsch des biocarburants de deuxième génération. La moitié de l’énergie nécessaire au procédé est fournie par le méthane de fermentation.

                          L’association industrie-agriculture-élevage présente des possibilités de progrès encore inexploitées. L’utilisation des rafles de maïs dans une partie de deuxième génération additionnelle de la raffinerie a été déjà évoquée ici (LIRE). Les progrès génétiques des types de maïs utilisés en fonction des régions est également un facteur de progrès important (LIRE). Enfin le couplage avec l’élevage ouvre des possibilités d’économies importantes d’énergie et de réduction d’émanations de méthane dans l’atmosphère. C’est le modèle de l’industrie paysanne à taille humaine, à la taille du canton, qui est le seul à pouvoir répondre simplement et efficacement aux contraintes de l’utilisation de la biomasse pour produire des carburants.

                          Nous assistons ici à un exemple courant du progrès technique où une première génération de procédé supposée dépassée et donc vilipendée, réalise des progrès continus qui la rend de plus en plus compétitive et oblige les alternatives soi disant plus efficaces à courir derrière sans succès. Longue vie donc à l’éthanol de maïs! Cela vaut bien un verre de Bourbon.

                          Je vous recommande de lire l’article de K. Cassman et col. paru dans le Journal of Industrial Ecology qui vous éclairera sur la vertu de la démarche scientifique pour porter jugement, par rapport à d’autres procédés beaucoup plus répandus qui ressassent en boucle de soi-disant vérités largement dépassées.

    Le 26 Janvier 2009.