Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Les Bons du Trésor américains à leurs plus bas historiques, tirent les taux aux entreprises à la baisse

    Les Bons du Trésor américains à leurs plus bas historiques, tirent les taux aux entreprises à la baisse

                            Le Trésor américain empruntait à 10 ans pour 2,18% le 23 Décembre 2008, un taux inégalé depuis plus de 50 ans aux Etats-Unis. Les organismes classés Aaa par Moodies empruntaient à 4,75% en moyenne ce même jour, un plus bas depuis 1966. Seules les entreprises Bbb, moins bien notées par les agences, continuaient à payer un "spread" de plus de 330 points de base au dessus de leurs homologues Aaa. Elles empruntaient en moyenne à 8,12% ce jour là. La prime de risque reste donc encore élevée aux Etats-Unis (FIG., le dernier point des courbes est la valeur correspondante du 23 Décembre) mais la tendance est définitivement à la baisse des taux longs, après la poussée de fièvre des taux "corporate" due à la crise de confiance dans l’économie des deniers mois.Tauxus200812

    Le 27 Décembre 2008.

  • Electricité: un solde des échanges avec nos voisins européens positif au mois de Novembre

    Electricité: un solde des échanges avec nos voisins européens positif au mois de Novembre

                            Des productions électronucléaires en rattrapage au niveau de celles de Novembre 2007 (FIG.), des consommations intérieures en baisse de 5% par rapport à il y a un an, avec une baisse de 15% pour les consommations industrielles et de 3% pour le réseau, entraînent un solde des échanges avec nos voisins européens qui revient plus franchement positif à 3,4TWh pour le mois. Reprise bienvenue des productions et des exportations d’électricité de la France dans un contexte économique morose.Elec_nucleairemetro200811

    Le 26 Décembre 2008.

  • La baisse des ventes d’automobiles au Japon illustre une évolution prévisible des ventes en Europe

    La baisse des ventes d’automobiles au Japon illustre une évolution prévisible des ventes en Europe

                              Une nation à la population vieillissante, de plus en plus urbanisée, vivant dans un cadre parfaitement desservi en transports en commun de grande qualité, sensibilisée aux problèmes écologiques exacerbés par un sentiment de pénurie en carburants hors de prix, et dont le statut social est de moins en moins lié à la possession d’une voiture de prestige, tel semble être le Japon en cette première décennie du 21ème siècle. En tendance plus longue que la crise économique actuelle,  semble se dessiner un certain désintérêt pour la possession d’un véhicule individuel, comme le montre la baisse des chiffres de voitures immatriculées (FIG.). Japonimmatriculations19902009

                         Après des chiffres de ventes supérieures à 5 millions de véhicules en 1990 suivi d’une chute brutale des ventes avec la crise jusqu’en 1998, les Japonais avaient repris lentement leurs achats vers un nouveau maximum en 2004 (FIG.). Depuis on assiste à une baisse régulière des ventes d’automobiles confirmée par les prévisions de la Japan Automobile Manufacturer Association (JAMA) pour 2008 et 2009 à 4,25 et 4,05 millions de véhicules respectivement.

                         Pour 100 foyers japonais le nombre moyen de voitures individuelles (chiffres 2007) est de 111 unités. Mais à Tokyo ce chiffre n’est que de 52. Il est égal à 72 à Osaka et 91 à Kyoto. La famille japonaise des grandes agglomérations ne possède pas systématiquement une voiture en raison de diverses contraintes dont celle du stationnement.

                        Ces chiffres montrent que la croissance du parc automobile dans les pays développés n’est pas inéluctable.

                        Les ventes de voitures dans l’Europe des 15, depuis le record de 1999 à 14,6 millions de véhicules immatriculés, marquaient un certain essoufflement (FIG. II), la crise de cette année avec une chute prévisible des ventes de 0,8 million d’unités vers les 13,5 millions va amorcer un repli très net qui risque d’être amplifié en 2009. Mais compte tenu des nouveaux choix des citoyens des pays européens les plus riches, il n’est pas certain que les ventes reprennent après la crise, l’Europe rejoignant le modèle avancé japonais. L’exemple de la chute de 1993 des ventes en Europe montre que le retour à l’état initial des ventes, d’avant la crise, est un phénomène lent qui se déroule sur 4 ou 5 ans, il n’est pas sûr qu’un tel rattrapage ait lieu cette fois-ci, entre 2010 et 2015.Immariculationseurope19902008

                   Une recomposition du paysage industriel automobile européen devrait accompagner ces profondes mutations liées aux comportements fondamentaux des consommateurs en face d’une offre inadaptée et polluante symbolisée par ces dinosaures modernes que constitue la classe des 4X4. Ils devront inexorablement disparaître et laisser la place à des véhicules plus agiles, mieux profilés, plus légers et électriques qui en milieu urbain seront en compétition avec des transports en commun toujours plus performants.

    Le 26 Décembre 2008.

  • Nouvelles énergétiques de le semaine du 24 Décembre 2008

    Nouvelles énergétiques de le semaine du 24 Décembre 2008

    Businessupdate                      Le Mexique accompagne involontairement les décisions de l’OPEP: les baisses de volumes de production du Mexique auraient baissé de 0,2 millions de barils/jour en 2008 par rapport à ceux de l’année précédente. Quand à ses exportations, essentiellement dirigées vers les Etats-Unis, elles ont baissé de 20% à 1,51 millions de barils/jour. Le Mexique, après le Canada et l’Arabie Saoudite est le troisième fournisseur de pétrole des Etats-Unis, devant le Venezuela. Avec les restrictions de volumes de l’OPEP et une baisse des fournitures du Mexique, les lots de pétroles vendus à l’encan sur le marché américain devraient rapidement s’évaporer et le marché du pétrole devrait retrouver au printemps une certaine stabilité, bien sûr une fois que la spéculation aura pris ses profits.

                          Toyota présentera, on le sait, sa nouvelle Prius Hybride au Salon de Detroit au mois de Janvier. Il devrait également présenter un concept car d’une voiture à 100% électrique. Il semblerait que Toyota ait décidé d’accélérer ses programmes de développement et d’industrialisation de voiture électrique. La compétition entre grands japonais va être rude.

                          Toshiba a décidé d’investir dans une nouvelle unité pour produire ses produits SCiB au Lithium de forte puissance au titanate de lithium. Il estimerait son activité à 10 millions de batteries en 2015 pour équiper des deux roues électriquement assistés ainsi que des véhicules hybrides.

                           Les investissements en Exploration et Production de pétrole et de gaz devraient baisser de 12% en 2009 nous indique la Barclays Capital. Ils atteindraient 400 milliards de dollars en 2009, contre 454 milliards en 2008. Bien sûr ce sont les petites pétrolières indépendantes, en manque de cash, qui accuseront le plus le coup. Ces baisses seraient de 26% aux USA à 79 mrds$, de 23% au Canada à 22 mrds$ et de seulement 6% à l’International à 300 mrds$. Ce dernier chiffre de baisse qui semble très faible, s’expliquerait par l’inertie des décisions concernant les grands projets internationaux. Les prévisions sur ces dépenses sont difficiles à établir, il suffit qu’un appel d’offre soit prolongé de quelques mois, dans l’attente de meilleurs prix, pour que les capitaux engagés sur un contrat soient décalés d’un semestre.

                            Panasonic estime les synergies réalisées par la reprise de Sanyo à 890 Millions de dollars. Il semblerait que Sanyo pourrait plus se focaliser et investir sur les batteries de faibles capacités de type Li-Ion pour voitures hybrides, alors que Panasonic s’orienterait d’avantage vers les batteries de fortes capacités pour les véhicules à 100% électriques. Inéluctablement les deux marques se partageront le marché par gammes de produits afin de faire jouer les effets de taille.

    Le 24 Décembre 2008.

  • Air Liquide-Lurgi essaie de concevoir industriellement une filière de biocarburants de deuxième génération

    Air Liquide-Lurgi essaie de concevoir industriellement une filière de biocarburants de deuxième génération

                              La définition d’une filière industrielle de biocarburants viable économiquement se heurte à un trivial problème de logistique qui détermine immédiatement les choix de procédés. La biomasse en vrac présente une très faible énergie volumique. L’énergie contenue dans une botte de paille est 25 fois plus faible que celle contenue dans le même volume de gasoil. Il existe donc deux options possibles: soit on définit un procédé "agricole" simple qui peut être mis en oeuvre localement par une équipe réduite; c’est le cas de la filière fuel-éthanol aux Etats-Unis ou la Renewable Fuel Association recense 110 usines en 2007 dont 46 possédées par des fermiers locaux. Soit on définit un procédé industriel complexe du genre Fischer Tropsch suivi d’hydrocracking (Choren en Allemagne), c’est alors une raffinerie de pétrole mais qui ne peut pas être alimentée jour et nuit par une noria de milliers de camions de pailles ou de copeaux de bois venant dont on ne sait où. Pour arriver à un hypothétique procédé industriel viable sans subventions gouvernementales, il est impératif au préalable de concentrer l’énergie de la biomasse (FIG.) pour la rendre transportable. LURGI du Groupe Air-Liquide en Allemagne travaille sur ce sujet avec le Karlsruhe Institute of Technology (KIT), UOP du Groupe Honeywell adopte également une démarche parallèle aux Etats-Unis (LIRE).Biocarburantslogistiqueprobleme

                         L’idée de base de ces filières en plusieurs étapes est d’utiliser la pyrolyse du bois pour obtenir ce que les Américains et Canadiens appellent le Bio-Oil (Dynamotive). Par un procédé simple et très rapide de pyrolyse de particules de bois on obtient un mix de trois phases: du gaz qui va alimenter l’unité en énergie, un liquide le Bio-Oil et un solide sous forme de suie ou de morceaux de coke selon le procédé. Dans le procédé Lurgi le bio-oil et le charbon sont remixés et broyés à chaud pour obtenir une huile visqueuse (slurry) qui va servir à alimenter la grosse unité de traitement et de valorisation. Le bilan massique indique que 7,5 t de bois sec (15% d’humidité) conduit à 5,4 tonnes d’huile.

                        Cette opération simple peut être effectuée localement, proche de la ressource. La question alors posée est la suivante: faut-il aller ensuite faire subir des transformations complexes à ce produit par gazéification, polymérisation Fischer-Tropsch, hydro cracking pour obtenir un tonne de gasoil ou bien utiliser directement ces 5,4 tonnes d’huile de bois comme combustible dans une chaudière ou une centrale électrique?  Pour Lurgi qui se fait financer l’étude par la gouvernement allemand, il faut aller jusqu’au bout et construire un pilote d’unité centrale.

                         Il faudrait dans un schéma industriel à la dimension de l’Allemagne deux ou trois grandes unités de synthèse de carburant Fischer-Tropsch qui chacune produirait un million de tonnes de gasoil par an. Elle serait alimentée par une quarantaine d’usines de pyrolyse de capacité annuelle de 200 mille tonnes d’huile de bois.

                          Il faut aussi savoir que l’Allemagne a consommé 119 millions de tonnes de pétrole en 2006, chaque grande usine représenterait moins d’un pourcent des besoins allemands en produits dérivés du pétrole.

    Le 23 Décembre 2008.

  • Comprendre de façon simple le rendement d’une pile à combustible, même si ce n’est pas sur Wikipedia!

    Comprendre de façon simple le rendement d’une pile à combustible, même si ce n’est pas sur Wikipedia!

                          La littérature sur les piles à combustibles, science d’un grand âge, jalonnée de Professeurs Nimbus plus ou moins honnêtes et depuis disparus, est truffée d’approximations, sinon de pieux mensonges par omissions. Quelle que soit la façon dont vous synthétiserez 18g d’eau à partir de 16g d’oxygène et 2 gramme d’hydrogène vous obtiendrez toujours la même quantité d’énergie qui est donnée par l’enthalpie de la réaction. Par combustion vous n’obtiendrez que de la chaleur et à l’aide d’une pile à combustible de type PEM (membrane échangeuse de protons) par exemple, vous obtiendrez un mix d’énergie électrique et d’énergie thermique, la somme des deux étant constante et égale à l’enthalpie de la réaction. Pilecombustiblerendement

                         Le passage de la thermodynamique à l’électrochimie et ses tensions se fait par la Loi de Nernst qui définit le potentiel d’équilibre d’une réaction comme le rapport entre l’Energie libre de la réaction et le produit du nombre d’électrons mis en jeu par le Faraday (Eeq=DeltaG/zF). Par analogie et pour représenter graphiquement les phénomènes thermiques il est intéressant de définir le potentiel de chaleur nulle qui est égal à (DeltaH/2F) où Delta H est l’enthalpie de la réaction d’électrolyse de l’eau, 2 le nombre d’électrons mis en jeu par molécule d’eau et F le Faraday (TAB.). Ce potentiel représente la tension d’électrolyse de l’eau à partir de laquelle la réaction électrochimique va être exothermique. Dans le cas de l’électrolyse de l’eau cette tension va être au dessus de la tension d’équilibre, la réaction d’électrolyse étant endothermique.Pilecombustiblepotentiels

                 La réaction inverse de synthèse de l’eau dans la pile à combustible va obéir aux mêmes lois, au signe près. Le rendement électrique de la pile sera alors simplement défini comme le rapport entre la tension de la pile pour un courant donné et le potentiel de chaleur nulle représentant le DeltaH de la réaction de formation de l’eau par simple combustion. On voit (FIG.) que pour une tension de 0,74V, à faible courant, le rendement est de 50% et que pour une tension de 0,5V, habituelle à courant fort, le rendement est voisin de 33%.

                     Le rendement ne peut pas excéder 83%, rapport entre le potentiel d’équilibre et le potentiel de chaleur nulle. Les 17% perdus à 298°K sont dus à la variation d’entropie de la réaction. Une élévation de température de la pile va faire croître ce paramètre entropique mais elle va faire aussi décroître les résistances internes ioniques du système qui va améliorer le rendement électrique en particulier à fort courant. La plage courante de bon fonctionnement des piles à combustibles se situe entre 60 et 80°C.

                        Un tel schéma explique pourquoi il est intéressant et même indispensable de mettre une batterie en tampon avec la pile pour assurer les pointes de courant (accélération du véhicule) pour éviter les rendements trop faibles. Elle assure par ailleurs la récupération d’énergie au freinage.

                        Remarque: nous ne parlons ici que de purs rendements électrochimiques en dehors des indispensables circulations de liquides et de gaz et des régulations de températures qui vont consommer de l’énergie.(LIRE pour une approche de bilan global)

                         Remarque: dans le cas d’un accumulateur Ni-Cd la réaction de charge étant endothermique le potentiel de chaleur nulle est également au dessus du potentiel d’équilibre. On peut refroidir ce type d’accumulateur en le chargeant à faible courant. Dans le cas d’un accumulateur Ni-MH c’est l’inverse la charge est exothermique, l’accumulateur chauffe dès qu’on le met en charge.  Dans le cas des accumulateurs Li-Ion les phénomènes thermiques sont beaucoup plus complexes et varient souvent en fonction de l’état de charge de l’accumulateur.

                     Une PAC utilisée en application stationnaire est une complexe usine à gaz qui partant de gaz naturel produit par reforming de l’hydrogène en émettant du CO2 (LIRE). Son fonctionnement global produisant beaucoup plus de chaleur que d’électricité c’est la quantité de chaleur consommée par le foyer qui détermine la taille de la PAC et non pas la consommation électrique. En application embarquée l’hydrogène, venant du reforming industriel de gaz, est comprimé dans une ou plusieurs bouteilles en matériau composite et la chaleur générée par la pile est perdue. Seule la partie électrique est utilisable, hormis la fonction chauffage de la cabine du véhicule.

                     Tout cela n’annonce pas une future et imminente révolution dans les transports, les solutions PAC se heurtant à la solution 100% électrique sur batterie, à la mise en place d’un réseau de distribution d’hydrogène, à l’obtention d’hydrogène à bon compte sans émissions de CO2, aux prix délirants d’une unité en ordre de marche. Des détails!

    Le 22 Décembre 2008.

  • Zone Euro: les entrées de commandes à l’industrie plongent de 15% au mois d’Octobre

    Zone Euro: les entrées de commandes à l’industrie plongent de 15% au mois d’Octobre

                         Septembre avait vu une baisse des entrées de commandes industrielles dans la Zone Euro de 2%, ce n’était que les hors-d’oeuvre. Voici maintenant la vraie purge avec une chute au mois d’Octobre, par rapport à il y a un an, de 15%. Toutes les grandes nations de l’Europe participent au mouvement (FIG.) avec un secteur des transports dévasté (-33%), une activité "machines et équipements" en chute (-17%) et un poste "textile et habillement" en péril (-15%). Ces valeurs anticipent une activité industrielle des mois de Décembre et de Janvier fortement délabrée.Entrescommandes200810_2

    Le 22 Décembre 2008.

  • Les Q-Max, plus grands méthaniers du monde, vont entrer en service entre le Qatar et les Etats-Unis

    Les Q-Max, plus grands méthaniers du monde, vont entrer en service entre le Qatar et les Etats-Unis

    Lngtransportqmax_2                   Sur l’initiative de Qatar Petroleum et d’Exxon Mobil six nouveaux méthaniers de type Q-Max vont être mis en service. Trois construits au Japon par Mitsubishi Heavy et trois en Corée par Daewoo Shipbuilding. Leurs capacités de transport sont respectivement de 266 et 263 mille m3 de gaz naturel liquéfié. Les caractéristiques principales de ces navires, outre leur gigantisme avec une capacité d’emport 25% supérieure à celle de la génération précédente, sont leur capacité de reliquéfier à bord les gaz évaporés, ce qui permet de livrer tout le chargement initial de gaz même après un long parcours jusqu’aux USA et leur propulsion par deux moteurs diesel à bas régime. Le coût de transport du m3 de gaz est ainsi réduit de 20 à 30%.

                            Tout cela est parfait, à part que les besoins d’importations de gaz aux Etats-Unis vont se réduire avec la montée en production des gisements autochtones. Les projets de nouveaux terminaux de liquéfaction dans le Golfe du Mexique sont abandonnés. Il y  a sûrement là une opportunité pour l’Europe de s’équiper en installations capables d’accueillir ces navires et de gagner ainsi en liberté d’approvisionnement en gaz naturel.

    Le 22 Décembre 2008.            

  • L’économie du Brésil fortement impactée par la baisse des cours du pétrole

    L’économie du Brésil fortement impactée par la baisse des cours du pétrole

    Petrobras                             Le Brésil tire une large partie de sa puissance économique de ses ressources naturelles, avec les minerais de fer, la bauxite et le pétrole. L’effondrement des cours des "commodities" constitue pour ce pays  un formidable coup de frein à son développement. C’est l’autre côté de la médaille. Compte tenu des cours actuels du pétrole et du prix des emprunts accordés à la pétrolière d’Etat Petrobras, il est clair qu’il faut couper dans les dépenses d’investissements. Certains des investissements en offshore profond nécessaires au développement des ressources pétrolières ne sont plus opportuns, ils ne sont plus rentables. Il faudra investir des centaines de milliards de dollars pour extraire les larges réserves offshore de ce pays. En attendant des jours meilleurs,  Petrobras voudrait réduire ses investissements pour 2009 de 20%, à 16 milliards de dollars, mais la publication des chiffres du Plan à 5 ans a été reportée faute d’accord avec l’Administration. Le Président Lula da Silva avec son programme "pour l’Accélération de la Croissance" comptait beaucoup sur les dépenses de Petrobras pour supporter son programme, par la construction de raffineries de pétrole dans la région pauvre du Nordeste par exemple. Les discussions entre les dirigeants de Petrobras et son Administration de tutelle se poursuivent.

    Le 22 Décembre 2008.

  • Les cours du pétrole devront un jour rejoindre une plage de prix plus réalistes

    Les cours du pétrole devront un jour rejoindre une plage de prix plus réalistes

                            Les cours du pétrole à 40 dollars le baril constituent une formidable potion magique pour faire baisser la fièvre de la crise économique mondiale dans les pays les plus développés. La baisse des prix des carburants à la pompe dans les pays consommateurs de pétrole est identique à une baisse d’impôts immédiate à la consommation de plusieurs centaines de milliards de dollars. Pour l’OCDE qui consomme 48 millions de barils par jour, cette baisse de 40$ par rapport à un niveau d’équilibre de 80$/baril correspond à une baisse mensuelle des prix des produits pétroliers de 57 milliards de dollars, soit 57 dollars par habitant. Mais cette baisse est ponctionnée sur les pays producteurs de pétrole et sur les Groupes pétroliers qui vont voir leurs fabuleux profits fondre comme neige au soleil. Un tel niveau de prix conjoncturellement bienvenu pour certains, attribuable à une spéculation jouant la remontée à terme des cours et faisant gonfler les stocks physiques de brut, n’est pas supportable sur une longue période.Cera200822b_2

    Quelles sont les principales raisons de ce manque de pérennité de niveaux de cours très bas?

    On peut en citer quatre:

    -la reprise conjoncturelle des consommations, inexorablement encouragée par des prix bradés des carburants; elle s’amorce aux Etats-Unis (LIRE),

    – la limitation des stocks physiques et leur coût: quand tous les tankers seront pleins de pétrole en attendant des jours meilleurs, il faudra bien que le stockage se ralentisse sous l’impact de la montée des prix des moyens de stockage devenus rares,

    -la raréfaction des livraisons de pétrole dues aux restrictions de production de l’OPEP et de ses alliés du moment,

    – l’arrêt des investissements ou parfois même des exploitations dans les zones les plus chères et par les pétrolières indépendantes ou les Etats les plus fragiles. La pénurie en capitaux et la baisse des prix du pétrole ont déjà provoqué l’arrêt de nombreux projets. Un classement réalisé par le CERA des cours minimum permettant de financer un nouveau projet dans diverses zones est intéressant à analyser (FIG.). Il tient compte des conditions actuelles de coût de sous-traitances et des taxes ou impôts prélevés par chacun des pays possédant les gisements. Les huiles lourdes du Bassin de l’Orénoque plombées par les taxes de Chavez et la complexité des procédés sont disqualifiées pour longtemps. Il n’est même pas sûr que l’exploitation dégage des marges brutes en ce moment. Les sables bitumineux de l’Alberta attendront une baisse des impôts, une baisse des prix de sous-traitance et des cours vers les 80 dollars. La aussi l’équation de l’Administration de l’Alberta est d’éviter l’arrêt des productions en cours. Les gisements offshore de la Mer du Nord, du Brésil, du Golfe du Mexique, de l’Angola qui concernent de nombreux nouveaux projets ne sont jouables qu’avec un brut à 60 où 70 dollars le baril. Avec les cours actuels seuls les nouveaux projets chinois, saoudiens ou libyens sont abordables. Or on sait que les Saoudiens ont arrêté tous leurs nouveaux projets dans le cadre des restrictions de quotas de production de l’OPEP. Le CERA estime que jusqu’à 40% des projets pourraient être menacés de report ou d’annulation pour des raisons de cash.

                           L’industrie pétrolière que ce soit en amont ou en aval de ses activités risque de souffrir dans les mois à venir d’un formidable coup d’accordéon à la baisse des capitaux investis pour des raisons économiques ou politiques. Ce phénomène entraînera à coup sûr, dans trois à cinq ans, une pénurie de nouvelles mises en production et une possible pénurie de pétrole.

                          Cette problématique du Stop and Go dans cette industrie lourde devrait inciter ceux qui nous gouvernent à se pencher sur les processus d’établissements des cours sur le NYMEX à New York ou sur l’ICE à Londres. Une restriction d’accès aux seuls professionnels, l’obligation de dépôts de garantie importants pour les hedgers, des limitations de volumes échangés, devraient permettre de réduire la variabilité (ratio de l’écart type sur la moyenne), des cours du pétrole et du gaz  qui reflèteraient ainsi un peu mieux l’état du marché physique.

    Le 21 Décembre 2008.

    Remarque aux auteurs francophones: en parlant de variabilité au lieu de volatilité vous serez statistiquement plus rigoureux et surtout vous  éviterez de commettre l’erreur impardonnable de traduire l’anglais "volatile" par le substantif de basse-cour volatile. Le coq est un volatile, mais l’éther est un liquide volatil.