Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Nissan arrive à faire progresser ses ventes dans le marché dévasté américain.

    Nissan arrive à faire progresser ses ventes dans le marché dévasté américain.

                               Les Etats-Unis connaissent une vraie révolution des achats de véhicules par les citoyens américains. Au mois de Juillet les ventes de voitures sont restées stables par rapport au même mois de l’année précédente (TABLEAU) mais les ventes de 4X4 poursuivent leur retrait, avec une baisse de 25%, ce qui conduit à une baisse de l’ensemble des ventes de véhicules de 13% . Cette chute n’était que de 8% le mois précédent. Le retrait des ventes de 4X4 aux USA s’est donc amplifié au mois de Juillet.

    .Vehiculesus200807

                          L’analyse des performances des trois principaux américains et des trois principaux japonais montre que c’est Chrysler qui produit le pire score global de -29%, en raison d’une chute des ventes dans les deux segments, voitures et 4X4. Dans les ventes de 4X4 c’est General Motors qui souffre le plus. Enfin on peut noter la performance étonnante de Nissan qui accroît à la fois ses ventes de voitures particulières et de 4X4 dans ce marché dévasté.

                         Toyota voit ses ventes de voitures stagner, en raison d’un manque de disponibilité de véhicules hybrides. Il n’a vendu au mois de Juillet que 20 mille véhicules hybrides alors qu’il en avait commercialisé 40 mille au mois d’Avril. Toyota vend beaucoup de véhicules hybrides au Japon en ce moment.

    Le 2 Août 2008

  • EDF: une entreprise trop handicapée en France pour progresser efficacement en Europe

    EDF: une entreprise trop handicapée en France pour progresser efficacement en Europe

                          EDF grâce à sa technologie et ses parts de marché en Europe, devrait être un bateau de course, mais dans les faits elle ressemble d’avantage à un sombre vraquier, trop chargé par l’Etat. Au premier semestre pour un chiffre d’affaire à 32 milliards d’euros, en croissance de 6,4% par rapport à celui du premier semestre 2007, elle affiche un résultat net de 3 milliards, en décroissance de 12,2%. Comment EDF explique-t-elle ce grand écart? Ce sont pour une grande partie les contraintes françaises, sur la partie la plus rentable d’EDF, qui sont invoquées, "malgré l’augmentation de la production électrique d’origine nucléaire et hydraulique (+7 TWh)". Les résultats sont impactés par "la hausse des achats d’énergie et de combustibles, liée pour partie à un coût croissant des obligations d’achat et de pertes de réseau. En outre, les charges d’exploitation sont marquées par les effets attendus des mesures d’accompagnement de la réforme du régime des retraites et des programmes de maintenance." Les opérations italiennes voient également leurs résultats régresser (FIG.). Edf2008s1

                         Donc, pour ce qui regarde les activités françaises, seul le programme de maintenance est une décision EDF, les autres contraintes proviennent de l’actionnaire majoritaire. Il ne reste à EDF pour s’en sortir, qu’à améliorer ses productions d’origine nucléaire qui pâtissent de chutes estivales (de 20 à 30% pendant  6 mois de temps) vraiment insupportables (FIG.). Edfprodnucleaire200803

                   Les résultats de rentabilité en Grande-Bretagne publiés, expliquent a posteriori les décisions d’augmentations de tarifs de ventes au détail annoncés par EDF Energy et n’ont rien à voir à un supposé deal entre le gouvernement britannique et EDF pour la reprise de British Energy comme annoncé par un "franchouillard" journaliste du Monde (LIRE).

                        EDF doit s’occuper de la rentabilité et de l’efficacité de ses opérations avant d’aller nettoyer ou rafistoler les vieilles centrales nucléaires anglaises hors de prix. De toutes façons EDF est la seule option crédible pour les britanniques tant du point de vue technologique que financier. Les Anglais savent bien vendre nous dit-on. Oui, bien sûr, mais encore faut-il qu’il y ait un acquéreur: c’est l’atout majeur du Groupe.

    Le 1er Août 2008.

  • Les productions de Total globalement stables au deuxième trimestre génèrent un cash décevant

    Les productions de Total globalement stables au deuxième trimestre génèrent un cash décevant

                               Total annonce ses résultats du deuxième trimestre qui sont globalement satisfaisants. Cependant on peut noter un point inquiétant: la forte baisse de génération de cash à 1,9 millions d’euros, impactée par une incompréhensible montée du besoin en fonds de roulement (BFR) de plus de 4,5 milliards d’euros, "essentiellement liée à la hausse du prix des hydrocarbures entre les deux périodes" nous explique laconiquement le communiqué de Total. C’est un peu juste pour le montant en jeu!

                                Les productions de pétrole et condensats sont passées au dessous des 1,5 millions de barils/jour (FIG.) en raison d’une baisse des productions africaines (-49 mille barils/jour par rapport au trimestre précédent). Les productions de gaz ont légèrement baissé et sont passées au dessous des 0,9 millions de barils/jour équivalent pétrole (FIG.). La globale stabilité des productions de Total positionne correctement cette Société par rapport à ses grandes concurrentes comme Exxon ou Shell dont les productions régressent. Totalprod2008t2

    Le 1er Août 2008.

  • Exxon-Mobil: baisse des productions de pétrole depuis 5 trimestres consécutifs

    Exxon-Mobil: baisse des productions de pétrole depuis 5 trimestres consécutifs

                            Les productions du deuxième trimestre 2008 de la Société pétrolière Exxon-Mobil n’ont pas été bonnes. La production de liquides (pétrole + condensats) a baissé de 10% par rapport à celles du même trimestre 2007. Celles de gaz naturel ont perdu 2,6%, seul le raffinage progresse légèrement de 3,4%. Les productions de liquides affichent leur cinquième baisse consécutive trimestrielle (FIG.) Ce résultat est la conséquence de baisses généralisées d’extraction dans toutes les régions du globe où Exxon exerce ses talents. L’Afrique et la Russie sont en recul de 12%, le Canada et l’Europe en retrait de 10% et les moins mauvaises régions comme les US (-6%) et l’Asie Moyen-Orient (-4%) sont également en baisse. Les productions de gaz également en chute ne rattrapent pas la débâcle du pétrole.Exxonprod2008t2

                         Ce résultat est la conséquence directe d’une gestion purement financière d’Exxon qui s’est distinguée par des rachats massifs d’actions, mais dont les investissements ces dernières années n’ont pas été à la mesure de la taille de l’entreprise. L’absence de vision stratégique d’une entreprise de cette taille est pour le moins surprenante. Certains actionnaires historiques s’en sont émus, mais ont été finalement déboutés. La question reviendra bien à l’ordre du jour si cette tendance persiste.

    Le 31 Juillet 2008

  • Sharp: en 2010 nous atteindrons un prix du kWh photovoltaïque proche de 23 Yens

    Sharp: en 2010 nous atteindrons un prix du kWh photovoltaïque proche de 23 Yens

    Sharpsolar1_2                  Le Directeur Général du Sharp’s Solar Systems Group, Tetsuroh Miramatsu, veut rapidement retrouver sa place de leader mondial  dans l’industrie photovoltaïque. "Nous travaillons avec un horizon à 100 ans" a-t-il déclaré, "les résultats de 2007 qui ont souffert de la pénurie de Silicium, ne seront plus tard qu’une note en bas de page". Dès 2010 Sharp aura une capacité de production d’un GW de cellules solaires en Silicium et d’un GW de cellules en technologie couches minces. Le prix de revient du kWh sera alors proche des 23 Yens (14 centimes d’euros). Sharp pourra alors reprendre la place de leader mondial.

                            140 euros le MWh c’est inférieur au prix de vente moyen de l’électricité industrielle hors TVA en Italie, c’est 40% au dessus du prix de vente allemand ou néerlandais. Les prix au delà de 2010 de l’électricité photovoltaïque deviendront compétitifs par rapport aux mix allemand ou italien. Cette électricité pourra être alors produite sans aucune subvention. Sharp doit installer sa future usine en Italie, est-ce un hasard?

    Le 31 Juillet 2008.

  • Californie: un projet électrique de 400 MW à partir de coke de pétrole sans émissions de CO2

    Californie: un projet électrique de 400 MW à partir de coke de pétrole sans émissions de CO2

    Turbinegaz                     La Société Energy International, JV entre Rio Tinto et BP Alternative Energy, a posé une demande d’autorisation (Application for Certification) auprès des autorités californiennes afin de pouvoir construire une centrale électrique de 400MW qui utiliserait le coke de pétrole, issu des raffineries locales, et un procédé à Cycle Combiné à Gazéification Intégrée (IGCC) avec capture du CO2 et séquestration par injection dans des champs de pétrole voisins, appartenant à Occidental Petroleum et situés dans le Comté de Kern. Ce procédé qui a été très étudié entre autres, par General Electric aux Etats-Unis depuis plus de 35 ans, consiste à partir de coke ou de charbon et d’eau à produire un mélange d’hydrogène et de CO2, puis à capturer le CO2 et enfin à utiliser la combustion de l’Hydrogène pour actionner une turbine à gaz et une turbine à vapeur combinées. L’avantage principal d’un tel procédé très complexe et onéreux, repose sur l’utilisation d’un cycle combiné à très haute température et donc d’excellent rendement. Mais la capture et la séquestration du CO2 consomment une partie de cette énergie. L’installation de centrales électriques de tailles limitées proches des champs pétroliers intéressés par des injections de CO2 est une façon élégante de valoriser ce surcoût par un meilleur taux d’extraction du pétrole. Plus de 2 millions de tonnes de CO2 par an seraient ainsi récupérées et valorisées par cette installation.

    Le 31 Juillet 2008.

  • La Société pétrolière ENI demeure une formidable machine à générer du cash

    La Société pétrolière ENI demeure une formidable machine à générer du cash

    Eni                          Miracle à l’Italienne qui se renouvelle tous les trimestres, ENI cette Société pétrolière de taille moyenne, très fortement diversifiée, de l’amont du gaz et du pétrole à la distribution de gaz et d’électricité, en passant par la pétrochimie et l’ingénierie pétrolière fait ressortir un cash flow de ses opérations de plus de 5 milliards d’euros au T2 et près de 10 milliards d’euros au cours du premier semestre. C’est une sorte de conglomérat qui qualitativement, en taille moindre, regrouperait Total, Suez-GDF et Technip. La très forte intégration de ses activités, ses liens privilégiés avec la Libye et son domaine d’activité géographique, l’Italie, en pénurie chronique de ressources énergétiques sont sûrement les points clés de cette très forte rentabilité, avec près de 20% du chiffre d’affaire transformé en cash, le meilleur ratio de toutes les grandes pétrolières.

                           ENI profite de ces ressources pour faire de la croissance externe, elle n’aura aucun problème de liquidité pour régler à Suez son achat de Distrigaz en Belgique qui va la renforcer un peu plus dans un domaine à forte rentabilité, tout en lui ouvrant de nouveaux débouchés vers l’Europe du Nord.

    Le 31 Juillet 2008

  • Le baril de pétrole reprend 5$ sur des données de stocks d’essence étonnantes

    Le baril de pétrole reprend 5$ sur des données de stocks d’essence étonnantes

                                Le Marché du pétrole américain, et par voie de conséquence le marché mondial, ne fait plus de géostratégie. Il regarde avec beaucoup de vigilance et de réactivité les stocks hebdomadaires publiés par l’Energy Information  Administration. Les gogos ont quitté ce Marché, il se retrouve aux mains des professionnels. Hier l’EIA a publié des résultats de stocks hebdomadaires en produits pétroliers globalement en hausses de 2,2 millions de barils, mais avec une baisse tout à fait inattendue des stocks d’essence de 3,5 millions de barils. Aussitôt les cours de l’essence se sont valorisés (+14 cts/gallon) tirant ainsi vers le haut les cours du baril de WTI de 5$ (FIG. fenêtre). Cette hyper réaction démontre la nervosité des opérateurs dans un Marché en phase de retournement. Cette baisse inattendue est totalement inexpliquée par les flux qui devaient conduire à un accroissement global des stocks de 4,5 millions de barils (FIG.). Il existe donc une forte probabilité pour que cette baisse des stocks d’essence soit entachée d’une erreur importante, d’au moins 2 millions de barils. Les résultats des stocks à la fin de cette semaine qui seront publiés début Août, sont donc attendus, en correction, en hausse.Flux2008juillet

    Le 31 Juillet 2008.

  • Pourquoi le japon n’aime-t-il toujours pas l’énergie éolienne?

    Pourquoi le japon n’aime-t-il toujours pas l’énergie éolienne?

    Harunobu1769b_2                Le Japon est très en retard par rapport à d’autres nations dans le monde pour la mise en place d’une infrastructure de production d’énergie éolienne. Les autorités se sont fixé un objectif d’avoir installé une puissance nominale de 3 GW en fin d’exercice fiscal 2010, c’est à dire à fin Mars 2011, mais tout le monde pense que cet objectif ne sera pas atteint. Alors le Nikkei Electronics a mené une enquête auprès des professionnels pour savoir quelles étaient les raisons de ce retard du Japon. Les trois principales raisons invoquées par ces professionnels sont les suivantes:

    1) les coûts des équipements et des matières premières

    2) les délais pour obtenir l’autorisation des autorités nippones, en raison des normes antisismiques

    3) l’absence de tarif garanti d’achat à long terme de l’électricité produite.

                           Ce sont donc des causes purement économiques, politiques et non techniques ou géographiques, qui limitent l’extension des énergies éoliennes au Japon (LIRE les commentaires).

                      Les industriels japonais disent avoir le plus grand mal pour obtenir des prix et des délais fiables de la part des constructeurs européens, aux carnets de commandes totalement saturés. Les prix en Euros de ces équipements sont dissuasifs. De plus le raccordement au réseau d’un parc éolien est devenu hors de prix au Japon, en raison de l’augmentation des prix des câbles et des matériels électriques.

                      Les normes antisismiques sévères obligent les professionnels à soumettre leurs projets pour accord à l’administration dont les délais de réponse sont très longs.

                     Enfin et c’est sûrement la raison majeure, le Gouvernement japonais n’a pas de politique de "Feed-in Tariffs" ou de tarif garanti à long terme pour l’achat de l’énergie électrique produite. C’est là, un choix délibéré du Gouvernement japonais qui tient par ailleurs à bouts de bras l’énergie photovoltaïque, elle bien nippone. C’est un Gouvernement qui fait des choix qui favorisent l’industrie autochtone.

                     Ces trois raisons font que les financiers japonais semblent fortement hésiter à se lancer dans l’aventure éolienne. Certains soupçonnent la concurrence de l’énergie nucléaire de bloquer les possibilités de subventions. L’absence de volonté politique de développer une ressource éolienne au Japon est évidente et est en elle-même respectable, dans la mesure ou le choix du développement de l’énergie photovoltaïque est une alternative sûrement beaucoup plus porteuse de progrès techniques et économiques.

    Le 30 Juillet 2008.

  • L’essence devient un sous-produit de la production de gazole dans le monde

    L’essence devient un sous-produit de la production de gazole dans le monde

                          Nous y voila! La réduction de la consommation d’essence aux Etats-Unis, sujet cantonné jusque là à des informations privilégiées du Blog Energie, va devenir un débat public qui n’a pas fini de faire des vagues. Tout d’abord c’est Tony Hayward, le patron de BP qui a annoncé lors de la présentation des résultats du T2 qu’il estimait la réduction de la demande d’essence à 5 à 10% par rapport à l’an dernier. Le responsable du raffinage de BP a expliqué, d’autre part, que les raffineries produisaient à fond pour satisfaire la forte demande mondiale de gazole et que l’essence devenait un sous-produit de cette activité. Les raffineurs américains comme Valero qui a réussi à produire 110 mille barils par jour de plus de gasoil au T2 par rapport au T1, à production d’essence constante, adaptent leur outil de production pour produire plus de kérosène et de gasoil qu’ils exportent de plus en plus. Mais les rapports de production sont toujours inégaux avec, pour Valero, une production moyenne d’essence 25% plus importante que celle de gasoil.Gasolinespread

                         La baisse des consommations de carburant aux USA, les opérations de vérité des prix en Inde, au Vietnam, en Malaisie, en Indonésie vont se traduire par un ralentissement très net de la demande en produits pétroliers dans le monde. Une baisse en valeur absolue dès le deuxième semestre de cette année, de cette demande n’est pas impossible. Une des possibilités d’adaptation du marché à cette nouvelle donne est la fermeture partielle ou totale des vieilles raffineries les moins productives aux Etats-Unis. Valero a mis en vente trois de ces vieilles installations (Ardmore, Memphis et Aruba), mais les acquéreurs potentiels font défaut. Qui irait acheter une raffinerie obsolète alors que le Marché du pétrole va être tiré à la baisse par les cours plongeants de l’essence? Nous allons revoir le temps où les stocks d’essence aux Etats-Unis et de brut à Cushing, Oklahoma dirigeront le Marché, finies les grandes envolées géopolitiques et financières, place au business quotidien des pétroliers.

                        Certains boursiers, avec la baisse des cours du pétrole, rachètent les actions des purs raffineurs comme Valero, Sunoco ou Tesoro en espérant que les marges de raffinage vont se rétablir (FIG.). Je pense qu’ils commettent une grave erreur, ils ne devraient pas tarder à s’en rendre compte.

    Le 30 Juillet 2008.