Les certitudes urbaines du moment affirment que ce sont les rejets anthropiques de CO2 qui sont la cause de l’accroissement de la teneur en dioxyde de carbone dans l’atmosphère terrestre, lui même responsable de façon biunivoque des réchauffements atmosphériques et terrestres observés ainsi que de la montée mesurée par satellite (3mm par an) par paliers du niveau moyen des mers et des océans. Théories qui passent par zéro l’approche cyclique des phénomènes climatiques alors que notre planète se remet à peine d’une récente glaciation et que l’activité solaire connait des hauts et des bas, comme c’est le cas actuellement.
Dans les faits le cycle global du carbone est d’une grande complexité qui outre les rejets anthropiques de CO2 fait intervenir le bilan net des absorptions et des désorptions de CO2 par les mers, les océans et les zones humides en général, mais aussi et pour l’essentiel, la consommation de gaz carbonique par la fonction chlorophyllienne des terres végétales, des forêts, des algues et des phytoplanctons à la base de la vie aquatique. et donc de la formation de structures à base de carbonates de calcium par les microorganismes, les coraux et divers mollusques.
Le chiffrage de l’ensemble des flux annuels d’apparition et de disparition de CO2 est d’une grande complexité et ne peut s’appliquer, compte tenu de la grande variabilité des phénomènes, qu’à des moyennes pluriannuelles. Un tel chiffrage ne peut donc être qu’approximatif.
Il me semble cependant raisonnable de s’appuyer sur ce qui est connu expérimentalement et mesuré que sont les teneurs atmosphériques de CO2, analysées par les Américains à Mauna Loa pour l’Hémisphère Nord (FIG.) et à SYOWA par les Japonais pour l’Hémisphère Sud. Il ressort de ces valeurs expérimentales dans les deux Hémisphères que les variations annuelles des teneurs atmosphériques de CO2, calculées sur 12 mois glissants, affichent en moyenne, en 2017, des progressions annuelles de 2,3 à 2,4 ppm en volume par an. Après transformation en masse par le rapport des masses molaires du CO2 et de la moyenne des gaz atmosphériques (44/29) et en tenant compte de la masse totale de l’atmosphère hors vapeur d’eau, il est possible d’estimer cet accroissement annuel de CO2 atmosphérique autour des 20 milliards de tonnes (7,81 milliards de tonnes par ppmv).
En d’autres termes la formulation suivante est possible: les émissions naturelles et anthropiques de CO2 excèdent en ce moment, en moyenne pluriannuelle, de 20 milliards de tonnes par an les disparitions naturelles et anthropiques de dioxyde de carbone.
Parmi les phénomènes naturels pouvant agir sur ce bilan annuel, il est possible d’invoquer :
-la variation annuelle du bilan net des absorptions-désorptions de CO2 par les océans et les mers. Il semblerait que les poussées el-NIÑO dans le Pacifique favoriseraient des désorptions de CO2 ou en limiterait les absorptions (voir les pointes de variations annuelles des teneurs en CO2 sur la courbe rouge proches des 4 ppm en 1998 et en 2016)
-le volcanisme en zone calcaire, susceptible de décomposer le carbonate de calcium
-les variations de photosynthèse de biomasse se traduisant par un verdissement de certaines zones de la planète ou un accroissement général des phénomènes de photosynthèse et de formation de biomasse.
Je voudrais insister sur ce dernier point qui me semble être d’actualité.
La formation annuelle de biomasse terrestre semble mobiliser autour des 100 milliards de tonnes de carbone. Pour raisonner en ordre de grandeur, je propose de retenir la valeur simple de 120 milliards de tonnes de carbone, ce qui revient à estimer l’accroissement annuel de biomasse terrestre à 300 milliards de tonnes et la disparition associée de dioxyde de carbone à 440 milliards de tonnes et de consommation de 180 milliards de tonnes d’eau (FIG.). Une molécule de CO2 assurant dans la photosynthèse chlorophyllienne la formation d’un motif -C(HOH)- d’hydrate de carbone.
Ce flux autour des 440 milliards de tonnes de CO2 piégés, en moyenne, par la fonction chlorophyllienne est à comparer à celui des 40 milliards de tonnes de CO2 relargués annuellement par les activités agricoles et industrielles de l’humanité.
Une variation du bilan de cette activité naturelle de photosynthèse de quelques pourcents par un accroissement de la teneur en CO2 dans l’air, par un réchauffement des zones les plus froides, par un surcroit d’humidité dans les zones arides, pensons aux récentes pluies diluviennes sur la Californie, est de nature à modifier sensiblement ce bilan de photosynthèse et donc d’agir de façon importante sur le maigre résiduel d’excédent mesuré des émissions naturelles et anthropiques de CO2 par rapport aux disparitions.
En d’autres termes, l’accroissement annuel des teneurs en CO2 dans l’atmosphère ne semble pas être une fatalité incontournable. Une modération des rejets anthropiques (largement asiatiques aujourd’hui) ainsi que des rétroactions climatiques bienvenues sont de nature à modérer sinon à annuler ces phénomènes observés d’accroissement des teneurs moyennes annuelles en CO2 atmosphérique. Pour l’instant, à ma grande déception et contrairement aux estimations exposées ici , c’est une accélération de cet accroissement qui est observée dans les faits.
Le 24 Mai 2017












