Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Valorisation des réserves pétrolières et gazières

    Valorisation des réserves pétrolières et gazières

                                     La valorisation des réserves pétrolières et gazières d’une Société cotée est un exercice complexe. Dans un premier temps il faut bien dissocier réserves de pétrole et réserves de gaz sur lesquelles les marges attendues sont totalement différentes, pour une quantité d’énergie identique. Rser1

    On pourra ensuite associer au pétrole les condensats de gaz, la somme des deux constitue ce que la profession nomme les liquides. Doit-on valoriser les seules réserves prouvées ou prendre une partie des réserves probables? Ces réserves n’étant qu’un droit d’exploitation pouvant être remis en cause par le vrai propriétaire du sous-sol, doit-on pondérer le risque politique? Le Venezuela de Chavez, la Russie de Poutine, le Delta du Niger, l’Alaska de Palin sont des exemples, à des degrès divers, de ces incertitudes. Enfin à quel prix doit on valoriser la marge potentielle qui va dépendre des cours, des taxes, des charges d’exploitation? Chaque analyste a sa recette, alchimie financière complexe et forcément partiale.

                              L’examen des réserves prouvées de liquides (pétrole + condensats de gaz) des Sociétés Exxon-Mobil, BP (hors TNK-BP dont les réserves appartiennent au bon vouloir du Kremlin), Total et Royal Dutch-Shell (Fig.) montre la décroissances de ces réserves au cours des cinq dernières années. Il faut tout de suite mentionner que la nationalisation des huiles lourdes de l’Orénoque au Venezuela a fait perdre 500 millions de barils environ à Exxon et à Total ce qui explique l’accentuation de la pente entre 2006 et 2007 pour ces deux Sociétés.Vanderveer  Pour Royal Dutch Shell l’équation est plus simple: ses reconstitutions de réserves ne sont pas à la hauteur des volumes extraits ce qui permet à Van der Veer de prévoir l’arrivée imminente du peak-oil. Il a raison, pour les volumes produits par sa Société, le peak-oil est pour demain.

                             La valorisation des réserves, dans un premier temps, peut être réalisée sur les réserves prouvées de liquides en prenant de façon prudente, une valeur probable de réalisation de marge moyenne sur ces réserves à 35$ par baril. Le positionnement des capitalisations boursières des quatre Sociétés étudiées par rapport à cette approche théorique montre deux valorisations acceptables et deux anomalies (FIG.).Capita1

              Tout d’abord pour Exxon Mobil la capitalisation boursière à 465 milliards de dollars est au dessus de la droite de valorisation théorique du liquide de 102 mrds$ ce qui intègre les réserves de gaz sec, toute la partie aval (raffinage et distribution) et la chimie du Groupe. La valorisation des réserves semble correcte. Pour Royal Dutch-Shell même approche la différence entre valorisation des liquides et capitalisation est de 88 mrds$ ce qui valorise correctement les gaz, l’aval et la chimie. Mais pour BP (sans TNK-BP) et pour Total les capitalisations boursières sont fortement insuffisantes. On peut estimer la sous valorisation de BP à 100 mrds$ (50%) et celle de Total de 95 mrds$ (>50%) par rapport aux deux autres.

                                 Les deux Groupes devraient donc attirer les investisseurs avec pour Total l’avantage d’une stratégie claire et les inconvénients d’un laisser aller opérationnel dans l’aval et la chimie et d’une cotation sur la place étroite de Paris. Quand à BP c’est l’inverse, la volonté de progrès opérationnel est évidente, la Bourse de Londres est un plus pour la cotation de la valeur, mais la stratégie n’est pas claire et le sort de TNK-BP en question.

    Le 4 Avril 2008

  • Avancée des électriciens allemands dans le TOP12 européen 2007 des émetteurs de CO2

    Avancée des électriciens allemands dans le TOP12 européen 2007 des émetteurs de CO2

                      La Commission Européenne a rendu publics les résultats d’émissions de CO2 comparés à leurs quotas des douze premières entreprises carbo polluantes européennes.Co22007

                        Ce nouveau classement montre que sur ces douze leaders onze produisent de l’électricité et une produit de l’acier à Dunkerque, propriété d’Arcelor Mittal. Parmi les centrales électriques sept sont allemandes, deux polonaises, une britannique et une italienne. L’Allemagne qui se pose en exemple écologique européen, montre ainsi tout son retard dans un mode de génération d’électricité d’un autre âge à base de charbon et de lignite. Parmi les entreprises allemandes RWE est définitivement la plus attardée, comme cela avait été souligné précédemment.

                        Cinq des centrales électriques  concernées n’ont pas respecté leurs quotas. La première est la plus importante centrale au charbon britannique de 3870 MWe de DRAX puis viennent la centrale RWE de Niederaussem et de E-On de Kraftwerk. Globalement les quotas sont inférieurs de 7 millions de tonnes de CO2 aux émissions. A 20 euros la tonne de CO2, cela représente 140 millions d’euros, une obole.

    Le 4 Avril 2008.

  • Le classement FORBES 2007, Total et les Chinois.

    Le classement FORBES 2007, Total et les Chinois.

                            Le classement FORBES 2007 classe les Sociétés mondiales sur la base de quatre critères: le chiffre d’affaire, les profits, les fonds propres et la capitalisation boursière. Forbes2007

                            Ce classement favorise plutôt les entreprises qui possèdent des Actifs au soleil par rapport à celles qui possèdent un savoir faire. C’est pour cela que parmi les 20 premières entreprises mondiales on trouve 9 Sociétés dans la Banque ou les Assurances. Puis viennent les Pétrolières avec 6 représentantes fortes de leurs Ventes et de leurs Profits.  La construction automobile est représentée par Toyota, la distribution par Wal-Mart et les télécoms par AT&T. Compte tenu des problèmes bancaires du moment, le lecteur attentif peut prévoir qu’il y aura d’importants chamboulements dans le classement 2008.

                           Notre pétrolier national, Total, n’est classé qu’au quinzième rang bien qu’il soit mondialement sixième en Profitabilité et septième en Ventes. Il n’est qu’au 18ème rang en Capitalisation Boursière. Ceci ne traduit que la sous valorisation de l’action Total à la Bourse de Paris, marché trop étroit et aux analyses lapidaires.

                            Un investisseur avisé, fût-il Chinois, voulant investir sur le long terme, anticipant les coups de vent dans les actions de banques et d’assurance, après avoir éliminé BP et ses aventures russes ainsi que Shell  et se réserves déprimées, ne peut que se pencher sur l’option Total. L’entrée de sang nouveau au conseil d’administration de notre pétrolière ne pourrait qu’inciter la Direction de cette entreprise à se remettre en cause en engageant une politique de gains de productivité dans l’Aval et la Chimie.

    Le 4 Avril 2008

  • ENI ouvrirait les portes de la Lybie au russe Gazprom

    ENI ouvrirait les portes de la Lybie au russe Gazprom

         Westlibya_2                                                                           D‘après le Financial Times, ENI serait sur le point de partager ses intérêts dans le gaz d’un pays d’Afrique du Nord, probablement la Libye, avec son partenaire russe Gazprom. L’Italie va participer au doublement du gazoduc, le "Greenstream pipeline" qui relie les gisements libyens de Bahr Essalam et de Wafa à la Sicile et qui transporte 8 millions de m3 de gaz libyen par an.

                                Cet accord suscite bien des interrogations sur la stratégie russe de prise de parts de marché dans les fournitures de gaz à l’Europe, l’italien ENI jouant le Cheval de Troie.

    Le 3 Avril 2008.

  • Le gaz de Papouasie Nouvelle Guinée intéresse Exxon-Mobil

    Le gaz de Papouasie Nouvelle Guinée intéresse Exxon-Mobil

                                  La Papouasie Nouvelle Guinée, voisine de l’Indonésie, possède d’importantes réserves de gaz et de pétrole. Exxon-Mobil serait en passe de conclure un accord avec le Gouvernement local sur l’exploitation d’un gisement de gaz naturel.Papouanewguinea

                          Le projet de 10 à 11 milliards de dollars, porte sur l’exploitation d’un gisement de plusieurs champs au Sud et à l’Ouest de l’île, capable de produire annuellement 6,3 millions de tonnes de gaz naturel qui serait liquéfié localement. Les productions pourraient démarrer dès 2014. Exxon possède une part de 41,6% dans ce projet. Les discussions avec le gouvernement local portent sur l’ampleur des taxes à appliquer aux productions.

                           La Nouvelle Guinée étant parfaitement positionnée au Sud-ouest de la Ceinture Pacifique, on comprend l’intérêt d’Exxon pour un tel projet, dans le cadre de sa volonté de se développer dans le gaz naturel liquéfié.

                      Le 3 Avril 2008.

  • Le raffinage américain peu motivé, fait monter les cours du pétrole WTI

    Le raffinage américain peu motivé, fait monter les cours du pétrole WTI

    Le raffinage américain, mécontent de marges de raffinage insuffisantes, maintient ses productions au plus bas (Fig.) nous indique le point hebdomadaire de l’InformationRaffin5 Energy Administration.

                         Cette faible utilisation de pétrole brut, associée à des importations hebdomadaires élevées à 10.3 millions de barils par jour, a conduit à un accroissement des stocks de 7,3 millions de barils à 319 millions de barils à fin Mars. Les stocks de brut américains sont en croissance régulière de 37 millions de barils depuis le début de l’année (Fig.). Stocksus1

               Alors, les cours du pétrole WTI devraient baisser, me direz-vous!

        Que nenni! Il existe en parallèle d’autres paramètres, ce sont les stocks de produits raffinés qui, eux, bien sûr, baissent (Fig.) parce que le raffinage marche mal et parce que la consommation d’essence est en train de remonter avec le Printemps et celle de fuel n’a pas encore baissé.Stocksessence1 Le cours du brut est alors tiré vers le haut par les prix des produits raffinés. Ce qui est arrivé hier avec une remontée de près de 4$ à 104$/baril.

    Le 3 Avril 2008

  • Fort impact de l’énergie dans l’indice des prix à la production industrielle de la zone euro

    Fort impact de l’énergie dans l’indice des prix à la production industrielle de la zone euro

                        D‘après Eurostat, l’indice du mois de Février dernier, des prix à la production industrielle, hors construction, de la Zone Euro était sur douze mois en croissance de 5,3%. C’est beaucoup pour un Banquier Central. Le même indice hors construction et énergie augmentait de 3,6%. Prixindustrie Le pompon parmi les grands pays, revenait à la Belgique avec 9,9%, suivie des Pays-Bas avec 8,8%  et l’Espagne avec 6.6%.

                                                 Il est intéressant de comparer sur une longue période les indices de la France et de l’Allemagne (Fig.). Les indices des prix industriels hors construction et énergie sont quasiment superposés après huit ans de variations: Allemagne 112,8 et France 112,9. Ce sont ces variations qui vont intéresser la BCE. Elle va déceler 0,1 ou 0,2 point de trop de variation et déclencher ou maintenir une politique de taux administrés restrictive qui, en étouffant les banques par une inversion de la courbe des taux, va réduire les crédits, ralentir l’économie, accroître le nombre de chômeurs, maîtriser les salaires, faire baisser la consommation. En termes pudiquement convenus cela s’appelle "faire baisser les pressions inflationnistes". Mais le remède de cheval n’est-il pas pire que le mal?

                          Une telle question n’est pas dénuée d’intérêt lorsqu’on compare les courbes de la France et de l’Allemagne avec l’énergie (Fig.) apparaît alors un phénomène vieux de trois ans pour la France et d’au moins quatre ans pour l’Allemagne: c’est la primauté des prix de l’énergie sur la valeur des indices. L’énergie majore l’indice français de 4,4 points et l’indice allemand de 9,8 points. Pour les indices de la Zone Euro la majoration due à l’énergie, de 116,2 à 123,5 est de 7,3 points.

                          En huit ans l’indice des prix allemand a été majoré de 22,6 points dont 9,8 proviennent des prix énergétiques! Pour la France dont la politique énergétique est plus adaptée la majoration n’est que de 17,3 points dont 4,4 imputables à l’énergie.

                           Il ressort donc que la maîtrise des tensions inflationnistes dans la Zone Euro pourrait être plus facilement obtenue par une VRAIE POLITIQUE ENERGETIQUE COMMUNE plutôt que par une simple et inefficace politique des taux de la BCE. Le prix de l’énergie est le paramètre de premier ordre, c’est à lui qu’il faut s’attaquer, parce qu’il va durablement croître si l’on ne fait rien. Ce n’est plus un phénomène passager. Il faut par exemple, créer une instance européenne  puissante et dotée de moyens financiers pour diriger une politique de maîtrise des prix et des consommations de l’énergie. La Commission obnubilée par le CO2 et les éoliennes nous conduit dans le mur, elle n’a pas une vue assez globale des phénomènes.

                             Cette évidence permet d’anticiper que les actions de la BCE ne seront malheureusement pas couronnées de succès, puisqu’elles s’attaquent à des phénomènes passés au second ordre. Un Banquier, fût-il central, peut-il comprendre que son action est devenue inefficace?

    Le 2 Avril 2008

  • Une aberration économique et environnementale: la production d’Aluminium chinoise

    Une aberration économique et environnementale: la production d’Aluminium chinoise

                               La Chine produit un tiers de l’Aluminium mondial de première fusion. On estime la production mondiale actuelle à 38 ou 39 millions de tonnes par an avec une production chinoise de près de 13 millions de tonnes.Alumin1

                     Un classement des capacités d’électrolyse de la Chine réalisé par Rio Tinto Alcan, montre que la  totalité des usines chinoises se situent dans les deux quartiles les plus improductifs du classement des usines mondiales. La Chine ayant un besoin croissant d’Aluminium pour assurer son urbanisation a construit des usines d’électrolyses conformes aux modèles périmés soviétiques des années 50.Alumin2  Outre la pollution par les émanations de Fluor, les rendements faibles d’électrolyse  réalisée avec une électricité produite au charbon, les prix de revient de ces productions sont 20% au dessus des standards mondiaux (Fig.). Les coûts chinois sont pénalisés par les prix d’importation de la bauxite ou de l’alumine, les prix de l’énergie et l’amortissement d’équipement peu productifs.

                  Voilà un nouvel exemple du gâchis chinois qui voulant conduire son expansion à toute vitesse équipe son pays de bric et de broc. Les concurrents mondiaux voyant la demande mondiale croître de 15% par an, forts de leurs réserves de bauxite, de la baisse du dollar, de la valorisation du Yuan et de l’inflation des coûts énergétiques chinois, regardent avec perplexité cette aventure qui ne les concerne pas, sinon par un accroissement régulier des cours de l’Aluminium qui oscillent autour de 3000$ la tonne. Ils ne peuvent même pas exporter de l’Aluminium vers la Chine, en raison de taxes protectionnistes.

    le 2 Avril 2008

  • Afrique du Sud: Sasol veut accroître ses productions de carburants à partir de charbon

    Afrique du Sud: Sasol veut accroître ses productions de carburants à partir de charbon

    Sasol1                            Forster Wheeler Afrique du Sud a signé un accord avec le leader mondial de la conversion du charbon en carburants liquides, le sud africain Sasol. Sasol qui maîtrise le procédé dit "Coal to Liquid" dans le monde avec 150 000 barils par jour de production en Afrique du Sud, veut accroître ses capacités de 80 000 barils par jour. L’étude va porter sur les trois phases du procédé:

    • la production de gaz de synthèse
    • le procédé Fisher Tropsch qui conduit à des cires
    • le procédé d’hydroconversion des cires en carburants liquides

                          Sasol exporte largement ses procédés dans le monde. Il dirige plusieurs projets de conversion de charbon en Chine et a développé le projet Oryx au Qatar de conversion de gaz naturel en combustible liquide.

    le 2 Avril 2008

  • USA : la part d’électricité d’origine renouvelable en baisse en 2007

    USA : la part d’électricité d’origine renouvelable en baisse en 2007

    La production nette d’électricité des Etats Unis en 2007 s’est accrue en un an de 2,3% à 4160 TWh, nous informe l’Energy Information Administration. C’est sept fois environ la production de la France.Usaelectricit2007_3  Cette croissance est imputable à la forte consommation d’électricité dans le résidentiel (+3%) et le commercial (+3,3%) et un tassement dans l’industrie (-0,5%).

                                 Cette croissance de consommation s’inscrit dans la tendance de demande continue des américains pour plus de confort et d’équipements modernes (Fig.). Usaelectricit Outre l’American Way of Life il faut aussi noter qu’un MWh pour un foyer américain coûte 10,64$, il en coûte 12,1 euros pour un Français avec 24% de taxes et 19,5 euros pour un Allemand avec plus de 26% de taxes. Le faible prix au détail de l’électricité aux Etats Unis, en raison de l’absence de taxes significatives et de l’utilisation économique et massive du charbon, est un des facteurs de consommation débridée de cette forme d’énergie.

                   Parmi les sources d’énergies utilisées, il est à noter une forte décroissance de la génération hydroélectrique (-14%) qui a entraîné une décroissance de l’électricité produite à partir des énergies renouvelables de 9% à 351 TWh. L’énergie éolienne ne participe que pour 0,77% du bilan global malgré une croissance de 20% à 32 TWh. L’utilisation du gaz naturel connaît une forte croissance de 10% à 893 TWh, celle du nucléaire progresse de 2,5% à 806 TWh et celle du charbon de 1,5% à 2020 TWh.

                  La génération d’électricité aux Etats Unis repose toujours sur l’utilisation massive du charbon pour près de 49%. La progression de l’utilisation du gaz naturel  s’est faite aux dépens de l’utilisation du pétrole, mais elle devrait encore progresser en raison de la pression écologique de certains Etats et des incertitudes sur l’éventualité d’une taxe carbone qui pénaliserait le charbon.

                    La consommation d’électricité aux USA pourrait, dans les dix ans à venir, connaître les débuts d’une vraie révolution avec l’arrivée des futurs véhicules hybrides rechargeables (Plug-in) ou des véhicules électriques "de voisinage". Pour l’instant le poste transport ne pèse que pour 2 millièmes des ventes US à 8 TWh, il pourrait devenir significatif dans le courant de la prochaine décennie qui devrait voir décroître la consommation d’essence au profit de l’électricité.

                       Gardons le TGV californien pour la deuxième partie du 21ème siècle.

    le 2 Avril 2008