Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Le modéle de concurrence britannique n’arrive pas à maîtriser les prix de l’énergie

    Le modéle de concurrence britannique n’arrive pas à maîtriser les prix de l’énergie

    Corotmoulin                    Les dirigeants britanniques y perdent leur Latin. La distribution du gaz et de l’électricité britannique est un modèle d’organisation concurrentielle et malgré tout ça les prix augmentent à tout va et le bon peuple grogne. La production et la distribution sont séparées, les clients peuvent changer très librement de fournisseurs, les tarifs sont transparents, etc… mais les prix montent. Par exemple British Gas a augmenté ses tarifs de 15% d’un coup il y a quelques mois. Alors le régulateur en place, l’Ofgem, va réaliser une énième enquête pour voir s’il n’y a pas des ententes illicites entre les six principaux fournisseurs du Marché.

                           En fait les fournisseurs britanniques passent tout à fait librement les augmentations de prix du gaz et du charbon qui constituent 80% de la ressource d’énergie pour les centrales électriques britanniques.Ukgas1 Les prix du gaz au National Balance Point qui étaient ridiculement bas durant le premier semestre 2007, ont été multipliés par plus de 2,5 depuis (FIG.). L’exploitation du gaz de la Mer du Nord pose quelques problèmes de maîtrise d’exploitation et de déplétion des gisements. De même les prix du charbon livrés en Europe ont dépassé les 140$ la tonne, un prix en croissance de 50% par rapport au premier semestre 2007 en raison de l’augmentation des cours du charbon sud africain ou australien et des prix du transport maritime. S’ajoutent à cet accroissement des prix une faible modernisation des équipements de génération d’électricité et des défaillances de centrales nucléaires.

              Mais ces explications sont trop simples et mettent en cause l’inefficience de la distribution compétitive britannique sur la maîtrise des prix quand l’outil de production s’avère être inadapté. Alors en Grande Bretagne, l’Ofgem pense que c’est la faute à l’Europe continentale qui par l’absence de structures compétitives, maintient les cours du gaz artificiellement élevés. "L’absence de transparence (en Europe) et de compétition entraînent les prix britanniques à la hausse" a déclaré un membre de cette institution. Les Anglais ont trouvé le bouc émissaire habituel: ses voisins continentaux.

  • Raffinage US en cours de conversion la semaine dernière

    Raffinage US en cours de conversion la semaine dernière

    Raffin3                             Le raffinage US a peu produit de raffinés et donc peu consommé de pétrole brut la semaine dernière avec un taux d’utilisation des raffineries de 83,5%. Les consommations américaines globales de produits raffinés ont été très soutenues à 21,3 millions de barils par jour (la consommation de pétrole aux USA se moque de la "crise bancaire") et la consommation de fuel a atteint des sommets à plus de 4,8 millions de barils par jour (il fait froid). La conséquence est une augmentation des stocks de pétrole brut de 4 millions de barils non distillés et une baisse des produits raffinés et intermédiaires de 8 millions de barils (fuel -4.4; kérosène -1.3; propane -2.8 millions de barils).

                          L’incidence de ces chiffres sur les cours du WTI sur le NYMEX devrait être négligeable, le Marché faisant de la géopolitique sur fond de coups de mentons de militaires venezuéliens. Les cours sont hauts parce que l’Arabie se tait, seuls les faucons de l’OPEP sont audibles, et parce que les exportations russes ne sont peut-être pas garanties pour 2008 et au delà, Poutine voulant favoriser le raffinage local.

  • Réserves de pétrole et de gaz: la SEC veut moderniser les règles

    Réserves de pétrole et de gaz: la SEC veut moderniser les règles

    Sec                            Le régulateur US qu’est la "Securities Exchange Commission" (SEC) est sur le point de moderniser les règles d’évaluation des réserves de Pétrole et de Gaz Naturel des Groupes pétroliers cotés à la Bourse de New York. Ces nouvelles règles qui tiennent compte de propositions de l’industrie pétrolières prendraient en compte de nouvelles réserves qui ne sont pas à ce jour admises. C’est le cas par exemple des sables bitumineux qui sont parfois communiqués à la SEC pour information, mais qui n’entrent pas dans l’évaluation officielle (Shell par exemple en 2006  a déclaré 1.38 milliards de barils de bitume, Exxon 0.72 mrd de barils représentant respectivement 33% et 7% de réserves de pétroles en plus). Les futures règles prendraient en compte les nouvelles technologies et les nouveaux procédés d’extraction. Ces nouvelles règles vont majorer les valeurs des réserves publiées à ce jour et vont essayer de donner une image plus fiable des "droits à produire" de chacun des pétroliers.

                                 Mais, malgré tout, il restera toujours la valeureuse incertitude du métier de pétrolier qui peut se faire à tout moment, exproprier par n’importe quel démagogue, en mal de popularité, malgré l’existence de contrats gravés dans le marbre.

  • L’Irlande un nouveau marché pour l’énergie éolienne offshore

    L’Irlande un nouveau marché pour l’énergie éolienne offshore

    Irlande                       Alors que toute commande pour une éolienne offshore de grande taille en Europe, reçoit en ce moment un accusé de réception avec une date de livraison pour 2011 ou 2012, les Etats européens ont enclenché une course aux enchères pour savoir celui qui va le plus subventionner cette activité. On le sait, la France paie le MWh offshore 130 euros  pendant 10 ans suivis de 10 ans décroissants. L’Irlande vient de décider de payer le futur MWh éolien offshore 140 euros pendant 15 ans. Elle étudierait également avec l’Ecosse et l’Irlande du Nord la possibilité d’établir une ligne sous-marine de forte puissance en Mer d’Irlande; elle permettrait de connecter les futurs champs offshores entre eux et niveler ainsi la production d’électricité éolienne.

                           On le voit, les opérateurs éoliens, possédant une certaine flexibilité opérationnelle et intellectuelle, peuvent optimiser leurs profits par un nomadisme intra européen de leurs projets. Le Royaume-Uni, les Pays-Bas et maintenant l’Irlande sont des cibles de choix.

  • Suntech Power déçoit la Bourse, son cours plonge de 21% à New York

    Suntech Power déçoit la Bourse, son cours plonge de 21% à New York

    Suntech_2                  Mauvais temps dans les énergies alternatives, après Sharp Solar qui annonce des résultats trimestriels décevants, Iberdrola Renovables dont les profits sont en baisse, voila Suntech Power un des trois grands du solaire mondial qui déçoit les analystes. Pourtant les résultats sont en hausse à 51 millions de dollars contre 31 M$ l’année précédente, mais les analystes attendaient mieux. Ce sont les prévisions pour le premier trimestre 2008 qui déçoivent. Suntech prévoit un C.A. de 370 à 380 M$ alors que les analystes attendaient plus de 450 m$. Comme Q-Cells il annonce des montées en cadence, mais pour la deuxième partie de 2008. Il devrait donc produire 530 MWc, dont 60% durant la deuxième partie de 2008.

                    Alors le Marché, ce 20/02/2008, corrige le cours à la baisse de 21% à 36$ par action, lui qui venait de plus de 80$ en fin 2007 (Fig.).

                          En fait, ces industries photovoltaïques complexes, qui demandent beaucoup de recherches et de prouesses technologiques en amont pour produire les cellules les meilleures et les moins chères et beaucoup de main d’oeuvre en aval pour assembler des panneaux à moindre coût et avec de faibles déchets, sont débordées par une demande croissante sur un outil de production en perpétuelle évolution. Seules survivront les rares Sociétés qui agiront méthodiquement et feront comprendre à leurs actionnaires que l’industrie demande beaucoup de travail, d’abnégation et de patience.

  • Iberdrola Renovables: C.A. 2007 en hausse, Résultats en baisse

    Iberdrola Renovables: C.A. 2007 en hausse, Résultats en baisse

    Iberdrola                       Iberdrola Renovables, la filiale à 80% d’Iberdrola, est la première capitalisation boursière mondiale, parmi les entreprises agissant majoritairement dans les énergies renouvelables, avec 35 milliards de dollars à fin 2007. Or en 2007 cette "success story" a présenté des résultats qu’on peut qualifier de mitigés.

    • La puissance éolienne installée à 7704 MW s’est accrue de 19.5%. La majorité de ses éoliennes sont en Espagne (4229 MW) et aux USA (2145MW),
    • La génération d’électricité à 14700 GWh ne s’est accrue que de 14.3% en raison de faibles productions espagnoles au quatrième trimestre,
    • Le taux de charge global des installations est donc de l’ordre de 24% (moins de 24% en Espagne et supérieur ailleurs)

    Ces performances opérationnelles conduisent à des résultats financiers décevants:

    • Le chiffre d’affaire qui prend en compte pour 2007 le dernier trimestre de Scottish Power s’élève à 953 Millions d’euros en croissance de 37%, mais la croissance pro-forma obtenue en consolidant Scottish Power et Iberdrola Ren. sur les deux années 2006 et 2007 n’est que de 2,8%.
    • Le résultat net à 117 millions d’euros est en décroissance de 38%

                    Investissements en hausse, volumes de production qui suivent difficilement, taux de charge des installation moyen, prix du MWh espagnol en baisse de 12% à 81 euros, taux de change peu favorable pour les activités US expliquent un résultat net sur chiffre d’affaire à un peu plus de 10%. Ce n’est pas la rente attendue.

                   Iberdrola Ren. illustre parfaitement toutes les ambiguités de cette activité éolienne qui avec un prix de l’électricité éolienne de 81 euros le MWh en Espagne voit ses résultats baisser. La sensibilité de cette activité au bon vouloir des politiques la rend financièrement dangereuse.

                    Finalement, EDF devrait bien réfléchir avant de faire une offre hostile sur la maison mère dont le "fleuron" est soi-disant la partie renouvelable. Ce fleuron serait-il un cactus?

                   Le 20/02/2008 à 15 heures le cours d’Iberdrola Ren. était en baisse de 4.8% à 4.37 euros.

  • Le Venezuela impacte les réserves des Pétrolières concernées

    Le Venezuela impacte les réserves des Pétrolières concernées

    Totalreserv1                    Les nationalisations des exploitations pétrolières au Venezuela en 2007 devaient avoir un impact sur les réserves de pétrole des Sociétés concernées. Les premiers résultats publiés nous informent de l’amplitude du phénomène. Pour ExxonMobil et ConocoPhillips qui ont quitté le Venezuela les choses sont à peu près claires. Exxon a annoncé un impact de ce départ sur ses réserves 2P (prouvées et probables) de 1,6 milliards de barils, et un calcul simple permet d’estimer la baisse des réserves prouvées à un peu moins de 0,5 milliard de barils. ConocoPhillips annonce pour sa part une perte vénézuelienne de ses réserves prouvées de 1,089 mrds de barils, ce qui est considérable pour cette entreprise de la taille de Total.

                              En ce qui concerne Total, l’impact de la cession de 16,5% des parts de Sincor au pétrolier national PDVSA, fait baisser le taux de renouvellement des réserves prouvées de façon importante à 0.23%.Totalreserves Ceci se traduit par une nouvelle baisse des réserves prouvées de liquides en 2007 de 0,7 milliards de barils, ce qui est considérable pour une cession partielle de Sincor.  Ce résultat est particulièrement décevant et s’inscrit dans un mouvement continu de baisse des réserves prouvées de pétrole pour Total de 1,5 mrds de barils en quatre ans, malgré une amorce de pallier en 2006. (FIG.). Par contre les réserves de gaz sont stables ou légèrement croissantes, mais il ne faut pas oublier qu’un baril de gaz ne vaut que la moitié de celui d’un baril de pétrole, et donc que la colonne total qui ajoute des "carottes et des navets" n’a que peu de signification.

                       Ces mouvements de stocks très variables d’une Major à l’autre montrent le peu de fiabilité que l’on peut accorder à ces chiffres qui sont cependant une des clés de valorisation de ces Groupes.

  • Le plus grand fabricant mondial de cellules solaires Q-Cell est Allemand

    Le plus grand fabricant mondial de cellules solaires Q-Cell est Allemand

    Qcells                          La production de cellules photovotaïques de l’allemand Q-Cells en 2007 a atteint 389MWc en croissance de 54%, avec un chiffre d’affaires de 859 millions d’euros en croissance de 59%. Cette formidable avancée l’a propulsé au premier rang mondial devant le japonais Sharp et l’américain Suntech. L’objectif de Q-Cells pour 2008 est de produire  de 565 à 590 MWc de cellules solaires et d’amener son chiffre d’affaire à 1,2 milliards d’euros. Pour assurer ce régime de croissance de 50% par an la Société va construire une nouvelle usine de production en Malaisie qui devrait, par plateaux, atteindre une capacité de production de 300MWc. En parallèle, une sixième ligne de production démarrera au quatrième trimestre en Allemagne. Les productions 2008, avec un outil de production saturé, se feront à 60% durant le second semestre.

                  Le cadancement des capacités de production est le suivant:

    • fin 2007: 516 MWc
    • mi-2008: 630 MWc
    • fin 2008: 760 MWc
    • fin du T1 2009: 920 MWc dont 160 MWc en Malaisie

                  Q-Cells est en retard par rapport à ses concurrents sur les techniques en couches minces, beaucoup plus économiques, puisqu’il est en cours de construction d’une unité de 25MWc en film mince de type Cd-Te et qu’il prévoit d’en construire une autre de 60MWc en 2009.

                  Ses concurrents Sharp et Suntech se débattent eux aussi avec des accroissements importants de capacités de production mais aussi avec des évolutions de technologies indispensables pour réduire les coûts.

                  A ce jour, cette industrie complexe de l’énergie photovoltaïque, en pleine évolutions technologiques mais tirée par une formidable demande, fait apparaître une dixaine d’acteurs mondiaux, localisés au Japon, en Chine, aux USA et en Europe. Les petits acteurs nationaux ne pourront pas suivre les évolutions technologiques et disparaitront.

  • Le régulateur allemand: « l’Europe risque des coupures de courant électrique »

    Le régulateur allemand: « l’Europe risque des coupures de courant électrique »

    Corotmoulin                 Le Régulateur de l’énergie allemand, Matthias Kurth, vient d’annoncer qu’en raison de sous investissements dans la génération d’électricité, l’Europe allait au devant de ruptures en ressources de courant électrique. Les projets de nouvelles centrales électriques sont abandonnés les uns après les autres, en raisons des émissions de carbone ou de l’hostilité des populations, les délais et les coûts des matériaux s’allongent et retardent les projets. L’Allemagne avait planifié que d’ici à 2012 il faudrait moderniser 20000 MW de centrales, à ce jour seulement 7000 ont été décidés ou sont en cours. E-On, RWE, Evonik viennent d’annuler des projets de centrales électriques en Allemagne. En associant ces retards avec les problèmes de refroidissement des centrales françaises durant l’été et des pénuries en Italie, Kurth annonce "que l’Europe est en face de problèmes bien plus difficiles que celui de savoir si l’on doit séparer la production de la distribution avancé par la Commission Européenne comme la solution à tous les problèmes".

                            Cette prise de parole qu’on peut assimiler à un "coup de gueule", d’un professionnel avisé et pragmatique, dénote des positions idéologiques des bureaux feutrés européens de Bruxelles. Il a d’autant plus raison que la modernisation des ressources allemandes est une voie essentielle dans la réduction des émissions de CO2 en Europe.

  • Oslo et Riyad militent pour la reconnaissance de la capture et de la séquestration du CO2

    Oslo et Riyad militent pour la reconnaissance de la capture et de la séquestration du CO2

    Un_cmd                           L’Arabie Saoudite et la Norvège ont décidé de joindre leurs forces pour faire reconnaître la CCS (Capture et Séquestration du CO2) comme une méthode reconnue et estampillée par L’Organisation des Nations Unies pour le Changement Climatique dans le cadre du "Clean Development Mechanism" CDM. En effet la Capture et la Séquestration de CO2 qui est retenue par tous les plans américains, européens et asiatiques comme une voie probable, parmi d’autres, de maîtrise des émissions de carbone dans le futur, n’est pas officiellement acceptée par le CDM et ne peut donc pas faire l’objet de crédits carbone. En effet sous la pression de mouvements écologiques "intégristes" et de certaines Nations le CCS est rejeté parce qu’il risquerait de nuire gravement au développement des technologies "purement" écologiques.

                            Cette technologie fera partie à part entière, du panel des outils de maîtrise des émissions de CO2, encore faudrait-il que les organismes de régulation compétents admettent qu’il ne faut pas perdre de temps. En attendant cet agrément, il est certain que les industries concernées joueront la montre, n’investiront pas et continueront à rejeter leurs milliers de tonnes de CO2 dans l’azur.