Le baril de brut à 100$, la montée des cours du gaz naturel à New York à 7.88$/MMBTU en raison des frimas de saison, n’ont que très peu interagi sur les cours des pétrolières. Exxon-Mobil a perdu 0.8%, Chevron s’est affaibli de 0.4% et Conoco-Phillips a laissé 1.4% de son cours en cette mémorable journée de record des cours du pétrole WTI. L’Amex Oil Index qui pondère les pétrolières européennes et américaines cotées à New York ne s’est apprécié que de 0.16%. Total s’est illustré à Paris par une perte de -0.9% et à New York par un gain de +0.82%. Le marché américain essaye de valoriser l’action Total malgré les réticences imbéciles du CAC40. Le marché ne croit pas à la persistance de cours du pétrole élevés et hors de raison. Les stocks de brut américains de fin d’année sont annoncés en baisse par les "experts", ils seront publiés dans quelques heures ce Jeudi 3 Janvier. Le plus important sera de suivre l’évolution des stocks dans le courant du mois de Janvier, après leur diminution probable à fin Décembre, en raison de taxes appliquées, par certains Etats américains, aux stocks pétroliers en fin d’année. Les prises de parole de l’OPEP avant la réunion du premier Février seront prépondérantes.
Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

Les exploits du baril de brut laissent les cours des pétrolières atones

FIRST SOLAR: spéculation sur le solaire et sous le soleil
S’il est une start-up dont on parle dans de nombreuses analyses boursières américaines c’est FIRST SOLAR (FSLR). C’est une Société spécialisée dans la production de panneaux solaires en couches minces à base de Tellurure de Cadmium ( Thin Film CdTe) une des technologies qui révolutionnent l’industrie des panneaux solaires économiques par la non utilisation de lingots de Silicium au cours du procédé de production. Le cours de cette Société est, on le voit sur le graphique, poussé par une très forte spéculation. Son PER (price earning ratio ou rapport cours/bénéfice par action) est aux environs de 200. Mais il existe cependant de plus en plus d’observateurs qui préconisent la prudence sur cette action pour plusieurs raisons.- l’arrivée de concurrents dans la technologie CdTe, comme PrimeStar Solar sponsorisé par General Electric,
- l’envolée probable des cours du Tellure qui est un élément rare sur terre et la production de 60MWc de panneaux aurait consommé 4% du Tellure mondial (info pas évidente à vérifier). Une extrapollation à une production 2008 à 250MWc de production conduit donc à une consommation de 16% du Tellure mondial, ce qui ne serait pas insensible sur les cours,
- l’existence de technologies photovoltaïques concurrentes sans Tellure, pourraient alors porter un coup fatal à cette belle et fulgurante étoile.
Nous souhaitons tout de même bon vent à l’industrie solaire américaine pour 2008. Une info parue dans le Wall Street Journal annonce que le puissant United Technologies Corp. se lancerait dans la technologie solaire thermique avec accumulation de l’énergie par sels fondus en association avec des spécialistes des énergies renouvelables. Nous en saurons plus dans les heures à venir, inutile de spéculer.

Technip remporte un contrat pour développer le champ de Pazflor
Technip en compagnie de Acergy, prestataire de services pétroliers britannique, annonce avoir remporté auprès de Total un contrat pour le développement du champ pétrolier offshore de Pazflor en Angola. Ce contrat de 1,86 milliards de $, dont 1,16 mds$ pour Technip, de fourniture et d’installation de divers équipements en pleine mer à partir de 2010. Ce contrat fait suite à l’exécution du projet Dalia par Technip sur le même bloc 17 exploré et exploité avec succès par Total. Technip après ses succès au Brésil, conforte son image d’expertise en technologies offshore, un ensemble de technologies les plus recherchées dans le monde des pétroliers. Technip cotait plus de 55 euros ce 2 Janvier à l’ouverture de la Bourse. C’est une valeur à suivre.Voir les détails du communiqué de Technip.

Shenhua premier Groupe producteur mondial de charbon?
Le Groupe chinois Shenhua après une croissance de ses productions de charbon en 2006 de 36% à 203 millions de tonnes, annonce que ses productions en 2007 devraient être supérieures à 250 millions de tonnes ce qui porterait sa croissance annuelle aux alentours de 25%. Le plus grand producteur américain, Peabody Energy qui a commercialisé 248 millions de tonnes de charbon en 2006, prévoit de vendre cette année entre 235 et 245 millions de tonnes de charbon. Le Groupe China Shenhua Energy Company (CSEC) est coté à Hong Kong et fait partie du Hang Seng Index, indice pondéré des 43 plus importantes Sociétés cotées à la Bourse de Hong Kong.
Chine: Fermeture de centrales électriques au charbon
D‘après l’Agence Xinhua la Chine aurait fermé en 2007 plus de 550 centrales électriques thermiques âgées et de faibles puissances, alimentées au charbon. En moyenne, la puissance était de 26 MW et elles fonctionnaient depuis 28 ans. Cet arrêt représente une perte de puissance électrique cumulée de 14000 MW.Si cette information est véridique et si les centrales sont réellement fermées, il y a dans ces décisions un réel geste de progrès écologique et économique de la part de la Chine. Ces fermetures sont à mettre en parallèle avec la formidable progression de l’énergie hydro-électrique chinoise avec la montée en puissance, à 14800 MW, du barrage des Trois Gorges sur la rivière Yangtze dans la province du Hubei et le démarrage du barrage de Longtan, de 6300 MW, situé dans la lointaine province du Guangxi. D’autres projets hydro-électriques sont en cours de construction dans la province de l’est du Sichuan à la limite du Yunnan avec le barrage de Xiluodu qui devrait produire jusqu’à 12600 MW entre 2012 et 2015. Cet éloignement des barrages avec les zones côtières consommatrices d’énergies va nécessiter de construire un super réseau en courant continu de type UHVDC dont le premier élément de 2000 km entre le Guangxi et Shanghai vient d’être confié à ABB pour 440 millions de dollars. Cette ligne qui devrait être la plus longue du monde, aura une capacité de transport de 6400 MW.
Et pendant ce temps là, l’Europe ne sait toujours pas comment elle va interconnecter l’Espagne et la France, et la RTE ne sait plus alimenter de façon fiable, l’extrême Sud-Est de notre beau pays, à la suite de décisions environnementales prises par un cénacle parisien institutionnel.

Shell: poursuite et aggravation des difficultés dans le Delta du Niger
Shell qui perdait environ 300 mille barils de production par jour dans le Golfe du Niger, n’a pas amélioré son score. D’après la Presse africaine il aurait perdu 80 mille barils par jour de production, de plus. Les résultats opérationnels du quatrième trimestre devraient donc être en forte baisse par rapport à ceux du T3 qui pour Shell-Afrique indiquaient 333 mille barils par jour de liquides et 440 mille bl/j de gaz. En fait, pour comprendre la situation des pétroliers dans cette zone, il faut bien distinguer entre deux types de productions. D’une part, les productions offshores dont le navire amiral de Shell est le FPSO de Bonga, produisent à fond. Bonga représenterait 70% des volumes extraits. D’autre part les installations dans le Delta qui elles sont pratiquement hors d’usage, sous la menace du MEND (mouvement insurrectionnel local) et vandalisées par les attentats incessants. L’information d’une cession de ces installations au chinois CNOOC avait courru, on comprend que ce possible acquéreur ne se précipite pas sur l’affaire, compte tenu des nouvelles peu engageantes récentes.Ces mauvaises nouvelles africaines peuvent expliquer les changements d’organisation des services d’appui informatiques et financiers de la maison mère RDShell, vers une réduction drastique des frais généraux par réduction des effectifs et appel à la sous-traitance.

BP, une pétrolière sous haute surveillance
2007 aura été pour BP une année de transition, avec un changement de CEO (Chief Executive Officer) en la personne de Tony Hayward qui a rapidement imposé sa marque sur un Groupe à la dérive. En effet BP avait connu bien des ennuis sous le management distingué du prédécesseur, Lord John Browne. En 2005 l’explosion de la raffinerie de Texas City, la mise hors service de la plateforme Thunder Horse par la tempête dans le Golfe du Mexique, en 2006 la fuite de l’oléoduc de Prudhoé Bay en Alaska, l’accusation de manipulations de cours par des traders BP lui firent perdre la place de seconde capitalisation boursière pétrolière au profit de Royal-Dutch Shell.Mais tout n’est peut-être pas encore revenu au niveau attendu par les investisseurs, bien que l’action BP se soit appréciée de dix pour cent en un an à 615 p, progrès cependant inférieur à ceux des Sociétés pétrolières concurrentes.
En effet de nombreux incidents sous la surveillance tatillonne de L’EPA (Environment Protection Agency) dans les raffineries de Texas City et de Whiting font que ces deux unités ne produisent pas encore à leur pleine capacité. Mark Gilman un analyste très écouté à New York conseille de vendre l’action BP, en raison d’un risque de dégradation des cours au moindre incident opérationnel.
La reprise à pleine capacité des productions des raffineries américaines, la mise en production réussie de la plateforme Atlantis dans le Golfe du Mexique, le respect du planning de réhabilitation et de mise en production de la plateforme Thunder Horse seront autant de paramètres clés pour le succès de l’action BP. Il ne faut cependant pas oublier que les productions de la Mer du Nord et de Prudhoé Bay sont en phase de déplétion rapide, ce qui sera mesuré plus précisément lors de la publication des résultats opérationnels du quatrième trimestre 2007. Il n’est donc pas sûr que les productions de BP en 2008 soient aussi performantes que certains l’estiment.
Les risques de contre performance de l’action BP en 2008 ne sont donc pas à négliger, bien que certains, chez Oppenheimer par exemple, anticipent de façon optimiste un sans faute opérationnel et des résultats financiers en amélioration.

Après le « tout éolien » voilà le « tout solaire »
La gestion des énergies dans les cervaux et les ordinateurs de certains individus écolosensibles ne manque pas de piquant. Après les projets mirifiques du tout éolien des côtes de Californie au Cercle Pôlaire voilà le tout solaire, proposé par Zweibel & col., qui recouvrirait les déserts de l’Arizona de panneaux solaires ou de miroirs à concentration d’énergie thermique. A l’aide d’un réseau de distribution en courant continu haute tension UHVDC couvrant les USA et de stockages d’air comprimé judicieusement placés sur le territoire, ce dispositif pourrait fournir 69% de l’électricité US soit 35% des besoins en énergie. Les auteurs du projet justifient leur solution en argumentant qu’il y a des déserts aux USA qui ne servent pas à grand chose, que les technologies économiques de panneaux solaires progressent à grand pas et que 78000 km2 (30000 miles2, le sixième de la France) suffiraient à produire en 2050, trois Térawatts (3 millions de MW) d’électricité. Bien sûr ils tablent sur un rendement des panneaux solaires de 14% en Tellurure de Cadmium ou équivalent et sur la résolution à grande échelle du stockage d’énergie "cavernicole" par compression d’air. Leur plan est séquencé en trois étapes chronologiques: d’ici à 2020, de 2020 à 2050, après 2050.Bien entendu dans un tel scenario idéal la consommation américaine en énergie continue de croître de 1% par an, pourquoi se priver? Le financement du projet serait assuré par une taxe Carbone "raisonnable" de 0.5 cents par kWh au travers d’un Grand Plan Solaire. C’est la Russie! (Traduisez en vieux français du vingtième siècle par "c’est l’Amérique!")

Aluminium: Rusal voudrait conforter sa présence en Chine
Rusal, le numéro UN mondial de l’Aluminium, avec une production de près de 4 millions de tonnes de métal de première fusion par an, soit 12% de la production mondiale, possède une très faible implantation en Chine. Il dispose d’une usine de 15000 tonnes par an dans le Shangxi qui lui fournit ses cathodes de Carbone. Rusal voudrait dans un premier temps doubler ses productions de cathodes. Mais le gouvernement chinois désire moderniser son outil de production d’Aluminium énergivore et polluant (émanations du Fluor de la cryolite) en arrêtant les usines les moins efficaces et en introduisant de nouvelles unités de production plus modernes. Les statistiques de production chinoises d’Aluminium semblent parfois incertaines, mais il n’y a pas qu’elles. La Chine produirait 30% de l’Aluminium primaire mondial, soit entre 11 et 12 millions de tonnes, mais elle serait tout de même importatrice nette d’Aluminium. L’Aluminium recyclé chinois représenterait près de 3 millions de tonnes, ce qui est peu par rapport aux ratios mondiaux qui estiment la part de l’Aluminium recyclé à un tiers des consommations. La seule question: Rusal est-il le partenaire idéal pour moderniser l’outil de production chinois? Dans tous les cas, la France ne peut rien faire dans ce domaine, Sainte-Claire Deville et Héroult sont morts, quand à Péchiney, il fut dilapidé par quelques polytechniciens naïfs, comme notre cursus scolaire en produit malheureusement beaucoup trop.
Stockage adiabatique de l’énergie, un problème ardu
L‘intermittence ou l’imprévisibilité des énergies solaires et éoliennes pose cruellement le problème du stockage de l’énergie. La seule réelle application industrielle existante est le pompage d’eau vers l’amont, en heures creuses, dans les usines hydroélectriques. Le stockage de chaleur par des sels fondus fait également l’objet de quelques essais industriels en Espagne dans les centrales solaires thermiques. Le stockage électrochimique est rapidement éliminé par les rendements massiques très faibles des composés électrochimiquement actifs et la complexité des batteries. Le stockage chimique est peut-être une voie possible mais d’une grande complexité industrielle aux rendements peu attrayants. Une autre possibilité consisterait à stocker de l’air sous très haute pression dans des cavernes souterraines comme les mines de sel. Mais se pose le problème du rendement, l’air s’échauffant durant sa compression, cette chaleur et celle des compresseurs doit être récupérée pour être restituée au gaz lors de sa détente. On parle alors de TACAS (Thermal and Compressed Air Storage).RWE Power et General electric viennent de signer un MOU (Memorandum of Understanding) pour le développement et la validation d’une technologie de stockage d’air appelée "Advanced Adiabatic Compressed Air Energy Storage" ou AA-CAES. Une étude devrait être terminée en 2008 et une usine de démonstration devait être opérationnelle en 2012. Bien sûr plus la quantité d’énergie stockée dans des conditions adiabatiques, c’est à dire isolées de l’extérieur, sera grande et plus la pression de l’air et la quantité de chaleur stockée seront importantes. Afin d’éviter les pertes entropiques proportionnelles à Q/T il faut donc travailler à très haute température (500°C à 700°C ?), avec des compresseurs de longue durée de vie résistant à ces températures extrêmes. Le savoir faire de GE sera le bienvenu dans ce projet passionnant.