Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Le pétrole papier est toujours une couverture privilégiée vis à vis d’une baisse du dollar

    Les cours du pétrole, malgré une conjoncture internationale agitée par de vifs conflits au proche-orient (Syrie voisine d’Israël), restent pour l’instant relativement modérés. Ce calme momentané (qui ne saurait durer) est à créditer à la faiblesse de l’euro qui confère au dollar un statut de monnaie de refuge et attire vers lui les liquidités du moment aux dépens des cours pétroliers. Mais cet état d’équilibre précaire n’enlève rien au rôle majeur du pétrole, refuge financier apprécié de par sa taille et sa liquidité, en cas de dévaluation du dollar. Il y a belle lurette que les cours du pétrole n’obéissent plus à l’offre et à la demande mondiale, mais que des règles plus complexes, relevant des équations  de la théorie des jeux, agissent sur les points d’équilibres de ses cours régionaux.

    Il est possible d’illustrer ce propos à l’aide des variations des cours du Brent (Benchmark des prix mondiaux du moment) durant ces dernières heures.(FIG. issues de l’ICE)

    Une déclaration du patron de la BCE énonçant sa volonté de tenir à bouts de bras l’euro à tout prix fait immédiatement baisser le dollar (dont l’USDX, panier de monnaies contre dollar coté sur l’ICE à Londres) et transférer les liquidités vers le pétrole papier. Phénomène de balance synchrone bien des fois observé qui illustre le rôle financier du marché du pétrole.

    Un affaiblissement du dollar entraîne mécaniquement et de façon instantanée une revalorisation des cours du pétrole mondial. Les difficultés actuelles d’une Europe divisée, affermissant le dollar, participent à la stabilisation des cours du Brent. Le jour ou l’Europe ira mieux, le Brent rejoindra les 120 $/baril. Le jour où l’État d’Israël excédé par les curés chiites iraniens, lancera un offensive pétaradante sur les usines d’enrichissement d’Uranium 255 iraniennes, les cours du Brent franchiront alors allègrement les 150 dollars le baril et plus si affinités.

    Bien des scénarios de valorisation du pétrole sont possibles et des acteurs rationnels ne peuvent s’empêcher de jouer par anticipation ces éventuels emballements sur un marché très sensible… pour juste après les élections américaines.

    Il faudra alors à la France, quels que soient les affinités politiques de ceux qui la dirigent, alors fortement abaisser ses importations de gaz naturel et de pétrole. L’absurdité et l’inefficacité des soi-disant solutions écologiques du moment apparaîtront alors au grand jour.

    A suivre!

    Le 26 Juillet 2012

  • Un pôle batterie pour véhicule électrique en France? Pourquoi pas, mais la tâche sera difficile.

    Renault-Nissan, déçu par les difficultés rencontrées lors de sa collaboration dans les batteries avec son partenaire japonais NEC (bien connu par ailleurs, mais apprenti dans le business des batteries au Lithium) a décidé de changer de partenaire en optant comme nouveau fournisseur des batteries de ses futurs véhicules, pour le coréen LG Chemical qui exerce déjà ses talents dans les batteries avec les constructeurs coréens mais aussi avec les prestigieux General Motors et autre Ford. LG annonce publiquement qu’il va signer avec Renault et le CEA pour installer en France une unité de production d’accumulateurs et de batteries pour véhicules électriques. L’affiche est superbe avec tout ce beau monde branché. Le Coréen apporte sa technologie, le CEA la science pour les futures générations et éventuellement des fonds publics, Renault apporte un business potentiel…mais dans un ménage à trois le monde sait depuis Rome et plus récemment depuis Faydeau qu’il y a toujours un cocu. La tâche sera complexe tout simplement parce qu’il faut être beaucoup plus de trois pour faire une batterie opérationnelle et à un prix abordable. Pour réussir dans cette aventure il faut un pôle de compétence complexe ou cluster comprenant de nombreux sous-traitants en chimie, en synthèse de matériaux aux granulométries optimisées, en liants et autres matériaux conducteurs, en séparateurs, électrolytes organiques, boitiers et divers systèmes de sécurité et de contrôle. Ces sous-traitants n’existent que s’il y a un Marché actif…qui pour l’instant est essentiellement en Asie. Les volumes consommés par les laboratoires du CEA semblent un peu courts pour pouvoir supporter une telle organisation locale.

    LG va apporter ses recettes, les plans des équipements et ses tours de main. Mais qui va être capable en Europe de développer rapidement des matériaux lithiés complexes et optimisés? Il faudra plusieurs années ou plusieurs lustres de travail acharné pour rendre un tel cluster opérationnel. En attendant l’unité se fournira chèrement en Asie pour construire une batterie hors de prix. Le Bonus écologique en soutien, risque alors d’être un peu court.

    Mais l’essentiel n’est-il pas de participer à l’aventure de la traction électrique, même si cela doit coûter quelques milliards d’euros aux contribuables? Mieux vaut être prévenu.

    LIRE le communiqué de Renault sur le sujet.

    Le 28 Juillet 2012

     

  • Les émissions mondiales de CO2 ne sont pas sous contrôle

    Il y aurait pénurie de ressources énergétiques selon les uns, le monde évoluerait vers la fournaise carbonique selon les autres…que doit-on en penser? Mais où se trouve le juste milieu, loin de ces jeux de manches médiatiques qui attirent le gogo effrayé par tous ces malheurs qui l’accablent et dont il ne perçoit pas lui même toute la gravité et l’imminence de la punition. Une pénurie qui permet de brûler à tout-va d’immenses ressources énergétiques n’en est pas une. C’est une gabegie qui se soldera par des prix dissuasifs qui atteindront les économies les plus imprévoyantes. Mais regardons de plus près le marqueur imparable de ces orgies énergétiques: les rejets mondiaux de CO2. L’Agence Néerlandaise de l’environnement (pbl.nl) fait le point tous les ans sur les rejets de CO2 par nations ou par grandes zones économiques. Elle vient de publier les données relatives à l’an 2011 qui s’affichent dans la continuité de celles de 2010.

    Emissions 2011

    Avec près de 34 milliards de tonnes de CO2 rejetées dans le monde en 2011, ce record s’inscrit dans la lignée des records précédents. 2010 avait enregistré une croissance annuelle des émissions mondiales de CO2 de 700 millions de tonnes, tirées vers le haut de plus d’un milliard de tonnes par les rejets de l’Asie et autres pays en développement. En 2011 la croissance mondiale de ces émissions s’affiche à 900 millions de tonnes, tirée par le milliard de tonnes de progression des pays en développement (FIG., courbe rouge). Les efforts pénibles et onéreux de maîtrise des rejets réalisés par les pays développés (FIG., courbe verte) sont noyés par la croissance des émissions essentiellement asiatiques (Chine: +800 millions de tonnes, Inde: +110 millions de tonnes).

    Il y a là de toute évidence un jeu de dupes qui sera arbitré par les prix. La montée inéluctable des prix des ressources primaires d’énergie fossile (pétrole, charbon, gaz naturel) va peser sur la balance commerciale des pays les plus dépensiers en énergie importée et donc sur leur économie et mécaniquement sur leur endettement.

    L’Europe et donc la France, plutôt que de compter chichement leurs émissions de CO2, feraient mieux de réfléchir à leur indépendance énergétique et à leurs sources d’approvisionnement en énergie. Aujourd’hui ce sont les produits pétroliers et le gaz naturel qui plombent la balance commerciale de notre pays. Je n’ai pas encore perçu de mouvement politique de fond qui viendrait s’attaquer à ce problème majeur. Au contraire la Ministre de l’énergie vient de réaffirmer haut et fort son hostilité à la fracturation hydraulique et donc aux gaz de schistes. Y aurait-il un peu trop d’inertie ou de viscosité dans les processus de prises de décisions de ceux qui nous dirigent? May be.

    A la veille d’un possible (ou probable) conflit israélo-iranien, les positions dogmato-écologiques de nos dirigeants devant les problèmes énergétiques, ne peuvent que nous inquiéter.

    ACCEDER aux données de PBL.NL ou au tableau excel

    Le 22 Juillet 2012

  • Et si la transition énergétique allemande se réfugiait tout simplement dans l’exploitation des gaz de schistes?

    Devant le fiasco de la transition énergétique allemande, tout le monde s'anime outre-Rhin. On ne va tout de même pas dépendre pieds et poings liés du cousin Russe et de son comparse Gazprom pour l'approvisionnement en énergie. Alors peu à peu une option semble se dégager; et si l'Allemagne exploitait mieux ses réserves de gaz de schistes (schiefergas). Le BRG ou Institut Fédéral pour les Géosciences et les Ressources Naturelles de Hanovre, le BRGM allemand, vient de publier une vaste étude sur les ressources de schiefergas allemand. Elles sont importantes et semblent osciller, pour le gaz en place, autour des 13 milliards de m3 (FIG.I) dont il serait possible d'en extraire autour des 10% ou peut-être plus, compte tenu des techniques de fracturation existantes.

    Allemagne- gaz de schistes

    Parmi les grands pays européens, outre la Pologne qui politiquement veut atteindre son indépendance énergétique vis à vis de la Russie, c'est certainement la Grande-Bretagne qui affiche le plus grand pragmatisme sur ce sujet. La Royal Society et la Royal Academy for Engineering viennent de publier un manuel intitulé "Shale gas extraction in UK" de bonnes manières raisonnables d'exploitation des gaz de schistes.

    Soyez sûrs braves gens, la révolution énergétique américaine va faire des adeptes et les braves couillons de français, as usual, arriveront maris après la bataille! Une consolation : nos bonnes réserves de gaz ne s'évaporeront pas d'ici là.

    LIRE un papier allemand sur le sujet ou accéder à l'étude du BRG. LIRE le poulet de la Royal Academy sur les règles de l'art.

    Le 21 Juillet 2012

  • Le recyclage des petro-dollars dans le football français est une chance pour notre pays

    Tout citoyen aussi médiocre qu'il soit en économie, tout comme je le suis, peut comprendre que si les 6 milliards d'euros qui quittent la France tous les mois pour acheter diverses énergies primaires (pétrole, gaz naturel, charbon) étaient recyclés par des achats de produits finis à notre pays, l'impact de cette facture énergétique sur notre économie serait négligeable, sinon positive. Malheureusement, les ventes de services et de produits de luxe aux élites de ces pays, les fournitures d'armement aux pays querelleurs du Proche et Moyen-Orient ne suffisent plus à combler ce déficit structurel de nos échanges extérieurs. Heureusement, afin de laisser ces flots de dollars en dehors du circuit économique de leur pays exportateur de pétrole, les fonds souverains sont des outils financiers qui permettent de recycler ces pétro-dollars dans les pays consommateurs d'énergie. Nos dirigeants français, plutôt que de pousser des cris de vierges effarouchées, devant la taille des honoraires versés à certains joueurs de football parisiens, devraient se réjouir et s'efforcer de montrer au bon peuple la face positive de la médaille. Bien sûr tout cela ne collerait pas tout à fait avec l'austérité bérégovienne du moment et l'imposition des heures supplémentaires des bons ouvriers ou employés compétents auxquels on demande de travailler plus pour honorer les commandes dans les délais prévus…quelle honte! Inacceptable! Mais c'est tout de même du bon recyclage de dollars bienvenus.

    PIB-Pétrole-Yanagisawa-2012
    C'est pourtant l'intensité énergétique de l'économie observée et le dynamisme de ce recyclage qui déterminent la sensibilité de cette économie à la monté des cours du pétrole. Pour chiffrer cet impact il faut lire les résultats des travaux de Akira Yanagisawa qui montrent (FIG.) que les États-Unis producteurs de pétrole et l'UE (Allemagne) exportatrice vers les pays pétroliers sont estimés par l'auteur peu sensibles à la montée des cours du pétrole avec un impact sur le PIB de -0,2% pour 10$ de plus par baril, alors que l'Inde, la Chine et la Corée seraient beaucoup sensibles à cette variation des cours (-0,7% pour 10$ de plus par baril).

    Dans l'hypothèse d'un éventuel conflit entre Israël et l'Iran, joué en ce moment par les acteurs du marché du pétrole, une montée subite des cours du pétrole de 30$/baril aurait donc un impact très négatif en Asie et moindre aux États-Unis qui importent peu de pétrole du Moyen-Orient. Ceci rend d'autant plus probable un éventuel conflit après les élections présidentielles aux U.S.A. La Commission Européenne sera ravie, les émissions de CO2 vont alors décroitre brutalement en Europe.

    Pour ne pas mourir idiot et sortir des thèses rudimentaires évoquant une pénurie mondiale de pétrole, LIRE absolument les papiers d'Akira Yanagisawa sur le site de l'IEEJ.

    Remarque: dans le cas de la France il est possible d'estimer que pour une facture énergétique globale de 67 milliards d'euros, se dirigeant  gaillardement vers les 72 milliards d'euros, la partie indexée sur les cours du pétrole (pétrole, produits pétroliers et 1/3 des importations de gaz naturel) représente dans les 60 milliards d'euros soit 3% du PIB. Un accroissement du prix du pétrole de 10$ par baril, soit d'environ de 10%, se traduirait par une croissance de la facture énergétique de 6 milliards environ soit 0,3% du PIB. Dans l'échelle de Yanagisawa cela implique un recul du PIB pour un pays peu exportateur vers les pays producteurs de pétrole autour des 0,4%. La facture énergétique de notre pays risque de devenir très rapidement insupportable, il va bien falloir s'en occuper un jour et regarder, entre autres, s'il existe des gaz de schistes exploitables dignement dans notre sous-sol. Je ne vois pas pourquoi ceci ne serait pas explicable, même aux Verts les plus intransigeants du Gardarem lou Larzac!

    Le 20 Juillet 2012.

     

  • L’alimentation des centrales à flamme aux Etats-Unis: un très bon exemple de substituabilité compétitive des sources d’énergies

    Le mix énergétique des nations évolue au cours du temps. Bien fort celui qui peut prédire quantitativement cette évolution qui va dépendre des prix, des contraintes administratives et fiscales portant sur les externalités (nuisances), de la disponibilité locale de chacune des ressources d’énergie, de choix politiques tels ceux régissant la part électronucléaire admissible du moment, de la simplicité  et de la flexibilité de mise en œuvre de telle ou telle solution, de la rentabilité globale du choix. Les technologies permettent de substituer pour une application donnée à peu près toutes les sources d’énergie, c’est la rentabilité et la simplicité du choix qui va essentiellement déterminer la solution retenue pour telle ou telle application. Le concept très important de substituabilité compétitive qui détermine les choix énergétiques des industriels et de leurs clients doit être pris en compte dans toute évaluation prospective des consommations énergétiques, sous peine de raconter des fadaises.  Dans le cadre des transports, les combustibles liquides abondants et énergétiquement compacts (à forte énergie volumique) sont les plus appréciés aujourd’hui, mais de nombreux constructeurs dans le monde préparent une offre de  propulsion des navires et des poids lourds utilisant du gaz naturel liquéfié ou conditionné sous diverses formes denses encore à définir. Dès à présent de  nombreux  bus dans nos villes consomment quotidiennement du gaz comprimé, demain, les prix des batteries baissant et celui des carburants liquides augmentant, il deviendra « branché » de se mouvoir en ville en véhicule électrique. L’ Asie et l’Europe fortement urbanisées  seront alors probablement à l’avant-garde de cette révolution.

    Une autre évolution probable sera assurée par la montée en puissance des biocarburants, sponsorisée par l’accroissement des prix des produits pétroliers. Il est possible d’imaginer que les plus sophistiqués parce que les plus rentables, tel le bio-kérosène,  prendront une place déterminante dans l’approvisionnement en énergie, du transport aérien dans ce cas.

    Dans le cas d’applications fixes (non embarquées) le choix de la source d’énergie est généralement beaucoup plus aisé et c’est alors les prix de la ressource et de ses externalités qui deviennent rapidement déterminants. Un exemple nous est fourni par l’EIA qui vient de publier un papier sur la part relative des sources d’énergies utilisées dans les centrales à flamme aux États-Unis depuis 1950 (FIG.).

    FIG.: part relative du charbon, du gaz naturel et du pétrole dans l’alimentation des centrales à flamme aux Etats-Unis depuis 1950 (EIA)

    On y voit la part du pétrole (courbe rouge) sous l’impact des prix de la ressource décroitre vers zéro entre 1980 et 2012. Quand à la part du charbon elle a abandonné  les sommets des années 80 et 90, laissant la place au gaz naturel abondant et peu onéreux (courbe bleue) depuis l’exploitation récente des gaz de schistes et la mise en œuvre de centrales au gaz performantes.

    Nul n’aurait prévu il y a dix ans une évolution aussi rapide du mix énergétique dans les centrales à flamme américaines. Un tel chamboulement en quelques décennies ne peut de nos jours, que rendre modeste quiconque voulant jouer les Nostradamus de l’énergie, exercice très à la mode.

    ACCEDER au papier de l’EIA sur le sujet.

    Le 17 Juillet 2012

  • CRE: la rente des énergies renouvelables devrait atteindre les 7,5 milliards d’euros en 2020

     Les dépenses des uns sont les recettes des autres, aux frais de collectes près. Mécanisme de redistribution de l’État Providence élevé au rang de quasi-religion dans la France d'aujourd'hui. l'État nous protège (en partie) de la maladie au travers de la Sécurité Sociale non gratuite mais obligatoire, il nous protège aussi de l'étouffement par le gaz carbonique au moyen de la CSPE qui majore insidieusement notre facture d'électricité, impôt sur la consommation qui permet de payer une rente aux investisseurs dans les énergies renouvelables. La Commission de Régulation de l’Énergie a pour mission, entre autres, d'évaluer le montant prévisionnel de cette taxe assise sur notre facture d'électricité. C'est ce qu'elle a publié en 2011 sur la base des décisions prises par le gouvernement précédent pour 2012 et de façon prospective pour 2020. Il ressort de cette étude que le surcoût des énergies renouvelables, hors retard de prélèvements, devrait atteindre les 2,2 milliards d'euros en 2012 pour croître jusqu'à 7,5 milliards d'euros en 2020, soit dans à peine 8 ans.

    La facture prévisionnelle pour 2020 se compose par rapport à un tarif de l'électricité estimé autour des 66 euros/MWh (base 54 euros/MWh en 2013 majoré par la suite de 3% par an) d'un surcoût de 2,5 milliards pour l'éolien offshore et de 2 milliards pour le photovoltaïque pour les postes les plus marquants(TAB.).

    TAB.I: estimation pour 2020 des surcoûts des énergies renouvelables par la CRE

    CRE-facture 2020

     Le MWh issu des modules photovoltaïques sera payé 340 euros (multiplication par 5), celui provenant des futures éoliennes offshore à construire nous reviendrait à 218 euros (x 3,3). Quand au MWh issu de l'éolien terrestre son coût à 97 euros ne serait majoré d'après ces calculs que de 46%, c'est donné, par rapport à un coût de base de 66 euros.

    Croyez-moi, braves gens, il faudra bien un jour, bien avant 2020, se poser la question de la pertinence de ces choix et de leurs prix pour la collectivité! Heureusement la très chère déroute allemande avérée dans sa soi-disant transition énergétique va peut-être vacciner le restant de l'Europe de ces inepties qui veulent transformer la ressource intermittente locale d'électricité en énergie de base pour l'ensemble du territoire. Plaque de cuivre européenne, batteries de stockage multiformes, captages et enfouissements à fonds perdus du CO2, taxes écolos sur les avions chinois venant nous voir… sont des blablas bruxellois à éviter absolument de prendre au sérieux. Les nababs de nos administrations européennes feraient bien de quitter leur petit nuage et d'atterrir sur ce vieux territoire qui s'appauvrit et se délabre.

    LIRE la publication de la CRE sur le sujet.

    Le 14 Juillet 2012

  • Alcoa: il manque encore près de 100 kilogrammes d’aluminium par voiture

    Aluminium-automobile

     J'ai appris à conduire, il y a bien longtemps de cela, sur une Dyna Panhard des années 60, merveilleuse et capricieuse petite voiture aux allures de "Coccinelle" et aux performances remarquables (quand elle n'était pas en panne)… construite en Aluminium. Les constructeurs automobiles sont depuis revenus à la ferraille de base (ou presque), plus lourde, aisément soudable et surtout moins onéreuse. Je voudrais ici vous présenter un graphique tiré de la présentation d'Alcoa du deuxième trimestre de cette année qui nous indique que chaque voiture emporte aujourd'hui 343 livres (156 kg) de composants en aluminium (radiateur, jantes, moteurs, capot). En 2025 grâce à la démocratisation des structures en Aluminium, cette même voiture type devrait embarquer en moyenne 550 livres (250 kg) d'aluminium.

    L'histoire de l'allègement des véhicules sera peut-être un peu plus complexe en raison de la concurrence face à l'aluminium de possibles structures en fibres de carbone imprégnées qui devraient entrer à leur tour dans les véhicules routiers de haut de gamme…allemands, bien sûr, pour commencer. Alu, plastiques armés ou composites voilà un exemple de ce qui va permettre de faire progresser encore et encore l'efficacité énergétique de nos véhicules et réduire ainsi leurs consommations en carburants ou mieux encore d'accroitre l'autonomie des véhicules électriques qui sera un point clé pour le Marketing de cette classe de véhicules. Il faut imaginer un avenir passionnant durant les décennies à venir quand aux performances énergétiques des véhicules routiers. La sobriété énergétique prendra le pas sur les pare-buffles chromés et les moteurs V6…certains s'en lamentent déjà et nous menacent du peak-oil…les pauvres!

    CONSULTER la présentation d'Alcoa en activant le lien "2Q12 Analyst Presentation (PDF)"

     

  • Relations entre consommation de pétrole et cycles économiques. Qui de l’oeuf ou de la poule?

    Relations entre consommation de pétrole et cycles économiques. Qui de l’oeuf ou de la poule?

    L’expérience montre qu’il existe chronologiquement une relation entre les variations annuelles du PIB mondial et les consommations globales de pétrole (LIRE le chapitre:Ce lien énergie-économie est encore plus vrai pour le pétrole). Certains au-lieu de parler de consommations, parlent directement de productions de pétrole en introduisant de ce fait un a-priori qui affirme qu’il y aurait  pénurie de pétrole ce que les marchés n’indiquent pas, à ma connaissance. S’il y avait pénurie de pétrole dans le monde il apparaitrait aussitôt un Marché Noir qui permettrait aux Nations les plus riches ou les plus puissantes de s’approvisionner alors que les Nations les plus pauvres seraient soumises à des quotas ou des allocations réduites. Aujourd’hui, en Europe, la Grèce sûrement rencontre quelques difficultés d’approvisionnement, mais expédier un cargo de brut vers la Grèce comporte à ce jour un risque financier que certains ne veulent pas prendre, ce n’est pas un indicateur de pénurie de pétrole mais plutôt de manque de confiance commerciale. Le marché européen du Brent beaucoup plus sensible aux branquignolesques comportements des pays du Proche et Moyen-Orient et beaucoup plus débridé sur la Place de Londres que ne l’est le WTI coté à NEW YORK et échangé à Cushing, Oklahoma, largement alimenté par le pétrole canadien et les condensats de gaz de schistes, pourrait être assimilé au Marché Noir du pétrole du moment. Mais il existe une limite: le cours du baril de Brent ne peut pas durablement excéder celui de l’essence dans le Golfe du Mexique, sous peine de voir affluer en Europe les tankers de produits raffinés chargés aux USA et moins onéreux que le brut local. Le spread entre Brent et WTI varie entre 10 et 15$/baril tout en se maintenant au-dessous de la marge de raffinage de l’essence américaine. C’est donc un marché capé par la disponibilité de produits raffinés américains qui s’exportent bien, merci!

    Il n’y a pas pénurie physique de pétrole en raison de prix élevés du baril qui ont largement dopé les investissements d’exploration depuis près d’une décennie. Si l’on en croit les études prospectives cohérentes de l’IHS, de l’AIE et la récente étude de Leonardo Maugeri du Belfer Center. Selon ce dernier et si les prix attractifs persistent, les accroissements de capacités de productions prévisibles de l’Irak, des USA, du Brésil et du Canada porteraient le potentiel d’extraction global de 93 millions de barils/jour en 2011 à plus de 110 millions de barils/jour en 2020. Ceci correspond à une croissance du potentiel d’extraction de pétrole de 8 millions de barils/jour et de celle de récupération des condensats de gaz conventionnels ou non de 9,6 millions de barils/jour. Selon ces études il n’y aurait pas de pénurie de pétrole dans le monde durant les deux décennies à venir.

    La relation entre variation de la consommation de pétrole et variation du PIB mondial peut dont s’exprimer sous deux formes.

    -L’une triviale et pleine de bon-sens: « la consommation de pétrole dans le monde varie avec les cycles économiques ». Elle est forte en haut de cycle, et beaucoup plus faible en bas de cycle. Cette consommation est plus ou moins contrainte par les cours du brut du moment. La forte baisse des consommations de liquides des pays OCDE entre 2005 et 2010 (FIG.I) illustre ce phénomène. Et pourtant les pays riches de l »OCDE n’ont jamais manqué de pétrole durant ces années là.

    Conso-liquides-OCDE

    -L’autre formulation ou la variable et la fonction sont alors interverties est à mon sens beaucoup plus tirée par les cheveux. Elle consiste à avancer comme le font certains penseurs français que les cycles économiques sont déterminés par les productions de pétrole du moment. Formidable jump dans l’approche économique qui n’établit pas, à ce jour, de lien clair entre les cours du pétrole et la santé économique des Nations en raison du recyclage des pétrodollars par les fonds souverains, des achats d’armement et des dépenses des élites des monarchies pétrolières en produits et services de luxe. Il y aurait, selon cette thèse, une pénurie physique de pétrole qui ralentirait les transformations et les échanges au sein de l’économie mondiale. Mais alors comment expliquer la croissance continue des consommations de liquides des pays NON OCDE (FIG.II). Y aurait-il dans ces thèses du rationnement mondial une part de balivernes? De catastrophisme mondain? Peut-être un mélange de ces deux ingrédients…pour éblouir et faire payer le gogo médusé. Forme élaborée de la pénurie déclarée, mais ne reposant sur aucun fait établi.

    Conso-liquides-NON-OCDE

    Pour essayer d’analyser sainement la relation entre économie et consommation d’énergie il apparaît comme nécessaire de faire la part entre les économies développées et celles en voie de développement Chine, Inde, Autres pays asiatiques qui assurent leur développement en consommant beaucoup d’énergie essentiellement à base de charbon extrait localement ou importé, forme disponible la moins onéreuse de l’énergie primaire dans ces régions. Les pays NON OCDE voient leur consommation de produits pétroliers et autres biocarburants croitre linéairement de 1,4 million de barils/jour depuis 2003 (FIG.II). Drôle de pénurie! Pour les pays de l’OCDE qui rassemblent la plupart des pays développés, les acteurs économiques font tout pour se mithridatiser contre le poison des variations brutales des prix de l’énergie, grâce à des actions rentables de progrès dans l’efficacité énergétique des processus industriels, de logistiques et de distribution. Il faut imaginer des entreprises de plus en plus résilientes aux prix de l’énergie, celles n’agissant pas dans ce sens étant condamnées à disparaitre au profit de leurs concurrentes des pays en voie de développement (ex. la production primaire d’aluminium, de plus en plus présente en Chine et disparaissant d’une Europe à l’énergie électrique rationnée et plombée par l’absence de politique énergétique cohérente de ce continent). Ces transferts de productions décidés par des raisons économiques, se font bien-sûr aux dépens de l’efficacité énergétique globale de la production d’aluminium qui consomme 4% au moins de la production d’électricité mondiale.

    Pour imaginer sur ces problèmes un futur à moyen-terme, les projections au-delà de 2030 n’ayant que peu de sens car elles ignorent les innovations technologiques de rupture et les découvertes de ressources à venir, il faut imaginer les pays grands consommateurs et gaspilleurs d’énergie rejoindre un mouvement plus vertueux fait d’économies et de mesure sous l’influence du seul paramètre du premier ordre: le PRIX DE L’ÉNERGIE, externalités comprises. Ce mouvement se dessine en ce moment aux États-Unis sous l’impact des deux paramètres majeurs que sont la montée des cours des produits raffinés plus chers que ceux du BRENT à Londres et la disponibilité de gaz de schistes peu onéreux qui peu à peu remplacent le charbon. Demain, la Chine et l’Inde devront restreindre leurs importations de charbon devenu trop onéreux, elles optimiseront alors à leur tour l’efficacité énergétique des processus qui les concernent. Leurs productions locales de gaz non conventionnels participeront à ce phénomène prévisible.

    La relation entre cycles économiques et consommation d’énergie sera bien sûr toujours vraie mais de façon beaucoup plus amortie grâce aux gains d’efficacité et de diversification réalisés sous la contrainte économique des prix des énergies primaires. L’innovation favorisant les processus de substituabilité compétitive des sources d’énergies sera de plus en plus active et déterminante dans le succès économique des entreprises.

     

  • A 1789 milliards, la dette publique de la France progresse de 131 milliards par an

    A 1789 milliards, la dette publique de la France progresse de 131 milliards par an

    Dette France

    Les trois derniers trimestres de 2011 auraient pu faire illusion (FIG., courbe rouge), mais les données sur la dette publique des Administrations publiées par l'INSEE relatives au premier trimestre 2012 remettent les valeurs sur leur tendance longue qui affiche depuis 2007 une croissance de cette dette de 131 milliards par an.

    A noter que le déficit cumulé de la Sécu, bien souvent commenté en mal, à 237 milliards d'euros ne représente que 13,2% des 1789 milliards de la dette au sens de Maastricht.

    Remarque: ces données sont à comparer avec un PIB cumulé sur les 4 derniers trimestres de 2004 milliards d'euros et en croissance en euros courants de 2,59% (FIG., courbe noire).

    Pour être supportable (ou durable comme vous voulez) la croissance de la dette de nos administrations devrait revenir vers les 50 milliards d'euros par an…pour l'instant sa croissance est "indurable" (ou insupportable, formulation tout de même plus audible).

    ACCEDER aux données excel de l'INSEE sur le sujet