Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Changement de ton autour du nucléaire allemand

    Changement de ton autour du nucléaire allemand

    Dix1915

    Le parti de Mme Merkel dit enfin tout haut ce qu’il pensait tout bas. L’accord "au centre" de sortie du nucléaire à du plomb dans l’aile.

    De plus les sondages réalisés auprès de la population allemande montrent une évolution des mentalités. Voici les deux extraits les plus marquants de ce revirement à 180°.

    C’est pour quand le futur accord de développement d’une nouvelle centrale nucléaire entre Aréva, Siemens et E-On? Quelques années, pas plus. La realpolitik prend le dessus.

    – Le conseil économique du parti conservateur allemand (CDU) a présenté, au nom de la protection climatique, un "papier de position" en faveur de l’allongement de la durée de vie des centrales nucléaires en Allemagne. Ce document a été écrit en réaction contre les revendications, jugées trop timides, de la fraction conservatrice du Bundestag en matière de politiques énergétique et climatique.
    Plus ferme, le conseil exige, lui, de porter rapidement la durée de fonctionnement des centrales à 60 ans, qui est une durée visée dans d’autres pays nucléarisés. Selon Kurt Lauk, président du conseil économique du CDU : "En conservant le nucléaire, l’Allemagne pourrait produire au moins 50% de son électricité sans émettre de CO2". Il propose par ailleurs d’utiliser les bénéfices économiques permis par la prolongation revendiquée, d’une part pour faire baisser les prix de l’électricité pour le consommateur, d’autre part pour financer la recherche et le développement des différentes formes d’énergie non carbonées.

    De nombreux représentants du CDU sont d’ardents défenseurs du nucléaire civil en Allemagne : le discours actuellement tenu est qu’une prolongation de la durée de vie des réacteurs (en général à 40 ans, contre une moyenne de 32 ans d’après l’accord de sortie du nucléaire), permettrait de gagner du temps pour le développement des énergies renouvelables.

    – Les premiers résultats d’un sondage d’opinion sur la question de la prolongation de la durée de fonctionnement des centrales nucléaires en Allemagne ont été divulgués le 8 octobre 2007 par le quotidien allemand Tagesspiegel. 48% des personnes interrogées se disent favorables à une prolongation, contre 44% d’opinions défavorables.

  • La Pologne a perdu son stock stratégique de pétrole

    La Pologne a perdu son stock stratégique de pétrole

              Hydranga

    D’après le Quotidien de Varsovie Dziennik, le raffineur local, PKN Orlen, ne peut plus accéder à deux millions de tonnes de pétroles enfouies dans des réservoirs souterrains, anciennes mines de sel de Solino au centre de la Pologne.

              En effet, un test d’utilisation de ces réserves stratégiques, réalisé en Janvier dernier, lors des fermetures intempestives des robinets par l’administration russe, s’est avéré improductif.

              Au dernière nouvelles la pression interne du stock serait trop faible pour faire remonter le précieux liquides. Le site qui a coûté très cher, aurait été aménagé de façon incorrecte,  affirme l’équivalent de la Cour des Comptes locale.

  • Un casse-tête pétrolier: les variations hebdomadaires de stocks U.S.

    Un casse-tête pétrolier: les variations hebdomadaires de stocks U.S.

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           La prévision des  variations de stocks hebdomadaires en produits pétroliers aux U.S.A. est un jeu complexe, répandu et risqué. Les soi-disant « experts » qui pratiquent cet exercice se trompent régulièrement et d’amplitude et de signe. L’agence Bloomberg fait une médiane de plusieurs dizaines de pronostics et bien sûr elle a « tout faux » de façon très régulière, au point qu’il est possible de s’interroger, sur les raisons de sa constance dans cet exercice. En effet l’enjeu économique d’une bonne prévision est évident, pour ceux qui jouent à terme sur les « future » au Nymex.

                Alors, voyons pourquoi ce sport cérébral est-il si complexe ?

                Tout d’abord il y a plusieurs produits : les principaux sont le pétrole brut, l’essence et le fuel-gasoil (« distillates »). L’essence est importante à suivre l’été, les « distillates » l’hiver.

                Le bilan des stocks est la résultante des consommations, des productions et des importations.             

                Examinons tout d’abord l’équation globale. La consommation US en produits pétroliers est de l’ordre de  21 millions de barils par jour (25% de la consommation mondiale), sa production en liquides est voisine de 7 mbl/j (5,2 d’extraction de pétrole brut et 1,8 de condensats obtenus lors de l’extraction de gaz naturel) auxquels il faut ajouter les 0,4 mbl/j de fuel-éthanol, ses importations atteignent 13.6mbl/j. Près des deux tiers de la consommation américaine sont importés. Les produits proviennent de toutes les parties du monde, mais le principal fournisseur est le Canada. Le bilan est donc globalement équilibré, mais les variations hebdomadaires des consommations et surtout des importations sont très fortes. Plus ou moins 0,7 mbl/j pour la plage de variation des premières et plus ou moins 1 mbl/j pour celle des importations. Comme il faut multiplier par 7 pour obtenir les variations hebdomadaires de stocks, on observe régulièrement des variations de stocks supérieures à 5,5 mbl qui est la valeur de l’écart type des variations de stocks hebdomadaires, depuis le début de l’année.

                Prenons l’exemple de la semaine dernière. Les consommations ont été soutenues à 21 mbl/j, mais les importations de brut et de produits raffinés ont été importantes à 14,2 mbl/j (10,4 de brut et 3,8 de produits raffinés) auxquels il faut rajouter les 7,4 mbl/j de productions autochtones. Le bilan est positif de 0,6mbl/j soit un gain de stocks de 4 mbl en 7 jours.

                Pour prévoir les variations de produits bruts ou raffinés individuels il faut introduire un nouveau paramètre, tout aussi aléatoire : la production du raffinage local. Les raffineries US sont vétustes, parfois peu maintenues, souvent arrêtées par des incidents et handicapées par des spécifications de produits qui varient d’une saison à l’autre, sinon d’un Etat à l’autre. Lorsqu’elles fonctionnent mal les stocks de brut, peu consommés, augmentent. Dans le cas inverse se sont les valeurs de stocks de produits raffinés qui croissent. La plage de variation de brut traité est de 15,5 ± 0,8  mbl/j. La prévision des variations hebdomadaires de chacun des produits, devient alors un exercice de haute école.

                En conclusion la prévision détaillée des variations de stocks hebdomadaires US est un exercice tellement complexe, en raison de multiples paramètres de consommation, de production et d’importation, qu’il ne faut surtout pas croire aux anticipations des experts en la matière et plutôt, se fier à son intuition du moment. Exemple : les professionnels, malgré la cherté du pétrole brut, reconstituent, en ce moment, les stocks en prévision de l’hiver. Les prix aux USA sont très attractifs pour tous les exportateurs mondiaux de brut ou de produits intermédiaires et raffinés.

  • Les déboires de l’éthanol américain

    Les déboires de l’éthanol américain

      Par Raymond Bonnaterre

               Image001 Les discussions écologiques de salons ne remplacent pas la dure réalité économique des marchés. Prenons l’exemple de l’éthanol américain pour illustrer ce propos.

                

                L’administration Bush, incapable d’élaborer un plan cohérent d’économie et de diversification des sources d’énergie, a trouvé un « truc » politiquement correct : subventionner la production locale d’éthanol à partir de maïs.

                 C’était à la fois un bon plan pour l’électorat, plutôt Républicain, du Middle-west, et d’autre part, une belle aubaine pour les industriels et les financiers.

                 Avec la connaissance du projet d’arrêt de l’utilisation du MTBE (Methyl tertiobutyl éther), trop polluant car difficilement biodégradable et abandonné en Avril 2006, les usines de fermentation et de distillation d’éthanol se sont mises à  pousser comme des champignons.

                De 56 en 2001, leur nombre est passé à 132 en 2007 et 79 de plus seraient en construction d’après «  l’American Coalition for Ethanol ». Un vrai Eldorado.

                 D’après le Department of Energy, les productions de « fuel ethanol » ont été multipliées par plus quatre en sept ans (FIG. I) en passant de 100kbl/d en Août 2000 à 421 mbl/d en Juillet 2007. Les capacités installées de production aux U.S.A. sont de 447000 barils par jour, celles en construction seraient de 373000 barils par jourUs_fue1_3.

              Mais voilà, même les rêves américains peuvent, eux aussi, parfois, mal tourner. Le cours du boisseau de maïs, encouragé par la demande, s’est apprécié, passant de 2.5$ en 2006 à une fourchette de prix comprise entre  3.25$ et 4.25$ cette année .

           Mais durant cette même période, les prix du « fuel éthanol » se sont écroulés, passant de près de 2.5$/gallon à fin 2006 à 1.5$/gallon aujourd’hui. Formidable effet de ciseau pour les bouilleurs de cru locaux.

                Alors, c’est la crise financière. Les plus faibles vont déposer le bilan et se faire absorber par les gros, les projets d’augmentation de production vont être repoussés ou annulés. Les experts boursiers prévoient des achats à bon compte, par le numéro un du secteur, Archer Daniels Midland, de ses concurrents beaucoup plus petits. En effet, l’industrie pétrolière US ne se bouscule pas pour mélanger de l’éthanol à l’essence, la logistique fait défaut, l’éthanol corrode les pipe-lines. Les hommes politiques du Congrès pourraient intervenir, mais la montée impopulaire des cours du maïs et des prix des produits de consommation courante liés à ceux du maïs, les rend très prudents.

                Bien sûr tout cela reviendra, un jour, dans l’ordre, mais on voit là, les écueils d’une approche interventionniste étatique maladroite. Elle a poussé, à force de subventions, à produire à tout va un alcool complexe à mettre en œuvre, sans vérifier que l’aval était prêt à absorber le surcroît de production. De plus, la subite demande à fait grimper les cours de la matière première, le maïs, rendant ainsi la production d’alcool non profitable et hautement impopulaire aux USA.

                Une consolation : les cours de l’éthanol sont maintenant inférieurs à ceux de l’essence, ce qui devrait stimuler son utilisation et la résolution des problèmes de logistique.

                Le produit idéal, comme ersatz de l’essence, reste à définir. Mais on peut déjà mentionner dans son cahier des charges qu’il devrait être économiquement compétitif sans subventions, produit à partir de produits cellulosiques non alimentaires et être moins polaire que l’éthanol pour pouvoir être incorporé à l’essence au départ des pipe-lines, ce qui simplifierait les problèmes de logistiques et de mise en œuvre, l’éthanol devant être mélangé à l’essence juste avant sa distribution au détail. Certains, comme D. Ramey et Shang-Tian dans l’Ohio, travaillent dans ce sens sur la biosynthèse du butanol. BP et  DuPont ont également un projet pilote de synthèse de  biobutanol. Mais c’est une autre histoire, on en reparlera.