Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Pourquoi les cours du pétrole sont-ils déterminés par les nombreuses pétaudières politiques du moment

    Pourquoi les cours du pétrole sont-ils déterminés par les nombreuses pétaudières politiques du moment

    Certains, de moins en moins nombreux, croient encore que les cours du pétrole sont essentiellement déterminés par l’offre et la demande. C’est le cas de l’INSEE par exemple. D’autres marqués par la folle spéculation de 2008, sont persuadés que ce sont les grands acteurs du marché qui par des achats à terme, des stratégies de couverture vis à vis du dollar, la disponibilité de grandes quantités de liquidités créées par les politiques keynésiennes anglo-saxonnes, déterminent et synchronisent de larges cycles de hausse et de baisse des cours. Mais au-dessus de ces paramètres purement économiques il serait erroné d’oublier la composante politique mondiale qui dans ses phases exacerbées, peut rendre caduques toutes les prévisions économiques, même les plus perspicaces. Or de larges réserves de pétrole dans le monde sont aux mains de régimes politiques douteux et parfois très affaiblis. Le Moyen-Orient aux populations souvent fanatisées (Yémen, Syrie, Iran, Irak, Émirats et Royaumes), l’Afrique du Nord aux dictatures chancelantes (Égypte, Soudan, Libye, Tunisie, Algérie), l’Afrique de l’Ouest instable (Nigeria), la Russie au leader contesté, le Venezuela au leader malade….voici quelques exemples de pays qui représentent pas loin de la moitié des productions du pétrole mondiales, à la santé politique menacée et dont les régimes peuvent faire appel à des solutions radicales internes ou externes pour survivre. Depuis près d’un an avec le soi-disant « printemps arabe » les cours du pétrole sont de plus en plus déterminés par les évènements issus des pétaudières africaines ou moyen-orientales. Cet impact peut être quantifié par la différence entre des cours de la centaine de barils de Brent et ceux de la tonne de cuivre qui historiquement faible, s’est subitement accrue depuis le printemps 2010 pour dépasser les 4000 euros aujourd’hui.

    Les cours du Brent après un maximum à 126 dollars atteint à fin Avril 2011 (FIG., courbe rouge) déterminés par la faiblesse du dollar et les événements en Afrique du Nord ont ensuite oscillé autour des 110 dollars jusqu’au début 2012. Depuis sous la menace d’une intervention israélienne musclée en Iran et donc probablement en Syrie et au Liban, on assiste à un essor des cours du pétrole qui se dirigent vers les 100 euros le baril de Brent.

    Cours-Brent-euro

    Élaborer un diagnostic sur l’évolution à venir des cours du pétrole est un exercice généralement périlleux. Aujourd’hui il apparaît de façon assez limpide que la composante géostratégique va maintenir durablement les cours du Brent à des niveaux très élevés.

    Il faut être bien piètre planificateur, aveuglé par le baratin écolo, pour ne pas avoir lancé un grand plan d’action pour réduire le plus possible la dépendance énergétique au pétrole de l’Europe et de la France. Nos dirigeants vont faire les Guignols dans la raffinerie française de Petroplus condamnée plutôt que d’élaborer avec la profession et les syndicats un plan urgent de rationalisation et de modernisation de l’outil de raffinage français, axé sur la production maximum de gasoil aux dépens de fonds de barils sans valeur.

    Le 25 Février 2012

  • La consommation énergétique chinoise en 2011 a connu une solide croissance, merci!

    La consommation énergétique chinoise en 2011 a connu une solide croissance, merci!

     La consommation d'énergie en Chine aurait crû en 2011 de 7% environ, valeur record après celle de 2007 qui avait affiché une croissance de 7,8% nous dit Bloomberg. Cette performance est obtenue avec une forte augmentation des consommations de charbon de 9,7% qui représentent 70% du bilan énergétique chinois.

     Ces valeurs permettent de prévoir que les émissions de CO2 non agricoles de la Chine estimées à près de 9 milliards de tonnes en 2010, devraient se rapprocher des 10 milliards de tonnes en 2011.

     Nul doute que la croissance des émissions asiatiques de CO2 supportées par la Chine, l'Inde, le Japon et autres Tigres locaux vont poursuivre leur croissance. Cette croissance prévisible autour d'un milliard de tonnes des émissions de gaz carbonique en 2011 s'inscrit dans la tendance décennale des émissions de cette région (FIG., courbe rouge).

    Pbl.nl emissions 2010

     Cette inexorable progression rend assez ridicules les efforts très onéreux de certains pays européens, de plus en plus rares, destinés à maîtriser leurs émissions de GHG par des techniques souvent non compétitives. La politique bruxelloise de l'énergie basée sur un seul paramètre, les émissions de CO2, n'a aucun sens. La compétitivité et surtout l'indépendance énergétique risquent rapidement de devenir des paramètres de premier ordre.

    LIRE le communiqué de Bloomberg

    Le 23 Février 2012

  • Combien vaut le pétrole in situ en Mer du Nord?

     Dans le cadre de la gestion de ses actifs, Total vient de céder les deux-tiers des participations qu'il détient en Mer du Nord britannique et pour lesquelles il n'est pas opérateur. Centrica nous apprend qu'il a acheté à Total 22 millions de barils de réserves 2P (prouvées et probables) à 36% de gaz et 64% de pétrole pour la modique somme de 388 millions de dollars. Ceci représente donc un prix moyen de 17.6 $/baril.

     En respectant un ratio prix du gaz/ prix du pétrole de l'ordre de 1 sur 2 (60$ le boe pour le gaz et 120$ pour le baril de pétrole) il est possible d'estimer grossièrement le prix du gaz in situ autour des 10 dollars/boe et celui du pétrole à 22$/baril. De tels prix appliqués à la totalité des seules réserves prouvées de Total permet de valoriser la pétrolière autour des 180 milliards de dollars alors que sa capitalisation boursière n'est aujourd'hui que de 131 milliards de dollars. Ce calcul simple montre combien les acteurs de marché renâclent à donner le juste prix aux groupes pétroliers… en attendant un hypothétique repli des cours du pétrole?

     Soyez certains que le "Grand Merdier" du Moyen-Orient – Afrique du Nord (MENA) maintiendra pour des lustres les cours du pétrole à des prix élevés, sinon très élevés. Ne s'en sortiront à-peu-près que les États qui ont anticipé et désensibilisé leurs économies aux cours du pétrole… ce que ne fait pas assez activement notre pays précautionneux par exemple. Il a peur à ce jour de la fission atomique, des gaz de schistes et des biocarburants!!…demain il en fera ses Dimanches.

    LIRE le communiqué de Centrica.

    Le 22 Février 2012

  • Qui va payer les dettes cumulées et les subventions annuelles espagnoles aux énergies renouvelables?

     L'Espagne premier producteur européen d'électricité d'origine éolienne ou solaire en 2010 (50 TWh) fait ses comptes. Ils sont mauvais: un déficit cumulé de subventions aux énergies renouvelables et au charbon local de 24 milliards d'euros, des subventions annuelles de 7 milliards d'euros dont 4 milliards sont déversés chaque année dans le compte de déficit. Bien sûr tout cela est insupportable pour une économie en récession qui implique de réduire la taille du budget de l'Etat.

     Dans un premier temps le nouveau gouvernement espagnol a stoppé tout nouveau projet de développement dans les énergies renouvelables de son pays, mais il reste l'ardoise à régler et le flux annuel des engagements précédents à répartir entre finances publiques, opérateurs électriciens et consommateurs. La facture va être salée.

     Un exemple des méfaits d'une gestion approximative par des équipes incompétentes qui ont sponsorisé sans limite jusqu'en 2008, et fait installer des ressources énergétiques hors des prix du marché…sans prévenir le consommateur par des tarifs adaptés. Un exemple de ce qu'il ne faut pas faire et que le gouvernement français pratique à la petite semaine en renâclant à actualiser la contribution au service public sur la facture EDF (encore à 9 euros/MWh… jusqu'à la prochaine échéance électorale!).

    Note de la CRE: "Les charges de service public d’électricité prévisionnelles pour l’année 2011 son évaluées à 4,8 Md€, dont 3,5 Md€ correspondent aux charges prévisionnelles au titre de 2011 et environ 1,4 Md€ à la régularisation de l’année 2009".

    LIRE le papier de Bloomberg sur le sujet.

    Le 17 Février 2012

  • PIB: l’Allemagne patine, la France en s’endettant poursuit sa lente progression

    PIB: l’Allemagne patine, la France en s’endettant poursuit sa lente progression

     Le PIB annuel de la France à 1996 milliards d'euros à fin 2011 a progressé en euros courants de 64 milliards d'euros en un an (+3,3%). Ce résultat s'explique pour la moitié environ (+1.7%) par une croissance en volume, le restant étant apporté par la hausse des prix, ici fort bienvenue. Rappelons que ce résultat est obtenu, entre autres, par un endettement en croissance annuelle de 114 milliards à la fin du T3 2011. Ceci veut dire que notre endettement profite aussi à d'autres, ceux qui nous vendent du pétrole, du gaz, du charbon et des portables. La France est un client endetté mais prodigue… Pour le personnel! Merci! Les milliards valsent et les prêteurs commencent à se faire du souci… qu'importent leurs angoisses pourvu qu'on ait l'ivresse d'une nation qui se croit toujours riche.

    PIB-France-Allemagne

      De façon qui pourrait paraître paradoxale le PIB de l'Allemagne, plus ouverte au commerce du monde, au quatrième trimestre 2011 patine et apparaît après correction des variations saisonnières (CVS) à 646 milliards d'euros (FIG.), inchangé par rapport à celui du trimestre précédent. Cela conduit tout de même à un PIB annuel CVS de 2567 milliards d'euros en croissance de 95 milliards d'euros (+3.9%) en un an.

      Ces résultats trimestriels réfutent une fois encore les sombres prévisions de certains économistes et illustrent la volonté de survie des acteurs économiques sur le terrain. Il faudra cependant en France, traiter un jour les comptes délabrés de l'Etat par une purge bérégovienne de "socialisme gestionnaire", celle qui ne s'annonce pas mais qui s'imposera inexorablement au lendemain des flonfons de la fête. On attendra alors la "reprise", sorte d'Arlésienne moderne … Anne au ma soeur Anne ne vois-tu rien venir? Pour cela il faudra s'arracher de la torpeur précautionniste du moment.

    Le 15 Février 2012

  • Le rapport Percebois-Mandil « Energies 2050 »

     Il est intéressant de lire les recommandations de ce rapport  d'une grande sagesse. J'ai rajouté en bleu ce qui me semble avoir été formellement omis (réduire en prorité les consommations de pétrole, prospecter puis exploiter les gaz de schistes, développer nos technologies dans la biomasse et les biocarburants) et marqué en rouge ce qui me semble mal venu (handicaper notre pays avec des taxes plus lourdes sur les émissions de CO2, la Commission européenne s'en charge bien assez…il n'est pas la peine d'en rajouter).

    Recommandation n° 1 : faire de la sobriété et de l’efficacité énergétique une grande cause nationale ; lancer des appels à proposition afin de mobiliser la R&D et l’innovation dans ce domaine en privilégiant les secteurs du bâtiment et des transports. Axer les priorités sur la réduction des consommations de produits pétroliers qui ont coûté à la France 50 milliards d'euros en 2011.
    Recommandation n° 2 : pour chaque décision de politique énergétique, évaluer le coût et l’effet sur les finances publiques, sur la balance commerciale, sur les émissions de CO2 et sur l’emploi (à la fois en postes et en qualifications créés), par comparaison avec une décision différente, afin de dégager des priorités.
    Recommandation n° 3 : s’interdire toute fermeture administrative d’une centrale nucléaire qui n’aurait pas été décidée par l’exploitant à la suite des injonctions de l’autorité de sûreté.
    Recommandation n° 4 : s’engager courageusement dans une politique de vérité (c’est-à-dire de hausse) des prix de l’énergie (et des émissions de CO2) , en traitant de façon spécifique et différente le cas de la précarité et celui des industries grosses consommatrices.
    Recommandation n° 5 : prendre l’initiative de proposer à nos principaux partenaires européens un réexamen en profondeur des règles du marché intérieur de l’énergie : celui-ci doit permettre le financement des investissements nécessaires, en particulier ceux permettant d’assurer la pointe à moindre coût, et assurer la cohérence des décisions des acteurs au sein d'une instance européenne ad hoc.
    Recommandation n°6 : envisager une initiative dans le domaine de l’harmonisation internationale des règles et des pratiques de sûreté nucléaire afin de faire converger ces règles et pratiques vers le niveau le plus élevé
    Recommandation n° 7 : maintenir, voire accroître l’effort de recherche (publique) dans le domaine de l’énergie, en coopération internationale et en accordant une priorité absolue aux programmes mis en œuvre conjointement par des laboratoires publics et des entreprises innovantes, grandes ou petites, capables de s’attaquer au marché mondial. Les renouvelables, les biocarburants et le stockage de l’énergie devront recevoir une attention toute particulière. Les ressources en gaz de schistes de notre pays devront être activement évaluées et les modes d'exploitation écologiquement acceptables développés.
    Recommandation n° 8 : ne pas se fixer aujourd’hui d’objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit, mais s’abstenir de compromettre l’avenir et pour cela maintenir une perspective de long terme pour cette industrie en poursuivant le développement de la génération 4. La prolongation de la durée de vie du parc actuel nous paraît donc la solution de moindre regret (sous la condition absolue que cela soit autorisé par l’ASN).

    ACCEDER à ce rapport

    Le 14 Février 2012

  • Le solde du commerce extérieur français: illustration d’un peuple qui consomme et qui n’investit pas

    Le solde du commerce extérieur français: illustration d’un peuple qui consomme et qui n’investit pas

     Le solde du commerce extérieur dans le rouge illustre la propension d'une nation à consommer plutôt qu'à économiser et investir. Le cas de la France avec 85,7 milliards de déficit du solde des échanges matériels, hors équipements et consommables militaires (TAB.), est exemplaire dans son comportement de cigale. Notre pays a consommé net en 2011 pour 2 milliards de charbon, pour 13 milliards de gaz et pour 50 milliards de pétrole et autres produits raffinés. Aucun Politique ne s'est indigné à ce jour de cette gabegie. Seul le poste excédentaire de 2,6 milliards de solde des échanges d'électricité fait débat avec les stupides projets d'arrêt de centrales électronucléaires. Citons également pour être exhaustifs, la toute aussi stupide décision en 2011 de nos élus d'interdire la prospection de gaz non conventionnels sur le territoire. L'idéologie écolo prévaut sur tous les bords de l'éventail politique mais le bon peuple ignore encore qu'il faudra un jour payer la facture de ce précautionnisme paralysant.

    Solde commerce exterieur-2011-12

    Et pourtant, combien seraient utiles:

    – un plan national de réduction radicale des consommations de produits pétroliers, en particulier dans les chaudières industrielles et domestiques

    – un plan d'action de rationalisation et de modernisation de nos raffineries qui produiraient plus de carburants par baril de brut, avec une prime au gasoil grâce à la conversion profonde…au lieu de pinailler sur les émissions de CO2!

    – une incitation majeure dans l'investissement d'unités modernes de productions d'engrais, proches de leurs clients,

    – le passage des poids lourds de 40 à 44 tonnes et donc de leur charge utile de 24 à 28 tonnes,

    – la suppression progressive des bouchons routiers et l'hybridation des véhicules. Imaginez un Périphérique parisien qui ne ferait aucun bruit aux heures de pointes …cohorte de véhicules moteurs arrêtés dans le méga embouteillage biquotidien, seules les radios égraineraient leurs nouvelles lancinantes sur le trafic routier local,

    – un plan de prospection des gaz de schistes avec pour objectif de démarrer leur exploitation rigoureuse dans les dix ans à venir…pas forcément dans les sources de l'Hérault ou sur le Larzac…maquarel! Que d'emplois non subventionnés pourraient être ainsi créés! Et l'eau abondante de la France, arrosée par les nuées atlantiques ou méditerranéennes, serait toujours aussi propre,

    -un plan de développement de biocarburants à base de plants hybrides ad hoc produisant de larges quantités à l'hectare d'amidon, de sucres, de cellulose et ligno-cellulose et transformés par des procédés complexes de valorisation au sein d'usines agricoles. Ces procédés seraient pour partie exportés en Afrique.

    Bien-sûr tout cela ne serait pas forcément écolo-labellisé…mais combien ce serait utile à la bonne santé de notre pays!

    Le 7 Février 2012

  • La bonne tenue de l’emploi américain va-t-il relancer les prix des matières premières?

    La bonne tenue de l’emploi américain va-t-il relancer les prix des matières premières?

     L'emploi non agricole américain tient la route nous affirme le BLS américain. Malgré le caractère hautement folklorique des données mensuelles instantanées publiées, largement modifiées un ou deux mois après, il est possible de relever que l'emploi  non agricole américain progresse depuis un an et demi, de 150 mille unités par mois environ (FIG.).

    Emplois US

     La croissance annuelle (1,8 millions d'emplois) atteignait les 1,4% au mois de Décembre dernier, résultat supérieur à la croissance de la population américaine qui est de 0,9%. Elle conduit de ce fait à une légère baisse du nombre d'Américains sens emploi.

     Effet "aile de papillon", de telles informations sur le marché dominant enflamment les cours des diverses bourses et autres lieux de cotations.

     La comparaison des cours du pétrole avec ceux du Cuivre (FIG.II, courbe rouge) qui illustrent les tensions diverses sur les matières premières, montre la prime géostratégique attribuée aux cours du Brent (courbe verte) sur celui du cuivre. Effet particulièrement marqué à partir du "printemps arabe" et des évènements en Libye, en Egypte, en Syrie et autre Yemen.

    Cours cuivre pétrole

     Phénomène alimenté par de larges liquidités financières existantes, il faut donc pronostiquer pour 2012 une probable remontée des cours de matières premières avec la reprise des activités et des consommations américaines. A cette tendance se superposera l'effet des inquiétudes géostratégiques sur le pétrole qui pèsent dans ce vaste chaudron en ébullition qu'est le Moyen-Orient.

     Les cours du Brent pourraient allègrement repasser au-dessus des 120 dollars le baril. De l'urgence pour notre pays de mettre en place un vaste programme tous azimuths de réduction des consommations de produits pétroliers et de leurs productions locales à moindres coûts.

    Le 4 Février 2012

  • Le Japon poursuit le développement d’exploitation des gisements sous-marins d’ hydrate de méthane

    Le Japon poursuit le développement d’exploitation des gisements sous-marins d’ hydrate de méthane

    Le Japon dispose encore, de façon tout à fait provisoire, de 6 réacteurs nucléaires en activité et devrait voir la totalité des 54 réacteurs dont il dispose arrêtés pour incidents ou maintenance au plus tard au mois de Mai. La reprise des productions de certaines unités aura bien lieu un jour, mais personne ne peut préjuger du cadencement de ces reprises qui dépendront des décisions des autorités des Préfectures locales. Bien sûr une telle situation à l’entrée de l’été est un handicap lourd pour la santé de l’économie japonaise et pour le confort des populations qui vont connaître des délestages « volontaires » aux périodes les plus chaudes et humides de l’année. Pour limiter la pénurie toutes les centrales classiques à flamme du pays vont être mobilisées en brûlant du gaz naturel, du charbon et du pétrole ou autres fuel lourds pour arriver à produire dans les 905 TWh en 2012, très en retraits par rapport aux 942 TWh produits en 2010, avant le tsunami.

    Le Japon rejoint ainsi involontairement la Chine et l’Inde parmi les nations asiatiques les plus consommatrices d’énergie fossile. Compte tenu du parc existant de centrales thermiques, ce sont les importations japonaises de gaz naturel qui vont le plus augmenter pour assurer la jointure, suivies par celles de pétrole puis de charbon. Le Japon est donc appelé à être durablement un des gros consommateurs asiatiques de gaz naturel.

    Outre ses engagements d’achats de gaz en provenance de Russie ou d’Australie, illustré par le développement du gisement d’Ichtys par Inpex et Total, le Japon travaille activement pour les prochaines décennies, à la découverte et à la possible mise en exploitation de gisements d’hydrate de méthane sous les fonds océaniques.

    Fosse de Nankaï  Après une première phase conduite entre 2001 et 2010 de nombreux gisements d’hydrates ont été identifiés. La phase 2 du projet va se concrétiser en 2012 par un essai d’exploitation d’une semaine d’un gisement au large du Japon dans la fosse de Nankaï. Il devrait être suivi en 2014 sur une période plus longue de test. L’objectif du programme est d’avoir défini un mode d’exploitation industriel permanent des hydrates en 2018.

    On lira le précieux papier de l’IEEJ du mois de Janvier pour connaître les problèmes énergétiques du Japon en 2012, cela vous changera des récurrentes approximations et pseudo-vérités de combat proférées par Mme Lepage sur le sujet.

    Le 30 Janvier 2012

  • Le grand défi agricole mondial: nourrir le monde et lui assurer une part de son énergie (suite 2)

    Le grand défi agricole mondial: nourrir le monde et lui assurer une part de son énergie (suite 2)

    Dans la deuxième partie de ce papier ont été montrés les formidables progrès réalisés par le Brésil dans la culture de la canne à sucre durant les précédentes décennies. Le climat, la disponibilité de terres cultivables et la volonté politique de moins dépendre du pétrole sont les trois ingrédients de ce succès en cours d’expansion qui devrait conduire à un futur doublement des récoltes. Cette recette devrait pouvoir être transposée à d’autres États en particulier en Afrique, avec l’aide du Brésil. Il existe dans le développement de ces cultures, associées à des usines agricoles de production d’éthanol, une voie évidente de progrès pour de nombreux pays en développement dans les zones intertropicales.

    D’autres options telles que celles développées par Amyris qui transforme par biotechnologie les sucres en terpènes sont aussi à prendre en compte. Elles conduisent en effet à des produits à fortes valeurs ajoutées tels que médicaments, carburants sophistiqués (kérosène) et autres primaires de polymères. Ces procédés entrent en compétition avec les procédés d’élaboration de carburants de type biodiesel produits à partir d’huiles d’origines végétales. Ces cultures d’oléagineux constituent une voie privilégiée pour accéder à des biocarburants complexes de type kérosène. C’et par exemple le choix du pétrolier finlandais Neste Oil, paradoxalement élu « entreprise la plus irresponsable de l’année » à Davos en 2011 par des membres du lobby vert…sûrement « les plus illuminés de la décennie »!

    III – Les productions d’oléagineux révolutionnées par le palmier à huile:

    La production d’huiles végétales dans le monde tirée par la croissance des populations et du niveau de vie moyen a connu une remarquable expansion durant les 50 dernières années (FIG.I).

    Huiles production

    Les productions évaluées par la FAO autour des 17 millions de tonnes en début des années soixante, ont atteint en 2010, cinquante ans après, les 146 millions de tonnes. Sur la dernière décennie cette croissance des productions mondiales affiche un progression annuelle moyenne de 4,8%.

    Palm-fruit2  Cependant il est fondamental pour analyser et comprendre cette forte croissance d’isoler les productions d’huiles issues du fruit du palmier: l’huile de palme issue de la pulpe jaune du fruit et l’huile de palmiste issue de la chair blanche du noyau de ce fruit (FIG.II). Il ressort alors que sur les dix dernières années les productions d’huiles de palme et de palmiste réunies ont crû au rythme de 7,4% par an alors que celles des autres huiles (courbe verte) ne croissaient que de 3,6% par an, le tout (courbe rouge) conduisant entre 2000 et 2010 à cette progression annuelle des productions d’huiles de 4,8%.

    Ce succès toutes catégories du palmier à huile s’explique par les formidables rendement de fruits à l’hectare. Ils ont dépassé les 21 tonnes à l’hectare en Malaisie en 2010 (FIG.III) pour un rendement moyen mondial de 14 tonnes à l’hectare.

    Palme malaisie rendement

    Tout comme pour le maïs et la canne à sucre à ces progressions des rendements des palmiers à huile se superposent les accroissements de surfaces récoltées. Dans ce cas elles sont tout particulièrement élevées en Indonésie et Malaisie (FIG.IV).

    Palme  surfaces

    La production de biodiesel en 2010 dans le monde qui peut être estimées à 19 millions de tonnes (0,36 Mbarils/jour) occupe encore une place très marginale comme ressource de carburant. Une part de ces productions est assurées par le recyclage d’huiles de friture, l’utilisation de sous-produits de purification des huiles et la récupération de graisses animales. On peut donc estimer le prélèvement d’huile végétale pour la production de biodiesel aux environs des 10 à 12% du total mondial des 143 millions de tonnes d’huiles produites. Selon les projections de l’OCDE et de la FAO les productions de biodiesel dans le monde devraient doubler d’ici à 2020 (6 à 7% de croissance par an).

    IV- Conclusion

    Ces trois exemples de cultures mondiales de maïs, de canne à sucre et de palmier à huile qui doivent à la fois répondre à la demande croissante des besoins alimentaires de l’humanité et à la fourniture d’une partie des besoins énergétiques sous forme de combustibles liquides (bioéthanol et biodiesel) montrent qu’ils ont fait l’objet depuis un demi siècle, de tous les soins du monde agricole. Ces cultures ont présenté de spectaculaires progressions de rendements, indice quantitatif d’une bonne santé des terres cultivées, de la mise en œuvre de pratiques agricoles de plus en plus efficaces et de la sélection d’hybrides de mieux en mieux adaptés aux conditions de cultures locales. L’accroissement des surfaces cultivées supportée par les prix de ces denrées permet une croissance quadratique de leurs productions qui répondent ainsi à la demande.

    Ce mouvement animé par des transferts de technologies des meilleures pratiques existantes et par l »accroissement des surfaces cultivées en Amérique Latine et en Afrique va se poursuivre durant les décennies à venir.

    Il faut donc imaginer un monde ou l’alimentation de ses futurs 9 milliards d’habitants sera globalement satisfaite et ou ses besoins énergétiques seront partiellement assurés par les biocarburants, ersatz du pétrole devenu rare et cher.

    Remarques: je voudrais ici poursuivre la dénonciation de faux débats qui rendent le discours sur les biocarburants totalement inintelligible en énonçant simplement deux évidences.

    Evidence 1: les tonnes de CO2 économisées par l’utilisation des biocarburants sont négligeables par rapport au milliard de tonnes de CO2 supplémentaire relargué chaque année en Asie. Ergoter sur les bilans de CO2 économisés grâce aux biocarburants n’offre aucun intérêt et ne doit pas constituer un paramètre discriminant. Par contre les près de 2 millions de barils par jour de produits pétroliers économisés, ramenés aux 88 millions de barils/jour de dérivés liquides du pétrole et biocarburants consommés, sont eux très importants. Demain les 5 ou 6 millions de barils par jour de biocarburants, avec un doublement tous les 10 ans environ, seront encore plus précieux.

    Evidence 2: A partir du moment où un paysan a décidé de planter une parcelle pour mettre en culture une ressource pour biocarburants le critère du caractère vivrier ou non des plants cultivés n’est pas pertinent. Qu’il plante du maïs ou tout autre plant non comestible va dépendre des rendements qu’il va obtenir sur sa parcelle dans le contexte de son exploitation. S’il remplace le maïs ou la canne à sucre par un autre plant moins productif en amidon ou en sucre il commettra une erreur économique. C’est une des raisons fondamentales de l’échec actuel des biocarburants de deuxième génération qui au travers de bières trop diluées, n’apportent pas des rendements suffisants en sucre ou en alcool. Il est donc à prévoir que les futurs développements se feront à partir de plants hybrides dédiés aux biocarburants qui apporteront le maximum de sucre, d’amidon, de cellulose et hemi-cellulose qui au travers de procédés complexes conduiront à des rendements d’alcool les plus élevés possibles, au travers de bières aux concentrations acceptables énergétiquement.

    Le 27 Janvier 2012