Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Afin de voir disparaître les aides tarifaires, les réductions de coûts dans le photovoltaîque doivent se poursuivre

    Afin de voir disparaître les aides tarifaires, les réductions de coûts dans le photovoltaîque doivent se poursuivre

     Les technologies photovoltaïques qui transforment directement avec de formidables rendements le rayonnement solaire en énergie électrique sont appelées à constituer une large part des ressources énergétiques mondiales dans les décennies et les siècles à venir. Les énergies collectées annuellement à l'hectare de zones désertiques sont d'ores et déjà 20 à 30 fois supérieures aux meilleures récoltes de biomasse des zones largement irriguées. Alors que de vouloir remplacer les énergies fossiles que le monde moderne consomme annuellement par la seule biomasse est une absurdité entropique, il n'est pas utopique de penser qu'un jour une large part de l'électricité consommée dans le monde proviendra de panneaux photovoltaïques des zones désertiques ou semi-désertiques de notre planète.

    Copper Mountain 48MW

    Pour assister à un développement massif de cette ressource il apparaît qu'il faut en premier lieu qu'elle s'affranchisse des subventions tarifaires en atteignant, pays par pays, un prix de revient équivalent à ceux des ressources classiques que sont le gaz ou le charbon, avec une prime pour l'absence de rejets de CO2. C'est la "grid parity" annoncée par les industriels du photovoltaïque. Si nous fixons cette "grid parity" aux environs des 100 dollars aux États-Unis et à 100 euros en Europe par MWh et si nous supposons que le prix de revient hors taxes de l'électricité photovoltaïque est composé essentiellement de l'amortissement de l'installation, il en résulte que le prix objectif d'une installation (comprenant modules, onduleurs, acheminement au réseau, frais financiers et main d'œuvre), conduisant en 10 mille heures (9 ans x 1100 heures/an) à une production de 10 kWh/W ne doit pas excéder un dollar ou un euro par Watt.

     Cet objectif met tout de suite hors jeu un certain nombre de pratiques populaires en France tel que le rétrofit des toits de maisons par des modules solaires. Un tel objectif pour lequel  la main d'œuvre ne doit pas dépasser quelques dixièmes d'euros par watt suppose des installations de modules standardisées sur de grands chantiers de plusieurs dizaines ou centaines de MW (FIG., un chantier de 48 MW en cours de First Solar)

    FirstSolar-cents-par-Watt

     L'atteinte de l'objectif implique également que les réductions de coûts des modules se poursuivent. First Solar et sa technologie en couche mince Cd-Te constitue actuellement le benchmark dans le milieu. Il affirme avoir atteint un prix de revient des modules de 76 $cents au deuxième trimestre 2010  (FIG.) et a pour objectif d'atteindre 52 à 63 $cents par Watt en 2014. Pour atteindre cet objectif  il faut à la fois améliorer le rendement de conversion des modules, accroître leur surface, améliorer les cadences des lignes de production, optimiser les quantités et les prix de matières mises en œuvre lors du processus de production, localiser une large part des productions en Asie. Les objectifs des producteurs chinois sont plus opaques, certains fournisseurs de wafers de silicium rencontrant des difficultés financières. Mais il est évident qu'ils feront tout leur possible, malgré une technologie en silicium cristallin plus complexe, pour rester  dans le business du module économique. Quand aux modules de silicium amorphe en couche mince, le suisse  Oerlikon vient d'annoncer qu'il est capable sur les lignes de production qu'il vend d'atteindre un prix de revient des modules de 50 $cents/Watt pour des modules de 140W à 10% de rendement de conversion.

     Un autre paramètre important est l'onduleur qui transforme le courant continu provenant des modules en courant alternatif compatible avec le réseau. Les prix de vente de ces onduleurs, souvent produits en Allemagne, atteignent entre 0,25 et 0,40 euro par Watt pour une unité typique de 3,3 kW. Pour Photon International le prix des composants Made in Corée de ce type d'onduleur coûtent dans les 0,052 euro. L'étude en conclut qu'il existe de copieuses réductions de prix  à réaliser sur les onduleurs qui sont aujourd'hui 5 à 8 fois plus chers que les composants asiatiques équivalents. La pression sur les prix va handicaper le leader allemand SMA dans le domaine.

     Un autre paramètre important est le coût d'amortissement des investissements dans le transport de l'électricité produite. Bien sûr la proximité entre l'aire de production et la métropole qui consommera cette électricité est un paramètre important. Les pays chauds et secs comme la Californie ou l'Espagne présentent les meilleures conditions pour réduire au strict minimum ce poste, demain les pays autour de la Méditerranée (Égypte, Israël, Maghreb,…) la Chine, l'Inde offriront des sites peu ou raisonnablement éloignés des centres de consommation. De puissantes et lointaines liaisons HVDC reliant l'Allemagne au Maghreb et acheminant une énergie intermittente devront au préalable passer par le crible de la rentabilité des projets. Les États appelés à une gestion plus orthodoxe de leurs ressources seront de moins en moins enclins à financer des projets aux rentabilités douteuses.

    En conclusion, il apparaît impératif pour tout acteur sur ce marché du photovoltaïque économique, à terme non subventionné, de savoir si sa stratégie s'inscrit bien dans ce cadre déterminé par des prix très bas et de gros volumes. Sinon l'autre option sera de rester sur le marché du photovoltaïque haut de gamme subventionné et forcément limité en volumes par des États ou des consommateurs plus ou moins fauchés. 

    LIRE le communiqué d'Oerlikon

    CONSULTER la présentation du T2 de First Solar

    Le 8 Septembre 2010

  • La moindre croissance enregistrée du PIB américain en 2010 cache la croissance de la demande intérieure et de l’investissement

    La moindre croissance enregistrée du PIB américain en 2010 cache la croissance de la demande intérieure et de l’investissement

    Les frémissements des cours des Bourses mondiales en ce début du mois de Septembre illustrent une perception moins négative de la reprise économique aux États-Unis par les acteurs. En effet c'est elle qui toujours donne le "La" aux cours de Bourse et aux prix des commodities dans le monde, en raison de la puissance de la place financière locale. De timides créations d'emplois dans le secteur privé, la claire reprise des échanges commerciaux avec l'extérieur, l'incertitude de l'amorce d'un possible mouvement de déflation en raison du dynamisme de la demande intérieure viennent apporter des arguments en faveur d'un sentiment de reprise. Bien sûr la question rouge se pose maintenant sur la vivacité ou la nonchalance de ce mouvement positif.

    PIB-USA 2009-2010

     Il est une évidence, la demande intérieure américaine croît tirée par les investissements. Pour se convaincre de ce fait il ne faut pas, comme tout vulgaire pékin, se reporter aux variations du PIB qui ont tendance à décroître en 2010, mais il est utile d'analyser cet indicateur débarrassé de l'impact des variations de stock et du solde du commerce extérieur (FIG.). Il est alors aisé de constater que ce qui reste, qui est la demande intérieure (consommation + investissements + dépenses gouvernementales), présente une allure en nette croissance (FIG. courbe rouge). Cette croissance est clairement tirée par la progression des investissements (Courbe rouge pointillée). Elle affiche pour le deuxième trimestre une avancée annualisée par rapport au trimestre précédent de 2,1%.

     La théorie économique nous apprend que de la reprise des investissements progressera la croissance future et augmentera l'emploi à venir. Il est donc simple de diagnostiquer que les USA ont enfin au deuxième trimestre 2010 amorcé leur phase de reprise économique par l'investissement qui ne crée que peu d'emplois et fait provisoirement gonfler les importations. Les effets de cette nouvelle donne ne seront perceptibles que dans plusieurs mois. En attendant Obama doit donner le change aux électeurs américains qui semblent vouloir se reporter sur des valeurs plus traditionnelles…mais c'est une autre histoire.

    CONSULTER les statistiques du BEA sur la contribution des divers postes au PIB américain.

    Remarque: Dans l'eurozone, le même phénomène de reprise des investissements s'est produit au deuxième trimestre. En effet pour une croissance de la demande interne, en valeur annualisée,  par rapport au trimestre précédent de l'ordre de 2,8%, la part de l'investissement (formation brute de capital fixe) intervient pour 1,2 point dans ce total. Elle avait été négative durant les trois trimestres précédents. (VOIR le communiqué Eurostat, TAB.7). Cet indicateur tend à montrer que l'eurozone et les États-Unis seraient, à quelques mois près, globalement en phase dans le processus lent de reprise économique après un choc sans précédent.

    Le 4 Septembre 2010

  • EV: Renault-Nissan aura une capacité d’assemblage de 500 mille batteries par an en 2012

    EV: Renault-Nissan aura une capacité d’assemblage de 500 mille batteries par an en 2012

     Selon le Nikkei Electronics, le Groupe Renault-Nissan disposera à l'horizon 2012 (ou début 2013 en année fiscale japonaise) d'une capacité d'assemblage de 500 mille batteries de 24 kWh. D'ici là, Nissan affirme qu'il présentera une gamme diversifiée de véhicules avec la berline Leaf, un modèle utilitaire, un modèle compact à deux sièges et un modèle sportif. Renault, de son côté devrait développer une gamme assez semblable pour s'adresser dans un premier temps aux cibles évidentes, peu regardantes sur les prix, que sont les notables en mal d'écologie politique, les municipalités verdoyantes aux utilitaires électriques, les urbains compactés-pressés et les minets ou minettes fortunés désirant à tout prix un modèle "Smart & Green". Le marketing écolo va pouvoir jouer de toute la puissance de séduction de ces modèles qui affirmeront une rupture élégante dans le transport urbain.

    FIG. Capacités de production de batteries au sein du Groupe Renault-Nissan à l'horizon fin 2012:

    Renault-Nissan-battery-prod-2012

     De plus la stratégie Marketing du Groupe repose sur une large décentralisation industrielle  puisque ce seront quatre sites, en dehors du Japon, qui seront en charge de l'assemblage des batteries (FIG.). Cette approche à peu de frais permet au Groupe de se faire subventionner par les États les investissements industriels  et d'affirmer que les productions de batteries seront locales. VOIR le papier sur l'usine de Smyrna aux Etats-Unis. Argument imparable en ces périodes d'impérieuse ré-industrialisation des régions à la recherche d'emplois industriels nouveaux.

     Une nouvelle récente venant de La Tribune nous apprend d'autre part que Mitsubishi Motors va décentraliser une partie de l'assemblage batterie à Vigo en Espagne pour les besoins des modèles de Peugeot-Citroën. La stratégie Renault-Nissan fait donc école

     Remarque: dans toutes ces informations il n'est jamais précisé le niveau d'intégration des productions envisagées. Le plus probable à l'horizon 2012 est que seul l'assemblage de batteries, à partir d'éléments d'accumulateurs ou de modules dans le cas de Renault, sera concerné par cette décentralisation. Ceci implique que les accumulateurs individuels qui contiennent 95% du know-how continueront à être produits au Japon. Transférer cet assemblage, au départ largement manuel, hors du Japon constitue de plus une action évidente de réduction de coût de la batterie finale. 

    LIRE l'info sur les tractations espagnoles de PSA-Mitsubishi Motors

    Le 3 Septembre 2010

  • Poet en démarrant le stockage de matière première prépare le lancement pour 2012 de sa première unité de production d’alcool à partir de cellulose du maïs

    Poet en démarrant le stockage de matière première prépare le lancement pour 2012 de sa première unité de production d’alcool à partir de cellulose du maïs

     La production de biocarburants est un sujet plein d'humour. C'est Poet, le premier producteur d'alcool de maïs des États-Unis, procédé tant décrié par les écolos bobos de salons, qui va être le premier à lancer une unité industrielle de production d'alcool à partir de déchets cellulosiques dès 2012, voie plébiscitée par les mêmes écolos. Quelles sont les raisons de cette apparente contradiction? Elles sont très simples.

    1- Poet avec ses usines agricoles est au contact des paysans américains et sait organiser une collecte intelligente de matière première, très dispersée sur le territoire, qui sera finalement constituée de ballots de déchets divers de la culture du maïs (rafles, enveloppes, tiges, feuilles, collectés largement au-dessus du sol) que ce maïs soit destiné à l'alimentation ou à la production d'alcool. Initialement Poet envisageait de n'utiliser que les rafles.

    2- L'investissement industriel dans une usine produisant déjà de l'alcool de maïs est marginal. En effet Poet ajoute une boucle au procédé déjà existant pour le rendre compatible avec deux produits entrants: les grains de maïs d'une part, riches en amidon, et les résidus cellulosiques d'autre part qui nécessitent des traitements enzymatiques plus profonds. Les deux process se rejoignent après la fermentation alcoolique avec des bières très concentrées provenant des graines et beaucoup plus diluées provenant de la voie cellulosique. Des "blends" intelligents conduiront à un "bourbon" dont la distillation sera acceptable économiquement

       Poet-Emmetsburg-2012

    3-L'ensemble des deux process conservera son caractère agricole en raison de la contrainte spatiale de récolte des matières premières, comme le montrent les données de la filière cellulosique de l'usine d'Emmetsburg, Iowa (TAB.). Cette unité ne démarrera qu'en 2012, mais Poet va lancer dès cette année le stockage de matière première, si complexe à rassembler. La collecte en 2012 et au-delà des 300 mille tonnes de biomasse pour alimenter cette usine, nécessitera de mobiliser 300 à 400 exploitations représentant 1200 km2 de cultures de maïs. Le tout pour produire, en complément de la voie classique existante, dans les 1600 barils/jour d'alcool.

     Mille deux cents kilomètres carrés de cultures pour alimenter une unité agricole qui représente le centième d'une raffinerie de pétrole, voici toute la problématique de la biomasse comme matière première énergétique. C'est la raison majeure qui explique le non décollage de ces technologies cellulosiques, énergétiquement trop diluées, incapables d'alimenter de façon opérationnelle une grande usine de transformation en alcool. Poet ironiquement va démontrer qu'en complément du procédé agricole existant, partant des grains de maïs, un complément cellulosique, provenant des récoltes existantes, est économiquement acceptable. Mais pour réaliser cela, il est nécessaire de fréquenter le monde paysan.

     Bien sûr, tous ces procédés cellulosiques n'ont que bien peu de chance d'aboutir de façon significative dans une Europe de l'Ouest surpeuplée et largement exploitée, où ces procédés rentreraient en concurrence avec les marchés existants du bois, de la pâte à papier, de la paille ou d'autres filières. La nécessité de disposer de grands espaces mobilisables pour de nouvelles cultures est évidente.

    LIRE le papier sur le sujet sur DTN

    Le 27 Août 2010

  • Nouveau Mexique: un parking de deux hectares recouvert par plus de 5000 modules photovoltaïques

    Nouveau Mexique: un parking de deux hectares recouvert par plus de 5000 modules photovoltaïques

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    Lieu : Parking du Siège du Groupe Bell à Albuquerque au Nouveau Mexique

    Réalisation: Schott Solar

    Surface totale du parking : deux hectares

    Nombre de modules de 220W : plus de 5000 

    Surface couverte par les modules: 1.685 x 0.993 x 5000 = 8400 m2

    Puissance nominale: 1100 kW (131 W/m2 de module ou 55 W/m2 de parking)

    Énergie électrique annuelle générée: 1600 MWh soit 1450 heures à la puissance nominale.

    Voila un exemple typique de ce qui se fait dans le Sud-Ouest américain, il ne manque plus que les voitures hybrides rechargeables et nous serons enfin entrés dans le vingt-et-unième siècle.

    LIRE le communiqué de Schott.

    Le 26 Août 2010

  • Le fret aérien mondial du mois de Juillet indique le maintien d’un haut niveau d’échanges économiques

    Le fret aérien mondial du mois de Juillet indique le maintien d’un haut niveau d’échanges économiques

     Le monde boursier totalement déprimé a le regard braqué sur le nombril américain de l'immobilier et de l'emploi. Les deux vont mal parce que le consommateur américain en a marre de se faire ruiner par des crédits immobiliers "subprimés" douteux et, à la place, consomme force produits importés que le tissu industriel local n'est plus capable de lui fournir. Tout cela ne veut pas dire que le monde économique ne tourne plus. Il existe un mouvement économique en dehors des États-Unis qui tourne pas trop mal. Même les exportations nippones, malgré un Yen hors de prix, se sont encore accrues au mois de Juillet pour le huitième mois consécutif, informe le Nikkei, tirées par les besoins asiatiques (+23.8% en un an) et américains (+25,9% en un an). Alors cette conviction appuyée également sur les chiffres du commerce allemand, est confirmée par les données du fret du transport aérien qui demeurent d'après l'IATA bien au-dessus des valeurs d'avant crise, celles d'il y a deux ans (FIG.).

    Fret-aerien-asie-monde 

    C'est ainsi que le fret mondial se retrouve à 9% au-dessus de ce qu'il était en Juillet 2008, tiré par le fret asiatique qui lui dépasse celui d'il y a deux ans de 13%. 

    Avec de tels indicateurs avancés, il est difficile d'avaler les prévisions de prédicateurs de triste figure qui nous annoncent la rage, le choléra et le double-dip. Mais il est vrai que les boursiers laminés par les derniers avatars de 2008 et 2009 ont tendance de façon spontanée à broyer du noir.

    LIRE le communiqué de l'IATA qui annonce de bons chiffres en signalant, de façon dubitative, que ça devrait aller beaucoup plus mal d'après les "spécialistes".

    LIRE le communiqué du Nikkei sur les exportations nippones.

    Remarque: le bureau de la statistique allemand, Destatis, nous apprend qu'au cours du premier semestre 2010 le trafic de fret des aéroports allemand avec l'étranger qui s'est élevé à 1,88 millions de tonnes, enregistre une croissance de près de 30% par rapport à celui du premier semestre 2009. Le record, avec la zone Asie, à 857 mille tonnes,  progresse de 40%. Les échanges avec les Amériques viennent ensuite dans la progression, avec un score de 37% (LIRE).

    Le 25 Août 2010

  • Etats-Unis: 58% des énergies primaires consommées en 2009 sont partis en chaleur inutile

    Etats-Unis: 58% des énergies primaires consommées en 2009 sont partis en chaleur inutile

    Le Lawrence Livermore Laboratory vient de publier la flow-chart des consommations internes et des utilisations d'énergie primaire aux États-Unis en 2009. Il ressort clairement de cette publication que le gaspillage constitue toujours la principale ressource potentielle d'économies d'énergie de cette grande nation (FIG.).

    US-Energy-flow-2009
    En effet, outre l'intérêt de cette représentation des diverses formes d'énergies primaires consommées à l'entrée, les rendements énergétiques des phases de transformation en électricité ou d'utilisation sont illustrés. Il ressort que sur une consommation totale de 94,6 quadrillons de BTU (1QBTU = 293 TWh thermiques), 40 QBTU seulement participent à l'activité économique du pays (lignes gris-foncé du diagramme). Les autres 55 QBTU (lignes gris-clair sur le diagramme), représentant 58% du total, sont partis en chaleur lors des processus de conversion et d'utilisation.

    La principale perte provient de la production et de la distribution d'électricité qui avec 26 QBTU de pertes (le quart de la totalité de l'énergie mise en œuvre), affiche un rendement global de 32% énergies éolienne et photovoltaïques comprises. L'autre poste est bien sûr celui des transports qui avec 20 QBTU de pertes affiche un rendement global de 25%. 

    Ces chiffres clés permettent de comprendre pourquoi les progrès trop lents accomplis dans l'amélioration des rendements énergétiques des processus doivent être accélérés. La reconstruction de centrales électriques modernes à cycles combinés, la reconstruction des réseaux de distribution d'électricité, seraient bien plus utiles à cette nation que toutes les éoliennes dont le communiqué s'enorgueillit. Bien sûr cette remarque est aussi vraie pour l'Europe de l'énergie.

    Une consolation les rendements énergétiques dans les transports vont faire de gros progrès avec les véhicules modernes qui vont être proposés par les constructeurs. Une augmentation des prix des carburants à la pompe irait dans le bon sens pour accélérer le phénomène.

    LIRE le communiqué sur ce sujet.

    Le 25 Août 2010

  • Deux ans après l’Espagne, la France limiterait les installations photovoltaïques annuelles à 500MW

    Deux ans après l’Espagne, la France limiterait les installations photovoltaïques annuelles à 500MW

    Anderman-subventionsLe marché français du photovoltaïque était devenu pour les industriels chinois ou américains un des marchés potentiellement juteux de la planète sur lequel il fallait investir. Après l'Allemagne toujours généreuse qui fait la moitié du marché mondial, l'Italie et la France apparaissaient comme deux marchés où il fallait être pour faire du bon business subventionné. L'Espagne était passée hors-jeu en 2008 en limitant drastiquement les puissances installées, après une formidable bulle spéculative mondiale sur ses aides tarifaires. Mais voila la France, dans un climat de recherches d'économies, à son tour confrontée à ce même problème: le postulat d'Anderman. Il n'est plus possible de faire payer par le consommateur d'électricité de très grandes quantités d'énergie d'origine photovoltaïque à des prix 5 à 6 fois supérieurs à ceux des générations thermiques ou nucléaires. Ce qui est possible pour quelques dizaines de MW ne l'est plus pour des milliers de MW (GW). Un GW de modules installé en France dans un bon ensoleillement de 1400 heures par an génèrera 1,4 TWh d'énergie électrique qui sera vendu au réseau dans les 700 millions d'euros (sur la base de 500 euros/MWh). Aucun pays de taille moyenne en phase de restrictions budgétaires ne peut s'offrir les 2 à 3 GW annuels vers lesquels le business du photovoltaïque tend actuellement en France. Alors la mesure la plus radicale décidée n'est pas celle de la réduction des prix tarifaires dont tout le monde parle. Les industriels s'en seraient bien accommodés sans barguigner. Non le coup de massue provient de la volonté de limiter les volumes à 500 MW, ce qu'avait fait l'Espagne en 2008 et qui revient à enterrer le photovoltaïque dans ces pays.

    Le 24 Août 2010


  • Les cours du brut oscillent dans le serpent 70-85$/baril depuis un an maintenant

    Les cours du brut oscillent dans le serpent 70-85$/baril depuis un an maintenant

    Le cœur n'y est plus. En d'autres temps la fuite de pétrole offshore dans le Golfe du Mexique aurait enflammé le NYMEX et les cours du pétrole avec. Les nouvelles de Chine auraient chahuté la place, les peak-oilers annonceraient la fin du pétrole, du gaz, du charbon et les écolos celle des haricots. Mais on le sent bien, le malaise persiste. Les stocks de WTI à Cushing, Oklahoma, sont au plus haut et handicapent le marché. La soi-disant reprise qui n'a plus qu'un impact symbolique sur les consommations de pétrole au sein de l'OCDE, est toujours incertaine. Alors les prix de l'essence à la pompe américaine restent en moyenne inférieurs à 3 dollars/gallon, seuil psychologique important pour le consommateur local. Il reste un peu le blé sur fond de mauvaises récoltes pour animer la spéculation. Dans la foulée, le maïs qui se vend bien, tend à suivre et le fuel éthanol à 1.86 $/gallon lui emboîte le pas. Mais où sont les envolées lyriques d'antan, où les acheteurs de carburants d'Air France KLM achetaient du kérosène hors de prix pour des années. Un vrai casino, où les plus stupides, appelant cette spéculation pure "achats de couverture", passaient pour des Dieux.

    Cours-BRENT-USDX

     Alors les cours du Brent qu'il faut suivre en lieu et place de ceux du WTI, handicapé par la saturation des moyens de stockage, varient depuis des semaines à l'intérieur de ce serpent des 70-85 $/baril, au gré des cours du dollar contre autres monnaies (FIG.). Il a suffit qu'Axel Weber le patron de la Bundesbank, candidat au poste de patron de la BCE, prenne la parole Vendredi, et agace Trichet, pour que l'euro plonge et le Brent avec, au dessous des 75$/baril. Mais ceci reporte plus du type réflexe pavlovien des marchés que de la réflexion profonde. Si cette stabilité est économiquement satisfaisante pour la plupart des acteurs, elle est très déprimante pour les grandes banques d'affaires dont on n'entend plus les aboyeurs "spécialistes" qui annonçaient la hausse prochaine et imminente des cours du brut pour attirer le gogo. Une vraie foire!

    Le 21 Août 2010

  • France, un exemple d’inefficacité: le solde des échanges d’énergie électrique

    France, un exemple d’inefficacité: le solde des échanges d’énergie électrique

     La France pourrait être aujourd'hui un très grand fournisseur d'énergie électrique à ses voisins européens. Sa position centrale en Europe, son avance historique dans le nucléaire, son large parc de centrales hydroélectriques, l'accès facile au GNL par ses façades atlantique et méditerranéenne qui pourrait alimenter un large parc de centrales modernes à cycle combiné, la présence de zones venteuses, une irradiance solaire de bonne qualité dans une large part du sud du pays militent pour que ce pays soit le leader de l'énergie électrique en Europe. Or dans les faits le poids de la France dans le bilan énergétique européen tend à régresser. Pour mesurer cette perte d'influence il suffit de se reporter aux statistiques douanières qui montrent que le solde des échanges d'électricité a fortement plongé ces dernières années (FIG.).

    Electricite-solde-échanges 

     Alors que ce solde était positif de 2,75 milliards d'euros en 2008, il est tombé à 0,67 milliard d'euros en 2009 et atteint sur les 12 derniers mois à fin Juin 2010 le montant de 0,4 milliard. Outre la baisse du solde des échanges mesuré en TWh qui a été globalement divisé par deux entre 2008 et 2009, c'est aussi l'inaptitude du parc français à fournir les appels de puissance qui oblige le régulateur à importer des MWh hors de prix en heures de pointes.

     Bien sûr tout un chacun se penchant sur la génération d'électricité en France sait que le parc nucléaire existant vieillit mal, que l'ancienne Direction d'EDF était plus passionnée par les aventures exotiques en Italie, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis que par la maintenance de son outil de production en France, que pour obtenir une autorisation administrative d'implantation d'une pauvre centrale à gaz naturel il faut pas loin d'une décennie, surtout si cette demande émane d'un concurrent d'EDF. Ne parlons pas de l'éolien dont aucun acteur important en Europe n'est implanté dans l'hexagone. Quand au photovoltaïque, rappelons tout simplement la manie administrative de devoir incorporer les modules au toit des maisons, ce qui accroît le coût de la pose d'un facteur trois ou quatre et rend impossible une standardisation des procédés.

     Alors que peut-on attendre du futur qui pourrait faire remonter ce solde et venir ainsi au secours d'une croissance économique mal en point. Tout d'abord une meilleure efficacité des centrales nucléaires. Les productions électronucléaires ce sont accrues de 9% aux mois de Juin et de Juillet par rapport aux mêmes mois de l'année précédente, annonce RTE. Il n'en fallait pas plus pour voir un solde des échanges progresser sur ces deux derniers mois (FIG.II).

    Electricite-solde-mensuel

     La mise en route, cette année, de la centrale au gaz à cycle combiné de 2X436 MW Emile Huchet à Carling par E-On va sûrement permettre de mieux satisfaire aux appels de pointes. Malgré tout, la France a importé au mois de Juillet 2,3 TWh d'énergie électrique, moitié moins qu'en Juillet 2009.

     C'est malheureusement à peu près tout ce que l'on peut attendre de positif, alors que la date de la mise en route de la prochaine centrale EPR par EDF est repoussée au lointain. Les projets de centrales au gaz d'EDF à Blénod en 2011 et Martigues en 2012 semblent programmés. Quand à ceux de Poweo (Jonquières) ou d'E-On (Hornaing, Lacq) ils ne semblent pas être envisagés pour un futur visible.

     Ce n'est donc pas avec ses productions d'électricité que la balance commerciale de la France qui affiche un déficit de 31 milliards sur le premier semestre 2010, se rétablira dans un avenir proche.

    LIRE le communiqué de RTE pour le mois de Juillet.

    Le 21 Août 2010