Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • 3,4 milliards de dollars de subventions  pour une amorce de modernisation du réseau électrique américain

    3,4 milliards de dollars de subventions pour une amorce de modernisation du réseau électrique américain

     La manne de L’Administration américaine ne cesse de se répendre sur les entreprises. Aujourd’hui, c’est au tour des transporteurs et distributeurs d’énergie électrique d’en profiter, au travers d’une centaine de projets de « Smart Energy Grid » subventionnés à hauteur de 3,2 milliards de dollars. Les aides les plus importantes peuvent atteindre 200 millions de dollars chacune. Ces subventions vont aider des projets mettant en oeuvre des compteurs smart (smart meters) qui permettront au client de s’effacer, en tout ou partie, en heure de pointe ou de revendre un surplus de production photovoltaïque. Ces compteurs sont également relevables à distance ce qui permet au distributeur de faire des gains de productivité et d’analyser en temps réel le comportement de ses clients. La surveillance opérationnelle des réseaux électriques bien souvent défaillante va être également améliorée. Mais il n’y a dans aucun de ces projets la moindre amorce de modernisation massive des réseaux américains, dont la rentabilité serait des plus hypothétiques. Les grandes ambitions et les grands projets du candidat Obama vont finalement se convertir en petites actions régionales d’amélioration de l’existant (FIG.)

    .US-smart-grid 
    Pour connaître le détail des projets retenus, LIRE.

    Le 28 Octobre 2009.

  • BP gère bien ses activités traditionnelles mais patine dans les énergies renouvelables

    BP gère bien ses activités traditionnelles mais patine dans les énergies renouvelables

    Le pétrolier BP assure encore au troisième trimestre un bon niveau de production dans le pétrole et les gaz condensés (liquids) en frôlant depuis trois trimestres consécutifs les 1,7 millions de barils/jour, hors TNK-BP, sa filiale russe (FIG.). Les productions de gaz naturel se sont légèrement repliées, mais l'ensemble gaz et pétrole à 3 millions de barils/jour ressort largement au dessus (+8,7%) des productions d'il y a un an qui avaient été perturbées par les ouragans dans le Golfe du Mexique. L'activité raffinage a également bien performé en volumes durant le trimestre, en particulier aux Etats-Unis, mais les marges se sont fortement dégradées.

    Productions-2006-2009-T3

    Par contre les performances du Pétrolier Vert dans les énergies renouvelables sont beaucoup plus mitigées. Sa puissance éolienne installée à la fin du trimestre à 577 MW ressort en baisse de 100 MW par rapport au trimestre précédent, après la vente de l'activité indienne. Les ventes de modules solaires après avoir connu un niveau très bas à 27MW lors du précédent trimestre se sont redressées à 73 MW pour le troisième trimestre. Cependant l'activité perd encore de l'argent.

    BP Solar a annoncé au cours du mois d'Octobre qu'il avait signé un accord avec Jabil, un sous-traitant polonais pour assurer les productions de modules photovoltaïques à moindre coûts, pour les besoins européens. La capacité de production de Jabil sera de 45MW. Tout cela ressemble, à s'y méprendre, à un repli en biseau programmé de BP de l'activité photovoltaïque.

    Le 27 Octobre 2009 

  • L’accroissement des consommations de pétrole de la Chine ne devrait pas à court terme bouleverser le marché du pétrole

    L’accroissement des consommations de pétrole de la Chine ne devrait pas à court terme bouleverser le marché du pétrole

    Quand j'ai l'outrecuidance d'affirmer qu'à court terme ce ne sont pas les augmentations de consommation de pétrole de la Chine qui vont révolutionner le paysage pétrolier mondial, il se trouve toujours un lecteur attentif et courtois, pour relever le caractère loufoque de cette proposition et me le faire savoir. La Chine a consommé en 2008 dans les 7,85 millions de barils de pétrole par jour, nous informe l'EIA, soit un peu moins de 10% de la consommation mondiale. Cette année la meilleure prévision table sur une consommation de 8,17 millions de barils/jour ce qui représentera 9,8% des près de 84 millions de barils consommés en 2009 dans le monde. Prévoir quelle va être la croissance de la consommation de pétrole de la Chine dans les années à venir semble être un exercice bien complexe. Alors, le mieux est de se référer à une source d'information pétrolière chinoise qui a des chances de mieux connaître le contexte que n'importe quelle officine de prévision. Au mois de Mai de cette année l'Agence Reuters a reporté des prévisions du pétrolier chinois Sinopec qui, se basant sur une consommation en 2008 de 380 millions de tonnes de pétrole, prévoyait pour 2020 une consommation comprise entre 570 et 620 millions de tonnes (FIG.). Partant de la valeur maxi de cette fourchette cela conduit à une croissance moyenne annuelle de 4,2%. Une prévision plus proche et donc plus fiable, à l'horizon 2015 ressort pour Sinopec entre 500 et 530 millions de barils (FIG.), ce qui conduit à une croissance annuelle pour la fourchette haute de 5%.

    Oil-demand-2008-2020 

    La croissance des consommations annuelles chinoises de pétrole devrait donc se situer entre 400 mille et 500 mille barils par jour d'ici à 2015 soit entre 0,5% et 0,6% de la consommation mondiale annuelle. Par exemple, à ce jour, l'EIA prévoit entre 2009 et 2010 une croissance de consommation chinoise de 370 mille barils/jour. A l'horizon 2015 la consommation chinoise de pétrole devrait atteindre 11 millions de barils/jour et se diriger vers 13 millions de barils par jour vers les 2020. Ce chiffre est en accord avec les prévisions de PFC Energy qui voit un peu plus de 12 millions de barils/jour consommés par la Chine en 2020 (FIG.II) avec une croissance déterminée par les transports, la chimie et la production de bitume pour construire le réseau routier de cet immense pays.

    Oil-demand-1990-2030

    En raison d'une baisse programmée des productions autochtones, les importations de pétrole chinoises devraient passer de 4 millions de baril/jour en 2008 à près de 11 millions en 2020. Mais entre temps il est hautement probable que les consommations des pays OCDE auront fortement baissé pour assurer une consommation de pétrole mondiale quasi-stable entre 85 et 90 millions de barils/jour. Une baisse des consommations de pétrole des pays OCDE de 2,5% par an conduira à maintenir les consommations mondiales aux alentours de 85 millions de barils par jour pendant 7 ou 8 ans. Cette baisse sera en phase avec les objectifs de réduction des émissions de GHG (FIG.III), en particulier dans les transports.

    Conso_Mondiale_2009-2020

    Faire des prévisions au delà de 2020 semble bien hypothétique. En effet, d'ici là, la contrainte environnementale aura fortement perturbé la marche des économies dans le monde. En particulier on peut se poser des questions sur les prévisions de croissance de la consommation de charbon chinoise qui, si l'on en croit PFC, augmenteraient de 60 à 70% entre 2010 et 2020 et de 100% entre 2010 et 2030. Extrapoler pour la Chine, à 10 ou 20 ans d'ici, les tendances actuelles conduit à des absurdités environnementales. Il est évident que cette tendance n'est pas soutenable et qu'il faudra bien trouver de gré ou de force, des alternatives énergétiques et un compromis de croissance chinoise et mondiale.

    Le développement des véhicules électriques et des centrales électronucléaires en Chine sont une partie de la solution à trouver. Mais il faudra aussi faire appel massivement au gaz naturel et marginalement aux énergies renouvelables.

    Le 26 Octobre 2009.

  • Nouriel Roubini: un nouveau crash est en cours de formation

    Nouriel Roubini: un nouveau crash est en cours de formation

    Roubini  Nouriel Roubini, Professeur d'économie à la Stern School of Business de l'Université de New York, doit sa célébrité dans le monde de la finance à sa prévision du crash de 2008. Une interview récente le décrit toujours aussi pessimiste sur la formation d'une nouvelle bulle spéculative sur le pétrole et autres commodities. Pour lui après la chute vers les 30$ le baril, les cours du pétrole, sur les signes d'un rétablissement de l'économie, auraient du remonter vers les 50 dollars. Il y a donc aujourd'hui par rapport aux fondamentaux, 30$ de trop dans les cours. Poussé par les acteurs qui empruntent à bon compte du dollar pour spéculer (carry-back) le pétrole risque d'atteindre les 100 $ le baril ce qui, dans le contexte économique très fragile actuel, sera aussi dramatique qu'ont été les 145$ en 2008 dans une économie en croissance. Pour Roubini, ce sont ces prix délirants du pétrole en Juin 2008 qui ont été la principale raison de la crise économique. Outre les taux administrés proches de zéro qui permettent aux institutions financières de trouver le cash à bon compte pour spéculer, Roubini condamne la passivité des régulateurs qui croient aux "laissez faire markets".

    L'analyse de cet économiste distingué est bien sûr fort pertinente. Cependant, dans cette interview, il oublie d'évoquer les mécanismes d'adaptation de l'économie à une ressource énergétique chère. On le voit aujourd'hui dans l'industrie automobile où la sobriété énergétique des nouveaux modèles est devenue le principal argument de vente. Le transport aérien américain a fortement rationnalisé son offre de vols, la consommation de gasoil par les transporteurs routiers s'est elle aussi fortement réduite. L'Amérique brûle moins de pétrole, elle en brûlera moins encore l'an prochain.

    La vraie question est donc quel est le seuil critique des cours du brut au-delà duquel l'économie américaine est en péril? 100$ dit Roubini, par analogie avec 2008. Il n'est pas impossible que ce seuil soit plus élevé maintenant. 

    LIRE l'interview de Roubini

    Le 26 Octobre 2009

  • L’Europe doit se doter de politiques énergétique et environnementale cohérentes

    L’Europe doit se doter de politiques énergétique et environnementale cohérentes

    Carbon-footprint   De façon très pertinente et opportune, à quelques semaines du sommet de Copenhague, Christophe de Margerie, le patron de Total a rappelé en termes fleuris, comme il en a coutume, à nos dirigeants européens cette évidence qu'il était illusoire de vouloir bâtir une politique environnementale sans avoir, au préalable ou en parallèle, échafaudé une politique énergétique (LIRE des extraits du FT). Les deux domaines se recoupent largement et dans cette partie commune, pour des actions menées, seules les unités changent: les MWh ou les TEP d'un côté, les millions de tonnes de CO2 de l'autre. Alors, me direz-vous, pourquoi cette politique si importante est-elle si mal traitée dans le cadre des institutions européennes? Souci d'indépendance nationale, choix divergents sur le nucléaire, alliance germanique baroque avec la Russie, concurrence industrielle entre grands Groupes européens, manque de courage et de compétences de la Commission, choix idéologiques opposant libéraux et colbertistes, il y a sûrement un peu de tout cela pour expliquer la brume énergétique européenne dans laquelle nous sommes. Mais toutes ces raisons pourraient être promptement balayées par une volonté politique de mise en cohérence qui, pour l'instant, n'existe pas. Alors, il est possible de rêver qu'à l'occasion du changement de coalition politique allemand, par la difficulté des discussions environnementales à venir et par souci de tracer des perspectives claires aux industriels européens, une volonté politique de mise en cohérence de l'énergie et de l'environnement arrive à émerger en Europe. Mais quels devraient être les grands axes de cette politique?

    1- L'identification des besoins énergétiques quantitatifs et qualitatifs dans les décennies à venir:

    C'est un point très important pour éviter les contre-sens. Jusque là nous n'avons vu que des courbes stupides représentant des besoins en énergie continument croissants avec le temps. Le CERA vient à peine d'avouer dans une note que les besoins en énergie des pays membres de l'OCDE étaient passés par un maximum en 2005. Or sans être un grand devin, il est possible d'anticiper une baisse globale de la demande en énergie en Europe. Les paramètres déterminants sont les suivants:

    - La baisse de la population active et son corollaire le vieillissement : l'United Nation Population Division prévoit que la population active de l'Europe géographique (hors Russie et Ukraine) baissera de plus de 16% d'ici à 2050. Ceci représente 60 millions d'actifs en moins.

    -La pression environnementale va orienter l'offre produit vers plus d'efficacité énergétique. La bataille marketing est lancée dans le transport routier avec les voitures hybrides et électriques. Elle va se poursuivre dans l'aéronautique, le transport maritime, le rail, les poids lourds. L'offre commerciale dans l'immobilier de façon contrainte ou spontanée va aller dans la même direction.

    -Les normes, taxes et règlements vont orienter les industries et les commerces vers plus d'efficacité énergétique. Les raffineries de pétrole excédentaires seront fermées.

    -Qualitativement il faudra tenir compte de la substituabilité des formes d'énergies avec la montée en puissance de l'électricité dans le transport terrestre (EV) et dans la régulation thermique des habitations équipées de modules photovoltaïques, dans un climat globalement plus chaud.

     C'est bien parce qu'existe une pression environnementale que la consommation d'énergie va baisser en Europe. Les courbes de TEP consommées et d'émissions de CO2 doivent être cohérentes.

    2- Réaliser les choix énergétiques majeurs:

     La volonté de réduire les émissions de GHG obligera l'Europe à définir des teneurs maximales de CO2 décroissantes au cours du temps par MWh d'électricité commercialisé. Une telle obligation entraînera un chamboulement complet des approvisionnements et des échanges de courant électrique. Elle impliquera comme aux Etats-Unis une séparation claire entre producteurs et distributeurs d'énergie électrique.

    – La disparition des centrales électriques au charbon non équipées de CCS est inévitable. En effet les producteurs auront de plus en plus de mal à vendre leur courant pollué. Les centrales les plus vieilles et les plus polluantes devront être définitivement stoppées.

    -L'approvisionnement en gaz naturel de l'Europe devra être complètement repensé. Il repose aujourd'hui essentiellement sur des contrats à long terme avec Gazprom, Sonatrach ou StatoilHydro, à des prix indexés sur les cours du pétrole, avec des clauses de "take-or-pay" qui obligent les clients comme Gaz de France à acheter un volume minimum fixé de gaz naturel quel que soit son prix. Or il existe maintenant un marché spot pour le gaz de la Mer du Nord ou pour les chargements de GNL des méthaniers. Les marchés du pétrole et du gaz devenant complètement décorrélés, ces contrats doivent être rediscutés sinon dénoncés par les pays européens. Malgré ces clauses, Gazprom éprouve beaucoup de mal à écouler son gaz hors de prix. L'Europe largement ouverte sur les mers doit favoriser l'arrivée des chargements de GNL sur son territoire.

    -L'extension de la ressource nucléaire doit être quantifié et planifié sur la base du volontariat de chacune des Nations. La France, la Belgique, la Grande-Bretagne, la Suède, la Finlande plus tard l'Italie veulent maintenir et développer leurs parcs de centrales. Si d'autres ne le désirent pas il faudra qu'ils expliquent leurs solutions pour atteindre leurs objectifs d'émissions de GHG.

    -Le maillage énergétique de l'Europe (réseau électrique, gaz) devra être accéléré.

    Les actions destinées à mettre en musique ces grands choix devront être planifiées et financées. Certaines ne devraient pas poser de problèmes en raison de leur rentabilité, d'autres devront être financées en tout ou partie par les taxes, ou toute autre caution, portant sur les rejets de GHG.

    3- Identifier les grands problèmes techniques et mettre en place des politiques incitatives:

    – Le premier grand problème est le stockage de l'énergie sur lequel l'Europe pourrait devenir un des champions mondiaux. Les batteries de traction embarquées font l'objet de nombreux travaux de la part de l'industrie automobile et de ses fournisseurs de batteries. Là n'est pas le problème majeur, il réside en fait, dans le manque de batteries fixes de plusieurs dizaines de kWh ou de MWh qui devraient servir en tampon des sources renouvelables d'électricité soit au domicile de l'utilisateur soit à la source éolienne ou photovoltaïque centralisée. Le développement des énergies renouvelables nécessite de savoir amortir les fluctuations inévitables de ces ressources. Parmi les possibles candidats les batteries Sodium-Soufre faisant appel à des matériaux abondants et peu onéreux devraient être activement testées. D'autres voies thermiques, chimiques, hydrauliques restent à explorer.

    -Un programme de développement et de validation de réacteurs nucléaires rapides est attendu pour résoudre les problèmes d'approvisionnement en matière fissile. Le problème des déchets pourrait être traité en parallèle. Compte tenu de la lourdeur des programmes, ces sujets pourraient être abordés avec des partenaires japonais comme MHI.

    -Le développement et la validation industrielle de systèmes photovoltaïques décentralisés en relation avec un réseau "smart" est également une des clés de la maîtrise des émissions de GHG par les habitations.

     Dans la mise en place globale d'une politique énergétique et environnementale européenne le point clé repose sur la qualité du dialogue entre les administrations et les industries concernées. Cette politique ne pourra pas se faire contre les industriels. Il faudra que la Puissance Publique fixe les règles du jeu et que les Industries les appliquent de façon rentable. Ceci nécessite un formidable dialogue préalable. Ce qui se fait dans le domaine en Californie est peut-être un modèle possible.

    Le 25 Octobre 2009.

  • Une poursuite de l’affaiblissement du dollar et de la hausse du pétrole plomberait une hypothétique reprise européenne

    Une poursuite de l’affaiblissement du dollar et de la hausse du pétrole plomberait une hypothétique reprise européenne

     Les entrées de commandes dans l'industrie dans la Zone Euro au mois d'Août se sont accrues de 2% titre Eurostat. Pour être totalement objectif il aurait fallu ajouter "et elles sont revenues au niveau de celles d'il y a six ans en arrière" (FIG.I). Piètre performance dans une Europe à l'économie dopée par tous les plans de relance et autres primes à la casse. Dans les faits, les entrées de commandes de la ZE sont en retrait de 28% par rapport à celles enregistrées il y a deux ans, dont 29% pour l'Allemagne et 23% pour la France. Une telle nouvelle ne peut que rendre pessimiste sur les facturations de la fin de l'année.

    Entrées-commandes-indice-2009-08

     Pour 2010 il est déjà connu que l'industrie automobile allemande, à la suite de l'arrêt de la prime à la casse dans son pays, prévoit une année 2010 en fort retrait. De plus, le retard accumulé par cette industrie dans le développement de modèles hybrides ou électriques n'est pas de nature à relancer la demande par une offre produit attractive qui est repoussée à…2012!

     Les nuages sur la reprise attendue de l'économie en Europe sont nombreux. Les plus menaçants sont la baisse continue du taux de change du dollar et son corollaire, la hausse des cours du pétrole.

     Le dollar, comme nous l'indique l'indice USDX coté sur l'ICE à Londres a perdu depuis le mois de Mars 17% de sa valeur (FIG.II) contre un panier de grandes monnaies (Euro, Livre, Yen, Franc Suisse, Couronne Suédoise, etc.). En parallèle les cours du pétrole sont passés de 40 $/baril à 80$/baril (FIG. IV).

    USDX-2009-10

    Cette flambée des prix du brut qui ne repose sur aucune base fondamentale solide, ne résisterait pas à une inversion de la tendance sur le cours du dollar. Mais il faut le reconnaître, les largesses de l'Administration Obama qui creusent les déficits américains et la volonté de la spéculation de faire monter les cours du brut vont, pour l'instant, dans la même direction, à l'encontre du hausse du dollar et d'une baisse du pétrole.
     L'Europe importe chaque mois dans les 50 millions de tonnes de pétrole et de produits pétroliers. La facture énergétique mensuelle, essentiellement en pétrole, depuis le début de l'année a oscillé entre 21 et 25 milliards de dollars (FIG.III), elle va grimper vers les 30 milliards avec un pétrole à 80$/baril. Cette ponction supplémentaire sur l'économie européenne n'est pas de nature à relancer la bête essoufflée.

    EU27-fact-pétrolière-2008-2009

    Quand à la spéculation, elle lance ses soi-disant experts pour essayer de maintenir la pression. Devant une hypothèse, bien improbable, de voir l'OPEP relever ses quotas, on peut écouter Adam Sieminski de la Deutsche Bank, une des Pythies du pétrole, affirmer sans rougir: "Le problème avec l'OPEP c'est que leur appareil de changement des volumes de production ne marche pas toujours…il n'a pas marché en Juillet 2008 parce qu'ils ne pouvaient pas produire plus…le problème maintenant c'est qu'ils ne sont pas "acheteurs" pour produire plus". En clair Sieminski nous ressort l'escroquerie du peak-oil qui avait si bien marché pour lui en 2008. Par ailleurs (LIRE), il prédit l'euro à 1,60 $ et le pétrole à plus de 100 $/baril ("triple-digit level").

    L'autre corde de la spéculation est bien sûr la demande chinoise qui apparaît anormalement élevée ces derniers mois. Mais ont sait que la Chine est en train de constituer des stocks stratégiques qui, vus de l'extérieur, ressemblent à une consommation. Quand à la croissance du parc automobile chinois un calcul simple portant sur 10 millions de véhicules de plus par an, se concrétise par une augmentation maximum de consommation de 200 mille barils par jour. Il n'y a pas de quoi à relancer la spéculation à court terme.

    Ces données permettent de penser qu'en raison de la léthargie économique européenne, il existe une bonne probabilité pour que, d'ici à la fin de l'année, la dégradation du dollar se ralentisse, malgré la défiance des milieux financiers envers l'Administration Obama. De ce fait, la spéculation devrait avoir beaucoup de mal à poursuivre son rallye sur le pétrole vers les 90 ou 100 dollars le baril. Les bateleurs en charge du maintien du climat à la hausse des cours des produits pétroliers, vont avoir de plus en plus de mal à trouver de bons arguments. Mais on a déjà vu le pétrole sans raison poursuivre sa course, canard décapité de la spéculation insatiable (FIG.IV)

    Cours-WTI-2007-2010

    Remarque pour René: la baisse des cours du WTI Vendredi 23 est corrélée à la hausse du dollar sur la séance.

    Cours-WTI-USDX-2009-10-23 

    Le 24 Octobre 2009


     

  • Conseil de l’Europe: 2 tonnes de CO2 équivalents par an et par habitant de la planète en 2050

    Conseil de l’Europe: 2 tonnes de CO2 équivalents par an et par habitant de la planète en 2050

    Moulin-Dupré  Bonne réunion du Conseil de l'Europe du 21 Octobre en préparation aux âpres négociations du Sommet de Copenhague des 7 au 18 Décembre prochain. Partant de la donnée qui fixe que pour ne pas dépasser un réchauffement global de 2°C, il est nécessaire de réduire les émissions de GHG par deux, par rapport à la référence 1990, à l'horizon 2050, les bases de négociations ont été clairement définies lors de cette réunion du Conseil. On peut noter dans les conclusions les points forts suivants:

    – Les Nations développées devront avoir réduit, par rapport à la référence 1990, les émissions de GHG de 25% à 40% en 2020 et de 80% à 95% en 2050. De leur côté les pays en voie de développement devront infléchir leur prévision de croissance des émissions de 15 à 30% à l'horizon 2020.

    – En 2050 les émissions de GHG par habitant ne devront pas dépasser les 2 tonnes de CO2 équivalent. Ceci pour une population estimée à 9,5 milliards d'habitants conduit à des émissions totales de 19 milliards de tonnes equiv. CO2. Pour mémoire et pour le seul dioxyde de carbone, les émissions moyennes en 2008 ont été de 32/6.8 = 4,7 tonnes par habitant. Rajoutez dans les 20 à 30% pour les autres gaz et vous avez la référence 2008 qui doit se situer autour de 6 tonnes par habitant.

    -L'Europe peut s'engager sur un objectif de réduction des émissions de GHG de 30% en 2020 et de 80% à 95% en 2050 mais à la condition que les pays en voie de développement réduisent leurs prévisions d'au moins 30% à l'horizon 2020.

    -Les émissions des transports internationaux doivent être prises en compte de façon autonome, mais les réductions à l'horizon 2020 devront être d'au moins 10% pour le transport aéronautique et de 20% pour le transport maritime, par rapport à leur niveau de 2005.

    -Le "Carbon leakage" (fuites d'activités) d'industries énergie intensives devra être surveillé et faire l'objet d'accords internationaux.

    -Les HFC (hydro fluoro carbonse) devront être intégrés dans l'accord de Copenhague.

    -La déforestation des forêts tropicales devra avoir été réduite de 50% en 2020 et cesser en 2030 au plus tard.

    – Les bourses de cotations de droits d'émissions de carbone (Cap & Trade) devront être reliées entre elles dans les pays développés dés 2015 et étendues à certains pays en développement dés 2020.

     L'ensemble constitue une base solide de discussions, mais le succès ou l'insuccès de Copenhague ne se jouera pas sur les grands chiffres, mais sur les modalités des aides techniques et financières à apporter par les pays développés à ceux en développement comme la Chine, l'Inde ou le Brésil. Le Conseil a bien compris que pour être exigeant il fallait être devant et donner l'exemple. Peut-être verrons-nous un jour poindre une politique énergétique de l'Europe qui nous fait tant défaut et qui doit être à la base de la politique environnementale. De façon fort pertinente de Margerie, le patron de Total, vient de rappeler cette évidence aux dirigeants européens: il ne peut pas y avoir de politique environnementale sans réaliser de choix raisonnés dans le domaine énergétique. Les deux politiques, énergétique et environnementale, doivent être élaborées en cohérence. Et cela devrait être le grand boulot de la Commission Européenne à l'aide d'équipes compétentes (à trouver) qui dialogueraient et élaboreraient des Plans avec les Industriels et les Administrations pour les soumettre au Conseil.

    LIRE dans le détail ces conclusions.

    Le 23 Octobre

  • De moins en moins d’Américains croient en la réalité du réchauffement climatique

    De moins en moins d’Américains croient en la réalité du réchauffement climatique

     Un sondage réalisé au début du mois par l'institut de sondages Pew Research auprès de 1500 américains indique que le réchauffement climatique fait de moins en moins recette dans ce grand pays. Ils étaient il y a un an 71% à affirmer qu'il existe de solides évidences d'un réchauffement climatique, ils ne sont plus que 57% cette année à répondre positivement. Inversement ils étaient 21% il y a un an pour affirmer qu'il n'existe aucune évidence sérieuse, ils sont 33% cette année.

    Une analyse plus détaillée montre que la réponse est politiquement très clivée entre Démocrates et Républicains (FIG.) mais que les deux sensibilités politiques sont touchées par la décroissance des réponses positives à la question posée.

    Climat-Pew-2009-10

    La classe des 18-29 ans avec 64% des réponses positives, en baisse de 10 points par rapport à la réponse d'il y a un an, est à 7 points au dessus de la moyenne.

    Enfin, géographiquement on peut observer de nets clivages entre le Sud Atlantique des Etats-Unis régulièrement touché par les ouragans (66% de réponses positives) ou l'Ouest Pacifique qui connaît de longues périodes de sécheresses (65% de réponses positives) et le Midwest qui après un été pourri ne répond positivement qu'à 48% à la question.

    Une question plus complexe concernant la politique de "Cap & Trade" des émissions de CO2 aux Etats-Unis montre que 55% des américains n'en ont jamais entendu parler. La moitié des américains se déclarent favorables à la mise en place de règles de limitation des émissions de GHG. Ils sont majoritaires dans le Nord Est et le Sud Ouest des Etats-Unis et minoritaires ailleurs. Les personnes diplômées sont majoritairement (59%) favorables à de telles mesures.

    L'intérêt de ce sondage réside dans la mise en évidence de clivages profonds dans la perception du monde par la population américaine. Clivages en fonction de la sensibilité politique, de la région et de l'âge. Il ressort également que la mission de vulgarisation de ces problèmes par l'Administration en place, après la période obscurantiste précédente, est pour l'instant un échec. Est-elle peut-être trop occupée par les querelles et la recherche de compromis avec les élus du Congrès à Washington et pas assez par une opinion publique de toute évidence sous informée?

    LIRE les résultats détaillés de ce sondage

    Le 23 Octobre 2009

  • La future maison énergétiquement neutre de GE sera à 100% électrique

    La future maison énergétiquement neutre de GE sera à 100% électrique

     Imaginer ce que seront les demeures du futur, dans un contexte où le gaspillage énergétique sera devenu une incongruité, est un exercice intellectuel des plus revigorants. Certains, se retournant vers un passé pas si lointain, penseront au bois pour se chauffer, d'autres évoqueront la fermentation anaérobie pour récupérer du biogaz. Mais une approche fonctionnelle globale des besoins d'un foyer, se posant la question de ce que pourra être une solution unifiée, permet rapidement de se convaincre que le vecteur énergétique unique sera l'électricité. A ce titre il est intéressant parmi de multiples projets élaborés dans le monde de commenter l'approche de la maison "net zero energy homes 2015" de General Electric (FIG.).

    GE-net-zero-energy-home

    L'ossature énergétique repose sur des panneaux photovoltaïques avec une puissance installée de 3 ou 4 kW (soit 15 à 20 m2 pour de très bons modules présentant un rendement de conversion de 20%) qui vont produire en année pleine, en zone tempérée, avec une irradiance de 1800 heures, entre 5400 et 7200 kWh d'énergie électrique par an, soit en moyenne un peu moins que 20 kWh par jour. Cette énergie dans la journée va être utilisée directement pour les besoins du foyer (chauffage, air conditionné), ou stockée dans une batterie fixe de quelques kWh ou revendue au réseau en heure de pointe. La maison dispose d'un système nerveux central, le Home Energy Manager (HEM), en charge de l'optimisation des consommations d'énergies et en liaison directe avec le réseau électrique par l'intermédiaire d'un compteur élaboré, le Smart Meter, qui va l'informer de disponibilités de courant pas cher ou d'appels de courant en période de surchauffe. Ce Home Energy Manager va piloter les équipements de tout le foyer tels que les pompes à chaleur géothermiques en charge des températures de chaque pièce, du chauffe eau lui aussi basé sur une pompe à chaleur couplée éventuellement à des panneaux solaires thermiques, l'éclairage à base de LED ou de OLED, ainsi que les divers équipements ménagers électriques ou informatiques du foyer. Les équipes de General Electric annoncent qu'ils présenteront un HEM en 2010.

    Il est évident que l'ensemble du système qui est d'une grande complexité, nécessite des équipements d'une grande fiabilité et de performances énergétiques de très grande efficacité. Une réflexion globale montre l'importance du solaire photovoltaïque dans la gestion des besoins décentralisés d'énergie. C'est lui qui oriente tous les choix. Une politique fiscale incitative pour promouvoir ce genre de solution d'avenir doit tenir compte de l'ensemble des composants. La batterie en tampon par exemple est un élément très important pour assurer la réussite de l'ensemble.

    Dans ce foyer du futur de GE, il manque la (ou les) voiture électrique qui sera également un acteur clé de la recherche de solution. Elle pourra justifier la mise en place d'un ensemble photovoltaïque plus puissant pour permettre de recharger à l'oeil les 10 kWh quotidiens d'énergie électrique nécessaires à sa traction. Il manque également une réflexion sur ce que pourrait être une approche de solution pour un immeuble collectif, mais c'est sûrement aux industriels européens que revient l'obligation de se pencher sérieusement sur le sujet. L'ensemble modules photovoltaïque batterie pourrait alors être plus imposant et faire appel à des technologies de batteries de type Sodium-Soufre par exemple (LIRE) qui mettent en oeuvre des matières premières économiques et quasiment inépuisables.

    ACCEDER au site de GE parlant du sujet.

    Les idées japonaises qui envisagent d'utiliser en partie le courant continu dans l'alimentation en énergie du foyer (LIRE) reportent de la même logique de solution à base de modules photovoltaïques.

    Le 22 Octobre 2009

  • Misubishi Motors après ses citadines purement électriques présente un modèle Plug-in plus imposant

    Misubishi Motors après ses citadines purement électriques présente un modèle Plug-in plus imposant

     Mitsubishi Motors va présenter au Salon de Tokyo la PX-MiEV, véhicule hybride rechargeable au secteur (Plug-in). Ce véhicule plus lourd, plus imposant que les petites citadines e-MiEV purement électriques sera équipé d'une batterie de 10 à 12kWh environ, lui permettant d'assurer quelques dizaines de kilomètres en mode purement électrique, pour ensuite prendre le relai en mode hybride. Ce véhicule entre typiquement dans le créneau des véhicules de prestige pour des autonomies de plusieurs centaines de kilomètres (FIG.). Il correspond aux attentes supposées du marché américain des grandes agglomérations.

     EV-segmentation-mitsu
     

    Voir cette photo du PX-MiEV

    Le 22 Octobre 2009