Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Etats-Unis: la consommation d’énergie fossile a baissé de 8% au premier semestre 2009

    Etats-Unis: la consommation d’énergie fossile a baissé de 8% au premier semestre 2009

     Le gaspillage énergétique nord-américain n'est pas une fatalité. De plus en plus de citoyens américains et canadiens comprennent que leur consommation d'énergies fossiles est insoutenable pour eux mêmes et que leurs émissions de CO2 deviennent insupportables pour le reste du monde. Leur mode de vie au grand air ou dans de gigantesques agglomérations, plutôt que de justifier leur boulimie énergétique, doit au contraire les inciter à être encore plus vigilants et économes dans leurs dépenses en énergie fossile.

     Au cours du premier semestre de cette année la consommation en énergies fossiles des Etats-Unis a baissé de 7,7% par rapport à celle de la même période l'an dernier, nous informe l'Energy Information Administration. Ce sont surtout les consommations de charbon dans la génération électrique, en baisse de 12% qui tirent vers le bas ce résultat. Les consommations de pétrole ont quand à elles baissé de 7%. La bonne tenue des consommations électronucléaires (+1,4%) et la progression de 5% des énergies renouvelables sur le semestre, couplées aux baisses précédentes, modifient assez profondément le mix énergétique américain (FIG.).

    Mix-energetique-US-2008-2009-S1
    La part des énergies renouvelables et du nucléaire passe ainsi de 15,5% en 2008 à 17% en 2009.

     Dans la ressource des énergies renouvelables ce sont la biomasse (bois et biocarburants) et l'électricité hydroélectrique qui se taillent la part du lion (FIG.II). L'électricité d'origine éolienne n'arrivant que loin derrière.

    Mix-energetique-ren-US-2008-2009-S1 

     Ces tendances, amplifiées en période de crise économique, doivent être poursuivies. Pour cela il est possible de distinguer plusieurs paramètres importants qui devraient infléchir les consommations.

    1- Il y a tout d'abord le message de l'Administration américaine qui veut sensibiliser les citoyens sur ces problèmes. Elle peut aussi agir financièrement (ex.: prime à la casse) et règlementairement.

    2- Ce message est relayé par de nombreuses Entreprises qui mesurent le chamboulement en cours. C'est le cas des constructeurs automobiles qui ont fait pivoter de 180° leur communication, en l'axant sur le "Smart & Green".

    3- Puis vient la menace climatique qui, dans le Sud-ouest des Etats-Unis, devient une réalité avec de longues périodes de sècheresse et des incendies.

    4- Il faut également noter l'abondance des ressources gazières américaines qui associées à des prix raisonnables du gaz naturel, devrait peu à peu assurer le déclin de la part du charbon dans la génération d'électricité, au profit de celle du gaz et des énergies renouvelables.

    5- Enfin, la montée en puissance des biocarburants et l'électrification des véhicules devraient peu à peu grignoter une part du gâteau au pétrole dans le domaine des transports.

     L'ensemble de ces raisons ne peuvent qu'inciter à penser que l'American Way of Life n'est pas un label figé et que dans l'avenir, ce grand peuple intelligent saura mener les actions correctrices destinées à la préservation d'un cadre de vie supportable. De plus, il est difficile d'imaginer les pays OCDE demandant des efforts à la Chine ou aux pays du Moyen Orient dans le domaine des émissions de GHG, sans avoir préalablement eux-mêmes donné l'exemple et engagé de profondes réformes.

    Le 4 Octobre 2009.

  • Et si la dernière hausse des cours du brut n’était qu’une simple cuisine de spéculateurs

    Et si la dernière hausse des cours du brut n’était qu’une simple cuisine de spéculateurs

     Les cours du brut WTI à New York, sur un Marché tendanciellement et logiquement baissier depuis le début du mois d'Août, ont gagné 3 dollars par baril cette semaine pour terminer aux alentours des 70 dollars d'équilibre du moment (FIG.). Le Brent plus éloigné du temple de la spéculation qu'est le Nymex, a suivi en renâclant et ne s'est valorisé pour sa part que de deux dollars. Cette hausse ne repose apparemment sur rien. Les chiffres d'accroissement des consommations d'essence aux Etats Unis ne voulant rien dire, en raison d'une base un an auparavant distordue par les ouragans dans le Golfe du Mexique. Le raffermissement du dollar aurait, au contraire, dû faire replier le cours du baril. Alors il faut jeter un regard dans la cuisine, là où la spéculation mitonne ses hausses ou ses baisses, sous l'oeil endormi et bienveillant de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission). Cette dernière, sur la demande expresse du Président Obama, est en pleines discussions avec la SEC (Securities and Exchange Commission) pour qu'ensemble elles proposent de nouvelles règles de régulation des Marchés et tout particulièrement des OTC (over-the-counter) qui on coûté pour l'instant 1600 milliards de dollars de write-off aux diverses institutions financières de la planète. Le rapport était attendu pour la fin du mois de Septembre. Mais Lundi dernier un sobre communiqué de la CFTC annonça que le rapport n'était pas prêt et qu'il faudrait encore deux semaines pour le peaufiner.

     Tout cela peut signifier que les points de vue entre les durs de la règlementation et les laxistes du laisser-faire le Marché s'affrontent et ont du mal à trouver un juste milieu qui doit bien sûr obtenir l'aval de l'Administration et des Commissions du Congrès. Ces hésitations ne peuvent que plaire aux lobbies des opérateurs qui espèrent toujours un simple faux-semblant de règlementation qui ne changerait rien ou pas grand-chose aux habitudes du moment. A suivre donc…

    Cours-BRENT-WTI-2009-10

    LIRE le dernier communiqué de la CFTC.

    Le 3 Octobre 2009

  • La part des 4X4 et autres « light-trucks » vendus aux Etats-Unis n’est plus majoritaire

    La part des 4X4 et autres « light-trucks » vendus aux Etats-Unis n’est plus majoritaire

     Le citoyen américain aisé est généralement un amateur de gros 4X4 et autres SUVs, affichant ainsi sa bonne santé financière et convaincu que sa sécurité physique est ainsi beaucoup plus protégée en cas d'accident de la route. La forme exacerbée de ce comportement atteignant le ridicule avec l'inénarrable Hummer. Cependant comme pour tout geste de consommateur avisé, l'équation économique entre en jeu dans le choix du type de véhicule neuf acheté. C'est ainsi que durant 2007 le choix d'un light-truck était majoritaire (FIG., courbe verte), mais que dans la première partie de 2008 (FIG. courbe violette) le marché a connu une baisse de ces ventes de 4X4 sous l'impact de la folle ascension des cours des carburants. Ces ventes ont baissé bien avant le déclenchement officiel de la crise. Puis à partir du mois d'Août, la crise faisant baisser les ventes de berlines, le prix de l'essence baissant et les promotions commerciales battant leur plein, la part des ventes de light trucks se mit à remonter et redevenir majoritaire. Puis en 2009 (FIG., courbe rouge) le mouvement inverse s'amorça pour connaître un minimum provisoire avec la prime à la casse du mois d'Août.

    Ventes-4X4-USA-2009-09

     Ces oscillations des parts de ventes de 4X4 autour de la médiane montrent combien est long un processus de modification radicale des comportements d'achats. Les raisons de cette viscosité des comportements sont sûrement liées à l'agressivité des offres commerciales (il faut écouler les stocks de 4X4 à tout prix), à l'arrivée de nouveaux clients solvables avec la baisse des prix, à la fluctuation rapide des cours des carburants très faiblement taxés aux Etats-Unis, à l'absence d'offre alternative dans les créneaux haut de gamme qu'occupent traditionnellement ces produits.

     Il sera intéressant de suivre l'évolution de cette répartition des ventes avec l'apparition de nouvelles offres de berlines beaucoup plus sobres en carburants et les modifications éventuelles des règles de consommation des véhicules par l'Administration américaine. Mais il est évident que cette part importante de 4X4 dans les ventes, altère la capacité de ce pays à réduire son gaspillage énergétique.

    Le 2 Octobre 2009

  • L’action First Solar, leader du photovoltaïque, rejoint l’ndice S&P 500

    L’action First Solar, leader du photovoltaïque, rejoint l’ndice S&P 500

    First Solar Dans un climat très morose pour l'industrie photovoltaïque, sur fond de surproductions chroniques et d'effondrement des prix des modules, le premier américain du secteur et sûrement premier mondial cette année, First Solar, grâce à une technologie économique et une bonne politique d'implantations mondiales, va rejoindre l'Indice Standard & Poors 500. C'est la première entreprise "pure player" dans le solaire qui rejoint cet indice, elle va y remplacer le producteur de médicaments Wyeth en cours de rachat par Pfizer.

    Cette promotion ne doit cependant pas faire oublier les dangers qui menacent tout ce secteur industriel laminé par l'effondrement des prix. C'est une industrie de composants, avec les hauts et les bas déterminés par l'offre et la demande. Seuls dans ce genre d'industries, à terme, les plus robustes survivront.

    Wacker Chemie qui venait d'ouvrir en Allemagne avec Schott Solar une usine de production de wafers de Silicium, il y a de cela quatre mois, vient d'annoncer qu'elle quittait cette activité pour se focaliser sur son activité Silicium. Un tel retournement, en si peu de temps, en dit long sur l'avenir de l'industrie des wafers en Europe.

    Mais même, First Solar n'est pas à l'abri de possibles difficultés après les déclarations de Stephan Kohler, patron de l'Agence de l'Energie Allemande, qui affirme que les subventions à cette industrie doivent être réduites d'un tiers environ. De plus, les menaces protectionnistes allemandes pourraient aller jusqu'à bannir l'utilisation du Cadmium dans les modules, ce qui supprimerait tout déboucher des produits First Solar en Allemagne. La seule assurance de First Solar contre ce risque réside dans son implantation industrielle dans ce pays. 

    L'action First Solar devrait profiter de la nouvelle sur des achats de gestionnaires qui répliquent l'indice S&P, mais elle avait perdu 6% hier sur le Nasdaq.

    LIRE un papier sur l'avantage concurrentiel des technologies en couches minces.

    LIRE la nouvelle de Reuters.

    Le 2 Octobre 2009

  • Coup de froid dans le solaire thermique américain: Lockheed Martin jette l’éponge

    Coup de froid dans le solaire thermique américain: Lockheed Martin jette l’éponge

    Lockheed Martin et Starwood Energy avaient signé un accord au mois de Mai dernier pour s'associer dans la construction et l'exploitation d'une centrale solaire par concentration de 290 MW dans l'Arizona, sur 700 hectares de la Harquahala Valley à 120 km de Phoenix. L'énergie électrique verte qui devait être produite, grâce à la concentration de 3000 miroirs paraboliques de 100 mètres de long sur des tubes de quartz parcourus par un fluide caloporteur, devait être vendue au distributeur d'électricité APS (Arizona Power Service).

    Mais à la suite d'une étude de risque économique sur ce projet, Lockheed vient d'annoncer qu'il abandonnait son idée de se diversifier dans ce genre d'activité. La complexité technologique, les garanties diverses exigées par les divers investisseurs semblent être la cause de ce revirement de l'industriel de l'armement américain.

    Solaire-concentration-parabolique

    Cet évènement pose le problème de la solidité économique et financière d'un grand nombre de projets solaires dans le sud-ouest des Etats-Unis que certains, comme Karl Miller, n'hésitent pas à qualifier de "contrats fantômes" en émettant des doutes sur la probabilité de leur réussite (LIRE).

    Le 1er Octobre 2009

  • Stabiliser la croissance de la teneur en CO2 de l’atmosphère: un vrai travail d’Hercule

    Stabiliser la croissance de la teneur en CO2 de l’atmosphère: un vrai travail d’Hercule

     La littérature sur le bilan carbone de notre planète est plutôt abondante et généralement agrémentée de maints détails qui risquent parfois de faire perdre de vue l'essentiel, ce qu'un homme de bien doit savoir simplement. L'atmosphère terrestre contient 3000 milliards de tonnes de gaz carbonique (sur la base de 1,77 E+14 moles par ppm multipliées par 44 en grammes et par 386 ppm). En 2008, les activités humaines ont généré 32 milliards de tonnes de CO2 (LIRE). Nous négligerons en première approximation toutes les autres sources savantes de ce gaz (sols, volcans, incendies, permafrost, hydrates, etc.). Chaque année le stock atmosphérique de CO2 jouit donc d'un apport frais de 1% venant essentiellement de la combustion des énergies fossiles et de la production de ciment. Nous avons vu récemment que la valeur expérimentale de la teneur moyenne annuelle en CO2 de l'atmosphère en fonction du temps pouvait s'assimiler à une parabole (LIRE). La pente de cette parabole en 2008 est de 2,02 ppm/an pour une valeur absolue de CO2 de 386 ppm (Source: NOAA). Ceci veut dire que la croissance annuelle de CO2 dans l'atmosphère est de 2.02/386 = 0,52%.

    On ne retrouve donc dans l'atmosphère

    que la moitié du dioxyde de carbone émis.

    En 2008, sur les 32 milliards de tonnes, 16 milliards de tonnes de CO2 ont été apportés en plus à l'atmosphère et 16 milliards de tonnes de CO2 ont été absorbés par la croissance éventuelle du stock de végétation et surtout par les océans avec formation de bicarbonates acides.

    CO2-variation anuelle 

     

     Une question raisonnable et simple consiste à se demander à quel niveau mondial d'émissions de CO2 faudrait-il descendre pour stabiliser la teneur de ce gaz dans l'atmosphère? Bien sûr, de grands savants, munis de puissants ordinateurs utilisant de multiples outils de simulation agrémentés de plusieurs centaines de paramètres pourraient tracer de multiples réseaux de courbes en fonction des hypothèses retenues. Mais nous en resterons au niveau des moyens de l'honnête homme qui est notre interlocuteur. Pour cela le faisceau de points représentant chaque année, entre 1980 et 2008, la variation des teneurs en CO2 (c'est la pente point par point de la parabole décrite dans le papier précédent) en fonction des rejets mondiaux de ce gaz (FIG.I) permet de constater que cette courbe n'est pas linéaire mais qu'elle a tendance à s'amortir avec le temps vers les fortes émissions. Deux types de mécanismes peuvent expliquer ce phénomène: les autres émissions de CO2 que nous avons initialement négligées, pèsent de moins en moins de poids au fur et à mesure que les émissions principales croissent, l'autre hypothèse est un accroissement, avec la montée de la pression partielle de CO2, de la vitesse des mécanismes d'absorption du gaz par la végétation et les océans. Quoiqu'il en soit il est possible d'établir une corrélation du second degré acceptable avec ce nuage de 29 points qui montre que la croissance de la teneur en CO2 serait nulle vers 8 milliards de tonnes de gaz carbonique émis, soit 4 fois moins que le niveau actuel.

     On peut donc déduire de cette approche empirique simple, supposant qu'aucun seuil d'irréversibilité des phénomènes n'ait été franchi,  basée sur des données expérimentales antérieures, que les variations des teneurs en CO2 dans l'atmosphère pourront retrouver leur niveau de 1960 (1ppm/an) a condition de réduire les émissions anthropiques par deux et qu'une nouvelle réduction par deux, se rajoutant à la première, permettra de stabiliser ces teneurs dans l'atmosphère.

    Comme dirait Angela: "Besser spät als nie".

    Le 30 Septembre 2009

  • ASTM officialise les mélanges de carburants synthétiques au kérosène pour l’aéronautique

    ASTM officialise les mélanges de carburants synthétiques au kérosène pour l’aéronautique

    Turbofan

    La publication de la nouvelle spécification ASTM D7566 est un pas franchi vers possibilité d’utiliser des carburants de synthèse ou autres biocarburants sous formes de mélanges, jusqu’à 50%, avec les carburants traditionnels dans l’aéronautique. Bien sûr chaque additif devra être homologué avant usage, mais c’est une voie ouverte à la possible utilisation de biocarburants dans la propulsion des avions, une des voies à privilégier par les opérateurs et les motoristes pour faire baisser les émissions de CO2 dans le transport aérien.

    Il n’est pas anodin que cette norme paraisse juste avant la réunion de Copenhague, lieu où sera sûrement débattu le sort de la gestion des émissions de GHG de l’aviation civile (LIRE)

    LIRE le communiqué d’ASTM.

    Le 30 Septembre 2009

  • Le fret aérien dans la zone Asie: un indicateur économique avancé toujours à la traîne

    Le fret aérien dans la zone Asie: un indicateur économique avancé toujours à la traîne

     Le transport de fret aérien dans la zone Asie publié tous les mois par l'IATA est un bon indicateur avancé de l'économie. Par exemple, dès le mois de Février 2008 il avait commencé sa décroissance, annonçant ainsi les déboires de l'été. Il est donc important de suivre son évolution au cours du temps. Le dernier chiffre qui vient d'être publié, celui du mois d'Août, indique une profonde stagnation de l'activité économique entre l'Asie et le reste du monde. En effet le recul du fret aérien de la zone Asie mesuré par rapport à il y a deux ans, ceci afin d'éviter les effets de base d'une année 2008 tourmentée, ressort à -15%, valeur identique à celle du mois de Juillet (FIG., courbe rouge). Ce pallier, peu encourageant, est indicatif d'un nonchalant mouvement de reprise par rapport aux plus bas du printemps dernier.

    Fret-aerien-asie-2009-08

    Le 30 Septembre 2009.

  • Li-Tec filiale d’Evonik et de Daimler va investir dans la production d’accumulateurs Li-Ion polymères

    Li-Tec filiale d’Evonik et de Daimler va investir dans la production d’accumulateurs Li-Ion polymères

     Li-Tec le tout nouveau pôle batterie allemand, filiale d'Evonik (50,1%) d'une part, riche entreprise aux activités diverses dans la chimie, l'énergie et l'immobilier, et de Daimler (49,9%) d'autre part veut investir dans la production d'accumulateurs Li-Ion de technologie polymère ("high-molecular ion conductors") utilisant un séparateur original de type céramique, le Separion, dont Li-Tec est très fier en raison de ses qualités de séparation et de conduction ionique. Li-Tec envisage d'atteindre une capacité de production de 300 mille accumulateurs par an à la fin de cette année (ligne de validation) et de la porter ensuite à un niveau de production de série de plusieurs millions d'exemplaires par an à partir de 2011.

    Sur la base d'une hypothèse non vérifiée de 80 accumulateurs par batterie, une ligne de présérie de 25000 éléments par mois pourrait satisfaire à la construction mensuelle de 2000 à 3000 véhicules "électrifiés" par Daimler dès 2010.

    LI-Tec

    LIRE le communiqué d'Evonik.

    Le 29 Septembre 2009

  • Qui est ce qui pourrait arrêter la croissance parabolique avec le temps de la teneur en CO2 de l’atmosphère?

    Qui est ce qui pourrait arrêter la croissance parabolique avec le temps de la teneur en CO2 de l’atmosphère?

     La Terre constitue un vaste système hors d'équilibre, alimenté continument en énergie par le rayonnement solaire. C'est cette énergie qui est à la source de la vie animale et végétale sur notre planète qui, si on en croit les géologues, était constituée il y a de cela 3,5 milliards d'années d'une atmosphère à base de CO2 et de mers, d'un vert profond, très riches en Fer II et en Sulfures. L'apparition de la vie fit lentement disparaître le CO2, oxyda le Fer II soluble en Fer III insoluble, et transforma les sulfures en sulfates. L'atmosphère s'enrichit en oxygène, mais la vie laissa ce rôle primordial au CO2, même réduit à l'état de traces, pour assurer la croissance des végétaux et autres diatomées. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles jusqu'à l'arrivée de la machine à vapeur et du moteur à explosion qui incitèrent les hommes à aller extraire, pour les brûler, les énormes réserves de charbon, de pétrole et de gaz, résidus du CO2 des premiers temps du Monde, enfouis dans les profondeurs de la Terre. Ce phénomène anthropique, comme disent les savants qui ont un gros bulbe et connaissent leurs racines, tend à perturber le délicat équilibre énergétique qui s'était lentement établi. Ceci est lié à la croissance parabolique de la teneur moyenne annuelle en CO2 de notre atmosphère avec le temps, relevée par exemple à l'observatoire de Mauna Loa, au milieu du Pacifique depuis 1958.(FIG.I).

    CO2-MaunaLoa-1959-2008 

    Ces analyses conduites depuis 50 ans montrent que les teneurs en CO2 de l'atmosphère croissent de plus en plus vite. Les variations annuelles qui étaient de l'ordre d'un ppm entre 1960 et 1970 sont maintenant de l'ordre de 2ppm. La valeur mesurée en 2008 de 385,6 ppm de CO2 correspond à une valeur de x=54 dans l'équation de la parabole de corrélation, ce qui conduit à une pente dy/dx de la tangente en ce point de 2,02 ppm.

    Entre 1980 et 2008 la pente annuelle d'émission de CO2 en passant de 1.34ppm à 2.02ppm a affiché une croissance de 50%. Pendant ces 28 ans, la consommation mondiale de pétrole a crû de 35%, celle de charbon avec l'émergence de la Chine a affiché une croissance de 70% et celle de gaz naturel a plus que doublé avec un score de 110%, nous indiquent les tables de l'EIA. Le lien de cause à effet semble difficile à contester. 

    Cette croissance parabolique avec le temps, de la teneur en CO2 de l'atmosphère est à la base d'un réchauffement global de notre planète. En effet parmi les gaz à effets de serre qui absorbent les rayons infrarouges parce qu'ils possèdent des liaisons C=O ou C-H mais encore C-F ou N-O, le CO2 est le gaz qui provoque le plus de forçage radiatif parmi ces gaz. Il représente 63% de leur effet (FIG II).

    Forçage-radiatif-1980-2008

    On estime qu'en 2008 ce forçage radiatif des GHG a atteint 2,74 W/m2 (FIG.II), soit 0,8% de l'irradiance moyenne reçue par la Terre qui est de 341,5 W/m2 ou 1,15% du flux non réfléchi par l'albédo terrestre qui est de l'ordre de 239W/m2. Cette fraction de puissance semble très faible, mais en multipliant par les 510 millions de km2 de la surface de la terre on arrive à une puissance moyenne de 1400 TW. La puissance calorifique générée par 500 mille centrales électriques de 1000MW. Cette énergie absorbée va donner naissance à un flux de chaleur de plus grande longueur d'onde FL qui va venir accroître la température moyenne d'équilibre de la Terre (Voir la formule) .

    La puissance du forçage radiatif du CO2 est calculée par une loi du type T=5.35 ln(C/278) où intervient le logarithme népérien de la concentration en CO2 exprimée en ppm. La référence de 278 ppm étant la teneur en CO2 dans l'atmosphère estimée en 1750, le style Louis XV faisait alors fureur en France. Compte tenu de la croissance parabolique de la concentration en CO2 avec le temps et de la quasi stabilité des effets des autres gaz, la part du CO2 dans le bilan global tend à s'accroître de plus en plus nettement avec le temps (FIG.III) sous l'impact du développement économique de la Chine et autres BRICs.

    Forçage-radiatif-1980-2008b

    La menace aujourd'hui est donc clairement identifiée: c'est la croissance parabolique avec le temps de la concentration en CO2 dans l'atmosphère et c'est à ce paramètre que la Communauté Internationale doit s'attaquer en priorité, pour faire en sorte de ralentir puis de stopper cette croissance. Tant que les Organismes responsables n'auront pas fait un inventaire clair des sources d'émissions de gaz carbonique et n'auront pas établi un plan d'action détaillé pour, site par site, réduire ou stopper ces émissions, il sera nécessaire d'être très pessimiste sur les événements à venir.

    La Figure I montre que les 400 ppm moyens de CO2 seront atteints en 2015, compte tenu de la crise économique ce sera peut être en 2016, mais le niveau d'incertitude est très faible. Quand aux 420ppm avant 2025, ils sont pratiquement inscrits dans l'inertie des prises de décisions et la lenteur des procédures. Copenhague pourrait se fixer un objectif pour repousser cette échéance des 420 ppm qui semble un objectif à moyen terme raisonnable. Il faut savoir qu'au rythme ou vont les choses, la barre des 450 ppm qu'il faut éviter de franchir selon certains, est quelque part entre 2035 et 2040. C'est du peu au jus!

    Pour accéder aux détails chiffrés et aller plus loin dans la compréhension des phénomènes de base, on pourra se reporter au site du NOAA (VOIR).

    Le 29 Septembre 2009