D‘après Eurostat, l’indice du mois de Février dernier, des prix à la production industrielle, hors construction, de la Zone Euro était sur douze mois en croissance de 5,3%. C’est beaucoup pour un Banquier Central. Le même indice hors construction et énergie augmentait de 3,6%.
Le pompon parmi les grands pays, revenait à la Belgique avec 9,9%, suivie des Pays-Bas avec 8,8% et l’Espagne avec 6.6%.
Il est intéressant de comparer sur une longue période les indices de la France et de l’Allemagne (Fig.). Les indices des prix industriels hors construction et énergie sont quasiment superposés après huit ans de variations: Allemagne 112,8 et France 112,9. Ce sont ces variations qui vont intéresser la BCE. Elle va déceler 0,1 ou 0,2 point de trop de variation et déclencher ou maintenir une politique de taux administrés restrictive qui, en étouffant les banques par une inversion de la courbe des taux, va réduire les crédits, ralentir l’économie, accroître le nombre de chômeurs, maîtriser les salaires, faire baisser la consommation. En termes pudiquement convenus cela s’appelle "faire baisser les pressions inflationnistes". Mais le remède de cheval n’est-il pas pire que le mal?
Une telle question n’est pas dénuée d’intérêt lorsqu’on compare les courbes de la France et de l’Allemagne avec l’énergie (Fig.) apparaît alors un phénomène vieux de trois ans pour la France et d’au moins quatre ans pour l’Allemagne: c’est la primauté des prix de l’énergie sur la valeur des indices. L’énergie majore l’indice français de 4,4 points et l’indice allemand de 9,8 points. Pour les indices de la Zone Euro la majoration due à l’énergie, de 116,2 à 123,5 est de 7,3 points.
En huit ans l’indice des prix allemand a été majoré de 22,6 points dont 9,8 proviennent des prix énergétiques! Pour la France dont la politique énergétique est plus adaptée la majoration n’est que de 17,3 points dont 4,4 imputables à l’énergie.
Il ressort donc que la maîtrise des tensions inflationnistes dans la Zone Euro pourrait être plus facilement obtenue par une VRAIE POLITIQUE ENERGETIQUE COMMUNE plutôt que par une simple et inefficace politique des taux de la BCE. Le prix de l’énergie est le paramètre de premier ordre, c’est à lui qu’il faut s’attaquer, parce qu’il va durablement croître si l’on ne fait rien. Ce n’est plus un phénomène passager. Il faut par exemple, créer une instance européenne puissante et dotée de moyens financiers pour diriger une politique de maîtrise des prix et des consommations de l’énergie. La Commission obnubilée par le CO2 et les éoliennes nous conduit dans le mur, elle n’a pas une vue assez globale des phénomènes.
Cette évidence permet d’anticiper que les actions de la BCE ne seront malheureusement pas couronnées de succès, puisqu’elles s’attaquent à des phénomènes passés au second ordre. Un Banquier, fût-il central, peut-il comprendre que son action est devenue inefficace?
Le 2 Avril 2008
–