Catégorie : actualités

  • 3,4 milliards de dollars de subventions  pour une amorce de modernisation du réseau électrique américain

    3,4 milliards de dollars de subventions pour une amorce de modernisation du réseau électrique américain

     La manne de L’Administration américaine ne cesse de se répendre sur les entreprises. Aujourd’hui, c’est au tour des transporteurs et distributeurs d’énergie électrique d’en profiter, au travers d’une centaine de projets de « Smart Energy Grid » subventionnés à hauteur de 3,2 milliards de dollars. Les aides les plus importantes peuvent atteindre 200 millions de dollars chacune. Ces subventions vont aider des projets mettant en oeuvre des compteurs smart (smart meters) qui permettront au client de s’effacer, en tout ou partie, en heure de pointe ou de revendre un surplus de production photovoltaïque. Ces compteurs sont également relevables à distance ce qui permet au distributeur de faire des gains de productivité et d’analyser en temps réel le comportement de ses clients. La surveillance opérationnelle des réseaux électriques bien souvent défaillante va être également améliorée. Mais il n’y a dans aucun de ces projets la moindre amorce de modernisation massive des réseaux américains, dont la rentabilité serait des plus hypothétiques. Les grandes ambitions et les grands projets du candidat Obama vont finalement se convertir en petites actions régionales d’amélioration de l’existant (FIG.)

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    Pour connaître le détail des projets retenus, LIRE.

    Le 28 Octobre 2009.

  • BP gère bien ses activités traditionnelles mais patine dans les énergies renouvelables

    BP gère bien ses activités traditionnelles mais patine dans les énergies renouvelables

    Le pétrolier BP assure encore au troisième trimestre un bon niveau de production dans le pétrole et les gaz condensés (liquids) en frôlant depuis trois trimestres consécutifs les 1,7 millions de barils/jour, hors TNK-BP, sa filiale russe (FIG.). Les productions de gaz naturel se sont légèrement repliées, mais l'ensemble gaz et pétrole à 3 millions de barils/jour ressort largement au dessus (+8,7%) des productions d'il y a un an qui avaient été perturbées par les ouragans dans le Golfe du Mexique. L'activité raffinage a également bien performé en volumes durant le trimestre, en particulier aux Etats-Unis, mais les marges se sont fortement dégradées.

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    Par contre les performances du Pétrolier Vert dans les énergies renouvelables sont beaucoup plus mitigées. Sa puissance éolienne installée à la fin du trimestre à 577 MW ressort en baisse de 100 MW par rapport au trimestre précédent, après la vente de l'activité indienne. Les ventes de modules solaires après avoir connu un niveau très bas à 27MW lors du précédent trimestre se sont redressées à 73 MW pour le troisième trimestre. Cependant l'activité perd encore de l'argent.

    BP Solar a annoncé au cours du mois d'Octobre qu'il avait signé un accord avec Jabil, un sous-traitant polonais pour assurer les productions de modules photovoltaïques à moindre coûts, pour les besoins européens. La capacité de production de Jabil sera de 45MW. Tout cela ressemble, à s'y méprendre, à un repli en biseau programmé de BP de l'activité photovoltaïque.

    Le 27 Octobre 2009 

  • Nouriel Roubini: un nouveau crash est en cours de formation

    Nouriel Roubini: un nouveau crash est en cours de formation

    Roubini  Nouriel Roubini, Professeur d'économie à la Stern School of Business de l'Université de New York, doit sa célébrité dans le monde de la finance à sa prévision du crash de 2008. Une interview récente le décrit toujours aussi pessimiste sur la formation d'une nouvelle bulle spéculative sur le pétrole et autres commodities. Pour lui après la chute vers les 30$ le baril, les cours du pétrole, sur les signes d'un rétablissement de l'économie, auraient du remonter vers les 50 dollars. Il y a donc aujourd'hui par rapport aux fondamentaux, 30$ de trop dans les cours. Poussé par les acteurs qui empruntent à bon compte du dollar pour spéculer (carry-back) le pétrole risque d'atteindre les 100 $ le baril ce qui, dans le contexte économique très fragile actuel, sera aussi dramatique qu'ont été les 145$ en 2008 dans une économie en croissance. Pour Roubini, ce sont ces prix délirants du pétrole en Juin 2008 qui ont été la principale raison de la crise économique. Outre les taux administrés proches de zéro qui permettent aux institutions financières de trouver le cash à bon compte pour spéculer, Roubini condamne la passivité des régulateurs qui croient aux "laissez faire markets".

    L'analyse de cet économiste distingué est bien sûr fort pertinente. Cependant, dans cette interview, il oublie d'évoquer les mécanismes d'adaptation de l'économie à une ressource énergétique chère. On le voit aujourd'hui dans l'industrie automobile où la sobriété énergétique des nouveaux modèles est devenue le principal argument de vente. Le transport aérien américain a fortement rationnalisé son offre de vols, la consommation de gasoil par les transporteurs routiers s'est elle aussi fortement réduite. L'Amérique brûle moins de pétrole, elle en brûlera moins encore l'an prochain.

    La vraie question est donc quel est le seuil critique des cours du brut au-delà duquel l'économie américaine est en péril? 100$ dit Roubini, par analogie avec 2008. Il n'est pas impossible que ce seuil soit plus élevé maintenant. 

    LIRE l'interview de Roubini

    Le 26 Octobre 2009

  • Une poursuite de l’affaiblissement du dollar et de la hausse du pétrole plomberait une hypothétique reprise européenne

    Une poursuite de l’affaiblissement du dollar et de la hausse du pétrole plomberait une hypothétique reprise européenne

     Les entrées de commandes dans l'industrie dans la Zone Euro au mois d'Août se sont accrues de 2% titre Eurostat. Pour être totalement objectif il aurait fallu ajouter "et elles sont revenues au niveau de celles d'il y a six ans en arrière" (FIG.I). Piètre performance dans une Europe à l'économie dopée par tous les plans de relance et autres primes à la casse. Dans les faits, les entrées de commandes de la ZE sont en retrait de 28% par rapport à celles enregistrées il y a deux ans, dont 29% pour l'Allemagne et 23% pour la France. Une telle nouvelle ne peut que rendre pessimiste sur les facturations de la fin de l'année.

    Entrées-commandes-indice-2009-08

     Pour 2010 il est déjà connu que l'industrie automobile allemande, à la suite de l'arrêt de la prime à la casse dans son pays, prévoit une année 2010 en fort retrait. De plus, le retard accumulé par cette industrie dans le développement de modèles hybrides ou électriques n'est pas de nature à relancer la demande par une offre produit attractive qui est repoussée à…2012!

     Les nuages sur la reprise attendue de l'économie en Europe sont nombreux. Les plus menaçants sont la baisse continue du taux de change du dollar et son corollaire, la hausse des cours du pétrole.

     Le dollar, comme nous l'indique l'indice USDX coté sur l'ICE à Londres a perdu depuis le mois de Mars 17% de sa valeur (FIG.II) contre un panier de grandes monnaies (Euro, Livre, Yen, Franc Suisse, Couronne Suédoise, etc.). En parallèle les cours du pétrole sont passés de 40 $/baril à 80$/baril (FIG. IV).

    USDX-2009-10

    Cette flambée des prix du brut qui ne repose sur aucune base fondamentale solide, ne résisterait pas à une inversion de la tendance sur le cours du dollar. Mais il faut le reconnaître, les largesses de l'Administration Obama qui creusent les déficits américains et la volonté de la spéculation de faire monter les cours du brut vont, pour l'instant, dans la même direction, à l'encontre du hausse du dollar et d'une baisse du pétrole.
     L'Europe importe chaque mois dans les 50 millions de tonnes de pétrole et de produits pétroliers. La facture énergétique mensuelle, essentiellement en pétrole, depuis le début de l'année a oscillé entre 21 et 25 milliards de dollars (FIG.III), elle va grimper vers les 30 milliards avec un pétrole à 80$/baril. Cette ponction supplémentaire sur l'économie européenne n'est pas de nature à relancer la bête essoufflée.

    EU27-fact-pétrolière-2008-2009

    Quand à la spéculation, elle lance ses soi-disant experts pour essayer de maintenir la pression. Devant une hypothèse, bien improbable, de voir l'OPEP relever ses quotas, on peut écouter Adam Sieminski de la Deutsche Bank, une des Pythies du pétrole, affirmer sans rougir: "Le problème avec l'OPEP c'est que leur appareil de changement des volumes de production ne marche pas toujours…il n'a pas marché en Juillet 2008 parce qu'ils ne pouvaient pas produire plus…le problème maintenant c'est qu'ils ne sont pas "acheteurs" pour produire plus". En clair Sieminski nous ressort l'escroquerie du peak-oil qui avait si bien marché pour lui en 2008. Par ailleurs (LIRE), il prédit l'euro à 1,60 $ et le pétrole à plus de 100 $/baril ("triple-digit level").

    L'autre corde de la spéculation est bien sûr la demande chinoise qui apparaît anormalement élevée ces derniers mois. Mais ont sait que la Chine est en train de constituer des stocks stratégiques qui, vus de l'extérieur, ressemblent à une consommation. Quand à la croissance du parc automobile chinois un calcul simple portant sur 10 millions de véhicules de plus par an, se concrétise par une augmentation maximum de consommation de 200 mille barils par jour. Il n'y a pas de quoi à relancer la spéculation à court terme.

    Ces données permettent de penser qu'en raison de la léthargie économique européenne, il existe une bonne probabilité pour que, d'ici à la fin de l'année, la dégradation du dollar se ralentisse, malgré la défiance des milieux financiers envers l'Administration Obama. De ce fait, la spéculation devrait avoir beaucoup de mal à poursuivre son rallye sur le pétrole vers les 90 ou 100 dollars le baril. Les bateleurs en charge du maintien du climat à la hausse des cours des produits pétroliers, vont avoir de plus en plus de mal à trouver de bons arguments. Mais on a déjà vu le pétrole sans raison poursuivre sa course, canard décapité de la spéculation insatiable (FIG.IV)

    Cours-WTI-2007-2010

    Remarque pour René: la baisse des cours du WTI Vendredi 23 est corrélée à la hausse du dollar sur la séance.

    Cours-WTI-USDX-2009-10-23 

    Le 24 Octobre 2009


     

  • De moins en moins d’Américains croient en la réalité du réchauffement climatique

    De moins en moins d’Américains croient en la réalité du réchauffement climatique

     Un sondage réalisé au début du mois par l'institut de sondages Pew Research auprès de 1500 américains indique que le réchauffement climatique fait de moins en moins recette dans ce grand pays. Ils étaient il y a un an 71% à affirmer qu'il existe de solides évidences d'un réchauffement climatique, ils ne sont plus que 57% cette année à répondre positivement. Inversement ils étaient 21% il y a un an pour affirmer qu'il n'existe aucune évidence sérieuse, ils sont 33% cette année.

    Une analyse plus détaillée montre que la réponse est politiquement très clivée entre Démocrates et Républicains (FIG.) mais que les deux sensibilités politiques sont touchées par la décroissance des réponses positives à la question posée.

    Climat-Pew-2009-10

    La classe des 18-29 ans avec 64% des réponses positives, en baisse de 10 points par rapport à la réponse d'il y a un an, est à 7 points au dessus de la moyenne.

    Enfin, géographiquement on peut observer de nets clivages entre le Sud Atlantique des Etats-Unis régulièrement touché par les ouragans (66% de réponses positives) ou l'Ouest Pacifique qui connaît de longues périodes de sécheresses (65% de réponses positives) et le Midwest qui après un été pourri ne répond positivement qu'à 48% à la question.

    Une question plus complexe concernant la politique de "Cap & Trade" des émissions de CO2 aux Etats-Unis montre que 55% des américains n'en ont jamais entendu parler. La moitié des américains se déclarent favorables à la mise en place de règles de limitation des émissions de GHG. Ils sont majoritaires dans le Nord Est et le Sud Ouest des Etats-Unis et minoritaires ailleurs. Les personnes diplômées sont majoritairement (59%) favorables à de telles mesures.

    L'intérêt de ce sondage réside dans la mise en évidence de clivages profonds dans la perception du monde par la population américaine. Clivages en fonction de la sensibilité politique, de la région et de l'âge. Il ressort également que la mission de vulgarisation de ces problèmes par l'Administration en place, après la période obscurantiste précédente, est pour l'instant un échec. Est-elle peut-être trop occupée par les querelles et la recherche de compromis avec les élus du Congrès à Washington et pas assez par une opinion publique de toute évidence sous informée?

    LIRE les résultats détaillés de ce sondage

    Le 23 Octobre 2009

  • Gazprom envisage de vendre son futur GNL issu du gisement de Shtokman sur la Côte Est des Etats-Unis

    Gazprom envisage de vendre son futur GNL issu du gisement de Shtokman sur la Côte Est des Etats-Unis

     On sait que les dirigeants de Gazprom se posent des questions sur les éventuels débouchés du gaz du gisement de Shtokman situé dans la Mer de Barents (LIRE) et qui devrait produire à la fois du gaz naturel pour les gazoducs russes et du gaz naturel liquéfié pour le marché international. Cet immense gisement de l'arctique qui sera exploité avec l'aide des compétences de StatoilHydro et de Total, devrait produire du GNL à partir de 2014. Gazprom a bien compris que le marché du GNL pouvait lui faire de l'ombre et devenir un concurrent sérieux du gaz continental russe qui dessert à la fois l'Europe et l'Asie. Gazprom veut donc devenir un acteur majeur sur le marché du GNL. Mais il ne peut pas s'auto concurrencer auprès de ses clients traditionnels. Alors, il semblerait qu'il ait trouvé une solution, nous informe Bloomberg: conclure des accords à long terme d'approvisionnements de terminaux de la Côte Est des Etats-Unis. Ces livraisons, si tout ce déroule selon les plans annoncés,  pourraient atteindre l'équivalent de 10% des besoins américains d'ici à une dizaine d'années. Les responsables de Gazprom voudraient avoir signé les contrats à long terme avant de lancer les investissements majeurs pour développer ce champ.

    Arctic_map

    LIRE le communiqué de Bloomberg

    LIRE un point récent de l'EIA sur l'état des réserves de pétrole et de gaz dans l'Arctique ainsi que sur les développements en cours.

    Le 21 Octobre 2009
     

  • Le gaz naturel de par son abondance et de son énergie par tonne émise de CO2 devrait s’imposer comme première source d’énergie primaire

    Le gaz naturel de par son abondance et de son énergie par tonne émise de CO2 devrait s’imposer comme première source d’énergie primaire

    Il a été illustré ici, de façon très simple, à partir des données de base de la thermodynamique, qu'une centrale au gaz à cycle combiné moderne, avec un rendement énergétique de 60%, émet trois fois moins de CO2 qu'une centrale au charbon pulvérulent actuelle ayant un rendement de 40% (LIRE). Ce résultat connu de tous les énergéticiens du monde provient deux données fondamentales:

    1) la combustion du méthane produit deux fois plus d'énergie que la combustion du carbone par tonne de CO2 produite (5,07 MWh pour le CH4 par rapport à 2,48 MWh pour le Carbone).

    2) la combustion du gaz naturel permet d'atteindre des températures très élevées, allant jusqu'à 1600°C à ce jour (LIRE), au sein de la chambre de combustion des turbines à gaz à hauts rendements, couplées à des génératrices à vapeur alimentées par les gaz de combustion de la turbine. Les ensembles modernes à cycle combiné annoncés par les Siemens, les Alstom et autres Mitubishi Heavy atteignent ou dépassent les 60% de rendement. Un des points technologiques clés est de disposer de pièces mécaniques sophistiquées, en matériaux modernes suffisamment réfractaires, pour tenir le choc mécaniquement dans les chambres de combustion des turbines. Des progrès sont encore attendus dans la température extrême des turbines avec un objectif de 1700°C pour les japonais, mais également dans les génératrices à vapeur associées comme le montre un récent accord entre GE et MHI dans le domaine (LIRE).

    Liquefaction-offshore 

    Ces deux paramètres font qu'il est possible à ce jour, de générer un MWh électrique en émettant 330 kg de CO2 avec du gaz naturel alors qu'il faut en émettre une tonne avec du charbon pulvérulent de très bonne qualité. Bien sûr l'utilisation de lignite de basse qualité énergétique aggrave encore plus le score aux dépens du combustible solide. Ajoutons en prime, à l'avantage du gaz naturel que sa combustion, contrairement à celles de diverses houilles et lignites permet de s'affranchir de rejets toxiques dans l'air et de cendres polluantes dans la nature.

    Un tel score sans appel suppose que l'extraction du gaz naturel se fait elle même sans rejet du CO2 avec lequel il est naturellement mélangé dans les champs gaziers. Cela suppose que l'unité de purification du gaz comme à Sleipner ou à Snövhit est équipée d'une unité de capture et de séquestration du dioxyde de carbone. Sinon il faut ajouter le CO2 associé au méthane dans le bilan. Pour un mélange très riche en CO2 du style 50/50 molaire, ce sont 330 kg de CO2 par MWh qu'il faut rajouter aux rejets de combustion du gaz. Pour un mélange courant à 25% de doxyde de carbone et 75% de méthane c'est le tiers, ou 110 kg de CO2 par MWh qu'il faut rajouter au bilain, ce qui conduit à des rejets totaux de gaz carbonique de 440 kg par MWh électrique.

    Quand aux rejets de méthane respectifs, il faudrait comparer les émissions de grisou lors de l'exploitation de la mine de charbon aux éventuelles fuites lors de l'extraction, de la purification et de l'acheminement du gaz naturel. Les méthaniers modernes reliquéfient à bord le gaz évaporé de leurs cuves.

    Compte tenu de ces considérations il apparaît que de remplacer les vielles centrales au charbon ou au lignite par des centrales au gaz modernes est une méthode qui permet de diviser par 2,5 ou plus les émissions de CO2 dans la nature pour une quantité d'électricité produite.

    L'équation environnementale est donc très favorable au gaz naturel, mais jusque là l'équation économique était largement favorable à la filière charbon. Ce qui explique la primauté actuelle du charbon dans la génération d'électricité, mais cette situation n'est à mon avis que provisoire.

    En effet, un certain nombre d'éléments devraient faire rapidement décroître l'usage du charbon, tout au moins et dans un premier temps, dans les pays de l'OCDE.

    Il y a tout d'abord tout ce qui est des domaines règlementaires ou des pénalités financières. Les droits d'émissions de CO2, les obligations de réduire la teneur en CO2 par MWh d'électricité distribuée, le non octroi des autorisations administratives nécessaires, sous la pression de l'opinion publique, sont des moteurs puissants de dissuasion d'installation de nouvelles unités.

    Mais la vraie question est de faire peu à peu disparaître les centrales au charbon des pays membre de l'OCDE, pour ensuite s'attaquer aux centrales chinoises et indiennes. C'est la seule méthode qui permettra de réduire significativement les émissions mondiales de CO2 qui sont à 40% originaires de la combustion de lignite ou de charbon. Les rêves éveillés de Tanaka, de l'Agence Internationale de l'Energie, qui veut équiper en CCS 850 centrales en 2030 pour capturer et séquestrer 2,5 milliards de tonnes de CO2, ne doivent pas être pris au sérieux (LIRE et voir la dernière slide). Si le dixième de cet objectif était atteint à cette date ce serait déjà bien.

    Le point de basculement économique pour un gaz naturel à 7$/MMBTU ou 24$ par MWh thermique, se situe aux environs d'un prix du charbon de 150$ la tonne ou 18$ par MWh thermique. En Europe le prix du charbon sud-africain livré dans les ports européens doit être aux environs de 100$ la tonne. Une taxe carbone de 50$ par tonne de charbon sous une forme ou une autre, fera basculer l'équation économique au profit du gaz. Aux Etats-Unis les prix du charbon étant très bas, seuls des prix très bas du gaz naturel pourraient permettre de déstabiliser le charbon. Il faudrait que les cours du gaz naturel ne dépassent pas les 5$ le MMBTU ou 17$ le MWh pour que le gaz devienne compétitif face à un charbon qui reviendrait taxes comprises à 100$ la tonne.

    Gondwana3

     La troisième condition est la disponibilité du gaz naturel. Les réserves de gaz dans le monde sont immenses et régulièrement révisées à la hausse au gré des découvertes  au coeur des continents ou sur les marges des blocs de l'ancien Gondwana (gaz de l'arctique, schistes bitumineux américains, carbon bed, gisements offshores australiens, rives sud atlantiques). Alors que le charbon est difficilement transportable et donc faisant l'objet de peu d'échanges internationaux (LIRE), le gaz naturel s'achemine aisément soit par gazoduc quand un réseau existe, soit sous forme liquéfiée par méthanier pour le transport maritime. Les grands pétroliers et les grands gaziers internationaux veulent réduire leurs investissements pour pouvoir exploiter de façon rentable les gisements offshores de plus en plus profonds et éloignés de la terre ferme. Pour éviter d'avoir à construire des gazoducs onéreux, ils imaginent de développer d'immenses usines de liquéfaction en pleine mer (LIRE).

    Bloomberg nous apprend, à partir d'une interview d'un responsable de Technip, que Shell serait sur le point de commander trois immenses usines offshores de liquéfaction de gaz naturel au consortium Technip-Samsung Heavy Industries (FIG.I). La première de ces unités offshores, où viendraient accoster les méthaniers les plus gros du moment, devrait être installée d'ici 4 à 5 ans au large des côtes nord-ouest de l'Australie. De telles usines flottantes capables de liquéfier 3 millions de tonnes de gaz par an pourraient être installées par la suite au large des côtes de l'Afrique de l'Ouest ou du Brésil.

    Des développements de ce type, sont de nature à faire du gaz naturel la première ressource mondiale d'énergie primaire d'ici à une ou deux décennies. Un large marché spot à partir de méthaniers chargés de GNL est appelé à se développer, reléguant les ressources russes à leur juste rang de numéro deux ou trois mondial. L'ouverture maritime de l'Europe doit lui permettre de faire du gaz naturel sa principale ressource énergétique pour le plus grand bien des émissions des gaz de combustion des centrales électriques à flamme encore trop largement alimentées au lignite ou au charbon. Les immenses ressources de gaz américaines qui ont propulsé les Etats-Unis au premier rang des producteurs mondiaux de gaz naturel, vont pousser les Etats de ce pays à utiliser d'avantage le gaz dans la génération d'électricité et ceci en complément des ressources renouvelables. L'option dite "clean coal" ne permet pas d'atteindre des niveaux de rejets de gaz carbonique adéquats, elle manque de flexibilité et nécessite des investissements de gazéification du charbon très élevés et polluants.

    Par la suite il faudra convaincre l'Inde et la Chine qu'elles ont fait le mauvais choix avec leurs investissements massifs dans centrales au charbon. Ce sera beaucoup plus complexe à gérer. Rappelons pour l'anecdote, que l'Inde qui possède les cinquièmes réserves mondiales de charbon, mais qui est incapable de le transporter sur son vaste territoire, construit ses centrales électriques dans les ports pour les alimenter à partir de charbon importé.

    LIRE le communiqué de l'Agence Bloomberg

    Le 21 Octobre 2009

  • Les grandes questions que vont devoir aborder les délégués du GIEC à Bali

    Les grandes questions que vont devoir aborder les délégués du GIEC à Bali

     Du 26 au 29 Octobre à Bali va se tenir la 31ème Session Pléniaire de l'IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change), plus connu en Français sous le doux acronyme de GIEC. Ce Groupe d'experts va devoir tout d'abord revoir les chiffres d'émissions gaz à effets de serres (GHG) et plus particulièrement ceux de dioxyde de carbone qu'il manipule. Il serait même indispensable qu'il se projette vers 2014 ou 2016 pour élaborer ses données compte tenu de l'inertie des décisions et des actions dans le domaine énergétique. Les centrales au charbon indiennes ou chinoises en cours de construction émettront inéluctablement leur gaz carbonique dans deux ou trois ans. Alors ces experts peuvent tabler sur des émissions qui atteindront les 36 milliards de tonnes de gaz vers 2014, malgré un certain infléchissement du rythme de progression en raison de la crise économique en 2009 (FIG.). 

    CO2-1980-2016

     Traditionnellement ces experts ajoutent à ces émissions anthropiques identifiées avec une bonne précision, une émission "forfaitaire" de 5,5 milliards de tonnes de CO2 (1,5 milliards de tonnes de Carbone) due à aux changements dans l'utilisation des sols (LUC ou Land Utilisation Change) qui englobe en particulier les déforestation des grandes forêts équatoriales. Sans vouloir minimiser la gravité de ces destructions et des émissions liées qu'il faut réduire de toute évidence, leur part dans les émissions globales de CO2 admises par tous comme représentant 20% des émissions, n'en représenteront plus que 13% en 2014. En comparaison, les émissions de CO2  dues à la combustion de lignite et de charbon représentaient, avec 12 milliards de tonnes, 40% des émissions totales en 2006 (EIA). Elles devraient tendre vers 50% des émissions dans les années à venir. Le GIEC ne peut pas ne pas pousser un grand coup de gueule contre la combustion croissante de charbon et de lignite dans le monde. Cette croissance doit cesser! Les publications de l'UNEP qui veulent faire croire que le réchauffement planétaire pourrait être maîtrisé par un meilleur aménagement des espaces verts et des rivages mondiaux est à la limite de l'escroquerie. En fait, d'oublier 87% du problème lui évite de s'affronter aux Nations industrielles récalcitrantes qui sont aussi les employeurs de l'UNEP.

     Le deuxième problème de fond repose sur la répartition des émissions de CO2 anthropiques entre ciel, terre et mer. Jusque là, la fraction se retrouvant dans l'atmosphère ou "airborne fraction" est réputée croître lentement au cours du temps. Il existerait une boucle positive entre la fraction de répartition du CO2 dans l'atmosphère et le réchauffement de la planète. Il est possible d'invoquer de nombreuses raisons (réchauffement des océans absorbant moins de gaz, automnes plus chauds provoquant des émissions de CO2 plus importantes par les forêts, etc.). Mais cette tendance longue qui exacerberait l'effet des émissions de gaz carbonique, ne semble pas s'appliquer depuis 2003, comme cela a été chiffré ici de façon très simple en comparant les accélérations des émissions de dioxyde de carbone et celles d'apparition dans l'atmosphère (LIRE). Or cette inversion, mettant en évidence une boucle de régulation négative, correspond à la forte croissance des émissions de dioxyde de carbone chinoises. N'y a-t-il pas là la preuve d'un effet inverse à celui attendu? La compréhension de ce phénomène me semble essentielle. Plusieurs hypothèses prenant en compte la pression partielle de CO2 et la fonte de la banquise dans une zone de puits de gaz carbonique, qui accroîtraient la vitesse et la surface de dissolution de ce gaz dans l'océan, devraient être étudiées. Les travaux de Takahashi et Col. dans le domaine, qui reposent sur trois millions de mesures de teneurs en CO2 dans les eaux de surface maritimes, réalisés depuis 1970, montrent clairement que cette zone de l'Atlantique Nord, autour du Groenland, est de toute première importance pour assurer la dissolution du gaz carbonique de l'hémisphère nord dans les océans (FIG.II, zone bleue et parme en haut à droite).

    FIG.II Vitesses d'apparition et de disparition du CO2 dans les océans d'après Takahashi et Col.

    Les zones parme correspondent aux puits de dioxyde de carbone qui peuvent absorber jusqu'à 400 tonnes de CO2 par km2 et par an. Des variations moyenne de la surface de la banquise de l'ordre du million de km2 peuvent donc expliquer un accroissement de l'absorption de 400 millions de tonnes de gaz annuellement. La surface de la banquise au mois de Septembre, représentait dans les 7 millions de km2 en 1990. Elle est descendue à moins de 5 millions de km2 en 2007. Cette différence peut expliquer une plus forte décroissance de la concentration en CO2 durant la saison d'été dans l'hémisphère nord.

    Takahashi-CO2-sinks-2009 

     La réunion plénière de l'IPCC de la semaine prochaine sera d'une grande importance en raison de sa proximité avec la réunion sur le climat de Copenhague du mois de Décembre. Il y a là une occasion de passer quelques messages sobres mais bien sentis, à la Communauté Internationale, avec cependant une condition nécessaire: bien les hiérarchiser.
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    Le 19 Octobre 2009

  • Un futur grand du pétrole en Afrique de l’Ouest, le Ghana, attise les convoitises chinoises

    Un futur grand du pétrole en Afrique de l’Ouest, le Ghana, attise les convoitises chinoises

     Le Ghana, voisin d'en face des côtes nord du Brésil il y a de cela 120 millions d'années, fait lui aussi partie de ce complexe pétrolier Sud Atlantique de l'ancien Gondwana (LIRE). Son champ offshore de Jubilee découvert en Juin  2007 et qui s'étendrait plus à l'Est que prévu initialement (FIG.) contiendrait aux dernières nouvelles dans les 1,8 milliards de barils nous informe un des opérateurs, le pétrolier Tullow, qui détient 23% des parts (LIRE le communiqué d'Anadarko par exemple). Tullow est associé dans cette aventure avec Kosmos qui est opérateur sur une autre partie du champ. Anadarko et le pétrolier ganhéen GNPC (Ghana National Petroleum Company) sont également associés à ce développement.

      L'affaire est si intéressante qu'Exxon Mobil semblait avoir trouvé un accord de 4 milliards de dollars pour racheter les 23,5% de droits de Kosmos sur l'exploitation de ces ressources qui devraient démarrer en 2010 et faire du Ghana un nouveau pays de l'Afrique de l'Ouest exportateur de pétrole.

    Ghana-jubilee-field

    Mais voila, le Financial Times fait savoir que le pétrolier local GNPC se dit prêt à acheter les droits de Kosmos et de rechercher des alliances avec le mieux disant, pour l'associer à ce projet. Il semblerait que dans les faits le partenaire préféré de GNPC et bailleur de fonds pour l'affaire soit déjà déterminé, ce serait le chinois CNOOC. Décidément, les places pour trouver un fauteil dans un champ pétrolier quasiment développé au soleil sont de plus en plus rares et difficiles à acquérir. La compétition sino-américaine joue à fond.

    LIRE l'info du Financial Times.

  • Siemens poursuit ses acquisitions pour une entrée réussie dans le marché du solaire thermique

    Siemens poursuit ses acquisitions pour une entrée réussie dans le marché du solaire thermique

     Siemens a compris que pour pénétrer un marché des énergies renouvelables, il fallait tout comme dans n'importe quelle activité, arriver en leader avec une solution complète et des technologies de pointes. C'est ce qu'il a fait avec beaucoup de succès dans l'éolien offshore où le Groupe est le N°1 mondial incontesté (LIRE).  Siemens ne se cache pas de recommencer le scénario dans le business du solaire par concentration. Sa volonté de rejoindre ce marché avait été dévoilée lors de la prise de participation au mois de Mars dernier de 28% dans l'italien Archimède Solar Energy qui maîtriserait, entre autres, la technologie du stockage de chaleur dans les sels fondus. Cette volonté stratégique vient d'être confirmée par la décision de Siemens d'acquérir, auprès d'un groupe financier, la Société Solel, un des grands spécialistes du solaire thermique par concentration sur miroir parabolique. Solel apporte à Siemens sa connaissance du business, mais aussi une technologie assez pointue dans les capteurs d'énergie qui reposent sur la circulation d'un fluide caloporteur dans des tubes de quartz sous vide situés dans la focale des miroirs paraboliques. Les performances de ces capteurs qui doivent absorber le maximum d'énergie solaire (>96%) pour la transmettre au liquide, tout en réémettant le moins possible de cette énergie (<10%) déterminent une grande partie de la performance et donc de la rentabilité des installations. Siemens par cette acquisition va se retrouver en première ligne sur les marchés du solaire par concentration dans le sud-ouest des Etats-Unis et sur le marché espagnol. Solel vient en particulier d'obtenir une subvention de 1,8 million d'euros du Gouvernement de la Province d'Andalousie pour venir installer une unité de production de composants. Par la suite Siemens rêvera de grandes installations solaires en Afrique du Nord ou au Moyen-Orient, destinées à alimenter de façon écologique les foyers allemands en énergie, tout là haut dans les frimas.

    Solel-Solar-Field

    CONSULTER la doc des capteurs UVAC 2008 de SOLEL

    LIRE les projets espagnols.

    Le 16 Octobre 2009