Catégorie : actualités

  • L’inexorable déclin de l’industrie française mériterait un traitement plus vigoureux

    L’inexorable déclin de l’industrie française mériterait un traitement plus vigoureux

    A – Les faits:

    Les statistiques de l’OCDE rassemblent un certain nombre de données par pays concernant l’activité économique. Parmi celles-ci il est un paramètre intéressant qui concerne les heures travaillées annuellement dans l’industrie. En 1997 les un peu plus de 6 milliards d’heures travaillées dans l’industrie en France représentaient exactement la moitié des un peu plus de 12 milliards d’heures travaillées en Allemagne dans ce même secteur. En 2008, c’est à dire 11 ans plus tard, ces heures travaillées ont été réduites de 1,2 milliard dans les deux pays, soit environ 100 millions d’heures perdues chaque année. Ce résultat, par rapport à 1997, correspond à une baisse de 20% des heures travaillées en France et de 10% en Allemagne (FIG.).

    Heures-industrie

    B- Les commentaires:

    Les variations d’heures travaillées d’une année sur l’autre sont la résultante de trois causes principales: les gains de productivité, la suppression de postes de travail par cessation locale de l’activité et la création de postes de travail dus à un surcroît d’activité ou à la création de nouvelles activités. L’expérience montre qu’une activité industrielle connaissant un développement annuel moyen en volume de 3 à 5% conserve un niveau d’heures travaillées annuellement sensiblement constant, les gains de productivité réalisés libérant de la main d’oeuvre pour assurer la croissance d’activité. Ce fut le cas pour l’Allemagne entre 2005 et 2008 où la croissance a globalement assuré une stabilisation de l’emploi dans l’industrie (FIG.).

    Dans le cas de la France les statistiques indiquent une décroissance monotone de l’emploi industriel depuis onze ans. Ces chiffres nous informent que les gains de productivité et les suppressions de postes de travail dépassent systématiquement chaque année les apports de postes nouveaux créés pour surcroît ou création d’activité. Tel était l’état de l’Industrie française à fin 2008.

    Une estimation de ce que vont être les chiffres 2009 avec la crise économique, permet de penser que ce sont autour de 300 millions d’heures de travail industriel qui vont être perdus en France, ce qui donnera à la courbe une allure parabolique très inquiétante.

    L’analyse des causes de ce résultat assez calamiteux peut faire intervenir de nombreux paramètres économiques, sociaux, politiques. Elle peut faire apparaître les multiples raisons qui s’opposent à la création de nouveaux emplois ou qui favorisent la disparition de certaines tâches industrielles, mais il est une raison essentielle qui me semble dominer toutes les autres c’est la décision justifiée et délibérée des responsables économiques et industriels d’investir ailleurs qu’en France. Il faut donc être très pessimiste sur l’efficacité de mesures qui doivent soi-disant favoriser le greenbusiness ou sur un emprunt d’Etat à venir qui va saupoudrer quelques ressources dans des industries mal en point ou des programmes en retard. Les mesures préconisées ne sont pas à la hauteur du problème posé.

    C- Quelques pistes pas originales du tout, mais indispensables:

    Pour convaincre les dirigeants d’industrie, français ou étrangers, à investir en France plutôt qu’ailleurs, il faut tout simplement que leurs calculs économiques deviennent favorables à l’investissement localisé dans l’hexagone plutôt qu’en Asie ou en Europe de l’Est. Cela veut dire qu’il est urgent de mener un certain nombre d’actions telles que:

    • la prise en charge de l’ensemble des charges de la protection sociale par l’impôt sur la consommation et non pas par les charges sur le travail,
    • la juste et vigoureuse répartition des taxes écologiques sur les produits importés. Citons pour mémoire le charbon, l’acier, l’aluminium, les produits chimiques et autres textiles artificiels, les matières plastiques, etc.
    • la réduction de la pression fiscale liée à la création d’activité et à l’investissement,
    • la focalisation du développement de la Recherche et de l’Industrie françaises sur quelques clusters industriels bien identifiés et accompagnés d’un plan financier incitatif de remise à niveau si nécessaire. Cette dernière action étant décidée dans le cadre d’un grand plan européen.
    • la chasse systématique contre toute mesure politique tendant à ralentir le développement économique de nos régions. Un exemple : un projet d’implantation d’un port méthanier dans l’embouchure de la Gironde vient d’être abandonné par le Gouvernement. L’immobilisme josébovéen vient de remporter une victoire. Monsieur Borloo, merci pour lui! Il aurait probablement suffi d’une station d’épuration bien étudiée pour pouvoir traiter les ballasts des méthaniers et ainsi résoudre le problème écologique des rejets. Mais cela est bien trop rationnel dans un monde d’esbrouffe.         Enfin il est une condition nécessaire pour faire redémarrer notre pays, c’est le désir de chacun de vivre ensemble, de privilégier le collectif à l’individuel. Cela passe par l’exemple venant d’en haut de simplicité, de frugalité et d’un mode de vie économe des deniers de l’Etat. Il n’est pas sûr que nos hommes et femmes politiques de tous bords, grisés par les ors et la pompe, l’aient bien compris.

    Le 8 Août 2009.

  • Les cours du BRENT ont repris leur ascension mais avec des doutes sur un affaiblissement continu du dollar

    Les cours du BRENT ont repris leur ascension mais avec des doutes sur un affaiblissement continu du dollar

                               La compréhension des évolutions du marché pétrolier, à contre courant total avec une demande mondiale très faible, doit faire appel au rôle de couverture contre l'affaiblissement du dollar que la spéculation financière fait jouer au pétrole et à ses dérivés tels que l'essence ou le gasoil. Ces phénomènes, purement spéculatifs, s'accompagnent d'une montée des stocks physiques de produits pétroliers aux Etats-Unis, mettant à profit la courbe en contango des prix des futures sur le marché à terme. Ce phénomène de stockage conduit ainsi les stocks physiques de Cushing (Oklahoma) à des niveaux très proches de la saturation à plus de 33 millions de barils de brut WTI en fin de semaine dernière. Les échanges physiques de produits sur le NYMEX sont de ce fait fortement contraints et la spéculation se reporte alors sur le BRENT à Londres dont les cours passent devant ceux de New York (FIG.). Ce phénomène d'inversion de leadership, observé depuis la mi-juillet, qui place le BRENT en tête devant le WTI, est étroitement lié à ce phénomène de saturation des stocks.

    Cours-BRENT-WTI-2009-08

                    Depuis la mi-avril date du démarrage d'un rallye sur les cours du pétrole et de ses dérivés le Marché a traversé trois phases distinctes. La première jusqu'à début Juin de franche ascension accompagnant un affaiblissement régulier du dollar, puis est arrivée une phase de stagnation des cours puis de baisse liée à la reprise de la monnaie américaine qui s'est terminée vers la mi-juillet avec un repli du baril à 60$. Depuis sur un renversement des taux de change du dollar contre l'euro et autres monnaies, l'ascension des cours du pétrole a repris mais avec moultes hésitations, comme le montre la courbe focalisée sur ces quatre dernières semaines (FIG.II) où sont représentés les cours du baril de Brent et l'indice USDX de change du dollar contre un panier de monnaies, suivi à l'ICE à Londres.

    Cours-BRENT-USDX-2009-08 

                            Le marché joue à nouveau clairement sur une tendance longue l'affaiblissement du dollar et donc la montée des cours du brut. Ce comportement des milieux financiers est à attribuer à l'hostilité de ces milieux vis à vis de l'Administration Obama. Ses propositions de Cap & Trade des émissions de CO2, adoptées de justesse à la Chambre des Représentants, rencontrent une forte opposition de tous les bords au Sénat. Ses projets de Sécurité Sociale heurtent l'Amérique profonde et ses Représentants. Les milliards de dollars dépensés par l'Administration fédérale pour sauver et relancer l'industrie automobile américaine en inquiètent plus d'un. Enfin la politique énergétique de cette Administration n'est pas clairement exprimée sinon sur quelques projets futuristes dont la probabilité de réalisation effective semble bien faible à ce jour. Il y a du Jean-Louis Borloo dans Obama.

                             Mais la possibilité d'une amélioration de la conjoncture économique aux Etats-Unis n'est cependant pas totalement exclue ce qui explique les soubresauts du dollar sur de bonnes nouvelles comme celles d'hier sur l'emploi  qui ont fait grimper l'USDX de 78 à 79 en quelques heures et fait plonger le baril de BRENT de 2 dollars. Effet paradoxal qui traduit toute bonne nouvelle économique en baisse des cours du pétrole!

                              Ces informations confirment que toute interprétation des évolutions de cours du pétrole liés à de supposés mécanismes de marchés corrélés au niveau des stocks physiques ou à une éventuelle reprise de la demande de pétrole en Patagonie, régulièrement publiée de-ci ou de-là, ne serait que poudre aux yeux. 

    Le 8 Août 2009

  • La lente reprise des ventes de voitures aux Etats-Unis concrétise les diverses mesures de relance de ce secteur stratégique

    La lente reprise des ventes de voitures aux Etats-Unis concrétise les diverses mesures de relance de ce secteur stratégique

                   Les baisses de ventes de voitures aux Etats-Unis avaient déjà débuté au printemps-été 2008 avec un repli des ventes de 4X4 accompagnant la flambée des prix des carburants. L'arrivée de la crise financière durant l'automne et l'hiver 2008-2009, se traduisant par une forte montée des taux du crédit à l'automobile, délabra complètement le secteur avec un point bas en Janvier-Février 2009 à moins de 700 mille véhicules commercialisés mensuellement (FIG.I).

    Ventes-voitures-USA-2007-2009-07

                   Depuis ces ventes mettent en évidence une lente progression en volumes (FIG.I, courbe rouge) et en prix (FIG.II en rouge). Les ventes du mois de Juillet à 995 mille exemplaires ont dû générer un chiffre d'affaire mensuel estimé à 31 milliards de dollars à partir d'une hypothèse de prix moyen d'achat d'un véhicule neuf légèrement supérieure à 31 mille dollars (FIG.II). C'est beaucoup mieux que les 17 à 18 milliards de dollars de CA du mois de Janvier (courbe bleue).

    Ventes-voitures-USA-CA-2009-07 

                          Les principales raisons qui expliquent cette reprise relative des ventes sont essentiellement de trois ordres.

                          Il y a eu tout d'abord à partir du mois de Février 2009, d'après les chiffres publiés par la FED, un retour à des taux de crédits raisonnables, autour de 3% par an, alors que Décembre et Janvier avaient connus des taux à plus de 8%, conséquence du "credit crunch" américain (FIG.III).

    Taux-US-automobile-2009-05 

                             Une autre raison est l'arrivée encore timide de nouveaux modèles sobres en carburants. Durant le mois de Juillet par exemple les ventes de voitures hybrides ont dépassé les 35 mille exemplaires, représentant 3,5% des ventes de voitures neuves américaines. Ce succès est essentiellement imputable à l'arrivée de la nouvelle Prius de Toyota qui a atteint un nombre d'exemplaires vendus de 19 mille contre 13 mille le mois précédent. Le deuxième succès revient à Ford qui a vendu plus de 5000 modèles de types Mariner hybride et à Honda qui a écoulé plus de 2000 Insight. Nul doute qu'avec la montée en puissance des productions japonaises ce record sera régulièrement battu par la suite. Les ventes de voitures hybrides au Japon représentaient déjà 10% des ventes de voitures neuves au mois de Juin (LIRE).

                              Enfin la troisième raison est la prime à la casse qui a obtenu un grand succès immédiat auprès des possesseurs américains de vieux tromblons de plus de 25 ans. Se faire reprendre son vieux pick-up rouillé pour 4000 dollars en moyenne intéresse beaucoup les américains. Le Gouvernement a estimé que 185 mille véhicules avaient été vendus grâce à ce dispositif pour un montant total de prime à la casse (cash for clunkers) de 775 millions de dollars sur un milliard alloué. Les Sénateurs sembleraient d'accord pour accorder 2 milliards de dollars de plus au programme ce qui permettrait, en tout, de subventionner autour de 750 mille ventes de véhicules durant l'été.

                             Ce mouvement de lente reprise du business devrait réduire fortement les stocks de voitures invendues et à terme, ranimer les productions. Hyundai envisagerait de monter en cadence dans son usine de Montgomery et Ford se poserait des questions autour d'une éventuelle montée en cadence pour certains modèles. Il faudra donc attendre encore un mois ou deux pour que cette reprise des ventes se concrétise par un début de reprise des productions dans tout le réseau de sous-traitance de l'industrie automobile américaine.

    Le 6 Août 2009.

  • Energies renouvelables: l’Administration américaine va substituer les subventions directes aux crédits dimpôts

    Energies renouvelables: l’Administration américaine va substituer les subventions directes aux crédits dimpôts

    Chu-steven                    C'est une longue revendication des milieux financiers américains impliqués dans les projets d'énergie renouvelable aux Etats-Unis: remplacer les crédits d'impôts (credit tax) qui ne profitent qu'à ceux qui paient l'impôt, par des subventions directes (direct payments) en cash qui, elles, ne tiennent pas compte de la situation fiscale des acteurs économiques en charge du projet concerné. Le Department of Energy et le Department of the Treasury viennent d'annoncer la mise en place de cette importante modification. Ce sont en tout 5000 projets pour un montant d'au moins 3 milliards de dollars qui sont concernés par cette nouvelle pratique et qui devraient ainsi profiter d'une aide financière du Gouvernement Fédéral plus efficace. Cette action fait partie du vaste plan de relance de l'Administration Obama.

    LIRE le communiqué du DOE sur le sujet.

    Le 1er Août 2009

  • GDF-Suez et l’allemand E-On s’échangent 1700 MW de centrales électriques

    GDF-Suez et l’allemand E-On s’échangent 1700 MW de centrales électriques

    Business-update                La Commission voulait voir se réduire la part de Marché d'E-On dans l'énergie électrique allemande et désirait voir venir un troisième acteur dans l'électricité Belge. Alors E-On et GDF-Suez ont décidé d'échanger certaines de leurs centrales et même de s'échanger des capacités de production d'électricité d'origine nucléaire pour que l'un en Allemagne et l'autre en Belgique disposent de parts de marché significatives. De plus, GDF-Suez ayant en construction une nouvelle centrale au charbon de 800 MW à Wilhelmshaven qui sera opérationnelle en 2012, va pouvoir entrer la tête haute dans la génération polluante d'électricité à la mode allemande.

                           Il n'est pas certain que ce genre de manipulations fasse faire d'énormes progrès à la politique énergétique européenne et à la maîtrise du changement climatique de la planète. Mais que voulez-vous? La Commission Européenne a peu d'idées dans le domaine de l'énergie, mais son incompétence ne l'empêche pas d'être opiniâtre dans la recherche de l'aboutissement de ses médiocres convictions.

    LIRE le communiqué commun d'E-On et de GDF-Suez. (Ou mieux écrit en anglais)

    Le 1er Août 2009

  • Etats-unis: les consommations de produits pétroliers autres que l’essence ont encore baissé au mois de Mai

    Etats-unis: les consommations de produits pétroliers autres que l’essence ont encore baissé au mois de Mai

                      Les données hebdomadaires de l'EIA sur les consommations américaines de pétrole sont trop imprécises pour porter jugement de façon sérieuse. Il faut donc attendre les données mensuelles qui sont publiées deux mois après. C'est ainsi qu'à la fin du mois de Juillet sont connus les chiffres du mois de Mai. Que nous apprennent ces chiffres?

    1. Que la consommation de produits pétroliers continue à décroître avec une baisse de 7,9% par rapport au même mois de 2008 (18,2 millions de barils/jour comparés à 19,7 un an plus tôt),
    2. que la consommation d'essence qui représente 50% des produits pétroliers consommés aux Etats-Unis, est sensiblement stable avec une baisse de 1,4% par rapport à il y a un an. Ce résultat est tout à fait en accord avec l'arrêt des baisses du trafic routier et de sa stabilisation,
    3. que c'est donc la baisse de 13,6% des consommations des produits pétroliers autres que l'essence qui détermine le mouvement d'ensemble (FIG.). En effet, les consommations de kérosène sont en baisse de 14%, celles de gasoil de 13%, celle de gaz liquéfiés de 10% par rapport à il y a un an.           

    Conso-produits-2009-05

                       Ces chiffres traduisent l'ampleur du mouvement de repli de l'économie américaine et des efforts de rationalisation des Entreprises, comme celles de l'aéronautique, pour réduire leur facture énergétique. Elles se répercutent sur la baisse des productions des raffineries de 5,4% par rapport à l'an dernier et par la montée des stocks spéculatifs de produits intermédiaires ou raffinés (FIG.II) qui se sont accrus de 79 millions de barils en un an. La montée spéculative des cours du pétrole est, de toute évidence, en total déphasage avec ces observations.

    Stocks-produits-US-2009-05 

    Le 1er Août 2009

  • Le budget de prime à la casse américain épuisé en moins d’une semaine!

    Le budget de prime à la casse américain épuisé en moins d’une semaine!

    Cash-for-clunker                  Le "Cash for clunkers rebate program" prévoit une enveloppe d'un milliard de dollars pour attribuer 3500 à 4500$ par voiture de plus de 25 ans d'âge et qui devra être remplacée par un modèle récent plus sobre en carburant. Un tel programme concerne donc 250 mille véhicules environ. Quatre jours après le lancement du programme un sondage auprès de 2000 "dealers" montre qu'ils ont signé 25000 ventes avec reprise d'un véhicule. Or il y a 23000 vendeurs de voitures aux Etats-Unis. Le budget alloué est donc épuisé.

                      Cette anecdote illustre de façon éclatante combien la prévision de réactions économiques des citoyens américains devant une incitation financière, bien sûr mise en musique par tout le réseau des vendeurs du pays, peut être largement sous-estimée par une Administration lointaine. Il y avait pourtant l'exemple européen qui montre que ce genre de prime est un puissant levier pour faire anticiper une décision d'achat, le plus puissant de toutes les mesures de relance. Certains membres du Congrès demandent le vote d'une rallonge à ce programme qui aurait dû être dix fois plus ample. 

    LIRE un papier sur l'impact des décisions de report d'achat et l'effet des primes à la casse.

    Le 31 Juillet 2009

  • Les cours du pétrole WTI se replient sur un mouvement de valorisation du dollar

    Les cours du pétrole WTI se replient sur un mouvement de valorisation du dollar

                       Il est possible de lire ce matin dans des dépêches et diverses revues renommées à la fibre économique que les cours du pétrole se seraient repliés en raison de la montée des stocks hedomadaires de brut américain de 5 millions de barils en fin de semaine dernière. Ce genre d'interprétation qui tendrait à faire penser que le marché du pétrole est un marché normal évoluant avec le niveau des stocks, est de toute évidence erroné. En effet, plusieurs raisons militent pour réfuter cette interprétation assez simpliste:

    1. les stocks de pétrole américains, alimentés par la spéculation, connaissent une hausse continue depuis le début de l'année. L'excès de stock peut être évalué à 150 millions de barils et n'a aucun impact sur les cours du pétrole,
    2. cette poursuite de la montée des stocks, alimentée par la spéculation, était attendue par le marché en raison d'une courbe des cours à terme en fort contango. Les ouragans de l'été sur le Golfe sont attendus.
    3. les stocks à Cushing à 32 millions de barils proches de la saturation limitent les échanges physiques sur le marché new-yorkais, la conséquence est une prise de relai du leadership par le Brent à Londres qui devance le WTI

                     Par contre depuis deux jours le dollar a amorcé un mouvement de reprise vis à vis de l'euro et les cours du pétrole WTI hier à New York ont suivi l'évolution de l'indice USDX, panier des taux de change du dollar avec les principales monnaies, reflet symétrique habituel de la spéculation sur le pétrole en relation avec les taux de change du dollar (FIG.).

    WTI-USDX-Jul-29 

                         Depuis belle lurette le marché financier du pétrole et de ses dérivés se moque éperdument de l'état des stocks, des échanges physiques et des conditions économiques du moment. Tant que la puissance politique n'aura pas bridé un tant soit peu ce marché, la spéculation pourra s'exprimer en toute liberté. Pour l'instant elle joue à moyen terme la baisse du dollar, la baisse de crédibilité de l'Administration Obama et l'hostilité des milieux industriels et financiers envers cette dernière. Les projets de Taxe Carbone (Cap & Trade) et de Sécurité Sociale ont du mal à séduire les milieux dirigeants américains.

    Le 30 Juillet 2009

  • Shell confie à Technip et Samsung l’étude d’une unité flottante de liquéfaction de gaz naturel

    Shell confie à Technip et Samsung l’étude d’une unité flottante de liquéfaction de gaz naturel

                                Les techniques offshore d'exploration et d'extraction de gaz naturel deviennent de plus en plus profondes et s'éloignent des côtes. La mise à disposition pour certains gisements d'unités flottantes de liquéfaction (FLNG) où viendraient accoster les méthaniers est un projet économiquement raisonnable. Ce type d'usine flottante permettrait en effet de s'affranchir de la construction de longs gazoducs sous marins et des servitudes associées. Shell dans le cadre d'un projet de coopération à long terme vient de confier à Technip et à Samsung  l'étude d'une telle unité industrielle flottante. Elle devrait être capable de séparer les fractions liquides et autres gaz liquéfiés à basse pression  à hauteur de 1,5 million de tonnes par an et de traiter le gaz naturel et de le liquéfier avec une capacité de 3,5 millions de tonnes par an. Il n'est pas dit le sort réservé au CO2 contenu dans le gaz naturel.

                               Ce projet illustre la montée en puissance programmée de la part du gaz naturel dans le mix énergétique mondial, pour les décennies à venir.

    Shell-Float-LNG  

    LIRE le communiqué de Shell

    Le 29 Juillet 2009

  • BP fringuant dans le pétrole, semble plutôt ramer dans les énergies renouvelables

    BP fringuant dans le pétrole, semble plutôt ramer dans les énergies renouvelables

                          Les résultats du deuxième trimestre de BP sont dans la ligne de ceux du trimestre précédent avec de bonnes performances en volumes dans l'extraction du pétrole et du gaz qui dépasse, hors filiale russe TNK-BP,  les 3 millions de barils équivalent pétrole par jour pour le troisième trimestre consécutif, malgré la crise et les restrictions de productions OPEP (FIG.). Dans l'aval, le raffinage à plus de 2,2 millions de barils par jour se tient également très bien. Mais les résultats de BP dans les énergies renouvelables qui sont consolidés avec les résultats du Siège, semblent beaucoup moins brillants.

    • Dans le solaire les ventes de BP Solar sur le semestre en net retrait, n'atteignent que les 42 MW contre 73 MW un an auparavant. BP mentionne un accord avec RGE en Allemagne pour la réalisation d'une centrale photovoltaïque.
    • Dans l'éolien la puissance installée reste inchangée par rapport à celle du premier trimestre à 672 MW.
    • BP ne dit mot de son alliance avec Verenium dans les biocarburants de deuxième génération.
    • Il mentionne par contre que la filiale commune avec Rio-Tinto, Hydrogen Energy, qui doit produire en Californie, de l'électricité à partir de coke de pétrole et de charbon selon un procédé IGCC équipé de capture de CO2, gaz utilisé pour l'amélioration de l'extraction pétrolière (EOR), a reçu une subvention de 308 millions de dollars de la part de l'Administration US.

    Productions-2006-2009-T2 

                   Ces résultats illustrent, malgré leurs énormes ressources financières et humaines, les difficultés qu'éprouvent les grosses pétrolières et leurs Etats Majors pléthoriques à gérer ces entreprises des énergies renouvelables aux profils de Start-up.

    LIRE le rapport BP du T2 2009

    Le 28 juillet 2009