Catégorie : actualités

  • La Chine voudrait produire plus de 500 TWh d’énergie électronucléaire en 2020

    La Chine voudrait produire plus de 500 TWh d’énergie électronucléaire en 2020

                         Ceci a été récemment reporté: la Chine est encore un acteur de deuxième ordre dans la génération nucléaire d'électricité avec 65 TWh produits en 2008 (LIRE). A titre de comparaison la France a produit 418 TWh d'électricité d'origine nucléaire en 2008. Mais la Chine a des plans ambitieux dans le domaine et désirerait même les faire monter en puissance. D'après Zhang Guobao, le patron de la National Energy Administration, le plan de croissance de la puissance électronucléaire est en cours de révision, avec pour objectif de pouvoir le porter des 60 GWe prévus jusque là, à plus de 72 GWe en 2020. A raison de 7,5 TWh d'énergie annuelle produite par GW (taux de charge de 86%) ce sont donc plus de 540 TWh d'énergie électronucléaire dont la Chine disposerait à cette date.

                          Les réacteurs à lancer d'ici à 2016 seraient aux environs de 60, ce qui en tenant compte des 14 réacteurs déjà lancés nécessitera de maintenir ou de légèrement accroître le rythme d'engagement actuel. Pour les spécialistes, la Chine devrait standardiser ses productions autour du CPR-1000 français ou de l'AP 1000 de Westinghouse qui seraient produits presque entièrement par les industries locales chinoises. Vaste programme (FIG.).

    Nuc_Chine 

    Le 2 Juin 2009.

  • Très fort regain de cote des Sociétés photovoltaïques chinoises

    Très fort regain de cote des Sociétés photovoltaïques chinoises

                    L'annonce de la mise en oeuvre imminente des aides gouvernementales chinoises, à hauteur de 20 RMB (2.93 dollars) par Watt et attribuées aux installations locales de modules photovoltaïques proposées par les constructeurs et retenues par les autorités, a fortement relancé les cours des Sociétés cotées. C'est ainsi que dans la semaine le cours de Yingli, membre du TOP 5 chinois, s'est apprécié de 37%, celui de Canadian Solar de 32% et Suntech, le leader du secteur, s'est adjugé 31% de progression (TAB.). Solarfun et Trina Solar ont progressé de 20%, LDK de 17%, JA Solar de 14%.

                   Les autorités chinoises auraient reçu dans les 500 MW de propositions de la part des constructeurs ce qui, si elles étaient toutes retenues, représenterait une première aide de 1,5 milliards de dollars environ.

    Bourse-cours-2009-05d 

    Le 31 Mai 2009

  • USA: les consommations de pétrole du premier trimestre en baisse de 5,2%

    USA: les consommations de pétrole du premier trimestre en baisse de 5,2%

                      Les consommations de pétrole américaines du premier trimestre comparées au même trimestre 2008 et corrigées de l'année bissextile sont en baisse de 5,2%, elles avaient baissé de 4,3% l'an dernier à la même époque (FIG.). Produits par produits ces baisses sont très dispersées. C'est la consommation d'essence à -1,3% qui baisse le moins, les Américains ont conservé à peu près intacte leur consommation d'essence élevée, faute d'offre de nouveaux modèles de voitures plus économiques et plus attractifs qui feraient redémarrer les ventes. Ils font rouler leur parc auto "énergivore" qui vieillit. Par contre la consommation de kérosène a baissé de 10%, reflétant les économies engagées dans le transport aérien depuis l'automne dernier. Celle de gaz liquéfiés (propane, butane) s'est repliée de 11%. Les volumes de fuel et de gasoil confondus ont baissé de 7% ainsi que ceux des autres liquides et solides issus du raffinage du pétrole.

    Conso-pétrole-USA_2009_03 

    Le 30 Mai 2009

  • Le pétrole et l’essence supports de couverture contre l’affaiblissement du dollar

    Le pétrole et l’essence supports de couverture contre l’affaiblissement du dollar

                           En six semaines les cours du pétrole WTI à New York se seront valorisés de 45% en passant de moins de 46$ le baril à plus de 66$ cette nuit, le tout dans un climat de demande très déprimée, de stocks importants, de productions américaines records et d'OPEP pas du tout va-t-en guerre. Les raisons fondamentales de cette hausse me semblent être de trois ordres: la conviction que les cours ne pouvaient pas demeurer très longtemps au dessous de 60$ le baril, l'arrivée tardive de ceux qui jouaient jusque là la stagnation ou le marasme (ceux qui avaient suivi les recommandations des "spécialistes" qui prévoyaient, il n'y a pas si longtemps, un baril à 25$) et, paramètre essentiel, l'utilisation des papiers adossés à ces cours comme instruments de couverture vis à vis d'un dollar de plus en plus dépressif. Ce n'est pas la demande de pétrole qui croît, c'est la demande en futures et autres instruments qui subissent une forte demande "longue".

    Prix-50-euros-2009-05 

                     Le rôle fondamental de l'évidence, du fait admis par tous, fond de sauce de tout mouvement spéculatif (le peak oil en début 2008, la crise mondiale généralisée en fin 2008, la pénurie programmée maintenant) est d'une grande importance. Un contre exemple éclairant est donné par les cours du gaz naturel qui après une velléité de hausse en début de mois, se traînent en dessous des 4$/MMBTU (FIG.II). L'offre physique mondiale de gaz naturel est trop importante et les méthaniers en vadrouille terminent leur course dans le Golfe du Mexique pour vendre leur chargement à vil prix. Aucun gourou ne peut clamer une pénurie future, alors la spéculation qui a le choix, délaisse le gaz naturel pour le pétrole ou autre "commodity" agricole. Le gaz naturel est la ressource d'énergie primaire la plus largement répartie dans le monde et la plus disponible aux cours actuels de l'énergie. Aucun intérêt pour la spéculation.

    Cours-gaz-nymex-2009-05

                           La corrélation entre cours du dollar et cours du pétrole, avec un coefficient de corrélation de 0,96 sur six semaines de cotations (FIG.I), ou de l'essence, avec un coefficient de corrélation de 0,94 (FIG.III), est maintenant une évidence pour l'ensemble des opérateurs. Mac Neil Curry de chez Barclays Capital à partir de l'analyse graphique voit le pétrole se diriger vers les 74 ou 75$ le baril.

    Cours-gasoline-nymex-2009-05

                          Ce sont les placements abondants de Bons du Trésor américains, en charge de financer les largesses du Président Obama et de son Administration, qui déterminent les cours du dollar et donc indirectement ceux du pétrole. Les taux longs sont définitivement orientés à la hausse, il faut bien attirer le chaland asiatique pour alimenter la planche à billets. Montée des taux, montée des cours des matières premières, hausse des prix des carburants à la pompe, baisse du dollar: prémices lointains d'un nouveau cycle inflationniste américain? Pour cela il faudrait que l'économie redémarre ce qui est peu probable en 2009 et même en 2010, en raison de la profonde crise d'offre produits de l'industrie automobile américaine. L'économie américaine peut-elle redémarrer sans son industrie automobile?

     Le 30 Mai 2009

  • Les tarifs grand public du gaz et de l’électricité dans les capitales européennes illustrent l’absence totale de politique énergétique concertée

    Les tarifs grand public du gaz et de l’électricité dans les capitales européennes illustrent l’absence totale de politique énergétique concertée

                        Les données publiées par la think-tank Vaasa ETT montrent qu'entre le prix grand public de l'électricité à Copenhague dans un Danemark recouvert d'éoliennes et affligé de taxes et celui d'Athènes dans une Grèce équipée de centrales brûlant le lignite local, il existe un tarif de l'électricité variant de 1 à 2,7. La Suède avec des prix très élevés du gaz naturel oriente clairement la consommation vers l''électricité d'origine nucléaire et hydroélectrique et donc peu chargée en CO2. La Grèce, la France et ses centrales nucléaires, avec des rapports de tarifs de l'ordre de deux entre le MWh électrique et celui du MWh thermique du gaz naturel tendent à favoriser l'utilisation d'électricité comme source d'énergie dans les foyers. Par contre le Danemark, la Belgique, le Royaume-Uni, l'Irlande avec des ratios supérieurs à trois tendent à favoriser l'utilisation du gaz naturel. 

                      Les bons prix de l'électricité relevés à Londres doivent beaucoup à la dévaluation de la Livre Sterling par rapport à l'Euro. Ces tarifs fortement impactés par les taxes montrent le caractère incohérent des choix énergétiques au sein des nations composantes de l'Europe.

    Prix_elec_gaz_2009_05  

    Accéder aux données de la think-tank

    Le 25 Mai 2009

  • Quatrième cours d’économie énergétique: il faut prendre en compte la démographie, mais en analysant bien les phénomènes

    Quatrième cours d’économie énergétique: il faut prendre en compte la démographie, mais en analysant bien les phénomènes

                    Après avoir précisé certains ordres de grandeurs, banni une utilisation abusive des puissances installées, envisagé certaines hypothèses d'évolution des prix des produits énergétiques, il semble utile de regarder l'impact d'une donnée de base de l'équation qui déterminera la future consommation d'énergie dans le monde: la démographie et son évolution quantitative et qualitative. Il a été déjà souligné ici combien était erronée la démarche d'un Exxon Mobil et de bien d'autres officines qui, prenant en compte les prévisions de croissance de la population mondiale d'ici à 2030, en déduisent une croissance inéluctable de la consommation de pétrole. Ces analyses à la serpe qui ont une apparente évidence, ne valent pas en fait grand-chose, car elles oublient de dire qu'en même temps la population des pays les plus riches de la planète va croître lentement et surtout vieillir (LIRE cette étude).

    FIG.I : le parc automobile japonais va fortement décroître dans les décennies à venir en raison de la baisse de la population active.

    Japon_parc_auto_1950_2050 

                   Pour illustrer cette régression numérique de certains pays les plus riches il est intéressant d'examiner le cas du Japon qui est le pays le plus en avance démographiquement et sûrement un des plus avancés dans le phénomène mondial, appelé par certains  "la deuxième transition démographique" et qui voit les comportements des nouvelles générations chambouler complètement la donne sociologique, politique et économique dont le témoignage le plus éclatant a été la récente et brillante élection du Président Obama.

                    Un sondage conduit l'an dernier pour le Nihon Keisai Shimbun auprès de 1700 jeunes japonais âgés de 20 à 30 ans avait révélé que 25% seulement d'entre eux désiraient posséder une voiture, ils étaient 48% en 2000. Le désintérêt des jeunes générations pour la bagnole est profond et son évolution a été très rapide. Ce n'est pas la crise qui délie le consommateur de l'obligation d'acheter ou de renouveler sa voiture mais l'inverse, c'est le désintérêt du consommateur pour son véhicule qui engendre la crise économique. C'est la conjonction d'une crise financière mondiale et d'un chamboulement profond des comportements économiques des nouvelles générations, plus sensibles aux menaces écologiques, plus attachées à leur bien-être, moins bling-bling dirait-on familièrement, qui est la cause du marasme économique actuel. L'offre de produits ne correspond plus a une demande qui a trop rapidement évolué. Il y a dans ce hors-jeu marketing et commercial une raison profonde de la crise actuelle. L'industrie de la voiture est la vitrine exemplaire de ce phénomène, le désamour du consommateur pour les marques, au profit de produits plus bruts, moins sophistiqués, supposés plus naturels, en est une autre illustration.

                      Les démographes des Nations Unies nous indiquent que la population nippone est passée par un maximum à 127 millions d'habitants autour de 2005 et qu'elle va régresser vers les 120 millions en 2025 et les 100 millions autour de 2050 (FIG.II). Mais de façon encore plus nette, la population active des 15-64 ans a déjà connu son maximum en 1995 à 87 millions d'habitants, elle est à 82 millions cette année et elle descendra à 70 millions un peu après 2025. La population active va baisser plus vite que la population globale en raison du vieillissement.

    FIG.II : la population du Japon est passée par un maximum en 2005 et va décroître. La population active, en raison du vieillissement, a connu ce maximum dés 1995 et connait une forte décroissance.

    Japon_1950_2050

                     Pour mesurer la propension à consommer du véhicule à moteur des Japonais il est intéressant de rapporter la taille du parc automobile publié chaque année par la JAMA (Japan Automobile Manufacturers Association) au nombre de personnes actives. La courbe obtenue depuis 1990 et en faisant une hypothèse raisonnable de baisse du parc auto en 2008 de 124 mille véhicules à 57,5 millions d'unités, montre que ce ratio tend à se stabiliser aux environs de 0,7 voiture par personne active. Un tel ratio dans une Société fondamentalement urbaine, dont la possession d'une voiture est fortement taxée, qui le plus souvent nécessite de justifier d'un garage, société endettée par des emprunts immobiliers à très longue échéance, ne possédant au mieux que d'une voiture par foyer est tout à fait justifié.

    FIG.III : le nombre de voitures constituant le parc automobile japonais divisé par la population active se stabilise aux environs de 0,7.

    Japon_voiture_par_personne_active

                   En supposant que ce ratio va peu varier dans les années à venir, tiré vers le bas par l'arrivée des nouvelles générations et tiré vers le haut par les nouvelles offres marketing de voitures hybrides ou électriques de types "Smart and Green", il est possible d'évaluer une évolution moyenne du parc automobile japonais dans les décennies à venir. Ce parc auto proportionnel à la population active va donc régresser rapidement (FIG.I).

                    Il est donc possible de pronostiquer que les consommations de pétrole du Japon qui est de l'ordre de 4,8 millions de barils/jour, supérieur à celui de la France et de l'Allemagne réunies, va aller en décroissant. La baisse des consommations de pétrole du Japon qui a été de 700 mille barils par jour pour la décennie 1997 et 2007 devrait être encore plus forte pour la décennie 2008- 2018 en raison de la baisse de la taille du parc et des progrés d'efficacité énergétique des véhicules. Un pronostic d'une baisse comprise entre 1,2 et 1,4 million de barils/jour en dix ans (25% à 30%) semble raisonnable.

                   Cet exemple du Japon qui sera suivi par de nombreux autres pays développés comme l'Allemagne, le plus proche démographiquement de la situation japonaise, incite à penser que ces phénomènes de vieillissement de la population, se traduisant par à une baisse de la population active et une contraction du parc automobile, vont entraîner des baisses importantes de consommation de pétrole dans les pays les plus avancés. L'arrivée de nouvelles générations moins tentées par le prestige de posséder un beau et grand véhicule couvert de chromes, relayées par les constructeurs qui proposeront des modèles minimalistes en taille et en consommation va accentuer ce phénomène de retrait.

                   Il faut donc prévoir, malgré la hausse de la population mondiale, une stagnation des consommations mondiales de pétroles dans les dix à quinze ans à venir. Cela ne signifie pas que les cours vont stagner, l'industrie pétrolière devra poursuivre sa lutte sur les gisements exploités ou découverts contre les phénomènes de déplétion qui sont 4 fois plus importants que les croissances de demandes observées ces dernières années.

    LIRE les cours précédents: premier, second, troisième.

    LIRE un article intéressant du WSJ sur le comportement des nouvelles générations japonaises.

    LIRE le scénario de stabilisation de la consommation de pétrole dans les 15 ans à venir

    Le 23 Mai 2009

  • Troisième cours d’écologie énergétique: quels seraient les justes prix de l’énergie?

    Troisième cours d’écologie énergétique: quels seraient les justes prix de l’énergie?

                               Durant ce troisième cours d'écologie énergétique, après avoir examiné le thème "Ne pas se gourer d'ordre de grandeur" et qui vous l'avez-vu, grâce à notre ami Mamouth, n'a pas encore été totalement assimilé par l'entourage de notre bien aimé Président, après avoir souligné le côté pervers de ne parler que de "puissances installées" sans préciser les heures de fonctionnement des installations, sport très pratiqué dans le secteur éolien, il semble important d'aborder l'équation épineuse du prix de l'énergie ou plus exactement des prix de l'énergie et de se poser la question de ce que seraient de justes prix. Mais ne paniquez pas, seuls quelques éléments de pistes de réflexion seront proposés, c'est une question bien trop ardue pour naïvement penser lui trouver réponse définitive.

    FIG.I : prix du MWh thermique de diverses formes d'énergie, sur la base des cours de Marchés au 20/05/2009

    Energie-prix-2009-05 

                             Le paramètre du premier ordre pour établir un cours de l'énergie est la forme sous laquelle se présente la source primaire ou un de ses dérivés communs immédiats (exemple : l'essence dérivé commun du pétrole). En effet jouissent d'une très forte prime les formes liquides comme le pétrole, l'essence, le kérosène, le gasoil, l'éthanol, les biodiesel ou autre produits chimiques organique liquides à température et pression normales. Il est en effet simple de les transporter par pipe-line, pétrolier, train ou camion citerne, il est aisé de les stocker dans des réservoirs, des cuves ou des tankers, il est très facile de les distribuer au grand public au travers de stations services, il est facile de les emporter dans les réservoirs d'un avion, d'un bateau, d'un camion, d'une voiture ou d'un deux-roues. Un avion moderne qui consomme 4 litres de kérosène par 100 passager*kilomètres brûlera en quelques heures 60 mille litres de carburant pour emporter 250 passagers à 6000 kilomètres de distance. Une voiture emporte dans un réservoir de 50 litres de gasoil l'équivalent de 540 kWh d'énergie thermique. Remarquable énergie spécifique de 10 kWh thermique au litre.

                        Les sources d'énergie liquides qui représentaient 34% des ressources mondiales consommées en 2007 sont le premier poste de consommation d'énergie par nature. Les transports constituent le domaine privilégié d'utilisation de ces ressources. Les divers pétroles sont cotés sur des Bourses d'échanges comme le NYMEX à New York où s'échange le WTI ou bien l'ICE à Londres ou est coté le Brent ou le marché de Dubaï et bien d'autres. C'est le cours du WTI qui est  la référence mondiale, bien que, parfois, les échanges soient perturbés par la saturation des moyens de stockage à Cushing, Oklahoma, lieu où s'échangent physiquement le WTI. Malgré la vigilance de l'OPEP, cartel du pétrole qui essaie de réguler l'offre, malgré la surveillance de plus en plus attentive de l'autorité américaine de surveillance des marchés la Commodity Future Trading Commission (CFTC) le marché du pétrole américain est un haut lieu de la spéculation, où l'offre et la demande physique de pétrole n'ont que bien peu de pouvoir face à l'offre et la demande de papiers adossés aux cours du pétrole. Ce marché des "futures" est complètement manipulé par les hedgers et les grandes institutions financières. Les prix scandaleux du mois de Juillet 2008 en sont le témoignage, mais plus récemment encore, la remontée des cours de 35$ à 61$ le baril de WTI entre la mi-février et le 20 Mai dans un climat déprimé de la demande et une montée spéculative incessante des stocks de brut, est la preuve évidente que tout le monde se moque du marché réel du pétrole, mais que les "futures" sont devenus des instruments de couverture contre la faiblesse du dollar. Depuis le mois d'Avril la corrélation entre euro en dollar et prix du baril est hautement significative (FIG.II).

    FIG.II: Le baril de WTI est poussé par la faiblesse du dollar, le marché des futures permettant de se couvrir vis à vis de la baisse de cette monnaie, elle même alimentée par les largesses financières de l'Administration Obama

    Cours-USA-récents-2009-05 

                     Le marché de l'essence plus étroit profite également des restrictions de production que s'imposent les raffineurs américains, discutées lors de parcours de golf de leurs dirigeants. Depuis le mois de Décembre dernier le cours de l'essence sur le Nymex est passé de 33 $ à 75$ le baril dans un marché à la demande déprimée. Le marché du gasoil, beaucoup plus international, dominé par le marché européen est moins spéculatif ce qui fait que le gasoil plus dense et plus énergétique que l'essence est décoté par rapport à cette dernière (FIG.I). Le MWh thermique de gasoil revient donc à 38 dollars, alors que celui d'essence représente 49 dollars sur le Nymex. 

                     Les biocarburants qui font partie de ces ressources d'énergies sous forme liquide jouissent d'un statut régulé supplémentaire: leur utilisation est rendue obligatoire par les lois qui définissent les teneurs des mélanges de carburants et de biocarburants. En contrepartie leur production est le plus souvent subventionnée. Leurs prix de revient sont étroitement dépendants du prix de la ressource agricole de base (maïs, canne à sucre, huile végétale) dont la production nécessite de très grandes surfaces agricoles en raison des très faibles rendements de conversion en énergie de ces cultures. Il a été montré par exemple lors du cours précédent que l'éthanol ne contient qu'un à deux pour mille de l'énergie solaire moyenne reçue par le champ de maïs d'ou il provient. Dans le cas de l'huile de palme en Malaisie, les nouveaux plants permettent de produire jusqu'à 9800 litres par hectare et par an, ce qui représente un bilan énergétique 1,06 W/m2 soit de 3 pour mille de l'irradiance moyenne du soleil (FIG.III). Cette contrainte de culture associée au fait qu'il faut justement rémunérer le paysan et maintenir la rentabilité des raffineries conduit à des prix énergétiques de 80 à 90 $ par MWh pour l'éthanol et le biodiesel (FIG.I).

    FIG.III: production d'énergie des biocarburants par m2 de surface cultivée, exprimée en puissance moyenne annuelle,  comparée à la puissance moyenne annuelle d'une ferme photovoltaïque avec deux rendements de conversion et à l'irradiance moyenne solaire

    Puissance-annuelle-comparée

                    Les cours des ressources énergétiques sous forme liquide ressortent donc aujourd'hui entre 38 et 90 dollars le MWh. Mais les cours du pétrole ne pourront pas stagner autour de 60$/baril sous peine de stopper de larges pans de développement de la ressource. Il faut donc imaginer un cours du pétrole décent autour de 90 à 100 dollars le baril et des carburants, essence, kérosène et gasoil compris entre 100 et 120 dollars le baril. Avec un cours de 120 $/baril le prix de l'énergie serait portée à 70$/MWh pour le gasoil et 79$/MWh pour l'essence. Les gains de productivité attendus sur les biocarburants liquides  ferait donc converger les cours des carburants liquides vers une fourchette de 70 à 80 dollars par MWh. Ces prix permettraient à la fois de maintenir un effort continu de prospection pétrolière, une recherche de prix d'équilibre des biocarburants non subventionnés et la poursuite des gains d'efficacité énergétique dans le domaine des transports, gains potentiels qui sont considérables.

                     Les autres ressources énergétiques qui se présentent sous forme solide (lignite, charbon, cokes, bois) ou gazeuses (gaz naturel, propane, butane, DME, hydrogène) subissent une forte décote par rapport aux carburants liquides. Les raisons de cette décote résident essentiellement dans les difficultés de mise en oeuvre qui limitent leur utilisation et dans leur abondance. Les mines de charbon américaines à ciel ouvert où la présence d'une main d'oeuvre à bon marché comme en Chine permettent d'atteindre des prix de revient très bas qui se traduisent dans les cours. La manutention de combustibles solides est très peu aisée et nécessite des aménagements ferroviaires et portuaires onéreux. Les gisements de gaz naturel sont largement répartis dans toutes les régions du monde, libres ou associés au pétrole, aux schistes bitumineux ou aux gisements de charbon. L'hégémonie gazière de la Russie en Europe tombera avec la création de terminaux de réception de gaz naturel liquéfié qui proviendra du Qatar, d'Iran, d'Australie ou d'Afrique de l'Ouest. Ressources abondantes et formes difficiles à employer justifient des cours allant de 6 à 11 dollars par MWh pour le charbon et autour de 14 dollars par MWh pour le gaz naturel coté aux Etats-Unis (FIG.I).

                     Ces très faibles prix des ressources énergétiques solides expliquent l'engouement des producteurs d'électricité pour cette ressource. 48% de l'électricité américaine provenaient de centrales au charbon en 2008; 64% de l'électricité allemande et 97% du courant polonais étaient originaires en Janvier-Février de cette année de centrales thermiques à flamme dont une très grande part sont alimentées par du charbon ou du lignite.

                     La lutte mondiale contre le réchauffement climatique imposera de taxer  à 100% les émissions de CO2 issues de cette combustion. Le système européen alimentant largement les électriciens en droits d'émissions gratuits relève pour l'instant de la plaisanterie. Dans l'hypothèse de la mise en place d'un système de cap and trade en cours de discussion parlementaire, plus pénalisant pour le charbon aux Etats-Unis, on verrait alors les prix de l'électricité produite au charbon perdre de leur attrait, au profit des productions par des centrales modernes, alimentées au gaz naturel (FIG. IV).

    FIG.IV: éléments du prix de revient de l'énergie électrique avec un rendement des centrales au charbon de 35% et celles des centrales au gaz de 55%

    Energie-prix-électrique-2009-05

                     Ce retournement de la production vers le gaz naturel n'acquerra une certaine stabilité que s'il s'accompagne d'une remontée des cours du gaz vers la zone traditionnelle de 7 à 8 dollars /MMBTU, au lieu des 4$ actuels, pour supporter les efforts de mise en exploitations des immenses réserves américaines. Pour rendre ce phénomène possible il faudra encore majorer les prix de la tonne de CO2 pour tendre vers les 50$ la tonne qui disqualifierait l'utilisation du charbon dans la génération d'électricité sans dispositif de captage et de stockage du CO2.

                      Dans le cadre de cette politique de réorientation des procédés industriels vers des conditions environnementales plus acceptables, par une politique de taxe des émissions de CO2, il apparaît clairement que de confier cette mission à un marché de cotation des droits d'émissions de carbone est une immense ânerie. L'échec de la tentative européenne aurait du inciter les américains à plus de perspicacité, mais l'ouverture d'un nouveau marché des émissions de CO2 américaines dans lequel la spéculation va venir faire son lit est une trop belle opportunité pour cette économie fondamentalement minée par la financiarisation.

                     Un gaz naturel à 7$/MMBTU et la tonne de CO2 à 50$ conduirait le coût matière de l'électricité vers les 62$ le MWh. Compte tenu des amortissements et des marges de cette industrie on arriverait à un prix situé entre 80 et 90$ le MWh ce qui conduirait approximativement à la parité entre les prix des carburants liquides et ceux de l'électricité, avec bien sûr, des modulations par zones géographiques.

    LIRE lepremier cours.

    LIRE le second.

    Le 21 Mai 2009

  • Faites-vous partie de ceux qui croient encore que les cours du pétrole dépendent de l’offre et de la demande?

    Faites-vous partie de ceux qui croient encore que les cours du pétrole dépendent de l’offre et de la demande?

                      Bien des commentaires nous affirment que les prévisions déprimées de l'Agence Internationale de l'Energie sur les consommations mondiales de pétrole en 2009  sont la cause du retrait des cours du baril de WTI depuis ces derniers jours. C'est donner à cette Agence une influence qu'elle a perdu depuis belle lurette, tant ses visions furent fantasques. Personnellement je regarderais plutôt du côté des couacs de l'OPEP qui accroît ses volumes produits, de peu certes, entre 200 et 300 mille barils par jour, mais ce sont les quelques barils qui font déborder le vase. Mais surtout je voudrais, une fois de plus, essayer de vous persuader que ce sont, en ce moment, les fluctuations de la valeur du dollar qui déterminent celles des cours du baril de WTI à New York. Pour cela il est pédagogique d'examiner les variations "intraday" du baril WTI et de l'indice USDX qui pondère la valeur du dollar par rapport à un bouquet de devises (Euro, Yen, Livre Sterling, Dollar Canadien, Couronne Suédoise et Franc Suisse). La symétrie des courbes sur 20 heures de cotation est évidente (FIG.), l'un se reflète dans l'autre, miroir de la spéculation arbitrant sur la variabilité° des cours. Il semble donc que les divergences internes d'analyse au sein de la BCE qui pèsent sur le cours de l'Euro, aient une incidence sur les cours du pétrole.

    °Remarque: laissons le mot "volatilité" aux basses-cours ce qui évite de qualifier improprement les cours de "volatiles", sortes de poulets évoluant dans l'éther volatil des salles de marché!

    USDX-WTI-2009-05-15 

    Le 16 Mai 2009

  • Les cours du pétrole balancés par le dollar, l’OPEP et les prévisions des Agences

    Les cours du pétrole balancés par le dollar, l’OPEP et les prévisions des Agences

                        Le paramètre du premier ordre qui agit sur les cours du pétrole WTI à New York et par répercussion sur le Brent à Londres est le taux de change du dollar par rapport aux autres monnaies et par rapport à l'euro en particulier. Depuis le mois d'Avril la corrélation entre euro exprimé en dollars et cours du WTI est hautement significative avec un coefficient de 0,92 (FIG.). Cette relation illustre la prévalence des achats spéculatifs de papiers adossés au pétrole pour se couvrir vis à vis de la baisse du dollar. Mais d'autres paramètres peuvent intervenir dans l'équation des cours du pétrole.

    FIG.I : après avoir franchi gaillardement la barrière des 40 euros, le baril de WTI à New York se dirige vers les 45 euros

    Cours-USA-récents-2009-05  

                    Les stocks de brut américains: ceux-là tout le monde s'en moque en ce moment. Ce sont des stocks spéculatifs qui ont profité de la courbe en contango des cours à terme du pétrole. Stockés en mer dans des tankers, ils sont déjà vendus à terme. Ces stocks vont se résorber dans les semaines qui viennent, la courbes aplatie des cours ne justifiant plus d'achats physiques spéculatifs. Ce retour de tendance est déjà apparu en fin de semaine dernière qui a vu les stocks de brut baisser de 4,6 millions de barils, en raison de très faibles importations.

                    Le comportement des membres de l'OPEP: là, c'est une donnée beaucoup plus sensible. L'à peu près bonne discipline des membres de l'OPEP observée dans le mouvement de repli des productions à partir du mois de Décembre, a redonné une certaine crédibilité au Cartel, dirigé par l'Arabie Saoudite. Mais la décision de l'Arabie Saoudite de marquer une pause dans la réduction des productions, à la demande de l'Administration Obama, a remis du mou dans les bastingages de l'OPEP. Le mois dernier le Cartel s'est permis de produire 200 mille barils de plus par jour qu'au mois de Mars (FIG.II). C'est un signal de baisse de la discipline des membres du groupe, il va obligatoirement jouer en faveur d'une certaine détente des cours.

    FIG.II Les membres de l'OPEP ont jusque là à peu près appliqué leurs décisions de quotas de productions, il n'est pas sûr que cela perdure.

    Prod-OPEP-quotas-2009-04  

                     Enfin il y a les prévisions des Agences: l'AIE, l'IEA américaine et l'OPEP. Elles revoient toutes leurs chiffres de consommation de pétrole en 2009 à la baisse, la plus pessimiste étant l'Agence Internationale de l'Energie qui prévoit des consommations mondiales moyennes en 2009 en baisse de 3% par rapport à 2008, à 83,2 millions de barils/jour. Dans les faits ces prévisions sont très fragiles puisqu'elles dépendent pour une large part, d'hypothèses de reprise de consommations au second semestre de cette année. Les professionnels du pétrole ont appris à ne pas trop croire ces pseudo prévisions éminemment variables, certains s'en moquent même ouvertement tant elles sont politisées (FIG.III).

    FIG.III : les prévisions de consommations de pétrole de l'Agence Internationale de l'Energie se sont montrées parfois assez farfelues

    AIE-prévisions-2009-05

                      En conclusion l'évolution des cours du pétrole dans les semaines à venir va dépendre pour une large part du cours du dollar par rapport à l'euro et les autres monnaies, mais également du comportement des membres de l'OPEP et de leur aptitude à appliquer les décisions de réduction de productions prises en réunions plénières.

    Le 14 Mai 2009.

  • Offrez-vous un robot humanoïde pour 77 mille dollars!

    Offrez-vous un robot humanoïde pour 77 mille dollars!

    Robot-Hiro-entier                                 Les Laboratoires de Recherche et les industriels japonais travaillent activement au développement de robots humanoïdes qui pourraient accomplir certaines tâches quotidiennes au service d'une population vieillissante dans un pays dont la main d'oeuvre active est rare et chère et où l'immigration est anecdotique. Voila Kavada Industries et General Robotics qui s'associent pour proposer un Human Interactive Robot (HIRO). Il sera disponible à l'automne et sera destiné aux Universités et aux écoles spécialisées dans les techniques d'information aux machines. Ce robot, équipé d'une caméra stéréo à deux objectifs, comporte 15 degrés de libertés, dont deux au cou et six à chaque bras. Il peut porter des charges allant jusqu'à 2 kilogrammes dans chacun de ses bras. Il exécute des gestes avec une précision de 20 microns affirment les constructeurs. Il est bien sûr entièrement programmable à l'aide d'une architecture ouverte de simulation. Pour vous l'offrir il vous en coûtera 77 mille dollars.

                   L'article du Nikkei ne dit pas s'il dispose d'une source d'énergie autonome, mais ce doit être probable..

    Voir cette photo en détail.

    Le 14 Mai 2009