L’imprécision des publications des statistiques mensuelles de l’emploi américain nécessite quelques précautions d’interprétation parfois négligées.
Je suis, tous les mois, étonné par l’importance qu’ont prises les publications des données mensuelles de l’emploi non agricole américain, publications émanant du Bureau of Labor Statistics (BLS) et surtout par celles des variations mesurées par rapport aux données du mois précédent (pente estimée de la courbe des emplois non agricoles en fonction du temps) qui intéressent tant les économistes ou financiers de tous poils dans le monde.
Ce paramètre, censé mesurer, d’un mois à l’autre, la variation de l’état de santé de la première économie du monde, est de toute évidence d’une grande importance, mais les données du BLS sont entachées de nombreuses incertitudes ou erreurs ponctuelles qui rendent leur exploitation délicate, sinon incertaine.
A titre d’exemple, les premières données publiées concernant le mois de Novembre 2012 annonçaient 146 mille créations de postes, chiffre décevant. Le mois suivant cette donnée était corrigée à 161 mille et le mois d’après à 247 mille ce qui apparaissait alors comme une bonne performance. Depuis elle apparaît dans les statistiques « définitives » à 203 mille postes créés. Il y a dans cet exemple récent toute la problématique posée par ces statistiques régulièrement retouchées et corrigées.
Après avoir envisagé plusieurs formes d’exploitations de ces données historiques, il me semble que la forme la plus parlante et traduisant les tendances à long terme de l’emploi américain me semble être le suivi des variations d’emplois cumulés (créations nettes) sur les douze derniers mois mobiles (FIG.I). Cette façon de faire ne supprime pas, bien sûr, l’incertitude pesant sur les données mensuelles les plus récentes, mais elle rapporte cette incertitude à une valeur annuelle, dix à douze fois plus grande que la valeur mensuelle précédente, ce qui évite de trop raconter de bêtises.
FIG. variations sur douze mois mobiles des données d’emplois non agricoles publiées par le Bureau of Labor Statistics américain :
Depuis le maximum des 2,87 millions d’emplois créés sur douze mois, au mois de Mai 2006 (flèche bleue sur le graphique) il est possible de constater que la crise dite des « subprimes », datant officiellement de 2008, était peut-être précédée de certaines faiblesses économiques plus générales passées inaperçues du grand-public à l’époque.
Les dernières valeurs enregistrées pour Juillet 2014 affichent des créations de postes sur les douze derniers mois à hauteur de 2,57 millions. Les commentaires sur les récentes et faibles fluctuations de la courbe relèvent des traditionnelles querelles byzantines de soi-disant experts.
A partir de ce graphique, il est possible d’avancer que l’économie américaine crée allègrement des emplois, elle en crée même plus de deux millions en rythme annuel depuis début 2012.
Il ne me semble pas aberrant de rattacher cette bonne performance à la richesse énergétique et humaine de ce grand pays.
Il est possible, alors, d’ergoter à l’infini sur la qualité des postes de travail créés qui seraient moins rémunérateurs, plus à temps partiel et moins qualifiés que ceux d’avant. Mais laissons ces débats ombrageux aux vrais économistes, diplômés et reconnus comme tels.
Remarque : certains enrichissent ces données avec le « taux de participation » qui est la part des citoyens américains en âge de travailler occupant un emploi. Ce paramètre dépend du nombre d’emplois, d’une-part, du nombre moyen d’emplois occupés par citoyen actif américain et des données démographiques d’autre-part. Le grand nombre de paramètres nécessaires à l’établissement de ces données rend alors bien imprécises ces statistiques. Une certitude cependant : en raison de la croissance démographique américaine, estimée annuellement autour d’un million d’individus entre 15 et 64 ans par la Division des Populations des Nations Unies, il ne devrait pas y avoir, à court-terme, durant cette phase de rattrapage d’après crise, quantitativement, pénurie de main d’œuvre disponible qui serait susceptible de ralentir une croissance ou une stabilisation à venir des créations d’emplois. A plus long terme, ce rythme annuel de 2 millions par an de créations de postes ne peut pas être pérenne, à moins d’un accroissement du flux d’immigration de population, en âge de travailler, vers les États-Unis, par exemple.
L’économie américaine créant annuellement plus d’emplois que la croissance démographique des citoyens en âge de travailler, il est normal que le nombre de chômeurs soit en décroissance.
Le 18 Août 2014

















