Certains, de moins en moins nombreux, croient encore que les cours du pétrole sont essentiellement déterminés par l’offre et la demande. C’est le cas de l’INSEE par exemple. D’autres marqués par la folle spéculation de 2008, sont persuadés que ce sont les grands acteurs du marché qui par des achats à terme, des stratégies de couverture vis à vis du dollar, la disponibilité de grandes quantités de liquidités créées par les politiques keynésiennes anglo-saxonnes, déterminent et synchronisent de larges cycles de hausse et de baisse des cours. Mais au-dessus de ces paramètres purement économiques il serait erroné d’oublier la composante politique mondiale qui dans ses phases exacerbées, peut rendre caduques toutes les prévisions économiques, même les plus perspicaces. Or de larges réserves de pétrole dans le monde sont aux mains de régimes politiques douteux et parfois très affaiblis. Le Moyen-Orient aux populations souvent fanatisées (Yémen, Syrie, Iran, Irak, Émirats et Royaumes), l’Afrique du Nord aux dictatures chancelantes (Égypte, Soudan, Libye, Tunisie, Algérie), l’Afrique de l’Ouest instable (Nigeria), la Russie au leader contesté, le Venezuela au leader malade….voici quelques exemples de pays qui représentent pas loin de la moitié des productions du pétrole mondiales, à la santé politique menacée et dont les régimes peuvent faire appel à des solutions radicales internes ou externes pour survivre. Depuis près d’un an avec le soi-disant « printemps arabe » les cours du pétrole sont de plus en plus déterminés par les évènements issus des pétaudières africaines ou moyen-orientales. Cet impact peut être quantifié par la différence entre des cours de la centaine de barils de Brent et ceux de la tonne de cuivre qui historiquement faible, s’est subitement accrue depuis le printemps 2010 pour dépasser les 4000 euros aujourd’hui.
Les cours du Brent après un maximum à 126 dollars atteint à fin Avril 2011 (FIG., courbe rouge) déterminés par la faiblesse du dollar et les événements en Afrique du Nord ont ensuite oscillé autour des 110 dollars jusqu’au début 2012. Depuis sous la menace d’une intervention israélienne musclée en Iran et donc probablement en Syrie et au Liban, on assiste à un essor des cours du pétrole qui se dirigent vers les 100 euros le baril de Brent.

Élaborer un diagnostic sur l’évolution à venir des cours du pétrole est un exercice généralement périlleux. Aujourd’hui il apparaît de façon assez limpide que la composante géostratégique va maintenir durablement les cours du Brent à des niveaux très élevés.
Il faut être bien piètre planificateur, aveuglé par le baratin écolo, pour ne pas avoir lancé un grand plan d’action pour réduire le plus possible la dépendance énergétique au pétrole de l’Europe et de la France. Nos dirigeants vont faire les Guignols dans la raffinerie française de Petroplus condamnée plutôt que d’élaborer avec la profession et les syndicats un plan urgent de rationalisation et de modernisation de l’outil de raffinage français, axé sur la production maximum de gasoil aux dépens de fonds de barils sans valeur.
Le 25 Février 2012