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  • Préparer la Famine…

    Préparer la Famine…

    Jacquerie2 "Octobre 2008 : un mois de gros temps

    Le mois d’octobre 2008 n’aura pas modifié la donne de la crise. Quelques signes positifs, telle une maigre reprise de l’immobilier résidentiel américain due au prix défiant toute concurrence des logements saisis et remis sur le marché, ou une baisse relative des taux interbancaires (encore très loin cependant de leur niveau de la première moitié du mois de septembre), ne seront pas parvenus à compenser les indices qui signalaient au contraire une aggravation de la situation, en Europe d’abord, où l’Islande et la Hongrie en particulier se retrouvèrent au sein de la tourmente, et en Asie où les yeux se tournèrent vers le Pakistan faisant face à une crise de solvabilité majeure.

     Le plan Paulson de 700 milliards de dollars fut voté par les représentants du peuple américain : le 1er octobre par le Sénat, et le 3 par le Congrès, après qu’ait été ajoutée au texte de la loi une série affligeante de mesures visant à satisfaire les intérêts particuliers des parlementaires les plus hésitants. Après quelques tergiversations, une formule fut mise au point, centrée sur une prise de participation significative de l’État fédéral dans les neuf principaux établissements financiers américains : à hauteur de 25 milliards pour Bank of America, J.P. Morgan Chase, Citigroup et Wells Fargo, et de 10 milliards de dollars pour Goldman Sachs et Morgan Stanley, investissement assorti d’un code de bonne conduite de la part des institutions renflouées : dividendes gelés, fonds avancés au taux de 5 % mais passant à 9 % si l’on tardait trop à les rembourser, rémunérations des patrons sous haute surveillance avec dés-incitation fiscale pour les entreprises de leur accorder davantage, la fin des parachutes dorés, enfin, des warrants permettant à l’Etat d’augmenter sa mise à l’avenir si nécessaire.

    La plupart des pays emboitèrent le pas aux États–Unis, adoptant des mesures similaires. On observa tout au cours du mois qu’en matière de nationalisation du système financier, le pays qui frappait le plus vite et le plus fort déterminait le niveau sur lequel les autres étaient alors obligés de s’aligner : quand l’Irlande garantit tous les dépôts à vue, l’Angleterre dut suivre sous peine de voir toutes ses banques siphonnées aussitôt vers l’Irlande, mais pour ce faire elle fut forcée d’aller plus loin dans la nationalisation que n’importe qui d’autre, fixant automatiquement la nouvelle norme pour ceux qui ne voulaient pas être laissés pour compte dans le nouveau paysage de la compétitivité. Ce fut le cas des États–Unis qui appliquèrent le plan Paulson dans la perspective britannique de prise de participation dans les banques, pour l’Allemagne qui avait pourtant juré ses grands dieux la semaine précédente qu’il n’en serait rien, pour le Benelux, que le sauvetage de justesse des banques Fortis et Dexia avait déjà conduit sur cette voie, pour l’Espagne qui s’aligna sur la formule britannique, et bien entendu également pour la France qui créa elle aussi un fonds d’aide d’urgence à ses banques.

    On put suivre le progrès de la prise de conscience du « tsunami » tout au long du mois : moins le système financier d’une nation était sophistiqué, plus l’éveil avait été retardé. L’ordre dans lequel cette prise de conscience avait lieu était bien sûr purement anecdotique. Dans les derniers jours du mois, c’était l’Europe Centrale tout entière qui s’éveillait à la crise. La Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International, la Banque Populaire de Chine, intervenaient à une très vaste échelle pour distribuer des fonds là où leur intervention se révélait la plus urgente.

    Quand le premier ministre britannique, Mr. Gordon Brown, mit en œuvre son plan de nationalisation du secteur bancaire, une rumeur courut qu’il lui avait été soufflé par l’ancien président de la Federal Reserve, Alan Greenspan, pourtant autrefois chef d’une croisade en faveur du laisser-faire sur les marchés financiers. L’un des événements qui firent sensation au mois d’octobre, et qui marqua sans doute un tournant dans l’histoire de l’ultralibéralisme, fut la déposition d’Alan Greenspan devant une commission houleuse du Congrès américain qui le mit en accusation, l’interrompant à plusieurs reprises et avec brutalité. Désarçonné, celui-ci confessa les doutes qui l’assaillaient désormais quant à l’autorégulation des marchés financiers : « Oui, j’ai découvert une erreur », concéda celui qui avait été longtemps le chef de file du « libertarisme ». En cause essentiellement selon lui, une surprenante incapacité du milieu des affaires à poursuivre la recherche de son intérêt bien compris et qui aurait dû l’encourager à la modération et à se policer lui-même. Depuis le début de la crise en effet, la « main invisible » ne s’était manifestée à aucun moment et les effets de la cupidité individuelle s’étaient simplement additionnés. L’ancien président de la Fed avait eu le tort d’accorder une foi absolue à la science économique de son temps, celle qui avait été produite durant soixante années sous la houlette du monde financier lui-même. La confession d’Alan Greenspan faisait découvrir au monde consterné la naïveté de celui qui avait été à la tête de la finance internationale pendant prés de vingt ans (1987 – 2006). Les réactions de la presse trahissaient un frisson d’effroi rétrospectif.

    Les sommes considérables injectées dans la recapitalisation des banques et dont le public avait eu initialement le sentiment qu’elles étaient davantage destinées à sauver les banquiers plutôt que la finance elles-mêmes, seront-elles bien utilisées ? On pouvait en douter à l’annonce des premières nouvelles relatives à l’usage qui en serait fait : les banques américaines annonçaient leur intention de transmettre une partie des milliards reçus en dividendes, d’en consacrer une autre partie à des augmentations de salaires, une autre encore à racheter leurs concurrentes moins chanceuses et qu’elles utilisaient une portion de l’argent reçu à faire du lobbying visant à l’annulation des mesures gouvernementales de semi-nationalisation.

    Les bourses connurent durant ce mois d’octobre qui fut le plus chahuté de leur histoire, de grands mouvements désordonnés propres aux périodes de krach, où les intervenants déboussolés, ne sachant à quel saint se vouer, vendent en catastrophe un beau jour, pour se racheter avec enthousiasme dès le lendemain, les prix bradés de la veille constituant une aubaine à ne pas rater. Au 31 octobre, le CAC 40 avait perdu depuis le début de l’année, 37,9 %, et 13,6 % durant le seul mois d’octobre ; le Dow Jones, l’indice de la banque de New York, respectivement 29,7 % et 14 %, et le Nikkei japonais, 44 % et 23,8 %.

    La volatilité extraordinaire des bourses et des marchés des matières premières se révéla sans pitié pour les intervenants les plus exposés. Sur les marchés à somme nulle comme les marchés à terme, où ce que l’un perd, l’autre gagne, le nombre des intervenants se réduisait, les grands mouvements en sens opposés balayant ceux qui commettaient des erreurs d’appréciation et qui se trouvaient du coup éliminés, tandis que les grosses fortunes se concentraient alors entre quelques mains. A la bourse, le marché baissait tant que les pertes globales compensaient l’effet de cette concentration, même pour les vainqueurs.

    Les hedge funds, les fonds d’investissement spéculatifs continuèrent de liquider leurs positions pour répondre aux retraits de leurs clients. Il semblait en fin de mois qu’ils avaient survécu à ce qui aurait pu être pour eux une épreuve décisive : le débouclage le 21 octobre des Credit–Default Swaps (CDS) portant sur Lehman Brothers dont la banqueroute avait été déclarée le 15 septembre. Rien ne les obligeait cependant à révéler leurs difficultés avant la publication trimestrielle de leur bilan et l’ampleur du désastre apparaîtrait peut–être ultérieurement.

    Les devises s’effondrèrent dans un bel ensemble en raison de la récession mondiale qui les engouffrait toutes. Les tensions entre elles étaient simplement dues au fait que certaines chutaient plus vite que d’autres. Mr. Sarkozy ayant pris très au sérieux la présidence française de l’Union Européenne, proposa avec panache, un nouveau Bretton Woods. Les pays asiatiques lui emboitèrent le pas. Une réunion au sommet consacrée aux monnaies avait en effet eu lieu en 1944 à Bretton Woods dans le New Hampshire, réunissant les grandes puissances de l’époque. Il y avait été décidé d’ancrer l’ensemble des devises au dollar, lié lui à l’or par une parité fixe ; l’accord deviendrait caduc en 1971 quand le président Nixon résilierait cette parité du dollar et de l’or, sans consultation préalables de ses partenaires.

    On attendit vainement en octobre de nouvelles initiatives en faveur des bénéficiaires de prêts hypothécaires en difficulté. L’immobilier américain avait été à l’origine de la crise, celle-ci s’étant déclarée dans le secteur du prêt hypothécaire subprime qui avait alors entraîné la finance dans sa chute. Le moyen le plus sûr d’endiguer la catastrophe consistait donc à arrêter l’hémorragie de l’immobilier résidentiel américain. Ce qui s’opposait toutefois à un dépannage massif des emprunteurs était que le prix des logements n’avait pas encore atteint dans sa chute, son niveau historique moyen : il avait baissé d’environ 16 % depuis son pic et il lui restait la moitié du chemin à parcourir. L’Etat américain n’avait donc aucun intérêt à geler la situation à un niveau de prix qui demeurait encore spéculatif. Un plan de refinancement de l’ensemble des prêts hypothécaires par un organisme d’Etat – très similaire à la Home Owners Loan Corporation, instaurée en 1933 comme un élément-clé du New Deal rooseveltien – était probablement prêt à l’emploi mais on attendait pour l’activer que le prix de l’immobilier soit retombé à un niveau tel que l’accès à la propriété de son habitation redevienne un objectif réalisable pour les ménages. La mise en place d’un tel dispositif devrait être instantanée et bénéficier d’un effet de surprise, sans quoi certains emprunteurs tenteraient d’en tirer parti en interrompant le versement de leurs traites de manière anticipée. Pour que le prix de l’immobilier continue de baisser en fonction de l’offre et de la demande, il fallait que le marché du logement fonctionne selon les anciennes règles aussi longtemps que possible. S’ajoutait certainement à ceci le fait qu’un nouveau New Deal rooseveltien aurait bien davantage de crédibilité s’il était signé Barack Obama, voire même John McCain, que George W. Bush.

    On apprenait enfin en octobre que la production mondiale de blé diminuerait d’environ 4,4 % en 2009 en raison du tarissement des crédits permettant l’achat d’engrais par les agriculteurs. Pour les plus petits fermiers et ceci à l’échelle mondiale, le crédit avait d’ailleurs cessé d’exister. On prévoyait qu’au Brésil, la récolte de maïs pourrait diminuer de 20 % pour cette même raison. Il était d’usage dans ce pays que les gros acheteurs américains avancent environ la moitié des fonds nécessaires à la nouvelle récolte, la future moisson servant de collatéral. Or, ils avaient cessé de le faire. En Russie le taux d’intérêt des crédits accordés aux fermiers atteignait parfois 20 %. Une famine mondiale se dessinait à l’horizon.

    (*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.  "

    Paul Jorion annonce la famine, pour l’année prochaine. La cause en est le tarissement du crédit aux agriculteurs.
    Le monde agricole a toujours fonctionné sur le mode d’avance sur récolte.
    On vient dans une configuration, donc, qui ressemble de plus en plus à la grande crise du 14° siècle, l’écroulement du crédit, d’abord en Angleterre, conduit à une crise globale qui se termine en crise de dépopulation.
    Les fonds apportés par les états, eux, vont servir à engraisser le cochon : dividendes, bonus, lobbying…
    Au XIV° siècle, la crise politique qui termina la crise ("Grande commocion" connue sous le nom de "Grande Jacquerie"), fut une guerre d’extermination…

    Plus que jamais, la prise de conscience politique est nécessaire. Si possible, avant la crise.

    Dimanche 2 novembre 2008.

  • RDC : la lutte pour le contrôle des ressources.

    RDC : la lutte pour le contrôle des ressources.

    Images_5 Les firmes multinationales s’affrontent par pays et par saigneurs de la guerre interposés pour exploiter le scandale géologique de l’afrique (le congo) : "diamants, cuivre, étain, charbon, fer, manganèse,       
    mais aussi niobium, colombo-tentalite, cobalt, uranium, germanium,gaz méthane et pétrole
      ".
    La population, elle, a une tâche beaucoup plus simple, c’est de fournir les victimes, tuées par armes à feu, machettes, violées, affamées, morts de maladies ou d’épuisement…
    Il faut comprendre, une population, c’est comme au Nigéria, ça gêne.

    Les choses évoluent sur le terrain, suivant le cours des matières premières, mais cette guerre n’est que peu médiatisée. Elle occupait surtout les "clients", affidiés et complices des grandes firmes occidentales et des gouvernements locaux des pays voisins.
    Bien entendu aussi, le code minier adopté par le gouvernement de Kinshasa était très doux aux intérêts des compagnies minières.
    Pour le code forestier, la démarche a été la même. Mais il faut se rendre à l’évidence. Si le Congo est, à l’évidence riche au niveau minier, il est encore trop pauvre pour les vautours, hyènes, chacals, rapaces en tous genres qui s’acharnent sur le pays, avec le concours, l’armement, de grandes firmes, des pays voisins et des pays plus lointains.
     Mais, comme à la différence du Soudan, les chinois ne sont pas encore dans le coup…

    Comme on le devine, le congo ex-zaïre est promis a un brillant avenir…

    Samedi 1°octobre 2008

  • US Delta airlines et North West…

    US Delta airlines et North West…

    Images_4 US delta Airlines et NorthWest airlines sont dans un bateau, le bateau coule et aucun ne sait nager…
    Us vient de racheter son concurrent pour 2.8 milliards de $.
    On est toujours dans le règne du sans avenir. Ils viennent de former une compagnie plus grosse obèse, avec encore moins d’avenir, 800 appareils, 75 000 employés, et 35 milliards de $ de chiffre d’affaire. Ils pensent, quand la fusion sera opérationnelle, économiser 2 milliards de $ par an, alors qu’ils en perdent chacun de leur côté.
    Bien entendu, la dérive ayant augmentée entre temps (dans deux ans) qu’ils en perdront encore plus.

    On peut voir un classique du genre, des destinations fusionnées pour éviter quelques rotations, des appareils trop anciens évacués, du personnel dégagé, le grand classique du Pic-oil en gestation.
    Bien entendu, cela ne règlera rien.
    Le secteur est en train de crever littéralement de la déréglementation reaganienne. Ils n’ont pas investi pendant des années, le pétrole est cher, les aéroports remontent à Eisenhower.
    Les mesures que réclament désormais à cor et à cri les entreprises de transports aériens US sont simples : règlementations (donc partage des destinations) et subventions.
    Il est probable et même certain qu’on va y arriver.
    Ce genre d’union n’a qu’un intérêt très limité, voir négatif. Avec deux tocards, on ne fait pas un cheval de course.

    En outre, dans un contexte de récession, voir de récession, on supprime d’abord les dépenses inutiles, et les voyages aériens sont rarement indispensables et les plus gros les plus fragiles…

    Samedi 1°novembre 2008.

  • Plus un Kopeck pour l’Opec…

    Plus un Kopeck pour l’Opec…

    Images_3 L’Opep, (OPEC en Anglais), vit des heures difficiles.
    Non pas à cause du pic pétrolier (ça, ça arrangerait plutôt ses épinards), non pas à cause du prix relativement bas (qui est aussi relativement haut), mais parce que l’industrie de l’âne fonctionne fort bien dans ces pays, et dans tous les pays biens pourvus en ressources naturelles.
    Explications : Vous prenez un potentat local, vous l’arrosez bien et de plus en plus en dollars. Vous laissez mijoter quelques temps et vous créez un petit krach.
    Là, vous vous apercevrez que le potentat local, il a placé ses dollars, qu’il en a perdu pas mal, mais aussi qu’il n’avait pas suffisamment de sous pour y jouer suffisamment.

    Alors, il s’est aussi endetté en $, malgré ses-dollars-rien-qu’à-lui-mais-qui-étaient-pas-suffisants.
    Résultats, la baisse de ses avoirs, et ses dettes exigibles, ça fait faire le grand écart, avec déchirements d’adducteurs garantis, surtout si on a plus de 50 ans passé…
    Comme les dollars, il en avait moult, moult, moult, il a engrangé des dettes, aussi, moult, moult, moult…
    Malgré des cours du pétrole pantagruéliques, le trou noir financier est encore bien plus gros que toute l’économie réelle. Et bien plus gros que toutes les ressources des pétroliers…
    Il n’y a rien de plus bête qu’un riche. Il vit entre deux hantises, celle de perdre son argent et celle de ne pas le voir grossir assez vite.
    En jouant sur la deuxième corde, il est possible de lui faire faire tous les tours de cirque les plus audacieux.
    Rockfeller était devenu riche grâce au pétrole, mais ce fut grâce à ses talents de manipulateur financier et parce qu’il était le plus gros crocodile du marigot.

    Ils avaient confiance en l’Amérique, l’Amérique, elle, avait crée une nouvelle industrie -la seule qui lui reste- : celle de la poire.
    Je vous laisse deviner qui c’est…. Pour la version soft, c’est ici…

    Vendredi 31 octobre 2008

  • La politique ou périr…

    La politique ou périr…

    Images_2 "En fait, ces forces politiques n’existent pas aujourd’hui. Commençons par la droite : elle s’est engagée tout entière aux côtés du système qui s’écroule sous nos yeux par pans entiers. La gauche, de son côté, est tétanisée depuis la chute du mur de Berlin. Le centre-gauche s’est lui rallié au néo-libéralisme. La gauche-gauche s’est montrée incapable en vingt ans de proposer le moindre projet de société alternatif. L’extrême-gauche a toujours été une pépinière d’idées neuves mais les applications et tentatives d’applications de celles-ci couvrent un éventail qui va du peu convaincant au catastrophique. Les verts nous ont appris que la richesse se mesure à la santé de la planète mais là aussi je ne vois pas émerger de réels projets : des utopies très indigestes oui, souvent très anciennes d’ailleurs.
    Le mouvement « décroissant » est sans doute le plus cohérent mais j’ai déjà fait état de mes objections à son égard. En deux mots : la décroissance ne peut être un projet, elle est un symptôme. Elle a lieu sous nos yeux en ce moment-même où elle accompagne une crise financière et économique sans précédent. Lorsque les effets du « peak oil » se feront sentir – ce qui n’est pas encore le cas mais ne saurait tarder – la décroissance aura lieu si le solaire n’a pas été pleinement maîtrisé d’ici-là. Mais un symptôme n’est pas un projet et celui-ci reste à définir.
    Les seules forces politiques susceptibles de forcer le pouvoir dans la voie d’un changement de paradigme émaneront donc de la base, et pour pouvoir constituer une majorité, devront ignorer les clivages politiques traditionnels. Cette base est constituée de tous ceux qui partagent le sentiment que l’espèce est menacée dans son existence, dans l’immédiat par la crise et dans dix ans par l’épuisement des ressources non-renouvelables. Un tel sentiment est par nécessité planétaire, mais non centré sur l’environnement conçu comme la planète sans nous : la justice sociale fait partie de son horizon. Planétaire au sens de Gaia : le système dans son entier, et une solution des problèmes fondée sur l’éthique. Deux soucis à première vue divergents ont empêché jusqu’ici la coalition nécessaire d’émerger et il faut rappeler aux deux bords : pas de redistribution sans survie, mais pas non plus de survie sans redistribution.
    Un projet de cette nature peut produire de l’absolument neuf mais est également exposé à toutes les dérives. Il faut que les politiques se réveillent, se rallient à ce mouvement de la base et mettent leur expérience de la chose politique au service d’une canalisation de cette colère dans un cadre qui doit demeurer à tout prix démocratique parce que les ennemis de la démocratie sont prêts et s’agitent déjà dans les marges où la crise est évoquée dans une perspective critique.
    (*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici."

    La solution aux problèmes économiques, politiques et énergétiques aujourd’hui, c’est LE politique.
    Cet article rejoint mon analyse déjà développé ici, la décroissance peut venir sous deux formes, la paupérisation, d’abord, l’effondrement de la population ensuite qui ramène la planète à 1 ou 1.5 milliards d’habitants, ou la sortie par le haut, d’une nouvelle révolution industrielle.
    Cette fois, c’est même le capitalisme (peu) triomphant qui met en garde en Grande-Bretagne.
    Quand une personne met en garde, c’est un Cassandre, quand la mise en garde est générale, c’est qu’il y a problème, mais aussi, qu’il y a les plus grandes chances de résoudre, "par le haut", le dit problème.

    Qu’on ne s’y trompe pas, la conjoncture où nous nous trouvons, n’a pas d’équivalent depuis la grande crise du XIV°siècle, crise qui fut énergétique, alimentaire, financière et seulement enfin, de dépopulation.

    Vendredi 31 octobre 2008

  • Porte ouverte défoncée : économiser l’énergie, ça rapporte…

    Porte ouverte défoncée : économiser l’énergie, ça rapporte…

    Images_5 Le MacKinsey global institute nous en apprend : les économies d’énergies sont une occasion en or pour les pays en développement. On peut aussi être médisant en prétendant que c’est une occasion en or pour les pays développés.
    90 milliards investis en rapporteraient 600, et il faudrait abandonner les mesures d’incitations à la consommation.
    Le choix est simple, c’est celui de la dernière technologie, et de l’investissement dans l’économie tous azimuts.

    Je me demande, personnellement, combien a du coûter l’étude, car, c’est là, bel et bien, une porte ouverte complètement défoncée.
    Bien entendu, la consommation actuelle pourrait aussi être réduite, et cela réduirait aussi la consommation globale ultérieure en 2050.
    Cela n’a rien de nouveau. Toutes les révolutions industrielles qui ont suivies la première -britannique-, se sont révélées plus économe que la précédente, d’abord parce que souvent, il n’y avait pas les mêmes ressources, ensuite parce que les nouveaux pays émergents se sont équipés des dernières technologies et ont appris de la révolution précédente. D’ailleurs, dans une première phase, celle des années 1980, la Chine avait drastiquement réduit sa consommation d’énergie.

    Demain, le MGI vous invite à sa prochaine étude : la réinvention du beurre. Les seuls qui risquent d’être choqués du rapport sont les compagnies énergétiques et les ministres des finances. Je vous laisse deviner pourquoi.

    Jeudi 30 octobre 2008.

  • La solution GM-Chrysler.

    La solution GM-Chrysler.

    Images_4 Les dirigeants de Chrysler et de GM sont des surdoués.
    On savait ceux de Cerberus (propriétaires de Chrysler), très habiles, ils s’étaient fait payer par DaimlerChrysler le rachat de la firme, ils avaient pris 51 % de GMAC (la filiale de financement de GM), avec une garantie béton de la part de GM, maintenant, les deux firmes parlaient de fusion, mais les discussions achoppaient.

    Puis, l’idée de génie vint. Il suffit de transformer GMAC en Holding bancaire, pour avoir droit aux sous du plan Paulson (à ce tarif là, même Ford pourra s’y joindre).
    Bien entendu, cela ne résoudra en rien la déconfiture des constructeurs US commencée il y a bien longtemps, cela ne résoudra en rien leur gamme vieillie, décalée, gourmande.
    Mais, le jeu pourra continuer.
    Dans cette optique, on peut deviner l’effondrement économique sous peu.
    La croyance US étant que le système est sain, mais coulé par des malhonnêtes.

    C’est, le système lui-même qui est atteint. Les comportements prédateurs des dirigeants ne font qu’empirer le mal, mais le mal profond, c’est que le système a cessé d’exister il y a une quarantaine d’année, quand en 1968 l’investissement productif s’est totalement arrêté aux USA (la dernière usine ouverte, l’a été en 1969).
    Regardez les séries américaines, elles vous montrent l’évolution : on se canarde dans des usines vides…

    Jeudi 30 octobre 2008.

  • Recul de la disponibilité du nucléaire.

    Recul de la disponibilité du nucléaire.

    Images Edf va trinquer, les centrales nucléaires accusent leur âge. Il n’est pas exclu que le taux de disponibilité des centrales nucléaires tombent à 79 %, et on serait loin des 85 % espérés en 2011.
    La multiplication des incidents, indique que cette industrie est une industrie lourde comme les autres. Elle a besoin d’un flux d’investissement constant, d’équipes d’exploitations chevronnées (et non pas compressées, ni pressurées) et une vieille centrale, cela reste une vieille centrale, nucléaire, ou pas.
    Le taux de rentabilité de 15 % ne sera donc jamais atteint, et les bénéfices dégagés aujourd’hui, toujours aussi largement fictifs : ce ne sont que des investissements reportés sans limite, un tripatouillage comptable qui permet d’en dégager un.

    S’il est possible pour des sociétés comme EDF ou GDF de dégager 1 % de bénéfice, demander plus relève de la maladie mentale.
    Les compétences demandées sont aigües et supportent très mal précarité, précipitation et à-peu-près.
    On est donc là, en conflit d’intérêt maximal entre le long terme et le court terme.
    L’actionnaire demande des profits immédiats, mais aussi éternels et conséquents. Ces firmes ne seront capables de n’en fournir que de rares, aléatoires et peu importants.

    Croire autre chose n’est, ni plus, ni moins qu’un aveuglement ravageur. En outre, avec la période troublée qui pointe, la possibilité d’augmenter les tarifs risque de se révéler très aléatoire.
    Le nucléaire n’est plus dans la jeunesse, mais dans un âge adulte très mûr. Bientôt la vieillesse.

    Jeudi 30 octobre 2008.

  • La baisse des taux d’un demi point de la FED encourage les parieurs à jouer la reprise de l’économie

    La baisse des taux d’un demi point de la FED encourage les parieurs à jouer la reprise de l’économie

                         Qui aurait pronostiqué qu’une baisse des taux de la FED de 50 points de base de 1.5% à 1% pour le taux de base et à 1,25% pour le taux hypothécaire, taux auquel les Banques peuvent se refinancer, aurait un impact aussi massif sur les indicateurs économiques. Le dollar a stoppé son processus de raffermissement vis à vis de l’euro en revenant à 1,32 dollars pour un euro, les cours du pétrole WTI sont passés au dessus de 70 dollars/baril et les cours des "commodities" ont suivi le mouvement comme en témoigne le Reuters Jefferies CRB Index qui s’est apprécié de près de 6% par rapport à la veille à 274 $ (FIG.). Citons quelques progressions spectaculaires: le Cuivre à trois mois a pris 13% (+525$/tonne), le Nickel 8%, le Zinc 7%. Mais on a assisté également à une hausse du blé (+12%) du maïs et du soja (+7%).Crbindex200810 Les parieurs sur la reprise sont de retour, on va rejouer les "commodities" à la hausse, il faut dire qu’elles sont descendues bien bas pour certaines comme le pétrole ou le gaz naturel.

    Le 30 Octobre 2008.

  • Le Jourdain.

    Le Jourdain.

    Images_2 Pour répondre à la question d’un internaute sur le canal en projet de la mer Rouge à la mer morte, il est nécessaire de remettre les ordres de grandeur en tête.
    Le jourdain a un débit de un milliard de mètres cubes. Il y a soixante ans, c’était 13 milliards. La moitié de ce débit résiduel, c’est, soyons clair, les eaux d’égouts et dans 2 à 3 ans, il ne restera qu’eux.
    Le potentiel pour stabiliser le niveau de la mer morte, c’est donc 13 milliards de mètres cubes.
    De plus, soyons clairs. S’il est possible de réduire les gaspillages, c’est l’augmentation de la population qui crée la demande. Toute réduction sera marginale.

    La taille de la mer morte s’est réduite d’un tiers, l’industrie exploite aussi les minéraux de cette mer et les 800 à 900 millions de M3 d’eau douce que ce canal permettrait de produire réduirait la pression sur les faibles ressources hydriques de la région, notamment jordanienne, et seul 800 millions de M3 iraient jusqu’à la mer morte.
    Les problèmes écologiques doivent ils faire oublier que la population jordanienne ne dispose d’eau qu’un jour sur deux et que la première pollution de la région, c’est la guerre.
    Créer des projets communs sortirait aussi de la logique de guerre.

    La balance des pertes et des gains sur ce projet mérite donc qu’on s’y intéresse.

    Mercredi 29 octobre 2008