Catégorie : bio-carburants

  • Un doublement des cours du pétrole durant la prochaine décennie apparaît probable

    Un doublement des cours du pétrole durant la prochaine décennie apparaît probable

    J’entends de-ci, de-là, de fins économistes pronostiquer une baisse imminente des cours du baril de pétrole. Bien sûr,  leurs anticipations semblent être motivées par une abondance relative de la ressource, en particulier  à la suite d’investissements massifs des Groupes pétroliers au cours de ces dernières années et des succès d’acteurs américains dans l’exploitation de gaz non conventionnels dont ils récupèrent les condensats. La non réalisation du catastrophique et imminent « peak oil » annoncé depuis des années par certains participe également à ces prévisions misant sur la baisse des cours du pétrole à venir.

    Il me semble cependant que ces pronostics à la baisse  oublient de prendre en compte deux paramètres importants, l’un relevant de la physique de l’extraction pétrolière, l’autre intégrant les facteurs géopolitiques des régions du Proche et Moyen-Orient.

    Le premier paramètre repose sur la déplétion naturelle des flux d’extraction de pétrole d’un champ pétrolier. En l’absence de tout investissement d’amélioration continue de la production, un champ de pétrole en exploitation verrait son volume de production se réduire d’au moins de 4 à 5% par an (FIG.I présentée par Total lors de l’investors’ day 2013 à Londres). Pour assurer la stabilité du flux de production mondial de pétrole brut, il est nécessaire que les compagnies pétrolières qui extraient 75 millions de barils de brut et autres condensats par jour, investissent lourdement pour combler les 3 à 4 millions de barils par jour naturellement perdus annuellement par déplétion. Ces investissements marginaux, estimés sur la base d’une dépense moyenne de 14 dollars par baril,  atteignent annuellement autour des deux dizaines de milliards de dollars (4x365x14/1000) = 20,4 milliards). Ces investissements  ne sont pas toujours spectaculaires, ils concernent les techniques d’amélioration du taux de récupération du brut (EOR) par injection d’eau ou de CO2 dans les nappes, ils mettent en œuvre, grâce à de nouveaux forages,  l’exploitation de nappes annexes au champ principal, rendue possible par la connaissance de plus en plus fine des structures géologiques du lieu d’exploitation.

    En d’autres termes l’arrêt hypothétique brutal  de ces investissements de progrès par les Groupes pétroliers, en raison par exemple d’une baisse brutale et importante des cours du brut, se traduirait dans l’année qui suit par une baisse des productions de 3 à 4 millions de barils par jour et plongerait immédiatement le marché dans la pénurie de ressource.

    Un autre paramètre quantitatif, bien que secondaire, doit être pris en compte: c’est la croissance mondiale des consommations de produits distillés et autres biocarburants. Elle progresse d’un million de barils par jour sur un total de 91 à 92 millions en 2013. Cette augmentation de la demande, essentiellement asiatique, nécessite d’investir dans de nouveaux outils de raffinage.

    Là aussi, un arrêt des investissements dans le raffinage conduirait rapidement à une pénurie mondiale de produits raffinés.

    L’autre paramètre majeur regarde la géopolitique. Après les conflits civils de la Libye, de l’Égypte et de la Syrie quelles seront les futures zones impliquées par des querelles moyenâgeuses à caractère religieux ou militaires? Luttes « modernes » entre le sabre et les goupillons.

    Qui peut avancer que ces conflits sont de nature à subitement cesser? Les idéologies puissantes d’un autre âge s’affrontent et génèreront probablement d’autres conflits, soyez-en convaincus.

    Enfin qui peut supposer que les deux plus grands exportateurs du moment que sont l’Arabie Saoudite leader de l’OPEP et la Russie ne décideront pas de limiter les flux  de brut sortants, pour proposer en échange des produits raffinés beaucoup plus onéreux et pour eux plus rémunérateurs. La construction en-cours de raffineries utilisant du pétrole lourd en Arabie Saoudite participe à cette évolution.

    Compte tenu des taux des Bons du Trésor américains qui se situent en ce moment pour le 10 ans autour des 3%,  le prix du baril de Brent dans un environnement relativement apaisé devrait se situer entre 90 et 100 dollars. Avec un cours au-dessus des 115 dollars aujourd’hui il est possible d’évaluer la prime géopolitique aux environs de 20 dollars le baril. Qui peut prétendre que cette prime va subitement baisser?

    Une montée des taux du  Bons du Trésor à 10 ans américain vers les 3% à 4% devrait faire baisser les cours du baril de Brent de quelques dollars, baisse qui serait vite effacée par toute nouvelle querelle orientale.

    En résumé une baisse improbable et  importante des cours du brut mettrait en péril les investissements indispensables pour assurer le maintient des productions de pétrole brut  et la croissance des flux de produits raffinés et autres biocarburants. Ceci plongerait rapidement le monde dans la pénurie et se traduirait par une envolée des cours.

    Des prix soutenus du baril sont indispensables pour assurer le flux de production déterminé par la demande mondiale, de plus en plus asiatique. Durant la dernière décennie (FIG.II) le prix du baril de Brent est passé de 30$ en 2003 vers les 115$ en 2013. La permanence des équations physiques et géopolitiques, la progression des consommations asiatiques permettent de pronostiquer raisonnablement une multiplication par deux ou trois des cours, en dollar courant,  durant la décennie à venir.

    La disponibilité de produits pétroliers dans les décennies à venir reposera sur une lente croissance puis un maintient des flux. Ceci nécessitera un accroissement des cours qui permettra d’aller exploiter les ressources naturelles ou synthétiques les plus ingrates. Les acteurs économiques, consommateurs de produits pétroliers, devront s’adapter à cet accroissement des prix de la ressource…ou disparaître. Ce phénomène de sélection naturelle des acteurs économiques en fonction de leur résilience aux prix de l’énergie a déjà  commencé en 2008 lors de la flambée des cours du pétrole.

    Un abaissement provisoire des cours n’entraînerait que pénurie suivie immédiatement par un emballement des cours sous forme d’une nouvelle crise pétrolière mondiale.

    De telles considérations et l’ampleur des marchés du pétrole justifient l’utilisation de ces marchés comme couverture vis à vis de la baisse de certaines monnaies comme le dollar. Elles expliquent le grand nombre de transactions sur ces papiers, que ce soit à New York sur le Nymex (WTI), à Londres sur l’ICE (BRENT) ou à Dubaï (DME) le marché en vogue. La demande croissante de tels papiers participe aussi à l’évolution quadratique des cours du baril.

    Le 5 Septembre 2013

     

     

  • La Commission Européenne veut limiter à 5% la teneur en biocarburants de première génération dans les carburants

    La Commission Européenne veut limiter à 5% la teneur en biocarburants de première génération dans les carburants

     Poursuivant son obsédante et ridicule chasse aux émissions de CO2, axe unique de sa pseudo « politique énergétique », la Commission Européenne fait tout pour sponsoriser encore et encore l’utilisation du pétrole Russe ou Saoudien comme ressource énergétique de base européenne. Pour cela, elle veut limiter à 5% la teneur en biocarburants actuellement produits dans le monde  comme additifs aux carburants européens…en attendant, soi-disant, les biocarburants de deuxième génération dérivés de déchets cellulosiques et non rentables car conduisant par fermentation à des bières trop diluées en alcool ou utilisant des procédés physico-chimiques dégradants de trop les chaînes carbonées pour conduire au syngas (gaz à l’eau) voie aboutissant à un bilan thermodynamique  insupportable. La banqueroute de l’allemand Choren, initialement associé à Shell dans ce procédé, illustre cette problématique du procédé Fischer-Tropsch « bio ».  Échec étouffé d’un espoir écologique allemand, honoré en son temps par une visite en grandes pompes de la chancelière.

    Rappelons à ces Messieurs et Dames de la Commission qu’aborder la problématique des biocarburants par le biais des seules émissions de CO2 constitue  une lourde erreur économique. Les biocarburants sont tout d’abord des ersatz des produits dérivés du pétrole, énergie primaire de plus en plus difficile à extraire et donc onéreuse. De nombreux pays européens ne disposant pas de ressources pétrolières vont voir leur richesse s’envoler et leurs citoyens s’appauvrir pour payer les onéreuses importations de pétrole ou pire encore, de produits raffinés (par manque d’un outil de raffinage local adapté). La France, pays européen que je connais le mieux, a importé au mois d’Août par exemple sur les douze derniers mois plus de 52 milliards d’euros de pétrole et autres produits raffinés. Le bienvenu recyclage des pétrodollars dans les industries du luxe et des armements a de la peine à tenir le rythme. La mise à disposition de biocarburants non subventionnés et produits localement, comme le font les États-Unis,  permettrait de tailler dans cette facture insupportable qu’il faut comparer par son ampleur au « choc de compétitivité » que notre pays ne peut plus se payer.

    Allez! 10% de biocarburants cela ferait déjà une cagnotte annuelle de 5 milliards pour lancer une filière locale à base de betterave, de manioc, de maïs, de goyave ou de tout autre plant  jugé plus adapté localement par nos paysans. La conversion biologique des sucres en terpènes, plutôt qu’en alcool, (procédé Amyris)  compatibles avec le gazole ou le kérosène serait encouragée.

    LIRE le communiqué de la Commission sur les soi-disant  « effets climatiques de la production des biocarburants » (sic). Le ridicule ne tue pas, mais il devrait tout de même créer quelques désagréments physiologiques intestinaux pour favoriser la réflexion.

    Mes amis, nous sommes vraiment mal barrés dans cette tempête mondiale.  L’écologisme intégriste précautionneux ambiant nous pousse à la dérive, tandis que l’Asie décontractée et besogneuse brûle du charbon par milliards de tonnes, pour nous vendre ses produits manufacturés, de plus en plus sophistiqués. Formidable déséquilibre de comportements  qui devrait un jour nous amener  à mettre en doute nos choix économiques étriqués. Le jour proche où, endettés jusqu’au cou, nous ne pourrons même plus importer de produits chinois…peut-être?

    Le 23 Octobre 2012

  • L’alimentation des centrales à flamme aux Etats-Unis: un très bon exemple de substituabilité compétitive des sources d’énergies

    Le mix énergétique des nations évolue au cours du temps. Bien fort celui qui peut prédire quantitativement cette évolution qui va dépendre des prix, des contraintes administratives et fiscales portant sur les externalités (nuisances), de la disponibilité locale de chacune des ressources d’énergie, de choix politiques tels ceux régissant la part électronucléaire admissible du moment, de la simplicité  et de la flexibilité de mise en œuvre de telle ou telle solution, de la rentabilité globale du choix. Les technologies permettent de substituer pour une application donnée à peu près toutes les sources d’énergie, c’est la rentabilité et la simplicité du choix qui va essentiellement déterminer la solution retenue pour telle ou telle application. Le concept très important de substituabilité compétitive qui détermine les choix énergétiques des industriels et de leurs clients doit être pris en compte dans toute évaluation prospective des consommations énergétiques, sous peine de raconter des fadaises.  Dans le cadre des transports, les combustibles liquides abondants et énergétiquement compacts (à forte énergie volumique) sont les plus appréciés aujourd’hui, mais de nombreux constructeurs dans le monde préparent une offre de  propulsion des navires et des poids lourds utilisant du gaz naturel liquéfié ou conditionné sous diverses formes denses encore à définir. Dès à présent de  nombreux  bus dans nos villes consomment quotidiennement du gaz comprimé, demain, les prix des batteries baissant et celui des carburants liquides augmentant, il deviendra « branché » de se mouvoir en ville en véhicule électrique. L’ Asie et l’Europe fortement urbanisées  seront alors probablement à l’avant-garde de cette révolution.

    Une autre évolution probable sera assurée par la montée en puissance des biocarburants, sponsorisée par l’accroissement des prix des produits pétroliers. Il est possible d’imaginer que les plus sophistiqués parce que les plus rentables, tel le bio-kérosène,  prendront une place déterminante dans l’approvisionnement en énergie, du transport aérien dans ce cas.

    Dans le cas d’applications fixes (non embarquées) le choix de la source d’énergie est généralement beaucoup plus aisé et c’est alors les prix de la ressource et de ses externalités qui deviennent rapidement déterminants. Un exemple nous est fourni par l’EIA qui vient de publier un papier sur la part relative des sources d’énergies utilisées dans les centrales à flamme aux États-Unis depuis 1950 (FIG.).

    FIG.: part relative du charbon, du gaz naturel et du pétrole dans l’alimentation des centrales à flamme aux Etats-Unis depuis 1950 (EIA)

    On y voit la part du pétrole (courbe rouge) sous l’impact des prix de la ressource décroitre vers zéro entre 1980 et 2012. Quand à la part du charbon elle a abandonné  les sommets des années 80 et 90, laissant la place au gaz naturel abondant et peu onéreux (courbe bleue) depuis l’exploitation récente des gaz de schistes et la mise en œuvre de centrales au gaz performantes.

    Nul n’aurait prévu il y a dix ans une évolution aussi rapide du mix énergétique dans les centrales à flamme américaines. Un tel chamboulement en quelques décennies ne peut de nos jours, que rendre modeste quiconque voulant jouer les Nostradamus de l’énergie, exercice très à la mode.

    ACCEDER au papier de l’EIA sur le sujet.

    Le 17 Juillet 2012

  • Monde: deux milliards de véhicules motorisés à quatre roues vers 2040

    Monde: deux milliards de véhicules motorisés à quatre roues vers 2040

     Une étude japonaise de l'IEEJ pronostique qu'entre 2005 et 2050 le nombre de véhicules motorisés à quatre roues (voitures, camions et autres bus) dans le monde sera multiplié par 2,8. Ceci correspond sensiblement a une croissance annuelle moyenne de 2,3% par an. (Ln2,8 x 100 / 45 = 2,288).

    Parc mondial de véhicules
    Si nous estimons le parc mondial actuel de véhicules autour d'un milliard de carcasses, cela veut dire que dans trente ans (70/2,3) ce parc atteindra les deux milliards d'exemplaires dont une large partie (>60%) sera dans les pays en développement.

    Pour que cette progression ne se traduise pas par une croissance de la consommation de carburants il est absolument nécessaire que le produit :

    P = parc mondial de véhicule x trajet moyen annuel/100 x consommation moyenne des véhicules x (1-teneur moyenne en biocarburants) x (1-taux de véhicules non alimentés par des produits pétroliers)

    soit sensiblement constant ou mieux décroissant année après année.

    Face à la croissance du parc mondial, les autres membres en facteur dans le produit P vont pousser vers la décroissance des consommations globales des carburants.

    1- Le trajet moyen annuel par véhicule:

    Trafic-USA  Il était au plus haut aux États-Unis en 2003 et 2004 à 12 200 miles par an et par véhicule (EIA). Depuis, la montée quasi continue des prix des carburants tend à faire décroitre cette variable avec un score de 11 619 miles en 2008.

     Cette décroissance est très importante puisque compte tenu de la croissance du parc aux US, le trafic moyen cumulé sur 12 mois, produit des deux premiers termes du produit général est en sensible décroissance de 0,6 à 0,7% par an dans ce pays depuis Janvier 2008 (FIG.II, données du FHWA).

    En France le trajet moyen annuel des véhicules est bien inférieur à celui enregistré aux U.S.A.. Il a été estimé à 12800 km/an en 2010 par le CCFA pour les voitures avec de très fortes différences entre motorisation diesel (15800 km/an) et motorisation essence (8700 km/an). En Allemagne des valeurs entre 12000 et 13000 km/an semblent admises avec des pronostics de croissance ou de décroissance au cours du temps selon les études. Il serait bizarre que la montée des prix à la pompe n'ait pas un effet à la baisse sur ce paramètre.

     Il est évident que ce trajet annuel moyen dépend largement de la pression urbaine de chacun des pays, ne serait-ce qu'en raison de la vitesse moyenne de déplacement dans les grandes métropoles (18 km/h à Tokyo, 26 km/h à Paris ou 30 km/h à Londres). Celle des grandes métropoles chinoises ou indiennes doit, je suppose, être du même tabac. Dans ces pays où le nombre de voitures pour mille personnes est encore très faible ce sont les taxis et les camions qui déterminent un trajet moyen annuel par véhicule élevé…mais les données sont confuses. Quoi qu'il en soit il décroitra avec l'accroissement du parc en voitures statutaires et tendra vers les moyennes européennes. Les limitations règlementaires de circulation dans les grandes villes asphyxiées devraient également agir à la baisse sur cette variable.

    Enfin le vieillissement des populations dans de nombreux pays développés devrait agir à la baisse du trajet annuel moyen des véhicules au profit des transports en commun.

    2- la consommation moyenne des véhicules:

    C'est une variable importante de l'équation pour que le produit P soit inférieur à 1.

    On a vu récemment la consommation moyenne des voitures américaines neuves passer au-dessous des 10 litres aux cent km. La tendance de cette décroissance est de l'ordre de 2% par an depuis 5 ans, ce qui conduit pour un parc qui doit se renouveler tous les 12 ans environ à une réduction des consommations annuelles voisine de 0,2%. Cette vertueuse évolution devrait se poursuivre avec l'accroissement des prix des carburants à la pompe, avec une diesélisation partielle des ventes de voitures allemandes (VW) et avec la montée en puissance des véhicules hybrides japonais et américains (Ford est licencié de Toyota). Dans un très bref délai de temps, toutes les voitures haut-de-gamme se devront d'être hybrides.

    En Europe ce sont les normes européennes acceptées par les constructeurs qui participent à la promotion de nouveaux véhicules toujours plus économes en énergie.

    En Asie les normes locales elles aussi vont rythmer le marché. La Chine veut atteindre une consommation moyenne de 6,5 litres aux cent kilomètres pour les voitures classiques et 2,5 litres pour les véhicules hybrides.

     La baisse des consommations nominales des véhicules devient un argument marketing "incontournable" pour tous les constructeurs dans le monde. L'hybridation qui sera de plus en plus plébiscitée, va rapidement constituer un atout majeur de réduction des consommations réelles en agglomérations (cycle urbain).

    La baisse des consommations moyennes des véhicules dans le monde est déterminée par l'offre des constructeurs.

    3- le rôle majeur des biocarburants:

    Les biocarburants représentent aujourd'hui dans le monde autour des 2 millions de barils/jour (un peu plus de 100 milliards de litres par an) sur les 88 millions de produits pétroliers liquides consommés. Aux États-Unis la teneur moyenne d'alcool dans l'essence sortant des raffineries atteint aujourd'hui les 9,5% en volume mais ce ratio va encore croître avec la norme E15 et le faible prix relatif de l'alcool dénaturé (2.2 $/gallon) par rapport à celui de l'essence (>3.2 $/gallon).

     La synthèse, à partir de biomasse et de divers corps gras, de kérosène et de gasoil va pousser en avant les biodiesels plus vite encore (doublement en 10 ans). Vers 2020 – 2022 les consommations globales de biocarburants dans le monde devraient dépasser les 3 millions de barils/jour.

     La promotion sérieuse des biocarburants non subventionnés serait pour la France une des façons de faire baisser ou de maîtriser mieux sa facture énergétique.

    4- les autres modes de propulsion:

    Dans les pays à forte densité de population et fortement urbanisés le véhicule électrique a sa place. Le Japon, la Corée, la Chine et l'Europe devraient être les moteurs de cette évolution majeure.

    Nul doute que la majorité des véhicules urbains dans ces pays seront électriques dans quelques décennies.

    En conclusion, il faut imaginer que malgré la croissance du parc automobile mondial qui devrait avoir doublé dans les trente ans à venir, la consommation en produits pétroliers pour cette application devrait globalement être stable sinon croître de quelques fractions de pourcents par an, tirée vers la modération pour l'essentiel par les prix des carburants et l'indispensable progression de l'efficacité énergétique des véhicules.

    CONSULTER des présentations japonaises récentes sur ces sujets

    Le 29 Avril 2012

     

  • Etats-Unis: la consommation d’essence poursuit sa remarquable décroissance

    Etats-Unis: la consommation d’essence poursuit sa remarquable décroissance

     Avec des consommations d'essence au-dessus des 9 millions de barils/jour dans les années 2005-2008 (FIG.I) les États-Unis brûlaient allègrement dans leurs limousines et autres 4X4 plus de 10% de la totalité des 85 à 88 millions de barils de produits pétroliers consommés dans le monde.

    Conso-essence-USA

     Formidable gâchis énergétique de véhicules de plus en plus lourds, aux chromes ostentatoires pouvant résister au choc avec d'hypothétiques "buffles" et autres élans égarés sur les autoroutes de ce grand pays. Depuis la crise économique, la pression financière des prix des carburants à la pompe et l'exemple des modèles allemands et japonais ont fait comprendre à certains de ces cow-boys qu'un véhicule plus léger, mieux profilé, aux rendements optimisés pouvait présenter certains atouts. L'offre des constructeurs s'est adaptée, l'Amérique n'a jamais autant acheté de Prius…pourtant bien décriées il y a encore peu. La consommation moyenne des véhicules immatriculés au mois de Mars est passée au-dessous des 9,8 litres aux cent (24.1 miles/gallon) selon l'UMTRI…mais il reste encore un long chemin à parcourir pour accéder à la sobriété.

     Les consommations du mois de Janvier sont traditionnellement les plus faibles de l'année et ce mois de Janvier 2012 n'a pas défié la tradition. Un suivi des consommations de ce seul mois (FIG.II) illustre combien la baisse du gaspillage est en marche.

    Conso-essence-USA-janvier

    Il est possible de mesurer sur ce graphique l'importance du bioéthanol aux États-Unis qui atteint en volume dans les 9,5% des volumes d'essence consommés. Cette fraction devrait s'accroitre dans les années à venir avec la généralisation du carburant E15 (15% d'éthanol en volume) et la compétitivité à énergie équivalente des cours de l'éthanol dénaturé, maintenant non subventionné, par rapport à ceux de l'essence (FIG.III).

    Cours essence New York

    En conclusion: malgré l'accroissement de la population active et la généralisation des essences "oxygénées" moins énergétiques, la consommation globale d'essence décroit aux États-Unis depuis 5 ans. La part d'hydrocarbures issus de la distillation des pétroles ou autres condensats décroit encore plus rapidement en raison de l'utilisation croissante de bioéthanol. Ce mouvement de baisse des consommations américaines devrait se poursuivre devant un pétrole de plus en plus onéreux. L'apport d'une part croissante de bioéthanol moins onéreux limitera partiellement la hausse des prix à la pompe et de la demande en fraction pétrolière.

    Certains continueront, malgré les faits et sur des critères bidons, à maudire les biocarburants qui deviennent une part incontournable des consommations énergétiques de ce monde.

    ACCEDER aux données de l'UMTRI.

     

     

  • Etats-Unis: le guayule ressource de caoutchouc naturel semble reprendre des couleurs

    Etats-Unis: le guayule ressource de caoutchouc naturel semble reprendre des couleurs

    Guayule2  Alternative au caoutchouc naturel d'hévéa les cultures de guayule, plante originaire du Mexique, avaient connu une embellie lors des derniers conflits mondiaux comme ressource de substitution potentielle. Le fait que cette plante nécessite un procédé complexe de récolte et d'extraction du latex présent dans les branches a jusqu'à présent dissuadé les aventures industrielles à l'exception de quelques productions confidentielles d'articles en latex pour usages médicaux. Le leader américain dans ce domaine semble être la société YULEX dans l'Arizona qui sous-traite aux paysans locaux la culture de plants transgéniques de guayule en lieu et place de cultures de coton à l'aide d'équipements mécanisés similaires adaptés (FIG.).

     Cette voie vers le caoutchouc naturel semble intéresser le japonais Bridgestone qui annonce son intention de développer cette ressource à l'aide d'une ferme pilote et de laboratoires industriels de développement implantés dans le sud-ouest des États-Unis. L'ensemble devrait être opérationnel en 2014 pour commencer des essais en vraie grandeur en 2015.

    On regardera avec indulgence et perplexité les essais grandioses menés par le Cirad en France sur ce sujet.

    ACCEDER au site de YULEX et LIRE le communiqué de Bridgestone sur le sujet.

  • L’isobutanol « bio » une base vers divers carburants et autres polymères

    L’isobutanol « bio » une base vers divers carburants et autres polymères

    Isobutanol isobutylène

     L'américain GEVO vient d'annoncer qu'il allait dans le courant de l'année lancer en production sa nouvelle usine de Luverne dans le Minnesota. C'est une ancienne unité de production de bioéthanol reconvertie à la production d'isobutanol par utilisation d'un cocktail d'enzymes dédié et adaptation d'une unité de séparation de l'alcool en C4 par décantation beaucoup plus économique en énergie que la distillation de l'éthanol. Dans un premier temps Gevo va vendre sa production à Sasol Chemicals qui utilise l'isobutanol comme solvant pour peintures, encres et autres produits de revêtements. GEVO en parallèle rétrofite une autre usine située dans le Dakota du Sud avec pour objectif de pouvoir produire annuellement jusqu'à 200 millions de litres d'alcool. L'objectif de cette Société est de commercialiser autour de 1,2 milliard de litres d'isobutanol en 2015 pour diverses applications dont celles mettant en œuvre son produit de déshydratation l'isobutylène à la base de multiples additifs et carburants (isooctane, kérosène) et autres intermédiaires à la base de polymères (PET).

     La ressource étant limitée, l'industrie des biocarburants pour gagner plus, avance peu à peu vers des produits de plus forte valeur ajoutée que celle de l'éthanol ou des esters d'acides gras. Un des objectifs immédiats est de savoir produire du kérosène "bio" pour l'aviation civile qui devra, nous dit-on, maîtriser ses émissions de CO2…sauf si la Chine n'est pas d'accord. L'autre objectif est la synthèse de polymères "bio" pour l'industrie alimentaire par exemple…formidable outil de marketing pour vendre de l'eau au prix du vin…c'est biblique. La voiture va devenir elle aussi de plus en plus"bio" et plus tard apparaîtront même des pneumatiques "bio" …mais beaucoup plus chers que les produits traditionnels. Les Maîtres du Marketing ont de beaux jours devant eux.

    LIRE le communiqué de GEVO et un papier sur l'isobutanol et ses charmes.

    Le 1er Mars 2012

  • 10% des terres cultivées en 2011 dans le monde accueillaient des plants génétiquement modifiés

    10% des terres cultivées en 2011 dans le monde accueillaient des plants génétiquement modifiés

     L'impérieuse nécessité pour l'agriculture mondiale de nourrir les 9 milliards d'humains programmés pour 2050 et de leur fournir une part de leurs ressources énergétiques va nécessiter d'accroître les surfaces cultivées et de poursuivre l'amélioration des rendements des récoltes. Pour cela l'utilisation des plants génétiquement optimisés au contexte local constitue un paramètre qui va prendre de plus en plus d'importance.

     L'ISAAA nous apprend qu'en 2011 dans le monde 82% des cultures de coton, 75% de celles de soja, 32% de celles de maïs et 26% de celles de colza de type canola (sans acide érucique) étaient réalisées avec des OGM. L'ensemble de ces cultures malgré une quasi absence de l'Europe précautionneuse, représentait 160 millions d'hectares soit 10% des 1,6 milliards d'hectares de cultures annuelles et permanentes mondiales.

    OGM 2011

     Ces surfaces sont réparties à parts égales entre pays développés (USA, Canada) et pays dits "en développement". On notera le dynamisme du Brésil, de l'Argentine et de l'Inde. La Chine encore à la traîne avec seulement 3,9 millions d'hectares, devrait rapidement rattraper son retard. L'ISAAA estime le potentiel de culture de maïs transgénique en Chine à 30 millions d'hectares.

     Pour comprendre un peu l'avenir de l'agriculture mondiale il faut bien se persuader que dans les décennies à venir tout va se passer en dehors de l'Europe de l'Ouest et que les réticences des Européens arracheurs josébovéens* à progresser n'ont que bien peu d'importance. L'essentiel se passera en Amérique latine, en Asie et en Afrique.

     Les principaux progrès attendus sont l'introduction de plants de maïs résistants à la sècheresse (USA en 2013 et Afrique vers 2017 ), l'introduction du "riz doré" riche en Vitamine A en Asie en 2013-2014 (250 millions d'enfants dans le monde souffrent d'un déficit de Vitamine A), du soja produisant plus de corps gras insaturés et de type oméga-3. Ensuite un blé transgénique devrait apparaître vers 2017. Le champ potentiel de perfectionnement des plants et d'amélioration quantitative et qualitative des récoltes est immense. Seule une idéologie précautionniste retardataire de sociologues alternatifs peut masquer cette évidence.

    *remarque: une majorité des Français (54%) trouve assez légitimes les arrachages illégaux comme une saine réaction devant la menace.

    LIRE le résumé de la publication de l'ISAAA et accéder aux graphiques.

    Le 28 Février 2012

     

  • Le grand défi agricole mondial: nourrir le monde et lui assurer une part de son énergie (suite 2)

    Le grand défi agricole mondial: nourrir le monde et lui assurer une part de son énergie (suite 2)

    Dans la deuxième partie de ce papier ont été montrés les formidables progrès réalisés par le Brésil dans la culture de la canne à sucre durant les précédentes décennies. Le climat, la disponibilité de terres cultivables et la volonté politique de moins dépendre du pétrole sont les trois ingrédients de ce succès en cours d’expansion qui devrait conduire à un futur doublement des récoltes. Cette recette devrait pouvoir être transposée à d’autres États en particulier en Afrique, avec l’aide du Brésil. Il existe dans le développement de ces cultures, associées à des usines agricoles de production d’éthanol, une voie évidente de progrès pour de nombreux pays en développement dans les zones intertropicales.

    D’autres options telles que celles développées par Amyris qui transforme par biotechnologie les sucres en terpènes sont aussi à prendre en compte. Elles conduisent en effet à des produits à fortes valeurs ajoutées tels que médicaments, carburants sophistiqués (kérosène) et autres primaires de polymères. Ces procédés entrent en compétition avec les procédés d’élaboration de carburants de type biodiesel produits à partir d’huiles d’origines végétales. Ces cultures d’oléagineux constituent une voie privilégiée pour accéder à des biocarburants complexes de type kérosène. C’et par exemple le choix du pétrolier finlandais Neste Oil, paradoxalement élu « entreprise la plus irresponsable de l’année » à Davos en 2011 par des membres du lobby vert…sûrement « les plus illuminés de la décennie »!

    III – Les productions d’oléagineux révolutionnées par le palmier à huile:

    La production d’huiles végétales dans le monde tirée par la croissance des populations et du niveau de vie moyen a connu une remarquable expansion durant les 50 dernières années (FIG.I).

    Huiles production

    Les productions évaluées par la FAO autour des 17 millions de tonnes en début des années soixante, ont atteint en 2010, cinquante ans après, les 146 millions de tonnes. Sur la dernière décennie cette croissance des productions mondiales affiche un progression annuelle moyenne de 4,8%.

    Palm-fruit2  Cependant il est fondamental pour analyser et comprendre cette forte croissance d’isoler les productions d’huiles issues du fruit du palmier: l’huile de palme issue de la pulpe jaune du fruit et l’huile de palmiste issue de la chair blanche du noyau de ce fruit (FIG.II). Il ressort alors que sur les dix dernières années les productions d’huiles de palme et de palmiste réunies ont crû au rythme de 7,4% par an alors que celles des autres huiles (courbe verte) ne croissaient que de 3,6% par an, le tout (courbe rouge) conduisant entre 2000 et 2010 à cette progression annuelle des productions d’huiles de 4,8%.

    Ce succès toutes catégories du palmier à huile s’explique par les formidables rendement de fruits à l’hectare. Ils ont dépassé les 21 tonnes à l’hectare en Malaisie en 2010 (FIG.III) pour un rendement moyen mondial de 14 tonnes à l’hectare.

    Palme malaisie rendement

    Tout comme pour le maïs et la canne à sucre à ces progressions des rendements des palmiers à huile se superposent les accroissements de surfaces récoltées. Dans ce cas elles sont tout particulièrement élevées en Indonésie et Malaisie (FIG.IV).

    Palme  surfaces

    La production de biodiesel en 2010 dans le monde qui peut être estimées à 19 millions de tonnes (0,36 Mbarils/jour) occupe encore une place très marginale comme ressource de carburant. Une part de ces productions est assurées par le recyclage d’huiles de friture, l’utilisation de sous-produits de purification des huiles et la récupération de graisses animales. On peut donc estimer le prélèvement d’huile végétale pour la production de biodiesel aux environs des 10 à 12% du total mondial des 143 millions de tonnes d’huiles produites. Selon les projections de l’OCDE et de la FAO les productions de biodiesel dans le monde devraient doubler d’ici à 2020 (6 à 7% de croissance par an).

    IV- Conclusion

    Ces trois exemples de cultures mondiales de maïs, de canne à sucre et de palmier à huile qui doivent à la fois répondre à la demande croissante des besoins alimentaires de l’humanité et à la fourniture d’une partie des besoins énergétiques sous forme de combustibles liquides (bioéthanol et biodiesel) montrent qu’ils ont fait l’objet depuis un demi siècle, de tous les soins du monde agricole. Ces cultures ont présenté de spectaculaires progressions de rendements, indice quantitatif d’une bonne santé des terres cultivées, de la mise en œuvre de pratiques agricoles de plus en plus efficaces et de la sélection d’hybrides de mieux en mieux adaptés aux conditions de cultures locales. L’accroissement des surfaces cultivées supportée par les prix de ces denrées permet une croissance quadratique de leurs productions qui répondent ainsi à la demande.

    Ce mouvement animé par des transferts de technologies des meilleures pratiques existantes et par l »accroissement des surfaces cultivées en Amérique Latine et en Afrique va se poursuivre durant les décennies à venir.

    Il faut donc imaginer un monde ou l’alimentation de ses futurs 9 milliards d’habitants sera globalement satisfaite et ou ses besoins énergétiques seront partiellement assurés par les biocarburants, ersatz du pétrole devenu rare et cher.

    Remarques: je voudrais ici poursuivre la dénonciation de faux débats qui rendent le discours sur les biocarburants totalement inintelligible en énonçant simplement deux évidences.

    Evidence 1: les tonnes de CO2 économisées par l’utilisation des biocarburants sont négligeables par rapport au milliard de tonnes de CO2 supplémentaire relargué chaque année en Asie. Ergoter sur les bilans de CO2 économisés grâce aux biocarburants n’offre aucun intérêt et ne doit pas constituer un paramètre discriminant. Par contre les près de 2 millions de barils par jour de produits pétroliers économisés, ramenés aux 88 millions de barils/jour de dérivés liquides du pétrole et biocarburants consommés, sont eux très importants. Demain les 5 ou 6 millions de barils par jour de biocarburants, avec un doublement tous les 10 ans environ, seront encore plus précieux.

    Evidence 2: A partir du moment où un paysan a décidé de planter une parcelle pour mettre en culture une ressource pour biocarburants le critère du caractère vivrier ou non des plants cultivés n’est pas pertinent. Qu’il plante du maïs ou tout autre plant non comestible va dépendre des rendements qu’il va obtenir sur sa parcelle dans le contexte de son exploitation. S’il remplace le maïs ou la canne à sucre par un autre plant moins productif en amidon ou en sucre il commettra une erreur économique. C’est une des raisons fondamentales de l’échec actuel des biocarburants de deuxième génération qui au travers de bières trop diluées, n’apportent pas des rendements suffisants en sucre ou en alcool. Il est donc à prévoir que les futurs développements se feront à partir de plants hybrides dédiés aux biocarburants qui apporteront le maximum de sucre, d’amidon, de cellulose et hemi-cellulose qui au travers de procédés complexes conduiront à des rendements d’alcool les plus élevés possibles, au travers de bières aux concentrations acceptables énergétiquement.

    Le 27 Janvier 2012

  • Le grand défi agricole mondial: nourrir le monde et lui assurer une part de son énergie (suite)

    Le grand défi agricole mondial: nourrir le monde et lui assurer une part de son énergie (suite)

    Nous avons examiné dans le chapitre précédent le formidable développement des cultures de maïs dans le monde qui de toute évidence n’en est qu’à ses débuts dans de nombreux pays encore peu développés. L’attrait des investissements dans l’agro-business mondial supporté par des prix soutenus, le transfert de technologies dans les biocarburants, la mise à disposition de semences hybrides de mieux en mieux adaptées, la progression des connaissances dans les procédures agricoles vont faire encore progresser les surfaces récoltées et les rendements à l’hectare et donc les volumes produits. L’apport des technologies de deuxième génération qui consistent à utiliser une part des tiges, des feuilles et des rafles de la plante va permettre de produire plus d’éthanol par hectare cultivé. L’alliance annoncée entre Poet le premier américain dans le bioéthanol et de la biotechnologie de DSM illustre la volonté des acteurs américains de poursuivre leur développement dans les biocarburants malgré la baisse récente des prix de l’alcool dénaturé conséquence de la suppression de la subvention fédérale américaine de 45 cents par gallon (FIG.I).

    Bioethanol dénaturé essence NY

    Mais il est important de se pencher aussi sur une autre ressource essentielle d’alcool dans le monde: la canne à sucre.

    II- Une culture dominée durablement par le Brésil: la canne à sucre

    Le succès de la canne à sucre dans la production d’éthanol provient de son autosuffisance énergétique. Après brûlage et récolte le chargement de canne à sucre arrivé à l’usine permet d’extraire par broyage et pressage un jus sucré contenant 135 à 140 kg de sucre par tonne de canne brûlée et récoltée. Le résidu solide, la bagasse, est utilisé comme combustible pour générer toute l’énergie nécessaire au procédé conduisant à l’alcool pur et permet même de générer une part d’électricité vendue par l’usine. L’ensemble conduit à un prix de revient de l’alcool particulièrement compétitif…sauf si les cours du sucre sont élevés et détournent les récoltes vers la constitution de stocks de sucre vendus à terme.

    Cane-production

    Les productions mondiales de canne à sucre ont connu une bonne croissance entre les années 60 et les années 2000 en respectant le triplement des récoltes en 40 ans réclamé pat René Dumont à l’époque. Mais tout comme on l’a observé sur les récoltes de maïs, la conjonction de la consommation croissante asiatique et des besoins de sucre pour les biocarburants ont particulièrement « boosté » durant ces dernières années les production brésiliennes de canne à sucre. Elles ont atteint en 2010 les 720 millions de tonnes, ce qui représentait 43% des récoltes mondiales de 1686 millions de tonnes en 2010. L’embellie brésilienne de la canne à sucre n’en est qu’à ses débuts puisque le Président brésilien de l’UNICA, représentant les planteurs de canne de son pays a affirmé en Décembre 2011 vouloir doubler les volumes produits vers 1,2 milliards de tonnes à l’horizon 2020. L’empressement des grands groupes pétroliers (Shell, Total,..) à s’investir dans ce business ne peut qu’apporter crédit à cette perspective.

    Cane-surfaces

    Ces croissances remarquables des productions de canne à sucre sont rendues possibles par l’accroissement des surfaces cultivées au Brésil qui sont passées de 5 millions d’hectares à 9 millions d’hectares au cours de la dernière décennie (FIG. III) et qui expliquent la progression mondiale.

    Cane-rendements

    Quand aux rendements brésiliens ils sont passés de façon monotone de 43 tonnes à l’hectare à plus de 79 millions de tonnes/hectare au cours des 50 dernières années (FIG. IV) dépassant largement les rendements moyens des pays du reste du monde cultivant la canne à sucre (Inde, Chine, Thaïlande, Mexique, Pakistan, etc.).

    La suprématie évidente du Brésil sur les cultures de canne à sucre n’implique nullement une stagnation des productions d’autres pays d’Amérique Latine, d’Afrique ou d’Asie. Citons par exemple l’aide apportée par le Brésil au Ghana et à divers autres pays africains pour développer des productions locales de bioéthanol à partir de canne à sucre. Certains parlent d’une « OPEP » du bioéthanol dirigée par le Brésil pour qualifier sa politique de transfert de technologie vers ces pays africains.

    LIRE le papier de l’UNICA sur ses ambitions de doublement des productions brésiliennes de canne à sucre.

    LIRE l’annonce de l’alliance Poet-DSM.

    Le 24 Janvier 2012