Catégorie : bio-carburants

  • L’utilisation d’éthanol dans les essences américaines marque le pas autour des 8,5%

    L’utilisation d’éthanol dans les essences américaines marque le pas autour des 8,5%

     Au mois de Juillet dernier sur les 9,5 millions de baril/jour d'essence qui sont sortis des raffineries de pétrole américaines, a été globalement incorporé 0,81 million de barils/jour d'éthanol à ces carburants nous indique l'EIA. Ceci représente donc une teneur moyenne en volume de 8,5%. Une observation de la progression de ce ratio depuis  plus de 5 ans montre une certaine stagnation de la teneur moyenne en éthanol utilisé depuis le début de l'année (FIG.).

    Alcool-carburants-US 

     Bien que les productions de fuel-éthanol dans les distilleries américaines soient supérieures à ces consommations locales, le surplus étant exporté, les raisons de ce piétinement sont de deux ordres:

    – la teneur en éthanol pour les carburants "oxygénés" est encore limité à 10% (mélange E10) et la profession attend avec impatience la fin des essais qui activeront le feu vert de l'Administration américaine pour passer au E15 à 15% d'éthanol. La date prévue pour cette modification est encore incertaine, mais attendue en 2010 ou début 2011.

    – les 7 millions de véhicules américains existants, équipés du système flex-fuel, ont du mal à s'approvisionner en mélange E95 à 95% d'éthanol en raison du faible nombre de pompes disponibles capables de délivrer un tel mélange. Il n'y aurait que 2255 pompes en service sur tout le territoire auxquelles il faut ajouter les 250 pompes à essence qui peuvent délivrer n'importe quel mélange et qui constituent la solution du futur.

     A l'approche des élections de mid-term le Department of Energy vient une fois de plus d'affirmer son attachement à un accroissement de l'utilisation des biocarburants dans les transports…et de la possibilité d'obtenir des aides à l'équipement des stations services en particulier dans les régions productrices de la corn-belt.

     Il est clair que pour des raisons économiques et politiques évidentes, produire les carburants automobiles aux US plutôt que de les importer du Venezuela, d'Iran, de Lybie ou d'Arabie Saoudite, l'Administration américaine va pousser les feux dans les biocarburants comme l'éthanol. Le passage au E15 et une démocratisation du flex-fuel, prônée par General Motors, peut permettre en quelques années de doubler la consommation américaine de fuel-éthanol et d'atteindre puis dépasser les 1,6 millions de barils/jour. Ce paramètre couplé à la réduction des consommations des véhicules, interviendra bien sûr de façon significative dans la consommation à venir de pétrole dans le monde.

    LIRE un papier sur le sujet de l'excellent Todd Neeley de DTN.

    Le Dimanche 3 Octobre

  • Les biocarburants de deuxième génération en Europe ont-ils une bonne chance de dépasser le stade d’unité pilote?

    Les biocarburants de deuxième génération en Europe ont-ils une bonne chance de dépasser le stade d’unité pilote?

     Une nouvelle étude sur l'avenir possible du bioéthanol de deuxième génération en Europe vient d'être publiée par Bloomberg New Energy Finance à la demande de Novozymes et DSM. Cette étude met en lumière les fortes potentialités de développement économique de cette filière en Europe. Mais elle souligne et parfois présuppose également les conditions nécessaires à remplir pour qu'un tel scénario ait quelque chance de se réaliser. Pour résumer les possibilités de développement, cette étude affirme qu'il serait possible à l'horizon 2020 de collecter en Europe entre 225 et 270 millions de tonnes de biomasse issues essentiellement des résidus de récoltes de céréales ou de betterave et marginalement de l'exploitation des forêts et de la valorisation des déchets municipaux. A partir de cette collecte, à organiser, il serait possible de produire annuellement entre 75 et 90 milliards de litres d'éthanol sur la base d'un taux de conversion qui atteindrait à cette époque les 350 litres par tonne de biomasse sèche. Ces volumes  représentent en unité pétrolière entre 1,29 et 1,55 millions de barils/jour d'éthanol. Pour mémoire les pays de l'OCDE Europe consomment en 2010 dans les 14 millions de barils/jour de produits pétroliers. Ce sont donc quelques 10% en volumes des produits pétroliers consommés aujourd'hui en Europe qui sont concernés par ce scénario.

    Bioétanol-Europe-Bloomberg

    Mentionnons les conditions nécessaires pour qu'un tel scénario se réalise:

    -que l'Europe se fixe des objectifs détaillés de consommation annuels à atteindre sur le modèle américain,

    -que l'Europe et donc les États sponsorisent la collecte de la biomasse. Sur la base de 50 euros par tonne par analogie avec les USA qui paient dans les 50 dollars, ceci représenterait à terme dans les 12 milliards d'euros par an de subventions.

    -que les équipements ad hoc de collecte sélective et de stockage soient définis et réalisés

    – que les autres filières utilisant cette biomasse (granulés, alimentation animale, autres voies…) n'entrent pas en juste compétition dans l'utilisation de cette biomasse collectée et subventionnée. Brûler cette biomasse dans des chaudières ne serait-il pas aussi efficace et beaucoup moins cher en capitaux engagés? Les centrales électriques européennes utilisent déjà partiellement cette voie. Elles importent même aux Pays-Bas des granulés américains.

    -que la filière bioéthanol envisagée conduise à une saine rentabilité des capitaux privés engagés ce qui n'est pas du-tout évident aujourd'hui, en particulier aux États-Unis malgré de robustes subventions. Les raisons de non rentabilité sont multiples mais les principales proviennent du fait que la transformation enzymatiques des cellulose, hemicellulose et autre lignocellulose sont très complexes et très consommatrices d'enzymes. Les jus sucrés qui sont obtenus après ces conversions conduisent à des bières très peu concentrées d'où l'extraction d'alcool est onéreuse. Des procédés hydro-catalytiques beaucoup plus rapides et moins chers pourraient également conduire à des soupes organiques valorisables.

    – que les prix des carburants poursuivent leur ascension et tirent ainsi les prix du litre d'alcool pour accélérer l'atteinte du break-even des opérations sans subvention.

    On le voit, pour l'instant ni les conditions économiques ni les conditions règlementaires ne sont prêtes pour espérer voir démarrer dès demain un tel projet européen de grande ampleur. Cependant, dans le cadre de la PAC par exemple, il ne serait peut-être pas stupide d'étudier les possibilités d'aide à la collecte mécanisée de la biomasse non exploitée à ce jour, dans le cadre d'une quelconque application valorisante.

    LIRE le rapport d'étude de Bloomberg New Energy Finance.

    Le 18 Septembre 2010

  • Poet en démarrant le stockage de matière première prépare le lancement pour 2012 de sa première unité de production d’alcool à partir de cellulose du maïs

    Poet en démarrant le stockage de matière première prépare le lancement pour 2012 de sa première unité de production d’alcool à partir de cellulose du maïs

     La production de biocarburants est un sujet plein d'humour. C'est Poet, le premier producteur d'alcool de maïs des États-Unis, procédé tant décrié par les écolos bobos de salons, qui va être le premier à lancer une unité industrielle de production d'alcool à partir de déchets cellulosiques dès 2012, voie plébiscitée par les mêmes écolos. Quelles sont les raisons de cette apparente contradiction? Elles sont très simples.

    1- Poet avec ses usines agricoles est au contact des paysans américains et sait organiser une collecte intelligente de matière première, très dispersée sur le territoire, qui sera finalement constituée de ballots de déchets divers de la culture du maïs (rafles, enveloppes, tiges, feuilles, collectés largement au-dessus du sol) que ce maïs soit destiné à l'alimentation ou à la production d'alcool. Initialement Poet envisageait de n'utiliser que les rafles.

    2- L'investissement industriel dans une usine produisant déjà de l'alcool de maïs est marginal. En effet Poet ajoute une boucle au procédé déjà existant pour le rendre compatible avec deux produits entrants: les grains de maïs d'une part, riches en amidon, et les résidus cellulosiques d'autre part qui nécessitent des traitements enzymatiques plus profonds. Les deux process se rejoignent après la fermentation alcoolique avec des bières très concentrées provenant des graines et beaucoup plus diluées provenant de la voie cellulosique. Des "blends" intelligents conduiront à un "bourbon" dont la distillation sera acceptable économiquement

       Poet-Emmetsburg-2012

    3-L'ensemble des deux process conservera son caractère agricole en raison de la contrainte spatiale de récolte des matières premières, comme le montrent les données de la filière cellulosique de l'usine d'Emmetsburg, Iowa (TAB.). Cette unité ne démarrera qu'en 2012, mais Poet va lancer dès cette année le stockage de matière première, si complexe à rassembler. La collecte en 2012 et au-delà des 300 mille tonnes de biomasse pour alimenter cette usine, nécessitera de mobiliser 300 à 400 exploitations représentant 1200 km2 de cultures de maïs. Le tout pour produire, en complément de la voie classique existante, dans les 1600 barils/jour d'alcool.

     Mille deux cents kilomètres carrés de cultures pour alimenter une unité agricole qui représente le centième d'une raffinerie de pétrole, voici toute la problématique de la biomasse comme matière première énergétique. C'est la raison majeure qui explique le non décollage de ces technologies cellulosiques, énergétiquement trop diluées, incapables d'alimenter de façon opérationnelle une grande usine de transformation en alcool. Poet ironiquement va démontrer qu'en complément du procédé agricole existant, partant des grains de maïs, un complément cellulosique, provenant des récoltes existantes, est économiquement acceptable. Mais pour réaliser cela, il est nécessaire de fréquenter le monde paysan.

     Bien sûr, tous ces procédés cellulosiques n'ont que bien peu de chance d'aboutir de façon significative dans une Europe de l'Ouest surpeuplée et largement exploitée, où ces procédés rentreraient en concurrence avec les marchés existants du bois, de la pâte à papier, de la paille ou d'autres filières. La nécessité de disposer de grands espaces mobilisables pour de nouvelles cultures est évidente.

    LIRE le papier sur le sujet sur DTN

    Le 27 Août 2010

  • La production de biodiesel en Europe limitée par la concurrence et la pénurie de matière première

    La production de biodiesel en Europe limitée par la concurrence et la pénurie de matière première

     Le développement des biocarburants dans les grandes zones du monde va dépendre essentiellement de l'abondance des ressources à des prix abordables. C'est ainsi que les États-Unis disposant de grandes surfaces de terres cultivables, voient croître leur production de maïs s'étendre sur plus de 35 millions d'hectares dont 10 à 11 millions environ sont utilisés à produire du bioéthanol qui est par la suite mélangé à l'essence. Cette production représente aujourd'hui 8,5% en volume de l'essence consommée aux USA, soit 750 mille barils/jour.

     En Europe, l'équation des biocarburants est totalement différente. La production de graines oléagineuses par exemple s'étend sur 12 millions d'hectares en 2010, elle pourrait atteindre 13,5 millions d'hectares en 2020. D'une faible part de ces productions locales et d'huile de palme importée d'Indonésie ou de Malaisie, il est possible de produire du biodiesel par transestérification des triglycérides ou par hydro isomérisation catalytique ( voir l'article sur Neste Oil). C'est ainsi qu'en 2009, l'Europe a produit 9 millions de tonnes de biodiesel (196 mille barils/jour) affichant une croissance de 17% par rapport à 2008. Alors que les volumes produits ont décru en Allemagne (-10%), ils ont été multipliés par quatre en Espagne, par trois aux Pays-Bas, par 2,5 en Finlande. Ce sont les importations d'huile de Palme qui assurent une part de cette croissance. D'après Oil World de Hambourg les importations d'huile de palme pour produire du biodiesel en Europe seraient passées de 0,8 million de tonnes en 2008 à 1 ou 1,1 million de tonnes en 2009 (LIRE)***.

    EU27-biodiesel

     Les professionnels du biodiesel en Europe se plaignent également des prix de dumping des importations de biodiesel en provenance des États-Unis (via le Canada pour biaiser la règlementation) ou d'Argentine.

     Avant de s'insurger contre les biocarburants qui menaceraient la Planète et affameraient le monde, il est important de comprendre que faute de matières premières dans les pays à forte densité de population comme l'Europe, ces derniers sont appelés à ne jouer qu'un rôle marginal dans l'approvisionnement énergétique de la zone, quelles que soient les Directives en vigueur. Pour comprendre cette évidence, il faut savoir que le rendement énergétique de la croissance végétale annuelle par unité de surface est minable (LIRE). Seuls les grands pays peu peuplés et humides (États-Unis, Brésil, pays africains,..) pourront s'offrir les récoltes suffisantes pour assurer les productions de biocarburants dans des usines agricoles de faibles tailles. L'addition d'une part de biocarburants de deuxième génération ne modifiera pas radicalement le problème, les cultures de plantes dédiées nécessiteront elles aussi d'immenses espaces.

    *** Remarque: il est à noter qu'une part de l'huile de palme importée en Europe à bas prix, objet de bien des clameurs vertes écolo-outragées, est également brûlée dans les centrales électriques allemandes. Allez donc comprendre!

    LIRE le papier de lobbying de l'European Biodiesel Board sur le sujet.

    Le 24 Juillet 2010

  • 356 mille kilomètres carrés de cultures de maïs aux Etats-Unis en 2010

    356 mille kilomètres carrés de cultures de maïs aux Etats-Unis en 2010

     Ce sont 35,6 millions d'hectares qui seront dédiés à la culture du maïs aux Etats-Unis en 2010 affirme le National Agricultural Statistics Service (NASS) américain. Ceci représente une croissance de 1,6% des surfaces plantées par rapport à 2009 (FIG.). Plus de 92% de ces cultures conduiront à des récoltes de maïs et environ un tiers de ce maïs sera converti en bioéthanol, les deux autres tiers seront essentiellement utilisés pour l'alimentation animale et humaine. Il est donc possible d'estimer que ce sont autour de 100 mille km2 de plantations de maïs qui fournissent les 8,5% d'éthanol mélangés à l'essence en moyenne aujourd'hui aux Etats-Unis.

    Surfaces-maïs-USA

      Ces chiffres et la stabilité des stocks publiés ont vivement poussé les cours du maïs à la hausse de plus de 10% hier sur le Chicago Market Exchange. Les opérateurs s'aperçoivent que les abondantes productions de maïs de 2009 (13 milliards de boisseaux) se sont bien écoulées en ce début d'année. La faible croissance des surfaces plantées et la faible probabilité de voir croître les rendements à l'hectare par rapport à 2009 qui fut une très bonne année pluvieuse, permettent de prévoir un exercice 2010 sans surproduction. Il n'en fallait pas plus pour que les cours très déprimés du maïs se redressent.

     Que de bêtises écrites et racontées en 2008 par de soi-disant spécialistes qui avaient confondu la spéculation effrénée sur les commodities pour une pénurie définitive de maïs. Non Messieurs, les tortillas seront abondantes et se vendront à des prix raisonnables en 2010…ne vous en déplaise! 

    LIRE le communiqué du NASS et les données par Etat.

    Le 1er Juillet 2010

  • Le procédé de bioéthanol cellulosique de Poet présente un remarquable bilan carbone

    Le procédé de bioéthanol cellulosique de Poet présente un remarquable bilan carbone

      Fueling_revolution2[1] Poet, premier producteur d'alcool de maïs américain conduit depuis 22 ans une politique industrielle remarquable, basée sur l'existence de 26 usines agricoles s'approvisionnant en maïs récolté localement. Après avoir réduit ses consommations d'eau de 80% et d'énergie d'un tiers, la Société développe un procédé de production d'éthanol cellulosique, intégré dans le process existant et destiné à valoriser les rafles de maïs et autres résidus lignocellulosiques issus de la récolte. Jeff Broin, le patron de Poet vient de présenter un premier bilan (life cycle analysis) des émissions de CO2 par ce procédé à partir des essais réalisés sur pilote dans le cadre de son projet LIBERTY.

     Le procédé cellulosique qui n'utilise que des sous-produits des récoltes existantes de maïs et qui s'intègre dans le process existant conduit à un bilan carbone positif en raison de la production de biogaz à partir des déchets du procédé. En effet alors que les déchets de la filière maïs conduisent à des sous-produits valorisables et en particulier à de la nourriture pour animaux, les déchets de la filière cellulosique sont ici valorisés par fermentation anaérobie et production de biogaz. Il en résulte un bilan des émissions de CO2 négatif. Concrètement une partie du gaz produit servira à fournir de l'énergie à l'ensemble du procédé, y compris à la boucle traditionnelle à base de maïs.

     Ces informations persuadent le lecteur du bel avenir à prévoir pour le bioéthanol aux Etats-Unis. L'évolution de l'essence au E20 (20% d'éthanol) et la montée en puissance des véhicules Flex-Fuel utilisant le E85 devrait permettre d'atteindre un taux de pénétration du fuel-éthanol tendant vers les 30% en volume par rapport à la consommation totale d'essence. Cette proportion étant aujourd'hui de 8,5 % ce sont des consommations d'éthanol 3 à 4 fois supérieures à celles d'aujourd'hui qui sont à prévoir. Cette évolution sera d'autant plus rapide que les prix de l'essence seront élevés et que l'Administration américaine voudra relaxer la dépendance de son pays au pétrole. Il faut donc imaginer une consommation de fuel-éthanol aux USA qui devrait passer des 0,75 million de barils/jour aujourd'hui vers les 2,5 à 3 millions de barils/jour d'ici à 10 ans.

    LIRE la présentation de Jeff Broin sur le sujet.

    CONSULTER le résumé des études réalisées par Air Improvement Ressource sur le bilan carbone du procédé.

    Remarque: On notera dans le Tableau II que l'EPA avait imaginé un rendement bien meilleur en raison de la production d'électricité à partir des déchets ligneux. Poet, beaucoup plus pragmatique, a bien sûr préféré produire du biogaz par fermentation ce qui est dans la ligne de ce qu'il sait faire et qu'il utilise dans ses procédés.

  • Accord entre le danois Novozymes et le canadien Lignol pour mettre au point un procédé d’alcool cellulosique économiquement viable

    Accord entre le danois Novozymes et le canadien Lignol pour mettre au point un procédé d’alcool cellulosique économiquement viable

       Les temps sont durs dans la définition de procédés de production d'éthanol à partir de cellulose qui soient industriellement viables. Les voies technologiques possibles sont nombreuses sur le papier, mais l'équation économique nécessite de définir des procédés agricoles simples, mis en œuvre dans de petites unités à la taille du canton, ressemblant par leur tailles aux usines existantes utilisant le maïs comme ressource, pilotées par quelques dizaines d'opérateurs. On est loin des grands rêves d'immenses unités de BTL (biomass to liquid), sortes d'immenses unités de conversion ressemblant à des raffineries de pétrole et dont on ne sait toujours pas d'où et par quels moyens logistiques proviendraient les millions de tonnes de bois nécessaires à les alimenter.

    Lignol[2]

     La preuve de ces difficultés est apportée par l'annonce de l'alliance bien tardive conclue entre le danois Novozymes et le canadien Lignol dans la mise au point d'un tel procédé économiquement soutenable. Le premier apporte son expertise dans la définition et la production d'enzymes de conversion de la cellulose en sucres, le second apporte un procédé d'extraction par solvants de la cellulose à partir de diverses matières premières, mis au point par l'excellent Dr Kendall Pye. Les intérêts majeurs du procédé Lignol résident dans la pureté de la cellulose extraite qui doit permettre d'atteindre des "bières"  concentrées en alcool et dans la possible valorisation des résidus ligneux par la production de panneaux de particules et autres produits dérivés (FIG.). L'alliance des deux industriels pourrait conduire un jour à définir un procédé économiquement viable à partir d'enzymes efficaces et d'un prix abordable, mises en œuvre  dans un procédé qui valoriserait au mieux les sous-produits. Mais la réussite de tels projets nécessite bien des efforts que les divers plans plus ou moins fumeux de montées en cadence des productions d'éthanol cellulosique élaborés jusque là avaient de toute évidence sous-estimés.

    LIRE le communiqué de Novozymes.

    Le 16 Juin 2010

  • Poet : la production d’éthanol des usines pourrait être accrue de 60% d’ici à 2022 par l’utilisation de la part cellulosique du maïs

    Poet : la production d’éthanol des usines pourrait être accrue de 60% d’ici à 2022 par l’utilisation de la part cellulosique du maïs

    Poet[1]  Les nombreuses positions hostiles au bio éthanol de maïs américain qui affamerait le monde privé de tortillas, assècherait les nappes phréatiques et feraient exploser les émissions de CO2 dans le monde illustrent la méconnaissance de l'évolution vertueuse de cette filière du fuel éthanol et le manque d'objectivité de critiques, guidées plus par la passion que par l'analyse objective des faits. Outre les bienfaits de l'utilisation moyenne dans l'essence américaine de 8% en volume d'éthanol qui limitent significativement  la demande en produits pétroliers (0,7 million de barils/jour) il faut imaginer cette industrie agricole, proche des paysans, dans un processus en perpétuelle évolution. Des progrès significatifs ont d'ores et déjà été obtenus dans l'amélioration du bilan énergétique et la moindre utilisation d'eau dans les process de fermentation et de distillation, ou par la livraison de sous-produits humides pour l'alimentation du bétail. Mais la grande transformation, actuellement en cours de test sur pilote industriel, sera d'introduire une boucle de production d'éthanol cellulosique dans le process. L'utilisation des raffles de maïs et autres déchets cellulosiques viendra accroître les productions de chacune des usines sans cultures supplémentaires. C'est le grand projet de Poet, le premier producteur d'éthanol de maïs américain qui annonce qu'il sera capable d'accroître la production, à l'horizon 2022, de ses 26 usines de production d'un milliard de gallons/an (+60%) en utilisant la partie cellulosique du maïs. Cet objectif est bien supérieur aux quelques 20% à 30% supplémentaires d'alcool imaginés jusque là. Pour mesurer l'enjeu, il faut savoir que la production américaine d'éthanol a été de 10,8 milliards de gallons en 2009 et que celle de Poet a été de 1,6 milliard de gallons. Pour Jeff Broin, le très écouté patron de Poet, Société non cotée en bourse, le procédé en cours de validation industrielle sur lequel son Groupe travaille pourrait produire globalement en incluant des licences à ses concurrents et une possible extension vers la valorisation des déchets municipaux dans les 3,5 milliards de gallons par an. Son objectif est d'atteindre au démarrage un prix de revient de 2$/gallon d'alcool.

     Mais pour aller plus loin il faudrait que la réglementation des carburants aux USA autorise une teneur en alcool supérieure aux 10% actuels (E10), sinon il n'existera aucun marché local pour l'éthanol cellulosique ce qui limitera radicalement les velléités d'investissement dans ce business. 

     Il faut donc imaginer le futur avec une essence américaine hautement concentrée en éthanol (E20 et E85) qui proviendrait des usines utilisant à la fois la fermentation des grains de maïs mais aussi de la transformation enzymatique des résidus cellulosiques de cette filière industrielle en sucres puis en alcool.

    LIRE le communiqué de Poet sur le sujet.

    Le 26 Avril 2010

  • Exploitation de la biomasse à des fins énergétiques: les grands Groupes entrent dans la danse

    Exploitation de la biomasse à des fins énergétiques: les grands Groupes entrent dans la danse

     A ce jour, 8% de la consommation d'essence américaine est assurée par de l'éthanol essentiellement américain provenant des champs de maïs locaux. Demain, avec l'homologation attendue du mélange E15, à 15% d'éthanol, par l'EPA, ce sont 13 à 14% de l'essence américaine qui proviendront d'éthanol local ou éventuellement importé. Pour l'instant, la production d'alcool américain est encouragée par une subvention fédérale de 45 cents/gallon et protégée par une taxe à l'importation de 54 cents/gallon. De ce fait le Brésil, deuxième producteur mondial exporte très peu vers les Etats-Unis. Le premier grand pétrolier américain qui a concrètement pris conscience de l'importance croissante de l'alcool, est le grand raffineur américain Valero. Ce dernier, au printemps 2009, a mis la main sur la plupart des grandes usines d'éthanol de VeraSun alors en faillite pour avoir spéculé sur les cours du maïs. Vient de tomber l'annonce de l'alliance de Shell avec le troisième mondial producteur de sucre, le brésilien Cosan. Ensemble les deux Groupes voudraient pousser les productions au-delà des 2 milliards de litres d'alcool produits par Cosan aujourd'hui et utiliser le réseau Shell en Europe et aux Etats-Unis pour distribuer le produit. Bien sûr une telle menace effraie les producteurs de bioéthanol US qui demandent à grands cris le renouvellement des subventions et des taxes protectionnistes qui ne sont actées pour l'instant que jusqu'à la fin de l'année.

    Pellets La production d'éthanol cellulosique à prix compétitif ne semblant pas être pour demain, il est dévoilé que le grand Mitsubishi Corp. voudrait s'allier au très grand du bois américain Weyerhaeuser pour développer une importante filière américaine biomass-to-energy. Cette activité produirait de grandes quantités de granulés (pellets) pour les applications industrielles telles que l'apport de biomasse dans les centrales au charbon et autres chaudières d'industries. Mitsubishi dispose déjà d'usines de production de pellets au Japon et est impliqué dans la gestion de l'allemand Vis Nova Trading.

    L'électricien allemand RWE annonce également qu'il va construire pour 2011 une usine de production de pellets aux Etats-Unis, en Géorgie où des usines de papier ont cessé leur activité et ont libéré de larges capacités d'exploitation des forêts. Cette unité qui aura une capacité de production de 750 mille tonnes de granulés par an devra alimenter la centrale thermique de Amer aux Pays-Bas dont l'objectif est de porter de 30% à 50% le mix bois-charbon qu'elle consume. Remarque: cette production de bois représente une énergie de 3,7 TWh thermiques par an, soit dans les 1,4 TWh électriques.

    La nouveauté dans ces diverses informations provient du fait que les grands Groupes semblent sortir des programmes à minima, subventionnant quelques PME innovantes impliquées dans la recherche de valorisation de la biomasse, pour entrer de plein pied dans un business à leur taille, au sein de filières éprouvées et pérennes. Les marchés de l'éthanol de maïs ou de cane à sucre, ceux des granulés de bois font partie de cette catégorie.

    Le 4 Février 2010

  • En retard d’une guerre, le CEA étudie la conversion de la biomasse par le procédé Fischer-Tropsch

    En retard d’une guerre, le CEA étudie la conversion de la biomasse par le procédé Fischer-Tropsch

     C'est une nouvelle qui n'a pas fait grand bruit, le CEA ou mieux, le CEAA, comme "énergies atomique et alternatives", va étudier la possibilité de construire un pilote de conversion de la biomasse en carburants et autres naphtas sur le site de Bure-Saudron, lieu où il étudie par ailleurs les problèmes d'enfouissement de déchets radioactifs. Son choix, de façon assez incompréhensible, se porterait sur un procédé de type Fischer-Tropsch avec addition d'hydrogène. Pour cela il se ferait aider par Air Liquide et sa filiale Lurgi (LIRE), par Choren le spécialiste allemand de la gazéification de la biomasse et que Shell vient de laisser tomber (LIRE), et par certains autres industriels des procédés. Ce pilote affirme le CEA devrait consommer dans les 75000 tonnes de matières sèches par an, pour produire 23000 tonnes de produits raffinés. Ne vous laissez pas impressionner par de tels chiffres annuels. Avec 340 jours opérationnels par an et une densité moyenne des produits raffinés de 0,85 ce pilote produira 500 barils par jour. De tels volumes représentent 1% de ce que produit une raffinerie de pétrole de taille modeste. Il a été longuement été expliqué ici qu'un tel procédé, trop complexe, trop dangereux ne pourrait se justifier que pour des installations de grandes tailles. Mais une unité 100 fois plus importante se heurterait aux problèmes d'approvisionnement en matière première qui demanderaient 22000 tonnes de bois par jour soit plus de 50 mille mètres-cube de taillis ou de paille. Une telle logistique n'est pas à la taille de l'Europe, même en passant par le bio-oil comme le préconise Lurgi.

    Choren-process

    C'est la raison pour laquelle les équipes les plus en pointe sur le sujet ont compris qu'il fallait développer des procédés plus rustiques, à la taille du canton. C'est le cas par exemple des procédés de pyrolyse catalytique rapide qui possèdent un niveau de rusticité "agricole" suffisant pour être développés au plus près de la ressource (LIRE).

    Que le CEA étudie, avec l'argent du contribuable, les futurs procédés de conversion de la biomasse en liquides énergétiques est à la rigueur acceptable, mais à une condition: qu'il choisisse des procédés qui aient une petite chance d'être plus tard industrialisés… ce serait la moindre des choses.

    LIRE le communiqué du CEA.

    Le 29 Décembre 2009