Catégorie : énergie fossile

  • N’écoutez pas les bonimenteurs qui prédisent la fin des importations de pétrole aux Etats-Unis

    N’écoutez pas les bonimenteurs qui prédisent la fin des importations de pétrole aux Etats-Unis

    Les milieux boursiers « bien informés », par analogie avec ce qui s’est passé sur le gaz naturel, nous annoncent parfois avec aplomb la fin prévisible des importations de pétrole par les États-Unis, conséquence du développement des gaz de schistes locaux. En guise de conséquence, ces fins prévisionnistes avancent des hypothèses de prix du baril de pétrole de retour vers les 60 dollars.  A les en croire, le monde occidental nagerait subitement dans les hydrocarbures liquides qui jailliraient de toute part.

    Bien sûr tout ceci n’est que boniments de foire qui reposent sur une large incompréhension des problèmes énergétiques et des ordres de grandeurs en jeu.

    Pour essayer d’éclaircir les idées de certains je les invite cordialement à lire avec application la dernière publication du Department of Energy américain concernant son 2013 Energy Outlook d’où seront issus les données qui vont suivre.

    1) Il est clair que grâce aux gaz de schistes les États-Unis sont sur le chemin d’une certaine indépendance énergétique globale (FIG.I). Cela ne veut pas dire toutefois qu’ils vont cesser d’importer du pétrole.

    Ils vont produire plein de gaz, sûrement en exporter une part, en particulier vers l’Europe et le Japon, ne serait-ce que pour casser le duopole russe-qatari. Ils vont poursuivre et accentuer leurs exportations de charbon trop polluant pour eux qu’ils ne brûlent plus et alimenter ainsi les centrales  électriques allemandes. Mais ils vont rester importateurs nets de pétrole et produits pétroliers (FIG.II).

    2) Il faut rappeler que les cours mondiaux du pétrole ne se font plus à Cushing, Oklahoma, mais se négocient pour une large part sur l’ICE à Londres où est négocié le BRENT. Les besoins croissants de pétrole en Asie, les conflits irrépressibles du Proche et Moyen-Orient, les décisions de production de pétrole des grands acteurs de l’OPEP ou d’exportation des autorités russes, les cours du dollar par rapport aux autres monnaies  prennent le pas sur la réduction de la consommation de l’automobiliste américain dans la détermination des cours du brut. Nouvel ordre mondial qui modifie les règles du jeu et porte les cours du BRENT à 20 dollars par baril au-dessus des cours du WTI américain.

    3) Enfin les États-Unis qui produisent beaucoup de fractions légères à partir des condensats de gaz locaux ont besoin de fractions lourdes importées dans leurs raffineries pour adapter en qualité  leurs productions aux besoins du marché local ou à l’exportation.

    Les consommations mondiales de pétrole croissent sur un rythme annuel d’un million de barils par jour, tirées par les besoins asiatiques qui s’équipent en moyens de transport et s’urbanisent. Les maigres condensats de gaz de schistes sont bien incapables de satisfaire chaque année cette croissance du besoin en combustibles. Alors, seuls les prix du gallon ou du litre d’essence à la pompe sont de nature à limiter cette croissance de la demande.

    Il faut donc imaginer des cours du brut en croissance pour les années futures, au gré des décisions de l’OPEP, de celles des autorités russes et des flambées de violence entre religions au Proche et Moyen-Orient. Le moyen-âge est à nos portes et c’est lui qui détermine les cours du brut.

    Le 23 Janvier 2013

  • L’observatoire européen des marchés de l’énergie dénonce les incohérences politiques et règlementaires européennes

    L’observatoire européen des marchés de l’énergie dénonce les incohérences politiques et règlementaires européennes

    Que penser de dirigeants européens qui à la fois

    – condamnent le nucléaire et veulent réduire les émissions de CO2 (paradoxe merkélien),

    – veulent promouvoir les énergies renouvelables non rentables et en même temps réduisent les ruineuses et irréalistes subventions attachées à leur production qui pompent les ressources des consommateurs et affaiblissent les industries électro-intensives jusqu’à les détruire,

    -veulent remplacer les ressources électriques de base nucléaires amorties, largement disséminées sur le territoire ouest-européen, proches des consommateurs, par des ressources intermittentes localisées près des côtes, nécessitant de revoir à fond tout le réseau électrique ouest-européen (« plaque de cuivre »)

    – décrètent une planification de la pénurie énergétique et de la décadence :

    « Un texte de compromis a été adopté par le Conseil de l’union européenne en juin 2012 selon lequel les fournisseurs d’énergie ont l’obligation de réduire leurs ventes de 1,5% par an à partir de 2014. En cas de non respect de cette mesure, ces entreprises seront pénalisées. » (sic)… Ou comment le gratin des personnages responsables, manipulés par la propagande de l’écologisme ambiant,  peut allègrement programmer le déclin d’acteurs essentiels que sont les « utilities » desquels ont attend tout de même de formidables investissements d’adaptation en Europe évalués par l’Union Européenne avant Fukushima à 1000 milliards d’euros d’ici à 2020.

    Bien-sûr ces grandes entreprises de l’énergie ne pourront pas dégager les ressources financières pour assurer cette soi-disant « Transition énergétique » malgré une explosion programmée des prix au détail du MWh en Europe.

    La baisse des cours du charbon américain concurrencé par le gaz naturel et des droits d’émissions de CO2 déprimés par la crise économique favorisent automatiquement les centrales au charbon européennes et entraîne peu à peu la disparition des centrales au gaz moins polluantes et beaucoup plus flexibles, auxiliaires indispensables aux intermittents générateurs éoliens ou solaires. Une seule option: les subventionner!!!

    Lisez les grandes lignes de cette étude de l’excellente Colette Lewiner, conseillère chez Capgemini et qui mériterait de diriger une grande instance européenne chargée de l’énergie… ceci pourrait éviter à nos dirigeants de raconter trop de bêtises. L’Europe souffre de toute évidence du manque de compétences reconnues au sein de ses institutions. Mais qu’attend-on pour les mettre en place? Il manque de toute évidence un DOE européen.

    Dans ce domaine on lira également l’étude de RTE qui évalue à 35 à 50 milliards d’euros, durant les dix ans à venir, les investissements nécessaires à réaliser dans le réseau électrique français pour l’adapter à la nouvelle donne qui devrait être plus  pauvre en nucléaire…allez savoir pourquoi?

    Le 23 Novembre 2012

     

  • Goldman pronostique une baisse du spread entre barils de pétrole européen (Brent) et américain (WTI)

    Goldman pronostique une baisse du spread entre barils de pétrole européen (Brent) et américain (WTI)

    La nouvelle d’un pronostic de Goldman d’une baisse du spread des cours entre baril de Brent coté à Londres et baril de WTI coté à New York vers les 4 dollars pour 2013 et d’un plafonnement des cours du Brent vers les 110$ le baril peut s’analyser sous la forme pour une part d’information objective et pour une autre d’un jugement subjectif.

    La part objective repose sur l’anticipation d’une baisse des importations de pétrole par les États-Unis  dans le golfe du Mexique en raison de l’inversion des flux de l’oléoduc (le Seaway pipeline) qui relie Cushing dans l’Oklahoma à Houston au Texas.  Cette décision en application depuis le mois de Mai dernier, s’inscrit dans le cheminement général vers l’indépendance énergétique d’une large zone Nord et Latino américaine alimentée par les nouvelles  ressources non conventionnelles canadiennes (sables bitumineux), nord américaines (gaz de schistes) et latino américaines (huiles de l’Orénoque).  Le flux de ce pipeline serait  programmé pour passer de 150 mille barils par jour aujourd’hui à 400 mille barils par jour en 2013.  Bien sûr cette démarche réduirait d’autant les importations américaines de pétroles dans le Golfe du Mexique qui proviennent en partie d’Afrique de l’Ouest et permettrait de libérer ces flux à destination de l’Europe ou de l’Asie.

    Mais la part subjective du message de Goldman qui recommande à ses clients de jouer la baisse du spread et un plafonnement pour 2013 du baril de Brent vers les 110 dollars,  repose sur la conviction que cette différence de cours ne proviendrait que d’évènements intra américains.  Elle passe par zéro l’impact d’une éventuelle hausse de l’euro par rapport au dollar qui pousserait les possesseurs de liquidités en dollars à se couvrir en pétrole papier et l’impact d’éventuels conflits au Proche ou Moyen-Orient dont les populations masculines jeunes, au sang chargé de testostérone  alimentant des cerveaux imprégnés d’idéologies guerrières sur fond de conflits religieux de temps anciens et pour nous moyenâgeux. Bien des évènements non américains, imprévisibles mais probables,  peuvent eux aussi jouer sur les cours relatifs des barils de pétroles américains et européens. Mais il est vrai que les cours du pétrole  dépendent bien souvent de bagarres de préaux d’écoles américaines.

    L’avenir nous dira si les prévisions de Goldman sont auto-réalisatrices, pour cela il faudra suivre attentivement l’évolution du spread Brent-WTI (FIG.) durant les mois à venir.

    LIRE par exemple sur ce sujet un très bon papier du ft  et celle plus ancienne de Reuters sur le pipeline Seaway.

  • Industrie pétrolière: n’oubliez plus les marges de raffinage!

    Industrie pétrolière: n’oubliez plus les marges de raffinage!

    Total, le pétrolier « à la triste figure », vient de surprendre ses observateurs en publiant pour ce troisième trimestre 2012 un index de marge de raffinage européen (ERMI) historiquement élevé (FIG.I). Les cours des produits raffinés à Rotterdam ont progressé plus vite que ceux du pétrole brut. Bien que le Groupe ne donne aucune explication analytique sur les raisons de ce résultat, cette information nous rappelle à bon escient que les produits livrés et commercialisés en bout de la chaîne pétrolière sont  des produits raffinés (carburants, combustibles et autres intermédiaires de la pétrochimie) et non du pétrole brut.

    Les 51 dollars la tonne de marge standardisée ou 7 dollars par baril, se rajoutent grossièrement aux 109,5 dollars des cours moyens du baril de brut (BRENT) du trimestre. La marge de raffinage en Europe a majoré au troisième trimestre les cours moyens des produits raffinés de plus de 6% par rapport à ceux du brut, selon les calculs de Total portant sur une raffinerie européenne « moyenne ».

    Ce résultat partiel publié par Total est à rapprocher aux marges de raffinage publiées par BP sous la forme d’un indice beaucoup plus mondialisé le Refining Marker Margin (FIG.II), reflétant grosso-modo les activités de raffinage de BP qui sont proches des données économiques du Golfe du Mexique.

    Les prix des produits raffinés sont  très proches de part et d’autre de l’Atlantique en raison des nombreux échanges possibles. Ceci  favorise les marges de raffinage américaines par rapport à un baril de WTI dont les cours à New York ont été en moyenne,  durant le trimestre, de 17 dollars  inférieurs à ceux du baril de Brent coté à Londres. Cette différence des cours permet d’expliquer les copieuses marges américaines de raffinage autour des 17 + 7 =24 dollars par baril publiées par BP (courbe rouge). En résumé, les marges de raffinage américaines se valorisent avec les cours du Brent à Londres (courbe bleue). Situation de rente hautement  profitable pour la profession présente en Amérique du Nord qui voit ses produits raffinés majorés en moyenne  de 26% par rapport aux cours locaux du pétrole. Ces données peuvent expliquer le bon timing pour la vente de la raffinerie BP de Texas City à Marathon pour quelques 2,5 milliards de dollars dont 1,8 milliards pour le stock et le cash en caisse.

    En clair tout commentaire pertinent sur les cours du pétrole doit oublier les cours régionaux du WTI américain et se baser soit sur les cours du Brent coté à Londres ou ceux des produits raffinés (essence, gasoil) cotés à New York.

    ACCÉDER aux publications de Total sur le sujet. ACCÉDER à celles de BP.

    Le 16 Octobre 2012

  • Transition, transition ….. piège à fonds

    Nos dirigeants se complaisent bien souvent à manipuler des concepts dont la définition est imprécise. Syndrome de l’auberge espagnole où chaque interlocuteur amène ses propres convictions ou sa propre croyance, agréant ainsi sans réticence aux propos du politicien rusé. Citons au hasard « l’ordre juste » « l’impôt équitable » ou mieux encore « la transition énergétique ».

    Dans un papier des Echos, Didier Julienne nous apporte sa propre définition de l’objectif de « transition énergétique » et des solutions à retenir qui seraient à base de nucléaire et de photovoltaïque…. et donc très éloignées semble-t-il des convictions supposées de ceux qui nous dirigent en ces temps incertains.

    Il précise tout d’abord les limites du champ de réflexion: « La transition énergétique a deux fondements : l’énergie ultime est l’électricité et quatre critères sont discutés : l’épuisement des ressources, le CO2 et les déchets, le prix au consommateur, l’emploi. »

    Un économiste s’étonnerait de cette intrusion de « l’emploi » parmi les critères pertinents et parlerait plutôt de « création de richesse » à la base de tout emploi.  De plus, cette définition passe par pertes et profits les carburants brûlés par les moteurs à explosion qui sont à la base du premier poste de la dépendance énergétique de notre pays (pétrole et produits raffinés)…une paille qui affaiblit la portée de l’approche.

    Il affiche une certitude à la formulation étonnante qui introduit le concept de « régulation par l’offre » autrement-dit la pénurie plus ou moins bien organisée. Demain il n’y aura pas d’électricité à prix abordable de 5 heures à 7 heures! Plouf!

    Je cite:

    « Si le citoyen doit exprimer un choix de production électrique, il doit aussi être conscient d’un nouveau prix, ce dernier sera d’autant plus élevé que la régularité de production sera incertaine. En résumé, le prix est moins élevé si l’énergie est nationale, massive et régulée par la demande plutôt que par l’offre. »

    La lecture de ce papier a une grande vertu, même si l’on ne partage pas toutes les convictions de l’auteur à propos de la pénurie durable d’aimants permanents pour générateurs d’éoliennes, elle fait apparaître le champ de réflexion limité qui regarde la soi-disant « transition énergétique »: la seule production d’électricité, et élabore une hypothèse de solution possible et respectable avec un mix entre ressource de base, l’électronucléaire, et de ressource intermittente, le photovoltaïque.  Nul doute que ces deux ressources feront partie de nombreux mix énergétiques dans l’avenir, même si la Chancelière allemande a fait un choix personnel différent à base de combustion du lignite local comme ressource électrique de base.

    LIRE le papier de Didier Julienne.

  • Faut-il espérer une baisse pré-électorale des prix du pétrole aux Etats-Unis?

    Faut-il espérer une baisse pré-électorale des prix du pétrole aux Etats-Unis?

    Jouer une baisse conjoncturelle des cours du pétrole aux États-Unis à l’approche des élections présidentielles apparaît pour certains comme une opportunité. En effet la baisse des prix des carburants serait favorable à l’éventuelle réélection du Président américain sortant. Les princes dirigeants de l’Arabie Saoudite ne peuvent pas refuser un petit coup de pouce bienvenu à leur ami naturel de longue date, successeur au douzième rang du Président Roosevelt qui scella après Yalta l’amitié entre son pays et le pétrole arabe représenté par Ibn Saoud. Il est des alliances qui dépassent les décennies qui s’écoulent.

    Mais ce devoir d’extraire du pétrole pour satisfaire les besoins du marché, malgré la baisse des productions iraniennes entravées entre autres par la rareté de navires pétroliers, assurés en Europe, les Saoudiens l’accomplissent depuis des mois avec application (FIG., échelles décalées de 5 millions de barils/jour)


    De 8 millions de barils par jour produits en 2009/2010 par l’Arabie Saoudite les volumes extraits ont atteint les 9,7  millions de barils par jour selon l’IEA. Ces productions et leur modulation font de la sunnite Arabie l’arbitre incontesté du marché du pétrole mondial. Sorte de banquier central du pétrole affirment fort justement certains.

    Remarque pour les lecteurs peu familiers avec ces volumes: ces près de 10 millions de barils saoudiens par jour doivent être rapportés aux 75 millions de barils de pétrole qui sont extraits quotidiennement dans le monde. Il ne faut pas confondre ces volumes de pétrole brut extraits avec les volumes de « liquides » consommés (90 millions de barils/jour) issus des raffineries qui englobent:

    • le pétrole brut de départ,
    • les gains en volumes des raffineries (autour des 2 à 3 millions de barils/jour). Le raffinage conduit de plus en plus à  des carburants  légers (gazole, essence) et donc plus volumineux, et de moins en moins à des fonds de barils lourds, grâce aux équipements modernes de conversion profonde.
    • des biocarburants ajoutés aux carburants issus du pétrole (2 millions de barils/jour) et
    • des condensats de gaz qui représentent entre 9 et 10 millions de barils/jour et qui sont une ressource importante en produits légers  pour la pétrochimie (Gaz comprimés, naphta et essence). Ce sont donc près de 15 millions de barils/jour supplémentaires (20% du pétrole extrait) que génère le raffinage, les biocarburants et les condensats de gaz conventionnels ou non. Cette proportion ira en croissant avec la modernisation des raffineries, l’exploitation peu onéreuse des gaz de schistes et le développement des biocarburants.

    Ne pas comprendre cette alchimie simple conduit à s’opposer à l’exploitation des gaz de schistes et à la synthèse de biocarburants  ersatz de carburants de plus en plus onéreux.

    Le Marché du pétrole semble découvrir qu’il n’y a pas aujourd’hui pénurie. Dans les faits le marché attribue une prime élevée à la menace potentielle de rupture d’approvisionnement toujours possible dans le climat branquignolesque politique et religieux du Moyen-Orient.   L’extraction de pétrole qui obéit de façon exemplaire à la Loi des Rendements Décroissants, connaît des rentiers dans cette région politiquement incertaine et oblige les Groupes Pétroliers indépendants à investir lourdement et à prendre des risques dans des zones plus ingrates. C’est la raison majeure qui pousse le pétrole à se valoriser, sous la pression du jeu d’arbitrage contre dollar du pétrole papier sur le NYMEX ou l’ICE où s’échangent des milliards de barils fictifs.

    Il semble de ce fait bien improbable qu’une « menace » de l’Arabie Saoudite de produire plus (au-dessus des 10 millions de barils/jour), dictée par l’Administration Obama, soit de nature à déprimer durablement les cours mondiaux du pétrole. Allez, parlons d’une possible légère détente des cours  jusqu’à l’élection du futur Président américain…à condition qu’il n’y ait  ni conflit inattendu, ni baisse subite du dollar ou hausse de l’euro. Une certitude: le pétrole pas cher pour tous n’est pas pour demain.

    Le 22 Septembre 2012

  • L’euro s’affermit…, le pétrole aussi

    La conviction des marchés que l’euro ne sombrera pas dans le trou noir de la crise européenne affermit  cette devise  vis à vis du dollar. La baisse relative de la devise américaine  incite les possesseurs de cash en dollars à en investir une part  dans le pétrole papier ce qui fait grimper ainsi cette « commodity » . Ce qui affaiblit le dollar fait grimper le pétrole, simple mécanisme d’arbitrage financier, conforté par une croissance régulière de l’emploi non agricole américain,  conforté par les ventes mondiales de voitures et autres 4×4 qui devraient dépasser les 80 millions d’exemplaires en 2012 et conforté par la persistance des conflits proche et moyen-orientaux.

    Les variations des cours en intraday (FIG., courbe du bas), au-dessous des 80, sur l’ICE de l’USDX indice du prix du dollar vis à vis d’un panier de monnaies, et celles symétriques du Brent (courbe du haut) illustrent cette relation. La baisse de l’un entraîne symétriquement en temps réel la montée de l’autre.

    Alors, monsieur le Ministre Moscovici, je peux vous annoncer sans  aucune forfanterie de ma part  la disparition de votre baisse de 6 centimes du litre de carburant dans les méandres fangeux de la montée des cours brut à Londres. Ce qui semble astucieux pour un apparatchik en politique ne l’est pas forcément pour un gestionnaire rigoureux des comptes d’une nation. Les prix des carburants vont poursuivre inexorablement leur croissance, ce sera à vous d’établir les conditions pour que notre pays dépende moins, à moyen-terme, de cette ressource énergétique, en particulier en encourageant toute forme de progression de l’efficacité énergétique des processus et en essayant de trouver des substituts produits localement à bons prix (biocarburants, liquides associés aux gaz de schistes). Les moulins-à-vent qui actionnent le jeu des cours de bourse des produits pétroliers  vous sont inaccessibles, monsieur le Ministre, même si le Président vous a « fait la main » pour monter sur le cheval fourbu de la lutte contre les milieux financiers. Pensez d’abord à l’image de notre pays à l’étranger!  A ce jour elle me semble assez dégradée.

    Le 12 Septembre 2012

  • Paticipez à l’euromilliards, il se joue à Londres sur le baril de Brent

    Jouer le pétrole papier est un sport d’équipe largement pratiqué, il peut conduire les plus fortunés à des gains importants en raison de la complexité des multiples ressorts déterminant les cours de cette précieuse ressource énergétique. La complexité des équations attire de nombreux chalands qui viennent placer tout ou partie de leur trésorerie dans ce jeux pratiqué sur l’ICE à Londres. Le casino du Nymex à New York a perdu son leadership dans le genre d’exercice en raison du caractère trop provincial du pétrole Nord-américain WTI échangé dans l’Oklahoma. L’attrait de la place de Londres, moins imbue de primauté stratégique, moins regardante sur l’origine des fonds mis en jeux, plus sensible aux tensions politiques du Proche ou Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord ou de l’Ouest a fait depuis 2011 du Brent l’étalon (benchmark) mondial des prix du pétrole. Cette position dominante de l’ICE qui s’est traduite par une forte augmentation des transactions ces dernières années, a été marquée par l’apparition d’une forte prime des cours du Brent sur ceux du WTI américain (FIG.). Prime, inimaginable auparavant, de 15 à 20 dollars le baril  liée au lieu de cotation et à l’engouement des acteurs pour cette place, liée à la faible disponibilité de pétrole brut nord-américain, liée au caractère durablement folklorique des sources d’ approvisionnement en pétrole de l’Europe (printemps arabe en Lybie, événements insurrectionnels en Syrie, comportement agressif des dirigeants iraniens, incertitudes sur la politique des dirigeants égyptiens, intransigeance du pouvoir israélien, instabilité politique et religieuse de divers pays africains, etc.).

    Cliquez sur l’image pour en avoir une version lisible.

    Pour essayer de quantifier cette mode inflationniste des cotations du Brent sur la place de Londres il est intéressant de mesurer au cours du temps les volumes mensuels de Futures de 1000 barils de Brent échangés tous les mois sur l’ICE. Marché hautement risqué ou se jouent à la baisse ou à la hausse tous les mois des millions de lots de 1000 barils (FIG.). Alors qu’entre 2005 et fin 2010 le nombre de ces papiers négociés sur l’ICE progressait gentiment d’un million d’unités par an (droite de régression en pointillés rouges) pour atteindre à fin 2010 les 8 millions d’exemplaires, il apparaît qu’à partir du début 2011 ces volumes se sont brusquement accrus pour atteindre les 15 millions d’exemplaires échangés au mois de Juin dernier. A partir du début de 2011 on a vu aussi le spread entre Brent et WTI s’emballer également (courbe verte du bas).

    Ces quelques données simples sur les volumes de pétrole papier échangés et représentant tous les mois  plus de 12 milliards de barils fictifs de pétrole, illustre le caractère ludique de ces cotations. Le jeu sur le pétrole est devenu un mode répandu de gestion de trésorerie pour se prémunir contre la dévaluation du dollar, pour jouer un lucratif conflit israélo-iranien, pour valoriser tout conflit potentiel entre nababs du pétrole sur fond de conflit religieux. Le Moyen-Age est à nos portes, certains en font une source de profit.

    L’allure récente de la courbe des volumes échangés, le fait que le spread entre Brent et WTI est à ce jour autour des 18 dollars le baril nous indiquent que le Jeu du Brent à Londres bat son plein. Une raison de plus pour anticiper des prix du pétrole et de ses dérivés à la hausse durant les mois à venir.

    N’hésitez pas braves gens! Jouez vos économies à l’Euro Milliards il y a encore quelques « upside » à saisir.

    Retrouvez les données sur les volumes utilisées ici sur le site de l’ICE.

    Le 30 Août 2012

  • Un index intéressant: le produit 10 year US-BOND*BRENT

    Un index intéressant: le produit 10 year US-BOND*BRENT

    La relation entre abondance de liquidités fiduciaires et cours du pétrole est souvent évoquée mais difficilement quantifiable dans la relation multi-paramétrique qui lie les cours des commodities avec les diverses données économiques (on lira par exemple le très bons papier de Akira Yanasigawa pour comprendre la complexité des variables multiples qui agissent sur les cours du pétrole, on comprendra ainsi que les paramètres d’offre et de demande durant certaines périodes n’ont que peu d’impact sur l’établissement des cours de ce grand Jeu). Pour essayer de schématiser grossièrement cette relation, il est possible d’associer un indicateur de disponibilité de liquidités en dollars (j’ai choisi le taux du 10 year bond américain qui est passé de 5% à mi-2007 à 1,7% aujourd’hui, marque d’une volonté des acteurs fortunés de jouer la sécurité du placement, fly to quality, malgré un taux d’intérêt peu attractif) et un indicateur des prix du pétrole (j’ai tout simplement choisi le cours du baril de Brent, lié à son cousin US le régional WTI, mais plus international que le pétrole américain des fins fonds de l’Oklahoma).

    Un examen du produit entre le taux de l’US 10 year Bond, exprimé en pour-cents, et le cours du baril de Brent exprimé en dollars montre que sur une période de trois ans, très mouvementée, ce produit s’est globalement contenu dans une marge de fluctuation assez étroite de 250 + ou – 50 (FIG.). Avec cependant deux exceptions notables: celle de la période du printemps 2011 période d’un pétrole en folie à 127 $/baril et des taux américains encore élevés et celle du début de l’été avec des taux du 10 year bond très faibles (vers les 1,5%) et un cours du pétrole au-dessous des 100 dollars/baril.

    Il ne me semble pas utile d’épiloguer sur la bulle des cours de 2011, sinon que c’est un exemple parfait d’emballement des jeux de bourse qui au nom de l’intérêt de quelques dizaines de milliers de joueurs avertis, propulse les cours vers des valeurs devenues néfastes pour le monde. Par contre il me semble plus intéressant de noter la faiblesse de cet indice, passé au-dessous de 200 durant les mois de Juin et Juillet dernier. La défiance des acteurs vis-à-vis de l’euro avait propulsé les liquidités vers les bonds américains sans pour cela s’investir sur le pétrole. La fermeté du dollar avait pris le pas sur un possible placement des liquidités  en pétrole dont les cours étaient passés au-dessous des 100 dollars. Depuis, un semblant de reprise en main de l’euro par la BCE a fait remonter les taux des US BONDS  vers 1,7% à 1,8% et les prix du Brent au-dessus des 110 dollars le baril. Compte tenu des tensions géopolitiques israélo-iraniennes, il s’en faudrait bien peu pour qu’un affaiblissement provisoire du dollar propulse les liquidités vers le pétrole papier et fasse rapidement et de façon provisoire grimper le baril de Brent vers les 150 ou 200$.

    En résumé cette relation empirique qui avance que le produit de l’US 10 year Bond avec le cours du baril de Brent oscille entre 200 et 300 montre que les cours du pétrole seront probablement appelés à se valoriser dans les semaines à venir. Bien sûr, les tensions géopolitiques, la politique plus ou moins laxiste de la FED et les données sur l’emploi américain seront déterminantes dans cette évolution qui serait alors  favorisée par les allocations de liquidités qui s’investiraient dans le pétrole papier. La création d’une nouvelle bulle pétrolière brève, sur fond de crise au Proche-Orient n’est pas impossible.

    « Mosco veni, vidi, vici « , homme plein de sagesse lorsqu’il est éloigné du pouvoir, aura alors le plus grand mal à retenir la déferlante des prix des carburants à la pompe. Mission impossible? A suivre…!

    Le 25 Août 2012

    Remarque: cette relation empirique entre BRENT et taux du 10 year US BOND peut être affinée en minorant le rôle du taux de l’emprunt américain. Le calcul montre que le produit entre cours du Brent et le (10year US BOND) élevé à la puissance 3/4 conduit sur les trois ans examinés ici,  à une fonction présentant une droite de corrélation horizontale centrée sur l’ordonnée 200 (FIG.II, droite en pointillés).

    Cette relation implique que pour un taux d’intérêt du 10 ans américain de 1%, indice d’une forte disponibilité de cash aux États-Unis ,  le prix du Brent devrait se porter vers les 200$ le baril. Bien sûr l’occurrence d’un tel cas supposerait, comme en 2011, une forte défiance vis à vis du dollar qui pousserait les acteurs à investir massivement leurs liquidités dans le pétrole papier. Mode de gestion de trésorerie forcément éphémère.

  • Les prix du pétrole ralentis par la faiblesse de l’euro devraient au moins se maintenir, sinon progresser.

    Les prix du pétrole ralentis par la faiblesse de l’euro devraient au moins se maintenir, sinon progresser.

    Les cours du pétrole en dollars qui ont retrouvé leur position centrale au sein du domaine de fluctuations des 18 derniers mois (FIG.), avec un baril de Brent (benchmark mondial) à 112 dollars,  devraient au moins se maintenir dans ce domaine (entre 100 et 120 dollars/baril) durant les mois à venir. Ils sont soutenus par la progression de l’emploi américain (pour s’en convaincre il est bon de lire sur Bloomberg l’histoire de la résurrection économique de Pittsburgh grâce à la révolution des gaz de schistes) et les inévitables querelles de voisinage des grand-guignolesques pays du proche et moyen-orient (citons pour illustrer ce propos, la plus récente de ces querelles après  l’arrivée des « muslim brothers » au pouvoir en Égypte, bonne occasion pour la résurgence de nouvelles tensions à la frontière avec Israël).  Mais la progression des cours du Brent est d’autre part ralentie par la force relative du dollar face à un euro discrédité par  manque évident de compétitivité d’une large part des pays de la zone euro. Les immenses liquidités mondiales restent en bons du trésor américain et donc libellées en dollar qui se valorise et n’éprouvent pas le besoin d’aller se réfugier dans le pétrole-papier ce qui est automatique lorsque le dollar s’affaiblit vis à vis des autres monnaies. Une baisse de l’euro fait baisser le pétrole en dollars…certains n’ont pas encore bien compris ce mécanisme d’arbitrage simple. Il suffit à notre bien-aimé Président de se fâcher avec la Chancelière pour qu’immédiatement le pétrole baisse… avec l’euro. C’est une des raisons, parmi d’autres, de la rapide baisse précédente du pétrole qui avait accompagné l’arrivée de la Gauche française au pouvoir. Les marchés ont depuis compris le côté artificiel de ce pseudo-désaccord franco-allemand avec gouvernement français qui n’a pas les moyens financiers de ses ambitions. Il est bon pour mieux comprendre de regarder la courbe des cours du Brent avec celle du billet de 100 euros (FIG.)

    La Gauche française prétend pouvoir limiter la hausse des prix des carburants en réduisant les taxes assises sur ces produits. C’est tout d’abord un message profondément stupide parce que non seulement elle n’ a pas les moyens financiers de mener à bien une telle politique, mais aussi parce que cette démarche masque le fait que notre pays ne peut pas se comporter comme s’il était un large producteur de pétrole. D’autres, bien avant nos dirigeants actuels, avaient inventé le slogan  » la France n’a pas de pétrole mais elle a des idées » façon élégante et positive de souligner cette faiblesse géographique. J’ai bien peur qu’à l’heure actuelle la France n’ait ni l’un ni les autres. Elle n’a ni pétrole, ni idées. Et pourtant combien il serait opportun d’expliquer à chacun qu’une des variables déterminantes de la bonne santé de notre pays consisterait à consommer moins de gasoil, non pas parce qu’il est nocif pour les bronches, mais parce qu’il coûte très cher en importations qui épuisent notre économie.

    Encore aurait-il été nécessaire d’anticiper avec nos constructeurs automobiles le passage aux modèles hybrides à essence. Aujourd’hui seul Toyota, constructeur en France,  a depuis 15 ans travaillé dans ce sens. Le succès mondial de ses modèles illustre la pertinence de ses vues stratégiques brocardées depuis  une décennie par les accros hexagonaux au gasoil. Dure leçon d’innovation!

    Non le Socialisme Français ne stoppera pas la valorisation des carburants à la pompe. Le croire fait partie de ces utopies qui imaginaient sur la base de certitudes erronées un écologisme allemand transformer l’énergie électrique intermittente en ressource de base. Les miracles énergétiques ne sont pas de ce bas monde et les Nations européennes devront les unes après les autres retrouver le sens des réalités, sous peine de se retrouver en corner devant des prix de ressources énergétiques hors d’atteinte. Utiliser à ce jour avec parcimonie un mix énergétique largement diversifié est sûrement une sage option, même s’il faut y inclure un zeste d’électronucléaire qui deviendra de plus en plus incontournable….même en Belgique.

    Le 9 Août 2012