Catégorie : énergie fossile

  • Les statistiques de l’emploi américain indiquent une avancée conforme à la tendance de longue période

    Le nombre d’emplois non agricoles américains a progressé depuis les plus bas de la crise de 4 millions d’unités (FIG.). Il affichait  au plus bas  129,244 millions d’emplois en Février 2010, il se porte depuis à 133,245 millions au mois de Juillet 2012. Sur les 34 derniers mois la droite de corrélation indique une progression moyenne de 155 mille emplois par mois. Entre Juin et Juillet les chiffres très approximatifs du BLS américain, après révision des chiffres de Juin à la baisse de 16 000 unités,  indiquent une progression de 163 000 emplois qui se situe donc dans la tendance longue et surtout au-dessus d’un soi-disant consensus qui pronostiquait selon la rumeur autour des 100 mille emplois créés au mois de Juillet aux U.S.A..

    Cette statistique très suivie est un des paramètres mensuels de mesure de la santé économique américaine. Il agit donc fortement, parmi bien d’autres paramètres, sur les cours du pétrole…  sorte de réflexe pavlovien des marchés.

    Le 3 Août 2012

     

  • Pourquoi faut-il être pessimiste sur un éventuel conflit grave au Moyen-Orient?

    Les peuples ont déjà fait la guerre pour l’accès aux ressources pétrolières. Le Japon dans les années quarante était entré en conflit contre les États-Unis qui leur interdisaient l’accès au pétrole. Les gazettes américaines nous apprennent, à la lecture des archives américaines, secret de polichinelle, que le récent conflit américain en Irak était téléguidé par la nécessité de faire accéder les Majors US du pétrole aux ressources naturelles de ce riche pays pétrolier. Dans les relations internationales, tout ce qui touche au pétrole est potentiellement source de conflit abrupt.

    Dans le cas de l’Iran, aux dirigeants fanatisés par de fumeuses convictions religieuses et profondément opposés à Israël, la menace atomique réelle ou potentielle vient pimenter un éventuel embargo pétrolier sur le détroit d’Ormuz. Ni Israël en raison de la menace atomique et militaire, ni les États-Unis pour les raisons pétrolières évidentes ne supporteront pas longtemps cette menace explicite iranienne. La présence de milices pilotées de Téhéran aux frontières entre Liban et Israël et le conflit Syrien viennent ajouter un peu plus de tension à ce paysage politique.
    Alors la lecture de l’Agence Bloomberg qui reporte les propos du candidat républicain Romney aux élections tenus à Jérusalem, nous renseigne sur l’état d’esprit d’une fraction des élites américaines qui appelle à un durcissement des relations avec l’Iran et donne explicitement le feu vert pour « une action israëlienne unilatérale ». Je cite: « In a foreign-policy speech in Jerusalem, the Republican presidential candidate plans to strike a tougher stance with Iran and stress the importance of the U.S.-Israeli relationship, saying preventing the Islamic republic from developing the technology to build a bomb must be the “highest national security priority.” He will also express his support for unilateral Israeli action against Iran. »

    Qu’en termes clairs et peu diplomatiques ces choses là sont dites. Croyez-vous braves gens que les cours du pétrole vont accuser le coup? J’en suis personnellement convaincu.  Romney joue une montée de tension sur ce sujet… pour en faire porter le chapeau à Obama…peut-être? Le chapeau dans cette affaire électorale c’est la montée rapide  des prix des carburants à la pompe,  si peu appréciée du citoyen américain.

    LIRE  la  dépêche de l’Agence Bloomberg sur ce sujet.

    Le 29 Juillet 2012

  • Le pétrole papier est toujours une couverture privilégiée vis à vis d’une baisse du dollar

    Les cours du pétrole, malgré une conjoncture internationale agitée par de vifs conflits au proche-orient (Syrie voisine d’Israël), restent pour l’instant relativement modérés. Ce calme momentané (qui ne saurait durer) est à créditer à la faiblesse de l’euro qui confère au dollar un statut de monnaie de refuge et attire vers lui les liquidités du moment aux dépens des cours pétroliers. Mais cet état d’équilibre précaire n’enlève rien au rôle majeur du pétrole, refuge financier apprécié de par sa taille et sa liquidité, en cas de dévaluation du dollar. Il y a belle lurette que les cours du pétrole n’obéissent plus à l’offre et à la demande mondiale, mais que des règles plus complexes, relevant des équations  de la théorie des jeux, agissent sur les points d’équilibres de ses cours régionaux.

    Il est possible d’illustrer ce propos à l’aide des variations des cours du Brent (Benchmark des prix mondiaux du moment) durant ces dernières heures.(FIG. issues de l’ICE)

    Une déclaration du patron de la BCE énonçant sa volonté de tenir à bouts de bras l’euro à tout prix fait immédiatement baisser le dollar (dont l’USDX, panier de monnaies contre dollar coté sur l’ICE à Londres) et transférer les liquidités vers le pétrole papier. Phénomène de balance synchrone bien des fois observé qui illustre le rôle financier du marché du pétrole.

    Un affaiblissement du dollar entraîne mécaniquement et de façon instantanée une revalorisation des cours du pétrole mondial. Les difficultés actuelles d’une Europe divisée, affermissant le dollar, participent à la stabilisation des cours du Brent. Le jour ou l’Europe ira mieux, le Brent rejoindra les 120 $/baril. Le jour où l’État d’Israël excédé par les curés chiites iraniens, lancera un offensive pétaradante sur les usines d’enrichissement d’Uranium 255 iraniennes, les cours du Brent franchiront alors allègrement les 150 dollars le baril et plus si affinités.

    Bien des scénarios de valorisation du pétrole sont possibles et des acteurs rationnels ne peuvent s’empêcher de jouer par anticipation ces éventuels emballements sur un marché très sensible… pour juste après les élections américaines.

    Il faudra alors à la France, quels que soient les affinités politiques de ceux qui la dirigent, alors fortement abaisser ses importations de gaz naturel et de pétrole. L’absurdité et l’inefficacité des soi-disant solutions écologiques du moment apparaîtront alors au grand jour.

    A suivre!

    Le 26 Juillet 2012

  • Les émissions mondiales de CO2 ne sont pas sous contrôle

    Il y aurait pénurie de ressources énergétiques selon les uns, le monde évoluerait vers la fournaise carbonique selon les autres…que doit-on en penser? Mais où se trouve le juste milieu, loin de ces jeux de manches médiatiques qui attirent le gogo effrayé par tous ces malheurs qui l’accablent et dont il ne perçoit pas lui même toute la gravité et l’imminence de la punition. Une pénurie qui permet de brûler à tout-va d’immenses ressources énergétiques n’en est pas une. C’est une gabegie qui se soldera par des prix dissuasifs qui atteindront les économies les plus imprévoyantes. Mais regardons de plus près le marqueur imparable de ces orgies énergétiques: les rejets mondiaux de CO2. L’Agence Néerlandaise de l’environnement (pbl.nl) fait le point tous les ans sur les rejets de CO2 par nations ou par grandes zones économiques. Elle vient de publier les données relatives à l’an 2011 qui s’affichent dans la continuité de celles de 2010.

    Emissions 2011

    Avec près de 34 milliards de tonnes de CO2 rejetées dans le monde en 2011, ce record s’inscrit dans la lignée des records précédents. 2010 avait enregistré une croissance annuelle des émissions mondiales de CO2 de 700 millions de tonnes, tirées vers le haut de plus d’un milliard de tonnes par les rejets de l’Asie et autres pays en développement. En 2011 la croissance mondiale de ces émissions s’affiche à 900 millions de tonnes, tirée par le milliard de tonnes de progression des pays en développement (FIG., courbe rouge). Les efforts pénibles et onéreux de maîtrise des rejets réalisés par les pays développés (FIG., courbe verte) sont noyés par la croissance des émissions essentiellement asiatiques (Chine: +800 millions de tonnes, Inde: +110 millions de tonnes).

    Il y a là de toute évidence un jeu de dupes qui sera arbitré par les prix. La montée inéluctable des prix des ressources primaires d’énergie fossile (pétrole, charbon, gaz naturel) va peser sur la balance commerciale des pays les plus dépensiers en énergie importée et donc sur leur économie et mécaniquement sur leur endettement.

    L’Europe et donc la France, plutôt que de compter chichement leurs émissions de CO2, feraient mieux de réfléchir à leur indépendance énergétique et à leurs sources d’approvisionnement en énergie. Aujourd’hui ce sont les produits pétroliers et le gaz naturel qui plombent la balance commerciale de notre pays. Je n’ai pas encore perçu de mouvement politique de fond qui viendrait s’attaquer à ce problème majeur. Au contraire la Ministre de l’énergie vient de réaffirmer haut et fort son hostilité à la fracturation hydraulique et donc aux gaz de schistes. Y aurait-il un peu trop d’inertie ou de viscosité dans les processus de prises de décisions de ceux qui nous dirigent? May be.

    A la veille d’un possible (ou probable) conflit israélo-iranien, les positions dogmato-écologiques de nos dirigeants devant les problèmes énergétiques, ne peuvent que nous inquiéter.

    ACCEDER aux données de PBL.NL ou au tableau excel

    Le 22 Juillet 2012

  • Le recyclage des petro-dollars dans le football français est une chance pour notre pays

    Tout citoyen aussi médiocre qu'il soit en économie, tout comme je le suis, peut comprendre que si les 6 milliards d'euros qui quittent la France tous les mois pour acheter diverses énergies primaires (pétrole, gaz naturel, charbon) étaient recyclés par des achats de produits finis à notre pays, l'impact de cette facture énergétique sur notre économie serait négligeable, sinon positive. Malheureusement, les ventes de services et de produits de luxe aux élites de ces pays, les fournitures d'armement aux pays querelleurs du Proche et Moyen-Orient ne suffisent plus à combler ce déficit structurel de nos échanges extérieurs. Heureusement, afin de laisser ces flots de dollars en dehors du circuit économique de leur pays exportateur de pétrole, les fonds souverains sont des outils financiers qui permettent de recycler ces pétro-dollars dans les pays consommateurs d'énergie. Nos dirigeants français, plutôt que de pousser des cris de vierges effarouchées, devant la taille des honoraires versés à certains joueurs de football parisiens, devraient se réjouir et s'efforcer de montrer au bon peuple la face positive de la médaille. Bien sûr tout cela ne collerait pas tout à fait avec l'austérité bérégovienne du moment et l'imposition des heures supplémentaires des bons ouvriers ou employés compétents auxquels on demande de travailler plus pour honorer les commandes dans les délais prévus…quelle honte! Inacceptable! Mais c'est tout de même du bon recyclage de dollars bienvenus.

    PIB-Pétrole-Yanagisawa-2012
    C'est pourtant l'intensité énergétique de l'économie observée et le dynamisme de ce recyclage qui déterminent la sensibilité de cette économie à la monté des cours du pétrole. Pour chiffrer cet impact il faut lire les résultats des travaux de Akira Yanagisawa qui montrent (FIG.) que les États-Unis producteurs de pétrole et l'UE (Allemagne) exportatrice vers les pays pétroliers sont estimés par l'auteur peu sensibles à la montée des cours du pétrole avec un impact sur le PIB de -0,2% pour 10$ de plus par baril, alors que l'Inde, la Chine et la Corée seraient beaucoup sensibles à cette variation des cours (-0,7% pour 10$ de plus par baril).

    Dans l'hypothèse d'un éventuel conflit entre Israël et l'Iran, joué en ce moment par les acteurs du marché du pétrole, une montée subite des cours du pétrole de 30$/baril aurait donc un impact très négatif en Asie et moindre aux États-Unis qui importent peu de pétrole du Moyen-Orient. Ceci rend d'autant plus probable un éventuel conflit après les élections présidentielles aux U.S.A. La Commission Européenne sera ravie, les émissions de CO2 vont alors décroitre brutalement en Europe.

    Pour ne pas mourir idiot et sortir des thèses rudimentaires évoquant une pénurie mondiale de pétrole, LIRE absolument les papiers d'Akira Yanagisawa sur le site de l'IEEJ.

    Remarque: dans le cas de la France il est possible d'estimer que pour une facture énergétique globale de 67 milliards d'euros, se dirigeant  gaillardement vers les 72 milliards d'euros, la partie indexée sur les cours du pétrole (pétrole, produits pétroliers et 1/3 des importations de gaz naturel) représente dans les 60 milliards d'euros soit 3% du PIB. Un accroissement du prix du pétrole de 10$ par baril, soit d'environ de 10%, se traduirait par une croissance de la facture énergétique de 6 milliards environ soit 0,3% du PIB. Dans l'échelle de Yanagisawa cela implique un recul du PIB pour un pays peu exportateur vers les pays producteurs de pétrole autour des 0,4%. La facture énergétique de notre pays risque de devenir très rapidement insupportable, il va bien falloir s'en occuper un jour et regarder, entre autres, s'il existe des gaz de schistes exploitables dignement dans notre sous-sol. Je ne vois pas pourquoi ceci ne serait pas explicable, même aux Verts les plus intransigeants du Gardarem lou Larzac!

    Le 20 Juillet 2012.

     

  • L’alimentation des centrales à flamme aux Etats-Unis: un très bon exemple de substituabilité compétitive des sources d’énergies

    Le mix énergétique des nations évolue au cours du temps. Bien fort celui qui peut prédire quantitativement cette évolution qui va dépendre des prix, des contraintes administratives et fiscales portant sur les externalités (nuisances), de la disponibilité locale de chacune des ressources d’énergie, de choix politiques tels ceux régissant la part électronucléaire admissible du moment, de la simplicité  et de la flexibilité de mise en œuvre de telle ou telle solution, de la rentabilité globale du choix. Les technologies permettent de substituer pour une application donnée à peu près toutes les sources d’énergie, c’est la rentabilité et la simplicité du choix qui va essentiellement déterminer la solution retenue pour telle ou telle application. Le concept très important de substituabilité compétitive qui détermine les choix énergétiques des industriels et de leurs clients doit être pris en compte dans toute évaluation prospective des consommations énergétiques, sous peine de raconter des fadaises.  Dans le cadre des transports, les combustibles liquides abondants et énergétiquement compacts (à forte énergie volumique) sont les plus appréciés aujourd’hui, mais de nombreux constructeurs dans le monde préparent une offre de  propulsion des navires et des poids lourds utilisant du gaz naturel liquéfié ou conditionné sous diverses formes denses encore à définir. Dès à présent de  nombreux  bus dans nos villes consomment quotidiennement du gaz comprimé, demain, les prix des batteries baissant et celui des carburants liquides augmentant, il deviendra « branché » de se mouvoir en ville en véhicule électrique. L’ Asie et l’Europe fortement urbanisées  seront alors probablement à l’avant-garde de cette révolution.

    Une autre évolution probable sera assurée par la montée en puissance des biocarburants, sponsorisée par l’accroissement des prix des produits pétroliers. Il est possible d’imaginer que les plus sophistiqués parce que les plus rentables, tel le bio-kérosène,  prendront une place déterminante dans l’approvisionnement en énergie, du transport aérien dans ce cas.

    Dans le cas d’applications fixes (non embarquées) le choix de la source d’énergie est généralement beaucoup plus aisé et c’est alors les prix de la ressource et de ses externalités qui deviennent rapidement déterminants. Un exemple nous est fourni par l’EIA qui vient de publier un papier sur la part relative des sources d’énergies utilisées dans les centrales à flamme aux États-Unis depuis 1950 (FIG.).

    FIG.: part relative du charbon, du gaz naturel et du pétrole dans l’alimentation des centrales à flamme aux Etats-Unis depuis 1950 (EIA)

    On y voit la part du pétrole (courbe rouge) sous l’impact des prix de la ressource décroitre vers zéro entre 1980 et 2012. Quand à la part du charbon elle a abandonné  les sommets des années 80 et 90, laissant la place au gaz naturel abondant et peu onéreux (courbe bleue) depuis l’exploitation récente des gaz de schistes et la mise en œuvre de centrales au gaz performantes.

    Nul n’aurait prévu il y a dix ans une évolution aussi rapide du mix énergétique dans les centrales à flamme américaines. Un tel chamboulement en quelques décennies ne peut de nos jours, que rendre modeste quiconque voulant jouer les Nostradamus de l’énergie, exercice très à la mode.

    ACCEDER au papier de l’EIA sur le sujet.

    Le 17 Juillet 2012

  • Relations entre consommation de pétrole et cycles économiques. Qui de l’oeuf ou de la poule?

    Relations entre consommation de pétrole et cycles économiques. Qui de l’oeuf ou de la poule?

    L’expérience montre qu’il existe chronologiquement une relation entre les variations annuelles du PIB mondial et les consommations globales de pétrole (LIRE le chapitre:Ce lien énergie-économie est encore plus vrai pour le pétrole). Certains au-lieu de parler de consommations, parlent directement de productions de pétrole en introduisant de ce fait un a-priori qui affirme qu’il y aurait  pénurie de pétrole ce que les marchés n’indiquent pas, à ma connaissance. S’il y avait pénurie de pétrole dans le monde il apparaitrait aussitôt un Marché Noir qui permettrait aux Nations les plus riches ou les plus puissantes de s’approvisionner alors que les Nations les plus pauvres seraient soumises à des quotas ou des allocations réduites. Aujourd’hui, en Europe, la Grèce sûrement rencontre quelques difficultés d’approvisionnement, mais expédier un cargo de brut vers la Grèce comporte à ce jour un risque financier que certains ne veulent pas prendre, ce n’est pas un indicateur de pénurie de pétrole mais plutôt de manque de confiance commerciale. Le marché européen du Brent beaucoup plus sensible aux branquignolesques comportements des pays du Proche et Moyen-Orient et beaucoup plus débridé sur la Place de Londres que ne l’est le WTI coté à NEW YORK et échangé à Cushing, Oklahoma, largement alimenté par le pétrole canadien et les condensats de gaz de schistes, pourrait être assimilé au Marché Noir du pétrole du moment. Mais il existe une limite: le cours du baril de Brent ne peut pas durablement excéder celui de l’essence dans le Golfe du Mexique, sous peine de voir affluer en Europe les tankers de produits raffinés chargés aux USA et moins onéreux que le brut local. Le spread entre Brent et WTI varie entre 10 et 15$/baril tout en se maintenant au-dessous de la marge de raffinage de l’essence américaine. C’est donc un marché capé par la disponibilité de produits raffinés américains qui s’exportent bien, merci!

    Il n’y a pas pénurie physique de pétrole en raison de prix élevés du baril qui ont largement dopé les investissements d’exploration depuis près d’une décennie. Si l’on en croit les études prospectives cohérentes de l’IHS, de l’AIE et la récente étude de Leonardo Maugeri du Belfer Center. Selon ce dernier et si les prix attractifs persistent, les accroissements de capacités de productions prévisibles de l’Irak, des USA, du Brésil et du Canada porteraient le potentiel d’extraction global de 93 millions de barils/jour en 2011 à plus de 110 millions de barils/jour en 2020. Ceci correspond à une croissance du potentiel d’extraction de pétrole de 8 millions de barils/jour et de celle de récupération des condensats de gaz conventionnels ou non de 9,6 millions de barils/jour. Selon ces études il n’y aurait pas de pénurie de pétrole dans le monde durant les deux décennies à venir.

    La relation entre variation de la consommation de pétrole et variation du PIB mondial peut dont s’exprimer sous deux formes.

    -L’une triviale et pleine de bon-sens: « la consommation de pétrole dans le monde varie avec les cycles économiques ». Elle est forte en haut de cycle, et beaucoup plus faible en bas de cycle. Cette consommation est plus ou moins contrainte par les cours du brut du moment. La forte baisse des consommations de liquides des pays OCDE entre 2005 et 2010 (FIG.I) illustre ce phénomène. Et pourtant les pays riches de l »OCDE n’ont jamais manqué de pétrole durant ces années là.

    Conso-liquides-OCDE

    -L’autre formulation ou la variable et la fonction sont alors interverties est à mon sens beaucoup plus tirée par les cheveux. Elle consiste à avancer comme le font certains penseurs français que les cycles économiques sont déterminés par les productions de pétrole du moment. Formidable jump dans l’approche économique qui n’établit pas, à ce jour, de lien clair entre les cours du pétrole et la santé économique des Nations en raison du recyclage des pétrodollars par les fonds souverains, des achats d’armement et des dépenses des élites des monarchies pétrolières en produits et services de luxe. Il y aurait, selon cette thèse, une pénurie physique de pétrole qui ralentirait les transformations et les échanges au sein de l’économie mondiale. Mais alors comment expliquer la croissance continue des consommations de liquides des pays NON OCDE (FIG.II). Y aurait-il dans ces thèses du rationnement mondial une part de balivernes? De catastrophisme mondain? Peut-être un mélange de ces deux ingrédients…pour éblouir et faire payer le gogo médusé. Forme élaborée de la pénurie déclarée, mais ne reposant sur aucun fait établi.

    Conso-liquides-NON-OCDE

    Pour essayer d’analyser sainement la relation entre économie et consommation d’énergie il apparaît comme nécessaire de faire la part entre les économies développées et celles en voie de développement Chine, Inde, Autres pays asiatiques qui assurent leur développement en consommant beaucoup d’énergie essentiellement à base de charbon extrait localement ou importé, forme disponible la moins onéreuse de l’énergie primaire dans ces régions. Les pays NON OCDE voient leur consommation de produits pétroliers et autres biocarburants croitre linéairement de 1,4 million de barils/jour depuis 2003 (FIG.II). Drôle de pénurie! Pour les pays de l’OCDE qui rassemblent la plupart des pays développés, les acteurs économiques font tout pour se mithridatiser contre le poison des variations brutales des prix de l’énergie, grâce à des actions rentables de progrès dans l’efficacité énergétique des processus industriels, de logistiques et de distribution. Il faut imaginer des entreprises de plus en plus résilientes aux prix de l’énergie, celles n’agissant pas dans ce sens étant condamnées à disparaitre au profit de leurs concurrentes des pays en voie de développement (ex. la production primaire d’aluminium, de plus en plus présente en Chine et disparaissant d’une Europe à l’énergie électrique rationnée et plombée par l’absence de politique énergétique cohérente de ce continent). Ces transferts de productions décidés par des raisons économiques, se font bien-sûr aux dépens de l’efficacité énergétique globale de la production d’aluminium qui consomme 4% au moins de la production d’électricité mondiale.

    Pour imaginer sur ces problèmes un futur à moyen-terme, les projections au-delà de 2030 n’ayant que peu de sens car elles ignorent les innovations technologiques de rupture et les découvertes de ressources à venir, il faut imaginer les pays grands consommateurs et gaspilleurs d’énergie rejoindre un mouvement plus vertueux fait d’économies et de mesure sous l’influence du seul paramètre du premier ordre: le PRIX DE L’ÉNERGIE, externalités comprises. Ce mouvement se dessine en ce moment aux États-Unis sous l’impact des deux paramètres majeurs que sont la montée des cours des produits raffinés plus chers que ceux du BRENT à Londres et la disponibilité de gaz de schistes peu onéreux qui peu à peu remplacent le charbon. Demain, la Chine et l’Inde devront restreindre leurs importations de charbon devenu trop onéreux, elles optimiseront alors à leur tour l’efficacité énergétique des processus qui les concernent. Leurs productions locales de gaz non conventionnels participeront à ce phénomène prévisible.

    La relation entre cycles économiques et consommation d’énergie sera bien sûr toujours vraie mais de façon beaucoup plus amortie grâce aux gains d’efficacité et de diversification réalisés sous la contrainte économique des prix des énergies primaires. L’innovation favorisant les processus de substituabilité compétitive des sources d’énergies sera de plus en plus active et déterminante dans le succès économique des entreprises.

     

  • Sur fond de cours soutenus du dollar, le baril de Brent rejoint la limite basse du domaine de fluctuation des cours

    Sur fond de cours soutenus du dollar, le baril de Brent rejoint la limite basse du domaine de fluctuation des cours

    Cours-Brent-100euros

    En ces temps de relative clémence du climat politique au Proche et Moyen-Orient nécessaire à la réélection du Président Obama, en ces temps de bonne tenue du change du dollar contre les autres monnaies dont celui de l'euro (FIG.) défaillant, il n'apparaît pas opportun de se couvrir en achetant du pétrole papier, les bonds de la FED en dollars sont plus sûrs. Cela suffit pour voir les cours du BRENT rejoindre la limite basse du domaine de fluctuation des cours établi depuis 16 mois à 110 + ou – 10 dollars le baril. Ce qui étonne les commentateurs béotiens dans cette baisse des cours est sa célérité. Mais le niveau atteint vers les 100 dollars le baril, prix optimal pour les saoudiens, est encore 33% au-dessus des prix de 75$ le baril atteints il y a deux ans pour un cours de l'euro en dollars identique à celui d'aujourd'hui (FIG.). Le pétrole est durablement cher, malgré la faiblesse supposée de l'économie chinoise et de celle plus certaine de l'économie européenne. La déplétion des champs en activité estimée aux environs de 4% par an (3 millions de barils/jour) agissant négativement sur l'offre et gommant les fluctuations conjoncturelles à la baisse de la demande, suffit à entretenir les nécessaires investissements indispensables au maintien d'un volume global d'extraction de brut autour des 76 millions de barils/jour. Ces investissements de plus en plus complexes et parfois périlleux nécessitent un baril à plus de 100 dollars pour être rentabilisés par les Groupes pétroliers.

    La poursuite des cours va dépendre de l'emploi américain publié par le BLS, des bruits de bottes autour de l'Iran et des cours de l'euro en dollars. Il se pourrait que le baril de Brent reste vers sa limite basse autour des 100 dollars, jusqu'aux prochaines élections américaines. Les cours du WTI coté à New York, beaucoup plus bas que ceux du Brent, sont pénalisés par le caractère régional de la base de cotation des échanges réalisés à Cushing, Oklahoma, trop loin du stratégique Moyen-Orient.

    Le 1er Juin 2012

  • 1,25 milliard de dollars pour faire un peu de gaz de ville en Chine

    1,25 milliard de dollars pour faire un peu de gaz de ville en Chine

     L'arrivée de l'éclairage au gaz dans les villes avait entraîné, au tout début du siècle dernier, un formidable développement des usines de production et de distribution de gaz produit localement à partir de houille. Procédé complexe (de l'expression encore largement usitée "d'usine à gaz"), très polluant (dérivés benzéniques) et toxique (le gaz qui contenait des traces de monoxyde de carbone, permettait aisément de mettre fin à ses jours). En France cette industrie urbaine a disparu avec l'arrivée du gaz de Lacq.

    Mais cette industrie de dismutation du carbone avec de l'eau selon le schéma simplifié suivant:

    2C +  2H2O ——-> CO2 + CH4

    connaît encore de beaux jours et constitue une source de gaz importante pour la Chine par exemple.

    Bluegas

     L'américain GreatPoint Energy annonce fièrement la création d'une JV en Chine pour investir 1.25 milliard de dollars dans ce procédé, pompeusement appelé "bluegas", qui devrait à terme produire annuellement (vers 2017) 30 milliards de m3 de méthane… et donc autant de CO2. A un peu moins de 2kg le m3 de CO2 cela conduit à un relargage de 60 millions de tonnes de gaz carbonique annuellement.

     Question: combien les pays européens vont-ils dépenser pour péniblement compenser les émissions de ce minuscule projet chinois qui sera suivi, n'en doutez pas, de bien d'autres?

    Question subsidiaire: à quoi sert la politique affichée de réduction des émissions de CO2 de l'Europe quand l'Asie relargue gaillardement un milliard de tonnes de CO2 de plus par an?

    LIRE le communiqué de GreatPoint.

     

  • Pour un ministère en charge de la facture énergétique

    Pour un ministère en charge de la facture énergétique

     La facture énergétique de la France n'intéresse que bien peu les politiques sinon sous son aspect le plus sensible "grand public" que constituent les prix des carburants à la pompe. Avec un montant du solde énergétique sur 12 mois mobiles déficitaire de 65,6 milliards d'euros à fin Mars (FIG.), il y a là une des principales causes d'appauvrissement de notre pays. Bien sûr les pétro-dollars qui s'évadent seront un jour recyclés par les monarchies et autres oligarchies pétrolières dans le flux de l'économie mondiale, sous forme d'investissements, d'achats d'armes ou de produits de luxe par exemple, mais il n'est pas certain que notre pays s'y retrouve entièrement au profit des multiples contrées économiquement plus actives et agressives que la nôtre.

    Facture-énergétique-France

    Remarque: au cours du premier trimestre 2012 les consommations de pétrole brut ont décliné en raison de la fragilité du raffinage français. Ceci a naturellement entraîné une forte augmentation des importations en produits raffinés qui affichent un solde négatif en détérioration de 42% ou 1,4 milliard d'euros par rapport à celui du même trimestre de l'année précédente .

     Alors que les exportations d'électricité vers nos voisins génèrent un solde positif (+2,3 milliards) qui rembourse les combustibles nucléaires et le charbon nécessaire à nos vieilles centrales thermiques encore actives, il reste à payer le pétrole (37,1 milliards), les produits pétroliers raffinés importés (14,4 milliards) et le gaz naturel (13,7 milliards).

    Voici quelques actions que pourrait promouvoir un vaste et puissant ministère de l'énergie en France:

    – élaborer une politique dissuasive pour faire disparaître le chauffage au fuel des foyers ainsi que de certains locaux commerciaux et industriels, en parallèle avec la mise en place d'une politique incitative de montée en puissance des pompes à chaleur alimentées par l'électricité nucléaire et hydraulique,

    – lancer sur une décennie un vaste plan de prospection des ressources potentielles de gaz non conventionnels de notre pays et mettre au point des méthodes d'exploitation respectueuses de l'environnement naturel. En attendant ces ressources locales il faut optimiser nos sources d'approvisionnement en Gaz Naturel et inciter les USA à devenir exportateurs de GNL vers l'Europe afin de faire baisser les cours (1MMBTU de gaz naturel coûte 2.5 dollars aux US, 10 à 11 dollars en Europe, 18 à 20 dollars en Asie…il y a là un évident besoin de fluidité dans les échanges°).

    – élaborer avec les riches acteurs industriels et les syndicats un plan de rationalisation et de modernisation du raffinage en France orienté vers la pérennisation de cette industrie et la satisfaction de la demande en gasoil et en kérosène (conversion profonde) avec des rendements accrus,

    – promouvoir la production locale et l'importation de biocarburants moins onéreux que les produits pétroliers. Aider les pays africains à investir dans cette industrie agricole des biocarburants de base (éthanol, ester méthylique) et faire évoluer l'industrie française vers des biocarburants à forte valeur ajoutée (kérosène ou gasoil),

    – maîtriser et plafonner les dépenses orientées vers les ressources mineures et non rentables d'électricité (photovoltaïque, éolien offshore), élaborer un plan de montée en puissance du parc électrique national orienté vers l'exportation de la ressource en direction des pays voisins.

    -lancer un large plan pluriannuel et tous azimuts national de maîtrise des consommations de carburants dans les transports (terre, air, mer) par la promotion d'équipements performants et la chasse aux gaspillages (bouchons, attentes, fluidité du trafic, etc.)

     Contrairement à des propositions plus ou moins fumeuses d'une politique énergétique européenne qui se résume aujourd'hui à une stupide chasse aux émissions de CO2 et dont les résultats seront négligeables par rapport aux formidables progressions des émissions asiatiques, il apparaît que la politique énergétique doit être pilotée et animée au niveau national si elle veut être efficace. Il faudra en particulier veiller pour notre pays à inverser le processus de "carbon leaking" qui voit des grands pans d'industrie fuir l'Europe (métallurgie, production d'aluminium, production d'engrais, etc.) au profit de pays plus réalistes et moins imprégnés d'idéologie écologique.

      Déplacer les usines hors d'Europe de l'ouest n'est pas une solution pertinente…même si cela peut être considéré par la propagande de certains idéologues comme une victoire de la Nature sur l'Homme.

     La fuite des usines s'accompagne peu après de la fuite des hommes à la recherche d'un emploi…c'est ce qu'ont oublié de dire les théories du "factoryless" reprises en leur temps par Tchuruk.

    °Remarque: une politique d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié américain pourrait s'inspirer des méthodes utilisées activement par les Groupes japonais pour lesquels la recherche de gaz à bas prix est primordiale. Les importations japonaises de gaz naturel se sont élevées à plus de 50 milliards d'euros (5400 milliards de yens) durant l'année fiscale 2011. LIRE le papier de l'IEEJ sur le sujet.

    Le 11 Mai 2012