Catégorie : énergie fossile

  • Le Gouvernement Basque décide d’explorer ses ressources en gaz non conventionnel

    Le Gouvernement Basque décide d’explorer ses ressources en gaz non conventionnel

    Shale-gas-europe  Le Peuple Basque imprégné de sentiments passionnés et de courage ne comprend pas le Pétochard Principe de Précaution, retombée ridicule d'un rigorisme écologique d'une certaine Droite française bigote qui prend plaisir à faire passer dans les textes de lois les idées farfelues et irréalistes des tiers-mondialistes attardés de l'autre bord. L'écologisme politique comme vecteur de prise du pouvoir ne semble pas prévaloir au-delà des Pyrénées. Montaigne puis Pascal nous l'ont déjà appris, la Vérité change de bord entre Hendaye et Irùn sur les flots de la Bidassoa. Ce qui est interdit en France est sponsorisé au Pays-Basque dont les autorités investissent dans la recherche de gaz non conventionnels.

    LIRE un papier sur ce sujet.

    Le 15 Octobre 2011

  • L’avenir du raffinage en Europe apparaît bien compromis

    L’avenir du raffinage en Europe apparaît bien compromis

     La baisse européenne de la demande en produits pétroliers, les éblouissantes marges de raffinage américaines résultant d'un WTI vendu à prix bradé, la volonté des pays producteurs de pétrole (Moyen-Orient, Russie) de mieux valoriser leurs ressources en s'intégrant vers l'aval, la démocratie d'opinion prévalante devant donner le change à la mystique écologique ambiante en taxant les émissions des raffineries encore actives, incitent à imaginer un avenir morose pour l'industrie du raffinage en Europe. L'European Petroleum Industry Association (Europia) vient de publier un document détaillé sur ce sujet qui prévoit une baisse des consommations de pétrole de 11% (seulement) en Europe entre 2009 et 2030 et une capacité de raffinage qui si elle restait d'ici là en l'état, présenterait alors une surcapacité de production de 25%. En termes clairs il faudra selon ce bureau de lobbying professionnel fermer d'ici à cette date, au bas mot 25 raffineries des 96 unités existantes en 2010 (FIG.).

    Europia 2011 rafineries

    Remarque: une timide baisse des consommations de 11% entre 2009 et 2030 ne représente que 0,6% de baisse de consommation annuelle. Pour l'instant l'EIA entre 2009 et 2012 envisage une baisse des consommations européennes de 0,8% par an. Le paramètre du premier ordre qui déterminera cette vitesse de décroissance sera bien sûr le prix à la pompe des carburants qui minorera la demande et sponsorisera l'offre de biocarburants. On peut imaginer des gouvernements européens à la recherche de recettes de poches taxer gaillardement les carburants dans les années à venir. Quand aux cours du brut à Londres nul ne sait quels sommets ils auront atteint dans 20 ans. Une baisse des consommations de pétrole en Europe autour des 20% d'ici là par rapport à celles de 2009 n'est donc pas impossible.

    LIRE l'étude d'Europia sur le sujet.

    Remarque pour les peak-oilers angoissés: la vue des réserves ultimes figurant dans ce rapport

    Europia 2011 ressources long terme
    et je trouve le petit rectangle vert d'EOR à l'aide d'injections de CO2 vraiment trop étroit. Il faudrait aussi l'actualiser avec les nouvelles connaissances sur les gaz de schistes. Satanas!

    Allez pour les ulcérés par tant de mauvaise foi insupportable, une vision plus récente, celle de Mosconi de Total en 2011…encore un siècle de pétrole ou plus…hi!hi!

    Réserves-2011

    Et la Mer du Nord britannique après avoir produit plus de 40 milliards de barils équivalents pétrole de liquides et de gaz, bande encore (FIG.)! Le plateau continental assure encore la fourniture de 87% du pétrole et 61% du gaz britannique…formidable avantage économique par rapport à la France. La vitesse de déplétion de ces extractions va dépendre des investissements consentis et donc du prix du baril de pétrole…et des taxes britanniques. Mais il en restera encore dans 30 ou 40 ans.

    Réserves UK en 2011

    Le 2 Octobre 2011

     

  • Les cours de l’essence à New York se décident à Londres

    Les cours de l’essence à New York se décident à Londres

     En ces temps imbéciles d'annonces de la fin de la prospérité et des haricots, liée à la volonté des Républicains américains les plus radicaux de faire recaler Obama aux prochaines présidentielles, nos économistes distingués nous annoncent que la consommation de pétrole dans le monde va se réduire et donc que les cours du brut vont tout naturellement se replier. Bien sûr ils oublient le phénomène de déplétion des puits en production qui naturellement voient leurs productions se réduire de 4 à 7% par an et qui oblige les pétroliers à amener chaque année dans les 4 à 5 millions de barils/jour de productions nouvelles ou améliorées (EOR) pour compenser cette réduction naturelle des flux de production. Les quelques centaines de milliers de barils/jour en plus ou en moins liés à une hypothétique conjoncture ne pèsent donc pas lourd par rapport à la demande nouvelle. Les cours du pétrole swinguent lorsque les Bourses plongent, mais je voudrais souligner ici que certaines hiérarchies sont respectées et même amplifiées.

    Marge raffinage et spread

     Le marché du WTI à New York dont on nous rabat sans-cesse les oreilles, est devenu un marché régional largement approvisionné à Cushing, Oklahoma, par les ressources locales et les pipe-lines en provenance du Canada. La référence des cours du pétrole Occidental est maintenant assurée par la cotation du Brent à Londres avec un confortable "mark-up" par rapport aux prix américains. Avec la crise boursière récente cette primauté du Brent sur le WTI s'est encore plus affirmée (FIG., courbe bleue). Depuis le premier Août le WTI a perdu dans les 12 dollars par baril alors que le Brent n'a lâché que 7 dollars. Le spread entre Brent et WTI a atteint les 27 dollars par baril, un plus haut historique.

    Tout naturellement les cours de l'essence à New York qui dépendent des cours des importations marginales d'essence venant d'Europe, s'alignent eux aussi sur les cours du Brent. La marge de raffinage entre essence et WTI atteint ainsi des valeurs supérieures à 35 $/baril (courbe rouge) pour le plus grand plaisir des raffineurs américains…dont les cours de Bourse paradoxalement s'effondrent.

    Il faut donc imaginer des résultats des Valero, Tesoro et autres purs raffineurs américains en forte progression au troisième trimestre par rapport à ceux du second trimestre qui n'étaient pas si mal.

    On le voit malgré la baisse tendancielle des consommations d'essence aux États-Unis les résultats du raffinage américain vont être superbes en 2011 en raison de la prime sur le Brent européen qui traduit mieux en dollars par baril les contraintes géopolitiques (Libye, Syrie, Afrique Noire…) qui s'exercent sur le pétrole mondial. Les cours de l'essence à New York sont déterminés à Londres.

    Le 20 Août 2011

     

  • Les E-On, RWE,  Groupes de l’énergie allemande en grandes difficultés financières et stratégiques

    Les E-On, RWE, Groupes de l’énergie allemande en grandes difficultés financières et stratégiques

     Les ressources énergétiques japonaises sont sans-dessus-dessous mais la situation est la conséquence du gigantesque tsunami qui a frappé le nord-est de l'île principale au mois de Mars. En Allemagne une Chancelière persuadée que son Parti ne pourrait plus jamais jouer de rôle politique éminent dans son pays si elle ne bannissait pas l'énergie nucléaire, a décidé de provoquer un formidable choc psychologique auprès de son électorat. Aux dépens des autres Nations en Europe et des Groupes allemands de l'énergie elle décida la fermeture immédiate d'une partie des centrales nucléaires et de la totalité à terme.

     L'impact sur les leaders du marché énergétique allemand ne s'est pas fait attendre et les résultats financiers du premier semestre présenté par les Sociétés concernées ressemblent à un Champ de Bataille au soir de la défaite.

     E-On avec un chiffre d'affaire au premier semestre en croissance de 20% voit son résultat opérationnel avant amortissement et dépréciation (EBITDA) se réduire de 45% à 4,3 milliards d'euros. Les décisions politiques sur le nucléaire impactent ce montant de 1,9 milliard, la distribution de gaz devenu trop cher à l'achat fait apparaître un recul de 0,97 milliard et le négoce d'énergie (trading) malmené par les événements fait apparaître un recul d'un milliard d'euros.

    E-On annonce bien sûr des mesures de restructuration parmi lesquelles la suppression de 9000 à 11000 postes de travail au sein du Groupe. Il faut s'attendre aussi à des augmentations de tarifs évidentes dans un tel contexte. Acheter plus cher qu'on ne vend n'est pas très longtemps soutenable.

    Remarque: au mois de Juillet, Destatis annonce que l'inflation allemande avec 2,4% tirée pour une large part par les prix de l'énergie (0,9 point) a affiché son sixième mois consécutif d'inflation supérieur à 2%. Il faut cependant noter que les augmentations sur 12 mois des prix aux ménages du gaz (+4,4%) et de l'électricité (+7,4%) n'ont sûrement pas encore affiché tout le potentiel de hausse que dévoilent ces résultats des entreprises allemandes de l'énergie.

    RWE-nouvelles unités 

     RWE moins impacté mais aux revenus stables voit son EBITDA chuter de 25% seulement à 4,6 milliards d'euros. Son patron le Dr Grossmann qui a trop affiché son désaccord avec les décisions de la Chancelière va y perdre sa place.

     Quoi qu'il en soit comme le montre le planning de création de nouvelles unités à combustion à flamme de RWE, l'utilisation du lignite et du charbon va monter en puissance en Europe (FIG.). On vide le patron mais on garde le programme…c'est de la réal-écologie.

    CONSULTER la présentation semestrielle instructive de E-On et aussi celle de RWE.

    Le 10 Août 2011

  • Est-il possible d’extraire économiquement les hydrocarbures des sables bitumineux canadiens avec du propane?

    Est-il possible d’extraire économiquement les hydrocarbures des sables bitumineux canadiens avec du propane?

     L'extraction des huiles lourdes du Bassin de l'Orénoque ou des hydrocarbures des sables bitumineux profonds de l'Alberta nécessite de mettre en œuvre des procédés in-situ qui vont faire décroître la viscosité de ces hydrocarbures et rendre ainsi possible leur extraction du sous-sol par pompage.

      Dans le cas des huiles lourdes du Venezuela les pétroliers injectent des solvants qui dissolvent les huiles lourdes et après extraction, récupèrent dans des unités ad hoc les solvants légers d'une part qui sont recyclés et les hydrocarbures lourds convoités d'autre part.

      Dans le cas des sables bitumineux canadiens c'est par l'injection d'eau chaude (vers les 250°C) sous pression des procédés SAGD (Steam Assisted Gravity Drainage) que ces hydrocarbures lourds sont extraits du sous-sol. Le point faible de cette technologie réside dans l'utilisation d'eau et d'énergie ce qui ulcère les écolo-sensibles au volant de leur 4X4 ou, pour certains, de leur hélicoptère (Ils ont depuis longtemps abandonné la brouette et le vin rouge qui les rendaient si avenants).

    Sables-bitumineux-solvant

     Les procédés d'extraction des bitumes canadiens par solvants se sont avérés jusque là inefficaces à l'exception, peut-être, du procédé N-Solv de John Nenninger qui a breveté en 1998 l'utilisation d'injections de Propane chaud (vers les 50°C) qui permet de faire descendre la viscosité du mélange propane-bitume vers une fraction de centipoise et de rendre extractible une large part de la ressource, les deux-tiers environ, à l'exception des asphaltènes insolubles.

     Les autorités canadiennes viennent d'accorder une aide de 10 millions de dollars canadiens pour la réalisation dans l'Alberta d'une paire de forages de démonstration et de validation du procédé qui devrait extraire dans les 500 barils par jour de mélange.

     Un procédé moins énergivore, ne nécessitant pas d'eau, utilisant du propane qui serait recyclé, il y a là de quoi à séduire bien des industriels. Suncor Energy, allié à Total dans l'extraction à ciel ouvert de ces sables quand ils sont accessibles, est un des sponsors de cette première tentative industrielle.

    CONSULTER une présentation sur le sujet.

    Le 29 Juillet 2011

     

  • Si le Japon veut réduire sa puissance électronucléaire, il devra faire appel au gaz naturel

    Si le Japon veut réduire sa puissance électronucléaire, il devra faire appel au gaz naturel

     La génération d'électricité de base des pays sans ressources énergétiques locales comme la France ou le Japon, intégrant la contrainte d'émissions de CO2 limitées à l'avenir, ne peut reposer dans les prochaines décennies que sur deux ressources énergétiques: le nucléaire ou le gaz naturel.

     L'Institute of Energy Economics japonais (IEEJ) publie une étude portant sur divers scénarios d'évolution du mix énergétique de production des 1000 TWh d'énergie électrique nécessaires à son pays. Il a sélectionné trois hypothèses:

    1- un fort accroissement de la puissance électronucléaire à 67 GW d'ici à 2030,

    2- un maintien de cette puissance en croissance autour des 57 GW,

    3- une réduction importante vers les 22 GW.

      Japon-électricité-2050b

      Il apparaît, dans l'hypothèse d'un objectif maintenu des réductions des émissions de CO2, que la seule alternative au nucléaire pour ce pays repose (FIG. colonne de droite) sur un abandon en simultané des centrales au charbon et le remplacement de toutes les centrales arrêtées (nucléaires ou au charbon) par des centrales au gaz naturel à cycles combinés équipées ou non de capture de CO2 (CCS).

    Avec un tel scénario le Japon poursuivrait la réduction de ses émissions de CO2 (FIG.II), mais ce ne serait pas gratuit pour le consommateur.

    Japon-électricité-CO2-2050

    Remarque: contrairement à l'Allemagne le Japon n'envisage pas un abandon du nucléaire, pour comprendre cette différence il faut toujours avoir en tête les productions diaboliques de lignite allemandes qui permettent de générer de l'électricité prioritaire en Europe à moindres coûts…et qu'importent les émissions emportées par le vent.

    LIRE le papier de l'IEEJ sur ce sujet.

    Le 29 Juillet 2011

  • EPRI: les faibles coûts du charbon et du gaz américains assurent un coût du MWh électrique, chargé des émissions, à moins de cent dollars

    EPRI: les faibles coûts du charbon et du gaz américains assurent un coût du MWh électrique, chargé des émissions, à moins de cent dollars

    Très intéressante et rigoureuse étude de l'EPRI sur le coût annuel moyen sur toute la durée de vie d'une installation (Levelized Cost of Electricity ou LCOE) d'un MWh électrique aux États-Unis dans diverses conditions de génération allant de la combustion de charbon pulvérisé aux solutions solaires photovoltaïques ou thermiques.

    Il ressort essentiellement de cette étude qui prend en compte les coûts très faibles du charbon (<2$/MMBTU ou 50$/tonne métrique) et du gaz naturel (entre 4 et 8$/MMBTU) américains un avantage compétitif inégalé des centrales à flamme par rapport aux solutions alternatives, même avec une charge sur le CO2 émis allant jusqu'à 50$/tonne (FIG.). Les coûts moyens restent dans toutes les hypothèses inférieurs à 100 dollars 2010 par MWh et revient même à 70$ pour les coûts du gaz naturel les plus bas. Seul l'éolien terrestre avec des taux de charge exceptionnels dans certaines contrées des Rocheuses, entre 28% et 40%, arrive péniblement à être compétitif avec une charge de CO2 à 50$/tonne et un gaz naturel à 8$/MMBTU.

    FIG. Coût moyen du MWh en dollars en fonction de la charge sur le CO2 émis en dollars la tonne

    EPRI2011-Electricité

     Le prix de revient de l'électricité américaine dans un contexte mondial d'énergie de plus en plus chère, est pour ce pays un avantage compétitif évident et un des moteurs de son dynamisme à long terme.

     Dans le cas d'installations équipées de captage de CO2, les hypothèses de l'EPRI ne prennent pas en compte une éventuelle revente de ce gaz pour récupérer le pétrole de puits en voie d'épuisement ou pour alimenter l'industrie chimique. Au contraire elle charge le transport et la séquestration à 10$/tonne de CO2. La valorisation de cette ressource est pourtant la clé d'un développement significatif de ces technologies onéreuses et énergivores de captage. Une tonne de CO2 qui permettra de récupérer en moyenne 1,5 baril de pétrole hors de prix se vendra bien un jour autour des 50 dollars…c'est une évidence.

    CONSULTER la présentation de l'EPRI.

    Le 20 Juillet 2011

  • BHP-Billiton: une poignée de milliards de dollars pour des gaz de schistes

    BHP-Billiton: une poignée de milliards de dollars pour des gaz de schistes

    Les gaz de schistes nous explique un docte journaliste du New York Times, journal qui s’illustre par des papiers d’une objectivité parfois douteuse, ne seraient qu’un énorme bluff…du vent. Ceci ne semble pas être tout à fait l’avis de certains grands groupes de l’énergie comme BHP-Billiton qui après avoir acheté au mois de Mars dernier à Chesapeake pour 4.75 milliards de dollars, un accès aux gaz de schistes du gisement de Fayetteville dans l’Arkansas, vient de faire rebelote en mettant au pot 12,1 milliards pour s’offrir un jeune premier doué du secteur, Petrohawk, qui possède un million d’acres (400 mille ha) de concessions dans l’Arkansas (Heynesville Shale) et surtout dans le sud du Texas (Eagle Ford area).

    Ces achats importants qui succèdent à ceux d’Exxon qui a absorbé XTO pour près de 35 mrds$, et aux diverses emplettes de quelques milliards de dollars de BP, Statoil et Total pour des participations dans les gaz de schistes américains de Chesapeake, montrent combien stratégiquement les grands Groupes de l’énergie veulent être associés à la montée en puissance du gaz naturel dans le mix énergétique américain.

    Gaz-US

    En raison de cours du gaz naturel actuellement très bas aux États-Unis (FIG.) entre 4 et 5$ le MMBTU alors qu’ils sont 2,5 fois plus élevés en Europe, ces opérations ne semblent pas aujourd’hui dégager de larges profits. Cependant, il ne faut d’une part pas négliger la ressource financière que constituent les liquides associés à ces gaz et il est opportun d’autre part de prendre en compte sur le moyen-terme l’inexorable montée des cours de l’énergie. Rien n’affirme que les cours du gaz naturel US vont continuer à se traîner sous les 5 dollars le MMBTU alors que les cours du pétrole vont se valoriser.

    Remarque: les prix avaient frisé les 14 dollars à l’été 2008 alors que l’Amérique n’a jamais manqué d’un seul BTU de gaz…il est tout de même des moments où les Marchés ne traduisent plus du-tout les « fondamentaux ». Le retour de bâton qui s’en suivit le démontre.

    Remarque: Total qui vend du gaz naturel un peu partout dans le monde annonce un prix moyen de ses ventes au cours du T2 de 6,60 $/MMBTU contre 6,19 $ au trimestre précédent et 4,82 $/MMBTU il y a un an. Il y a là une tendance nette à la hausse des prix de cette ressource.

    LIRE le papier de Bloomberg sur ce thème.

    Le 15 Juillet 2011

  • Pour une chimie raisonnée autour du CO2

    Pour une chimie raisonnée autour du CO2

    L’homme, nous dit-on, produit trop de gaz à effet de serre et parmi ceux-ci trop de CO2. Les activités humaines industrielles et agricoles conduiraient chaque année à la formation d’environ 35 milliards de tonnes de CO2 dont une moitié se retrouve dans l’atmosphère, l’autre moitié étant absorbée par les plantes, les eaux douces et les océans qui peu à peu deviennent plus acides malgré le boulot des diatomées qui s’en nourrissent. Les remèdes imaginés à ce jour pour limiter ces émissions reposent sur deux piliers principaux:

    1- limiter les émissions de CO2 par une meilleure efficacité énergétique et si possible, par une sélection des ressources primaires: c’est une décision facile à formuler mais beaucoup plus difficile à mettre en musique surtout lorsque les principaux émetteurs, la Chine et les États-Unis, ne veulent pas mettre en balance leur développement économique. Il faut donc prévoir des émissions de gaz carbonique qui vont croître avec le développement de l’économie mondiale durant les décennies à venir, malgré les multiples congrès internationaux clamant qu’elles vont décroître…promesses d’ivrognes.

    2-l’autre option est de capter les émissions de gaz à la sortie des chaudières industrielles et de valoriser cette ressource. Bien sûr l’enfouissement dans des aquifères largement promue par les instances comme l’IEA, est la dernière option à adopter…puisqu’elle n’apporte rien à l’économie mondiale, sinon une dépense d’énergie supplémentaire et donc un appauvrissement. La première utilisation qui devrait absorber utilement des milliards de tonnes de CO2 est la récupération assistée des réserves de pétrole (EOR) des « Residual Oil Zone » dans les puits en phase d’épuisement. C’est une voie qui avec l’accroissement des prix du pétrole va trouver sa pleine rentabilité…dans les grandes régions d’exploitation du pétrole tramées de gazoducs « carboniques ». L’autre voie repose sur la chimie du CO2.

    Je voudrais ici apporter un simple éclairage de ce qui pourrait être une amorce de chimie du CO2 qui bien sûr pourra se décliner en de multiples procédés plus ou moins pertinents.

    Mais tout d’abord quels sont les produits à attendre de cette filière à développer. Pour cela il est utile d’aborder méthodiquement cette chimie à partir des étapes de réduction mono-électroniques successives de la forme la plus oxydée du Carbone qu’est le dioxyde de carbone pour aller vers la forme la plus réduite: le Méthane (FIG.).

    CO2-chimie

    La fourniture du premier électron, du troisième, du cinquième et du septième conduit dans ce schéma simple à la formation d’une nouvelle espèce radicalaire qui spontanément se dimérise. C’est la raison pour laquelle apparaissent successivement et de façon contre-intuitive l’acide oxalique, le glyoxal, l’éthylène glycol et l’éthane dans les produits de réduction. Pour les nombres pairs d’électrons apportés au CO2 ce sont les formes monomères que sont l’acide formique, le formaldéhyde, le méthanol et le méthane qui sont stables.

    Il est alors possible, fort de cette nomenclature, d’examiner produit par produit ce à quoi la chimie raisonnée du CO2 pourrait conduire.

    1- la forme oxydée : il ne faut tout d’abord pas oublier deux produits majeurs dérivés du CO2 que sont:

    le phosgène Cl-CO-Cl formidable intermédiaire majeur de synthèse de la chimie organique (isocyanates, polyuréthanes, polycarbonates,…) obtenu par réaction du monoxyde de carbone CO avec le chlore,

    l’urée NH2-CO-NH2 engrais majeur et plus marginalement réducteur des NOx dans les gaz d’échappement des véhicules (AD-BLUE) qui est obtenu par la réaction de l’ammoniac sur le CO2. La production d’urée est le premier exemple de la chimie du CO2. C’est le japonais MHI qui est le N° 1 mondial dans la maîtrise de ce procédé qui part du méthane pour produire du CO2 et de l’hydrogène. Le CO2 est d’abord capté puis utilisé dans la réaction avec l’ammoniac qui a été synthétisé auparavant à partir de l’hydrogène. C’est un modèle à suivre.

    -le dioxyde de carbone est également utilisé dans la synthèse d’une classe de solvants organiques en pleine expansion de types carbonate d’éthylène (EC) et autres produits substitués qui sont largement utilisés dans la formulation des électrolytes des accumulateurs Li-Ion. Ce marché annuel des électrolytes représentait en 2010 dans 20 mille tonnes de mélanges complexes. Il atteindra en 2015, grâce au développement des véhicules électriques, dans les 40 à 60 mille tonnes. Le japonais UBE et l’américain Dow Chemical viennent d’annoncer la création d’une JV pour accélérer la croissance des productions d’électrolytes constitués de solvants et de sels fluorés anhydres. Cette JV sera progressivement développée aux Etats-Unis, en Europe et en Chine affirme le Nikkei.

    2- l’acide oxalique: on peut imaginer un procédé électrochimique ou chimique simple qui par une réduction mono-électronique conduirait au radical anion CO2°, lequel en se dimérisant conduit à l’anion oxalate. La principale utilisation de l’acide oxalique est très actuelle puisqu’elle sert essentiellement en Chine à récupérer et séparer les terres-rares après chélation. Le marché mondial de cet acide est estimé autour de 200 millions de tonnes. Le développement de l’utilisation des terres-rares et de leur extraction en dehors de Chine ouvre la voie à un marché pour ce produit.

    3-l’acide formique et son dérivé majeur le monoxyde de carbone:

    Outre les élégants travaux d’Ishitani tentant de réduire le CO2 en monoxyde par des voies photochimiques inspirées des réactions enzymatiques naturelles, la chimie des mélanges naturels ou non de CO2 et de méthane est sûrement une voie d’avenir majeure pour arriver au syngas et donc aux carburants liquides synthétiques via les procédés de type Fischer-Tropsch. Nous avons rendu-compte ici des remarquables travaux japonais sur le sujet destinés à valoriser des gisements de gaz naturel très riches en CO2 selon le schéma:

    Japan-syngas-FT-reaction

    Le CO2 réduit par le méthane (réaction a) conduit à un gaz de synthèse proche du gaz à l’eau (réaction b). Il y a dans ces réactions le schéma d’une future voie GTL très rentable de synthèse des carburants liquides. Le CO2 peut provenir du gisement de gaz naturel soit être volontairement rajouté au gaz pour atteindre la composition de gaz de synthèse désirée.

    Dans un contexte à venir où les carburants de synthèse constitueront une part significative des approvisionnements du marché (10% à 20%), il faut imaginer des milliards de tonnes de CO2 impliquées dans ces synthèses.

    4- le glyoxal: ce produit ne semble guère passionner les chimistes aujourd’hui.

    5- le formaldéhyde: il est à la base de nombreuses résines (urée-formol, mélamines) et autres polyoxyméthylènes c’est un des grands intermédiaires de la chimie organique.

    6- l’éthylène glycol et son dérivé l’oxyde d’éthylène qui constitue un des grands intermédiares de la pétrochimie et plus largement de la chimie organique. La chimie du CO2 qui conduirait à ces trois derniers produits présenterait un intérêt économique évident.

    7- le méthanol: c’est paradoxalement le produit qui fait le plus fantasmer les prévisionnistes de l’énergie alors qu’il faut tout de même 6 électrons pour l’obtenir. Certains parlent même d’Économie du Méthanol…plus c’est gros plus ça impressionne. Tout cela est bien joli mais encore faudrait-il définir des procédés de production rentables.

    Méthanol

    Une voie semble cependant attrayante: la conversion directe du CO2 en présence d’eau en méthanol et oxygène par voie photochimique sur catalyseurs étudiée en particulier par Nazimek de l’Université Marie Curie de Lublin. Mais pour recueillir tout l’intérêt d’un tel procédé photo-catalytique il faudrait traiter directement les gaz de combustion à la sortie des chaudières et s’affranchir ainsi du captage du CO2.

    8 et 9- les alcanes: produire de l’éthane ou du méthane par hydrogénation du gaz carbonique semble bien peu attrayant et non rentable. Pour utiliser l’Hydrogène électrolytique produit par les éoliennes en heure creuse autant l’injecter directement dans le réseau de gaz naturel comme le proposent les ingénieurs de Siemens.

    En conclusion il apparaît que la chimie du CO2 est une option importante de valorisation de la ressource qui entrera en compétition avec la récupération lucrative du pétrole des « Residual Oil Zone ». Les bons procédés seront ceux qui maîtriseront au mieux le niveau de réduction de la ressource, sans forcément aller jusqu’au méthanol.

    Le 10 Juillet 2011

     

  • Démarrage d’une unité de captage de CO2 à la sortie d’une centrale au charbon en Alabama

    Démarrage d’une unité de captage de CO2 à la sortie d’une centrale au charbon en Alabama

     Mitsubishi Heavy Industries (MHI) annonce qu'il vient de démarrer une unité de captage de CO2 dans une centrale au charbon de 25 MW en Alabama. Les travaux commencés il ya deux ans de cela en Mai 2009. Cette unité de 500 tonnes de CO2 par jour est capable de capter 90% des émissions de la centrale.

     Malgré sa taille modeste cette unité permet de démontrer la maîtrise du procédé de capture du CO2 à la sortie d'une centrale au charbon. MHI affirme dans ce registre avoir en commande 10 unités de capture de CO2 à la sortie de centrales au gaz naturel dont huit d'entre elles sont déjà en production. 

     L'industriel japonais fort de son expérience acquise dans les usines de production d'urée se positionne comme un des leaders mondiaux dans le captage industriel du CO2. Alstom possède également une solide base technique dans le domaine mais n'annonce des unités industrielles que vers 2015.

    Centrale-charbon-gaz

     Rappelons que les émissions de CO2 des centrales au charbon dépendent du rendement de la centrale et de la nature du charbon utilisé (FIG.). Une centrale avec un rendement de 40% et utilisant un charbon à 4% d'hydrogène émet autour de 0,86 tonne de CO2 par MWh. Pour une centrale de 25 MW les émissions par jour sont donc de 0,86 x 25 x 24 = 516 Tonnes de CO2.

     Dans une centrale au gaz à cycle combiné de 60% de rendement les émissions de CO2 dues à la combustion du gaz ne seront que de 0,33 tonne de CO2 par MWh, auquel il faut rajouter le CO2 initialement contenu dans le gaz naturel s'il n'est pas lui même capté. Ces simples considérations montrent qu'il reviendra moins cher au MWh produit de décarboner les gaz d'une centrale au gaz que ceux d'une centrale au charbon. Une unité de captage de 500 tonnes de CO2 par jour peut équiper une centrale au gaz de 65 MW.

     Dans tous les cas de figures le coût du captage du CO2 ne sera économiquement acceptable que si le CO2 est revendu au travers d'un vaste réseau de pipelines pour aider à la récupération améliorée du pétrole dans les puits en fin d'exploitation. Ce sera le cas dans le sud des États-Unis.

    LIRE le communiqué de MHI sur le sujet.

    Le 22 JUin 2011