Catégorie : énergie fossile

  • Le futur plan électrique allemand: des éoliennes, des centrales au gaz et un réseau électrique renforcé

    Le futur plan électrique allemand: des éoliennes, des centrales au gaz et un réseau électrique renforcé

    Electricite  La décennie future du plan électrique allemand intéresse l'ensemble des citoyens européens dont l'approvisionnement en électricité, en quantité et en qualité, dépendra en partie des choix et des investissements qui seront réalisés par le pays leader économique européen. Il faut être optimiste sur l'aptitude de l'Allemagne à résoudre ses contradictions énergétiques parce qu'elle est très riche, elle possède les meilleurs industriels mondiaux dans le domaine de l'énergie (Siemens, E-On, …) et possède l'art de planifier efficacement les actions après concertation.

     Au gré des lectures il apparaît que tout naturellement le futur réseau électrique allemand va reposer sur trois composantes essentielles:

    un parc éolien offshore de grande ampleur en Mer du Nord et Mer Baltique. Siemens, AREVA-MULTIBRID, ENERCON, NORDEX, possèdent des carnets de commandes allemands qui vont jusqu'en 2014-2015 et qui dépassent à eux tous le GW de puissance installée. Le développement de grandes éoliennes de plus de 5MW se concrétisera par de nouvelles commandes encore plus imposantes de parcs éoliens offshore germaniques. Pour la Chancelière, un objectif "de 35% d'énergies renouvelables à l'horizon 2020 contre 17% l'an dernier" semble être réaliste*.

    *Remarque: il faut faire confiance à la Chancelière pour ses 17% en sachant que la somme de l'hydraulique et des autres énergies renouvelables représentaient en 2010 un total de 68,6 TWh pour une génération totale de 586 TWh (IEA).

    un réseau électrique renforcé pour amener la puissance électrique du Nord du pays vers les Länder du Sud et la Suisse où se trouvent les industries stratégiques (Daimler, BMW, Siemens, ABB,…). Il est question d'investir dans les 10 milliards d'euros pour ajouter 3600 kilomètres de câbles de plus au réseau allemand à l'horizon 2020.

    un large parc de centrales au gaz à cycle combiné qui apporteront la souplesse indispensable au réseau pour qu'il puisse supporter un large taux de ressources intermittentes. Nous avons besoins de 10 GW de centrales au gaz, dans les cas où le vent ne souffle pas a déclaré Michael Geissler, CEO de la Berlin Energy Agency. Ce sera probablement plus compte tenu des ambitions allemandes dans le renouvelable.

     Malgré la facture qui s'annonce salée par le foisonnement des solutions, il est peu probable, contrairement à ce qui peut se dire dans les Cafés du Commerce hexagonaux, que les dirigeants allemands puissent confier un jour à la France la mission d'approvisionner de façon notable leur pays en énergie électrique. Par contre, notre voisin pourra interrompre provisoirement ses exportations qui viennent nous dépanner aux heures de pointes.

    LIRE les articles sur ces sujets reportés par Bloomberg. Sur le réseau électrique allemand. Sur les sources d'énergies.

    Le 2 Juin 2011

  • De nombreux champs pétroliers demanderont d’immenses quantités de CO2 pour récupérer à fond la ressource

    De nombreux champs pétroliers demanderont d’immenses quantités de CO2 pour récupérer à fond la ressource

     L'extraction de pétrole de la roche mère fait l'objet de nombreuses innovations dans le monde qui améliorent sans cesse le taux de récupération de la ressource et rendent obsolètes les prévisions d'antan qui pré-supposaient figées les technologies mises en œuvre. Après le jaillissement spontané de la ressource il est fait appel à l'injection d'eau dans le réservoir (récupération secondaire), puis s'il est disponible, l'utilisation de gaz carbonique permet une récupération tertiaire (Enhanced Oil Recovery ou EOR). Enfin les spécialistes de ces techniques parlent maintenant de récupération quaternaire qui concerne l'extraction par le CO2 de pétrole contenu dans la porosité de roches sous-jacentes des "Residual Oil Zones" ou ROZ à l'interface entre le réservoir principal et les salines inférieures (FIG.I projection cerclée de rouge). Ces ressources importantes n'étaient jusqu'à présent pas prises en compte dans les réserves accessibles, mais elles vont nécessiter de larges quantités de CO2 pour être récupérées.

    FIG.I – illustration projetée d'un pic quaternaire de production (Seminole San Andres Unit)

    EOR-ROZ-Brownfield-quaternary oil

     Aux États-Unis les professionnels estiment la contribution de la récupération tertiaire à l'aide de CO2 aux environs de 300 mille barils/jour (FIG.II) soit 6% de la production américaine de pétrole. Elle concerne pour l'essentiel le "Permian Basin" situé à cheval entre le Nouveau Mexique et le Texas.

    FIG.II – Contribution de la récupération tertiaire (EOR) par injection de CO2 aux productions américaines de pétrole

    EOR-USA-barils par jour

     Ce large bassin pétrolifère a produit depuis 80 ans d'exploitation dans les 32 milliards de barils de pétrole. Le DOE et divers consultants américains estiment que, grâce aux extractions quaternaires en particulier, ce sont encore près de 12 milliards de barils qui seront extraits du sol durant les 30 ou 50 ans à venir. Compte tenu des technologies actuelles disponibles il reste un volume de pétrole égal au tiers de la ressource déjà extraite à récupérer. Mais pour cela il faudra disposer de très grandes quantités de CO2. En effet sur la base de 1,5 à 2 barils de brut extraits par tonne de CO2, il faudra injecter et séquestrer 6 à 8 milliards de tonnes de CO2. De quoi à allonger encore et encore la queue de la courbe de Hubbert de ce large champ.

    L'équation économique semble à ce jour limpide: pour quelques dizaines de dollars à payer pour une tonne de CO2 ce sont près de deux barils de pétrole à plus de 100 dollars le baril qui vont être récupérés. Voila une équation qui va dynamiser le captage du CO2 aux États-Unis et dans d'autres régions pétrolifères dans le monde.

    Le MIT préconise la construction d'un large réseau de pipelines de CO2 en forme de fer à cheval qui relierait les infrastructures américaines existantes (FIG.III). Le DOE préconise un réseau encore plus dense reliant les grandes centrales au charbon du Centre-Est à cette amorce d'infrastructure.

    FIG.III – Réseau de pipelines transportant du CO2 aux Etats-Unis.

    EOR-CO2-pipeline2

    Ces considérations montrent combien l'équation du captage et de la séquestration du CO2 peut passer d'un concept plutôt farfelu, très vaguement écolo, consommant de l'énergie, à une équation beaucoup plus réaliste permettant à partir de charbon et de biomasse par exemple de définir des centrales électriques à gazéification intégrée (IGCC) dont le CO2 récupéré sera vendu aux pétroliers pour récupérer du pétrole. L'enjeu économique final avec un prix du baril de pétrole au-dessus des 100 dollars, rend l'ensemble de la filière économiquement très rentable. La probabilité d'une telle réalisation dans les décennies à venir est donc élevée.

    Ces données illustrent les propos de Richard Nehring qui soulignent l'importance généralement sous-estimée de la croissance du taux de récupération du pétrole, "recovery growth", sur l'estimation des ressources ultimes de pétrole conventionnel.

     Pour accéder à ces informations on pourra par exemple se reporter au rapport du MIT energy initiative et du Bureau of Economic Geology issu d'un symposium tenu à Austin en Juillet 2010. Le papier de Kuuskraa (page 151), président d'ARI, est particulièrement clair est convaincant. Il prévoit une contribution de ces technologies aux U.S.A. pouvant représenter des productions de pétrole pouvant aller jusqu'à 2,8 millions de barils/jour en 2030. Les prix à venir du baril de pétrole pourraient lui donner raison.

    Le 28 Mai 2011

  • Réflexions sur un avenir énergétique incertain et complexe

    Réflexions sur un avenir énergétique incertain et complexe

     Il est une évidence: si l’espèce humaine n’a pas entre-temps disparu, les énergies fossiles seront un jour épuisées. Mais il en est également une autre qui nuance l’affirmation précédente: nul ne sait, pour chacune d’entre ces sources d'énergies, jusqu’à quelle date et à quel rythme se déroulera cette fin annoncée. En effet entre abondance et épuisement quasi-total, le monde passera durant les décennies et les siècles prochains par diverses phases de pénurie et de tensions plus ou moins vives qui agiront sur les prix et pèseront sur la demande. Elles induiront des progrès dans l’efficacité énergétique des processus, des phénomènes de substitution compétitive entre les diverses formes d’énergie, elles pousseront les industriels à une meilleure exploitation des ressources existantes identifiées, les inciteront à accroître leurs efforts de prospection dans des zones hostiles (Arctique) ou interdites à ce jour (grande part de l'offshore américain) et de mise en valeur de ressources « non conventionnelles » par des technologies innovantes. L’utilisation intensive de la biomasse devenue largement rentable soulagera avec ses ersatz (bioéthanol, biodiésel, biogaz, bio-oil, pellets et autres) la demande finale en énergies fossile.

    Peak-oil  La généralisation au monde du concept régional de «Peak-oil», par ailleurs formidable outil de Marketing, est une représentation naïvement simplifiée et figée d’une réalité beaucoup plus complexe et évolutive qui ne cessera de s’adapter grâce aux progrès technologiques, à des conditions d’un marché de l’énergie en constante évolution. Depuis que le concept de peak-oil a été avancé le bioéthanol et le biodiesel ont prouvé leur complémentarité avec les carburants classiques dont les prix ont quintuplé en dollars courants, des ressources d’huiles non conventionnelles au Venezuela puis dans l’Alberta on été mises en valeur, de nouvelles ressources de pétrole offshore ont été découvertes dans le Golfe du Mexique, en Afrique puis au Brésil à des profondeurs inattendues, les techniques de forage horizontal avec ou sans fracking, parfois couplées à l’injection de CO2 (EOR) a fait faire un pas décisif dans le taux d’extraction de ressources classiques (Californie) et non conventionnelles (gaz et huiles de schistes), les véhicules hybrides et électriques sont produits industriellement, la conversion du gaz naturel en produits pétroliers (GTL du Qatar) est devenue une activité hautement lucrative. La liste n’est pas exhaustive et pendant cette lecture les innovations et les adaptations se poursuivent.

     La notion de «transition énergétique» manipulée par la vision écologique actuellement en vogue, laisse accroire que le monde va passer en quelques décennies d’un temps diabolique de mauvaises pratiques polluantes à une ère de pureté écologique faite d’eaux courantes, de vents bienveillants et de soleil. Cette nouvelle forme de croyance réinvente le Ciel et l’Enfer, elle dit ce qui est bon et ce qui ne l’est pas, elle prédit des apocalypses climatiques qui viendront punir les impies qui ont abimé la Nature, elle utilise toutes les formes de propagande et d’intimidations, rappelant parfois de temps plus obscurs, pour imposer son idéologie romantique, vision schématique et dangereuse du monde.

     Dans la réalité cette soi-disant transition miraculeuse n’aura pas lieu. Le monde va vivre sous la contrainte économique et politique de longues phases successives d’adaptation de l’efficacité énergétique des processus et de son mix énergétique, avec des solutions différentes selon la démographie, la géographie et le climat des régions examinées. Ce futur mix évoluant au cours du temps, nul ne sait le prédire en détail mais il va être composé d’un cocktail de lignite, de charbon, de gaz conventionnels ou non (jusqu’aux hydrates de méthane), de pétrole conventionnel ou non, de nucléaire de diverses génération à base de fission ou de fusion, de biomasse, d’hydraulique, d’éolien de plus en plus offshore, de solaire photovoltaïque ou thermique et autres formes d’énergie extirpées des entrailles de la Terre, des vagues et des courants marins.

     La proportion au sein du mix de chacune des formes dépendra de l’accès aux ressources locales, des prix de marché, des applications évolutives à satisfaire et marginalement des choix politiques (interdictions, règlements, quotas, subventions, taxes, tarifs préférentiels, etc.) qui favoriseront telle ressource et défavoriseront telle autre. Pour d’évidentes raisons, les choix dans la composition du cocktail de la Norvège, de l’Arabie Saoudite ou de la Chine ne seront pas identiques.

    Ces évolutions du bouquet énergétique de chacune des nations se dérouleront selon des processus qui ne pourront guère s’éloigner d’un optimum économique local. Il est une chose de vouloir alimenter un réseau électrique avec 90% d’énergies intermittentes, il en est une autre que de le financer (subventions, tarifs préférentiels, etc.) accompagné d’une multitude de dispositifs redondants (stockages onéreux, gestion aléatoire des puissances appelées au travers de Smart-Grids, ressources traditionnelles sous-utilisées en secours pour éviter les délestages intempestifs, etc.) destinés à pallier l’instabilité intrinsèque d’un tel réseau. En raison de ces contraintes économiques il faudra toujours assurer un minimum de puissance de base à ces réseaux électriques. Cette base fait appel aujourd’hui au charbon, au gaz naturel, au nucléaire, à l’hydraulique au fil de l’eau et marginalement à la géothermie. Elle s’enrichira peut-être un jour de fission nucléaire ou beaucoup plus tard encore de possibles exploitations de l’énergie solaire en orbite géostationnaire… là où il fait toujours soleil.

     Un autre exemple schématique est donné par les hypothèses d’utilisation de l’hydrogène «propre» (non issu du gaz ou du charbon) qui apparaissent aux yeux de certains comme la solution pour demain. Un certain grand Ayatollah moustachu de l’écologie française nous prédit des poids lourds mus par l’hydrogène d’ici à quelques années. Il oublie, s’il l’a un jour appris, que cet hydrogène pour être propre ne pourra provenir que de la dissociation d’un corps composé parmi les plus stables sur notre planète: l’eau. Il faudra donc fournir beaucoup d’énergie pour dissocier l’eau puis pour isoler, laver, comprimer, stocker et transporter le gaz dihydrogène si volatil. Lors de son utilisation, la thermodynamique nous apprend qu’une part de l’énergie récupérée se retrouvera sous forme thermique, difficilement valorisable sur un véhicule. Pour ces raisons physiques et thermodynamiques l’hydrogène s’avère être un très mauvais vecteur énergétique (dans les 30% de rendement s’il est «propre», 40% s’il est produit à partir de gaz naturel) en comparaison avec les lignes électriques couplées à des batteries (autour des 75% de rendement)…pas de bol! Il faut donc prévoir, avant ces hypothétiques camions bouffeurs d'hydrogène, de futurs poids lourds et autres bus hybrides alimentés au gasoil, au gaz naturel ou avec des mélanges essence-éthanol présentant des consommations de l’ordre de 20 litres de gasoil aux cent kilomètres ou équivalent, cela semble beaucoup plus réaliste.

     En contrepartie il est possible d’attribuer un avenir majeur au vecteur électrique dans un monde qui va s’urbaniser et dont la population va vieillir. Aujourd’hui la moitié de la population mondiale (3,5 mrds) est urbaine, en 2045 les spécialistes démographes estiment que les deux-tiers des terriens (6 mrds) seront urbanisés le plus souvent dans de grandes agglomérations. Les transports de masse (métro, train, tramway) seront largement électrifiés, le conditionnement d’air et la maîtrise de l'humidité des appartements fera appel à des pompes à chaleur réversibles, les équipements de communication et de loisirs consommeront cette énergie, les équipements de transport individuels (vélo, scooter, voiture) seront le plus souvent électriques, les infrastructures urbaines (éclairage, balisage, feux, publicité, etc.) feront appel à l’électricité. Il faut donc imaginer un monde futur aux consommations énergétiques quasi constantes puis décroissantes, mais avec une part d’énergie électrique distribuée croissante. Une telle évolution sera favorable à la nécessaire substitution compétitive des sources d’énergies. Citons par exemple l’abandon du pétrole dans l’alimentation des centrales électriques, l’arrivée massive du gaz naturel abondant (gaz de schistes) et donc peu onéreux qui percutera la domination du charbon dans certains grands pays asiatiques (Chine sûrement, Inde peut-être), la valorisation des déchets lignocellulosiques comme combustibles ou transformés en biogaz, l’arrivée de nouvelles centrales nucléaires économes en matières fissiles, plus modulables et plus sûres.

     Dans le domaine des transports, ce qui ne sera pas électrique fera de plus en plus appel à des biocarburants devenus moins onéreux que les dérivés du pétrole. Ceci suppose des investissements massifs dans le développement agricole et le financement d’usines rurales de valorisation de la ressource des pays les plus pauvres (Amérique du Sud, Afrique, Asie). Selon les climats la cane à sucre, le maïs ou le manioc pourront par exemple mener au bioéthanol en utilisant la totalité de la plante (amidon et lignocellulose) dans des conditions économiques raisonnables.

    Il n’y aura pas de transition énergétique, mais adaptation continue du mix énergétique intégrant les contraintes économiques et parfois politiques du moment. L’Europe va vivre en temps réel une telle expérience avec l'Allemagne qui veut quitter le nucléaire, ressource énergétique de base précieuse. Il sera utile de voir combien de lignite, de charbon, de gaz supplémentaires vont être mobilisés pour compenser cette disparition à ce jour désirée. L'exemple japonais d'adaptation sera également instructif à suivre.

    Le 19 Mai 2011

  • RWE :des granulés de bois américains pour les centrales thermiques européennes par centaines de milliers de tonnes

    RWE :des granulés de bois américains pour les centrales thermiques européennes par centaines de milliers de tonnes

    Pellets  Une des façons les plus simples d'utilisation de la biomasse consiste à brûler du bois en tout ou partie dans les centrales électriques au charbon. L'électricien allemand RWE est en train de développer sa propre filière de "pellets" confectionnés à partir de grumes de l’État de Géorgie aux États-Unis. Ils seront acheminés par bateau à partir de cet été vers ses centrales thermiques néerlandaise et britanniques. L'électricien annonce qu'il vient d'inaugurer une usine américaine capable de produire annuellement 750 mille tonnes de granulés dans cet Etat le plus boisé des USA après l'Oregon. Ces productions alimenteront tout d'abord la centrale thermique de Amer en Hollande qui brûle déjà 30% de biomasse importée et qui devrait porter cette proportion à 50% tout d'abord puis à 80%. RWE a décidé d'autre part à partir de la fin de cette année de convertir sa centrale britannique de Tilbury de 750 MW à la biomasse jusqu'à sa fermeture prévue au plus tard en 2015. Elle consommera d'ici à sa fermeture dans les 2 millions de tonnes de bois.

     RWE, tout comme d'autres grands Groupes dans le monde, sait que les besoins de granulés et autres biomasses de la part des distributeurs d'électricité européens ou américains va aller en croissant s'ils veulent atteindre les objectifs réglementaires d'énergie renouvelable dans leur mix énergétique. C'est la façon la plus simple d'utilisation de la biomasse à l'aide d'unités largement amorties. Une contrainte cependant: compte tenu de la faible énergie volumique du bois, même compacté en granulés, il faut manipuler des volumes deux fois supérieurs à ceux du charbon pour la même quantité d'énergie de combustion.

    Remarque à mon avis importante: la production mondiale de granulés de bois croît très rapidement. Elle était de l'ordre de 13 millions de tonnes en 2009, dont 8 millions ont été consommés en Europe. Les USA en auraient produits dans les 7 millions de tonnes dont 5 ont été exportées vers l'Europe. Ces volumes restent cependant négligeables par rapport aux 7 milliards de tonnes de charbon brûlés annuellement dans le monde. Une alouette un cheval, la recette du green-washing que pratique RWE avec une aisance toute germanique.

    LIRE le communiqué de RWE sur le sujet.

    Le 16 Mai 2011

  • La demande croissante en Asie pousse les Etats-Unis à devenir de gros exportateurs de charbon

    La demande croissante en Asie pousse les Etats-Unis à devenir de gros exportateurs de charbon

     La production mondiale annuelle de combustibles solides (charbon, lignite) pour applications thermiques ou métallurgiques sont de l'ordre de 7 milliards de tonnes ou 3,4 milliards de TEP. Dans la décennie à venir l'EIA dans sa prévision de 2011 imagine après une pose due à la dernière crise économique, une reprise de la croissance de la consommation de charbon dans le monde, autour des 1,6% par an ou plus de 110 MT de plus par an. Cette croissance sera essentiellement tirée par les pays asiatiques (Japon, Corée, Inde, Chine,…) qui doivent faire face soit à la croissance de leur économie, soit à des revirements dans leur mix énergétique comme il faut l'anticiper pour le Japon. En Europe c'est essentiellement l'Allemagne qui va dès cette année pousser les feux de ses centrales au lignite et au charbon, pour compenser l'arrêt probable de certaines centrales nucléaires. Aux États-Unis la politique de maîtrise des émissions de CO2 par les contraintes règlementaires de certains États auprès des distributeurs d'électricité, tend à favoriser l'utilisation du gaz naturel couplé avec les énergies renouvelables.

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     Pour le patron de Arch Coal, un gros exploitant de mines de charbon américain, ce sont 35 GW de génération d'électricité au charbon qui risquent de disparaître dans la décennie à venir aux U.S.A. mais ce sont 249 GW de centrales au charbon dans le monde qui sont en cours d'instruction et de construction. Cet effet de balance qui va déplacer des consommations de charbon des États-Unis vers l'Asie est bien sûr anticipé par les producteurs de charbon américains qui avec un milliard de tonnes de charbon produit, vont de plus en plus exporter leurs productions vers l'Asie et l'Europe. Ces exportations qui devraient atteindre puis dépasser les 100 MT en 2012 porteraient ainsi les États-Unis vers le TOP 5 des pays exportateurs derrière l'Australie et l'Indonésie, à égalité avec la Russie et devant l'Afrique du Sud et la Colombie. Bien sûr ce changement de destination posera bien des problèmes logistiques pour acheminer le produit vers les ports du Golfe du Mexique via le Mississippi, vers les ports de l'Atlantique pour le charbon des Appalaches où des ports du Pacifique pour les ressources des Rocheuses (FIG.).

     Le commerce mondial du charbon qui ne représente aujourd'hui que dans les 14% à 15% de la ressource annuelle consommée (un milliard de tonnes) devrait croître plus rapidement que la demande moyenne afin de combler les déséquilibres entre production et consommation et ceci malgré les contraintes logistiques inhérentes à la ressource solide. L'Inde par exemple devrait consommer dans les 696 millions de tonnes en 2011-2012 avec une capacité de production et d'acheminement de charbon de 554 millions de tonnes. En implantant ses nouvelles centrales électriques dans les ports, elle va devoir importer plus de 20% de ses consommations de charbon.

    LIRE un papier de Reuters sur le sujet.

    Le 14 Mai 2011

     

  • Florilège des prises de parole de nos représentants à l’Assemblée Nationale le 10 Mai 2011

    Florilège des prises de parole de nos représentants à l’Assemblée Nationale le 10 Mai 2011

     La séance tenue hier à l'Assemblée Nationale portant sur l'exploration-production des gaz de schistes en France a fait l'objet de débats d'une très haute tenue, largement argumentée et d'une rigueur scientifique évidente (normal, certains des intervenants ont même étudié à l’École Polytechnique). Je vous en rapporte certains extraits qui vont illustrer mes propos:

    "La fracturation hydraulique horizontale nécessite trois ingrédients nocifs bien connus maintenant : des quantités d’eau phénoménales, des produits chimiques toxiques pour attaquer la roche et des microbilles de sable à injecter pour maintenir ouvertes les failles."

    "Nous sommes face à une catastrophe potentielle que nous pouvons prévenir au lieu de tenter de pallier ses effets."

    "…pour les entreprises américaines du secteur, notamment la plus grande d’entre elles, Chesapeake, c’est un échec commercial: leurs actionnaires commencent à se mordre les doigts en pensant qu’ils sont plutôt perdants." (FIG. illustrant la catastrophe boursière et étayant ce propos).

    Chesapeake

    "Madame la ministre, commencez par annuler les autorisations de travaux en Seine-et-Marne et, plus globalement, toutes les autorisations d’exploration: si l’exploitation est néfaste pour l’environnement, cela ne sert à rien de commencer les explorations."

    "Fournir du gaz de schiste ou de l’huile de schiste à bas coût portera, nous le savons bien, un coup d’arrêt à la recherche et au développement des énergies alternatives durables et tout autant à la recherche et au développement en matière d’économies d’énergies et d’efficacité énergétique."

    "Une note d’analyses stratégiques publiée ce mois-ci le confirme: «Compte tenu de ces nouveaux gisements, la demande en gaz devrait augmenter de 45 % à l’horizon 2035.» La dictature des marchés s’exercera pleinement en faveur du financement des nouvelles ressources de gaz non conventionnelles, au détriment des autres modes de production d’énergies."

    "Ce serait tout simplement un recul politique après le large consensus du Grenelle 1, cette fois-ci bel et bien relégué au rang de la lampe à huile et de la marine à voile."

    "Faut-il attendre une pollution généralisée de notre territoire pour reconnaître que la course aux hydrocarbures de schiste est une erreur? Destruction des espaces naturels, gaspillage des ressources en eau, pollution des nappes phréatiques, déchets contenant des substances radioactives, production de gaz à effets de serre, etc. Beaucoup d’argent, beaucoup de dégâts, et tout cela pour des puits qui seront exploités entre cinq et dix ans."

    "Attachons-nous, au-delà de cet objectif déraisonnable, au coût socioéconomique et écologique de cette obstination fossile qui m’a fait dire que les gaz de schiste, c’est l’énergie du désespoir; on pourrait dire aussi que l’énergie fossile, c’est l’énergie des dinosaures, alors qu’il faut, au contraire, démontrer notre capacité à évoluer vers un modèle alternatif durable. En fait, les gaz de schiste, dits par euphémisation (sic) calculée «non conventionnels», sont connus depuis longtemps, mais, jusqu’au renchérissement des hydrocarbures, on estimait leur extraction bien trop coûteuse. Ce seul aveu semble coiffer le débat d’une auréole éblouissante de déraison."

     La lecture de tels propos éclairés ne peut que nous rasséréner sur la qualité de notre représentation démocratique et sur la perspicacité de la dernière phrase citée.

     Pour identifier les auteurs de ces citations qui entreront à coup sûr dans l'Histoire, vous pouvez vous reporter au C.R. de débats de l'Assemblée Nationale.

     Plus sérieusement vous pouvez lire aussi une déclaration de grands chimistes français qui s'insurgent contre ce simulacre de débat "démocratique" où les plus gueulards l'emportent.

    Le 11 Mai 2011

     

  • Les Provinces canadiennes commencent à publier les estimations de réserves de gaz non conventionnels

    Les Provinces canadiennes commencent à publier les estimations de réserves de gaz non conventionnels

      Canada-2011

     Le Ministère de l’Énergie et des Mines de Colombie Britannique vient de publier avec panache les réserves de gaz de schistes évaluées pour le gisement du bassin de la Horn River situé au Nord-Est de la Province. Une nouvelle estimation des réserves ultimes s'élève à 2198 milliards de mètres cubes de gaz qui viennent s'ajouter pour l'ensemble du Canada, aux estimations de 9,7 milliers de milliards de m3 de réserves ultimes de gaz conventionnels encore à exploiter. Bien sûr cette publication sera suivie de nombreuses autres. Rappelons que l'EIA estime les réserves de gaz de schistes canadiens à 11 000 milliards de m3 ce qui ferait du Canada le sixième plus gros propriétaire de gaz de schistes au monde.

     Ceci contraste avec le cas de la France classée fort honorablement à la onzième place mondiale, fait qui bien-sûr attriste ceux qui nous dirigent. C'est économiquement très bon mais ce serait politiquement destructeur, or on sait qu'en France ce sont les arguments politiques qui priment toujours sur l'économie. Les exemples anciens ou récents étayant cette affirmation seraient trop nombreux pour être énumérés ici. Attendons sans illusion les débats parlementaires sur ces éthers diaboliques.

    LIRE le papier publié sur ce sujet.

    Le 8 Mai 2011

  • La facture énergétique de la France s’est accrue en un an de 37% au premier trimestre 2011

    La facture énergétique de la France s’est accrue en un an de 37% au premier trimestre 2011

     Sur les trois premiers mois de l'année le déficit du commerce extérieur de la France hors matériel militaire, a atteint 22 milliards d'euros soit un accroissement de 43% par rapport à celui du même trimestre d'il y a un an. La facture énergétique représente avec près de 16 milliards, 72% de la facture hors matériel militaire. Elle est en croissance de 37% par rapport à il y a un an (TAB.).

    Solde commerce exterieur-2011-03

    Les importations de pétrole brut à plus de 9 milliards d'euros sont en croissance de 55%, celles de gaz naturel à 3,8 milliards croissent de 37% et le solde des produits raffinés à 2,9 milliards d'euros se creuse de 22%. Seul le solde des échanges d'électricité progresse et les importations de houille restent stables en valeur.

    Une courbe illustrant le dramatique décrochage commercial de notre pays:

    France-solde-trimestriel

    Pour en savoir plus voir le site des Douanes.

    Le 6 Mai 2011

     

  • Etats-Unis: les biocarburants et les gaz naturels non conventionnels devraient assurer une large part de la croissance des consommations énergétiques d’ici à 2035

    Etats-Unis: les biocarburants et les gaz naturels non conventionnels devraient assurer une large part de la croissance des consommations énergétiques d’ici à 2035

     L'Energy Information Administration vient de publier les bonnes pages de son Energy Outlook 2011. Dans le scénario central de ce travail qui estime pour les 25 prochaines années les consommations énergétiques américaines, si importantes pour le devenir du monde, il apparaît qu'entre 2008 et 2035 la consommation globale d'énergie de ce grand pays devrait croître en moyenne de 0,5% par an. Il faut se reporter au scénario "Low economic growth" pour déceler une quasi-stagnation de ces consommations avec un rythme moyen de 0,2% par an. Ceci nous change des scénarios débridés d'il y a quelques années, mais l'Administration américaine n'a toujours pas intégré qu'un jour la consommation d'énergie de ce pays pourrait se stabiliser et même décroître.

    EIA-EO-2011a

     Un tel exercice prévisionnel est toujours entaché de bien d'incertitudes. Dans ce travail c'est la part du charbon dans le bilan énergétique américain des décennies à venir qui pose le plus de questions. En effet son importance relative dépendra des règlements à venir susceptibles de limiter son utilisation en particulier dans la génération d'électricité. L'EIA manipule plusieurs hypothèses de fermetures de centrales au charbon qui pourraient aller de 8,8 GW dans le scénario de base à 73 GW dans le scénario le plus défavorable au charbon. Dans le scénario de base l'EIA fait croître sa consommation entre 2008 et 2035 de 0,3% par an (FIG.I).

    EIA-EO-2011b

     La ressource la plus importante dans les consommations d'énergie, largement déterminée par les transports, restera les carburants liquides issus du pétrole et de la production de biocarburants. Ils occupaient 38% des sources d'énergies en 2008, ils devraient perdre deux points de pour-cent d'ici à 2035, avec une croissance annuelle moyenne de 0,3% dans le scénario de référence. Mais fait remarquable, cette croissance devrait être assurée par les biocarburants et marginalement par l'arrivée de carburants de type Fischer-Tropsch issus du gaz ou du charbon (FIG.II). Les biocarburants qui représentaient 3,4% des volumes en 2008 en représenteront plus de 11% en 2035. Dans un scénario plus probable appelé "High oil price" la part des biocarburants avec 2,9 millions de barils/jour, atteint même 13,6% en volumes en 2035. Il faut donc anticiper pour les années à venir une baisse des importations de pétrole américaines et une montée de l'utilisation des biocarburants qui sera d'autant plus accentuée que les prix du baril seront élevés. Le prix du baril de brut détermine pour une large part la rentabilité des opérations de synthèse des biocarburants et détient donc une des clés de la décision d'investir dans les unités industrielles de production.

    EIA-EO-2011d

     La deuxième ressource par ordre d'importance est le gaz naturel (FIG.I). Son utilisation est en particulier tirée par la consommation d'électricité qui dans le scénario de base devrait croître d'un pour-cent par an et passer de 3745 TWh en 2009 à plus de 4900 TWh en 2035. Cette progression devrait entraîner une croissance des productions de toutes les formes de génération d'ici à 2035, à l'exception de l'utilisation du pétrole dans les chaudières (FIG.III). Dans le scénario de base c'est le gaz naturel qui avec une croissance prévue de 391 TWh entre 2007 et 2035 qui connait la plus forte progression en valeur absolue. Cependant dans un contexte de gaz abondant et peu cher on peut légitimement douter de la croissance prévue de l'utilisation du charbon.

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     Cette plus grande utilisation du gaz naturel se traduit par des modifications radicales dans l'origine du gaz brûlé dans les centrales (FIG. IV). L'EIA prévoit une forte croissance de la part des gaz non conventionnels (grisou, gaz de grès et gaz de schistes) qui représenterait 75% des ressources de gaz contre 50% aujourd'hui et de l'amoindrissement de la part du gaz conventionnel et une quasi disparition des importations nettes. Il est à souligner que cette croissance des gaz non conventionnels aux États-Unis est essentiellement due à celle des gaz de schistes qui représenteront en 2035 autour des 62% de la ressource non conventionnelle. (Rappelons que la représentation parlementaire française, dans sa grande clairvoyance proverbiale, s'apprête à bannir cette ressource diabolique de notre pays. Vade retro satanas! Le gaz de schiste ne passera pas!).

    EIA-EO-2011f  Il est intéressant pour comprendre ce succès du gaz naturel de se reporter à l'estimation que fait l'EIA des prix moyens du MWh d'électricité sur toute la durée de chacune des installations, c'est le "levelized power cost", calculé à partir du cumul des coûts divisé par le cumul des productions de la centrale pour la totalité de la vie estimée de l'installation. Il apparaît que ce coût moyenné (FIG.V) ressortirait en 2020 à 68 $/MWh pour une centrale au gaz à cycle combiné, à 99 $/MWh pour l'éolien, à 110 $/MWh pour le charbon et à 114 $/MWh pour une centrale nucléaire. Les faibles niveaux d'investissements et de coûts fixes par MWh rend très attractive la solution au gaz naturel.

     Quand aux énergies renouvelables (hors biocarburants) l'EIA leur voit un sort brillant mais qui dépendra pour une large part des mesures règlementaires décidées par les Etats et des aides fédérales accordées. C'est la raison pour laquelle l'essentiel des progrès de l'éolien seront réalisés d'ici à 2012. La puissance des installations renouvelables, hors hydroélectricité, passerait de 47 GW en 2009 à 100 GW en 2035. La contribution de ces équipements au bilan énergétique global (FIG.I) resterait encore autour des 10%, venant des 7% aujourd'hui. La révolution verte n'est pas encore programmée par le DOE.

     En conclusion il faut retirer de cet exercice traditionnel de projection à 25 ans du Department of Energy américain des indications fortement entachées d'incertitudes liées aux règlementations qui pourront entrer en vigueur d'ici là. Le sort du charbon par exemple est étroitement lié à ces décisions. Mais il existe dans cette projection des points forts portant sur la croissance des biocarburants tirés par un pétrole rare et cher, portant sur la montée en puissance des gaz non conventionnels et la poursuite probable des énergies renouvelables non hydrauliques quoique leur sort soit lié au bon vouloir des aides financières de la collectivité endettée.

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    Le 1er Mai 2011