Catégorie : énergie fossile

  • Les gaz non conventionnels une ressource énergétique stratégique pour l’Europe

    Les gaz non conventionnels une ressource énergétique stratégique pour l’Europe

     L'exploitation des gaz non conventionnels en Europe a déjà démarré. L'aventure a sérieusement débuté en 2005 en Allemagne, près de la frontière Nord des Pays-Bas, sur le forage LEER Z4, avec Wintershall et Gaz de France (opérateur). Ce forage horizontal avec fracturations dans des grès très compacts surplombant à 4300m de profondeur de larges couches du Carbonifère a produit 10,2 MMcf (millions de pieds cubes) de gaz par jour en 2007 et 6,7 MMcf par jour en 2008. Depuis de nouveaux forages LEER Z5 et Z6 ont été réalisés.

    North European Permian Basin

     Cette aventure se poursuit activement en Pologne (FIG.) qui a accordé 70 concessions d'exploration-production depuis deux ans. La Pologne pour des raisons historiques, ne veut pas dépendre de son trop gros voisin la Russie pour son approvisionnement en gaz naturel. La Compagnie polonaise PNGiG associée à FX Energy vient de mettre en production dans ces mêmes grès de Rotliegen, dans la concession de Fences située dans le quart sud-ouest de la Pologne un forage qui débite 7,7 MMcf de gaz par jour et dont le débit pourrait monter jusqu'à 13,4 MMcf par jour. Les réserves prouvées et estimées de ce gisement seraient comprises entre 26 et 36 Bcf (milliards de pieds cubes, il faut diviser par 35,3 pour passer du pied cube au mètre cube).

     Voila deux exemples ponctuels d'exploitation de "tight gas" ou "gaz de grès" en Europe. Les réserves de gaz non conventionnels en Europe ne sont pas connues, tout simplement parce que les travaux de prospections systématiques qui ont demandé 30 ans de travail aux États-Unis, n'en sont qu'à leur début en Europe. Florence Gény dans sa récente synthèse, cite Rogner qui avance 1255 Tcf (1,2 million de milliards de pieds cubes) de réserves réparties entre les trois types de gaz non conventionnels (gaz de houille, gaz de grès et gaz de schistes). Le CERA avance pour sa part des réserves européennes de gaz non conventionnels qui seraient cinq fois plus élevées, à 6115 Tcf. Pour avoir un ordre de grandeur il faut savoir que les consommations annuelles de gaz naturel en Europe se sont élevées en 2009 à 17 Tcf. En se projetant en 2020 ou 2025 où les consommations annuelles en Europe de gaz naturel se seront accrues vers les 20 à 25 Tcf sous l'impact de la montée des cours du pétrole, on peut imaginer des réserves de gaz non conventionnels qui représenteraient, au bas mot, autour de six à sept décennies de la consommation totale de gaz. Si l'on tient compte des réserves de gaz conventionnels il semblerait aujourd'hui que l'Europe dispose de plus d'un siècle de gaz à sa disposition. Laissons à d'autres le soin de faire des calculs plus précis qui s'avèreront être erronés au lendemain de leur parution.

    Gaz non conventionnels Europe

     Comme le montre cette carte imagée, issue du rapport de Florence Gény, il ne faudrait pas que le lecteur à la sensibilité "précautionneuse" ou "josébovéenne" à fleur de peau, se persuade qu'en rejouant l'air de "Gardarem lou Larzac", il sauvera l'Europe d'une pollution généralisée de ses nappes phréatiques. De nombreux pays (Suède, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Autriche, Pologne,etc.) ont bien compris l'importance de ces ressources en gaz non conventionnels et se préparent à leur mise progressive en exploitation durant la décennie à venir. Cependant, il ne semble pas qu'ils aient également décidé pour cela de polluer les nappes phréatiques environnantes.

    Pour en savoir plus et peut-être pour parler de façon plus pertinente du sujet, il faut lire ou consulter:

     Le précieux rapport de Florence Gény. Un intéressante présentation de GDF-Suez montrant l'empreinte au sol des forages et proposant un mode intéressant de forages en clusters. Une présentation GDF de 2006 qui montre l'état d'avancement des connaissances et des technologies en Allemagne cinq ans auparavant. L'annonce de FX Energy portant sur ses récentes découvertes en Pologne. Les activités de FX Energy en Pologne et ailleurs.

    Le 9 Mars 2011

  • Janvier : le solde du commerce extérieur plombé par les importations de gaz naturel et de pétrole

    Janvier : le solde du commerce extérieur plombé par les importations de gaz naturel et de pétrole

     Le solde du commerce extérieur de la France est devenu une charge de plus en plus lourde à assumer. C'est un lourd tribu payé aux pays fournisseurs en échange de leurs ressources énergétiques, de leurs métaux, de leurs modules photovoltaïques, de leurs équipements électroniques de loisir et de leurs habits de pacotilles. Les Français consomment allègrement de l'énergie et des produits venant d'ailleurs sans que quiconque ne leur dise qu'une certaine modération serait la bienvenue. Le moteur…c'est la consommation dit le Politique! Mais il nous mène droit dans le mur ce soi-disant moteur, en ponctionnant nos ressources empruntées.

    Les résultats du mois de Janvier publiés par les Douanes illustrent parfaitement ce propos (TAB.)

    Solde commerce exterieur

    Sur les douze derniers mois le solde cumulé apparait en perte de 53 milliards d'euros en aggravation de 2,3 milliards d'euros par rapport à fin Décembre. Hors matériel militaire ce solde sur 12 mois est même en rouge de 68 milliards.

     Cette détérioration des échanges de biens matériels au mois de Janvier est à imputer pour les deux tiers à deux postes: le solde des importations de pétrole et de celles de gaz qui s'aggravent respectivement d'un milliard d'euros et de 475 millions par rapport au même mois de 2010. La faute aux augmentations de prix du pétrole et aux indexations des prix du gaz sur ces derniers. En Janvier le cours moyen du Brent avait atteint 96,4 euros/baril. Cela signifie que cette hausse des prix de l'énergie en Janvier n'était qu'une mise en bouche par rapport au copieux festin de pétrole et de gaz qui nous attend.

    Solde commerce extérieur

     Au rythme ou vont les évènements la barre des 60 milliards d'euros de déficit sur 12 mois sera rapidement franchie (FIG.) pour se diriger ensuite vers les 70 milliards. On n'arrête pas le progrès.

     Le plus étonnant dans tout cela est le mutisme de ceux qui nous dirigent et de ceux d'opposition de gauche. C'est vrai que pour l'instant, ils ont plutôt les regards braqués vers la courbe des sondages portant sur des résultats d'hypothétiques élections futures qui ressemble pour les uns comme pour les autres à celle du solde du commerce extérieur de la France. C'est mal barré!

    Le 8 Mars 2011

  • Et si les consommations de pétrole au sein des pays OCDE reprenaient leur repli amorcé il y a cinq ans

    Et si les consommations de pétrole au sein des pays OCDE reprenaient leur repli amorcé il y a cinq ans

     Si en 2006 un respectable prévisionniste avait annoncé que les consommations de pétrole des pays de l'OCDE, les plus développés alors, étaient en train de connaître leur maximum et que dans les années à venir malgré une progression du PIB, ces consommations allaient décroître, il est probable qu'il aurait provoqué bien des remarques. Rappelons qu'en 2007 dans son Medium Term Oil Market Report, l'Agence Internationale de l'Énergie prévoyait, sur la base d'une progression des PIB, une croissance annuelle des consommations au sein de l'OCDE de 0,5 million de barils/jour. Elles devaient passer selon cette officine de 49,6 à 52,1 millions de barils/jour entre 2007 et 2012 et auxquelles s'ajoutaient les valeurs à croissance encore plus vive des consommations des pays NON-OCDE. Bien entendu ces prévisions avaient participé à la création du climat favorable à l'envol des cours pétroliers dès l'année suivante.

    OCDE-conso-pétrole
     Un examen a posteriori de ces consommations (FIG.) montre qu'entre 2006 et 2010 ces consommations sont passées de 50 à 46 millions de barils/jour et qu'elles sont bien loin des prévisions de 2007. Décroissance de 8% observée malgré un PIB chaîné qui s'est accru entre-temps de deux points (base 100 en 2000). Entre les deux il y a eu l'envolée des cours, la crise financière et la crise économique.

     Ce résultat montre que les modèles de prévision des consommations en produits pétroliers basés sur la croissance des PIB sont sûrement toujours valides pour les pays NON-OCDE qui sont en phase de développement et d'équipement, mais ils ne s'appliquent plus aux pays vieillissants et largement urbanisés de l'OCDE. L'accroissement d'activité agit toujours sur la consommation de pétrole, nous l'avons vu en 2010, mais bien d'autres paramètres tendent à améliorer l'efficacité énergétique des processus où à substituer d'autres ressources énergétiques au pétrole. Ils agissent négativement sur ces consommations.

     Dans cette compétition entre croissance économique et réduction-substitution des consommations il existe un régulateur très puissant: le prix du baril de pétrole. On l'a vu monter en puissance en 2006 et 2007 mais surtout durant la première moitié de 2008. Par la suite les diverses crises sont venues se superposer à ce phénomène en laissant derrière elles une baisse irréversible des consommations OCDE de 4 millions de barils/jour. Cette baisse peut s'expliquer par un certain transfert des activités consommatrices vers les pays NON-OCDE, mais surtout par la disparition d'activités non rentables.

    Les diverses officines prévoient pour 2011 et 2012 une croissance des consommations de pétrole dans le monde accompagnées d'une stagnation des consommations des pays OCDE à 46 millions de barils/jour pour l'EIA américaine et pour l'IEA à Paris (FIG., points pour 2010,2011 et 2012). Or les évènements dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (MENA) nous indiquent que les cours du brut relancés par les liquidités financières mondiales et par le climat politique chez certains pays producteurs, vont rester durablement élevés. Une croissance au-delà des 140 dollars le baril peut être raisonnablement anticipée à ce jour.

    Il devient alors fort probable que sous la stimulation des prix du brut, les pays OCDE vont accélérer les actions de réductions des consommations et  les mesures de substitutions de pétrole. Ces multiples actions porteront sur l'arrêt progressif des consommation de pétrole dans la génération électrique et le chauffage, sur l'achat de véhicules automobiles plus sobres (légers, hybrides, diesel, gaz naturel comprimé, etc.), la baisse du trajet moyen des véhicules, l'optimisation de la logistique dans les transports, etc.

    Compte tenu des tendances observées entre 2006 et 2008 il est possible d'espérer une baisse annuelle des consommations de pétrole dans l'OCDE de l'ordre de 0,5 million de barils/jour. On peut alors pronostiquer une consommation OCDE de pétrole et biocarburants aux environs de 45 millions de barils/jour à fin 2012 avec une contribution des biocarburants autour de 1,4 million de barils/jour.

  • Quelques évidences pour essayer d’infléchir la politique énergétique de la France

    Quelques évidences pour essayer d’infléchir la politique énergétique de la France

    Parler de politique énergétique de l’Europe c’est hurler au milieu du désert, c’est se heurter à l’incompétence profonde de ceux qui gèrent les institutions européennes, faute de structures dédiées à la collection des données, à la compréhension des grandes tendances et à la réflexion pour imaginer le futur. Devant ces profondes carences institutionnelles européennes il est nécessaire de réduire le champ de réflexion au seul domaine de la France qui pourrait servir de modèle. Alors quelles sont les évidences qui doivent servir de base à l’élaboration d’une telle politique énergétique?

    1- Il faut accélérer la réduction de la consommation en produits pétroliers de notre pays:

    La facture de la France en 2010 s’est élevée à 9,5 milliards pour les produits raffinés et à 26,6 milliards pour le pétrole brut (LIRE). Elle sera à coup sûr bien supérieure en 2011 (prévoir entre 30 à 50% d’augmentation semble à ce jour réaliste). Les opérateurs du Marché du pétrole et produits dérivés ont compris qu’un dirigeant allumé libyen, responsable d’une production marginale au niveau mondial, pouvait subitement faire flamber les cours. Tous ces évènements récents vont conduire durablement à des cours pétroliers d’une très grande variabilité avec une tendance longue à la hausse, processus démarré depuis 2004 où le baril valait 40 dollars.

    France-conso-fioul-gasoil

    Il va donc falloir très rapidement arrêter de brûler du fioul dans les chaudières domestiques ou industrielles de notre pays. Avec 13,6 millions de tonnes, la consommation de fioul domestique en 2009 a représenté près de 17% des 80,9 millions de tonnes de produits pétroliers consommés en France (FIG.). Alors arrêtons les primes à la cuve et autres mesures débiles. Il est et il va devenir de plus en plus abscon d’un point de vue économique de brûler du pétrole pour se chauffer. Comment accélérer la transition vers un chauffage sans pétrole dans notre pays vers la biomasse, le gaz naturel ou l’électricité intelligente sous forme de pompe à chaleur? Tel devrait être un des problèmes de nos dirigeants.

    Une autre voie est de développer l’utilisation des biocarburants soit en les produisant sur place (la jachère européenne obligatoire n’a plus cours depuis 2009) soit en les important. Mieux vaut alimenter nos véhicules en éthanol brésilien ou américain qu’en essence issue de pétrole moyen-oriental. Le passage au E15 (essence à 15% d’éthanol) ferait économiser 10% de la consommation d’essence du Super 95 qui a représenté 6,5 millions de tonnes de consommations en 2009. Le biodiesel et le biokérosène provenant de corps gras aujourd’hui, de sucre (Amyris) et autres biomasses demain doivent être également encouragés. Le débat surréaliste sur les « Land Use Change » induites par le déplacement des cultures et la réduction des émissions de CO2 par les biocarburants est sans aucun intérêt. Les biocarburants sont des ersatz de produits pétroliers et sont de ce fait très utiles. Demain ils deviendront indispensables.

    Bien sûr dans les transports routiers il faut encourager la transition vers les véhicules hybrides (VL et PL) en réduisant règlementairement les délais nécessaires aux constructeurs pour atteindre de plus faibles émissions moyennes de CO2. Les émissions de CO2 de la France dans les transports n’ont que bien peu d’effet sur le climat de notre planète mais elles auront un effet de plus en plus destructeur sur la facture pétrolière. Réduire les émissions de CO2 c’est maîtriser notre facture pétrolière, impôt payé pour les Princes arabes. Il ne faut plus parler tonnes de CO2 (d’ailleurs qui sait peser le CO2) mais milliers d’euros dépensés. Allez, je vais vous donner la clé: lorsque vous achèterez du gasoil à 1,5 euro le litre à la pompe, du pot d’échappement de votre voiture s’échappera du CO2 qui vous reviendra à 563 euros la tonne (LIRE) ce qui rend bien insignifiante la défunte taxe carbone qui devait s’élever à 30 euros la tonne.

    Le Groupe Peugeot-Citroën améliore sa solution micro-hybride avec la deuxième génération qui consiste à coupler à une traction diesel un alterno-démarreur (Valeo) alimenté par deux supercapacités 2,7V; 1200F (Maxwell) et d’un booster électronique (Continental) montés en parallèle sur une batterie au plomb de 70Ah. Après tout pourquoi pas s’il réduit les consommations de gasoil de ses voitures de 10 à 15% en cycle urbain. Mais il faudra que ce Groupe accède également aux solutions full-hybrides, rechargeables ou non, avec batterie au Lithium pour voir réellement baisser les consommations de ses véhicules les plus prestigieux dans un premier temps. Les constructeurs allemands ne sont guère mieux lotis avec un considérable retard par rapport à Toyota et Honda sur l’hybridation. Mais la volonté de réussir et de rattraper le retard de plus d’une décennie est évidente.

    Rouler dans une voiture hybride diesel ou alimentée par de l’essence E15 est la solution pour faire encore baisser les consommations moyennes en produits pétroliers des véhicules vendus en France.

    La réduction de masse de ces véhicules doit faire l’objet de grands développements impliquant les producteurs de matériaux composites. Les marques allemandes de prestige (BMW, Mercedes), larguées sur ce point, ont affiché leur volonté de progresser en s’alliant avec les grands industriels des matériaux composites américains et japonais (LIRE).

    La voiture électrique promue par Nissan-Renault participera au rythme des capacités de production des batteries dans le monde, à cet effort de réduction des consommations. Peugeot allié à Mitsubishi Motors devrait également tirer son épingle du jeu dans le domaine. Les constructeurs français plutôt largués au départ avec des véhicules électriques hideux d’un autre âge, ont finalement bien réagi pour aborder la future transition électrique dans de bonnes conditions.

    2- la France doit participer à la promotion d’un marché libre mondial du gaz naturel et favoriser l’utilisation de cette ressource abondante:

    Les marchés de gaz naturel étalés sur plusieurs décennies négociés avec des clauses d’indexation des cours sur ceux du pétrole doivent être interrompus. La soi-disant sécurité d’approvisionnement que ces contrats confèreraient à notre pays doit être remise en cause. La meilleure des sécurités consisterait plutôt à disposer de nombreux fournisseurs dans le monde. La facture pour la France en 2010 s’est élevée à 11,3 milliards d’euros en augmentation de 8% alors que les cours mondiaux du gaz avaient baissé. Il y a du gaz naturel partout dans le monde sous forme de ressources classiques onshore ou offshore, sous formes de gaz de houille (coal bed methane ou grisou), de tight gas (gaz dans des matériaux peu poreux) ou de gaz de schistes. Dans un siècle ou deux ce seront les hydrates de méthane qui seront exploités. La liquéfaction de ces gaz et leur transport par méthaniers en fait une matière première énergétique mondiale de premier plan qui peut être livrée dans n’importe quel port pour peu qu’il soit aménagé pour les accueillir (la regazéification pouvant être réalisée à terre ou à bord de certains bateaux les plus modernes). Le gaz naturel est la forme d’énergie primaire du siècle en raison de son prix abordable, de sa large disponibilité et de sa combustion peu polluante dans des turbines à très hautes températures.

    La France avec sa large façade maritime se doit donc d’équiper un nombre suffisant de ports pour pouvoir acheter des chargements de gaz naturel sur le Marché libre. En parallèle elle doit se désengager rapidement de contrats d’approvisionnement à long terme indexés aujourd’hui dépassés. L’abandon du projet de port méthanier du Verdon en Gironde, dans le but naïf de faire plaisir au josébovéisme à l’approche d’élections, a été une grande bêtise économique de ceux qui nous dirigent.

    Remplacer une partie du fuel domestique consommé aujourd’hui par du gaz naturel tel doit être l’objectif. La construction d’une douzaine de centrales électriques au gaz naturel à cycle combiné permettrait également de moins importer de puissance électrique en pointe en provenance de chez nos voisins européens. Le solde des échanges positif d’un milliard d’euros enregistré en 2010 pourrait être multiplié par deux ou trois et participer ainsi à la croissance du PIB de notre pays.

    Les poids lourds équipés d’une double source embarquée de gasoil et de gaz naturel (voir Volvo Trucks) peuvent constituer une première alternative de réduction des consommations de produits pétroliers. En ville des bus hybrides alimentés au gaz naturel comprimé constituent une solution élégante (voir Hyundai).

    Plus tard, lorsque l’Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne auront démontré qu’on peut extraire des gaz de schistes du sous-sol sans danger majeur pour l’environnement, alors notre pays gaulois pourra s’assoir sur ses préjugés et tenter d’en découvrir dans son sous-sol. Le ciel ne lui tombera pas sur la tête. Au préalable il faudra modifier la loi pour que les paysans français puissent toucher des royalties sur les gaz extraits, seule solution pour contrer le précautionnisme ambiant.

    3-La France doit moderniser et actualiser ses solutions électronucléaires:

    Après le développement et l’industrialisation pénible et mal emmanchée de son nouveau générateur franco-allemand EPR, la France se doit de développer des modèles moins « lourds » de générateurs électronucléaires. Le développement commun du générateur 1000 MW ATMEA entre Mitsubishi Heavy (MHI) et AREVA est une formidable opportunité pour enrichir la gamme et surtout pour obtenir une estampille asiatique, zone du monde où seront implantés 90% des réacteurs du futur. Il ne faut pas être grand clerc pour découvrir que le futur du nucléaire mondial sera japonais (Toshiba, Hitachi, MHI), coréen (Hyundai, Samsung) et chinois. Dans un tel contexte le concept « d’équipe de France du nucléaire » ressort de la plaisanterie de peuplades rustiques et attardées de tout à fait en haut et à gauche de la Carte du Monde du XXIème siècle (FIG.).

    Pacific-rim

    Il aura fallu à ceux qui nous dirigent plusieurs années pour comprendre l’importance de cette diversification (voir MHI). Espérons que MHI ne sera pas découragé par tant d’hésitations.

    4-et présenter une grande sélectivité dans les Energies renouvelables:

    Jeter l’argent du contribuable ou taxer le client d’EDF, ce qui est la même chose, par les fenêtres fussent-elles écologiques n’est pas pertinent. Les énergies renouvelables avec la montées des prix des énergies primaires trouveront toutes un jour leur break-even. En attendant les subventions massives attribuées à ces ressources faussent le marché et créent des rentes de situation qui n’ouvrent que bien peu de perspectives à long terme.

    Pour les biocarburants de première génération issus du sucre ou du maïs ils ont presque atteint ce break-even, à condition que les cours des denrées de base reviennent à des niveaux raisonnables. L’utilisation de procédés mixtes utilisant une partie des tiges et des feuilles de maïs (Poet) devrait faire assez rapidement atteindre à ces procédés leur seuil de rentabilité sans aucune subvention. Les productions américaines sont à la pointe sur ces procédés et il faut s’en inspirer. Une opportunité pour ces produits: le biokérosène qui sera la seule voie efficace pour le transport aérien de respecter ses objectifs de réduction d’émissions de CO2. Les Compagnies aériennes seront prêtes à payer plus cher leur carburant pourvu qu’il ait l’estampille « bio ».

    Pour l’éolien, la faible puissance surfacique du procédé impose en Europe de déplacer la ressource en mer. L’accroissement des puissances des turbines vers les 6 MW puis vers les 10MW devrait permettre d’aller friser des prix de revient du MWh raisonnables à condition de ne pas trop s’éloigner des côtes, en raison des prix dissuasifs des lignes HVDC acheminant le courant. Ces lignes peuvent être amorties par l’achemineur ou le distributeur de courant et non par l’exploitant des éoliennes. Séparer la production d’électricité de l’acheminement et de la distribution de courant électrique apportera de la souplesse aux financements de ces ressources. Il n’est donc pas urgent de développer d’immenses projets offshore en France. Il faut donner les moyens de R & D aux acteurs locaux (AREVA-MULTIBRID et Alstom) de mener à bien les développements de leurs futures éoliennes de plus de 6MW, mais il n’est pas évident que Siemens leur laissera le temps nécessaire pour faire tranquillement leurs développements industriels. Ils risquent de n’être que de piètres « nice followers » toujours en retard d’une génération.

    Pour le photovoltaïque il est nécessaire de définir un cahier des charges d’un module de faible coût et de très forte puissance qui permettrait de réduire les coûts d’implantation des modules (LIRE). Un objectif « tout compris raccordé au réseau » d’un euro par watt semble raisonnable. Les techniques CIGS sont susceptibles de permettre d’atteindre cet objectif avec des productions automatisées. En France c’est Saint-Gobain qui tient la corde avec sa filiale allemande Avancis et son alliance coréenne. Là aussi, il faut aider ce Groupe en R & D pour qu’il puisse développer des modules de très forte puissance (>240W) mais il n’est pas urgent de recouvrir notre pays de modules photovoltaïques hors de prix. La France a importé en 2010 pour plus d’un milliard de ces modules.

    Remarque: devant les progrès du photovoltaïque, le solaire thermique ne semble présenter qu’un intérêt marginal. Il pourrait éventuellement être couplé à des centrales au gaz naturel par exemple.

    Consulter les consommations annuelles françaises de produits pétroliers INSEE

    Le 25 Février 2011

  • Le forage horizontal avec multi fracturation hydraulique transforme totalement les données énergétiques mondiales

    Le forage horizontal avec multi fracturation hydraulique transforme totalement les données énergétiques mondiales

     L'Homme a toujours su utiliser son imagination et son savoir-faire technologique pour accroître sa puissance et son bien-être. Abattre de grands arbres, exploiter en sous-sol les veines de charbon, produire et distribuer du gaz de houille toxique puis du gaz naturel, utiliser la fission nucléaire et en capter l'énergie, construire d'immenses plateformes offshores de forage pour atteindre des gisements de gaz ou de pétrole sont toutes des activités hautement périlleuses. Mais elles contribuent à apporter puissance, mobilité et confort à l'humanité. L'enjeu en vaut la chandelle, le rapport avantages/risques est jugé largement positif. Il ne me semble pas, malgré la réaction écolo-précautionneuse affichée, que ce mouvement de progression technologique de l'humanité soit tombé subitement en panne.

     Durant la dernière décennie, ce sont d'aventureuses Sociétés opératrices dans les gaz non conventionnels comme Mitchell Energy & Development rachetée en 2002 par Devon qui ont mis au point en 2005 la technologie de forage horizontal associée à la fracturation hydraulique des schistes de Barnett. Cette technologie reprise et perfectionnée par d'autres petits acteurs américains sur d'autres sites a permis de mettre au point en 2007 le "multi-stage fraccing" qui consiste à effectuer plusieurs fracturations hydrauliques tout au long d'un forage horizontal. Elles peuvent atteindre à ce jour entre 10 et 20 opérations de fracturations pour un seul forage (FIG.).

    Fraccing

     Cette technologie a déjà bouleversé l'équation de l'approvisionnement en gaz naturel des États-Unis qui il y a quelques années imposait d'importer de plus en plus de gaz liquéfié et qui maintenant affirme être très proche de l'auto-suffisance grâce aux productions locales non conventionnelles de gaz. Elles ont compté pour 50% des productions américaines en 2009 (EIA) et sûrement plus en 2010.

     Ces techniques vont se développer encore sur de plus longs forages horizontaux et être adaptées à divers types de roches contenant du gaz et divers pétroles. Cela veut dire que de nombreux gisements jugés jusque là économiquement non rentables ou épuisés vont pouvoir peu à peu être mis ou remis en exploitation; d'autres gisements aux productions actuelles médiocres vont pouvoir débiter plus. Des milliards de dollars sont investis dans ce domaine aux États-Unis par les Majors mondiaux du pétrole et du gaz. L'EIA avance que ces nouvelles technologies, plus économiques que les forages offshore, vont apporter une croissance des productions américaines de pétrole de 0,5 million de barils/jour, d'autres prévoient des croissance bien plus élevées, entre un et deux millions de barils/jour. A terme, avec la démocratisation de ces technologies, c'est l'aptitude à extraire plus à fond le pétrole des réserves exploitées dans le monde qui est en jeu. Gagner dix points sur le taux d'extraction (recovery factor) c'est à terme 700 à 800 milliards de barils de pétrole en jeu, c'est 100 ans d'extraction supplémentaire à 20 millions de barils/jour en moyenne. On peut imaginer une fin de l'extraction rentable du pétrole qui s'étalerait sur plus d'un siècle sous réserve que d'ici là, de futures ressources énergétiques plus jeunes et moins polluantes ne l'aient pas définitivement supplanté.

    Fraccing-solution

     Le forage horizontal à fracturation multiple semble donc être une technologie très efficace, elle présente cependant plusieurs inconvénients majeurs:

    – elle utilise de l'eau, de l'ordre de 8 à 12 mille m3 par puits,

    – la solution aqueuse de fracturation est composée de produits chimiques divers (TAB.) qui ne sont pas de violents poisons après dilution mais qu'il vaut mieux contenir et si possible récupérer. Citons par exemple des sables qui maintiennent les fissures ouvertes, de l'acide chlorhydrique qui va dissoudre certaines roches basiques, des huiles, des surfactants, des gélifiants, des inhibiteurs de corrosion, des agents de détartrage, des bactéricides, etc. Les boues qui sont remontées après fracturation peuvent également être polluées par entraînement de matériaux toxiques provenant du sos-sol fracturé.

    – l'utilisation d'un tel procédé pour les forages peu profonds peut polluer les nappes phréatiques voisines destinées à la consommation. C'est donc un procédé à utiliser avec d'autant plus de prudence que le forage est peu profond.

    -la fracturation peut entraîner des mini séismes, déjà signalés en particulier au Texas

     Il est certain que parmi les opérateurs américains certains ne se sont pas trop posé de questions sur les risques qu'ils faisaient prendre à l'environnement et sur les conséquences irréversibles de leurs violentes interventions. Ceci a entraîné tout naturellement des réactions légitimes des populations du voisinage, relayées par les lobbies écologiques américains. C'est la raison pour laquelle la puissante Agence pour la Protection de l'Environnement américaine (EPA) vient de publier un document énumérant toutes les questions qui se posent et pour engager les enquêtes et les études qui permettront de répondre à ces questions concernant l'impact sur les eaux de consommation. Nul doute que ce travail débouchera sur une règlementation spécifiant les conditions de mise en œuvre de ces nouvelles technologies.

     Les États-Unis ayant 10 ans d'avance sur l'Europe et le reste du monde sur ces problèmes il apparaît comme évident qu'il va falloir suivre minutieusement les conclusions de ces travaux.

     Mais il ne faudrait pas que notre pays se caractérise par une position par trop intransigeante et réactionnaire sur l'avenir du forage horizontal à multi fracturations. Il faut toujours se souvenir des doutes exprimés par le polytechnicien et néammoins savant François Arago en 1836 quand à l'aptitude de l'organisme humain à résister lors du passage des trains sous les tunnels. Nul doute qu'il aurait été ce jour là très écouté des adeptes actuels du Principe de Précaution dont certain(e)s ont fait la même école. Respect des traditions.

    CONSULTER le draft de l'EPA: de l'impact sur l'eau de la fracturation hydraulique.

    Le 10 Février 2011

     

  • La trop lourde facture énergétique de la France ne fait pas assez l’objet d’attention

    La trop lourde facture énergétique de la France ne fait pas assez l’objet d’attention

     Il ne se passe pas une journée médiatique sans intervention d'un politique français nous expliquant ce qu'il va faire pour favoriser les exportations agricoles ou industrielles de notre pays. Outre que ces activités relèvent peu de l'Administration et sont généralement la conséquence des actions de Groupes privés qui éprouvent peut-être quelques difficultés à exporter les productions des usines implantées en France, il serait également utile d'entendre ces mêmes personnages d'État nous expliquer ce qu'il serait possible de faire pour importer moins et réserver des ressources pour favoriser l'investissement ou la consommation de services locaux. L'un des postes majeurs dans ce domaine, bien avant celui de l'informatique, l'électronique et la communication, concerne la Facture Énergétique de la France.

    Facture énergétique
     Elle avait atteint, selon les Douanes, en 2008, année de toutes les folies, un montant de 59 milliards d'euros dont plus de 40 milliards pour le seul pétrole brut (TAB.). En 2009 avec le reflux des prix et des volumes consommés en raison de la crise économique, le solde énergétique s'était replié avec une facture de 41 milliards d'euros seulement. Mais 2010 ayant connu la reprise des activités et la hausse des prix de l'énergie, c'est une inflation de 19% de la note qui a été enregistrée pour atteindre les 49 milliards d'euros.

     Quelques remarques:

    -Le solde des échanges d'électricité affiche un piètre milliard d'euros d'excédent. C'est minable pour un soi-disant leader de la production d'électricité européenne. Une meilleure maintenance de l'outil électronucléaire aurait permis d'atteindre au moins le double. La France de par sa position géographique dans l'Europe, grâce à une politique siouxe d'investissement dans la production d'électricité et une politique tarifaire plus dynamique, pourrait être un grand fournisseur de puissance électrique à ses voisins. Mais les acteurs ont décidé de laisser vieillir l'outil de production, de maintenir des tarifs de misère et d'inciter EDF à aller gaspiller son cash aux États-Unis dans des alliances dépassées. Mais où est le Plan qui fixerait aux acteurs industriels de l'électricité en France de stopper les importations allemandes et de pouvoir exporter pour 5 puis 10 milliards d'euros d'énergie à nos voisins.

    -les importations de charbon et de cokes métallurgiques représentent un solde déficitaire de 2 milliards d'euros. Attendons l'échéance du plan de fermeture des centrales au charbon.

    -les produits pétroliers raffinés présentent un solde qui s'est très fortement dégradé. Ceci n'est pas étranger aux difficultés du raffinage français qui n'arrive plus à exporter sa production excédentaire d'essence qui allait traditionnellement vers les États-Unis. Ces derniers en consomment moins et utilisent en partie de l'éthanol. La France consomme trop de fuel et de gasoil. Ne faudrait-il pas se poser quelques questions sur les actions correctrices possibles? En particulier sur la consommation de fuel domestique.

    -l'approvisionnement en gaz naturel est partiellement plombé en France par les clauses d'indexation des prix sur ceux du pétrole. Il serait temps de se dire qu'il y a un marché libre du gaz dans le monde. Les méthaniers du Qatar ou d'Afrique de l'Ouest puis plus tard ceux de Russie (Shtokman) déroutés des terminaux américains devenus inutiles avec la poussée des gaz non conventionnels locaux pourraient venir livrer leur cargaison sur la façade atlantique européenne.

    -enfin le gros du problème: le pétrole brut. Pour l'instant seuls les dockers de Marseille sont capables de faire baisser les importations. C'est tout de même un peu juste comme politique énergétique!

    En l'absence de plan d'économie et dans l'hypothèse d'un maintien des cours actuels des produits pétroliers il est fort probable que la facture énergétique de la France en 2011 se rapprochera des 5 milliards d'euros par mois en moyenne pour rejoindre les sommets enregistrés en 2008.

    Accéder aux données statistiques des Douanes.

    Le 8 Février 2011

     

  • L’efficacité énergétique des processus détermine-t-elle la croissance économique?

    L’efficacité énergétique des processus détermine-t-elle la croissance économique?

     La Science économique s'est penchée depuis le 19ème siècle sur la relation qui existe entre croissance économique et consommation d'énergie. Il est longtemps apparu comme de bon sens, que la consommation d'énergie n'est que la conséquence de la croissance économique. La boulimie énergétique chinoise ou indienne actuelle nous montre avec évidence l'existence de ce lien direct. Un exemple qui nous éloignera des statistiques douteuses chinoises: en 2011 d'après une dépêche Bloomberg, il devrait manquer à l'Inde 142 millions de tonnes de charbon pour faire marcher ses centrales électriques situées prudemment dans les ports. Elle ne saura extraire de son sol que 554 millions de tonnes de charbon alors qu'elle prévoit d'en consommer 696 millions de tonnes affirme le Ministre indien en charge de ces problèmes. Dans les vingt ans à venir la consommation annuelle indienne devrait atteindre deux milliards de tonnes de charbon, affirme ce même Ministre.

     La question fondamentale qui aurait alors dû être posée à ce charmant personnage indien est la suivante: êtes-vous sûr que l'Australie, l'Afrique du Sud, l'Indonésie et autres pays exportateurs de charbon seront prêts à vous vendre le milliard de tonnes de combustible ou plus qui vous manquera alors? En d'autres termes ce Ministre extrapole naïvement à 20 ans la tendance de ces dernières années sans se préoccuper des contraintes de prix qui vont peser sur ses approvisionnements puis des contraintes basiques de disponibilité marchande de la ressource qu'il faudra alors se partager avec d'autres.

    US-Energy-flow-2009
     Au travers de cet exemple indien se pose donc le problème de la pérennité de la croissance d'une Nation qui ne ferait aucun progrès dans l'efficacité énergétique des processus. Pour Robert Ayres et Benjamin Warr la réponse est évidente: il y a un lien direct de cause à effet entre efficacité énergétique (useful work) et croissance économique des Nations. Ces deux économistes renversent donc le sens de la relation: c'est le progrès dans l'efficacité énergétique, fruit de la technologie, qui permet de produire moins cher des produits et des services et les rend accessibles au plus grand nombre. En d'autres termes sur le court terme, de quelques années, ce sont les cycles économiques qui déterminent les fluctuations de consommations d'énergie mais sur longue période c'est la relation inverse qui prévaut: ce sont les progrès dans l'efficacité énergétique des processus qui déterminent la croissance. Les progrès dans la machine à vapeur, le moteur à explosion, le moteur électrique, la miniaturisation des équipements (downsizing) ont déterminé la croissance économique des nations.

    Pour compléter ces propos il serait possible aussi d'invoquer la disponibilité dans certains pays de bonnes ressources énergétiques. Si le Japon par exemple, bien que ne disposant que de bien peu de ressource énergétique a su développer l'économie la plus avancée des grandes Nations industrielles, les États-Unis malgré une gabegie énergétique certaine, ont réussi à atteindre un niveau remarquable de développement grâce à leurs ressources énergétiques quasi inépuisables. L'aventure toute nouvelle des gaz de schistes qui leur donne accès à une nouvelle ressource qui va leur permettre de s'équiper de centrales au gaz à cycle combiné à fort rendement (60%) apparaît comme une formidable chance pour ce pays.

    Par contre, cette approche économique de Ayres et Warr ne peut que rendre suspicieux celui qui essaye d'imaginer la poursuite de la croissance future de la Chine et de l'Inde. Viendra un jour où le reste du monde se révoltera contre le nouveau gâchis organisé des ressources énergétiques mondiales de ces deux grands pays, même s'il est vrai qu'une large part de leur activité n'est en réalité que de la sous-traitance pour les pays développés qui vont devoir en payer indirectement la facture énergétique.

     Les progrès énergétiques dans la génération d'électricité et dans les transports qui sont les deux postes essentiels du gaspillage énergétique actuel, vont déterminer la croissance à venir des Nations. En 2009 le rendement global de la production et de la distribution d'électricité aux États-Unis était de 32% (12,08/38,19 indique le diagramme), celui des transports était encore plus faible (6.74/26.98 = 25%). Il est évident que d'énormes progrès sont réalisables dans ces deux domaines, à condition de bien poser les problèmes.

     Prenons le cas de la France. L'objectif aujourd'hui est de consommer rapidement moins d'énergie pour la réalisation d'une tâche donnée, afin de désensibiliser l'économie aux fluctuations à la hausse des prix des ressources énergétiques. Prévoir l'économie du futur immédiat avec un pétrole à 200$ le baril et un charbon à 200$ la tonne telle est la tâche importante de ceux qui nous dirigent.

     Alors voici quelques grosses erreurs à éviter et pour lesquelles les actions correctrices urgentes devraient être prioritaires:

    -importer du charbon pour produire de l'électricité avec un rendement énergétique au mieux de 40%

    -laisser la circulation routière quotidienne s'enliser dans d'énormes bouchons,

    -maudire les poids lourds et le transport routier sans imaginer que leur nuisance pourrait être largement réduite par le progrès technique (hybridation, mélange gaz naturel gasoil, réduction de la masse et des forces de frottement, augmentation du poids total en charge et atteinte d'une consommation de 20 litres aux cent kilomètres)

    -continuer à se chauffer ou alimenter des chaudières industrielles au fuel domestique,

    -laisser en activité des raffineries de pétrole hors d'âge,

    -taxer les émissions de CO2 en croyant naïvement qu'un impôt de plus va relancer la croissance…"verte",

    -avoir précautionneusement peur de tout ce qui est nouveau (gaz de schistes, biocarburants, génie génétique, nouvelles centrales au gaz, etc.)

     Malheureusement notre pays est largement atteint par nombre de ces maux dont le plus grave me semble être le dernier, et il n'apparaît pas que de puissantes actions correctrices soient en œuvre. Il faut donc être pessimiste sur le futur de la croissance économique de la France et donc sur le bonheur de sa population, ce qui est désolant. Le "josébovéisme" de gauche et le "précautionnisme" de droite, formes modernes d'obscurantismes, prévalent et trouvent certains relais aux plus hauts échelons de l'État. L'unanimité dans les médias pour condamner sans enquête équitable l'exploration puis l'exploitation éventuelle des gaz de schistes en France illustre parfaitement l'état d'esprit du moment. Mais me direz-vous, le choix du Larzac comme terrain de prospection par le Ministère Borloo n'était-il pas une provocation volontaire pour mettre le feu aux poudres? L'inattention dans ce domaine est impossible.

    LIRE un résumé des travaux de Ayres et Warr.

    Le papier de Bloomberg sur le charbon indien.

    Pour mieux comprendre les gaz de schistes  avec plus d'objectivité que ne le font les médias français, consulter l'excellent travail de Florence Gény du Oxford Institute for Energy Studies: "Can Unconventional Gas be a Game Changer in European Gas Market". Après des conclusions pessimistes, ses recommandations pour que l'Europe réussisse un jour dans ce domaine sont limpides.

    Le 6 Février 2011

     

  • Le gel des stocks de pétrole ne risque-t-il pas de relancer un processus spéculatif façon 2008?

    Le gel des stocks de pétrole ne risque-t-il pas de relancer un processus spéculatif façon 2008?

    Contango-2011-02
     Sur fond de risques géopolitiques dans la zone Moyen Orient-Afrique du Nord (MENA) un tel processus, modèle 2008, ne risque-t-il pas de se reproduire. Le GEL DES STOCKS de pétrole ou plus exactement d'une partie de ces stocks, officiels ou flottants, vendus à terme ou attendant tout simplement la hausse des cours ne participent plus à la fluidité du marché.

    Il semblerait que les opérateurs aient biaisé en partie ce processus en opérant sur le Brent à Londres dont les cours à terme sont étales (courbe verte), mais en payant une PRIME DE FLUIDITÉ au marché de Londres de plus de 11$ le baril.

    Le résultat se traduit toujours par une hausse des cours qui entraînera, si le WTI suit et avec un délai de quelques mois, une baisse des consommations aux États-Unis et un dégonflement brutal de la bulle…jusqu'à la prochaine. Le scénario le plus défavorable pour l'Europe, serait une stagnation de la situation actuelle qui majore le prix du brut dans sa zone.

    Ce qu'il manque pour porter jugement sur ce marché du pétrole c'est un indice de fluidité des stocks. Ce n'est pas tant leur niveau qui importe que leur disponibilité. Ceci est d'ailleurs vrai pour toutes les matières premières depuis l'Égypte ancienne.

    La spéculation intervient donc sur deux paramètres: sur la demande de papier ou de produit physique en apportant d'énormes liquidités, sur la viscosité des stocks en les figeant en attente de cours meilleurs ou d'échéances de ventes à terme.

    Le 3 Février 2011

  • Et si les cours du Brent étaient une occasion pour se poser les bonnes questions sur le mix énergétique de notre pays

    Et si les cours du Brent étaient une occasion pour se poser les bonnes questions sur le mix énergétique de notre pays

    Il avait été mentionné ici lors du franchissement des 85$ par le baril de Brent dès le début du mois de Novembre 2010, le démarrage probable d’un rallye haussier sur les cours du pétrole (LIRE). Ce phénomène qui se démarquait nettement de la nonchalance des cours observée au préalable, était amplement confirmé par les cours du Brent au début du mois de Décembre (LIRE) et devenait une évidence lorsque le saoudien Al Naimi donna le feu vert pour un baril à 100 dollars (LIRE). Voila pour la chronologie passée.

    Les données actuelles, sur fond d’agitation populaire inattendue en Afrique du Nord, confirment cette hausse annoncée (FIG.) avec une baisse de l’index dollar qui est repassé au-dessous des 80$.

    Cours_Brent

    Pour essayer d’imaginer le futur il faut, je crois, posséder quelques données simples comme en particulier les productions de pétrole des pays de l’Afrique du Nord. L’Egypte, outre l’importance du Canal de Suez pour les acheminements, produit dans les 0,8 million de barils/jour, l’Algérie 1,27 million (hors condensats du gaz naturel) et la Libye 1,56 million. Ces trois seuls pays dont deux sont membres de l’OPEP, situés au sein ou proches de l’agitation populaire représentent donc dans les 3,5 millions de barils/jour de production de pétrole. L’Algérie est également un producteur important de gaz naturel.

    Il existe de ce fait une forte probabilité pour que l’agitation largement médiatisée de cette région se traduise par un sentiment de menace partagé sur l’approvisionnement d’une partie du pétrole dans le monde. La découverte subite de la faiblesse des régimes autoritaires dirigeant cette région est un facteur qui va pousser les cours vers le haut. Ce phénomène associé à la reprise des consommations américaines avec le printemps pourrait amener le Brent bien au-delà des 100 dollars…et pourquoi pas vers les 100 euros/baril.

    En partant de telles hypothèses qui n’ont rien de farfelu, n’est-il pas venu le temps pour notre pays de se poser les bonnes questions sur sa politique énergétique et sur l’évolution de son mix énergétique. Celui-ci ne peut pas être un simple optimum écologique qui par des coûts débiles des ressources atteindrait notre économie. Ce ne peut pas être non-plus un simple optimum financier du moment qui ne prendrait pas en compte des hypothèses d’évolution des marchés et la raréfaction du pétrole pas cher. Mais il doit tenir compte des 35 milliards d’importations annuelles de produits pétroliers qui risquent de se diriger rapidement vers les 50 ou 60 milliards avec les cours galopants.

    Alors un certain nombre d’actions urgentes devraient s’imposer et faire l’objet d’un Plan National Energétique (liste non exhaustive):

    -mettre un terme progressif au chauffage au fuel des habitations et des locaux industriels ou commerciaux moyennant une dissuasion fiscale (TIC) sur le fuel domestique. Ce chauffage et autres applications industrielles représente dans les 15 à 17% de consommation de produits pétroliers (INSEE). Cette mesure permettrait de réduire fortement nos importations de gasoil en provenance de Russie ou d’ailleurs.

    -élaborer avec les professionnels une vraie politique des biocarburants (type, mode de production, ressources utilisées localement ou importées, etc.). Ces ersatz vont être rapidement indispensables à l’équilibre offre-demande et devenir moins onéreux que les produits pétroliers. Ne pas fantasmer sur les procédés durablement non rentables et inadaptés à une production rurale locale.

    -lancer efficacement l’exploration de nouvelles ressources énergétiques sur le territoire en garantissant au paysan, propriétaire du terrain sur lequel la production s’installerait en cas de découverte, une rémunération proportionnelle aux volumes extraits, sorte de droit de passage du flux dans sa propriété. L’opposition systématique et intransigeante « josébovéenne » s’en trouverait durablement affaiblie.

    -interdire la circulation dans les villes les mastodontes obséquieux et autres 4X4 qui n’ont rien à faire dans ce cadre. Rétablir une lourde « vignette écolo » pour les plus énergivores.

    -élaborer un plan de réduction des consommation des poids lourds et favoriser sa mise en œuvre la plus rapide avec les instances européennes et surtout les constructeurs; augmenter le poids total en charge des plus gros camions de transport, tout en conservant un poids à l’essieu acceptable.

    -rendre à terme obligatoire le gaz naturel comme combustible des bus et autres véhicules de livraison en ville. Les options hybrides devraient être encouragées puis devenir exclusives.

    -recenser les bouchons routiers et élaborer un plan pluriannuel de leur suppression. Le « bouchon écologique » francilien est une ânerie.

    -promouvoir un plan d’implantation de centrales au gaz à cycle combiné sur le territoire qui absorberaient les pointes croissantes d’appel de courant dues à la croissance de l’éolien et à celle du chauffage électrique (pompes à chaleur inefficaces par grand froid). Ce plan dispenserait notre réseau d’importer de la puissance électrique allemande issue de centrales au charbon ou au lignite polluantes. Le PIB de notre pays s’en trouverait accru et la pollution allemande s’en trouverait réduite…pour une fois ce serait l’inverse de la mode écologique en cours qui réduit notre pollution et fait croître le PIB allemand.

    Tout cela devrait être imaginé et élaboré avec le moins possible d’intervention européenne. En effet il suffit de lire l’Executive Summary (surtout n’allez pas plus loin!) du récent « Report of European Expert Group on Future Transport Fuels January 2011 » pour vous rendre compte que ces pauvres « experts » n’ont rien à dire ou se sont tellement censurés que cela revient au même. Ce document doit, parait-il, servir de base à de futurs échanges européens sur le sujet, il ne faut donc rien en attendre.

    Le rapport des « experts » de Janvier 2011.

    Le 1er Février 2011

     

  • Le saoudien Al Naimi souffle le chaud et le froid sur les marchés du pétrole

    Le saoudien Al Naimi souffle le chaud et le froid sur les marchés du pétrole

    Al-naimi  Après avoir affirmé le mois dernier que l'OPEP ne ferait rien jusqu'à ce que les cours du pétrole dépassent les cent dollars le baril ce qui constituait pour les Marchés un feu vert explicite vers ce prix objectif (LIRE), l'homme fort du cartel, ministre saoudien du pétrole, Al Naimi, vient de se reprendre. A-t-il reçu entre-temps un appel du Président Obama? Ce n'est pas impossible. En tous les cas il semblerait qu'il ait mis de l'eau dans son pastis. Il s'est subitement déclaré "optimiste" sur le marché de l'énergie et sur la stabilité des prix. D'après lui, l'organisation est prête à mobiliser ses 4 millions de barils/jour de capacités de production en réserve pour maintenir la balance "offre-demande". Il n'en fallait pas plus pour que le WTI se replie, malgré un recul du dollar qui aurait dû faire grimper le baril par effet de couverture contre la baisse de la monnaie.

     En ce moment c'est Al Naimi qui oriente les Marchés du brut, mais avec une forte décote (plus de 8$/baril) pour le WTI américain par rapport au Brent qui cotait à Londres dans les 95$/baril à mi-journée. La référence américaine ne repose à Kushing (Oklahoma) que sur un marché physique de taille insuffisante et elle été abandonnée comme benchmark par de gros acteurs comme l'Arabie Saoudite.

    LIRE le papier de Bloomberg sur le sujet.

    Le 25 Janvier 2011