Le CERA (Cambridge Energy Research Associates) célèbre bureau d'études sur l'énergie du Massachussetts, vient de publier une actualisation de ses projections de consommations et de ressources de pétrole mondiales pour les décennies à venir. A partir d'une base de données qui recense 24000 champs pétroliers ou gaziers actifs et d'un éventail de 450 champs actuellement en développement (FUD), cet institut de recherches conclut que les capacités de productions estimées à ce jour à 92 millions de barils/jour pour une demande de 84 millions de barils/jour, pourront suivre une éventuelle croissance de la demande jusqu'à 115 millions de barils/jour en 2030 (FIG.I).
FIG.I : les capacités de production de pétroles pourront suivre une demande de 115 millions de barils/jour en 2030

Ce travail estime que 40% des champs exploités sont sur leur phase de déclin avec une vitesse de décroissance médiane de 7.5% et de 6,1% après pondération par les volumes. Cela veut dire que 60% des champs en production actuellement sont sur leur première phase en plateau. Ramenée à l'ensemble des productions, la vitesse de décroissance moyenne est de 4,5%. Cette valeur va aller en augmentant lentement avec le temps, mais l'estimation des ressources ultimes va elle aussi s'accroître au cours du temps, avec les nouvelles découvertes et la progression des techniques d'exploration et de production.
Le CERA estime les ressources ultimes à 4800 milliards de barils dont 1100 milliards ont déjà été extraites du sous-sol. Il est à remarquer que cette valeur de 4800 milliards de barils est dans la fourchette haute des estimations de Richard Nehring (LIRE).
Pour le CERA la part des ressources non conventionnelles (huiles lourdes, sables bitumineux, biocarburants, coal-to liquid, gas-to liquid, gaz liquéfiés) passera de 14% aujourd'hui à 23% en 2030. Par la suite les capacités de production mondiales aborderont un long plateau d'une vingtaine d'années jusqu'en 2050 (FIG.II).
FIG.II : les capacités de production de combustibles liquides croîtront jusqu'en 2030 puis aborderont un plateau jusqu'en 2050

Cette date de 2050 est très importante puisque c'est la date pour laquelle, si l'on en croit nos climatologues, les émissions de gaz carbonique devront avoir été divisées par trois par rapport à aujourd'hui (ou par deux par rapport à la référence 1990). Il faut donc pour être exhaustif dans ces prévisions, intégrer cette contrainte, ce que le CERA n'a pas fait encore. Peut-on imaginer une consommation de pétrole croissante compte tenu de cette contrainte?
Le scénario le plus probable est donc une consommation stagnante de pétrole d'ici à 2025 ou 2030 autour des 85 millions de barils/jour, la croissance des consommations de pétrole des pays en développement étant compensée par la décroissance de celles des pays OCDE. Puis jusqu'en 2050 les consommations de pétrole sous la contrainte climatique aborderont une phase de décroissance rapide. Un tel scénario où finalement, après 2050, les ressources non conventionnelles représenteraient au moins la moitié des consommations totales qui se situeraient autour de 40 à 50 millions de barils/an, conduirait à une satisfaction des besoins en ressources énergétiques liquides conventionnelles largement au-delà de la fin de ce siècle.
Il va falloir un jour que les prévisionnistes de tous poils intègrent la contrainte climatique. Ne perdons pas espoir, cela va arriver.
LIRE un résumé des nouvelles prévisions du CERA.
Le 24 Novembre 2009