Catégorie : énergie fossile

  • Faut-il pronostiquer une durée de moins de trente ans pour le cycle à venir des cours du pétrole?

    Faut-il pronostiquer une durée de moins de trente ans pour le cycle à venir des cours du pétrole?

    Les 35 dernières années des cours du pétrole  se sont déroulées, dans le cadre global d’un marché croissant en volume, de façon continue, croissance tout simplement liée à celle  de la progression du produit du niveau de vie moyen de la population mondiale avec celle du nombre de terriens. Ces décennies ont clairement montré, depuis les années quatre-vingts, que des investissements massifs réalisés par les Groupes pétroliers, publics ou privés, dans l’exploration production des ressources pétrolières, sponsorisés par des prix soutenus, conduisaient à une phase de surcapacité de production  de la ressource (pétrole, condensats de gaz et biocarburants confondus), d’effondrement des prix et des investissements, suivie d’une période d’inaction en raison de prix dégradés par un excès d’offre puis relance des investissements avec la remontée des cours. Ce cycle, en trois phases (décroissance, stagnation, reprise), et avec l’Arabie Saoudite jouant un rôle primordial de teneur de marché , s’est déroulé grossièrement en  phases de dix ans chacune entre 1980 et 2010 nous dit l’EIA américaine (FIG.)

    Nous sommes maintenant, en 2015,  en plein cycle suivant, avec une modification politique majeure: l’Arabie Saoudite ne veut plus jouer son rôle de teneur de marché. Cette décision récente a provoqué un phénomène immédiat: l’effondrement très rapide des cours de marché, suivi par un effondrement des investissements des compagnies pétrolières. Il y a donc eu depuis 2014 une forte accélération dans le temps de cette première phase dans le cycle de baisse des cours et des dépenses en capital.

    La question à mille dollars est alors la suivante: va-t-on assister à une suite du cycle (stagnation puis reprise) se déroulant sur deux décennies, comme observé entre 1990 et 2010. ou va-t-on assister à une nouvelle accélération sous l’impulsion de décisions ou d’évènements imprévus, par exemple  en Arabie Saoudite, semble-t-il politiquement fragilisée. Bien malin celui qui pourrait le prédire, mais bien imprudent celui qui en négligerait l’hypothèse.

    L’Arabie Saoudite et ses compagnons de l’OPEP vont-ils tenir dix ans avec des prix cassés du pétrole et vendre à moitié prix la ressource. Cela me semble économiquement bien improbable.

    Quelques points de repères: le pétrolier Total dit attendre un pétrole à 60 dollars  le baril en 2017 pour atteindre une génération de cash à parité suffisante pour distribuer son dividende. L’EIA parie raisonnablement sur un pétrole à 70 dollars le baril en 2020.

    Les baisses programmées d’extractions dans les gaz de schistes américains aux rentabilités douteuses, les sables bitumineux canadiens enclavés, les gisements de la Mer du Nord délaissés, la baisse générale du nombre de plateformes offshore trop onéreuses peuvent également jouer pour provoquer un phénomène de reprise lente des cours.

    Dans le cadre d’un marché mondial dont la demande, tirée par les transports, est toujours en croissance, il ne me semble pas déraisonnable de pronostiquer une accélération des phases suivantes du nouveau cycle en cours du pétrole.

    Certains évènements imprévus dans ce domaine et dont les Pays du Moyen-Orient ont le secret ne sont, également, pas à négliger.

    Remarque: les cours du pétrole, en raison de l’accroissement des difficultés géologiques et physiques rencontrées à la fois dans l’exploration et la production, sont et seront de plus en plus dépendants des flux de capitaux investis dans ces domaines. C’est la raison essentielle pour laquelle c’est l’offre de la ressource qui fait le marché dans un climat de demande soutenue par la croissance économique et démographique du monde.

    ACCEDER à l’article de l’EIA sur liaison entre cours et investissements

    Le 25 Septembre 2015

     

  • AIE: le solde offre-demande de pétrole devrait passer au rouge en 2016

    AIE: le solde offre-demande de pétrole devrait passer au rouge en 2016

    Les cours mondiaux du pétrole pâtissent aujourd’hui de deux maux conjoncturels:

    – une trop large offre de brut due à d’énormes et onéreux investissements réalisés dans l’exploration et la production durant les années précédentes.

    – la décision de l’Arabie Saoudite de ne plus jouer son rôle historique de « teneur de marché » en n’adaptant plus ses extractions à la demande globale.

    Mais tout ceci n’est que conjoncturel pour les raisons suivantes:

    – la demande mondiale de pétrole est toujours et de façon continue en croissance (FIG.), tirée par la croissance des demandes asiatiques sur fond de stabilité de la demande des pays les plus riches.

    -l’offre des extractions les moins efficientes devenues non rentables (condensats, pétrole de la Mer du Nord) est en décroissance. Ce phénomène, peu perceptible aujourd’hui, va s’amplifier durant les trimestres à venir en raison de la fuite des capitaux  qui ne s’investissent plus dans des business devenus non rentables.

    Un effondrement des productions de la Mer du Nord est envisagé par certains. Les extractions de condensats de gaz de schistes américains sont en décroissance.

    Tout semble indiquer que l’Arabie a atteint son objectif de faire réguler le marché du pétrole par la modulation des extractions les moins efficientes.

    Mais vendre à moitié prix la ressource pour s’affirmer être le Roi du Pétrole, n’y a-t-il pas là une lourde erreur économique? Les Collègues de l’OPEP et les Russes, embarqués sur la même galère, ne manqueront par de poser la question à ce Roi.

    LIRE les récents propos de l’IEA sur le sujet.

    Le 12 Septembre 2015

     

  • La facture énergétique de la France s’est allègée de 7,8 milliards au premier semestre

    La facture énergétique de la France s’est allègée de 7,8 milliards au premier semestre

    Les dernières statistiques des Douanes nous indiquent que la facture énergétique de la France poursuit depuis 2013 son  processus d’allègement avec une réduction de la facture de 7,8 milliards au premier semestre de cette année (TAB.).

    Le solde demeure, néanmoins, largement négatif avec une facture de 52 milliards d’euros sur les 12 derniers mois. La baisse des cours du pétrole observée durant ce mois d’août et sponsorisée par l’Arabie Saoudite et le dollar fort, devrait participer à la poursuite de ce désengagement progressif.

    Le 20 Août 2015

  • L’IEA revoit à la hausse les consommations mondiales de produits pétroliers

    L’IEA revoit à la hausse les consommations mondiales de produits pétroliers

    Actant l’impact économique de la baisse des prix du pétrole et des produits commercialisés issus du raffinage et des ajouts de biocarburants, l’IEA revoit à la hausse les consommations présentes et futures de produits pétroliers dans le monde (FIG.).

    La progression importante des consommations entre 2015 et 2014 devrait être de 1,6 million de barils par jour (94.2- 92.6 Mbl/j)  et celles entre 2016 et 2015 devraient atteindre 1,4 million de barils par jour (95.6-94.2 Mbl/j).

    Nul doute que la demande mondiale devrait rattraper rapidement des productions handicapées par des cours peu motivants pour justifier une prise de risque dans de nouveaux investissements d’avenir. Les productions des sables bitumineux canadiens et celles des pétroles  du nord de l’Europe en seront les premières affectées.

    Un cours d’équilibre compris entre les 50 dollars (trop faibles) et les 100 dollars (trop élevés) le baril de brut devrait s’imposer aux marchés.

    Le 12 Août 2015

     

     

     

  • Le raffinage de pétrole américain est en plein boom

    Le raffinage de pétrole américain est en plein boom

    Des prix du pétrole délabrés, une demande soutenue de produits raffinés, tirée par les besoins en carburants aussi bien aux États-Unis que dans le reste du monde et il n’en faut pas plus pour dynamiser le raffinage américain.   L’EIA rapporte que les volumes de pétrole introduits dans les raffineries américaines, avec plus de  17 millions de barils par jour, sont en ce moment au plus haut depuis le suivi à partir de 1990 de ces volumes par cette institution (FIG.). Les productions de produits raffinés dépassent les 21 millions de barils par jour.

    Malgré cela , à la suite du bluff de l’Arabie Saoudite de maintenir ses parts de marché, les cours du  pétrole,  dans le monde, restent très déprimés. Mais sur le long terme, vendre à moitié prix ses produits pour rester le Roi du Pétrole n’a aucun sens économique. Une satisfaction tout de même, extraire dans le Dakota du Nord des condensats de gaz de schistes revendus autour des  30 dollars le baril ne doit pas être tous les jours rigolo!

    LIRE le papier de l’EIA sur le sujet.

     

     

     

  • La croissance continue des consommations de pétrole en Asie est-elle sous-estimée par les marchés?

    La croissance continue des consommations de pétrole en Asie est-elle sous-estimée par les marchés?

    Une première donnée qui me semble importante bien que souvent négligée: la consommation de produits pétroliers est un phénomène chronologiquement  en retard par rapport à d’autres consommations de « commodités » dans le processus de développement d’une Nation. La Chine, par exemple, consommait en 2010 plus de 60% du minerais de Fer mondial (Crédit Suisse) alors qu’elle ne consommait que 10,6% des produits pétroliers mondiaux. Elle est aujourd’hui, et de loin,  le premier producteur et consommateur mondial d’Aluminium de première fusion.

    La consommation massive de produits pétroliers, liée en particulier aux transports, nécessite tout d’abord de développer un parc d’aéroplanes, de navires, de trains, de camions puis d’autres véhicules routiers, mais aussi de développer en parallèle les structures ferroviaires et routières ad hoc. Ces éléments, intrinsèques à la progression de la richesse d’une nation, expliquent le phénomène de retard chronologique des consommations de pétrole observé par rapport à la production d’acier ou de ciment, par exemple.

    La Chine est devenue depuis  2009 le premier pays consommateur d’énergie dans le monde, mais ses consommations de produits pétroliers autour des 11,5 millions de barils par jour (12% du marché mondial) sont encore nettement inférieures à celles des États-Unis qui dépassent les 19 millions de barils par jour (EIA).

    En raison du rattrapage nécessaire de ce retard, les importations chinoises de pétrole brut affichent toujours une croissance soutenue avec un large doublement entre 2006 et 2014 (FIG.I)

    FIG. I: importations chinoises de pétrole brut (IEEJ)

    Il n’est pas nécessaire d’être un grand prévisionniste pour pronostiquer que les consommations chinoises de produits pétroliers vont tendre durant les années à venir vers les 20 millions de barils par jour et rattraper celles des États-Unis. Les autre pays asiatiques (hors Japon) qui consomment autant de produits pétroliers que la Chine avec plus de 12 millions de barils par jour (EIA) devraient eux-aussi et pour les mêmes raisons voir leurs consommations pétrolières poursuivre leur croissance.

    Les consommations asiatiques (hors Japon)  de produits pétroliers qui se situent, aujourd’hui, autour des 23 millions de barils par jour, devraient, au cours des trois décennies à venir,  tendre vers les 40 millions de barils par jour, avec un rythme de croissance annuelle de l’ordre de 0,5 million de barils par jour. Ce type de pronostic semble être aujourd’hui raisonnable.

    Les marchés mondiaux du pétrole, largement influencés par les amples productions américaines et le raffermissement du dollar par rapport aux autres monnaies n’intègrent pas pour l’instant ces croissances potentielles des consommations asiatiques. Ce phénomène n’est, à mon avis, que provisoire. Les consommations soutenues américaines de produits pétroliers, tirées par les transports et les prix, associées à des consommations asiatiques croissantes conduiront les marchés à se préoccuper davantage des prix de la ressource pétrolière. Le sentiment d’abondance ne durera qu’un temps, celui que vivent les roses en Arabie Saoudite? Allez savoir!

  • Histoire de 250 ans de ressources énergétiques américaines

    Histoire de 250 ans de ressources énergétiques américaines

    Un exemple de la viscosité des substitutions compétitives des ressources énergétiques dans ce grand pays riche en gaz naturel et autre ressources.

    « Recent increases in the domestic production of petroleum liquids and natural gas prompted shifts between the uses of fossil fuels, but the predominance of these three energy sources is likely to continue »

    LIRE sur le site de l’EIA

     

  • La combustion du charbon: une ressource énergétique d’avenir?

    La combustion du charbon: une ressource énergétique d’avenir?

    Malgré de nombreuses promesses de nations s’affirmant « climatiquement » vertueuses et disposant de ressources gazières comme les USA ou de lignite comme l’Allemagne, la combustion de charbon pour les besoins industriels ou pour la génération d’électricité devrait, dans les décennies à venir, demeurer une ressource énergétique de base dans le monde. Telles sont les projections de la très sérieuse IEEJ japonaise qui envisage un accroissement d’un tiers des productions de charbon (et donc des combustions) entre 2011 et 2040. Ce phénomène, en ligne avec les tendances actuelles devrait concerner essentiellement l’Asie et l’Océanie. Ces contrées avec plus de 7 milliards de tonnes de charbon produites devraient représenter une large part des 10 milliards de tonnes de productions mondiales attendues en 2040.  Outre l’Asie et l’Océanie, participeraient aussi à ce phénomène de croissance des productions, la Russie exportatrice vers la Chine et le Mozambique qui alimenterait les ports indiens. Ces fournitures stimuleront les échanges mondiaux et le transport en vrac.

    Malgré cela, je ne doute pas que les représentants mondiaux à la COP21 à Paris cet hiver, condamneront unanimement la combustion du charbon, processus simple et surtout économique de production d’énergie.

    Remarque: multiplier les chiffres par 2 ou 3 pour obtenir les émissions de CO2 associées à ces combustions, ce qui représente aujourd’hui autour des 20 milliards de tonnes soit la moitié des émissions industrielles et agricoles du monde.

    Remarque: en 2014, la combustion du charbon a généré 30% des besoins énergétiques anthropiques de la planète (3882 MTEP selon BP 2015). Le bannissement de cette ressource, préconisé allègrement par certains, ne précise pas quelles seraient les ressources énergétiques de substitution à développer. C’est pourtant là que réside le problème majeur.

    LIRE le papier de l’IEEJ.

    Le 23 Juin 2015

  • Le climat mondial évolue-t-il comme chacun le souhaite?

    Le climat mondial évolue-t-il comme chacun le souhaite?

    En Europe, le mouvement de « carbophobie » chronique, orchestré par une puissante propagande des Dirigeants politiques et des média, semble avoir atteint une large fraction de la Population.

    – Un phénomène naturel d’une grande complexité comme le climat ne peut pas raisonnablement  être ramené à une seule variable.

    Qu’importe!          Au Diable la complexité!

      Il est maintenant admis de tous, ou presque, surtout parmi les esprits les plus jeunes, les plus sensibles aux idéologies lancinantes et répétitives, que les émissions de CO2 reliées aux activités humaines et elles-seules, prioritairement, agissent sur le Climat global de la Planète.

    Peut-être? Probablement? C’est ce qui se dit.

    Et pourtant les chiffres sont ténus et les débats Outre-Atlantique entre les « warmistes » plutôt proches du Pouvoir en place et les « déniistes » plutôt Républicains battent leur plein, chacun des deux camps choisissant parmi les subtiles observations de températures les données qui avantagent sa croyance.

    Une chose est certaine, les effets du CO2 sur le climat, s’ils sont avérés, ne conduiront pas, de si tôt, aux catastrophes annoncées par les simulations en vogues. J’ai choisi pour illustrer mon propos une représentation synthétique, réalisée par l’excellent  Bob Tisdale,  des observations des subtiles anomalies de températures relevées dans le monde et qui font tant débats, malgré leurs fractions de degrés Celsius.

    Je n’ai pas la compétence nécessaire dans le domaine pour prendre radicalement  parti entre les deux écoles, mais je voudrais vous rappeler combien ont été mineures les variations de CO2 dans l’Atmosphère au cours de la décennie écoulée (FIG.II).

    Entre 2004 et 2014 la masse totale de CO2 dans l’atmosphère terrestre est passée de 2935 milliards de tonnes à 3100 milliards de tonnes, soit un accroissement de 6,5%. Compte tenu de l’effet de saturation, effet d’écran du grand nombre d’atomes en premières lignes,  qui veut que la variation de l’effet de serre, provoquée par une quantité de CO2 donnée introduite dans l’air, décroisse avec la concentration de ce gaz.(FIG.III)

    FIG. III L’absorption IR d’un mélange d’air et de CO2 ne varie pas linéairement avec la teneur en CO2: c’est l’effet de saturation:

    Entre 2004 et 2014 le Ln de la quantité de CO2 présente dans l’atmosphère n’a varié que de 0,7%.

    Que le CO2 participe à l’effet de serre global de la Planète semble avéré, les observations des teneurs en CO2 de l’air durant les temps  géologiques, dans l’air piégé des glaces de l’antarctique montrent que ces variations semblent être corrélées au climat. Mais la teneur en CO2 dans ces époques  préhistoriques, d’il y a quelques centaines de milliers d’années, variait entre  150 et 250 ppmv, valeurs près de deux fois inférieures à celles d’aujourd’hui. L’effet de saturation était alors beaucoup plus faible et donc l’apport du CO2 sur le climat était plus efficient.

    Ces données expérimentales des anomalies globales de températures montrent l’effet ténu des variations de gaz à effets de serre sur le climat. Ces très faibles variations permettent à chacun, en choisissant ses données, par origine ou par dates, d’étayer ses thèses climatiques.

    Ce qui me semble essentiel, c’est de comprendre que ce sont les variations du logarithme (Ln) des concentrations des gaz à effet de serre qui sont pertinentes. Ceci pourrait expliquer la faiblesse des amplitudes des variations d’anomalies de températures observées, semblerait-il bien inférieures à celles prédites par les modèles de simulation. Dans cette hypothèse le climat global de la planète devrait s’avérer être peu sensible aux lentes progressions  à venir de CO2 dans l’atmosphère. A suivre donc!

    Le 18 Juin 2015