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  • La demande mondiale en céréales devrait s’accroître de 20% d’ici à 2020

    La demande mondiale en céréales devrait s’accroître de 20% d’ici à 2020

     C'est le Ministre japonais de l'Agriculture japonais, repris par le Nikkei, qui l'affirme: la demande mondiale en céréales dans le monde pour assurer l'alimentation humaine et animale mais aussi pour produire certains biocarburants, devrait croitre de 20% d'ici à 2020. Compte tenu de l'accroissement du niveau de vie moyen en Asie cette prévision apparaît comme tout à fait crédible. En appliquant cette prévision de croissance aux données de la FAO il est possible d'en déduire que la production mondiale de céréales qui est de 2,5 milliards de tonnes devrait atteindre 3 milliards de tonnes en 2020 (FIG.I, courbe noire).

      Céréales FAO
      La question est la suivante: le monde agricole mondial stimulé par la montée des cours observée en 2010 et 2011, sera-t-il capable de répondre à cette demande prévisible? Pour le Ministre japonais il apparaît que la demande va croître plus vite que l'offre, entraînant ainsi une poursuite durable des hausses des cours de ces produits.

     Pourtant, en se référant aux chiffres publiés par la FAO, il apparaît que la production mondiale de céréales s'est accrue de 0,4 milliard de tonnes au cours des dix dernières années (courbe noire) poussée par la croissance continue des rendements (courbe bleue) et de la reprise des surfaces cultivées qui étaient tombées au plus bas à 6,6 millions de km2 en 2002 (courbe rouge).

    Céréales FAO monde-france

     Le premier paramètre est l'évolution des rendements annuels moyens mondiaux. Ils évoluent depuis 50 ans de façon parfaitement linéaire. Ils ont été multipliés par plus de deux en 40 ans (1969-2009) pour dépasser 3,5 tonnes/hectare en 2008 et 2009 (FIG.II, courbe rouge), valeurs observées en France 40 ans en arrière (courbe noire).

     La comparaison de ces deux courbes montre qu'il n'y a pas de raison pour que les rendements céréaliers annuels moyens mondiaux ne poursuivent pas leur progression pour atteindre les 4 tonnes à l'hectare en 2020 soit une progression de 12 à 14% par rapport à aujourd'hui. L'amélioration des connaissances cumulées des paysans, la sélection de nouveaux hybrides plus résistants aux diverses maladies et moins sensibles à la sècheresse constituent les processus principaux par lesquels les rendements poursuivent leur progression régulière (Voir l'exemple du maïs américain). Il faut noter la faible variabilité de ces rendements mondiaux de part et d'autre de la droite de corrélation de la courbe rouge, ceci montre l'amortissement des aléas régionaux, comme celui de l'année 2003 pour la France, par les grands nombres mondiaux.

     Pour ce qui est des surfaces qui devraient être portées vers les 7,5 millions de km2 en dix ans, ce ne sont pas les terres arables dans le monde qui font défaut (évaluées pour les plus adaptées à 3,2 millions de km2 par certaines études récentes ) mais ce sont les investissements financiers et humains dans les nouvelles cultures qui sont rares. Les États-Unis disposent encore de larges surfaces exploitables, l'Amérique du Sud est en plein développement, on attend toujours le démarrage de l'Afrique qui fait l'objet de nombreuses convoitises extérieures, les pays de l'Europe de l'Est ne sont encore pas mis en valeur de façon optimale. Quand à l'Europe de la PAC, l'arrêt du gel obligatoire de terres arables sous forme de jachères ne date que de… 2009.

     La montée des cours des céréales est une formidable opportunité pour lancer un nouveau cycle d'investissements agricoles dans le monde et pour revenir à un niveau de production suffisant pour satisfaire dans les années à venir, à la fois les besoins d'alimentation humaine, la production de biocarburants, vecteur indispensable d'indépendance énergétique, et l'alimentation animale par des céréales et les sous-produits de la production de biocarburants.

    ACCÉDER aux statistiques de la FAO dans ce domaine.

    Le 18 Février 2011