Catégorie : Réchauffement Climatique

  • Etats-Unis : les émissions de CO2 sont estimées à 5,8 milliards de tonnes en 2008

    Etats-Unis : les émissions de CO2 sont estimées à 5,8 milliards de tonnes en 2008

                   L'Energy Information Administration (EIA) estime que les émissions de CO2 américaines, en raison de la baisse de consommation de pétrole, ont régressé, en 2008, de 165 millions de tonnes pour atteindre 5,8 milliards de tonnes. C'est la consommation de pétrole et de produits pétroliers qui, avec une baisse de 6% des émissions, représentant une économie de 155 millions de tonnes de CO2, explique l'essentiel de ce score. Les émissions dues à la combustion du charbon baissent de 23 millions de tonnes et celles dues à la combustion de gaz s'accroissent de 13 millions de tonnes. Dans la répartition des émissions de CO2  (FIG.I) la part du pétrole à 42% décroit de 1,4 point de pourcent par rapport à 2007.

    Emissions-CO2-USA-estimé-2008 

                   La consommation d'énergie électrique du poste transport étant négligeable, il est possible de représenter ces émissions de CO2 par grandes applications (FIG.II). On peut constater que la part des émissions de CO2 due à la génération d'énergie électrique est la plus importante (41%) suivie de la contribution des transports (33%). Le travail de réduction des émissions est bien lancé dans le domaine des transports routiers et la rationalisation des lignes aériennes aux Etats-Unis. Mais le gros poste de la génération d'électricité reste à entamer. Cette partie du travail reposera sur la taxation du CO2 émis par les centrales à charbon qui fera, peu à peu, switcher les centrales du charbon vers le gaz, le nucléaire n'ayant pas, pour l'instant, l'attention favorable du Président Obama.

    Emissions-CO2-USA-applications-2008 

    LIRE le papier de l'EIA

    Le 21 Mai 2009

  • Le président Obama devrait annoncer le nouvel objectif de consommation moyenne des futures voitures américaines

    Le président Obama devrait annoncer le nouvel objectif de consommation moyenne des futures voitures américaines

                       Tempête dans un verre d'essence aux Etats-Unis, le Président Obama devrait annoncer que les autonomies moyennes par constructeur de voitures (CAFE ou Corporate Average Fuel Economy) devraient être supérieures à 35,5 miles par gallon à partir de 2016. Cet objectif permet de faire avancer de quatre ans celui très relax défini par l'Administration précédente et s'aligne sur les chiffres de la Californie.

                      Malgré cette avancée louable qui correspond à une émission moyenne de 154 g de CO2/km par véhicule à essence°, le nouvel objectif américain est encore en retrait par rapport à la législation japonaise et la législation européenne (FIG.). La norme japonaise à 16 km/litre à partir de 2015 est équivalente à 39,5 miles/gallon et  138 g de CO2/km. L'objectif européen à 130 g de CO2/km à partir de 2015 correspond à 42 miles par gallon d'autonomie avec un véhicule à essence, soit 20% au dessus de l'objectif américain.

    Autonomie-normes-nationales 

                 ° Remarque: pour convertir aisément les miles/gallon américains en km/litre japonais et en g de CO2/km européens reportez-vous à la table de conversion précieuse éditée précédemment. L'intérêt essentiel des grammes de CO2 par km réside dans le fait que c'est une masse qui est donc indépendante de la masse volumique du carburant utilisé.

    Le 19 Mai 2009

  • 2,1 milliards de tonnes de CO2 émises par les grandes entreprises européennes régies par l’Emissions Trading System

    2,1 milliards de tonnes de CO2 émises par les grandes entreprises européennes régies par l’Emissions Trading System

                          La comptabilité par la Commission Européenne, des émissions de gaz à effet de serre des entreprises soumises au système de droits d'émissions de CO2, n'est pas simple à comprendre et à évaluer. Certaines entreprises devenues trop petites en sortent, d'autres adoptent des méthodes de comptages de leurs émissions "plus harmonisées" (+50 millions de tonnes en 2008), enfin certaines entreprise comme au Pays-Bas ou en Norvège qui à rejoint le système européen, comptent également les émissions d'oxyde nitreux. Une fois ces entrées et sorties comptabilisées il ressort que les émissions des 11359 entreprises émargeant au système ont émis en 2008, dans l'Europe des 27 (donc hors Norvège) 2,1 milliards de tonnes de CO2. Ce chiffre est à rapprocher à la totalité des  4,25 milliards de tonnes de CO2 émises dans l'Europe des 27  et des 5,1 milliards de tonnes d'équivalent CO2  avec l'ensemble des gaz à effet de serre. La Commission recense donc, au travers de l'ETS, la moitié environ des émissions de CO2 européennes et 40% environ des émissions globales de gaz à effet de serre.

    ETS-2008 

                          Il ressort donc que les émissions de CO2 en 2008 des 26 pays européens ayant fait des contrôles (hors Bulgarie) ressortent comptablement en retrait de 3% par rapport à 2007, ce qui représente une économie d'émissions de 65 millions de tonnes de CO2. Une analyse par pays montre que ce sont les entreprises espagnoles qui contribuent le plus (-23 MT) suivies des allemandes (-14,5 MT), des tchèques (-7,8 MT), des finlandaises (-6,4 MT) et des roumaines (-6 MT). Par contre d'autre pays voient les émissions de leurs entreprises croître comme la Grande-Bretagne (+8,4 MT) ou les Pays-Bas (+3,6 MT). La forte contribution des entreprises espagnoles suggère que les effets de la crise économique participent à ce bilan.

                          Sur ces 2,07 milliards de tonnes comptabilisées par le système, 1,91 milliards (92%) étaient allouées gratuitement, ce qui montre le caractère dérisoire de toute cette usine à gaz européenne. Les Entreprises ont donc apporté 82 MT de CO2 au titre des actions menées à l'extérieur de l'Europe (3,9%) dans le cadre des accords de Kyoto et ont acheté pour 85 MT de droits d'émissions (4,1%).

                         Ce chiffre de 85 millions de tonnes de droits d'émissions effectivement vendues aux entreprises est à rapprocher des 2,81 milliards de tonnes de CO2 échangées sur l'ECX à Londres. Même si l'on admet qu'environ 100 millions de tonnes supplémentaires ont été échangées par les entreprises ayant trop de droits d'émissions, on arrive à un marché réel de 150 à 200 millions de tonnes de CO2. Les 2,6 milliards qui manquent ne sont que pure spéculation! Le marché des ETS est constitué à 95% d'échanges de papiers adossés aux cours des droits d'émissions. Un système complètement stupide Monsieur Dimas!

    LIRE le communiqué de la Commission sur ce sujet.

    LIRE  également sur les fluctuations des cours du CO2.

    Le 17 Mai 2009.

  • Pourquoi la politique de « cap and trade » des émissions de CO2 est-elle de plus en plus perçue comme un échec en Europe

    Pourquoi la politique de « cap and trade » des émissions de CO2 est-elle de plus en plus perçue comme un échec en Europe

                          L'idée était belle et libérale. Il suffisait de faire jouer les lois de l'offre et de la demande de droits d'émissions de CO2 alloués chichement chaque année par le "Régulateur" public et complétés par les industries vertueuses ayant réduit fortement  leurs émissions polluantes. Du côté de la demande,  les industries polluantes, dépassant leurs quotas de droits d'émissions gratuits, avaient l'obligation d'acheter ces droits. Le tout devait se dérouler harmonieusement sur un marché équilibré et impartial. Or, a posteriori, de plus en plus de voix s'élèvent pour mettre en doute l'efficacité du système en place. Les résultats sur les réductions d'émissions de CO2 en Europe jusqu'à la mi-2008 étaient très décevants, seule la crise, réduisant l'activité économique, va faire croire en trompe l'oeil que le système en place aura fait décroître les émissions de CO2 en 2008 et 2009.

    Emissions-EU-27-CITL-2005-2008 

                   Les émissions de CO2 des 10400 entreprises européennes, surveillées par l'organe de la Commission Européenne qu'est le Community Independant Transaction Log (CITL) et assujetties au régime des droits d'émissions, représentent dans leur ensemble le tiers environ des 4,3 milliards de tonnes de CO2 émises annuellement en Europe. Les petites entreprises, les foyers, les activités de transport ne sont pas jusque là concernées. Jusqu'en 2007 les allocations de droits d'émissions largement pourvues (FIG., barres vertes) ont conduit un constat d'échec attribué pudiquement à la mise en route du système et qui dans les faits révélait une méconnaissance pure et simple des volumes d'émissions industrielles par ceux qui étaient en charge de l'élaboration du système. Les émissions de CO2 des entreprises surveillées ont crû plus vite que les allocations durant cette période. Puis, en 2008 les quotas alloués ont été fortement réduits, les cours des droits se sont tout d'abord fortement valorisés, dépassant les 30 euros la tonne,  puis le retournement spéculatif du mois de Juillet 2008 et l'arrivée de la crise on fait le reste. La tonne de CO2 sur l'ECX à Londres, est passée par un plus bas à 8,2 euros au mois de Février dernier. Depuis elle est remontée vers les 13  à 14 euros (FIG.II). 

    CO2-cours-droits-emissions-2009-04 

                     L'existence d'un facteur 4 entre le plus haut et le plus bas sur 8 mois montre l'inadéquation du système en place par rapport à l'objectif qui est de valoriser les émissions de CO2 afin que les industriels responsables de cette pollution puissent investir au long cours pour faire baisser les volumes émis par leurs procédés. Entre le 31 Décembre 2007 et aujourd'hui la moyenne du cours de la tonne de CO2 ressort à 20,4 euros. Valeur moyenne raisonnable qui aurait pu être fixée comme une valeur fixe pour la période. Mais l'écart type, sigma, de la population des cours ressort à 5,8 euros, ce qui veut dire que la variabilité des cours du CO2 durant la période a été de Sigma/Moyenne= 28%. Une telle valeur pour un procédé dans l'industrie indique qu'il n'est pas sous contrôle et qu'il faut stopper la production! Effectivement les mini (9 euros) et maxi (31 euros) observés ici se trouvent respectivement à 2 Sigmas au dessous et au dessus de la moyenne soit à -56% ou à +56% de la valeur moyenne. La variabilité des cours du CO2 montre que le processus de cotation en Europe n'est pas sous contrôle et qu'il est incompatible avec une politique soutenue de réduction des émissions.

                         Mais pourquoi cette très forte variabilité des cours. On peut distinguer plusieurs raisons qui sont propres au CO2 ou communes à l'ensemble des commodities manipulées par la spéculation.

    1)- La principale raison provient du fait que les cours qui s'établissent ne sont pas régis par l'offre et la demande physique d'un marché de professionnels, mais par l'offre et la demande de la spéculation qui domine les marchés des commodities. Un exemple simple: hier les cours du pétrole ont pris 2 dollars par baril parce que la demande des spéculateurs a été activée par la baisse du dollar, le papier pétrole servant de couverture à la baisse du dollar. Ce n'est pas la demande en pétrole qui est importante, c'est la demande de papier adossé à ce pétrole. Pour le CO2 les cours sont liés à ceux des commodities, les prix ont baissé jusqu'en Février 2009 malgré la réduction du nombre de droits d'émissions en 2008, ils tendent à remonter maintenant avec les cours de l'énergie et des matières premières. Il s'est traité au mois de Février sur l'ECX à Londres, 447 millions de tonnes de CO2, alors que l'Europe n'a du en émettre que 320 et que 110 à 120 millions de tonnes environ  correspondent aux émissions des Sociétés surveillées par le CITL dont seulement une partie (30%) fait l'objet de transactions de la part des professionnels sur divers marchés. En d'autres termes, 95% des échanges du marché du CO2 sont animées par la spéculation !

    2)- L'autre paramètre est la peur du "carbon leakage", la peur de la fuite des industries vers d'autres cieux plus cléments. En effet ces droits d'émissions ne sont ni plus ni moins que des taxes. Les lobbies jouent leur jeu au maximum auprès des politiques pour faire échapper le secteur de l'industrie qu'ils défendent à cette taxe carbone ou pour obtenir le maximum d'allocations gratuites. Quoi qu'il en soit la centrale au charbon ou au lignite paie aujourd'hui, pour une partie marginale de sa production, dans les 14 euros la tonne de CO2 ou le MWh. Elle n'a donc aucune incitation financière significative à investir pour réduire ses émissions.

                  Le contre exemple de la Norvège qui taxe aux environs de 50 dollars la tonne des émissions de CO2, très en avance sur le captage et la séquestration du CO2, montre qu'une taxe fixe au bon niveau est efficace.

                  Aux Etats-Unis en ce moment, des hommes politiques sont en train d'élaborer leur politique de "cap and trade" sur les émissions de CO2. Il va être intéressant de voir par quels moyens règlementaires les américains vont essayer d'échapper aux faiblesses du système européen. Fixer une plage maximale de fluctuation des cours autour d'une valeur d'équilibre raisonnable semble être une des options qui permettraient d'éviter les pièges des cotations aberrantes. Limiter le nombre d'intervenants sur le Marché peut également réduire le poids de la spéculation. Il faudra pour le moins un gendarme fort pour définir les quotas gratuits et résister aux Etats miniers de Virginie ou d'ailleurs.

    Le 25 Avril 2009.

  • La Californie vient d’adopter une partie de son programme 2020 de réduction des émissions de CO2

    La Californie vient d’adopter une partie de son programme 2020 de réduction des émissions de CO2

                   Il avait été mentionné ici, en Juin 2008, le formidable travail de compréhension, d'analyse et de projection que fournissait l'Air Ressources Board de Californie (CARB) pour tendre à définir une politique californienne tous azimuts qui permettra de réduire les émissions annuelles de CO2 de 169 millions de tonnes à l'horizon 2020. Le CARB vient de faire adopter les textes qui vont régir une petite partie de ce programme et qui concernent les Low Carbon Fuel Standard  (LFCS) qui représentent 10% du total du programme (FIG. partie verte). Les textes adoptés définissent les règles du jeux complexes qui permettent de pondérer les teneurs en CO2 dans les diverses sources d'énergies utilisées dans les véhicules (essence, gasoil, biocarburants, gaz, électricité, etc.) ainsi que les modalités de progression des futurs "carburants" vers des teneurs plus faibles en CO2 et les mécanismes de marché régissant les échanges d'allocations. Bien sûr, l'adoption de ces nouveaux textes ont déclenché des cris d'orfraie auprès des milieux industriels et écologiques les plus réactionnaires. As usual!

                Pour vous faire une idée du travail accompli par le CARB je vous recommande de feuilleter le premier Tome qui définit la nouvelle législation et ses motivations. L'Europe devrait s'inspirer des structures californiennes et de leurs démarches intellectuelles pour mettre en place des services compétents dans les problématiques énergétiques à la disposition des instances politiques et qui font tant défaut à une Administration européenne complètement larguée. Les réponses à apporter aux problèmes posés par l'énergie sont complexes et diverses. Il n'existe pas de recette standard qui s'appliquerait à l'identique partout dans le monde.

    CARB-2020  

    LIRE le programme global du CARB.

    LIRE le TOME I des explications du texte adopté

    LIRE le TOME II comportant les Annexes

    Le 24 Avril 2009

  • Le marché annuel de la capture et du stockage de CO2 est évalué à plusieurs dizaines de milliards de dollars

    Le marché annuel de la capture et du stockage de CO2 est évalué à plusieurs dizaines de milliards de dollars

                        Le montant total des subventions en cours, décidées par les Etats-Unis, l'Europe, l'Australie, le Canada et le Japon,pour lancer des pilotes d'études, de validation ou d'optimisation de Capture et de Stockage du CO2 (CCS) généré par divers procédés brûlant des énergies fossiles, est évalué à 20 milliards de dollars. Ces projets, de plus en plus nombreux et de plus en plus imposants, tentent d'optimiser des procédés de CCS en adéquation avec les process en amont qui génèrent le CO2 (centrale électrique au charbon, au lignite, au gaz, production d'hydrogène, oxycombustion, etc.). Les divers organismes en charge de ces projets comme l'EPRI aux Etats-Unis, tablent sur un réel démarrage industriel de ces procédés à partir de 2020. La profession estime un marché potentiel des technologies de CCS compris entre 30 et 70 milliards de dollars à l'horizon 2030.

                       Ces marchés sont potentiellement très importants puisque ce sont eux qui vont permettre un redéploiement des centrales au charbon ou au lignite de nouvelle génération à très bon rendement énergétique de type IGCC (Integrated Gas Combined Cycle) qui mettront en oeuvre la gazéification du charbon et la capture du CO2 pour brûler de l'hydrogène dans les turbines à cycles combinés. Les rendements visés sont supérieurs à 50% sans CCS, auxquels il faudra défalquer la consommation d'énergie de capture et de séquestration pour obtenir le bilan énergétique global.

    CCS-pilote-Lacq  

    Les unités industrielles et pilotes en cours d'activité:

                     Il existe à ce jour une dizaine d'unités industrielles ou pilotes qui mettent en oeuvre la capture et le stockage du CO2. On peut citer par exemple les extractions de gaz naturel norvégiennes de Sleipner (LIRE) et de Snovhit, l'extraction de gaz d'in Salah en Algérie, de Gorgon en Australie, de Nagaoka au Japon, de Ketzin en Allemagne et de diverses unités pilotes aux USA et au Canada. A ces réalisations il faut ajouter les unités industrielles de production d'urée (NH2-CO-NH2) selon le procédé de Mitsubishi Heavy Industries qui capte le CO2 produit lors de la production d'hydrogène à partir de gaz naturel, nécessaire à la synthèse de l'ammoniac (NH3) qui lui même va réagir ensuite avec le CO2 capturé pour former l'urée, engrais agricole important. MHI affirme disposer d'un solvant original: le KS-1 pour capter le CO2. Tout récemment MHI vient d'accorder une licence à Samsung pour ce procédé qui arrive à capter 90% du CO2 formé.

                     Parmi les procédés pilotes en cours d'évaluation, il faut citer l'unité de TNO E-On à Rotterdam qui est connectée en by-pass sur une centrale électrique et qui dispose d'une capacité pilote de captage de CO2 de 250 kg/heure à partir du gaz désulfuré. Les ingénieurs de TNO travaillent tout spécialement sur l'optimisation des solvants du CO2 qui sont des sels d'acides aminés appelés CORAL qui ne s'évaporent pas, se dégradent peu (0,15 kg/tonne de CO2 capté serait détruit) et permettent de récupérer le CO2 sans trop d'énergie. Signalons également les tests pilotes réalisés aux USA sur l'évaluation du procédé à l'ammoniac liquide d'Alstom sur un pilote de 1,7 MW. Ces tests devraient donner suite à une réelle évaluation industrielle chez American Electric Power à partir du mois de Septembre, sur une unité de 20 à 25 MW, avec pour objectif de capter 100 mille tonnes de CO2 par an.

                     De plus, il faut rappeler le pilote d'oxycombustion de Lacq qui évite de diluer le CO2 dans l'azote de l'air et simplifie sa capture aux impuretés de type NOx près et à l'excédent d'oxygène qui n'a pas réagi. Dans cet essai pilote le CO2 est injecté dans l'ancien gisement de gaz naturel épuisé du réservoir de Rousse (FIG.I).

                    Enfin soulignons le très grand nombre de projets annoncés pour les années à venir dans le monde, y comprise la Chine qui veut introduire les techniques de CCS dans les procédés Fischer-Tropsch de conversion  de types Coal To Liquid.

    Les coûts du CCS par tonne de CO2, la comparaison aux cours des droits d'émissions:

                    Le coût de capture et de séquestration de la tonne de CO2 est difficile à déterminer. Il va en effet dépendre 1)- de la nature du gaz à traiter (température, débit, teneur en oxygène et teneur en CO2, impuretés), 2)- du taux de récupération souhaité, il sera plus onéreux d'en capter 90% que 60%, 3)- de la distance du réservoir de stockage par rapport à la source et de la profondeur d'injection et 4)- de la nature des mesures de la fréquence des contrôles et donc des législations en vigueur.

                    Un exemple d'injection non contrôlée comme sur sur le gisement d'al Salah en Algérie ne coûte que 14 dollars par tonne de CO2. Une exploitation dans un pays beaucoup plus règlementé ou seront exigées de nombreuses études préalables avant autorisation ainsi qu'un suivi régulier et complexe de la progression du stockage du CO2 (LIRE l'exemple de Sleipner) les études évaluent le coût de stockage entre 40$ et 90$ la tonne de CO2 (FIG.II) Dans ces études c'est la partie capture qui est la plus onéreuse. Dans les procédés d'oxycombustion le procédé de captage aux amines disparaît mais il faut apporter de l'oxygène pur qui n'est pas gratuit à extraire de l'air.

    CCS-couts-mini-maxi2

                    Ces prix sont en décalage par rapport au cours des droits d'émissions de CO2 européens qui se traitent autour de 12 euros (15 dollars) la tonne sur l'ECX en ce moment (FG.III). Ceci pousse certains à parler déjà de subventions, air connu dans les milieux de l'industrie "verte". Le pays du continent européen le plus dynamique dans les techniques de CCS est la Norvège pays où les émissions industrielles de CO2 sont taxées autour des 50 dollars la tonne. Il faudra donc que les droits d'émissions de CO2 soient un jour ou l'autre, portés vers les 40 ou 50 euros la tonne pour soutenir les techniques de CCS.

     CO2-cours-droits-emissions-2009-04

    Les progrès attendus:

                           Les techniques de CCS sont étroitement liées à la nature du gaz qu'elles ont à traiter. La définition de nouveaux solvants qui sont des sels fondus ne donnant lieu à aucune évaporation constituent un progrès évident. Les groupes pétroliers leaders sur ces métiers peuvent mobiliser leurs chimies pour définir les futurs produits chargés du captage du CO2, les groupes d'ingénierie comme Alstom s'associent à des chimistes comme Dow Chemical pour leur formuler des recettes optimisées.

                          Le monitoring et le contrôle de la progression du stockage du CO2 sur les sites de stockage est une activité onéreuse qui nécessitera d'être optimisée.

                         L'oxycombustion par apport d'oxygène ou par l'utilisation de membranes de types ITM (Ion Transport Membrane) étudiées par Air Products, permettant de ne pas diluer le CO2 dans l'azote de l'air, sont des options plus radicales  qui ne s'adresseront qu'à de nouveaux équipements. Ils présenteront l'avantage de se dispenser des divers procédés de captage aux amines. Leur maîtrise constituera un progrès évident pour la technologie.

    Le 14 Avril 2009.

  • La croissance de la population mondiale doit-elle entraîner une croissance de la consommation d’énergie et de pétrole?

    La croissance de la population mondiale doit-elle entraîner une croissance de la consommation d’énergie et de pétrole?

                                Il est des pseudos évidences dont le lecteur averti doit se protéger. Il en est une qui fait partie des données d'entrée de la consommation d'énergie dans le monde: la croissance démographique. La population mondiale croît, elle a connu sa croissance maximum entre les années 1990 et 1995, elle est maintenant en phase de croissance qui va en s'amortissant (FIG.I), de plus en plus de pays ayant passé leur phase de transition démographique: période plus ou moins longue selon les pays, durant laquelle les taux de décès baissent sous l'impact de la disparition des famines, des progrès sanitaires et médicaux alors que les taux de naissance restent encore élevés, au sein de populations parfois illettrées. De 6,8 milliards d'habitants aujourd'hui, le monde abritera plus de 9 milliards d'êtres humains en 2050 nous informent les Nations Unies. L'Inde devenant le pays le plus peuplé du monde vers 2030. Cette prévision de croissance de la population de 34% en un peu plus de 40 ans incite certains à prévoir, durant les années qui viennent, une vive croissance mondiale des consommations en énergie.

    Monde-1950-2050 

                     Un exemple schématique est fourni par l'Energy Outlook établi annuellement par Exxon-Mobil qui est la vision classique de l'évolution du monde de l'énergie dans les milieux économiques américains. La version 2008 comporte un premier graphique qui montre la croissance de la population, celle de la richesse mondiale et enfin la consommation d'énergie (FIG. II). Que dit Exxon dans cette étude? Il affirme que la croissance moyenne de la population entre 2005 et 2030 sera de 0,9% par an, celle de la richesse du monde de 3% par an et donc que la consommation d'énergie croîtra de 1,2% par an (version corrigée par rapport à l'année précédente, il avait avancé une croissance de 1,3% par an en 2007).

    Exxon-weo-2008-1 

                        Ces graphiques vous laissent tout d'abord totalement convaincu de leur pertinence, tellement la démonstration est simple et la contestation peu crédible. Avec un recul de quelques mois sur leur publication on peut cependant, être amené à challenger  le taux croissance de création de richesse mondiale: 3% par an par les temps qui courent ne serait-ce pas totalement délirant? Il m'étonnerait que Mme Irma, de sa boule de cristal, la seule au monde à savoir prévoir correctement l'évolution de la richesse des Nations, sorte un tel score digne des Trente Glorieuses. Mais ce n'est pas sur ce paramètre que l'objection est la plus évidente: c'est paradoxalement sur la croissance des populations.

                       Un chiffre brut de croissance moyenne annuelle des populations ne suffit pas, il faut aller un peu plus dans le détail  pour analyser de quoi sera faite cette variation.

                       Il suffit de rappeler que les 1,2 milliards d'habitants des pays de l'OCDE, en 2008, ont consommé 55% du pétrole mondial malgré la crise. On en déduit que les 5,6 milliards d'habitants NON OCDE ont consommé 45% du pétrole mondial. Un calcul simple  permet de remarquer qu'un individu des pays OCDE a brûlé ou transformé en 2008 en moyenne 14,5 barils de pétrole et que son cousin NON OCDE n'en a utilisé que 2,5 soit un rapport de 5,8 entre les deux. On le voit, un bilan de population brut ne suffit pas, il faut discriminer  les variations de population entre les pays riches ou qui le deviennent  et celles des pays en voie de développement, parfois bien lent.

                      Sur ce point, les Nations Unies nous informent que la croissance démographique dans les  40 ans qui viennent (2010-2050) va représenter probablement 2,2 milliards d'individus. Mais ces 2,2 milliards vont être répartis de façon très inhomogène (FIG.III), l'Asie et l'Afrique croissant chacune d'un milliard d'individus, les Amériques voyant augmenter leurs effectifs de 230 millions, dont 97 millions pour le continent Nord-américain. A l'inverse la population du grand ensemble Europe-Russie perdra 42 millions d'habitants durant cette période. En résumé la population des pays pauvres qui consomment peu d'énergie va augmenter d'ici à 2050 et celle des pays riches consommant beaucoup d'énergie va au mieux rester constante ou décroître (les données seront précisées plus loin).

    Accroissement-2010-2050

                      L'autre paramètre important est le vieillissement de la population dont un exemple nous est donné par le Japon dont le parc automobile décroît et la consommation d'énergie recule, en raison du vieillissement de sa population (FIG. IV). Ce pays a connu son pic de population en 2006 (127,45 millions d'habitants) et d'après les prévisions des Nations Unies compte tenu d'hypothèses de natalité et de mortalité, et un solde migratoire proche de zéro (54000 par an), avancent que la population baissera de 25 millions d'habitants d'ici à 2050. Mais un examen de la tranche 15-64 ans la plus active et la plus consommatrice (courbe rouge) montre que sa population décroît depuis 1995 en qu'en 2010 elle aura déjà baissé de 6 millions d'individus. Elle aura perdu 35 millions d'individus en 2050.

    Japon-1990-2050   

                          Cet exemple japonais montre que dans certains pays présentant des taux de mortalité et de natalité faibles, c'est la population active qui décroit la première et qui est le paramètre pertinent pour déterminer certaines consommations. Les achats de voitures et la consommation d'essence en décroissance semblent être liés à cette évolution de la population fortement urbanisée au Japon. La baisse des revenus, un mode de vie plus frugal, conséquences de l'arrêt d'activité professionnelle ou à son ralentissement (temps partiel, petit boulot) amènent le japonais urbain à se séparer de son véhicule et du garage obligatoire qui va avec.

                       Il est fortement probable que ce comportement japonais va se généraliser à d'autres pays européens qui vont aussi voir leur population vieillir et évoluer vers une sagesse respectueuse de l'environnement par attitude philosophique et par nécessité financière. Le profil de projection de la population allemande par exemple, dont la population active décroit depuis les années 2000, est proche de celui du Japon (FIG.V) avec un décalage de 5 ou 10 ans. La population active allemande pourrait baisser de 15 millions d'individus entre 2000 et 2050.

    Allemagne-1990-2050 

                     Un examen de l'évolution de population des pays potentiellement les plus riches du monde qui englobe l'Amérique du Nord, l'Europe-Russie, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie-Nouvelle Zélande, le Brésil et le Moyen-Orient montre que la population de cet ensemble va croître de 200 millions d'individus entre 2010 et 2050 (FIG.VI). Cependant la population active va demeurer globalement constante en dessous de 1,2 milliards d'habitants.

    Pays-riches-1990-2050 

                         Ces données montrent que de parler de croissance de population n'est pas suffisant pour anticiper des consommations d'énergies dans le monde. Une partie de cette variation des besoins en énergie va dépendre de la taille de la population active riche du Globe. Or celle-ci à l'horizon 2050 ne va pas connaître la croissance générale de la population en raison des phénomènes de vieillissement.

                       Conjuguée aux efforts de progression dans l'efficacité énergétique des processus qui seront mesurés chaque année, dans chaque pays, par ses émanations de CO2, cette faible croissance démographique à fort pouvoir de consommation permet d'anticiper une stabilisation ou une très faible croissance annuelle  (<0,5%) des besoins en énergie dans le monde d'ici à 2030. A titre d'anecdote la consommation globale d'énergie aux Etats-Unis en 2008 a diminué de 2% par rapport à celle de 2007 en raison de la baisse des consommations en produits pétroliers.

                        Les ressources d'économies mondiales d'énergie dans des parcs automobiles d'un autre temps, dans des centrales électriques d'une grande inefficacité, dans des habitations ouvertes aux quatre vents sont considérables. Un juste prix des ressources énergétiques, la disparition de subventions archaïques, une information continue des populations, des politiques d'incitation devraient conduire le monde à stabiliser sa consommation en énergie, malgré une croissance démographique encore soutenue, mais au sein d'une population vieillissante.

                      Si les problèmes de démographie vous intéressent je vous signale un accès très facile aux données les plus diverses dans le site des Nations Unies (LIRE).

    Le 6 Avril 2009.

  • Etats-Unis: le processus d’élaboration de la future législation sur les émissions de CO2 est lancé

    Etats-Unis: le processus d’élaboration de la future législation sur les émissions de CO2 est lancé

    Capitole                       C'est Henry Waxman, Président de la Commission de l'Energie et du Commerce à la Chambre des Représentants des Etats-Unis qui présente le projet de loi intitulé "The American Clean Energy and Security Act of 2009" qui va servir de base à l'élaboration de la future loi sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec pour objectif de réduire ces émissions de 20% en 2020 par rapport à celles de 2005. Dans ce texte qui aborde successivement la promotion des énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et les mesures transitoires, il est possible de dégager un certain nombre de points marquants. Citons l'obligation pour les distributeurs d'électricité d'approvisionner un certain pourcentage d'électricité d'origine renouvelable (6% en 2012 et 25% en 2025) avec une possibilité de réduction de ces objectifs par les Etats.

                      L'autre point important est la mise en place d'un système "cap and trade" de droits d'émissions de CO2, réservé aux grands émetteurs de CO2 (>25000 T/an) avec un plan de réduction d'émission de ces droits au cours du temps (Il va de 4,77 milliards de tonnes de CO2 en 2012 à 1,035 milliards de tonnes en 2050!). C'est donc théoriquement le marché qui va déterminer les cours du CO2!  Mais comme tout le monde sait que c'est stupide, le projet prévoit une "réserve stratégique" de 2,5 milliards pour injecter des droits supplémentaires si les cours deviennent trop élevés. Le "trade" va donc être "capé"!  De plus il va exister une possibilité de dispenses ("offset") provenant d'autres sources de réduction d'émissions (capture et séquestration, hydraulique, nucléaire?) nationales ou internationales. Ces dispenses ne pourront pas dépasser 2 milliards de tonnes annuellement. L'ensemble va ressembler à une vraie usine à gaz qui combinera vente aux enchères et cotation sur un marché. Il est peu probable que l'examen par les deux Chambres arrive à simplifier les textes.

                  Enfin il faut parler des mesures transitoires qui prévoient la possibilité d'instaurer une taxe carbone sur les produits importés, dans le cas où l'industrie américaine serait désavantagée. Le texte envisage également de pouvoir aider les pays en développement à condition qu'ils aient signé un accord international de limitation des émissions de gaz à effet de serre. Le texte anticipe la réunion de Copenhague et le comportement de la Chine et de l'Inde.

    Tout cela promet de longues et âpres discussions.

    LIRE le résumé de ce projet de loi.

    Le 1er Avril 2009

  • La capture du CO2 dans les gaz de combustion fait l’objet d’intenses recherches

    La capture du CO2 dans les gaz de combustion fait l’objet d’intenses recherches

    Plant_malaysia[1]                     La capture du CO2 dans les gaz de combustion d'une unité industrielle existante est un problème complexe qui semble aussi farfelu que de vouloir adapter un pot catalytique sur une vielle 403. Mais la demande est potentiellement forte, les industriels qui voudront s'affranchir des diverses taxes carbones ou d'achats de droits d'émissions seront à la recherche d'équipements de rétrofit susceptibles de capturer le CO2 et de le séquestrer on ne sait où. L'équation est complexe parce que le CO2 dans les gaz chauds de combustion est dilué dans l'azote de l'air et ces gaz comportent une plus ou moins grande part d'oxygène résiduel qui est susceptible d'oxyder les solvants utilisés pour la capture. Alors chaque industriel a sa recette secrète de solvant qui doit être peu volatil (adjonction d'un groupe ionique), résistant à l'oxydation et économe en énergie lors de la désorption du CO2 après capture.

                             Alors Mitsubishi Heavy Industries utilise sa recette KS-1 qui semble être énergétiquement en avance. Ce procédé est largement utilisé par MHI dans les unités de production d'urée (NH2-CO-NH2) où le CO2 formé lors de la production d'Hydrogène est capté pour être réutilisé par la suite pour réagir avec l'ammoniac. MHI est en cours d'étude d'une unité de capture de CO2 de 3000T par an qui doit capter les gaz issus de la centrale à gaz de 420MW de la centrale de Karsto en Norvège. Dans ce pays la tonne de CO2 émise coûte dans les 50$.

                              Siemens pour sa part va s'attaquer à la capture du CO2 d'une centrale à gaz à cycle combiné de Statkraft, également en Norvège. Le problème est rendu complexe en raison d'un flux gazeux à faible teneur en CO2 et à fort pouvoir oxydant. L'unité devrait être opérationnelle en 2011. L'enjeu est très important puisqu'il permettrait à Siemens de proposer des centrales à gaz de très bon rendement énergétique et n'émettant que de très faibles quantités de CO2 (LIRE le communiqué de Siemens).

                              Enfin Alstom et Dow Chemical travaillent ensemble depuis 2008 pour développer un procédé à base "d'amines avancées". Ils vont ensemble équiper une chaudière au charbon dans une unité d'Union Carbide aux Etats-Unis. Leur objectif est de capter 1800 tonnes de CO2 par an (LIRE le communiqué d'Alstom).

                           Ces quelques exemples montrent l'implication des grands industriels du secteur pour développer ces technologies de capture de CO2 sur des installations existantes, les législations réprimant les émissions de CO2 leur apporteront la clientèle, à condition que le prix de l'énergie consommée par ce perfectionnement soit inférieur aux taxes carbone.

    Le 31 Mars 2009.

  • Une étude du Department of Energy confirme les économies importantes de carburant des poids lourds par l’utilisation d’uniques pneus à larges bandes

    Une étude du Department of Energy confirme les économies importantes de carburant des poids lourds par l’utilisation d’uniques pneus à larges bandes

    Michelin-pneu-large                         L'Oak Ridge National Laboratory après avoir fait parcourir plus de 700 mille miles à six camions  équipés de divers types de pneus, dont une partie équipés des pneus à large bande Michelin X (NGSWBT) qui permettent de remplacer deux pneus classiques par un seul pneu. Cette configuration réduit considérablement la résistance au roulage de la cabine et de sa remorque. Les résultats expérimentaux en vraie grandeur ont indiqué une réduction des consommations moyennes de 6%, pouvant aller jusqu'à 10% en pleine charge.

                            Formidable coup de pub de l'Administration américaine pour Michelin qui a bien sûr participé aux essais.

    LIRE le rapport de l'ORNL précisant les conditions des essais en vraie grandeur.

    Le 25 Mars 2009