Catégorie : solaire

  • Solar World ou la fin programmée des modules solaires allemands

    Solar World ou la fin programmée des modules solaires allemands

    Produire des cellules photovoltaïques et les assembler en modules dans un pays du Nord de l’Europe semblait être, fut un temps, une activité industrielle d’avenir. Mais le mirage d’alors fit rapidement long-feu et révéla la prévalence de la réalité économique. Les modules chinois moins onéreux et tout aussi performants, aux ventes encouragées par de robustes subventions  aux générations photovoltaïques de divers pays européens, envahirent le marché et firent effondrer les prix, au grand dam des industries locales.Bien sûr, les industries écologiques subventionnées de la production d’énergie électrique solaire firent, bien souvent, le choix de ces produits exotiques à prix cassés en ventant les mérites de leur filière réputée performante si on oublie la pénombre hivernale européenne (FIG.) et l’absence de productions dès le soleil couché.

    La production de cellules solaires en Europe, pays à la pointe des aides étatiques et de la bonne volonté écologique institutionnelle, se révéla être un fiasco quasi complet dans ce contexte de déflation importée.

    Il est possible d’assister, en ce moment, à la mort programmée de Solar World dont les revenus s’effondrent et les pertes s’accroissent, malgré le secours ultime apporté par un fond du Qatar.

    Que dire d’un SolarCity qui risque d’emporter Tesla et ses junk bonds dans son désastre.

    Allez, soyons optimistes, SunPower adossé au riche Total risque encore de tenir quelques années. Un comble pour une moderne industrie écolo, elle doit s’adosser à un pétrolier qui pue le mazout pour survivre.

    Mais attendons mes amis les premières faillites des industries d’avenir, et subventionnées, des véhicules routiers électriques, elles seront plus sanguinolentes encore.

    Le 10 Août 2017

     

  • La croissance des investissements annuels dans les énergies renouvelables connaît des hauts et des bas

    Investir, au milieu de l’Afrique, dans la génération d’énergie photovoltaïque qui va permettre d’éclairer quelques habitations rurales après sept heures du soir apporte un tel nouveau confort de vie à ses habitants qu’il serait vain et stupide de vouloir quantifier cet investissement en termes économiques. Par contre, investir au milieu de l’Allemagne, aux hivers sombres, et largement pourvu en divers modes de générations électriques, dans de nouveaux modules photovoltaïques subventionnés relève, à mon avis, de l’erreur économique majeure.

    La publication pour 2017 du rapport de la REN21 (Renewable Energy Policy Network for the 21st century) est une bonne occasion pour estimer ces investissements mondiaux et dans les grandes régions, réalisés dans les énergies renouvelables.

    Que mobilise cette soi-disant transition énergétique révolutionnaire, en termes de dollars investis, dont tant de politiques nous bassinent à longueur de meeting et qui porterait, en elle, une large part de l’avenir économique du monde?

    Je dois avouer que les chiffres d’investissements, a priori sérieux, publiés par la REN 21 sont pour le moins décevants.

    Entre 2015 et 2016 les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables (FIG.I) sont passés de 312 à 242 milliards de dollars, ce qui représente une chute de 70 milliards de dollars dont 50 millards proviennent des pays en voie de développement (courbe verte) et 20 milliards proviennent de la baisse des investissements dans les pays développés (courbe rouge). Une part de cette baisse peut s’expliquer par la baisse des prix de certains équipements, tels que les modules photovoltaïques de plus en plus produits en Chine et favorisés par la revalorisation du dollar vis à vis des autres monnaies. Mais la non rentabilité de ces investissements, dont les volumes dépendent de larges subventions attribuées par les États, constitue également pour une part importante, une des raisons dans ce repli enregistré.

    Il est également intéressant, de comparer les investissements annuels réalisés en Europe et en Chine (FIG.II).

    Aprés un pic d’investissement en Europe en 2011, autour des 124 milliards de dollars (Courbe bleue), qui avait, alors, transformé le continent européen en véritable Eldorado pour les industriels des énergies renouvelables de toutes origines, ces investissements annuels en Europe ont été ramenés depuis quatre ans autour des 60 milliards de dollars. Ils restent stables et peu abondants, signe d’une certaine lassitude de la part des financiers.

    Dans ce domaine, la Chine semble suivre le chemin de l’Europe avec quatre ans de décalage (courbe rouge). Après un maximum de 115 milliards de dollars enregistrés en 2015, ces investissements sont revenus à 78 milliards de dollars en 2016. Pour le premier trimestre 2017, avec des investissements chinois dans les ENR qui seraient en baisse de 11% par rapport à ceux de la même période de l’année précédente, ils semblent vouloir conforter cette baisse vers un niveau aux alentours des 70 milliards de dollars, sommes qui seraient alors voisines de celles de l’Europe.

    Rien dans ces chiffres peu ambitieux ne permet d’anticiper la moindre révolution énergétique, pourtant annoncée par certains.

    Le 18 Juin 2017

     

     

     

     

  • L’excès de capacité de génération électrique allemande met en péril les stations de pompage alentour

    L’excès de capacité de génération électrique allemande met en péril les stations de pompage alentour

    Le caractère aléatoire et intermittent des générations d’électricité éoliennes et solaires allemandes a imposé de mettre en place de larges surcapacités de production pour pallier le manque impromptu de vent ou de soleil dans ce pays industrieux. L’Allemagne, pour générer dans les 541 TWh d’énergie électrique annuelle, dispose d’une puissance installée de 195 GW dont près de 89 GW de centrales à flammes alimentées de lignite, de charbon, de gaz, de biomasses diverses. Le taux de charge moyen de ces larges équipements germaniques est inférieur à 32%. Cela veut dire que, à un instant donné,  plus des deux tiers des équipements de génération sont statistiquement à l’arrêt dans ce pays qui a massivement investi dans les ENR alors que la demande de puissance électrique était étale.

    Une des conséquences de cet état, est un effondrement des cours de l’énergie électrique, en particulier au moment des heures de pointes, ce qui agit à la baisse sur l’écart de prix entre heures creuse et heures de pointes (FIG.), écart qui permet de rémunérer les centrales de pompage-turbinage allemandes (rares) et helvètes beaucoup plus nombreuses.

    On constate donc, ce qui est souvent annoncé ici, l’incompatibilité économique entre stockage de l’énergie électrique et excédent de capacité de génération, excédents nécessaires à la stabilité du réseau. Les charmes de l’interconnexion en Europe de l’Ouest font que l’excès de capacité allemand rend déficitaires les stockages hydrauliques des pays voisins. Façon agressive et peu élégante d’imposer une fausse image écolo au soi-disant virage énergétique.

    LIRE un très intéressant papier sur ce sujet dans Bloomberg.

    Le 20 Mars 2017

     

  • Pays membres de l’OCDE: longue stagnation des générations d’énergie électrique

    Les pays de l’OCDE qui, d’après l’IEA, affichaient des générations d’électricité annuelles de

    10 269,5 TWh en 2014

    10 282,7 TWh en 2015

    10 373,3 TWh en 2016

    seraient-ils en-train de réaliser la révolution énergétique annoncée?

    Le graphique ci-dessus, établi par l’IEA, illustrant l’évolution des générations par grandes ressources,  répond mieux à cette question que de longues phrases ampoulées.

    Le monde, tel qu’il est, vous montre qu’il ne se passe pas grand-chose dans la génération d’électricité au sein des pays de l’OCDE.

    D’autres vous parleront de transition et de fables urbaines.

    Détournez-vous de ceux qui vous inciteraient à participer financièrement à ce pseudo-chamboulement annoncé!

    L’inertie des choix énergétiques des Nations s’y oppose; la saine gestion des investissements industriels, dans un marché en stagnation, aussi.

    ACCEDER aux données de l’IEA

    Le 17 Mars 2017

     

  • Peut-on comparer la carotte photovoltaïque et le navet nucléaire?

    Peut-on comparer la carotte photovoltaïque et le navet nucléaire?

    Je suis las de ces faux débats, menés, sans répit, par certains journalistes accusateurs et incompétents , pour nous faire regretter que les investissements dans le photovoltaïque français aient été  sournoisement stoppés, sous les coups des intrigues du lobby nucléaire français, électronucléaire qui aurait dû être submergé par cette nouvelle industrie, rendue si peu onéreuse grâce aux choix commerciaux agressifs chinois. Affirmations qui oublient que l’Espagne pourtant, un temps, à la pointe du photovoltaïque européen a fait de même, devant la facture insupportable de son économie énergétique sponsorisée et que l’Allemagne, malgré ses choix pompeux, fait toujours marcher, avec succès, certaines de ses centrales électronucléaires qui lui fournissent avec la combustion du lignite local, son électricité de base.

    Ces comparaisons de l’une et de l’autre des deux technologies n’ont aucun sens économique puisqu’elles ne conduisent pas à la même forme d’énergie. L’une de ces ressources est aléatoire, intermittente, saisonnière même, dans le Nord de l’Europe comme en Allemagne et en France, l’autre produit une ressource électrique de base nécessaire à la stabilité d’un réseau électrique comme celui de l’Ouest Européen interconnecté.

    Je voudrais ici aborder, pour oublier un peu l’exemple schématiquement ridicule et peu ensoleillé allemand, parler des générations photovoltaïques françaises dont Enedis publie une courbe représentant la puissance moyenne journalière (l’énergie moyenne quotidienne divisée par 24 heures) du photovoltaïque fournie au réseau (FIG.).

     

    Cette courbe montre la saisonnalité des générations, fortes durant la belle saison et faibles en hiver.

    Le photovoltaïque en France, tout comme en Allemagne est une ressource énergétique saisonnière. Cela veut dire que pour transformer cette ressource en un élément d’une ressource électrique de base il faut soit comme en Allemagne disposer de larges ressources d’appoint, constituées de centrales à flamme sous-employées non rentables, qui brûlent du lignite local, du charbon importé ou local, du gaz naturel russe ou diverses ressources de biomasse ajoutées à ces combustibles de base.  Le système est techniquement viable parce que ces centrales à flammes fournissent en moyenne 60% de l’énergie électrique produite en Allemagne contre 7% pour le solaire et 14% pour l’éolien. Un excédent de capacités de production de ce pays, loin d’un optimum économique, permet de s’accommoder de l’intermittence aléatoire volontairement introduite dans le système.

    J’ai, à main levée, tracé sur ce graphique publié par Enedis, une droite proche de celle de corrélation de cette courbe qui permet de visualiser les excès d’énergie produits durant l’été et qu’il faudrait reporter durant l’hiver pour assurer une croissance régulière des productions avec un mode de stockage d’énergie électrique d’excellent rendement. On peut estimer aujourd’hui qu’un stockage de l’ordre de 960 GWh (200 MW pendant 4800 heures) permettrait au photovoltaïque français de délivrer 24h/24  une puissance moyenne journalière de 400 MW… seulement.

    Pour comparer avec pertinence, la carotte photovoltaïque avec le navet nucléaire il faut, d’entrée de jeu, parler des moyens, du rendement et du prix du stockage saisonnier de l’électricité. Dans le bilan économique, le prix, si bas, avancé en étendard, des modules photovoltaïques chinois passera alors au second plan.

     

  • Est-il raisonnable d’investir dans les générations électriques solaires au nord du 45°N de latitude?

    Est-il raisonnable d’investir dans les générations électriques solaires au nord du 45°N de latitude?

    Parler avec pertinence des énergies renouvelables dans l’absolu est un exercice complexe, à moins de cantonner ses remarques à des généralités portant sur le caractère intermittent de ces générations et la nécessité de mettre en place soit d’onéreux modes de générations de secours, peu utilisés, et nécessairement subventionnés, ou d’onéreuses  réserves d’énergies hydrauliques ou électrochimiques censées assurer au réseau la jointure de puissance entre deux périodes fastes de génération. Cette option suppose que les prix du MWh d’électricité en heure de pointe ou en période de pénurie soient suffisamment rémunérateurs  pour assurer une rentabilité raisonnable des investissements réalisés dans ces modes de stockage. Cette contrainte rend peu probable la coexistence des deux options, une pléthore de modes de générations de secours conduisant, comme aujourd’hui en Allemagne, à un effondrement fréquent des prix en heure de pointe et donc à une perte de rentabilité des modes de secours par stockage. L’autre option plus économique, sur un réseau interconnecté comme celui de l’Ouest Européen ou ceux de l’Ouest Américain est de profiter des productions bienveillantes des États voisins qui permettent d’importer les bienvenus Gigawatts en cas de pénurie. C’est ce que fait largement l’Allemagne par exemple ou la Californie qui importe un quart de ses consommations d’énergie électrique des réseaux voisins du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest américain (EIA).

    Par-contre il est possible de parler avec plus de pertinence des avantages et des inconvénients de telle ou telle option d’énergie renouvelable pour un réseau donné bien localisé.

    Je voudrais ici parler de la pertinence du choix du photovoltaïque selon les régions.

    Pour les États-Unis, au peuple pragmatique, le choix est simple: l’énergie solaire est la bienvenue au sud d’une courbe San Francisco- Denver- Atlanta comprise entre les 40°N et les 35°N (FIG.). Au-dessus des 40°N, quasiment seul le vent a droit de cité.

    Bien sûr, ce choix n’est pas celui de l’Europe dont peu de la surface de son territoire est située au sud du 40 ème degré Nord de latitude qui suit sensiblement une courbe reliant Coïmbra au centre du Portugal, Madrid et Naples.

    Alors, pour ces raisons géographiques restons modestes et posons-nous la question de la pertinence d’investir dans le solaire en Europe au Nord du 45ème degré nord de latitude soit au nord d’une ligne Bordeaux-Grenoble -Turin. Cette limite sauvegarde l’Espagne, une large part de l’Italie, et l’extrême Sud de la France comme lieux éligibles à la génération solaire d’électricité.

    Elle exclut l’Allemagne pour laquelle la génération solaire d’électricité est une activité non pas seulement intermittente mais surtout saisonnière avec une courbe en baignoire (FIG.II)

    Mais il semblerait que les opérateurs allemands et les autorités de ce pays se soient aperçus de la bévue. En effet, après les années folles subventionnées de 2010 à 2012, bien peu d’investissements dans le solaire sont à ce jour réalisés Outre-Rhin (FIG.III).

    Il ressort de ce simple examen que l’investissement allemand dans le solaire durant la décennie passée, alors que les besoins en énergie stagnaient, a été, pour ce pays et donc pour l’Europe, un pur gâchis économique conduisant à des générations aléatoires et saisonnières d’énergie électrique.

    Nul doute que l’inefficacité de tels investissements a participé à la stagnation économique de l’Europe de l’Ouest, que nous mesurons. Le délabrement de la filière industrielle du solaire en Allemagne illustre ce propos. Il manquait juste d’un peu de soleil.

    Le 7 Septembre 2016

     

     

     

  • Tamponner la volatilité ou l’étude des limites de la « révolution » énergétique allemande

    Pour ne pas rester crédule et bêtement persuadé que les ressources solaires et éoliennes allemandes vont pouvoir, bientôt, remplacer les centrales thermiques et atomiques de ce pays, il faut lire les conclusions de l’étude de Hans-Werner Sinn  de l’Université de Munich sur la nécessité de mettre en place de lourdes structures de stockages de puissance électrique, du type pompage turbinage par exemple, qui permettraient de tamponner la variabilité naturelle observée des générations éoliennes et solaires réunies. Alors que l’Allemagne dispose aujourd’hui de 35 de ces centrales de stockage et se débat pour en construire une nouvelle, H-W Sinn prévoit qu’il en faudrait plusieurs milliers (chiffre variant selon les hypothèses) pour porter progressivement la capacité de stockage allemande jusqu’à 26 TWh et pouvoir ainsi assurer le remplacement des centrales thermiques et nucléaires actives.

    Document argumenté à charge contre le mythe des énergies renouvelables allemandes ce document descend en flammes les voies de stockage chimique comme l’Hydrogène ou le Méthane, trop onéreuses et aux rendements énergétiques inappropriés. Il souligne le côté anecdotique du stockage d’électricité dans les batteries de voitures électriques. Il souligne les limites de la modulation par la demande qui va reporter de quelques heures l’appel de puissance mais est incapable de reporter d’un trimestre les consommations d’énergie électrique.

    En résumé je ne retiendrai que sa franche recommandation, bien peu germanique, en conclusion; « Etant données ces difficultés, il sera digne d’intérêt pour la communauté mondiale, de bien examiner les résultats de l’expérience allemande avant de l’imiter  et  de démanteler ses centrales électronucléaires. »

    LISEZ ABSOLUMENT les résultats de cette étude!

     

     

  • Il est plus aisé et moins onéreux de stocker des gigabits que des gigawatts

    L’analogie entre réseau internet et réseau électrique (« grid »), à la source du concept de « smart grid » ou de réseau intelligent, nous vient de penseurs gaucho-altermondialistes américains, motivés par leur détestation pour le système économique en place. L’Homme libre moderne, assez proche de l’anarchiste traditionnel, mais assez riche pour investir, car initialement américain, pourrait subitement devenir à la fois producteur et consommateur d’énergie, ses excédents de production seraient, gratuitement acheminés bien-sûr, et revendus à ses voisins. A quoi servent donc ces énormes Compagnies obsolètes qui investissent sur des durées de plusieurs décennies dans les moyens classiques de génération, alimentés par l’atome, le gaz naturel, le lignite, le charbon ou l’énergie des fleuves ou des lacs d’altitude et dans de complexes réseaux de distribution assurant, à tout moment, la mise à disposition de la puissance électrique nécessaire.

    Une multitude de ressources privées ou communales, intriquées entre elles, devrait suffire à satisfaire les besoins de puissance électrique de la Nation, à condition qu’un système complexe et intelligent relie tous les consommateurs et tous les producteurs (qui sont les mêmes ou presque).

    Mais pour qu’un tel système soit viable il est nécessaire de disposer à tout instant de ressources de puissance disponible qui peuvent être soit des stocks de puissance (batteries électrochimiques, stations de pompage-turbinage, réserves chimiques aux rendements inappropriés, etc.) soit, comme en Allemagne aujourd’hui, un formidable réseau de moyens de production, foisonnants, plus ou moins subventionnés car sous-utilisés .

    Internet repose sur l’interconnexion apparente des utilisateurs, au travers de centres de stockages des données gérés par les hébergeurs qui stockent des milliards de gigabits dans, soi-disant, un « nuage ». Ces données sont consultables et non consommables. Elles ne s’épuisent pas, sinon sous la contrainte du temps qui les rend obsolètes.

    Mais le « nuage » du stockage électrique est bien plus onéreux à mettre en place et à maintenir. Ces stocks sont consommables et doivent être en permanence entretenus. Là réside le hic du problème et les limites de l’analogie stupide entre réseau électrique et réseau internet.

    Mais, me direz-vous, il reste cependant une alternative: c’est de limiter les consommations en heures de pointes, façon élégante de limiter les appels intempestifs de puissance et donc de stabiliser le réseau. Le principe d’effacement, en échange de tarifs avantageux, est déjà opérationnel. Demain il serait généralisé au moyen de compteurs intelligents qui feront fluctuer les tarifs au cours de la journée. Nous risquons de vivre alors une période de restriction de puissance généralisée par les prix qui touchera bien-sûr les plus pauvres ou les dernières industries électro-intensives qui nous restent encore et qui fuiront immédiatement.

    Toutes ces thèses écolo-anarchistes qui relèvent de la conviction des bienfaits des micrproductions, sont aujourd’hui défendues, assez paradoxalement, sur un site d’ERDF financé par les consommateurs et contribuables que nous sommes. Y apporter la contradiction est une tâche difficile mais les thèses défendues vont dans la ligne du pouvoir en place et des prêches relevant de la soi-disant transition énergétique, escroquerie intellectuelle du moment. Y-aurait-il là, une forme classique du moment, de collusion insupportable entre pouvoir politique exécutif et agence administrative technique? A chacun de former son opinion.

    Le 24 Juillet 2016

     

  • Un exemple de prise en compte de la lente substituabilité compétitive des sources primaires d’énergie

    Dans la littérature du moment, il est courant de constater combien les écrits et autres pamphlets, parlant d’évolution possible des sources primaires d’énergie et de leur répartition dans le monde, sous-estiment la viscosité, dans le temps, des processus de substituabilité. Certains magiciens prédisent la disparition du charbon mais oublient de préciser par quelle ressource le remplacer et à quel prix, d’autres prêchent pour la disparition  imminente des ressources énergétiques traditionnelles et pour leur substitution par les énergies renouvelables tout en omettant d’aborder  les problèmes majeurs posés par l’intermittence de ces ressources éoliennes et solaires; encore,  par insupportable et grossière tactique politicienne, d’autres militent pour un bannissement des exploitations et même, récemment, des importations de gaz de schistes alors que ces derniers vont être, peu à peu, appelés à représenter la majorité des ressources abondantes de gaz naturel dans le monde. Enfin certains revendiquent la fin de l’atome comme ressource d’énergie, alors que de futurs modes de mise en œuvre de l’atome, à développer, constitueront une large part du mix énergétique à venir de la planète. Enfin, aller capter l’énergie solaire dans l’espace, là où le jour est éternel ou presque, sera peut -être un jour possible, mais il faudra savoir rapatrier cette énergie sur terre sans exterminer les pauvres oiseaux migrateurs qui sillonnent des couloirs aériens millénaires. Les solutions écologiques éoliennes ou solaires sont souvent implacables pour nos oiseaux, fragiles descendants directs des dinosaures. Malheur aux dindons de la farce, il faut sauver la planète! L’homme, dit-on en haut-lieu, pourrait subitement déterminer le climat. Quelle arrogance imbécile!

        Mais revenons à la substituabilité des sources d’énergies, processus lent, qui met en œuvre de nouvelles technologies mais aussi de nouvelles habitudes ou de nouveaux standards sociaux. Chauffer son foyer au feu de bois, ou avec une chaudière à mazout, ou bien avec une pompe à chaleur  ne relèvent pas des mêmes standards de mode de vie, des mêmes modes du moment, des mêmes influences tribales, des mêmes technologies, des mêmes langages.

        J’ai retenu, pour illustrer cette lenteur, la publication par l’EIA américaine portant sur les consommations d’énergies mondiales relevées dans son « International Energy Outlook 2016 » qui vient de paraître (FIG.) et d’où il ressort qu’entre 2012 et 2040, les consommations d’énergies primaires dans le monde devraient progresser de 48%. Selon cette officine, les parts de marché du pétrole et du gaz devraient rester globalement stables (56%) avec une part de marché du pétrole et des condensats en baisse de 3 points alors que la part du gaz naturel progresserait de 3 points.

        Durant ces 28 ans, les consommations de gaz naturel dans le monde seraient multipliées par 1,7 et celles de pétrole et autres ersatz (liquids) ne croitraient, elles, que de 34%. Nous retrouvons l’importante croissance des ressources gazières  dans le futur mix énergétique du monde.

        Mais ce qui est tout aussi passionnant dans ces projections, c’est la part de marché du charbon qui ne perdrait que  6 points, pour se retrouver à 22% en 2040. Ces 6 points se répartissent entre le nucléaire (+2 points) et les diverses autres formes d’énergies (+4 points) essentiellement renouvelables.

         L’EIA ne prévoit pas, pour 2040, un effondrement de la part du lignite ou du charbon dans le mix énergétique mondial dont les consommations devraient progresser de 18% durant la période. Supprimer l’utilisation du charbon nécessiterait de réaliser d’énormes investissements mondiaux dans les filières nucléaires et celles des énergies renouvelables secourues par des stocks ou d’autres centrales classiques. Après-tout, autant conserver le charbon peu onéreux.

    CONSULTER  « L’INTERNATIONAL ENERGY OUTLOOOK » 2016 de l’EIA américaine.

    Le 13 MAI 2016

     

     

  • L’intermittence! Vous ne savez ce que vous dédaignez.

    Certaines formes de ressources d’énergies renouvelables présentent l’avantage d’être mobilisables à tout moment. Je pense, par exemple, aux remarquables ressources hydro-électriques du continent Nord-Américain ou à celles de l’Europe du Nord dont les contrées ont mis à profit la pluviosité abondante locale. Mais, majoritairement, ces ressources d’énergies naturelles, qu’elles soient d’origine éolienne ou d’origine solaire, ont la détestable caractéristique d’être intermittentes. C’est la raison pour laquelle on parle, à leur sujet, de facteur de charge (ou « capacity factor ») qui est la fraction de temps qui permettrait de générer, à la puissance nominale de l’équipement, l’énergie réellement produite durant une année par exemple.

    Ce facteur de charge annuel est, par exemple, de 10,5% pour le solaire allemand (Fraunhofer) dont les générations s’effondrent durant les quatre mois d’hiver de ces contrées septentrionales. Il est plus du double pour le solaire américain qui jouit de l’ensoleillement régulier de ses déserts Californiens ou Nouveaux Mexicains.

    Pour l’éolien qui lui fonctionne nuit et jour, les choses sont un peu meilleures. L’éolien allemand, par exemple, présente un facteur de charge annuel moyen de 25%.

    Ces données établies, il est possible d’en déduire, le caractère économiquement peu probable de la possibilité de mettre en place, avec des moyens de stockage ad’hoc, en tampon, un réseau de ces modes intermittents de génération qui permettrait au réseau électrique d’assurer une prestation sans faille de puissance à la demande des consommateurs, tout comme il le fait aujourd’hui. Pour assurer une puissance constante P, aux pertes d’énergies par le stockage près, il faudrait installer des puissances intermittentes du style de plus de 4P pour l’éolien et de plus de 10P pour le solaire germanique. (voir l’équation plus détaillée dans un papier antérieur). Cette surcapacité de production intermittente est d’autant plus nécessaire que le rendement de stockage de l’énergie en tampon est faible. Cet effet négatif des rendements de stockage disqualifie les élucubrations des vendeurs allemands d’éoliennes, sur l’utilisation d’un cycle réversible électrolyse-pile à combustible utilisant l’hydrogène et qui présenterait un faible  rendement  électrique.

    Mais je voudrais, ici, vous montrer de façon simple ce qu’est l’intermittence des générations électriques et vous assurer qu’elles vont poser, même au sein d’un large réseau interconnecté traditionnel, réputé robuste, des problèmes rapidement insolubles.

    J’ai choisi, à partir de l’historique des productions d’électricité, pays par pays, publié par l’IEA de vous présenter ces générations renouvelables, hors hydroélectriques, essentiellement intermittentes en Allemagne (courbe rouge), en Europe de l’Ouest interconnectée (courbe verte) et aux États-Unis (courbe bleue) dont on remarquera le tassement de la croissance durant ces dernières années en raison, entre autres, de l’inconstance des subventions fédérales. (FIG.)

    Les composantes intermittentes, même après intégration sur un mois, de ces générations sont loin d’être négligeables.  Elles ne seront supportables par les réseaux que tant qu’elles n’interviendront que marginalement dans le bilan des générations.

    En Europe , de par sa position géographique, mal interconnectée au réseau européen, et après des investissements massifs dans les énergies intermittentes, c’est probablement l’Espagne qui rencontre le plus de difficultés dues à l’intermittence. Il suffit de remarquer le plafonnement de ses productions d’énergies renouvelables pour s’en convaincre (FIG., courbe brune). Rappelons que l’Espagne n’a installé aucun générateur éolien sur son territoire en 2015.

    Après des années de douce crédulité dans les énergies intermittentes et de propagande étatique, il faut anticiper des politiques d’investissements dans ce domaine beaucoup plus restrictives de la part des dirigeants des pays les plus avancés. Bien sûr ils ne le clameront pas sur les toits, il n’est pas agréable de se déjuger, mais la stabilité des réseaux électriques sera en jeu ainsi que la gestion saine des budgets d’investissements énergétiques de ces contrées.

    Accéder aux données historiques mensuelles de l’IEA.

    Le 21 Avril 2016