La relation entre politique et économie ne doit pas être traitée avec légèreté. L’histoire nous a montré l’effondrement inattendu de l’empire soviétique gangréné par son idéologie léniniste économiquement inefficace, elle a illustré une reconversion post-maoïste profonde et bienvenue du communisme chinois à l’économie de marché. Elle nous montre les violences inacceptables dans certaines contrées d’Amérique Latine ou de celles touchées par le soi-disant printemps Arabe. Les progrès de toute civilisation reposent sur le bien-être des populations. La pauvreté n’engendre que régression et retour à la violence primitive, nécessaire aux plus forts pour leur survie et leur bien-être. Celle-ci est incompatible avec les systèmes démocratiques qui vont de pair avec la bonne santé économique des nations.
C’est la raison pour laquelle les idéologies qui reposent sur un retour à la frugalité sont potentiellement dangereuses. Bien-sûr le baba-cool non-violent à cheveux longs, revenu aux champs et vivant avec sa famille des aides de la collectivité et d’une douce activité au black ne présente aucun danger pour son entourage. Mais la généralisation de ce type de comportement pose de toute évidence économiquement problème et porte le risque de conduite à des formes politiques perverses des idéologies romantiques qui la soutiennent.
La primauté de la nature sur l’homme contient en soi les germes d’une répression possible et donc de régression morale. La primauté de l’homme sur la nature, issue des traditions agricoles, de la mécanisation continue de l’agriculture et de la sélection empirique des semences et des espèces, est à la base de nos nations civilisées. Tout repose sur un dosage intelligent et donc soutenable de cette main-mise et des progrès technologiques qu’elle rend nécessaires et qui l’accompagnent.
Les investissements, accompagnés de démocratisation du savoir-faire, sont nécessaires au développement de l’agriculture mondiale qui va devoir assurer l’alimentation et une part des ressources énergétiques (biocarburants) de populations de plus en plus nombreuses et exigeantes. Les industries agro-alimentaires européennes voient devant elles une formidable opportunité de développement industriel et commercial basée sur la qualité de leurs ressources et de leurs méthodes industrielles. Le Chinois du futur voudra lui aussi manger un sandwich pain beurre au jambon de Parme arrosé de vin de Bordeaux. (Le sandwich au gorgonzola et le vin de Bordeaux développent également des synergies que je vous recommande vivement.)
Parmi les ressources clés des nations figurent les ressources énergétiques. Elles apparaissent, à la suite d’investissements massifs dans l’exploration de la décennie passée et de progrès technologiques, beaucoup moins rares et plus largement réparties dans le monde que ne le prétendaient certains alarmistes mondains adeptes de la théorie du peak oil. Cette théorie repose sur le principe erroné que la consommation de produits pétroliers dans le monde est aujourd’hui déterminée par la production forcément rare, faisant du monde une large Californie assoiffée de pétrole et alimentée par quelques derricks poussifs et bringuebalants.
L’évidence montre que les marchés du pétrole, du charbon et du gaz naturel sont en concurrence entre eux, avec l’énergie de l’atome et celle des biocarburants (mécanismes de substitution compétitive). Ces marchés sont pilotés par la demande mondiale en énergie, elle-même amortie par des prix unitaires croissants, qui justifient de nets progrès continus dans l’efficacité énergétique des processus. S’il y avait pénurie il y aurait marché noir.
C’est ainsi que l’AIE dans son dernier Medium Term Oil Market Report 2013 rejoint les conclusions du Belfer Center et assure que l’offre mondiale de pétrole d’ici à 2018 va croître plus rapidement que la demande . Donc rien de bien nouveau dans ce rapport sinon une étude sur la redistribution des cartes dans le raffinage mondial d’ici à 2018 (FIG.I)
CDU: crude distillation unit

Il ressort de cette étude prévoyant entre 2012 et 2018 la fermeture de l’équivalent de 4 raffineries de 400 mille barils par jour dans la zone OCDE Europe et l’installation d’une petite trentaine de raffineries de cette taille dans le monde. Ceci conduit à une capacité de raffinage mondial en croissance de près de 10 millions de barils par jour, essentiellement en Asie (FIG.I), au Moyen-Orient et en Amérique Latine aujourd’hui desservie par le raffinage US.
La conséquence de ces grandes manœuvres énergétiques sera une puissante satisfaction écologique de façade européenne (les raffineries seront au Moyen-Orient: exemple parfait du stupide « carbon leaking »: on déplace la source polluante en appauvrissant le pays) et une dépendance accrue de l’Europe aux importations de produits raffinés. Situation économiquement ruineuse et stratégiquement dégradante quand on sait que la France par exemple a importé, nous disent les Douanes, sur les douze derniers mois au mois de Mars dernier près de 18 milliards d’euros de produits raffinés du pétrole à comparer aux 36 milliards d’importation de pétrole brut. Alors dit l’AIE il faudra faire des stocks onéreux de produits pétroliers….à condition d’en avoir les moyens financiers pourrait-on ajouter.
Pour éviter ou limiter cet appauvrissement énergétique potentiellement destructeur les pays européens doivent investir dans la recherche de leur compétitivité énergétique. La maîtrise de l’énergie des atomes, l’exploitation des gaz non conventionnels (schistes, houilles, grès), la synthèse de biocarburants sont autant de domaines qui participent à cet objectif sûrement plus important que la réduction des émissions de CO2 prônée par une administration européenne dont l’incompétence évidente dans ce domaine est de plus en plus mise en exergue.
LIRE le papier de l’IEA et ACCEDER aux graphiques.