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  • Les importations US de pétrole et produits pétroliers pèsent de moins en moins sur la demande mondiale

    Les importations US de pétrole et produits pétroliers pèsent de moins en moins sur la demande mondiale

    Les importations nettes de pétrole et produits pétroliers américaines sont déterminées par les consommations en baisse de produits pétroliers des États-Unis, les extractions internes en progression de pétrole brut et de condensats issus de l’extraction des gaz conventionnels ou non, les productions locales soutenues de biocarburants, ersatz moins onéreux que le dérivé du pétrole, les gains croissants en volumes des raffineries produisant plus de carburants rémunérateurs aux dépens des fonds de barils, les exportations très rémunératrices de gasoil indexé sur les cours du Brent par ces raffineries américaines en excèdent de capacité. Le bilan de tous ces impacts paramétriques montre que les importations nettes américaines de pétrole et autres produits pétroliers sont en forte baisse (FIG.I, courbe bleue).

    FIG.I: enfin un vrai peak-oil…avéré!

    US import
    Après des importations nettes à 8,4 millions de barils/jour en 2011, celles du premier trimestre 2012 apparaissent encore en retrait à 7,7 millions de barils/jour. Les exportations de produits pétroliers dopées par le spread entre BRENT et WTI atteignent les 3 millions de barils /jour.

    La volonté de ce grand pays de tendre vers l’indépendance énergétique est de toute évidence en marche tout simplement parce que les cours du pétrole US sont nettement plus faibles que les cours internationaux largement déterminés par les cours du Brent sous fortes influences proches et moyen-orientales, mais aussi parce que les prix des biocarburants moins déterminés par la spéculation sont devenus des stabilisateurs de prix des carburants en sortie des raffineries américaines. Le raffinage, les industrie des biocarburants permettent de faire des gains de productivité sur la mise à disposition de ressources énergétiques sous forme de carburants. Il est inexact de dire que la filière énergétique ne fait pas de gains de productivité. Le raffinage mondial produit chaque année plus de carburants avec un baril de brut.

    L’économie américaine a bien compris que la maîtrise des prix de l’énergie est un élément clé de sa compétitivité économique…ce que certains pays européens semblent ne pas avoir encore bien intégré en donnant à tout prix la primauté aux ressources énergétiques subventionnées (Feed-in-Tariff). Contresens historique.

    Saxoleine

    Cette moindre pression de la demande américaine en produits pétroliers laisse du mou pour la satisfaction de la demande croissante asiatique chinoise ou non chinoise sans grandes tensions sur les prix du brut déterminés essentiellement par les contraintes géopolitiques du moment.

    Le monde qui a consommé un quart environ des réserves ultimes dispose encore d’importantes ressources de pétrole. Le comportement des USA déterminera pour une grande part les cours du brut à venir et donc la pression des prix sur la régulation de la demande.

    Produire une voiture hybride économe en carburant apporte à l’économie mondiale une contribution en terme de PIB équivalente à celle d’un énorme Hummer chinois, une pompe à chaleur est plus complexe mais plus efficace que n’importe quelle résistance chauffante du siècle dernier. La relation bi-univoque entre bien-être et gaspillage d’énergie établie sur la base de courbes empiriques, ne m’apparait pas comme cette évidence tant proclamée par d’autres, beaucoup plus diplômés et donc intelligents que moi, mais encore scotchés au premier principe de la thermodynamique. Le monde sera, à coup sûr, aussi performant et insolite avec deux fois moins de pétrole consommé …il suffira aux hommes d’alors d’adopter les moyens de transport, de chauffage, de productions moins énergivores qui globalement existent. Prigogine nous a appris, bien après Carnot, que certains systèmes conservaient un équilibre inattendu et improbable à condition d’être alimentés d’ondes électromagnétiques vectrices d’énergie. La Terre qui héberge la vie est un de ces objets complexes, structure dissipative obéissant à cette thermodynamique des systèmes non isolés. Ne l’oublions jamais.

  • Peut-on identifier certaines limites aux méfaits prévisibles de la rente pétrolière?

    Dans un exposé brillant, le Bordelais Jean Marc Daniel, s'inspirant des réflexions des économistes anglo-saxons de la fin du XIXème siècle devant le choc charbonnier constaté dans les années 1860, prédit la montée inexorable des prix des ressources énergétiques primaires et de la création de rentes au profit des monarchies pétrolières et de la Russie. Ce que n'auront pas su faire Poutine et ses prédécesseurs par le communisme, Poutine va le réaliser aux travers de fonds souverains russes qui vont accaparer le progrès technique mondial par le biais de la rente énergétique affirme non sans humour Jean Marc Daniel.

    Les économistes du XIXéme siècle, s'ils s'étaient un peu mieux penchés sur les progrès techniques du moment auraient sûrement identifié, loin de l'Europe, là-bas en Californie, vers 1865, l'arrivée d'une nouvelle et formidable ressource énergétique: le pétrole qui allait largement se substituer au charbon. Cette constatation aurait sûrement permis à certain (Jevons) d'éviter de prévoir la fin du charbon dans le monde pour 1985. On notera également une sous-estimation par Jevons de la ressource charbonnière exploitable ailleurs dans le monde connu et identifié d'alors. Phénomène identique qui apparait de plus en plus de nos jours dans le cas du pétrole, au gré de chacune des nouvelles découvertes inattendues (Brésil subsal, huiles de schistes).

    Les propos actuels tenus par nombreux prévisionnistes spécialistes du très rémunérateur catastrophisme mondain prônant une transition énergétique vers on ne sait quoi et annonçant la fin imminente des haricots et du pétrole, mais passant pudiquement sous silence la révolution américaine des gaz de schistes, n'est pas sans étrangement rappeler les propos échangés lors de ce choc charbonnier du XIXème. On assiste même à une opposition organisée à la prospection de ces gaz "nouveaux" qui menacent de reléguer les éoliennes les plus modernes au rang des ustensiles de cuisines dépassés avec les casseroles en alu et les moulins à café muraux de nos Grands-mères.

    Il existe donc une première limitation à la montée sans borne des cours du pétrole: c'est la substituabilité compétitive des sources d'énergie. La faisabilité de poids lourds fonctionnant au GNL est démontrée (Volvo Truck), demain si les prix du gasoil à la pompe s'enflamment, c'est le gaz naturel qui se substituera au gasoil et autres fuel lourds sur les poids lourds et sur les navires. L'électrification des petits véhicules urbains en Asie et en Europe est en marche et s"accélèrerait. Ce phénomène participerait à la limitation de la demande en pétrole. Tout le monde sait que les technologies alternatives au pétrole dans les transports et dans la pétrochimie existent. Seuls les prix relatifs vont déterminer la vitesse dune probable substitution par le gaz naturel dont les ressources prouvées et potentielles sont abondantes.

    Le pétrole ne sera un jour qu'une ressource énergétique hors de prix réservée aux applications les plus pointues comme base de kérosène majoritairement bio par exemple

    Alors que de nombreux économistes distingués prédisent non sans raison un futur accroissement des prix mondiaux de l'énergie, l'expérience montre que c'est l'inverse qui se produit aujourd'hui aux États-Unis, tirés par la baisse des prix du gaz naturel qui se tiennent gaillardement au-dessous des 2.5 $/MMBTU et donc de l'électricité qui se commercialise au détail à moins de 100$ le MWh. La volonté d'indépendance énergétique de ce grand pays allège sa pression sur les ressources externes d'énergie. C'est un paramètre du premier ordre sur l'établissement des prix de l'énergie qui pour l'instant restent sages.

    Inversement, le cas de l'Allemagne et ses velléités de quitter le nucléaire met l'Europe entière économiquement affaiblie en grandes difficultés énergétiques et la soumet à la rente russe. Entre machiavélisme et connerie en politique nous retiendrons comme le ferait spontanément Alain Madelin la deuxième option pour expliquer la décision incongrue de la chancelière, après Fukushima. Quitter le nucléaire en ce moment est la preuve d'une grande ignorance du monde de l'énergie pour un pays assis tout de même, excusez du peu, sur un formidable gisement de lignite dont nos écolos les plus purs et durs ne parlent jamais… pudeur sur les tares familiales oblige.

    VOIR et ECOUTER l'exposé de Jean Marc Daniel grâce au lien de Tonton.

  • A lire: « Pourquoi la Silicon Valley ne sera jamais la Green Energy Valley »

     Un excellent papier de Andrew MacKillop dans European Energy Review basé sur les réflexions de Nathan Myhrvold, un ancien de Microsoft, qui rapproche les 535 milliards de dollars, partis en fumée, investis par les milliardaires californiens de la Silicon Valley dans des milliers de projets sur les énergies renouvelables et le formidable succès de George Mitchell un des développeurs de l'application du fracking dans l'exploitation des gaz de schistes et de houille.

    "The driving factor for change in energy is very simple: cost."

    "The green energy investment model used in China and India was and is light years away from the Silicon Valley model and is today a victim of its own success…the success of their “state guided” green energy investment and development model is so total they are effectively subsidizing green energy development in the OECD countries, through cheap exports of high-tech green energy equipment..but they are presently forced to sell at below production costs in a now-saturated world solar cell and film market."

    "As we know today, fracking with water, sand and chemicals has unlocked enormous deposits of shale gas, tight gas and coalbed methane across the world. Mitchell’s work has more than doubled, even tripled the world’s known reserves of extractible natural gas. In many countries this has changed the gas resource picture from total penury to total wealth in a single decade.
    Shale and coal-seam gas are literally new paradigm."

    Lecture indispensable pour tous ceux qui exercent parfois leur droit de vote au Parlement.

    Andrew MacKillop dans European Energy Review

    Le 30 Novembre 2011


  • Les créations d’emplois aux Etats-Unis ne permettent pas de réduire le chômage

    Les créations d’emplois aux Etats-Unis ne permettent pas de réduire le chômage

    "The change in total nonfarm payroll employment for August was revised from +57,000 to +104,000, and the change for September was revised from +103,000 to +158,000" affirme sans complexe le BLS américain dans sa publication du 4 Novembre. Le nombre de créations annoncées de 80 mille nouveaux emplois américains non agricoles au mois d'Octobre qui va être repris par toutes les gazettes, doit donc être accueilli avec beaucoup de philosophie.

    Emplois US

     En utilisant les données corrigées supposées plus exactes du mois de Septembre il apparaît que les États-Unis ont créé 382 mille emplois en un trimestre et pas loin de 1,6 million d'emplois en un an.

     De telles valeurs ramenées aux proportions de la population de notre pays feraient rougir d'orgueil n'importe quel ministre français de l'emploi qui s'arrogerait bien sûr la performance, mais elles sont considérées comme très médiocres aux US. Médiocres parce qu'elles sont grossièrement en ligne avec la croissance de la population (+1% par an) et donc incapables de résorber les 13,9 millions de chômeurs officiellement recensés (9%) ce qui est deux fois le niveau normal de plein emploi.

     La perte des 8 à 9 millions d'emplois enregistrée en 2008 et 2009 (FIG.) aux États-Unis semble à ce jour irrattrapable, au grand dam du Président Obama qui pense à sa réélection en péril.

    LIRE le communiqué du BLS sur ce sujet. Accéder aux tables de données mensuelles en cliquant sur le dinosaure.

    Le 4 Novembre 2011

     

  • Alcoa: la consommation mondiale d’aluminium de première fusion devrait doubler d’ici à 2020

    Alcoa: la consommation mondiale d’aluminium de première fusion devrait doubler d’ici à 2020

     La présentation trimestrielle des résultats d'Alcoa est une bonne opportunité pour évaluer les tendances de l'économie mondiale à l'aide d'un marqueur pertinent qu'est la consommation d'aluminium. Ce Groupe mondial fort de la croissance observée en Russie et en Chine, confirme la croissance annuelle de la demande en Aluminium de première fusion de 12% cette année et il pronostique un doublement de la demande d'ici à 2020 ce qui revient plus ou moins à prolonger la tendance observée ces dernières années (FIG.). Cette demande sera fondamentalement tirée par les besoins croissants dans l'aéronautique, le nécessaire allègement des voitures et des poids lourds, la confection de turbines électriques performantes, l'urbanisation de l'Asie et la substitution du cuivre par l'alu dans les câbles électriques.

    Aluminium

     Une production d'aluminium autour des 80 millions de tonnes vers 2020 correspondrait à une croissance annuelle moyenne des consommations de 6,7% entre 2011 et 2020.

     Les consommations d'électricité dans le monde pour produire la soude et électrolyser l'alumine s'élèveraient alors en 2020 aux environs de 1440 TWh en croissance de 640 TWh par rapport à 2011. Ceci correspond à une puissance installée supplémentaire de 90 000 MW avec un taux de charge de 80%, soit en moyenne 10 tranches de 1000 MW par an d'ici à 2020.

     Pensez-vous sincèrement que les éoliennes suffiront?

     Rappelons que la génération mondiale d'électricité en croissance de 5,9% en 2010 s'est élevée à 21325 TWh (BP 2011) dont 573 TWh pour la France.

     Consulter le document du 11/07 de présentation des résultats  aux actionnaires d'Alcoa

    Le 12 Juillet 2011

     

  • Panasonic travaille activement sur des dispositifs thermoélectriques

    Panasonic travaille activement sur des dispositifs thermoélectriques

    Thermoélectricité Panasonic  La récupération d'énergie par des dispositifs astucieux utilisant l'effet thermoélectrique est largement étudiée dans le monde. L'énergie des effluents industriels, des sources d'eau chaude ou des gaz d'échappement des véhicules constituent des sources potentielles d'énergie dont on pourrait récupérer quelques pour-cents. Citons par exemple les travaux du japonais Komatsu qui commercialise un dispositif, ou encore Furukawa qui travaille à l'amélioration des matériaux présentant ces propriétés, tout comme Joseph Heremans dans l'Ohio.

     C'est au tour de Panasonic de présenter un composant cylindrique de 10 cm de longueur constitué d'un empilage de matériau thermoélectrique et de séparateur métallique (FIG.) qui permet par une circulation d'eau chaude (90°C) à l'intérieur du cylindre et un refroidissement de sa face externe (10°C) de générer une puissance de 1,3W.

     Panasonic affirme qu'il saurait définir un module d'un mètre cube qui pourrait générer une puissance électrique de 10 kW. Mais le japonais n'annonce aucune hypothèse sur les prix de revient de l'ensemble.

    LIRE l'annonce de Panasonic sur le sujet.

    Le 1er Juillet 2011

  • Samsung et Bosch veulent développer leur filiale de batteries SB Limotive

    Samsung et Bosch veulent développer leur filiale de batteries SB Limotive

     Samsung SDI et Robert Bosch seraient tombés d'accord nous dit le Korea Times pour quasiment doubler la capacité de production de batteries Li-Ion pour EV en Corée. Leur filiale 50/50 SB Limotive qui a démarré ses productions à fin 2010 avec une capacité maxi de 100 mille batteries, devrait être capable de produire annuellement 4000 MWh de batteries à partir de 2015, soit une capacité de l'ordre de 180 mille batteries pour EV. Ils auraient également projeté d'étudier la possibilité de construire une unité de production de batteries en Europe, après 2013, pour satisfaire les demandes de nombreux constructeurs automobiles européens. Bosch déclare manager 20 projets portant sur l'électromobilité auprès de 12 constructeurs. Ces projets devraient déboucher vers 2013.

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     Rappelons que pour l'instant SB Limotive fournit officiellement les premières batteries à BMW et au Groupe Chrysler-Fiat (TAB.), demain d'autres constructeurs européens pourraient être intéressés par ces produits.

    LIRE un papier sur la stratégie de Robert Bosch dans l'électromobilité.

    Le 14 Juin 2011

  • Un exemple de substitution compétitive: le camion au GNL-Gasoil de Volvo Trucks

    Un exemple de substitution compétitive: le camion au GNL-Gasoil de Volvo Trucks

    Volvo-GNL-diesel  La dépendance du monde au pétrole résulte essentiellement de son excellente énergie spécifique de combustion, de son abondance et de son prix qui fut si longtemps attractif. De nouvelles donnes économiques vont naturellement et progressivement détourner les applications de cette seule ressource et activer des processus de substituabilité vers d'autres alternatives énergétiques. Le gaz naturel comprimé est une source d'énergie de plus en plus utilisée dans les transports urbains, la montée en puissance des véhicules électriques va également permettre de s'affranchir des dérivés du pétrole, les ersatz de carburants pétroliers comme le bioéthanol et le biodiesel prennent une part de plus en plus significative du marché (l'essence américaine contenait en moyenne au mois de Mars 9,2% en volume d'éthanol dénaturé). La démarche de Volvo Trucks d'utiliser des mélanges de gaz naturel ou autres biogaz et de gasoil comme carburants illustre parfaitement ce processus en marche.

     Volvo Trucks vient d'annoncer qu'il va commercialiser en 2011 une centaine de poids lourds à longue autonomie (500 km avec un plein de GNL dans le réservoir isotherme en illustration) alimentés par un mélange méthane 75%, gasoil 25%. Dans un premier temps ces véhicules rouleront en Suède puis en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas.

     Il y a dans ce genre d'initiative une formidable opportunité pour les transporteurs routiers de s'affranchir pour les trois-quarts de la contrainte des évolutions incessantes des prix à la pompe des carburants. Voila un nouvel exemple opérationnel et économiquement justifié de substitution du pétrole par le gaz naturel abondant.

    CONSULTER le papier de Volvo Trucks sur ce sujet et VISIONNER la présentation qui en est faite.

    Le 1er Juin 2011

  • Royal Dutch Shell décide de lancer son projet d’usine flottante de liquéfaction de gaz naturel au large de l’Australie

    Royal Dutch Shell décide de lancer son projet d’usine flottante de liquéfaction de gaz naturel au large de l’Australie

    Liquefaction-offshore  Après avoir confié à Samsung et à Technip l'étude d'une usine flottante de liquéfaction de gaz naturel (FLNG), Royal Dutch Shell vient d'annoncer sa décision de lancer industriellement la réalisation de ce projet pour exploiter le champ offshore de Prélude situé à 200 km au large des côtes australiennes. Formidable défi industriel qui va rendre exploitable des gisements éloignés des cotes et ne pouvant justifier économiquement une liaison fixe avec le continent. D'après le pétrolier cette unité qui sera construite en Corée, produira l'équivalent de 110 mille barils de pétrole par jour à proportion de 68% de gaz naturel liquéfié, de 24% de condensats liquides pétroliers et de 8% de gaz comprimés liquéfiés (butane, propane).

    Pour Shell c'est le premier exemplaire d'une longue série, en particulier au large de l'Australie.

    LIRE le communiqué de Shell sur ce sujet.

    Le 23 Mai 2011

  • La recharge d’un véhicule électrique ne nécessitera pas de réinventer l’eau chaude

    La recharge d’un véhicule électrique ne nécessitera pas de réinventer l’eau chaude

     Il apparaît opportun de rappeler quelques notions simples sur la charge des batteries des véhicules électriques afin de clarifier certains ordres de grandeur.

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    L'énergie embarquée dans la batterie:

    Typiquement les premiers EV de large diffusion mis sur le marché qui veulent afficher les psychologiquement nécessaires 100 miles d'autonomie, sont équipés de batteries de types Li-Ion qui présentent des énergies comprises entre 15 et 25 kWh. En effet la consommation d'électricité d'un véhicule équipé de la récupération d'énergie au freinage, va aujourd'hui consommer autour des 15 kWh aux cent kilomètres en cycle urbain. Les réductions de consommation par réduction de la masse et l'optimisation de la traction (motorisation in-wheel ) conduiront à terme à des valeurs inférieures à 10 kWh aux cent km, comme l'annonce le prototype de Sim-Drive de l'Université de Keio. Cette énergie embarquée que nous allons choisir égale à 20 kWh pour simplifier et ne facher aucun constructeur, sera constituée typiquement d'un ensemble d'accumulateurs connectés en série-parallèle du type 200V x 100 Ah (par exemple: 56 éléments, 3,6V, 100 Ah).

    La consommation moyenne quotidienne d'énergie:

    Pour un parcours moyen annuel de douze mille kilomètres la consommation annuelle d'énergie par le moteur sera de 120 centaines de km x 15 kWh/100km = 1800 kWh/an soit un peu moins de 5 kWh par jour.

    L'énergie annuelle appelée au réseau doit tenir compte du rendement de charge-décharge de la batterie donnée par le rapport entre tension nominale et tension de charge: 3,6V/4,2V = 0,857 et le rendement du redresseur estimé à 95%. Ces données conduisent à un rendement global charge-décharge de la batterie de 81%. Pour réaliser ces 12 mille kilomètres annuels le véhicule appellera donc au réseau en moyenne dans les 6 kWh par jour.

    Cette consommation moyenne est à rapprocher de celle d'un cumulus de 200 litres d'eau dont on doit remonter la température de 30°C en fin de journée. Soit: 200 x 30 x 4.18/3600= 7 kWh.

    Une voiture électrique consomme en moyenne l'énergie d'un cumulus d'eau chaude.

    La charge de la batterie:

    Un batterie Li-Ion se recharge aussi simplement qu'une batterie au plomb avec une limitation en tension (typiquement 4,2V par élément, soit 235V  pour notre exemple de 56 éléments connectés en série) et une limitation en courant au cinquième de la capacité (C/5) pour assurer une recharge complète en six ou sept heures. Ceci représente un courant continu de 20A dans notre exemple d'une batterie de 100 Ah. La puissance continue appelée en début de charge va donc être de 235V x 20A = 4700W soit, compte tenu du rendement du redresseur, un appel au réseau de 5kW environ.

    Remarque: de nombreux projets font appel à des modes de charge rapide qui devraient permettre de recharger une fraction de la batterie en quelques minutes. Il y a là une approche marketing du problème qui  tiendra difficilement la route sur le long terme parce que les bornes de charge qui devront débiter des puissances de 25 à 50 kW seront hors de prix par rapport au service rendu. Quand à ceux qui veulent réaliser des échanges standard de batteries chargées, en dehors du côté publicitaire évident de cette pratique, le prix de revient global de l'opération (investissement, besoin en fond de roulement, surveillance, etc.) sera sans commune mesure avec la faible valeur ajoutée du service. Mais ceci n'empêchera pas certains élus subitement épris d'écologie, de réaliser ces dépenses…au frais du contribuable. Le marché du véhicule électrique sera au démarrage un marché largement "municipal", avec toutes les mauvaises pratiques rattachées.

    Les contraintes horaires:

    Contrairement à un cumulus électrique toujours là et dont on peut programmer la chauffe à distance sur une ou plusieurs plages horaires, la voiture ne sera pas toujours à son poste de recharge le moment venu. Ce doit donc être au véhicule de signaler sa présence au chargeur et à déclarer la quantité d'énergie dont il a besoin pour sa recharge. Ces informations, compte tenu des contraintes du réseau, vont permettre de programmer l'heure de démarrage optimum de la charge et même, pourquoi pas, de programmer la puissance maximum nécessaire à cette recharge.

    Le 19 Mai 2011