Une première donnée qui me semble importante bien que souvent négligée: la consommation de produits pétroliers est un phénomène chronologiquement en retard par rapport à d’autres consommations de « commodités » dans le processus de développement d’une Nation. La Chine, par exemple, consommait en 2010 plus de 60% du minerais de Fer mondial (Crédit Suisse) alors qu’elle ne consommait que 10,6% des produits pétroliers mondiaux. Elle est aujourd’hui, et de loin, le premier producteur et consommateur mondial d’Aluminium de première fusion.
La consommation massive de produits pétroliers, liée en particulier aux transports, nécessite tout d’abord de développer un parc d’aéroplanes, de navires, de trains, de camions puis d’autres véhicules routiers, mais aussi de développer en parallèle les structures ferroviaires et routières ad hoc. Ces éléments, intrinsèques à la progression de la richesse d’une nation, expliquent le phénomène de retard chronologique des consommations de pétrole observé par rapport à la production d’acier ou de ciment, par exemple.
La Chine est devenue depuis 2009 le premier pays consommateur d’énergie dans le monde, mais ses consommations de produits pétroliers autour des 11,5 millions de barils par jour (12% du marché mondial) sont encore nettement inférieures à celles des États-Unis qui dépassent les 19 millions de barils par jour (EIA).
En raison du rattrapage nécessaire de ce retard, les importations chinoises de pétrole brut affichent toujours une croissance soutenue avec un large doublement entre 2006 et 2014 (FIG.I)
FIG. I: importations chinoises de pétrole brut (IEEJ)
Il n’est pas nécessaire d’être un grand prévisionniste pour pronostiquer que les consommations chinoises de produits pétroliers vont tendre durant les années à venir vers les 20 millions de barils par jour et rattraper celles des États-Unis. Les autre pays asiatiques (hors Japon) qui consomment autant de produits pétroliers que la Chine avec plus de 12 millions de barils par jour (EIA) devraient eux-aussi et pour les mêmes raisons voir leurs consommations pétrolières poursuivre leur croissance.
Les consommations asiatiques (hors Japon) de produits pétroliers qui se situent, aujourd’hui, autour des 23 millions de barils par jour, devraient, au cours des trois décennies à venir, tendre vers les 40 millions de barils par jour, avec un rythme de croissance annuelle de l’ordre de 0,5 million de barils par jour. Ce type de pronostic semble être aujourd’hui raisonnable.
Les marchés mondiaux du pétrole, largement influencés par les amples productions américaines et le raffermissement du dollar par rapport aux autres monnaies n’intègrent pas pour l’instant ces croissances potentielles des consommations asiatiques. Ce phénomène n’est, à mon avis, que provisoire. Les consommations soutenues américaines de produits pétroliers, tirées par les transports et les prix, associées à des consommations asiatiques croissantes conduiront les marchés à se préoccuper davantage des prix de la ressource pétrolière. Le sentiment d’abondance ne durera qu’un temps, celui que vivent les roses en Arabie Saoudite? Allez savoir!













