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  • L’industrie photovoltaïque mondiale avec un tassement de la croissance va devoir se rationaliser

    L’industrie photovoltaïque mondiale avec un tassement de la croissance va devoir se rationaliser

     Le marché des modules photovoltaïques est un marché mondial de composants. Ce sont les acteurs les plus renommés, une dizaine au maximum, qui présentent des produits avec des rapports performance/prix les plus élevés, qui peuvent investir massivement, sûrs de vendre leurs futures productions et d'accroître ainsi leur part de Marché. Derrière ce "Tier One" les autres courent en assurant d'honorables performances les années de forte croissance de la demande, mais en prenant de plein fouet dans leurs comptes les baisses éventuelles de croissance du Marché. Après un doublement de la demande en 2010 qui a permis à presque tous les industriels de progresser, l'année 2011 avec une croissance de la demande prévue autour des 20%, risque d'être impitoyable pour les plus faibles.

      PV capacités ventes

     La capacité de production mondiale s'est accrue de près de 70% en 2010 pour atteindre les 30GW, affirme IMS Research. Compte tenu des investissements engagés par les industriels les plus agressifs et par les nouveaux venus avec des technologies innovantes (CIGS) cette croissance de la capacité de production va se poursuivre en 2011 pour dépasser les 36 GW en fin d'année (FIG., courbe rouge, échelle de gauche). Face à cette offre dynamique, il est peu probable que la demande suive, tout simplement parce que ce marché dépend des subventions des États ou des tarifs préférentiels dissuasifs payés par les consommateurs. Or le climat en Europe, marché principal du photovoltaïque, est aux économies. Les États, les uns après les autres, découvrent que la facture cumulée des fournitures d'électricité photovoltaïque devient insupportable. La dernière venue est la République Tchèque qui a décidé de taxer les productions des grandes installations (>30kW) pour une période de trois ans (2011-2013).

     Des capacités de production excédentaires, au double de la demande moyenne (FIG.), cela veut dire une poursuite de la baisse des prix. Les prix des modules aux États-Unis qui se situent entre 1,4 et 1,6 $/Watt pourraient descendre vers les 1,2 ou 1,15 $/Watt en fin d'année estime le CEO de Recurrent. Son objectif est de passer au-dessous de 3$/Watt pour le prix global des grandes unités photovoltaïques. Tout cela augure bien des ennuis pour les acteurs les plus faibles.

    Le 20 Janvier 2011

  • GE et Shenhua forment une JV pour introduire les centrales IGCC du XXIème siècle en Chine

    GE et Shenhua forment une JV pour introduire les centrales IGCC du XXIème siècle en Chine

     La visite du camarade Hu Jintao à Washington était la bonne occasion pour annoncer la décision de GE et du leader chinois des centrales au charbon, Shenhua, de former une Joint Venture pour implanter les nouvelles centrales au charbon du XXIème siècle en Chine. Pour comprendre l'importance de cette annonce il faut savoir que la technologie IGCC (Integrated Gasification Combined Cycle) largement étudiée par General Electric, est une technologie combinée (turbines à gaz puis à vapeur) alimentée par un gaz riche en hydrogène issu de la gazéification intégrée du charbon (FIG., schéma de Siemens).

        IGCC_Siemens

    Ce procédé permet d'atteindre un rendement énergétique autour des 60% (dont plus de 38% pour la seule turbine à gaz) à comparer aux 40% des meilleurs procédés supercritiques au charbon pulvérisé existants. La raison principale de cette performance énergétique est due aux très hautes températures atteintes dans la chambre de combustion de la turbine. Ce procédé peut, en option, être équipé d'une boucle de captage du CO2 formé lors de la réaction de la vapeur d'eau sur le monoxyde de carbone du syngas. Une partie du charbon (10 à 15%) peut-être remplacé par de la biomasse ce qui constitue une des meilleures options pour convertir de la biomasse en électricité (LIRE un papier précédent sur ce sujet).

     Il y a dans ce procédé une voie importante pour améliorer tout au long du XXIème siècle l'efficacité énergétique de la conversion du charbon en électricité en Chine… et ailleurs. Les émissions de CO2 devraient aussi être divisées par deux par rapport aux 1,2 tonnes/MWh ou plus qui caractérisent les vieilles centrales chinoises existantes, modèle soviétique.

    LIRE le communiqué de GE.

    Le 19 Janvier 2011

  • Faurecia en investissant dans Amminex se renforce dans le juteux marché de la réduction des oxydes d’azote émis des véhicules diesel

    Faurecia en investissant dans Amminex se renforce dans le juteux marché de la réduction des oxydes d’azote émis des véhicules diesel

     La réduction catalytique sélective (SCR) des oxydes d'azotes formés lors de la combustion à très haute température du gasoil dans les moteurs diesel modernes à haut rendement utilise pour l'instant une solution aqueuse d'urée à 32,5% nommée AdBlue en Europe ou DEF (Diesel Exhaust Fluid) aux Etats-Unis. Les échappements des véhicules diesel soumis à règlementation sont équipés en plus du filtre à particule d'un réacteur catalytique en charge de la réduction des oxydes d'azote et qui est alimenté en solution réductrice. Pour prendre connaissance des mécanismes physicochimiques complexes mis en jeu on se reportera au précédent papier sur le sujet. Cette contrainte écologique fait consommer aux poids lourds répondant à la Norme Euro 5 par exemple, dans les 1,5 litre de solution aux cent kilomètres, soit une livre d'urée. Le seul marché européen devrait atteindre en 2015 les 1,4 millions de tonnes d'urée qui commercialisés sous cette forme au prix d'un euro à 1,5 euro le kilogramme, représente un marché annuel de 1,5 à 2 milliards d'euros. Le marché mondial (OCDE dans un premier temps) devrait atteindre à terme trois fois cette taille. Plus tard il doublera ou triplera encore.

    Amminex-NOx

     Alors ce marché fait bien sûr des envieux qui imaginent des solutions différentes ou des perfectionnements. Certains comme GE avec Umicore veulent utiliser directement le gasoil ou de l'éthanol comme agent réducteur, d'autres dispositifs plus complexes encore sont étudiés. C'est ainsi que Faurecia vient de prendre une participation significative dans le danois Amminex qui lui utilise l'ammoniac comme agent réducteur. Pour cela il stocke cet ammoniac sous la forme solide du complexe ammoniaqué du chlorure de magnésium (FIG.). En réchauffant plus ou moins ce solide à partir du signal d'un capteur à la sortie des gaz, le système envoie en amont de la chambre catalytique plus ou moins d'ammoniac pour assurer la réaction de réduction. L'intérêt de cette solution pour l'utilisateur, réside dans un encombrement limité de la cartouche chauffante en charge du stockage et de la distribution d'ammoniac, le matériau étant trois fois moins volumineux que la solution AdBlue. Cela se traduit par une plus longue autonomie entre recharges. Pour le fabricant du produit, la vente régulière d'une cartouche d'un produit consommable est une formidable source de revenu récurrent qui a fait ses preuves dans de nombreux domaines.

    Voila un bel exemple de green-business.

    LIRE le communiqué de Faurecia

    Le 18 Janvier 2011

  • Et si les statistiques chinoises n’étaient que du vent?

    Et si les statistiques chinoises n’étaient que du vent?

    Chinois-moderne  Tout observateur assistant à la publication de statistiques dans des délais n'excédant pas deux semaines et concernant les activités de cet immense et complexe pays qu'est la Chine ne peut que douter de la véracité des chiffres publiés. Chiffres officiels qui, Confucius soit loué, parfois se percutent. C'est ainsi que le vénérable Li Junfeng, Secrétaire Général de la Chinese Renewable Energy Industry Association (CREIA) a annoncé le 13 Janvier que les implantations d'éoliennes en Chine se sont élevées à 16 GW. Quatre jours après, le China Electric Council (CEC) annonce que la puissance des éoliennes connectées au réseau a atteint les 13,99 GW (notez la précision de l'annonce!). Alors! me direz-vous, 2 GW de différence entre implantés et connectés sont tout à fait acceptables. Oui, bien sûr, mais poursuivons. Le CREIA annonce ainsi que le cumul des éoliennes en Chine atteint les 41,8 GW ce qui doit permettre à la Chine d'être devenue la première Nation éolienne du monde…damant le pion aux États-Unis qui en 2010, faute de demande en électricité et de cash, n'ont que peu investi dans l'éolien. Mais voila que le comptable du CEC affirme que l'ensemble des éoliennes chinoises raccordées au réseau représente 31,07 GW…soit 25% de moins qu'annoncé par son collègue administratif. Mais alors la Chine ne serait que la troisième Nation dans la course éolienne après les US et l'Allemagne. Avouez, c'est beaucoup moins brillant!

    Alors que faudra-t-il retenir pour établir les statistiques mondiales de l'année, 41,8 GW ou 31 GW pour la Chine?

    Les deux infos : CREIA, CEC

    Le 18 Janvier 2011

  • Les consommations mondiales de pétrole devraient poursuivre leur progression en 2011 et 2012

    Les consommations mondiales de pétrole devraient poursuivre leur progression en 2011 et 2012

     Durant les années précédentes la consommation mondiale de pétrole a marqué le pas puis reculé, sous l'impact tout d'abord de l'augmentation des prix du baril puis de la crise économique mondiale. Après un maximum de 50 millions de barils/jour en 2005-2006 pour l'OCDE et un maximum mondial de 85,3 millions en 2007, la consommation est retombée brutalement à 45,6 millions barils/jour pour l'OCDE et à 84,3 millions pour le monde à fin 2009 (EIA). En 2010 sous l'effet de la robuste croissance des pays NON OCDE et de la reprise économique des pays OCDE la consommation mondiale a progressé de 2,2 millions de barils/jour affirme l'Energy Information Administration (FIG.). L'Agence Internationale de l'Energie plus radicale encore, annonçait au mois de Décembre une croissance en 2010 des consommations mondiales de près de 2,5 millions de barils/jour.

    Conso-mondiale-EIA

     Les consommations mondiales mesurées à la sortie des raffineries et comportant donc les biocarburants mélangés aux produits pétroliers, ont ainsi dépassé le maximum observé en 2007. Corrigés des biocarburants, ces volumes pour les seuls produits pétroliers représentent 84,8 millions de barils/jour à fin 2010, légèrement inférieurs aux 85,2 millions recensés à fin 2007.

     Tenant compte de la croissance économique mondiale en 2011 qui devrait se situer autour des 3,5% (prévision Coface) l'EIA prévoit une poursuite de la croissance des consommations mondiales de 1,5 million de barils/jour. Elle poursuit cette tendance en 2012 avec un incrément de 1,6 million de barils/jour (FIG.). L'IEA va dans le même sens pour 2011, avec une prévision de croissance de 1,3 million de barils/jour.

     Il ressort de ces prévisions qu'aucune des grandes Agences mondiales ne prend en compte une hypothétique limitation géologique des volumes de pétrole extraits dans le monde pour les deux ans à venir. Tout cela signifie que c'est simplement la demande mondiale qui limite les productions.

    Cette demande en produits pétroliers dépend:

    -des conditions économiques mondiales, prévues en forte croissance pour 2011 et 2012,

    -de la taille du parc de véhicules en forte croissance et de leur parcours moyen (Quel est le parcours moyen d'un véhicule à Pékin?),

    -des prix du baril qui se valorisent fortement,

    -des volumes de biocarburants mis en œuvre dans les raffineries (ex. : débuts du E15 aux États-Unis et du E10 en Europe), biodiesel annoncé dans le kérosène,

    -des substitutions du pétrole par d'autres énergies (ex.: il va devenir de plus en plus anachronique et hors de prix de brûler du fuel pour se chauffer),

    -des gains en efficacité énergétique des processus, en particulier dans les transports,

    -des progrès dans la conversion profonde (hydrocracking et isomérisation catalytique) des raffineries qui vont de moins en moins produire d'huiles lourdes au profit des carburants,

     Alors que les postes "économie" et "taille du parc" vont tirer la demande en pétrole vers le haut, les autres postes et tout particulièrement les prix, vont la tirer vers le bas. Pour l'instant, l'IEA à Paris et l'EIA américaine donnent la primeur aux deux premiers postes, mais l'expérience a montré qu'à partir de 4$/gallon à la pompe, les Américains réduisent fortement leurs consommations tout simplement en roulant moins.

    L'évolution prévisible la plus probable à moyen terme est donc une stabilisation des consommations de pétrole dans le monde qui donnera un signal au Marché.

    Sur la base d'un prélèvement annuel maximum autour des 29 milliards de barils par an après déduction des biocarburants et des condensats associés aux gaz naturels, le monde qui a déjà consommé 1205 milliards de barils de pétrole, devrait avoir consommé son deuxième milliard de barils vers 2040. Il aura auparavant commencé à réduire ses consommations sous l'impact des prix et du processus continu de transition du mix énergétique au profit de la biomasse, du gaz et de l'électricité qui ira en s'accélérant.

    VOIR les prévisions de l'EIA du mois de Janvier 2011

    Le 17 Janvier 2011

  • Zone euro: les prix de l’énergie déterminent à nouveau l’inflation

    Zone euro: les prix de l’énergie déterminent à nouveau l’inflation

     Depuis la mi-2008 il est possible de distinguer quatre phases de variation de l'inflation dans la Zone euro (FIG.). Durant le second semestre 2008 (courbe rouge) l'inflation annuelle décroit linéairement avec les prix de l'énergie, puis durant le premier semestre 2009 au sommet de la crise économique, l'ensemble des prix s'effondrent (courbe bleue). La troisième phase, entre mi-2009 et mi-2010, voit repartir les prix de l'énergie avec la reprise économique (courbe verte) enfin la deuxième partie de 2010 marque une période de stagnation (courbe noire) jusqu'à la publication des résultats du mois de Décembre qui amorcent une reprise de l'inflation tirée, entre autres, par les prix de l'énergie.

    Inflation ZE

    En effet les données d'Eurostat annoncent pour ce dernier mois une variation des prix de l'énergie par rapport à il y a un an de 11% (plus 3 points par rapport à Novembre) et une variation de l'inflation de 2,2% en progression de 0,3 point par rapport à celle de Novembre. On retrouve cette pente d'environ 0,1 point d'inflation par point de variation sur l'énergie.

    Compte tenu des accroissements en cours des prix du pétrole et des tensions mondiales sur le charbon il est possible d'anticiper pour le début de 2011 une progression de cette tendance enregistrée au mois de Décembre.

    Remarque: l'INSEE annonce pour la France une variation des prix des carburants de 15% en un an et de ceux des combustibles liquides (fuel) de 26,5%. Se chauffer au fuel en France, comme ailleurs, va devenir complètement ringard.

    Le 16 Janvier 2011

     

  • Ou en est la Loi de Raymond Barre reliant le prix de l’once d’or à celui du baril?

    Ou en est la Loi de Raymond Barre reliant le prix de l’once d’or à celui du baril?

     Jean-Marc Daniel rappelait dans sa chronique du 14 Janvier sur BFM, la Loi établie par Raymond Barre en 1974 qui établit un rapport de 10 entre le cours de l'once d'or et celui du baril de pétrole. Ce fin économiste avait pressenti dès cette époque le caractère financier des cours du pétrole permettant de se protéger contre les excès d'injections de liquidités monétaires par les Banques Centrales et donc contre l'inflation. Ce caractère financier n'est plus à démontrer de nos jours, il n'y a plus guère que quelques grands esprits de l'INSEE pour croire encore que les cours du pétrole dépendent de l'offre et de la demande physique. Dans ces périodes de fortes variations des cours de l'or mais aussi de ceux du pétrole, il peut paraître intéressant de jeter un oeil sur ce ratio qui avait tant fait rire l'Amérique en 1974.

    Loi de Raymond Barre

     Il faut reconnaître que durant ces dix dernières années le ratio once d'or/baril (FIG., courbe noire en pointillés, échelle de droite) a jusqu'en 2008 très bien respecté la Loi de Barre. Il a fallu la crise économique pour voir les cours du baril s'effondrer en 2009. Depuis la mi-2009, en raison de la forte poussée sur les cours de l'or, ce ratio semble s'être établi autour de 15. Il faudrait que le brut, dans un élan de rattrapage, atteigne les 140 $/baril pour retrouver un ratio de 10…et donne ainsi à nouveau raison à notre intuitif économiste. A suivre!

    Ecouter la chronique de Jean-Marc Daniel du 14/01/2011 sur BFM

    Le 15 Janvier 2011

  • Analyse des contradictions actuelles pour une meilleure compréhension des problèmes énergétiques

    Analyse des contradictions actuelles pour une meilleure compréhension des problèmes énergétiques

    Unconventional-natural-gas  Souvent s'indignent des lecteurs qui trouvent anormal que soient trop souvent abordés ici  les sujets concernant les ressources énergétiques fossiles et non ceux parlant de vent ou de soleil. Dans leur fougue écolo-dépendante ils oublient un certain nombre de données très simples qui font que les problèmes énergétiques forment un ensemble où se confrontent des contraintes économiques, géographiques et des idéaux écologiques affirmant des vérités …parfois apparentes ou encore à valider. Pour les aider à poser les problèmes de façon pertinente je voudrais rappeler ici un certain nombre d'évidences qui font que les problèmes sont parfois complexes.

    En premier je voudrai rappeler une loi expérimentale simple, c'est la la substituabilité des sources d'énergie. Toutes les formes d'énergie fossiles ou renouvelables peuvent pratiquement se substituer les unes aux autres moyennant la mise en œuvre de certaines adaptations technologiques. On sait faire des ersatz de combustibles liquides issus du pétrole pour le transport avec du charbon, du gaz naturel, de la biomasse ou des graisses animales. On sait produire de l'électricité avec toutes les formes d'énergie, même nucléaires. On sait substituer l'électricité aux carburants dans les véhicules hybrides rechargeables ou les véhicules électriques. On va faire rouler des poids lourds avec des mélanges de gaz et de gasoil. Tout mélange gazeux à base de monoxyde de carbone et d'hydrogène (syngas ou gaz à l'eau pour les anciens) peut être converti en carburant, en produit chimique organique, en hydrogène, en ammoniac puis en urée …et plus si affinité.

     Cette loi, résultant de l'inventivité humaine, a son corolaire: les formes d'énergie fossiles, nucléaires et/ou renouvelables sont en compétition. Pour qu'elles acquièrent une part raisonnable du marché de l'énergie il faut donc qu'elles soient économiquement compétitives…ou subventionnées par une collectivité solvable et adhérant à cette politique. Inversement certaines ressources peuvent être chargées d'un handicap pour la course, par une taxation particulière (TIPP ou TIC pour la France, taxes carbone diverses). Dans l'équation économique entrent également en jeu les règlementations concernant les rejets de GHG (externalités en économie) qui sont pour l'instant limitées en raison de la nécessaire recherche d'une unanime et bien hypothétique règle du jeu mondiale. La fixation de mix énergétiques ou mieux de masse maximale de CO2 par MWh d'électricité produite se pratique dans certains États. Des règlementations limitant les rejets de CO2 par gammes de véhicules dans les transports s'appliquent également sans trop de heurts à la profession, puisque c'est la règlementation la plus sévère mais réaliste qui s'applique pour tous et crée le type de véhicule standard du moment ou du futur prévisible. Oublions pour l'instant les timides essais de Bourses de cotation de la tonne de CO2, stupides institutions en péril qui auraient enrichi les spéculateurs, au détriment des acteurs économiques. Bien sûr la Commission Européenne était en avance sur ces actions futiles et donc inutiles.

    Voila le cadre global où l'essentiel se résume dans le concept de substituabilité compétitive des sources d'énergie.

    Alors que constatons nous et que pouvons nous anticiper:

     1- Les ressources en énergies fossiles sont encore abondantes et peu onéreuses. Depuis le Cambrien, il y a plus de 500 millions d'années, la Terre a charrié et enfoui des milliards de tonnes de biomasse et de bio organismes à l'origine du gaz naturel, du pétrole, du charbon et de toutes les formes issues du kérogène tournant autour de ces trois ressources allant des sables bitumineux, aux gaz et huiles de schistes, aux gaz de houille et autres "tight" gaz, sans oublier les hydrates de méthane. Il est évident que ces ressources sont importantes, dont une grande partie reste à découvrir et à mettre en valeur. Pensons aux nouveaux gisements "subsal" brésiliens et aux gaz de schistes qui auraient été ignorés quelques années auparavant. Isoler formellement l'une de ces ressources comme le pétrole et annoncer sa fin imminente en parlant de Peak-oil n'a que bien peu de sens, malgré l'impact marketing inespéré, puisque c'est oublier la loi de substituabilité qui montre que les technologues sauront d'une façon ou d'une autre soit synthétiser des ersatz (sables bitumineux, huiles lourdes, biocarburants, Fischer Tropsch) soit s'en passer (EV, véhicules au gaz naturel comprimé, PAC). La seule certitude est que cette ressource liquide, très pratique à mettre en oeuvre qu'est le pétrole, obéit aux lois économiques chères à Ricardo, des rendements décroissants sous l'impact de la déplétion des ressources exploitées et de la demande. Il faudra bien que les prix, amplifiés par la spéculation, se valorisent pour permettre à certains d'aller exploiter de façon rentable les sables bitumineux canadiens ou les huiles lourdes de l'Orénoque, pendant que les Familles Royales du Moyen-Orient gèreront en bons pères de familles et avec parcimonie leurs abondantes rentes pétrolières. Au fur et à mesure que les prix grimperont, des pans entiers de l'économie se sépareront du pétrole. Ceci est largement en cours pour la génération d'électricité, une accélération est souhaitable pour le chauffage des habitations et autres locaux industriels et commerciaux, la chimie utilisera de plus en plus d'autres ressources (biomasse, gaz naturel), le transport routier verra sa part électrique croître, le gaz naturel alimentera les poids lourds de plus en plus allégés. L'efficacité énergétique des transports a encore d'immenses progrès à accomplir.

     2- les énergies renouvelables, ressources quasi illimitées mais pour des raisons entropiques, onéreuses:

    Face à ces ressources fossiles limitées mais formidablement rassemblées par l'histoire de la Terre, les énergies renouvelables apparaissent illimitées mais malheureusement très dispersées, sinon diluées. Il est facile de calculer, à partir de l'irradiance solaire, la formidable quantité d'énergie solaire ou éolienne "disponible" sur la surface de la Terre. Il fait toujours beau, pour le soleil, ou mauvais, pour le vent, quelque part, c'est la seule certitude des météorologues. Les ressources de biomasses sont considérables, des millions de km2 de sols inexploités en Afrique, au Brésil en Europe de l'Est pourraient produire cette biomasse. La question n'est donc pas un problème de ressource, c'est un problème de rentabilité, d'allocations des ressources financières limitées d'une collectivité. L'industrie photovoltaïque a connu un doublement en GW de son activité en 2010, elle ne pourra pas refaire le coup en 2011 parce que les États européens ne peuvent plus payer des MWh à 500 euros pièce. L'Espagne a jeté l'éponge, la France va limiter fortement l'exercice, l'Italie dont la dette commence à choquer les financiers les plus obtus va devoir suivre et l'Allemagne revoit à la baisse ses tarifs.

     Pour essayer de vous convaincre je vous propose un exercice simple: quel serait le prix de revient d'une électricité photovoltaïque produite sur le toît d'une maison française dans lequel on aurait intégré des modules GRATUITS? Il va pour cela falloir investir dans un onduleur, un compteur électrique et payer un installateur qui va mettre à deux personnes plusieurs jours à monter un échafaudage, enlever les tuiles (législation française), poser les structures puis les modules, les connecter et assurer l'étanchéité de l'ensemble. Ceci va vous revenir TTC entre 2400 ou 3000 euros/kilowatt. Pour amortir cette mise en 12000 heures (8 ans x 1500 heures) ou 12 MWh il faudra tout de même vendre le MWh d'électricité entre 200 et 250 euros! (il est acheté aux particuliers à 580 euros aujourd'hui par EDF). En termes clairs l'électricité photovoltaïque ne sera rentable un jour (LIRE) que si la puissance des modules unitaires est doublée ou triplée, si l'installation de ces modules se fait simplement, dans un pays ensoleillé, à faible prix de main d'œuvre et disposant de lignes électriques proches. Objectif: 1000 euros/kW, module compris.

     Pour l'éolien dont l'avenir est à l'offshore pour profiter de la place disponible et du vent plus soutenu (3500 heures/an en Mer du Nord). Les réductions de coûts passent par la simplification des éoliennes (technologie direct drive, handicapée par les prix actuels des terres rares), la standardisation se heurtant aux multiples productions locales et la montée en puissance des turbines permettant d'amortir plus rapidement les coûts d'installations unitaires. Repower propose une unité de 6,15 MW, Enercon a en catalogue une éolienne de 7,5 MW, les Norvégiens testent des prototypes de 10 MW et les Espagnols ont lancé une étude de faisabilité d'un produit de 15MW. Prenons le cas d'une turbine de 10 MW qui en 8 ans ou 28 mille heures de fonctionnement effectif, va produire 280 mille MWh d'électricité. Pour un courant qui devra être payé, dans 10 à 15 ans, dans les 100 euros par MWh, cette éolienne en 8 ans facturera 28 Meuros qui devront couvrir son prix, son installation sur site, son raccordement au continent et au réseau électrique, sans oublier les frais de maintenance. Le prix catalogue d'une telle éolienne ne devra guère alors excéder le million d'euros/MW.

    Cours_Brent  Pour la biomasse et ses dérivés que sont les biocarburants l'équation est un peu plus simple puisque le concurrent principal est le pétrole dont le cours d'équilibre va rapidement dépasser les 100 dollars le baril (FIG.II), puisque telle en a décidé la Famille Royale Saoudienne, suivie par les spéculateurs de tous poils. Dans ce cas la loi de substituabilité joue à fond. La décennie qui vient va voir se développer les filières classiques de productions de biocarburants, rentables et enfin non subventionnées : éthanol à base de sucre ou de maïs, biodiesel à base de corps gras. Les procédés cellulosiques se heurteront à leurs prix de revient encore élevés et à la complexité des procédés mis en oeuvre. Un créneau cependant va prendre son essor: la production de bio-kérosène rendu obligatoire par la règlementation sur les émissions de GHG par l'aviation civile.

    Prix-hebdo-Newcastle  Mais un autre créneau devrait favoriser la biomasse c'est la substitution partielle au charbon dans les centrales électriques. L'ascension des cours du charbon, tirée par les importations indiennes et chinoises, et qui ont atteint en Australie les 130 dollars la tonne (FIG.III), va inciter de plus en plus les industriels à utiliser les résidus cellulosiques et autres "pellets" pour alimenter en partie leurs fourneaux.

     L'ascension inexorable des prix des ressources d'énergies fossiles est largement favorable au développement de la biomasse sous toutes ses formes. Il ne faut cependant pas oublier une contrainte entropique forte: la biomasse présente une faible énergie volumique, la moitié de celle du charbon une fois sèche et compactée, et elle est très dispersée sur un territoire donné (bois, taillis, etc.). Rêver de grandes usines du type raffineries de pétrole alimentées par la biomasse n'a aucun sens, nul ne saurait les alimenter, même pas les solutions à la Lurgi, filiale d'Air Liquide, qui imagine un schéma en étoile sur un large territoire avec production intermédiaire de biooil plus facilement acheminable vers la grande raffinerie (LIRE). Les solutions industrielles de valorisation des cultures ad hoc ou des résidus ligno-cellulosiques doivent donc être imaginées à la taille du canton ne dépassant pas 1000 à 2000 tonnes/jour de matière première traitée. Solena par exemple imagine un procédé d'obtention de syngas par brûlage dans une torche plasma de résidus cellulosiques, puis conversion par le procédé Fischer-Tropsch de Rentech du mélange de gaz en carburants de type bio-jet-fuel et bio-Naphta avec un rendement de 50 gallons de liquides par tonne de bois. A 4 dollars par gallon cela fait un chiffre d'affaires de 200$ par tonne de bois traitée ou 100 millions de dollars par an pour un total  500 mille tonnes de bois qui est la capacité de l'unité imaginée. Il sera difficile de bien payer les équipes opérationnelles et de sécurité 7 jours par semaine en trois huit pour assurer la production et la surveillance d'un site hautement dangereux de ce genre qui ne produira que 1600 barils/jour. Les transporteurs aériens semblent cependant prêts à payer pour du kérosène "bio"!

    En conclusion, la gestion du développement des énergies renouvelables doit être programmée sur une longue période qui laissera le temps aux énergies fossiles de se valoriser. Un essai de hiérarchisation donne la primauté à la biomasse malgré ses faibles rendements. Elle est en effet tirée par la valorisation du baril de pétrole et de la tonne de charbon. Mais il faut laisser à cette biomasse son caractère paysan. C'est un formidable outil potentiel de développement des régions agricoles des pays en voie de développement. L'Afrique en particulier à partir de cane à sucre, de maïs ou de plantations moins exigeantes pourrait développer de multiples unités agricoles de production de biocarburants. Le Brésil par exemple va aider le Ghana à investir dans une plantation de cane et une unité de production d'éthanol dans le nord du pays.

     L'industrie éolienne si elle arrive à standardiser ses productions et à monter en puissance ses turbines vers les 10 MW durant les deux décennies à venir, devrait pouvoir permettre à cette énergie d'atteindre le break-even pour un MWh à moins de 100 euros.

     Enfin l'énergie photovoltaïque a un formidable avenir devant elle à condition de travailler sur la puissance unitaire de ses modules pour en réduire le coût de la pose par kilowatt. Un objectif d'un euro ou d'un dollar par watt, pose et module compris doit être l'objectif. Ceci comme pays d'accueil des champs solaires du futur favorisera les pays ensoleillés, à taux de main d'oeuvre faible mais disposant d'un réseau électrique.

    En attendant le monde doit travailler sur l'efficacité énergétique des processus dans la génération d'électricité tout d'abord et dans les transports où de formidables progrès sont possibles.

    La France importe annuellement pour 46 milliards d'euros de pétrole et de produits dérivés. C'est en poursuivant et accélérant ses actions de réductions de consommation des véhicules, poids lourds et embouteillages compris, qu'elle pourra espérer limiter la croissance programmée de la facture énergétique. L'abandon nécessaire du fuel comme mode de chauffage des locaux va rapidement apparaître comme une évidence …dans les mois à venir.

    Le 13 Janvier 2011.

     

     

     

  • Alcoa: les consommations mondiales d’Aluminium primaire, tirées par l’Asie, devraient poursuivre leur croissance

    Alcoa: les consommations mondiales d’Aluminium primaire, tirées par l’Asie, devraient poursuivre leur croissance

     La publication trimestrielle des résultats d'Alcoa, un des grands mondiaux de l'Aluminium avec 9% de part de marché de la production de métal primaire et 20% de celui d'alumine en 2010, est l'occasion de faire le point sur le marché mondial de ce métal et de son évolution prévue en 2011. C'est un des grands marqueurs de l'activité économique puisqu'il est tout autant utilisé dans les industries de haute technologie (aéronautique, transports, turbines à gaz, etc.) que dans des applications plus courantes comme le conditionnement (boissons, conserves) ou le bâtiment. C'est aussi un produit de substitution au cuivre en électrotechnique. Il apparaît donc qu'après une croissance de 13% en 2010 pour atteindre une consommation mondiale d'Aluminium primaire autour des 39,6 millions de tonnes, la demande devrait se poursuivre sur un rythme voisin en 2011 avec une croissance annuelle de 5 millions de tonnes (FIG., courbe rouge continue).

    Aluminium-2003-2011 

     La part de la Chine portée à 19 millions de tonnes devrait représenter 43% du marché mondial et celle globalement de l'Asie, avec 26,4 MT, devrait atteindre les 59% (FIG., courbes en pointillés, échelle de droite).

     Pour les responsables du Marketing d'Alcoa cette forte croissance est bien sûr tirée par l'Asie, mais aussi plus largement par le transport d'électricité et les applications électrotechniques, grâce à la substitution au cuivre devenu stupidement hors de prix. D'après ces études, 20% du cuivre remplacé par de l'alu conduirait à terme à une demande supplémentaire annuelle de 3,8 millions de tonnes d'Aluminium. Le marché de l'Aluminium dans l'automobile en substitution de l'acier trop lourd devrait également croître de 5 à 11% en 2011.

     En 2011 la Chine devrait être importatrice d'Aluminium primaire avec un manque de production estimé à 0,7 million de tonnes. Cette situation est de nature à soutenir les cours mondiaux.

    CONSULTER la présentation d'Alcoa.

    Le 11 Janvier 2011

     

  • Un exemple de gains de productivité agricole : le maïs américain

    Un exemple de gains de productivité agricole : le maïs américain

     Certains s'indignent de l'augmentation des prix agricoles qui frappe les plus humbles et suscite des révoltes populaires. Les régimes pas tout à fait démocratiques tunisiens ou algériens qui n'ont pas encore connu de fraîches et revigorantes révolutions populaires à la cambodgienne ou à l'iranienne, tant admirées par nos philosophes d'alors, doivent faire face à l'accroissement des prix des denrées de base comme le sucre, l'huile, le blé ou le maïs. Plutôt qu'une indignation incompétente, mieux vaudrait promouvoir les actions de maîtrise des marchés qui étoufferaient dans l'œuf les mouvements spéculatifs alimentés par l'appât du gain de quelques riches possédants individuels ou collectifs. Faire payer les retraites américaines par le bon peuple des pays les plus pauvres n'est pas une solution à long terme politiquement acceptable.

     Pour donner un peu d'espoir et apporter quelques données objectives au problème des prix des produits agricoles il est intéressant de se pencher sur l'exemple de la production de maïs aux États-Unis, pays grand producteur et consommateur mondial de cette céréale. Les paysans américains ont semé du maïs en 2010 sur une surface totale de 35,7 millions d'hectares (près des deux tiers du territoire français) et 92% de ces plantations (32,9 millions d'hectares) ont fait l'objet de récoltes d'épis de maïs, une partie mineure étant destinée à l'alimentation animale. Cette récolte, après une année 2009 record, apparaît comme acceptable puisque, selon National Agricultural Statistics Service américain, ce sont 12,5 milliards de boisseaux de maïs (ou 318,5 millions de tonnes sur la base de la conversion normalisée de 56 livres ou 25,4 kg par boisseau de maïs) qui auront été récoltés en 2010, à comparer à celles de 2009 qui avaient atteint un record de 13,1 milliards de boisseaux.

    Mais-USA-1960-2010

    Ces productions ont été multipliées par plus de trois en cinquante ans (FIG.I, courbe bleue) en raison essentiellement de l'accroissement des rendements qui ont été multipliés par plus de deux durant la même période (courbe rouge). De 150 boisseaux à l'hectare au début des années 60, ils ont atteint le record de 407 boisseaux/ha (10,3 t/ha) en 2009 et les 381 boisseaux/ha (9,7 t/ha) en 2010.

    Remarque: dans l'Iowa, l'État américain le plus favorisé climatiquement pour cette culture, les rendements ont atteint les 462 boisseaux/hectare en 2009. Les professionnels pensent qu'un objectif de 750 boisseaux/hectare est atteignable vers les 2030.

    Les surfaces plantées ont plus modestement progressé en passant des 27 millions d'hectares au début des années soixante à 31 millions d'hectares dans les années 80 et 90, pour dépasser les 35 millions en 2010 (FIG.II, courbe bleue). En parallèle le taux de culture conduisant à une récolte d'épis a progressé durant la période, passant de 85% dans les années soixante à 92% de nos jours (courbe noire).

    Mais-USA-1960-2010b

    Ce sont donc l'amélioration des pratiques agricoles et l'adoption de meilleures semences qui ont permis de faire croître et de régulariser les volumes annuels de maïs produits durant ces cinquante dernières années. Les surfaces plantées n'ont qu'à la marge participé à cette croissance.

    La production d'éthanol américain à partir de maïs a du atteindre en moyenne en 2010 les 0,85 million de barils/jour soit 310 millions de barils pour l'année entière ou 13 milliards de gallons. Sur la base de conversion de 2,8 gallons d'alcool par boisseau° cette production représente une consommation de maïs de 4,6 milliards de boisseaux de maïs. Une projection sur 2011 qui va consommer le maïs produit en 2010, avec une hypothèse de 10% de production supplémentaire d'éthanol, conduit à une consommation de maïs autour des 5 milliards de boisseaux soit 40% de la récole 2010. Il restera donc pour l'alimentation humaine et animale locale et pour l'exportation 7,5 milliards de boisseaux, niveau des bonnes années 80. Il faut rajouter à ce bilan les tourteaux provenant de la production d'éthanol qui n'utilise que l'amidon du maïs, c'est une donnée fondamentale.

    °Remarque: pour sa dernière usine de Cloverdale en cours de rénovation Poet annonce qu'il produira annuellement 90 millions de gallons d'éthanol avec 31 millions de boisseaux de maïs. Ceci représente donc 2,9 gallons par boisseau ou 432 litres d'alcool pur par tonne standard de maïs.

      La croissance prévisible de la production d'éthanol et la décroissance constatée des productions de maïs en 2010, par rapport à celles de 2009, crée donc des tensions anticipées pour 2011, ce que prennent en compte et amplifient les marchés.

    Alors que faut-il faire pour que la production d'éthanol américaine reste soutenable, c'est à dire compatible avec les besoins alimentaires mondiaux?

    1- Il faut produire de l'éthanol avec les fractions cellulosiques du maïs (rafles et une partie des feuilles et des tiges). Ce projet est en cours de développement chez Poet, le plus grand producteur américain d'éthanol. Ce sont 20 à 30% de productions supplémentaires qui pourraient provenir de cette boucle cellulosique dans chacune de ses usines, à production constante de maïs. Il ne faut guère compter à court et moyen terme sur les autres filières purement cellulosiques qui n'ont pas franchi le seuil de rentabilité en raison de la complexité des procédés, du faible degré des bières obtenues et des limitations en taille des unités par l'approvisionnement en matières premières encombrantes.

    2- Il faut poursuivre la sélection génétique de maïs hybrides qui vont permettre d'accroître et de régulariser les rendements à l'hectare, comme cela se fait depuis au moins cinquante ans. Les grands producteurs de semences que sont Pioneer (groupe Dupont de Nemours),  Monsanto allié à BASF (alliance diabolique!) et Syngenta (réunion en 2000 des branches agro d'Astra Zeneca et de Novartis). Chacune de ces grandes entreprises sont en train de développer des hybrides qui résisteront mieux aux stress hydriques imposés lors des périodes de sècheresse. En l'absence de sècheresse les productions seraient les mêmes qu'avec les plans actuels, en cas de stress hydrique les rendements seraient accrus de 5 à 15%. Or le manque d'eau est un vrai problème aux États-Unis dès qu'on s'éloigne du cœur de la Corn Belt (FIG.III, zone verte) vers l'ouest ou vers le sud. C'est aussi un problème en dehors des USA.

    FIG.III Probabilité de stress hydrique des cultures de maïs aux Etats-Unis:

    Drought-stress-map

     Chacun y va de son nouvel hybride Agrisure Artesian pour Syngenta qui est proposé en 2011, Optimum AQUAmax pour Pioneer annoncé pour 2012, plusieurs générations annoncées par Monsanto (LIRE). Ces nouvelles semences devraient permettre également d'augmenter les surfaces cultivées de maïs dans le monde.

     Pour comprendre l'aventure mondiale des biocarburants qui représentent en volume aujourd'hui un peu plus de 2% des produits pétroliers consommés (1,8 millions de barils/jour), qui en remplaceront 5% d'ici à 10 ans en raison des développements dans les grandes régions favorisées par la nature (USA pour le maïs, Brésil, Inde, Sud de la Chine et Afrique pour la cane à sucre, Malaisie et Indonésie pour les huiles de palme), il faut intégrer les progrès et les avancées technologiques des cultures et des procédés de transformation. D'autre productions marginales comme la synthèse onéreuse du kérosène à partir de cellulose (Solena), d'huiles (Neste Oil, Tyson) ou de solutions sucrées (Amyris) viendront s'ajouter à ces productions.

     Dans deux décennies le monde rural produira des volumes d'ersatz de pétrole qui dépasseront les extractions saoudiennes d'aujourd'hui. S'opposer à cette inéluctable évolution des cultures, revenu important du monde paysan, serait stupide. La rendre, par le progrès technologique, compatible avec l'évolution des besoins alimentaires mondiaux est la voie exigeante à suivre.

    Le 9 Janvier 2011