Francis Fukuyama vient de retourner son veston. 15 ans aprés avoir annoncé "la fin de l’histoire", il vient d’annoncer la "mort d’un léninisme à l’échelle du monde" au Forum économique de Saint-Pétersbourg.
Un nouveau livre "l’amérique à un carrefour" annonce clairement la donne. Décomposition de l’intérieur, La fin du mouvement néoconservateur, empêtré dans une guerre contre le terrorisme qui n’en finit plus, où les USA font montre de leur incapacité militaire, incapacité aussi à produire des armes fiables et bon marchés (même l’allié colombien s’équipe d’hélicoptéres de combat russes), et si globalement le montant des ventes d’armes reste le premier, désormais, la fiabilité, la qualité est réputée… russe…
Pour F. Fukuyama, le résultat des léninistes de Washington sera le même que pour les léninistes de Moscou. La violence tue l’état qui la porte.
A cela, au niveau énergétique, économique et social, l’incapacité du régime économique à alimenter sa propre population sans le recours d’importations massives, le gaspillage généralisé de l’énergie, et pour finir, un collapsus en vue. La masse monétaire en $ a augmenté de 20 % depuis le début de l’année, pour une croissance économique plus que modeste et contestée (plus 0.6), une bulle immobilière en chute libre, mais qui ne voit pas d’accroissement de chômage (les clandestins sont virés les premiers), des stocks d’essence en chute libre et truqués (les pipelines de l’Alaska ont, par exemple 9 millions de barils dans le ventre, mais n’en sortent que 300 000 par jour), et une incapacité chronique à moderniser. L’Amérique "moderne" en est restée, techniquement aux années 1950… Une actrice met en avant ses penchants écologiques et ses goûts modestes en ayant "le plus petit 4X4 du voisinage"…
En même temps que les signes de décomposition qui s’ammoncellent, des signes de reprises et de remises en question se font jour : la puissance du mouvement écologique, le rôle des églises dans une thématique de "lutte des classes" clairement avoué (la bible peut être extrémement violente sur ce sujet), les hommes politiques locaux qui abordent à bras le corps les problèmes énergétiques, et la remise en cause de plus en plus avoué, non seulement du libre échange, mais du systéme économique, au profit de politiques plus anciennes lincolniennes et roosveltiennes.
Au fait, nous venons d’élire à la présidence, quelqu’un qui se proclamait "un néoconservateur français". Je ne doute absolument pas qu’il sera le premier à brûler ce qu’il a adoré, lui aussi…
