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  • Relation entre PIB et consommation de pétrole: le divorce est définitivement établi

    Relation entre PIB et consommation de pétrole: le divorce est définitivement établi

    Au gré des lectures de papiers établis par de doctes personnages largement rémunérés ou d'institutions prestigieuses en charge d'établir des prévisions de consommations de pétrole, il n'est pas rare encore de voir évoquer une relation implicite positive entre évolution du PIB et consommation de pétrole. Ceci semble aller de soi et justifie parfois des prévisions de consommations à venir qui dépasseraient les 100 millions de barils/jour de pétrole dans le monde à l'horizon 2030.

    Afin de mesurer de façon pertinente la relation entre variation du PIB et variation de la consommation de pétrole dans une zone géographique ou économique donnée, il est nécessaire de bien effacer l'effet des variations relatives des monnaies et de l'inflation. Il est donc important de prendre la variation en volume du PIB à partir d'une référence connue. Pour l'OCDE par exemple il est utile de partir des variations trimestrielles en volumes (TABLE) et de calculer un indice de variation de PIB chaîné. En partant d'un indice 100 pour le T4 de 2002 il est alors possible de constater (FIG.) que jusqu'en 2005 il y a bien eu une relation positive entre consommation de pétrole et croissance du PIB. Entre 2002 et 2004 par exemple le PIB s'est accru en volume de 5,5% alors que la consommation de pétrole s'est accrue de 3,1%.

    PIB-pétrole-OCDE-2002-2009

    Inversement entre 2005 et 2007 alors que le PIB affichait une croissance de 6 points les consommations de pétrole dans l'OCDE ont régressé sous l'influence de l'accroissement des prix du pétrole et des mesures d'amélioration de l'efficacité énergétique des processus engagées par les acteurs économiques. Ce mouvement avec la crise financière puis économique s'est emballé en 2008 et 2009 pour afficher des chutes de consommations inattendues: le gaspillage antérieur était immense, des industries ont disparu, des services peu rentables ont été supprimés.

    Ce graphique montre clairement qu'entre 2005 et 2009 il n'y a eu aucune relation simple et monotone entre PIB et consommation de pétrole. La question qu'il est possible maintenant de poser est la suivante: la crise passée, la relation d'avant 2005 entre PIB et consommation de pétrole va-t-elle naturellement se rétablir? C'est ce que supposent les agences de prévisions américaines (EIA) ou de l'OCDE (IEA) qui voient pour 2010 une légère croissance ou une stagnation des consommations de pétrole au sein de l'OCDE (FIG. tirets vers la prévision EIA de 2010).

    Pour ma part je pense que ces Agences sous-estiment l'inertie et la puissance des actions engagées. Les actions de gains dans l'efficacité énergétique des processus vont se poursuivre. Les voitures, les poids lourds, les avions modernes consommeront moins de carburants; les raffineries de pétrole les moins performantes devront être fermées; les utilisateurs et les acteurs économiques prendront toutes mesures pour réduire leurs factures énergétiques. Ce mouvement de fond n'est pas près d'être terminé. Il faut donc prévoir que les consommations de pétrole au sein de l'OCDE vont poursuivre leur décroissance, dans un contexte de croissance limitée du PIB, en raison de la lenteur observée du rétablissement de l'économie.

    Prévoir comme le fait l'Agence Internationale de l'Energie, une croissance mondiale des consommations de pétrole de 1,6 millions de barils/jour entre 2009 et 2010 montre que cette institution n'a pas encore complètement compris l'ampleur des transformations en cours…mais ce n'est pas nouveau.

    Remarque: le même type de courbe établi pour les seuls Etats-Unis ou pour l'OCDE-Europe conduit à des remarques semblables.

    PIB-pétrole-USA-2002-2009 PIB-pétrole-OCDE-EUROPE-2002-2009


    Le 14 Février 2010

  • Malgré une référence américaine peu favorable, les consommations de pétrole des pays OCDE poursuivaient leur chute en Septembre dernier

    Malgré une référence américaine peu favorable, les consommations de pétrole des pays OCDE poursuivaient leur chute en Septembre dernier

    L'Energy Information Administration vient de publier le résultat des consommations de pétrole des pays membres de l'OCDE au mois de Septembre dernier. Les spécialistes attendaient un résultat peu probant en raison de la référence de Septembre 2008 qui avait été impactée par les ouragans dans le Golfe du Mexique. Effectivement les consommations américaines du mois, bien que faibles, sont ressorties à 524 mille barils/jour de pétrole consommées de plus en Septembre 2009 par rapport à celles du même mois 2008. Mais les faibles consommations européennes (-1154 kbl/j), japonaises (-191 kbl/j) et coréennes (-124 kbl/j) ont porté le bilan global sur le mois vers une franche décroissance des consommations par rapport au même mois de 2008, en affichant un retrait de 896 kbl/j.

    Le suivi de la consommation cumulée de pétrole sur 12 mois glissants permet de noter que depuis la valeur maximum du mois d'août 2005 (49,9 millions de barils/jour) les consommations cumulées à fin Septembre 2009 atteignaient 45,7 millions de barils/jour, soit une baisse de 8,3% en quatre ans (FIG., échelle de droite).

    Conso-OCDE-cumul-2005-2009-09

    Ces résultats montrent que les consommations de pétrole des pays OCDE étaient encore globalement en baisse à l'entrée dans l'automne. Malgré un hiver 2009-2010 qui semble vouloir être rigoureux, rien ne permet aujourd'hui d'avancer, contrairement aux annonces des diverses officines de prévisions, que ces consommations OCDE reprendront en 2010. En toute logique, les Agences devraient revoir leurs volumes 2010 à la baisse, ce que peut-être anticipent les marchés en retrait après les hausses traditionnelles liées aux intempéries hivernales.

    CONSULTER les données de l'EIA

    Le 12 Janvier 2010.
      

  • Le barnum de Copenhague illustre le besoin impératif de politiques énergétiques au sein de l’Europe et de l’OCDE

    Le barnum de Copenhague illustre le besoin impératif de politiques énergétiques au sein de l’Europe et de l’OCDE

    Oco-satellite-NASA On aurait pu croire, il y a une semaine de cela, que les dirigeants chinois et américains avaient tout arrangé lors de leur rencontre en tête à tête sur la menace climatique et que la réunion de Copenhague allait être une formalité amusante, où tout aurait été joué et préparé à l'avance. Le résultat montre qu'il n'en a rien été. La Carpe démocratique américaine a été roulée dans la farine par le Lapin totalitaire chinois. Le miracle incestueux n'a pas eu lieu. Il ne reste plus au jeune Président débutant Obama, humilié, qu'à tirer les leçons de l'aventure et peut-être de regretter de n'être pas venu aux cérémonies d'anniversaire de la chute du mur de Berlin. Il est évident que l'Europe peut profiter de ce nouveau couac entre Chine et Etats-Unis pour relancer une nouveau dialogue avec la démocratie américaine qui porterait sur les problèmes énergétiques et climatiques. Les pays développés de l'OCDE n'acquerront une force de persuasion nécessaire vis à vis de la Chine et de l'Inde qu'à condition de se présenter avec un plan d'action énergétique et climatique crédible et en cours de mise en oeuvre. Or qu'avons-nous pour l'instant? D'un côté, une réflexion américaine sur le sujet largement insuffisante, se concrétisant par des aides financières ponctuelles du DOE destinées à une multitude de projets, dans un contexte sans plan, sans axe majeur clairement défini. De l'autre côté, une Europe désunie, ne possédant pas au niveau de la Commission les compétences pour élaborer la moindre amorce de politique énergétique, incapable de bâtir un cadre cohérent de fermeture progressive des centrales électriques au charbon accompagné d'une politique d'approvisionnement en gaz naturel indispensable à l'alimentation de nouvelles centrales en secours des énergies intermittentes renouvelables non subventionnées. Ce plan définirait également la place de l'énergie électronucléaire et les grandes actions de progrès à conduire dans ce domaine. Bien sûr, dans ce cadre, les Etats-Unis et le Japon devraient être associés à la réflexion pour déboucher sur de possibles alliances entre entreprises. Que les pays membres de l'OCDE aient quelques années d'avance sur les pays en développement est dans l'ordre des choses. Il ne sert à rien de vouloir imposer à ces derniers des contraintes qu'ils ne sont pas prêts à accepter. 

     Enfin apparaît l'absence cruelle du satellite OCO ou équivalent qui mesurerait en temps réel les teneurs en CO2 sur tous les points de la planète. La connaissance et la cartographie des sources de CO2 permettraient l'établissement d'un dialogue plus musclé avec certains pays qui préfèrent rester pudiques sur leurs émissions de CO2.

     Il semble indispensable aujourd'hui que le milliard d'hommes de l'OCDE voient leurs gouvernants travailler sérieusement à l'élaboration de politiques énergétique et climatique cohérentes et porteuses de progrès, même s'il faut durant quelques années laisser tomber l'espoir d'une grande politique énergétique et climatique mondiale inaccessible en l'état. Alors, le barnum de Copenhague aura au moins servi à quelque chose: le retour des démocraties au réalisme indispensable.

    Le 19 Décembre 2009