Étiquette : oil

  • Malgré le renchérissement du dollar les cours du pétrole, sur fond de reprise économique américaine, reprennent du tonus

    Malgré le renchérissement du dollar les cours du pétrole, sur fond de reprise économique américaine, reprennent du tonus

    Le dollar se raffermit vis à vis des autres monnaies, l'USDX qui avait atteint un point bas à 74,5 à fin Novembre a pris plus de 3 points depuis pour venir frôler les 78 (FIG.). Ceci doit être attribué à une raison essentielle: les économies européennes et japonaises sont à la traîne et à une raison technique: Benjamin Bernanke ne laissera pas les taux de la FED à zéro pourcent ad vitam. Il évitera la répétition des grosses bourdes de son prédécesseur qui en maintenant les taux administrés trop bas et trop longtemps, jusqu'à fin 2004, a déclenché et supporté l'immense mouvement de spéculation sur les subprimes et autres commodities, pour ensuite, en remontant les mêmes taux trop haut et trop longtemps, jusqu'à fin 2007, a complètement piégé le mouvement spéculatif qu'il avait lui même engendré. Le sorcier Greenspan a trop joué avec le feu des taux et cela Bernanke le sait bien, puisqu'il a lui même poursuivi cette politique monétaire destructrice lors de son arrivée aux manettes de la FED.

    USDX-2009-12 

     Le maintient des taux de la FED proches de zéro est un formidable levier (carry trade) pour supporter et amplifier la spéculation sur tout ce qui est coté: les actifs boursiers, le pétrole et ses dérivés, l'or et autres commodities. Agent dopant qui rend les Banques et les Fonds de Pension plus riches, aux dépens de l'économie mondiale qui doit payer plus cher l'énergie, les matières premières industrielles et agricoles. Tout le monde financier sait que la Fête ne durera pas et qu'il faut en profiter. Ce mouvement de reprise américain est encouragé par des statistiques hebdomadaires de consommations de produits pétroliers (fuel, propane, kérosène) en légère hausse. Mais surtout ce sont les prévisions de l'AAA américaine qui prévoit que 77,7 millions d'Américains vont partir en vacances avec leur voiture pour le fêtes de fin d'année, en progression de 4,4% par rapport à l'an dernier, qui laisse à penser que la consommation de carburant américaine va repartir de plus belle. De même le nombre d'Américains qui vont prendre l'avion pour les Fêtes devrait s'accroître de 2,9% indique ce même organisme. Il n'en fallait pas plus pour que le pétrole remonte au dessus des 72 dollars le baril à New York, malgré un WTI fortement handicapé par des stocks à Cushing, Oklahoma complètement saturés. Malgré une OPEP qui relate dans sa publication du mois de Décembre que les stocks flottants de pétrole (50 mbl) et de produits pétroliers (100 mbl) de l'OCDE se sont encore accrus à fin Novembre d'une vingtaine de millions de barils, demande artificielle alimentée par le contango des prix à terme.

    LIRE le communiqué de l'AAA

    Le 17 Décembre 2009

  • Les cours du pétrole vont-ils refléter un jour les fondamentaux du Marché physique?

    Les cours du pétrole vont-ils refléter un jour les fondamentaux du Marché physique?

    La réponse à la question posée dans le titre est évidemment "OUI". Quand les traders décident tous en coeur d'abandonner leurs positions haussières pour jouer à la baisse, durant quelques secondes, quelques heures ou quelques jours selon la rapidité du processus d''inversion, les prix passent par un point d'équilibre satisfaisant. Mais ne vous y leurrez pas, c'est une pure nécessité mathématique! Pour aller du positif au négatif, il faut passer par zéro. La question plus pertinente à poser est donc la suivante: le marché du pétrole amorce-t-il, en ce moment, une phase d'inversion de tendance?

    Il faut reconnaître que 2009, pour ces messieurs de New York ou de Londres aura été une grande année avec un baril à 40 dollars à fin 2008 qui a atteint les 80$ au mois de Novembre, il est certain que les plus values sur les futures et autres options ont dû être copieuses. En ces périodes de fin d'année certains ont sûrement clos leurs positions et engrangé les profits, en attendant 2010. Cette inversion de tendance qui a repoussé le baril vers les 70 dollars hier sur le NYMEX, semble devoir être attribuée à plusieurs autres causes.

    Tout d'abord à la faiblesse de l'euro entravé par ses Nations les plus faibles comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal pour lesquelles l'Euro est une monnaie trop forte. Mais la valorisation de cette monnaie est également trop élevée pour l'ensemble des industriels de la Zone monétaire, y compris pour l'industrie allemande qui voudrait sortir de la crise. Dans ces conditions, le dollar ne peut que s'apprécier et le pétrole perdre de son statut de couverture contre une dévaluation du dollar qui s'éloigne. Qui peut imaginer un Euro fort et conquérant dans une Zone économiquement sinistrée? Même les faucons de la BCE en reviennent.

    Le deuxième paramètre est la faiblesse persistante de la demande en produits pétroliers. Faible demande aux Etats-Unis (LIRE) et dans l'ensemble des pays de l'OCDE (LIRE) assis sur des stocks pléthoriques (LIRE). Cette anémie de la demande est à mettre en perspective avec une offre abondante du cartel de l'OPEP et des productions russes et américaines de brut croissantes.

    Spread-BRENT-WTI

     Enfin, pour expliquer la particulière faiblesse des cours sur le Nymex du WTI, il faut aussi mentionner la quasi saturation des stocks à Cushing, Oklahoma qui sur les six dernières semaines a provoqué l'inversion classique des cours entre WTI et BRENT (FIG.) provoquant un effet retard à la baisse de 4$ par baril sur le Brent. Ce sont ces blocages occasionnels sur un Marché physique trop étroit ont amené l'ARAMCO à abandonner le WTI comme pétrole de référence. Pour suivre le marché du pétrole de façon pertinente aujourd'hui, il faut donc regarder les cours du Brent.

     La guerre d'influence entre traders haussiers et traders baissiers est de toute évidence ouverte. Il est trop tôt pour dire si l'inversion de tendance est réellement amorcée, mais de lourdes chutes des cours dans des hivers déprimés se sont déjà vues, comme en Janvier 2007 où le brut était tombé à 50 dollars le baril ou en Janvier 2009 où il était descendu à 35 dollars le baril. Janvier est un excellent mois pour les huîtres et les oranges, mais pas forcément pour le pétrole.

    Le 10 Décembre 2009.

  • Profitant de bons prix, l’OPEP produit…et les stocks pétroliers montent

    Profitant de bons prix, l’OPEP produit…et les stocks pétroliers montent

    Malgré la poursuite de la chute de la valeur du dollar contre les autres monnaies (l'USDX est passé en dessous de 75 hier sur l'ICE) les cours du pétrole sont restés sages en dessous des 80 dollars le baril. Le ressort de la corrélation inverse dollar-pétrole s'est fortement distendu. Pour l'instant, le pétrole perd peu à peu de son statut de couverture à la baisse du dollar, mais pour les professionnels de l'OPEP son cours demeure magiquement très rémunérateur. C'est donc le moment de produire, ce dont profitent en particulier les producteurs de l'Afrique de l'Ouest comme l'Angola où les Groupes pétroliers ont énormément investi, ou même le Nigeria qui, si l'on en croit les publications de l'AIE, était en Octobre, à son quatrième moins consécutif d'accroissement des productions. Lentement mais sûrement les productions de pétrole de l'OPEP s'éloignent des quotas décidés en Décembre 2008 (FIG.) pour atteindre 26,5 millions de barils/jour, soit 1,6 million de barils/jour de plus que le quota collectif.

    Prod-OPEP-quotas-2009-10

    Alimentés par une spéculation soutenue des professionnels du pétrole qui ont stocké du pétrole ou des produits raffinés pour les revendre à terme, les faibles coûts de stockage étant inférieurs au profits apportés par les courbes en contango des prix à terme, les stocks physiques officiels (FIG.II) et non officiels flottants de-ci, de-là, se sont accrus, malgré ou à cause d'une consommation en baisse. Les stocks recensés, hors stocks stratégiques, dans les pays OCDE sont 150 millions de barils trop haut. Ils représentent 60 jours de consommations. Quand aux stocks flottants anonymes de produits, ils s'élèveraient à 80 ou 100 millions de barils selon le rapport de l'AIE du mois de Novembre. 

    Une nouvelle intéressante pour les spéculateurs vient de tomber sur Bloomberg: le port de Rotterdam vient d'agrandir sa zone d'ancrage pour accepter 15 tankers de plus, chargés de pétrole et en attente de livraison de leur chargement vendu sur le Marché à terme. Leur nombre total dans le port oscille entre 50 et 60 navires avec des pointes pouvant aller jusqu'à 90. On le voit, stocker du pétrole est un sport très à la mode qui s'apparente, vu de loin, à une demande fictive.

    Stocks-produits-OCDE-2009-10

    On peut donc estimer le stock excédentaire de pétrole et de produits aux environs de 200 millions de barils aujourd'hui après une lente baisse de 24 millions de barils depuis le début du mois d'Octobre aux Etats-Unis.

    Ces informations, couplées à une demande toujours aussi faible dans les pays OCDE, ne sont pas de nature à soutenir un nouveau rallye sérieux sur les cours du pétrole.

    LIRE la nouvelle d'agrandissement du port de Rotterdam sur Bloomberg.

    Le 26 Novembre 2009
     

  • Etats-Unis : les consommations de pétrole confirment l’adaptation des acteurs à la nouvelle donne économique

    Etats-Unis : les consommations de pétrole confirment l’adaptation des acteurs à la nouvelle donne économique

    Les consommations de produits pétroliers aux Etats-Unis durant le mois d'Août, publiées par l'EIA, confirment clairement le processus d'adaptation en cours des acteurs économiques à la nouvelle donne économique et environnementale, par une baisse importante de leurs dépenses énergétiques. Les chiffres montrent, même en l'absence provisoire de contrainte climatique formelle, que ces consommations ne reviendront plus aux niveaux d'avant crise. Les consommations mensuelles moyennes d'essence, hors éthanol, sont restées sensiblement étales durant les trois mois d'été et proches du niveau de ceux de l'année précédente (FIG.I), alors que les prix du gallon qui avaient dépassé les 4$ il y a un an de cela, étaient beaucoup plus dissuasifs. Le faible accroissement de consommation d'essence de 2% sur les trois mois, par rapport à la même période 2008, a sensiblement été assuré par des productions d'éthanol supplémentaires.

    Conso-essence-USA-2007-2009-8 

    Mais cette stabilité des consommations d'essence qui représentent 50% des consommations de pétrole américaines n'est pas retrouvée pour les autres produits pétroliers qui constituent l'autre moitié. Au contraire ceux-ci affichent une baisse des consommations toujours maintenue. Le transport aérien qui a procédé à de rigoureuses adaptations, voit ses consommations de kérosène baisser de 10% par rapport à l'année précédente, le transport routier de fret et autres utilisateurs de gasoil et de fuel affichent une baisse des consommations de 8%, les consommations de gaz liquéfiés et autres produits pétroliers affichent une baisse de 5%. Au total ces consommations autres que l'essence, autour de 9,5 millions de barils/jour, affichent un recul de 7% au mois d'août (FIG.II), confirmant ainsi les résultats des mois précédents.

     Conso-non-essence-USA-2007-2009-8

    Ces chiffres mettent en évidence le processus en cours, partout dans le monde, d'adaptation des économies à la nouvelle donne énergétique. Les acteurs économiques ont compris qu'il fallait impérativement désensibiliser leur activité aux fluctuations de prix de l'énergie, le processus est en marche, y compris aux Etats-Unis qui voient l'activité de leurs raffineries se réduire de 3 à 4% par an sur un marché encombré de stocks spéculatifs pléthoriques. 

    La spéculation sur les produits pétroliers qui évoque une reprise imminente de l'économie accompagnée de consommations flamboyantes de pétrole, raconte des Fables pour les gogos.

    Remarque: les demandes américaines hebdomadaires en produits pétroliers publiées par l'EIA quand on les compare aux demandes mensuelles publiées et validées deux mois après, apparaissent bien souvent comme totalement farfelues (FIG.III). Par exemple, la croissance de consommations estimée au mois d'Août par les valeurs hebdomadaires, disparaît subitement dans les chiffres mensuels. Ce sont ces publications hebdomadaires cependant qui peuvent entraîner des variations de cours des produits pétroliers lors de leur parution, généralement le Mercredi.

    Conso-produits-2009-10

    Le 31 Octobre 2009
     
     
     

  • Les réserves offshore de l’Afrique de l’Ouest seraient les symétriques de celles du Brésil

    Les réserves offshore de l’Afrique de l’Ouest seraient les symétriques de celles du Brésil

     Les succès dans la recherche pétrolière nécessitent de disposer de moyens de prospections modernes qui mettent à disposition des professionnels une imagerie de plus en plus détaillée à de grandes profondeurs, mais ils supposent aussi une bonne compréhension de l'histoire des évènements géologiques qui ont conduit à la formation de certains gisements de pétrole ou de gaz. La technologie ne dispense pas de la connaissance intuitive des grands professionnels de la géologie. La prospection dans le Golfe du Mexique en est un exemple schématique, où on a vu à côté de grandes découvertes, un Groupe comme Total jeter l'éponge et céder en 2009 ses droits de prospection au pétrolier Cobalt, au travers d'une filiale 40/60 dirigée par ce dernier (LIRE). Douloureux mais lucide aveu d'incompétence.

    Gondwana 

    Sur les côtes brésiliennes ont été découverts depuis peu de grands gisements de pétrole dits pre-salt, situés à 6000 mètres de profondeur, en dessous d'une épaisse (2000m) couche de sel. Ils se nomment Tupi, Jupiter, Gara, Iara, Carioca, Parati. Un des hommes à la base de ces découvertes et qui comprennent le mieux ces gisements, est le brésilien Marcio R. Mello, actuellement Président de la Société de prospection HRT et ancien géologue de chez Petrobras. Pour lui les gisements pre-salt ont été formés il y de cela 130 à 110 millions d'années quand le Gondwana a commencé à se scinder pour donner naissance à l'Amérique du Sud et à l'Afrique (FIG.). Dans ce Rift, d'immenses quantités de matières organiques et de carapaces calcaires se sont accumulées. Puis un réchauffement ultérieur s'est accompagné d'immenses dépôts de sel qui sont venu recouvrir ces matières qui se présentent aujourd'hui sous forme de gisements de pétrole et de gaz dans une matrice calcaire. Il reste du pétrole malgré la grande profondeur en raison de températures modérées.

    Pour Mello ce qui est vrai pour les côtes du Mexique l'est aussi pour les côtes de l'Afrique de l'Ouest qui formaient alors l'autre rive du Rift. D'après lui il existerait de grandes réserves de pétrole pre-salt sur les côtes de l'Angola et de la Namibie (FIG.II)

    Gondwana2

     D'après Mello se sont des centaines de milliards de barils de pétroles qu'il reste à découvrir sur les rives américaines et africaines de cet immense bassin de l'Atlantique Sud. Sa compagnie prospecte actuellement, pour le canadien Universal Power, dans le sud de la Namibie, près du gisement de gaz de Kudu (LIRE).

     Les statisticiens du peak-oil qui affirment encore que la plupart des grands gisements de pétrole ont été largement découverts et qu'il ne reste que des broutilles à découvrir, risquent d'être déçus. Ils oublient simplement que la découverte de gisements ne se fait pas comme à la bataille navale. Des gisements très importants pre-salt, insoupçonnés jusque là, existent en dessous d'autres gisements post-salt dont ils parlent. L'équation, en raison d'une histoire complexe de la terre, est à trois dimensions. Zut alors, la Terre n'est pas une feuille de papier!

    Le 15 Octobre 2009.

  • Une vision graphique du mix des consommations d’énergies primaires illustre le positionnement relatif des nations

    Une vision graphique du mix des consommations d’énergies primaires illustre le positionnement relatif des nations

      Les consommations en énergie primaire des décennies à venir devront tout d'abord bannir le charbon pour essayer de stabiliser les teneurs en CO2 dans l'atmosphère et se restreindre dans l'utilisation du pétrole devenu plus cher à extraire de gisements offshores profonds ou de sables bitumineux. Chacune des nations devra donc tendre vers un mix de consommation énergétique qui privilégiera un cocktail composé de gaz naturel, de nucléaire, d'hydroélectricité et des diverses formes d'énergies renouvelables en proportions variables selon le choix et les possibilités de chacun des pays. Pour illustrer le chemin à parcourir par chacun, il peut être instructif de représenter les mix de consommations énergétiques en 2008 dans un diagramme ternaire: pétrole, charbon et cocktail d'autres ressources (FIG.).

    Mix-energies-primaires-2008   

      La lecture d'un tel diagramme demande un peu d'entraînement. Il suffit de comprendre qu'en tout point la somme des trois types de variables est égal à 100%. Que les consommations relatives en pétrole de la Russie et de la Chine sont très voisines de 19% et que celles de la Grèce et de l'Arabie Saoudite sont très proches de 60%. Les consommations de charbons de la Grèce, du Japon, de l'Allemagne et des USA sont toutes voisines de 25%, celles de l'Arabie Saoudite et de la Norvège sont nulles. Les consommations en cocktail écologique de la Grèce, de la Pologne et de la Chine sont très faibles (entre 11% et 13%).

     L'éloignement de chacun des points du coin gauche du triangle, qui représente une consommation d'énergie sans pétrole et sans charbon montre le chemin à parcourir. La Chine, la Pologne qui ne veut pas dépendre du gaz naturel russe, la Grèce sont loin du but. Mais ces deux dernières nations européennes devraient profiter de programmes d'aides spéciaux de la part de la Commission pour les aider à rejoindre le coin  du diagramme. On attend toujours, avec peu d'espoir, les programmes de fermetures de centrales à charbon de l'Allemagne, des USA ou du Japon. La grande Bretagne avec son programme nucléaire devrait se diriger dans les décennies à venir en direction du point actuel de la France. Enfin on notera la position idéale de la Norvège, économe en pétrole qu'elle produit. Quand à la Suède et à la France elles devraient élaborer un programme d'éradication d'utilisation du charbon pour se retrouver sur l'axe zéro charbon.

    Le 22 Août 2009