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  • Industrie pétrolière: n’oubliez plus les marges de raffinage!

    Industrie pétrolière: n’oubliez plus les marges de raffinage!

    Total, le pétrolier « à la triste figure », vient de surprendre ses observateurs en publiant pour ce troisième trimestre 2012 un index de marge de raffinage européen (ERMI) historiquement élevé (FIG.I). Les cours des produits raffinés à Rotterdam ont progressé plus vite que ceux du pétrole brut. Bien que le Groupe ne donne aucune explication analytique sur les raisons de ce résultat, cette information nous rappelle à bon escient que les produits livrés et commercialisés en bout de la chaîne pétrolière sont  des produits raffinés (carburants, combustibles et autres intermédiaires de la pétrochimie) et non du pétrole brut.

    Les 51 dollars la tonne de marge standardisée ou 7 dollars par baril, se rajoutent grossièrement aux 109,5 dollars des cours moyens du baril de brut (BRENT) du trimestre. La marge de raffinage en Europe a majoré au troisième trimestre les cours moyens des produits raffinés de plus de 6% par rapport à ceux du brut, selon les calculs de Total portant sur une raffinerie européenne « moyenne ».

    Ce résultat partiel publié par Total est à rapprocher aux marges de raffinage publiées par BP sous la forme d’un indice beaucoup plus mondialisé le Refining Marker Margin (FIG.II), reflétant grosso-modo les activités de raffinage de BP qui sont proches des données économiques du Golfe du Mexique.

    Les prix des produits raffinés sont  très proches de part et d’autre de l’Atlantique en raison des nombreux échanges possibles. Ceci  favorise les marges de raffinage américaines par rapport à un baril de WTI dont les cours à New York ont été en moyenne,  durant le trimestre, de 17 dollars  inférieurs à ceux du baril de Brent coté à Londres. Cette différence des cours permet d’expliquer les copieuses marges américaines de raffinage autour des 17 + 7 =24 dollars par baril publiées par BP (courbe rouge). En résumé, les marges de raffinage américaines se valorisent avec les cours du Brent à Londres (courbe bleue). Situation de rente hautement  profitable pour la profession présente en Amérique du Nord qui voit ses produits raffinés majorés en moyenne  de 26% par rapport aux cours locaux du pétrole. Ces données peuvent expliquer le bon timing pour la vente de la raffinerie BP de Texas City à Marathon pour quelques 2,5 milliards de dollars dont 1,8 milliards pour le stock et le cash en caisse.

    En clair tout commentaire pertinent sur les cours du pétrole doit oublier les cours régionaux du WTI américain et se baser soit sur les cours du Brent coté à Londres ou ceux des produits raffinés (essence, gasoil) cotés à New York.

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    Le 16 Octobre 2012

  • L’accroissement des consommations de pétrole de la Chine ne devrait pas à court terme bouleverser le marché du pétrole

    L’accroissement des consommations de pétrole de la Chine ne devrait pas à court terme bouleverser le marché du pétrole

    Quand j'ai l'outrecuidance d'affirmer qu'à court terme ce ne sont pas les augmentations de consommation de pétrole de la Chine qui vont révolutionner le paysage pétrolier mondial, il se trouve toujours un lecteur attentif et courtois, pour relever le caractère loufoque de cette proposition et me le faire savoir. La Chine a consommé en 2008 dans les 7,85 millions de barils de pétrole par jour, nous informe l'EIA, soit un peu moins de 10% de la consommation mondiale. Cette année la meilleure prévision table sur une consommation de 8,17 millions de barils/jour ce qui représentera 9,8% des près de 84 millions de barils consommés en 2009 dans le monde. Prévoir quelle va être la croissance de la consommation de pétrole de la Chine dans les années à venir semble être un exercice bien complexe. Alors, le mieux est de se référer à une source d'information pétrolière chinoise qui a des chances de mieux connaître le contexte que n'importe quelle officine de prévision. Au mois de Mai de cette année l'Agence Reuters a reporté des prévisions du pétrolier chinois Sinopec qui, se basant sur une consommation en 2008 de 380 millions de tonnes de pétrole, prévoyait pour 2020 une consommation comprise entre 570 et 620 millions de tonnes (FIG.). Partant de la valeur maxi de cette fourchette cela conduit à une croissance moyenne annuelle de 4,2%. Une prévision plus proche et donc plus fiable, à l'horizon 2015 ressort pour Sinopec entre 500 et 530 millions de barils (FIG.), ce qui conduit à une croissance annuelle pour la fourchette haute de 5%.

    Oil-demand-2008-2020 

    La croissance des consommations annuelles chinoises de pétrole devrait donc se situer entre 400 mille et 500 mille barils par jour d'ici à 2015 soit entre 0,5% et 0,6% de la consommation mondiale annuelle. Par exemple, à ce jour, l'EIA prévoit entre 2009 et 2010 une croissance de consommation chinoise de 370 mille barils/jour. A l'horizon 2015 la consommation chinoise de pétrole devrait atteindre 11 millions de barils/jour et se diriger vers 13 millions de barils par jour vers les 2020. Ce chiffre est en accord avec les prévisions de PFC Energy qui voit un peu plus de 12 millions de barils/jour consommés par la Chine en 2020 (FIG.II) avec une croissance déterminée par les transports, la chimie et la production de bitume pour construire le réseau routier de cet immense pays.

    Oil-demand-1990-2030

    En raison d'une baisse programmée des productions autochtones, les importations de pétrole chinoises devraient passer de 4 millions de baril/jour en 2008 à près de 11 millions en 2020. Mais entre temps il est hautement probable que les consommations des pays OCDE auront fortement baissé pour assurer une consommation de pétrole mondiale quasi-stable entre 85 et 90 millions de barils/jour. Une baisse des consommations de pétrole des pays OCDE de 2,5% par an conduira à maintenir les consommations mondiales aux alentours de 85 millions de barils par jour pendant 7 ou 8 ans. Cette baisse sera en phase avec les objectifs de réduction des émissions de GHG (FIG.III), en particulier dans les transports.

    Conso_Mondiale_2009-2020

    Faire des prévisions au delà de 2020 semble bien hypothétique. En effet, d'ici là, la contrainte environnementale aura fortement perturbé la marche des économies dans le monde. En particulier on peut se poser des questions sur les prévisions de croissance de la consommation de charbon chinoise qui, si l'on en croit PFC, augmenteraient de 60 à 70% entre 2010 et 2020 et de 100% entre 2010 et 2030. Extrapoler pour la Chine, à 10 ou 20 ans d'ici, les tendances actuelles conduit à des absurdités environnementales. Il est évident que cette tendance n'est pas soutenable et qu'il faudra bien trouver de gré ou de force, des alternatives énergétiques et un compromis de croissance chinoise et mondiale.

    Le développement des véhicules électriques et des centrales électronucléaires en Chine sont une partie de la solution à trouver. Mais il faudra aussi faire appel massivement au gaz naturel et marginalement aux énergies renouvelables.

    Le 26 Octobre 2009.