Étiquette : Shell

  • Les surcapacités de raffinage mondiales rendent l’aval des compagnies pétrolières insupportable

    Les surcapacités de raffinage mondiales rendent l’aval des compagnies pétrolières insupportable

     Le monde pourrait manquer de pétrole nous dit-on. Peut-être, mais il ne manquera pas de raffineries. Le raffinage américain a tourné à 77,7% de ses capacités la semaine dernière, une des pires valeurs observées en période sans ouragan dans le Golfe du Mexique. La demande boulimique de pétrole américaine n'est plus au rendez-vous, les Sociétés contrôlent et réduisent leurs dépenses énergétiques en gasoil ou en kérosène, les raffineries qui utilisent de plus en plus d'éthanol et réduisent les productions des fractions de distillation à faible valeur ajoutée consomment moins de pétrole par gallon de carburant (LIRE). Au sein des pays OCDE, par rapport à une situation "normale", il est possible d'estimer les surcapacités de raffinage autour des 5 millions de barils/jour, pour un besoin de 46 millions de barils/jour, une moitié venant de la baisse des consommations et l'autre moitié provenant de l'utilisation des biocarburants et des gains opérationnels de rendements en carburants. Cet excédent est d'autant plus handicapant pour les Sociétés de raffinage que des stocks de produits raffinés officiels ou flottants ont été constitués depuis un an à titre spéculatif pour profiter de la courbe en contango des cours de ces produits. Enfin la profession sait que la situation ne pourra aller qu'en empirant avec les investissements massifs réalisés dans l'aval par l'Arabie Saoudite, dans les technologies de GTL au Qatar et par la volonté des dirigeants russes de favoriser l'exportation de produits raffinés en jouant sur les taxes à l'export. Plus tard viendront les investissements irakiens et iraniens. L'aval de l'industrie pétrolière va, durant la décennie à venir, se déplacer vers les pays producteurs du Moyen-Orient et vers la Russie. Des raffineries au sein des pays OCDE devront donc être obligatoirement stoppées.

     Réduction-raffinage-2010

     Tout au long de 2009 des raffineurs américains comme Valero ou Sunoco ont fermé certaines de leurs raffineries. A Aruba et à Delaware City pour le premier, à Eagle Point, N.J. pour le second. La volonté de Total de fermer sa raffinerie de Dunkerque est de notoriété publique. BP a présenté de piètres résultats dans ce domaine. Mais parmi les grands opérateurs c'est Shell qui vient de présenter le plan de rationalisation de l'aval le plus drastique. Après la conversion de la raffinerie de Montréal au Québec en terminal, Shell va se pencher en 2010 sur le sort de 5 raffineries de faibles tailles, représentant 566 mille barils/jour soit 15% de la capacité de raffinage du Groupe, dont quatre en Europe et une en Nouvelle Zélande (FIG., points jaunes). L'objectif affiché est de réduire encore les effectifs de 1000 personnes et d'économiser annuellement un milliard de dollars.

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    Le 4 Février 2010

  • Exploitation de la biomasse à des fins énergétiques: les grands Groupes entrent dans la danse

    Exploitation de la biomasse à des fins énergétiques: les grands Groupes entrent dans la danse

     A ce jour, 8% de la consommation d'essence américaine est assurée par de l'éthanol essentiellement américain provenant des champs de maïs locaux. Demain, avec l'homologation attendue du mélange E15, à 15% d'éthanol, par l'EPA, ce sont 13 à 14% de l'essence américaine qui proviendront d'éthanol local ou éventuellement importé. Pour l'instant, la production d'alcool américain est encouragée par une subvention fédérale de 45 cents/gallon et protégée par une taxe à l'importation de 54 cents/gallon. De ce fait le Brésil, deuxième producteur mondial exporte très peu vers les Etats-Unis. Le premier grand pétrolier américain qui a concrètement pris conscience de l'importance croissante de l'alcool, est le grand raffineur américain Valero. Ce dernier, au printemps 2009, a mis la main sur la plupart des grandes usines d'éthanol de VeraSun alors en faillite pour avoir spéculé sur les cours du maïs. Vient de tomber l'annonce de l'alliance de Shell avec le troisième mondial producteur de sucre, le brésilien Cosan. Ensemble les deux Groupes voudraient pousser les productions au-delà des 2 milliards de litres d'alcool produits par Cosan aujourd'hui et utiliser le réseau Shell en Europe et aux Etats-Unis pour distribuer le produit. Bien sûr une telle menace effraie les producteurs de bioéthanol US qui demandent à grands cris le renouvellement des subventions et des taxes protectionnistes qui ne sont actées pour l'instant que jusqu'à la fin de l'année.

    Pellets La production d'éthanol cellulosique à prix compétitif ne semblant pas être pour demain, il est dévoilé que le grand Mitsubishi Corp. voudrait s'allier au très grand du bois américain Weyerhaeuser pour développer une importante filière américaine biomass-to-energy. Cette activité produirait de grandes quantités de granulés (pellets) pour les applications industrielles telles que l'apport de biomasse dans les centrales au charbon et autres chaudières d'industries. Mitsubishi dispose déjà d'usines de production de pellets au Japon et est impliqué dans la gestion de l'allemand Vis Nova Trading.

    L'électricien allemand RWE annonce également qu'il va construire pour 2011 une usine de production de pellets aux Etats-Unis, en Géorgie où des usines de papier ont cessé leur activité et ont libéré de larges capacités d'exploitation des forêts. Cette unité qui aura une capacité de production de 750 mille tonnes de granulés par an devra alimenter la centrale thermique de Amer aux Pays-Bas dont l'objectif est de porter de 30% à 50% le mix bois-charbon qu'elle consume. Remarque: cette production de bois représente une énergie de 3,7 TWh thermiques par an, soit dans les 1,4 TWh électriques.

    La nouveauté dans ces diverses informations provient du fait que les grands Groupes semblent sortir des programmes à minima, subventionnant quelques PME innovantes impliquées dans la recherche de valorisation de la biomasse, pour entrer de plein pied dans un business à leur taille, au sein de filières éprouvées et pérennes. Les marchés de l'éthanol de maïs ou de cane à sucre, ceux des granulés de bois font partie de cette catégorie.

    Le 4 Février 2010