Les industriels japonais appliquent un bon principe censé être universel: avant de lancer une nouvelle technologie dans la nature, il est nécessaire de la valider et de l'optimiser sur un équipement pilote représentatif des futures générations industrielles. Bien sûr une telle démarche peut sembler au départ onéreuse, mais elle évite par la suite bien des déboires industriels et des retards lourds de conséquences financières et opérationnelles. C'est ainsi que Toshiba, avec l'aide de l'Agence japonaise des Ressources Naturelles et de l'Energie d'une part et du METI d'autre part, vient de décider de lancer un pilote de génération d'énergie électrique qui simulera les modes complexes du futur. Pour cela l'industriel va utiliser les installations existantes thermiques et éoliennes de l'île de Miyako au sud d'Okinawa, auxquelles il va adjoindre 4 MW de génération photovoltaïque qui seront composés de 3MW représentant une ferme raccordée au réseau, 600MW simulant des générations et des consommations industrielles et 400 MW simulant des applications domestiques (FIG., vue par un artiste). Ces installations seront équipées en tampon de batteries de 4MW de type Sodium-Soufre, ce qui suppose une énergie installée autour des 24 MWh, et de 200 kW de batteries de type Li-Ion SCiB de Toshiba. L'ensemble sera piloté par un système de contrôle et de supervision (Micro Energy Management System) développé par Toshiba. L'ensemble devrait être opérationnel avant la fin de l'année. Les modules solaires seront fournis par Sharp.
Le message important qu'il faut retenir de ce projet est le rôle fondamental de "load leveling" (FIG.) que vont jouer les batteries Sodium-Soufre au sein du système complexe. C'est le seul système électrochimique à ce jour qui peut être envisagé sérieusement pour du stockage de masse d'électricité en raison de la grande disponibilité des matériaux utilisés (sulfure de sodium, carbone, alumine béta comme séparateur et aluminium comme boîtier). La France (ou l'Europe) doit impérativement lancer un ou plusieurs projets sur ce type de stockage. Pour l'instant la seule source industrielle pour ce type de batteries est le japonais NGK Insulators (LIRE) qui assure avoir reçu commande de la part d'EDF EN. ("NAS batteries: Overseas market is active due to orders received from Abudhabi and EDF-EN. Demand for stabilization of the power distribution system is expected to increase due to the spreading use of renewal energy." déclare NGK dans son dernier rapport trimestriel).
Pour un prix plancher de 140$/kWh annoncé par NGK et une autonomie de 7 heures ce type de batterie reviendrait à un million de dollar par MW installé (7 MWh) ce qui, par les temps qui courent, est réellement une bonne affaire.
LIRE le communiqué de Toshiba
Le 20 Janvier 2010




